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  • 13/05/2025
Le 17 mai 2005, les policiers découvrent dans un bois de Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne, le cadavre d'un homme tué de trois balles dans la tête. Le corps n'a pas été déplacé, l'homme semble avoir été exécuté froidement. Christophe Belle, la victime, était un pâtissier renommé de 40 ans, apparemment sans histoires. L'enquête conduit à Xavier Philippe, son associé dans la gestion d'une boulangerie dans le quartier du Marais à Paris, mais également à une affaire non élucidée de tentative de meurtre liée au milieu de la nuit parisienne.

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Personnes
Transcription
00:00:30Xavier Philippe, le tueur d'associés.
00:00:34C'est comme ça que la presse l'a surnommé.
00:00:36Et c'est vrai que le sort s'est acharné sur tous ceux avec qui il était en affaire.
00:00:41La boîte de nuit de son frère jumeau a brûlé, la sienne aussi.
00:00:45Son premier associé a disparu.
00:00:48Le deuxième, un des rois de la nuit parisienne, a échappé à une tentative d'assassinat.
00:00:54Quant au troisième, il est mort, criblé de balles.
00:00:59Alors, Xavier Philippe, un homme qui porte malheur ou un criminel machiavélique
00:01:05qui a échappé pendant plus de 20 ans à la justice.
00:01:09C'est en enquêtant sur le meurtre d'un pâtissier du Marais
00:01:12que les policiers vont découvrir l'extraordinaire vie à tiroir de Xavier Philippe.
00:01:18Ce 17 mai 2005, comme tous les après-midi,
00:01:27les policiers du Val-de-Marne font leur ronde dans Sucy-en-Brie.
00:01:31Aux alentours de 15h15, on a reçu un appel par notre standard du commissariat de Sucy-en-Brie
00:01:40qui nous a visé qu'une personne avait découvert une personne allongée au sol
00:01:49dans un petit bois près du lycée Christophe Colomb à Sucy-en-Brie.
00:01:54Le petit bois du Pipple, à quelques minutes de là.
00:02:03On a marché à peu près sur une cinquantaine de mètres
00:02:07et c'est là qu'on a découvert une personne gisant sur le sol.
00:02:13Cette personne avait des blessures au niveau de la tête.
00:02:19Ces blessures nous ont semblé très graves dans la mesure où il s'agissait de deux orifices.
00:02:24Et puis en dessous du visage, il y avait une flaque de sang.
00:02:28Tout de suite, on a pensé que ça ne pouvait être que provoqué par une arme à feu.
00:02:35Dans la forêt, les policiers remarquent tout à coup quelque chose qui n'a rien à faire là.
00:02:43On a découvert un petit sachet en plastique qui se trouvait à proximité du corps de cet homme.
00:02:50Dans ce petit sachet en plastique se trouvaient des traces de poudre blanchâtre.
00:02:55Et on a également retrouvé de la poudre sur la végétation.
00:02:59Donc ça s'apparentait à de la drogue.
00:03:04Les policiers alertent le parquet de Créteil qui saisit dans l'urgence la brigade criminelle de Paris.
00:03:10Une demi-heure plus tard, les hommes du quai des Orfèvres débarquent à leur tour dans le petit bois de Sussi-en-Brie.
00:03:18On arrive à ce corps qui est allongé, qui est couché sur le ventre, légèrement en bascule sur son bras droit.
00:03:23On manipule et on va retrouver non pas deux orifices mais trois orifices.
00:03:28Donc effectivement il y en avait deux sur l'arrière du crâne et un qui était un petit peu plus bas, moins visible.
00:03:33Et que les premiers intervenants finalement n'ont pas, ils sont passés à côté.
00:03:40Trois tirs.
00:03:42Les policiers fouillent les feuillages avec des chiens et des détecteurs de métaux.
00:03:46Mais ils ne retrouvent ni armes, ni douilles.
00:03:52Puis ils examinent le crâne de la victime.
00:03:54On a des orifices qui sont de 5-6 mm.
00:03:59Pour nous, on n'a pas, en tout cas pour moi, il n'y a pas d'orifice de sortie, il n'y a que des orifices d'entrée.
00:04:03Donc trois, tout petit calibre, donc du 6-35 a priori, confirmé ensuite par la balistique.
00:04:12Si les douilles sont restées dans le barillet, c'est qu'il s'agit probablement d'un revolver 6-35,
00:04:18une arme ancienne qui n'est plus beaucoup utilisée.
00:04:20C'est une arme qui a pu être diffusée dans un certain volume à une époque,
00:04:25mais on est quand même sur la fin du 19e, début du 20e,
00:04:28sur quelque chose qui n'est pas forcément très pratique
00:04:31et qui n'a pas un grand intérêt sinon pour un collectionneur ou un passionné d'armes.
00:04:37Selon le médecin légiste, l'homme a été tué ici, entre 2h et 4h du matin, le 17 mai.
00:04:44Le corps n'a pas été déplacé et il n'a pas été frappé.
00:04:47En retournant le corps, on va trouver un mégot de cigarette qui est coincé sous l'ouïe.
00:04:52C'est une cigarette à peine entamée de même marque que le paquet qu'on va trouver dans ses poches.
00:04:58Pas de traces de lutte, une cigarette à moitié consumée,
00:05:03un casque abandonné près du corps et une moto garée sur le parking à deux pas de là.
00:05:09Pour les policiers, la victime s'est aventurée dans ce bois au milieu de la nuit en toute confiance.
00:05:15On a effectivement un scénario, a posteriori, qui nous remet dans l'ambiance du moment où on se dit
00:05:22« oui voilà, on a un type qui a cheminé visiblement de la moto jusqu'à l'endroit où il tombe,
00:05:27c'est là qu'il meurt et il est abattu de dos avec au moins deux coups de feu. »
00:05:34On est sur quelqu'un qui s'est fait abattre par un individu qui sans doute le connaissait.
00:05:43Effectivement, on pense à cette relation, à cette possibilité de trafic de cocaïne qui a mal tourné, ça se passe très souvent.
00:05:49Un consommateur ou peut-être un trafiquant de drogue.
00:05:56Les enquêteurs fouillent le sac et les poches de la victime.
00:06:00Dans ces vêtements, on va retrouver une pièce d'identité et la carte grise de la moto
00:06:04qui vont nous identifier notre victime comme étant Christophe Bell, domicilié, Ruvier du Temple.
00:06:11Nathalie Bell, vous êtes la sœur aînée de Christophe Bell.
00:06:22Comment avez-vous appris la mort de votre frère ?
00:06:26Ma belle-sœur m'a téléphonée un matin, à 6h15, le mercredi matin, c'est-à-dire le lendemain des faits.
00:06:32Et c'est elle qui m'a annoncé le décès de mon frère.
00:06:36Et qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
00:06:38Elle m'a dit, on a retrouvé Christophe dans un bois tué barbal.
00:06:42Là, j'étais comme anesthésiée, je crois.
00:06:45Je n'ai pas compris.
00:06:50Après, elle m'a demandé, elle m'a dit, qu'est-ce que je vais faire ?
00:06:53Je lui ai dit, écoute, je ne sais pas, mais je ne comprenais rien.
00:06:55Mais quel âge avait-il votre frère ?
00:06:57Christophe avait 40 ans.
00:06:59Il était marié, il avait des enfants, il était...
00:07:02Il vivait avec Sandrine, il avait deux enfants, il vivait à Courbevoie dans un appartement.
00:07:07Une vie simple.
00:07:09Et quel genre d'homme était-il ?
00:07:13C'était un artiste, un passionné par son travail.
00:07:19Il avait consacré tout son temps à fabriquer des gâteaux.
00:07:23Il était naïf, artiste.
00:07:28Et il avait toujours eu envie comme ça de fabriquer des gâteaux ?
00:07:31Très tôt, vers l'âge de 10 ans, il avait dit qu'il serait pâtissier.
00:07:35À 14 ans, il a pris une orientation, il a été pré-apprentie et après, il a fait son apprentissage.
00:07:39Et voilà, il a été diplômé, il n'a fait que ça.
00:07:43Vous avez été entendu par les policiers, ils vous parlent de votre frère.
00:07:46Et qu'est-ce qu'ils veulent savoir, en fait ?
00:07:48Ils ont voulu savoir s'il se droguait, ils ont voulu savoir s'il jouait, de l'argent.
00:07:53Il y avait des zones d'ombre dans sa vie ?
00:07:55Non, non, il n'y avait pas d'autre d'ombre du tout.
00:07:58Il avait une vie simple, rangée.
00:08:00Il allait à la messe le samedi soir parce qu'il ne pouvait pas y aller le dimanche matin.
00:08:05Mais non, c'était une vie très tranquille.
00:08:11L'adresse de la carte d'identité conduit les policiers dans le quartier du Marais à Paris,
00:08:16devant une boulangerie-pâtisserie plutôt en vogue.
00:08:19C'est un milieu qui, a priori, n'est pas un milieu de voyous.
00:08:25C'est un commerce qui a pignon sur rue, qui marche bien, qui est implanté dans le quatrième arrondissement.
00:08:31Avec une victime qui est finalement un pâtissier reconnu, c'est plutôt positif.
00:08:37On n'est pas finalement sur un voyou, sur un trafiquant de drogue.
00:08:43On est loin de cette idée-là.
00:08:43Mais quand le laboratoire analyse la poudre blanche découverte près du corps de Christophe Bell,
00:08:51il trouve bien de la cocaïne.
00:08:54Pour en avoir le cœur net, les policiers soumettent un cheveu de Christophe Bell à un test toxicologique.
00:09:01Alors en fait, il faut savoir que les éléments pileux sont des réservoirs à toxines.
00:09:06Donc ça s'élimine de façon très longue.
00:09:08Et le fait de prélever effectivement un poil ou un cheveu,
00:09:10on peut révéler avec des analyses de labos la présence, encore longtemps après, de prises de produits stupéfiants.
00:09:17C'est bien sûr ce qu'on a fait.
00:09:18On n'a trouvé aucune prise de produits stupéfiants à des mois en arrière.
00:09:23Christophe Bell vit à Courbevoie, à l'ouest de Paris, avec ses enfants et sa compagne.
00:09:29La perquisition à son domicile n'a permis de découvrir aucune trace de stupéfiants.
00:09:34Il n'y avait pas d'enrichissement récent de la part de Christophe Bell.
00:09:38Il avait un loyer à payer, donc nous n'avons trouvé aucun lien entre Christophe Bell et la piste stupéfiante.
00:09:47Les policiers du 36 ne sont pas vraiment surpris.
00:09:50En fait, ils ont trouvé la scène de crime bizarre dès le départ.
00:09:56Avant d'aller au corps, il y a ce chemin qui donne vraiment l'idée d'une scène de crime qui fait un peu crime en scène.
00:10:02Surtout les croisements ou les orientations à prendre de ce chemin, on va trouver un indice qui va nous conduire à prendre la bonne direction.
00:10:10On va trouver un petit sachet, on va trouver du saupoudrage avec des petits caillots blancs encore sur le côté du chemin.
00:10:17Il est rare, malgré tout, dans les affaires de règlement de comptes sur fonds de trafic de stupéfiants, de trouver d'emblée de la poudre éparses.
00:10:27Notre habitude en matière de crime était d'imaginer que cela pouvait être effectivement des artifices destinés à détourner l'attention, à mener les enquêteurs sur une fausse piste.
00:10:39On enquête dans le voisinage de Sussi-en-Brie, on se renseigne de la possible implantation d'un trafic sur place, de personnalités qui se livrent au trafic de stupéfiants.
00:10:53Est-ce que ce bois est connu pour être un lieu de vente ? En fait, tout ça, non.
00:10:58À cet endroit précisément, non. Aucun trafic de stupéfiants connu, non, rien du tout, non.
00:11:05Ça va conforter notre idée du début, qui nous fait penser à un jeu de pistes qui va nous conduire jusqu'au corps qu'on veut forcément nous voir découvrir.
00:11:13Une mise en scène.
00:11:19Les policiers n'ont pas d'armes, pas d'empreintes, pas de traces ADN, juste une énigme.
00:11:24Ce pâtissier assassiné en pleine nuit de trois balles dans un sous-bois, où il n'allait jamais.
00:11:32Deuxième jour d'enquête.
00:11:33Au 36 Quai des Orfèvres, on reconstitue l'emploi du temps du pâtissier.
00:11:38D'après sa compagne, Christophe Bell s'est levé tôt cette nuit, du 17 mai, vers 2h du matin.
00:11:45Et il est parti en moto, comme d'habitude, pour aller de Courbevoie à la pâtisserie, en plein cœur de Paris.
00:11:51Sucier en brie n'est pas du tout sur sa route.
00:11:55On est à l'opposé de Courbevoie.
00:11:57On est vraiment dans un rayon très loin de la rue Vélie du Temple, dans le Marais.
00:12:00Christophe Bell, effectivement, conduisait la moto, mais c'était pour des trajets toujours calculés.
00:12:04C'était quelqu'un qui se perdait facilement.
00:12:06Il a le même sort d'orientation que moi, très mauvais.
00:12:11Il n'aimait pas trop sortir un peu de son périmètre.
00:12:14Et se retrouver à 20 km de Paris, dans un bois, après un petit chemin qu'il faut encore trouver dans la nuit,
00:12:20si on s'en réfère aux heures à peu près du décès possible, ça ne colle pas.
00:12:27Les employés de la boulangerie ainsi que son associé, Xavier Philippe,
00:12:31confirment tous que Christophe Bell devait venir travailler vers 4h pour lancer la première fournée de pain.
00:12:37Je suis arrivée le matin, le boulanger n'était pas là, tout était fermé.
00:12:42Je suis montée, j'ai tapé.
00:12:44Il m'a dit non, que ce n'était pas lui qui devait ouvrir, c'était Christophe.
00:12:48Bon, peut-être qu'il est en retard.
00:12:51Et donc, on a ouvert avec le boulanger.
00:12:55À 7h, il n'y avait pas de Christophe.
00:12:58Xavier, il est arrivé, on a commencé à chercher partout.
00:13:03Il a appelé les commissariats, il a appelé, je ne sais pas, il a appelé tous ceux qui pouvaient appeler.
00:13:11Personne n'avait les nouvelles de Christophe.
00:13:13Là, on a commencé à s'inquiéter.
00:13:16La chose à laquelle tout le monde a pensé, c'est un accident,
00:13:20parce qu'on ne voyait pas comment il aurait pu arriver en retard.
00:13:24Non, Christophe n'est arrivé jamais en retard.
00:13:26Jamais, jamais.
00:13:30Puis, après, vers 18h,
00:13:34il y a une de mes collègues qui m'a appelée en pleurs,
00:13:36je lui disais, qu'est-ce qui se passe, c'est-à-dire Christophe, il est bon.
00:13:41Bon.
00:13:46Alors, tous les gens de la boulangerie,
00:13:48la première réaction, ça va être une réaction très affective.
00:13:51Ils vont être vraiment très perturbés par la mort de Christophe Bell,
00:13:54quand ils vont savoir en plus que c'est un meurtre,
00:13:56qu'on n'est pas sur un accident de la route.
00:13:59Ça va les choquer, évidemment.
00:14:00Et puis là, à nous aussi d'arriver à les calmer un petit peu,
00:14:03d'engager une discussion et de leur mettre en avant
00:14:06qu'on a besoin, nous, d'avancer et de trouver celui qui l'a tué.
00:14:10Il faut savoir dépasser ça et puis aller investiguer
00:14:12et pousser nos témoins à raconter et puis à nous donner de la matière,
00:14:16puisqu'on ne connaît pas Christophe Bell au départ.
00:14:18Peu à peu, le portrait du pâtissier se dessine.
00:14:25Pas de double vie, une vie rangée, une épouse qu'il aime,
00:14:29avec qui il a un enfant, une vie à courbe voie.
00:14:34On est sur quelqu'un, un travailleur, un passionné de pâtisserie.
00:14:39Et tous ces employés vont en plus nous dire que c'était quelqu'un de très bien,
00:14:43de très agréable, attentionné.
00:14:44L'ambiance était vraiment familiale.
00:14:47On se sentait vraiment bien à la boulangerie.
00:14:51C'était comme si on était à la maison.
00:14:54Il n'y avait pas de barrière patron, employé.
00:14:58C'était vraiment un lieu convivial.
00:15:02Les patrons, ce sont Christophe Bell et son associé Xavier Philippe.
00:15:08Ils se sont rencontrés à la fin des années 90,
00:15:11quand Christophe réalisait des pâtisseries excentriques
00:15:13pour le Banana Café, un bar branché du milieu gay.
00:15:19Tout le monde raconte que Christophe Bell avait des doigts en or.
00:15:22Il sculptait des pièces montées en sucre,
00:15:25comme ce gâteau violon pour l'anniversaire de Catherine Lara.
00:15:29Il savait vraiment se servir de ses mains.
00:15:32Il faisait vraiment de belles choses.
00:15:35En 2000, Christophe et Xavier décident de monter une société ensemble,
00:15:40l'avion d'Élice, une boulangerie haut de gamme.
00:15:43dans laquelle il se partage le travail.
00:15:46Xavier Philippe, lui, s'occupe plutôt du volet comptabilité.
00:15:49C'est lui qui, au départ du commerce, va apporter une grosse partie de la mise de fonds.
00:15:57Christophe Bell se chargeant de payer en nature,
00:15:59c'est-à-dire avec son talent de pâtissier.
00:16:04Ils sont bien associés, en tout cas chacun sa partie.
00:16:06Et puis ça marche pas mal.
00:16:09Ils s'entendaient très bien.
00:16:11On croyait presque que c'était des frères.
00:16:13Ça mâchait bien, franchement, ça mâchait bien.
00:16:15Peu à peu, les langues se délient.
00:16:21Xavier Philippe et les employés de la boulangerie se souviennent.
00:16:24Il y a quelques mois, Christophe Bell a été victime de plusieurs agressions.
00:16:29Les pneus de sa moto ont été crevés.
00:16:32Et il a reçu de nombreux appels téléphoniques malveillants.
00:16:34Il y a eu également, dans le même temps, des dégradations dans la boulangerie,
00:16:42dans une rédave de la boulangerie, qui a été saccagée.
00:16:47Christophe Bell s'était confié à ses employés.
00:16:49Il savait qui lui en voulait.
00:16:52Un certain M. F., son rival.
00:16:56Un pâtissier avec lequel il était en conflit commercial.
00:16:59A la brigade criminelle, on se lance donc sur la piste de ce M. F.
00:17:08Et là, surprise.
00:17:12Le corps de Christophe Bell a donc été découvert à Suissier-en-Brie, dans un sous-bois.
00:17:18Et on va s'apercevoir, en travaillant sur le pâtissier en question,
00:17:23qu'il est lié domicile, donc à quelques encablures, de ce sous-bois.
00:17:27Dans la même commune, ce qui, évidemment, est intéressant.
00:17:31Il habite à 200 mètres du bois du Pible.
00:17:34Effectivement, l'objectif est trop beau.
00:17:36On a un mobile, si vous voulez, à une dispute,
00:17:39et à, finalement, un règlement de compte entre personnes,
00:17:42entre qui ça ne va pas très bien.
00:17:44Le 20 mai, à 6 heures du matin,
00:17:47les policiers débarquent donc chez le boulanger, à Suissier-en-Brie.
00:17:51...
00:17:51Nous nous sommes retrouvés face à son épouse.
00:17:57Qui nous a dit immédiatement que son mari n'habitait plus là,
00:18:01qu'il avait changé de vie,
00:18:03et qu'il habitait à l'autre bout de Paris, donc à Colombe.
00:18:08Ce qui est, effectivement, radicalement à l'opposé de Suissier-en-Brie.
00:18:12M. F. n'avait pas fait le transfert de son adresse officielle.
00:18:17Voilà 4 ans qu'il vivait ailleurs.
00:18:19Les policiers repartent donc, direction Colombe, cette fois, pour l'arrêter.
00:18:25On lui explique la raison de notre présence.
00:18:29Lui va nous expliquer de manière orale qu'effectivement,
00:18:32il est indifférent avec Christophe Bell,
00:18:34mais qui n'engendrerait jamais un conflit
00:18:36ou des extrémités telles que celle de l'assassiné.
00:18:40M. F. est placé en garde à vue au 36 Quai des Orfèvres.
00:18:48Il dit qu'il n'avait aucune raison de commettre cette dégradation
00:18:51pour un motif aussi futile.
00:18:54Et il dira également par la suite
00:18:56que s'il avait voulu assassiner Christophe Bell,
00:18:59jamais il ne l'aurait fait à proximité de son domicile,
00:19:02tout du moins officiel,
00:19:04même si ce n'est plus celui où il habite réellement,
00:19:06mais c'est le domicile déclaré.
00:19:08On le ressent comme un homme entier
00:19:11qui n'a visiblement pas la volonté de dissimuler quoi que ce soit.
00:19:19M. F. était en Normandie la journée du 16,
00:19:22puis il a passé la nuit des faits chez lui, avec sa compagne,
00:19:25et s'est rendu à sa boulangerie au petit matin.
00:19:28M. F. a un alibi.
00:19:31Au terme de la garde à vue,
00:19:32nous n'avons aucun élément à charge contre lui.
00:19:36M. F. est libéré.
00:19:38Mais juste avant de quitter le Quai des Orfèbres,
00:19:41l'ancien rival de Christophe Bell donne son sentiment personnel.
00:19:46Il trouve quand même très étonnant
00:19:48que l'exécution se soit passée
00:19:50à quelques centaines de mètres de son domicile.
00:19:53Il va jusqu'à y mettre l'hypothèse
00:19:55que c'est sciemment que la personne,
00:20:00que l'auteur, veut orienter les enquêteurs
00:20:02sur sa piste, sur lui.
00:20:07Il y a quelque chose qui cloche.
00:20:09Ce n'est pas habituel,
00:20:11c'est un peu trop facile,
00:20:12et puis les éléments ne vont pas ensemble.
00:20:16Une fois de plus,
00:20:17les enquêteurs ont le sentiment d'être manipulés,
00:20:19et ils ne voient pas comment Christophe Bell,
00:20:21qui n'a aucun sens de l'orientation,
00:20:25a pu quitter Courbevoie en pleine nuit
00:20:27et atterrir à l'opposé,
00:20:29à Suissier-Ambré.
00:20:30Cet élément qui est quand même intéressant
00:20:34laisse supposer que soit Christophe Bell
00:20:38n'est pas venu tout seul
00:20:39sur les lieux du crime,
00:20:41soit qu'il a été accompagné, guidé,
00:20:44et que forcément,
00:20:46c'est quelqu'un qu'il connaissait,
00:20:48qu'il appréciait,
00:20:49en qui il faisait confiance.
00:20:51Nous avons pensé rapidement
00:20:54que c'était quelqu'un de son entourage
00:20:55qui pouvait être lié à son assassinat.
00:21:00Qui a donc attiré Christophe Bell
00:21:04dans le guet-apens de Suissier-Ambré ?
00:21:07Le 24 mai 2005,
00:21:09une information judiciaire contre X
00:21:10est ouverte pour assassinat.
00:21:12La crime va passer au crible
00:21:14tout l'entourage du pâtissier,
00:21:16sa famille, ses amis, ses employés
00:21:18et son associé.
00:21:23L'associé, il se présente à nous.
00:21:25Au premier appel, il est là.
00:21:27Il aborde déjà un visage très empathique.
00:21:29Il est désespéré,
00:21:30il a perdu un ami
00:21:31et il a en plus la voix de cet ami
00:21:33sur son téléphone portable.
00:21:36Il nous parle d'un message
00:21:37laissé par Christophe Bell
00:21:39sur son téléphone portable
00:21:40la nuit même
00:21:41et il nous le fait écouter.
00:21:44Bon, à tout de suite.
00:21:45Je suis là dans 5-10 minutes.
00:21:46Salut.
00:21:49Y'avait Philippe nous dit d'emblée
00:21:50que pour lui,
00:21:51ce message ne lui était pas du tout destiné.
00:21:53Que Christophe Bell
00:21:54certainement s'est trompé d'interlocuteur.
00:21:57Christophe Bell a laissé ce message
00:22:01à 2h55 du matin
00:22:02depuis Courbevoie.
00:22:04Sans doute juste avant de partir à moto.
00:22:08Pour Xavier Philippe,
00:22:09c'est sans doute une erreur de manipulation.
00:22:12Seulement voilà.
00:22:13Les policiers ont déjà récupéré
00:22:15et examiné le portable de Christophe Bell.
00:22:18On va lui indiquer quand même
00:22:21que le numéro composé
00:22:23figure dans le répertoire de Christophe Bell
00:22:25entre le numéro de son domicile
00:22:27et un autre numéro
00:22:27qui lui appartient également.
00:22:29Donc l'erreur de manipulation,
00:22:30on essaie de lui dire
00:22:30bon, ben c'est pas trop crédible.
00:22:33Certes, c'est Xavier Philippe
00:22:35qui a parlé de ce message
00:22:36très spontanément.
00:22:38Mais dès cette première audition,
00:22:40le ton de la conversation change.
00:22:42On s'intéresse toujours aux policiers,
00:22:45aux derniers correspondants
00:22:47d'une victime.
00:22:49C'est une indication,
00:22:50c'est 5-10 minutes d'un rendez-vous
00:22:51qui est fixé entre deux personnes.
00:22:53On a une mort dans un délai très proche.
00:22:55Il y a un souci.
00:22:56Nous pensions d'emblée,
00:22:59non pas à l'erreur,
00:23:00mais au fait que Christophe Bell
00:23:02ait eu bel et bien rendez-vous
00:23:04avec Xavier Philippe.
00:23:06Xavier Philippe est de nouveau interrogé,
00:23:08cette fois sur son emploi du temps.
00:23:11Que faisait-il
00:23:12la nuit du 16 au 17 mai ?
00:23:16Xavier Philippe
00:23:17a le plus vieil alibi du monde.
00:23:19J'étais chez moi dans mon lit
00:23:20et je dormais à côté de ma femme.
00:23:23Mais de toute façon,
00:23:24je n'avais pas rendez-vous avec lui.
00:23:25Moi, j'étais chez moi,
00:23:26je dormais.
00:23:26De toute façon,
00:23:27mon portable était coupé
00:23:28et je n'avais absolument pas
00:23:29rendez-vous avec Christophe.
00:23:31Donc je ne comprends pas du tout
00:23:32pourquoi il a laissé un tel message.
00:23:34Sa compagne conforte
00:23:35cette alibi
00:23:36en expliquant
00:23:37qu'elle a le sommeil léger.
00:23:40Si jamais Xavier Philippe
00:23:42s'était réveillé,
00:23:43serait sortie,
00:23:46elle s'en serait perçue.
00:23:48Les policiers ne sont pas
00:23:49vraiment convaincus.
00:23:50D'autant que ce message téléphonique
00:23:52est le premier élément matériel
00:23:54depuis la mort de Christophe Bell.
00:23:56Alors,
00:23:57ils insistent.
00:23:58C'est vrai qu'on le presse
00:24:02à expliquer ce message,
00:24:04ce qui est naturel.
00:24:05Là, je n'ai pas de reproche
00:24:06à faire à la police.
00:24:07C'est quand même
00:24:07trois heures du matin,
00:24:09je suis là dans dix minutes,
00:24:13douze heures plus tard,
00:24:14quinze heures plus tard,
00:24:14on le retrouve mort.
00:24:16On sait qu'il a été tué
00:24:17avant cinq heures.
00:24:18C'est une charge indéniable.
00:24:20Donc évidemment,
00:24:20il est pressé.
00:24:21on lui demande
00:24:22de s'expliquer sur ce message.
00:24:24Il va prétendre
00:24:25que Christophe Bell
00:24:26l'appelait fréquemment la nuit,
00:24:29qu'il pouvait l'appeler
00:24:31et lui avoir laissé un message
00:24:32sans pour autant
00:24:33avoir rendez-vous avec lui.
00:24:35Le fait est que
00:24:36les vérifications téléphoniques
00:24:37ont été effectuées.
00:24:39Nous sommes aperçus
00:24:39que c'était faux,
00:24:41à savoir que dans les derniers mois,
00:24:42jamais Christophe Bell,
00:24:44même dans la dernière année,
00:24:45Christophe Bell
00:24:46n'avait appelé Xavier Philippe
00:24:47durant la nuit.
00:24:48Il essaye de collaborer
00:24:49et de trouver une explication
00:24:51et ça va l'enfoncer
00:24:53parce qu'aucune explication
00:24:54n'est véritablement la bonne.
00:24:56Et en plus,
00:24:56la seule qu'attend
00:24:57les enquêteurs,
00:24:58c'est que j'avais bien
00:24:58rendez-vous avec lui.
00:25:01Xavier Philippe,
00:25:02l'ami,
00:25:03l'associé de Christophe Bell,
00:25:06est désormais
00:25:06dans la ligne de mire
00:25:07des policiers.
00:25:09Mais il leur manque
00:25:10encore l'essentiel,
00:25:11des preuves
00:25:12et un mobile.
00:25:15Un mois après le crime,
00:25:17un nouvel élément
00:25:17conforte leur intuition.
00:25:19la femme du pâtissier
00:25:21découvre que le bénéficiaire
00:25:23de l'assurance d'essai
00:25:24de son mari,
00:25:25ce n'est pas elle,
00:25:27c'est Xavier Philippe.
00:25:28Nathalie Bell,
00:25:39vous étiez très proche
00:25:40de votre frère
00:25:41et cette assurance d'essai
00:25:43prise au nom
00:25:44de Xavier Philippe,
00:25:45est-ce que ça lui ressemble ?
00:25:47Mon frère m'avait téléphoné
00:25:49un mardi soir
00:25:50alors qu'il se rendait
00:25:51chez Xavier Philippe
00:25:52pour contracter une assurance
00:25:54pour Sandrine et les enfants.
00:25:56il m'avait dit
00:25:56il faut que je les mette
00:25:57à l'abri du besoin
00:25:59s'il m'arrivait quelque chose.
00:26:00Donc je lui dis évidemment
00:26:01oui parce que je lui dis
00:26:02tu fais ton trajet en moto,
00:26:05il est évident
00:26:05qu'il peut arriver
00:26:06quelque chose.
00:26:07Donc je connaissais
00:26:08évidemment cette assurance.
00:26:10À partir du moment
00:26:11où vous avez découvert
00:26:12le nom de Xavier Philippe
00:26:13sur cette assurance d'essai,
00:26:15qu'est-ce que vous avez pensé ?
00:26:16J'ai pensé que ce n'était pas possible.
00:26:20J'ai pensé qu'il y avait
00:26:21une erreur quelque part
00:26:22et j'ai commencé à douter
00:26:25et j'ai commencé à penser
00:26:27qu'il y avait quelque chose
00:26:28et qu'il était sans doute
00:26:30responsable de quelque chose
00:26:34qui n'était pas très clair.
00:26:35Alors comment on peut expliquer ça ?
00:26:38Qu'est-ce que vous avez pensé ?
00:26:39Mon frère s'occupait de la boutique
00:26:40donc il était au rez-de-chaussée,
00:26:42il faisait ses gâteaux
00:26:42toute la journée
00:26:43et Xavier était payé
00:26:45pour s'occuper de l'administratif.
00:26:47Donc un jour,
00:26:50Xavier Philippe a demandé
00:26:51à mon frère
00:26:52de venir signer
00:26:53les papiers d'assurance.
00:26:54Mon frère a signé,
00:26:55a mis la date,
00:26:56a signé,
00:26:57sans savoir vraiment
00:26:58ce qu'il signait.
00:26:59Il y avait plusieurs contrats
00:27:00donc c'est vrai que c'était
00:27:00un petit peu compliqué pour lui
00:27:03je pense.
00:27:04Et donc il a signé
00:27:05en faisant entièrement confiance
00:27:06à Xavier Philippe
00:27:08sans le moindre doute
00:27:10et puis en lui demandant
00:27:11sans doute
00:27:12de compléter
00:27:13et de les envoyer.
00:27:21Xavier Philippe
00:27:22aurait-il tué
00:27:23Christophe Bell
00:27:24pour toucher
00:27:25son assurance d'essai ?
00:27:27Les enquêteurs
00:27:27se penchent sur le contrat.
00:27:32Le montant
00:27:33de l'assurance d'essai
00:27:34est de 41 000 euros.
00:27:37Pas beaucoup
00:27:38pour en faire
00:27:38le mobile d'un assassinat.
00:27:42Xavier Philippe
00:27:43a l'air réellement surpris
00:27:44de voir son nom
00:27:45sur ce document.
00:27:47Pour trancher,
00:27:49les enquêteurs
00:27:49font appel
00:27:50à un graphologue.
00:27:51Des expertises ont été
00:27:53entreprises
00:27:54mais la signature
00:27:55est bien celle
00:27:56de Christophe Bell.
00:27:58Mais si ce n'est pas un faux,
00:27:59pourquoi Christophe Bell
00:28:01a-t-il signé
00:28:01cette assurance
00:28:02contraire à ses intentions ?
00:28:04Le mobile du crime,
00:28:05on dit toujours
00:28:06chercher le mobile,
00:28:07chercher l'argent,
00:28:08chercher la femme.
00:28:09Là, on est clairement
00:28:10sur l'argent,
00:28:11on n'est pas du tout
00:28:11sur la femme.
00:28:13L'argent,
00:28:13il est dans les tiroirs
00:28:14caisse de l'avion d'hélice.
00:28:16Depuis un mois,
00:28:17les policiers
00:28:18n'ont pas lâché
00:28:18la pression
00:28:19sur la boulangerie.
00:28:21Et cela finit par payer.
00:28:24C'est petit à petit
00:28:25finalement qu'on va
00:28:26au fil des auditions,
00:28:27au fil de nos passages,
00:28:28puisqu'on passe
00:28:28quand même assez souvent
00:28:29dans la rue,
00:28:30on va aller voir,
00:28:31on prend la température,
00:28:32on demande
00:28:32s'il y a quelque chose
00:28:33de nouveau.
00:28:33Et c'est comme ça
00:28:34qu'on apprend
00:28:34avec les employés
00:28:35que depuis deux semaines,
00:28:37trois semaines,
00:28:38Christophe Bell
00:28:39il était plus tout à fait pareil,
00:28:40il était énervé.
00:28:41Il commençait
00:28:41à vérifier les comptes,
00:28:44il posait des questions
00:28:44aux salariés,
00:28:45comment ça se passe.
00:28:48Une employée
00:28:49s'était entretenue
00:28:50avec Christophe,
00:28:51celui-ci lui avait demandé
00:28:53de surveiller
00:28:55un peu plus
00:28:55la marchandise,
00:28:57parce qu'il s'était rendu compte
00:28:58qu'il y avait un écart
00:28:59entre les recettes
00:29:00de la boulangerie
00:29:01et la production
00:29:02de la marchandise.
00:29:05L'employé n'a pas eu le temps
00:29:06d'effectuer
00:29:07cette vérification,
00:29:09Christophe Bell
00:29:09a été assigné entre temps.
00:29:11La brigade criminelle
00:29:13plonge son nez
00:29:14dans les comptes.
00:29:17Depuis quelques années,
00:29:18le chiffre d'affaires
00:29:19de la boulangerie
00:29:19augmente régulièrement.
00:29:23Mais bizarrement,
00:29:24dans le même temps,
00:29:25le bénéfice chute.
00:29:28Comme si quelqu'un
00:29:29piquait largement
00:29:30dans la caisse.
00:29:33On a interrogé
00:29:35les employés
00:29:35sur cet aspect-là,
00:29:37à savoir
00:29:38qui pioche dans la caisse,
00:29:39de quelle manière
00:29:40commence à se pratiquer.
00:29:43Selon les employés,
00:29:45Christophe et Xavier
00:29:45s'autorisaient
00:29:46à prendre du liquide
00:29:47dans la caisse.
00:29:48Mais en pratique,
00:29:49les deux hommes
00:29:50ne se comportaient
00:29:51pas du tout
00:29:52de la même manière.
00:29:54Le fait est que
00:29:55Christophe Bell
00:29:56piochait occasionnellement
00:29:58dans la caisse
00:29:59d'après
00:30:00les témoignages,
00:30:02mais c'était de l'ordre
00:30:03d'un billet
00:30:03de 20 euros.
00:30:04Xavier Philippe
00:30:06est le seul
00:30:07en réalité
00:30:08à prélever
00:30:09de manière massive.
00:30:10C'est assez logique
00:30:11puisque c'est le comptable
00:30:12de la société.
00:30:13Il prélève dans la caisse.
00:30:14Il relève la caisse
00:30:15très régulièrement
00:30:15et ensuite,
00:30:16il en fait son affaire.
00:30:19Ils se quittent caisse,
00:30:19ils se sont arrêtés
00:30:20à une certaine heure.
00:30:21On sait que
00:30:21l'associé,
00:30:23il a la main mise dessus,
00:30:24il se sert,
00:30:25il arrête les comptes
00:30:26à telle heure
00:30:27et puis le reste,
00:30:27ça n'apparaît pas
00:30:28sur les tickets Z
00:30:29comme on les appelle.
00:30:30Les policiers
00:30:32estiment que
00:30:33Xavier Philippe
00:30:34détournait entre
00:30:35200 et 500 euros
00:30:37par jour,
00:30:38soit 6 000
00:30:39à 12 000 euros
00:30:40par mois.
00:30:41Des ponctions
00:30:42que Christophe Bell
00:30:43avait semble-t-il
00:30:44fini par remarquer.
00:30:47Christophe Bell
00:30:48avait un mot
00:30:49un peu voilé
00:30:50parlé à plusieurs.
00:30:52D'abord sa compagne.
00:30:53Sa compagne
00:30:53savait
00:30:54qu'il ne vivait pas bien
00:30:55dans ses derniers temps
00:30:56et qu'il avait
00:30:57pour la première fois
00:30:58un discours
00:30:59un peu critique
00:30:59à l'égard de Xavier Philippe.
00:31:01Il avait décidé
00:31:02de travailler tout seul
00:31:02et de se séparer
00:31:03de son associé,
00:31:04ce qui n'est pas normal
00:31:04si on s'entend très bien
00:31:05avec son associé.
00:31:06Ensuite,
00:31:06il avait dit à sa compagne
00:31:07qu'il avait des doutes
00:31:08sur l'honnêteté,
00:31:10c'est peu dire,
00:31:11de Xavier Philippe,
00:31:12mais également au personnel
00:31:13qui est témoin
00:31:15d'accrochage entre eux,
00:31:17de propos un peu verts
00:31:18de Christophe Bell
00:31:19à l'égard de Xavier Philippe.
00:31:21Il avait dû commencer
00:31:22à s'en ouvrir
00:31:23à Xavier Philippe
00:31:24et nous pensons
00:31:26bien évidemment
00:31:27que c'est une des raisons
00:31:28majeures
00:31:29pour laquelle
00:31:29Xavier Philippe
00:31:30a dû s'inquiéter,
00:31:33paniquer,
00:31:34puisque si tout
00:31:35était découvert
00:31:37au moment
00:31:37de leur séparation,
00:31:39les choses
00:31:39allaient être
00:31:41pour lui
00:31:41dramatiques.
00:31:42On a un mobile,
00:31:44effectivement,
00:31:45on a un suspect
00:31:47en tout cas.
00:31:49Dans les bureaux
00:31:50du quai des Orfèvres,
00:31:51Xavier Philippe
00:31:52le reconnaît.
00:31:53Oui,
00:31:54il y avait du black
00:31:54à la boulangerie,
00:31:55comme dans beaucoup
00:31:56de petits commerces,
00:31:57mais ça ne fait pas
00:31:58de lui un tueur.
00:32:01Xavier Philippe
00:32:02disait qu'il prenait
00:32:03chaque mois
00:32:042000 euros
00:32:06pour payer 1000 euros
00:32:07à Christophe
00:32:08et 1000 euros
00:32:08à lui-même,
00:32:09plus une partie supplémentaire
00:32:12pour payer des heures
00:32:13supplémentaires
00:32:14ou des primes
00:32:14aux salariés
00:32:15et également
00:32:16pour payer
00:32:17certains fournisseurs
00:32:19qu'on ne payait pas
00:32:20intégralement
00:32:21de façon officielle.
00:32:24Bon,
00:32:25il en avait conclu
00:32:26que les ponctions
00:32:28correspondaient
00:32:28à environ 8%
00:32:30du chiffre d'affaires.
00:32:32Donc,
00:32:32les montants
00:32:32hallucinants,
00:32:34puisqu'on a parlé
00:32:35de jusqu'à 10 000 euros
00:32:37par mois
00:32:37qui se seraient mis
00:32:38dans la poche,
00:32:39qui sont affirmés
00:32:42noir sur blanc
00:32:43dans le dossier
00:32:44par la brigade criminelle,
00:32:45ne tiennent pas.
00:32:46Xavier Philippe
00:32:47et sa défense
00:32:48le martèlent.
00:32:49Il n'y a aucune raison
00:32:50de le soupçonner.
00:32:54Mais les hommes
00:32:54de la brigade criminelle
00:32:56n'en démordent pas.
00:32:59Ils pensent
00:32:59que Xavier Philippe
00:33:01s'est débarrassé
00:33:01de Christophe Bell
00:33:02par Appaduguin.
00:33:04D'ailleurs,
00:33:05depuis le début
00:33:05de leurs investigations
00:33:06financières,
00:33:08Xavier Philippe
00:33:08se comporte
00:33:09d'une drôle de manière
00:33:10avec ses employés.
00:33:11Chaque audition,
00:33:12effectivement,
00:33:13donnera lieu
00:33:13à quasiment
00:33:13un contre-interrogatoire
00:33:15de la part
00:33:15de l'associé
00:33:16au retour
00:33:17à la boutique.
00:33:18Évidemment,
00:33:18qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
00:33:19Ils ont une piste ?
00:33:21Qu'est-ce qui se passe ?
00:33:23Tout ça,
00:33:24effectivement,
00:33:24ça nous est rapporté
00:33:25à l'audition suivante.
00:33:26Ça énerve,
00:33:27ça énerve le sens policier.
00:33:28On se dit,
00:33:29bon,
00:33:29il va falloir arrêter
00:33:30tout ça.
00:33:30Dominique,
00:33:37certes,
00:33:38Xavier Philippe tapait
00:33:39dans la caisse,
00:33:40ça ne fait quand même
00:33:40pas un mobile.
00:33:42Ça ne fait pas un mobile,
00:33:43Frédéric,
00:33:44mais les policiers
00:33:45de la crime
00:33:46pensent quand même
00:33:47que le mobile,
00:33:48il se situe
00:33:49autour de l'argent
00:33:50et bien plus d'argent
00:33:51que quelques billets
00:33:52que Xavier Philippe
00:33:54irait piquer
00:33:55dans la caisse
00:33:55de la boulangerie.
00:33:57Pour les policiers
00:33:58de la crime,
00:33:58l'hypothèse,
00:33:59elle est celle-ci.
00:34:00La boulangerie,
00:34:01l'avion d'Hélice
00:34:02est à vendre.
00:34:03Un acheteur
00:34:04s'est manifesté
00:34:05et il achète
00:34:06la boulangerie
00:34:07pour 460 000 euros.
00:34:10Les deux associés,
00:34:12Xavier Philippe
00:34:13et Christophe Bell
00:34:14ont décidé,
00:34:15c'est un accord verbal,
00:34:17de faire moitié-moitié,
00:34:18230 000 chacun.
00:34:19Mais au départ,
00:34:20il y en a un qui a porté
00:34:2075 %,
00:34:21Xavier Philippe
00:34:22et l'autre 25 %,
00:34:23Christophe Bell.
00:34:25Si Christophe Bell
00:34:26disparaît,
00:34:27Xavier Philippe
00:34:29n'est pas obligé
00:34:29de respecter
00:34:29cet engagement
00:34:30moitié-moitié.
00:34:32Il peut prendre
00:34:32les 25 %
00:34:33de Christophe Bell.
00:34:35Donc,
00:34:36il gagne
00:34:36115 000 euros.
00:34:38Déjà,
00:34:39115.
00:34:40C'est une hypothèse.
00:34:41C'est une hypothèse.
00:34:42On sait que,
00:34:43l'acheteur le dira plus tard,
00:34:44un dessous de table
00:34:45avait été prévu
00:34:46de 100 000 euros
00:34:47qui devait être partagé aussi.
00:34:50Si je suis moi,
00:34:50Xavier Philippe
00:34:51et que je veux
00:34:51garder la part
00:34:53de mon associé
00:34:54décédé,
00:34:55disparu,
00:34:56Christophe Bell,
00:34:56je gagne
00:34:5750 000 euros
00:34:59de plus.
00:35:0050.
00:35:01Ensuite,
00:35:03Christophe Bell,
00:35:04il avait
00:35:04un compte,
00:35:05une assurance
00:35:06personnelle
00:35:07de 41 000 euros.
00:35:09Et puis,
00:35:09il avait aussi
00:35:09une assurance
00:35:10professionnelle
00:35:11de 60 000 euros
00:35:12qui était doublée
00:35:13en cas de mort
00:35:14accidentelle
00:35:15ou de mort violente.
00:35:17Et qui est le bénéficiaire ?
00:35:18C'est Xavier Philippe.
00:35:1941 000
00:35:20plus 120 000.
00:35:21D'accord ?
00:35:25Ensuite,
00:35:26ils ont un compte
00:35:26associé
00:35:27sur lequel
00:35:27il y a
00:35:27120 000 euros.
00:35:29Et les policiers
00:35:30de la crime
00:35:30pensent que
00:35:31Xavier Philippe,
00:35:33il n'allait pas
00:35:34donner à la veuve
00:35:35de Christophe Bell
00:35:36les 60 000 euros
00:35:37à la moitié
00:35:37du compte associé,
00:35:38qu'il allait les garder
00:35:39pour lui.
00:35:40Donc,
00:35:40ça fait 62 plus.
00:35:41Et au total,
00:35:43ça fait
00:35:43386 000 euros,
00:35:48Frédéric.
00:35:50Pour les policiers
00:35:50de la crime,
00:35:51le mobile,
00:35:51il est là.
00:35:59Maître Frédéric Beaulieu,
00:36:01vous êtes l'avocate
00:36:01de Xavier Philippe.
00:36:03Les policiers
00:36:03pensent avoir trouvé
00:36:04le mobile du crime,
00:36:06l'argent.
00:36:07Qu'est-ce qu'il en dit
00:36:07votre client ?
00:36:08D'abord,
00:36:09ce qu'ont raconté
00:36:09les policiers
00:36:10sur le plan financier
00:36:11est faux.
00:36:12Et faux,
00:36:13pas uniquement
00:36:13parce que je le dis,
00:36:14mais parce que
00:36:15la chambre financière,
00:36:16spécialisée en la matière
00:36:18du tribunal correctionnel
00:36:19de Paris,
00:36:19l'a dit.
00:36:20Et on est arrivé...
00:36:21Par exemple,
00:36:21parce que vous pouvez
00:36:22nous les détailler.
00:36:22Par exemple,
00:36:22je vais vous donner
00:36:23des choses très précises.
00:36:24Par exemple,
00:36:24les policiers disaient
00:36:25oui,
00:36:26nous avons rapporté
00:36:28la preuve
00:36:28que Xavier Philippe
00:36:30détournait
00:36:31à son profit
00:36:32parfois jusqu'à
00:36:34150 000 euros
00:36:35par an
00:36:35chaque année
00:36:36dans la boulangerie.
00:36:37Le tribunal
00:36:38ne dit pas du tout.
00:36:39Il y a eu
00:36:39des détournements
00:36:40pour 45 000 euros
00:36:41à peu près
00:36:41en moyenne par an.
00:36:42Ces 45 000 euros
00:36:43étaient partagés
00:36:44entre Xavier Philippe
00:36:46et Christophe Bell
00:36:46qui faisaient du noir
00:36:47donc si vous voulez,
00:36:48il y a eu une enquête
00:36:50sur tout cet aspect financier
00:36:52qui d'abord
00:36:53a été faite
00:36:53de manière
00:36:54totalement partielle
00:36:55et partielle
00:36:56dans l'unique but
00:36:57de faire la démonstration
00:36:58qui était l'a priori
00:36:59des policiers
00:37:00qui était que
00:37:01tout ce qui était financier
00:37:02devait rapporter
00:37:03à Philippe
00:37:04et uniquement à lui.
00:37:05Ce qui était erroné.
00:37:06Dans le cadre
00:37:06de la vente
00:37:07de la boulangerie,
00:37:08les policiers
00:37:09imaginent,
00:37:11par exemple,
00:37:12que le dessous de table
00:37:13ne sera pas versé
00:37:14à la compagne
00:37:15de Christophe Bell,
00:37:17etc.
00:37:18Tout à fait.
00:37:19Mais alors,
00:37:19là encore,
00:37:20c'est très intéressant.
00:37:21C'est que
00:37:22les gens sont venus
00:37:23témoigner,
00:37:24je répète,
00:37:25celui qui devait acheter
00:37:27la boulangerie
00:37:27d'une part,
00:37:29Sandrine,
00:37:30la compagne
00:37:31de Christophe Bell,
00:37:32que Xavier Philippe
00:37:34avait,
00:37:35s'était engagé
00:37:36et devant Christophe Bell
00:37:37à ce que tout ce qui était
00:37:38dessous de table
00:37:38soit partagé
00:37:39entre les deux.
00:37:40Donc,
00:37:40tout ça
00:37:41était tout simplement
00:37:42inexact.
00:37:43Les policiers
00:37:43ont quand même noté
00:37:44que Xavier Philippe
00:37:45avait un compte associé
00:37:47bien plus fourni
00:37:48que celui de Christophe Bell.
00:37:50Absolument.
00:37:51Xavier Philippe
00:37:52avait apporté
00:37:53de l'argent
00:37:54dès le départ
00:37:55alors que Christophe Bell
00:37:56n'en avait pas apporté.
00:37:57Ça,
00:37:57c'est la première chose.
00:37:59La deuxième chose,
00:37:59c'est qu'il y avait eu
00:38:00un accord entre eux.
00:38:01Christophe Bell,
00:38:02à cette époque,
00:38:02avait des problèmes
00:38:03assez sérieux
00:38:05avec la mère
00:38:07de son premier enfant
00:38:08qui avait lancé
00:38:09contre lui
00:38:09un certain nombre
00:38:10de procédures
00:38:10pour récupérer
00:38:11des pensions alimentaires
00:38:12impayées,
00:38:12etc.
00:38:13et il ne voulait pas
00:38:14qu'apparaissent
00:38:15sur son compte courant
00:38:16des sommes
00:38:16qui auraient pu être saisies.
00:38:18Il y avait donc eu
00:38:19un accord
00:38:19entre les deux associés.
00:38:21C'est tout.
00:38:22Mais il y avait bien
00:38:22une assurance décès
00:38:24au profit
00:38:25de Xavier Philippe.
00:38:26Il y avait des assurances
00:38:27croisées
00:38:28entre les deux associés
00:38:29qui faisaient que
00:38:30si l'un décédait,
00:38:32les assurances
00:38:33devaient rembourser
00:38:34les emprunts
00:38:35qui étaient encore en cours.
00:38:37Manifestement,
00:38:37il y a eu une erreur
00:38:38puisque ces assurances
00:38:39ont été signées
00:38:40en même temps
00:38:41que d'autres.
00:38:41il y a eu une erreur
00:38:42de la part de Christophe Bell
00:38:43et dès que cela a été découvert,
00:38:46Xavier Philippe est allé voir
00:38:48Sandrine
00:38:48pour le lui dire
00:38:49spontanément
00:38:50et pour lui dire
00:38:51qu'il n'y aurait pas
00:38:51de difficulté
00:38:52et que ce serait bien évidemment
00:38:53elle qui toucherait ses sommes.
00:38:55Ce qu'elle a également indiqué
00:38:57au service de police
00:38:57quand elle a été entendue
00:38:58la première fois.
00:38:59Donc selon vous,
00:39:01Xavier Philippe n'avait aucun
00:39:02intérêt financier
00:39:03à la mort de Christophe Bell.
00:39:04Christophe Bell avait réussi
00:39:05à trouver un acheteur
00:39:06extrêmement intéressant
00:39:07qui leur achetait
00:39:08cette boulangerie
00:39:09pour un prix important,
00:39:11plus important
00:39:12que celui du marché
00:39:14et il était évident
00:39:15que le décès
00:39:16de Christophe Bell
00:39:17dans de telles conditions,
00:39:19c'est d'ailleurs
00:39:19ce qui s'est passé,
00:39:21entraînerait
00:39:21la rupture
00:39:23de ses pourparlers
00:39:23parce que vous pensez bien
00:39:24que dans ce contexte-là,
00:39:26la vente de la boulangerie
00:39:27elle a été totalement bloquée
00:39:28et de ce fait,
00:39:30cette vente
00:39:30ne s'est pas faite.
00:39:31C'était bien plus dommageable
00:39:32pour Xavier Philippe
00:39:33que n'importe quoi d'autre.
00:39:34Et Xavier Philippe,
00:39:35lui aussi,
00:39:36voulait vendre la boulangerie.
00:39:37C'était leur projet commun
00:39:38de vendre.
00:39:45Xavier Philippe
00:39:46a beau s'en défendre,
00:39:48les policiers sont convaincus
00:39:49que le pâtissier
00:39:50a été tué
00:39:51pour des raisons financières
00:39:52et que son associé
00:39:54n'est pas pour rien.
00:39:55Le message téléphonique
00:39:57laissé en pleine nuit
00:39:58les détournements d'argent,
00:40:00l'assurance d'essai,
00:40:01un faisceau de présomption
00:40:03qui pèse lourd.
00:40:04Mais il manque encore
00:40:05une preuve.
00:40:07Les policiers
00:40:08veulent en savoir plus
00:40:10sur leur suspect numéro un.
00:40:12Car au premier abord,
00:40:13c'est un homme bien
00:40:14sous tout rapport,
00:40:15un type sympathique même,
00:40:17qui nie farouchement
00:40:18son implication
00:40:19dans la disparition
00:40:20de son ami.
00:40:22Effectivement,
00:40:23charmant au départ,
00:40:24Xavier Philippe
00:40:25a entendu à de nombreuses reprises,
00:40:27il y met beaucoup
00:40:27de bonnes grâces,
00:40:29il apporte des détails,
00:40:31il a un visage
00:40:33toujours très positif,
00:40:35mais l'audition
00:40:35de ses proches,
00:40:36l'audition
00:40:37des anciennes personnes
00:40:38avec qui il a pu travailler,
00:40:40nous fait découvrir
00:40:41un personnage
00:40:42complètement différent.
00:40:44Toutes les déclarations
00:40:45nous font ouvrir
00:40:46le livre un petit peu
00:40:47de la vie de Xavier Philippe
00:40:49et on va découvrir
00:40:49un personnage
00:40:50dont la vie
00:40:51est égrenée
00:40:52de soucis.
00:40:53Xavier Philippe
00:40:55a déjà fait pas moins
00:40:56de six allers-retours
00:40:57en prison
00:40:58pour des faits de vol,
00:41:00port d'armes illégales,
00:41:02falsification de chèques,
00:41:04coups et blessures volontaires.
00:41:06Je suis très étonné
00:41:07de la diversité
00:41:08et de l'importance
00:41:08des affaires
00:41:09dans lesquelles
00:41:10son nom apparaît.
00:41:12Et certaines
00:41:13laissent supposer
00:41:15que nous avons affaire,
00:41:17que nous pouvons avoir affaire
00:41:19à quelqu'un de rotor,
00:41:21d'intelligent,
00:41:23de machiavélique.
00:41:25Les policiers de la crime
00:41:27remontent le temps
00:41:28jusqu'à la jeunesse
00:41:29orléanaise
00:41:30de Xavier Philippe.
00:41:32Né en 1956,
00:41:34il a grandi à Orléans
00:41:35dans un milieu
00:41:36plutôt bourgeois,
00:41:37aux côtés
00:41:38de son frère jumeau
00:41:39Bertrand.
00:41:40Une enfance classique
00:41:41mais dans l'ombre
00:41:42d'un frère
00:41:43un peu trop lumineux.
00:41:44On a Bertrand
00:41:49qui est rond de caractère,
00:41:54aimable, courtois,
00:41:56qui a beaucoup d'entre-jeans
00:41:57et qui est plutôt
00:41:58beau mec.
00:42:01Et puis on a
00:42:03un personnage
00:42:05plus sec
00:42:07et assez ombrageux.
00:42:09C'est deux personnages
00:42:10assez différents.
00:42:11Bertrand avait
00:42:11vraiment cette gueule,
00:42:13cette gueule d'ange
00:42:14de poupon
00:42:15avec vraiment
00:42:16un regard bleu,
00:42:18toujours le grand sourire
00:42:19et quand on le voyait
00:42:20on lui serrait la main,
00:42:22il se passait quelque chose.
00:42:23Au début des années 80,
00:42:25le jumeau
00:42:26d'Oxagé Philippe,
00:42:27Bertrand,
00:42:28crée une boîte de nuit
00:42:29à Orléans,
00:42:30le Kiproko.
00:42:31C'était une boîte
00:42:32grande,
00:42:33avant-gardiste.
00:42:34Puis Orléans
00:42:35c'était un événement.
00:42:36C'est-à-dire que
00:42:37la grande nouveauté
00:42:38est le lieu
00:42:39de Place to be,
00:42:40le lieu où
00:42:41tout le monde
00:42:41voulait aller.
00:42:41Bertrand Philippe,
00:42:43il fait partie
00:42:44de ceux
00:42:44qui véritablement
00:42:46ont impulsé
00:42:47le renouveau
00:42:48de la ville d'Orléans.
00:42:50Xavier lui enchaîne
00:42:51les petits boulots.
00:42:53Carrossier,
00:42:54prof d'art martiaux,
00:42:55vendeur,
00:42:56il galère.
00:42:57À Orléans,
00:42:58tout le monde
00:42:58connaît Bertrand,
00:43:00mais personne ne sait
00:43:01qui c'est
00:43:01Xavier Philippe.
00:43:02J'avais déjà entendu
00:43:04parler de Xavier Philippe
00:43:06parce qu'il était
00:43:07le frère
00:43:08de quelqu'un
00:43:09que je connaissais.
00:43:10Mais là où
00:43:11véritablement
00:43:12j'ai été amené
00:43:14à m'y intéresser
00:43:15professionnellement,
00:43:16c'est quand il a
00:43:18mis le feu
00:43:18à la boîte
00:43:19de son frère.
00:43:21Le 22 août 82,
00:43:23en pleine nuit,
00:43:24le Kiproko brûle.
00:43:26À l'époque,
00:43:27Alain Bilcar
00:43:28était commissaire
00:43:29à la crime
00:43:30d'Orléans.
00:43:31Ils ont trouvé
00:43:32sur les lieux
00:43:33de l'incendie
00:43:33des gants
00:43:34et des chaussures
00:43:36à moitié calcinés.
00:43:38Et donc,
00:43:38ils en ont déduit
00:43:40tout de suite
00:43:40que l'auteur
00:43:41de l'incendie
00:43:42s'était brûlé.
00:43:45Et donc,
00:43:46on a fait
00:43:47les hôpitaux
00:43:48de la région
00:43:50qui traitent
00:43:51des grands brûlés.
00:43:52C'est à Tours
00:43:53qu'on a retrouvé
00:43:53la trace
00:43:54de Xavier Philippe,
00:43:55à savoir
00:43:55le frère
00:43:56du propriétaire
00:43:58de l'établissement.
00:43:58et qui était
00:44:00gravement brûlé,
00:44:01oui,
00:44:02à 45%,
00:44:03je crois,
00:44:04et qui a
00:44:05conservé
00:44:06les stigmates
00:44:07sur son visage
00:44:08de cette aventure.
00:44:12L'assurance
00:44:13de la boîte
00:44:13de nuit
00:44:14est au nom
00:44:14de la famille
00:44:15Philippe,
00:44:16le soupçon
00:44:17d'escroquerie
00:44:18à l'assurance
00:44:18plane.
00:44:20Xavier Philippe
00:44:21a 26 ans
00:44:22et il est condamné
00:44:23à 4 ans
00:44:23de prison
00:44:24pour incendie
00:44:24volontaire.
00:44:25A sa sortie,
00:44:28il lance
00:44:28une boîte
00:44:28de nuit
00:44:29comme son frère,
00:44:30la péniche,
00:44:31un bateau
00:44:32amarré
00:44:32sur les quais
00:44:33de la Loire
00:44:33à Orléans.
00:44:35Mais le 22 août
00:44:3686,
00:44:38la péniche
00:44:38brûle
00:44:39à son tour.
00:44:41Évidemment,
00:44:41tous les gens
00:44:42qui avaient
00:44:43mauvais esprit
00:44:44se sont dit
00:44:45tiens,
00:44:46ça recommence
00:44:47parce que 86,
00:44:4882,
00:44:48c'est pas si loin,
00:44:49la mémoire fonctionne
00:44:50encore.
00:44:51Il s'est avéré
00:44:52que quelqu'un
00:44:52que Xavier Philippe
00:44:53avait rencontré
00:44:54lors d'un
00:44:55de ses séjours
00:44:56en prison
00:44:56était responsable
00:44:59de l'incendie
00:44:59de la péniche.
00:45:01Donc,
00:45:02ça a fait porter
00:45:03un certain nombre
00:45:04de soupçons
00:45:05sur Xavier Philippe,
00:45:06évidemment,
00:45:06en tant que commanditaire.
00:45:07S'agissant
00:45:08de la propriété
00:45:09de sa mère,
00:45:10il y avait
00:45:11une grosse assurance
00:45:12à la clé.
00:45:15J'avais donc
00:45:16supposé
00:45:18qu'il s'agissait
00:45:18d'une tentative
00:45:19d'escroquerie
00:45:20à l'assurance.
00:45:21À l'issue
00:45:22de l'enquête,
00:45:23il est certain
00:45:24que j'avais
00:45:25la conviction
00:45:27que Xavier Philippe
00:45:28avait commandité
00:45:29cette affaire.
00:45:31Encore un incendie,
00:45:33encore un soupçon
00:45:34d'escroquerie.
00:45:36Mais au procès
00:45:36de 88,
00:45:37Xavier Philippe
00:45:38est relaxé
00:45:39et définitivement
00:45:40blanchi.
00:45:41Il s'avérait
00:45:42qu'en réalité,
00:45:42c'est pas lui
00:45:43qui touchait l'assurance.
00:45:45Ce qui fait
00:45:45que sur le plan
00:45:47du mobile,
00:45:48il manquait
00:45:48déjà le mobile.
00:45:48donc on voit
00:45:52bien par là
00:45:53qu'on avait tendance
00:45:54à lui en prêter
00:45:55plus qu'il n'en faisait.
00:45:56Une mauvaise réputation
00:45:58mais aussi
00:45:59quelques faits d'armes
00:46:00impressionnants.
00:46:01Le passé
00:46:02de Xavier Philippe
00:46:03n'incite pas
00:46:04les policiers
00:46:04du 36
00:46:05à le croire
00:46:05sur parole.
00:46:13Benoît Hurel,
00:46:13à l'époque,
00:46:14vous êtes substitut
00:46:15du procureur
00:46:16à Créteil.
00:46:16Quand vous découvrez
00:46:18la jeunesse
00:46:19orléanaise
00:46:20de Xavier Philippe,
00:46:21j'imagine que ça
00:46:22conforte un peu
00:46:22vos doutes.
00:46:24Nous apprenons
00:46:24rapidement
00:46:24que Xavier Philippe
00:46:25a été mis en cause
00:46:27dans une vingtaine
00:46:28d'affaires
00:46:28entre 1980
00:46:30et 2005.
00:46:32Une vingtaine
00:46:33d'affaires.
00:46:33Une vingtaine
00:46:34d'affaires.
00:46:35Affaires pour lesquelles
00:46:36il a bénéficié
00:46:38parfois
00:46:38de la réhabilitation
00:46:40judiciaire,
00:46:40ce qui interdit
00:46:41d'évoquer
00:46:41les condamnations.
00:46:43Affaires pour
00:46:44d'autres
00:46:45où il a été
00:46:46soit relaxé,
00:46:48soit n'a pas été
00:46:49poursuivi devant
00:46:50un tribunal.
00:46:50Et ça va de quoi
00:46:51à quoi
00:46:51ces vingtaine
00:46:53de dossiers ?
00:46:54Ça concerne
00:46:54quels faits ?
00:46:55Les affaires
00:46:55pour lesquelles
00:46:55il est mis en cause,
00:46:56mis en cause,
00:46:57ça va
00:46:58de petits vols
00:47:01jusqu'à
00:47:01la torture
00:47:02d'un marchand
00:47:04d'armes.
00:47:04Et cette histoire
00:47:05de torture ?
00:47:06En 1995,
00:47:07il y a un marchand,
00:47:08un armurier
00:47:09de la région
00:47:10de Créteil
00:47:11qui est tiré
00:47:12de son sommeil
00:47:12par trois individus
00:47:14qui est violenté,
00:47:15qui est torturé
00:47:16pendant toute une nuit
00:47:17et qui se fait dérober
00:47:19des dizaines d'armes.
00:47:21Quelques mois plus tard,
00:47:23une personne
00:47:23vient faire réparer
00:47:25une arme
00:47:25chez cet armurier
00:47:26et l'armurier
00:47:27se rend compte
00:47:28que cette arme
00:47:30lui a été volée
00:47:31la nuit
00:47:32des fées.
00:47:34La personne
00:47:35est entendue
00:47:36et on remonte
00:47:37jusqu'à
00:47:38Xavier Philippe
00:47:39qui a vendu
00:47:41cette arme
00:47:41quelques semaines
00:47:43après
00:47:44que l'armurier
00:47:45se fût fait dérober
00:47:47ses armes.
00:47:49Mais l'armurier,
00:47:49j'imagine,
00:47:50ne l'a pas reconnu
00:47:51parmi ses trois agresseurs ?
00:47:52Et l'armurier
00:47:52n'a pas du tout
00:47:53reconnu Xavier Philippe
00:47:54parmi ses trois agresseurs
00:47:55et Xavier Philippe
00:47:56n'a pas du tout
00:47:57été condamné
00:47:57pour l'agression
00:47:58de cet armurier.
00:47:59Sauf que l'armurier
00:48:00se souvient
00:48:01que Xavier Philippe
00:48:03est passé
00:48:03dans son magasin
00:48:04quelques jours
00:48:05avant son agression
00:48:06et s'est renseigné
00:48:08sur les armes
00:48:09qu'il vendait
00:48:09et lui a même demandé
00:48:10de lui faire visiter
00:48:11la réserve d'armes
00:48:12où seront volées
00:48:13quelques jours plus tard
00:48:14toutes ces armes.
00:48:15Et qu'est-ce que
00:48:16vous découvrez d'autre ?
00:48:17Le juge d'instruction
00:48:17ne tarde pas
00:48:18à découvrir
00:48:19que Xavier Philippe
00:48:20pourrait être impliqué
00:48:21dans une autre
00:48:22tentative d'assassinat
00:48:23commise en avril 1998.
00:48:31Le dossier d'instruction
00:48:33de cette tentative
00:48:34d'assassinat
00:48:34dort donc toujours
00:48:36sur le bureau
00:48:36d'un juge parisien
00:48:37quand la brigade criminelle
00:48:39décide de s'y intéresser.
00:48:41Retour en 1998.
00:48:45Mardi 28 avril
00:48:46la fête bat son plein
00:48:48au Banana Café
00:48:50dans le quartier des Halles.
00:48:51Le club gay
00:48:52est dirigé
00:48:53par deux jeunes patrons
00:48:54Tony Gomez
00:48:55et Grégory.
00:49:00Vers 23h30
00:49:01les deux amis
00:49:02rentrent chez eux
00:49:03à quelques pas de là
00:49:04dans leur duplex
00:49:05de la rue des Lombards.
00:49:07Mais exceptionnellement,
00:49:09Tony ne reste pas.
00:49:10Il repart animer
00:49:11la soirée du Banana.
00:49:16Tony Gomez aura
00:49:17cette chance-là
00:49:18inouï
00:49:18de passer très peu
00:49:19dans l'appartement
00:49:20et contrairement à l'habitude
00:49:21va entrer et sortir.
00:49:24Resté seul,
00:49:26Grégory entend du bruit
00:49:28à l'étage.
00:49:29Là-haut,
00:49:30l'électricité ne fonctionne plus.
00:49:32Il monte une bougie
00:49:33à la main.
00:49:34Et là,
00:49:35dans le salon,
00:49:36un homme cagoulé
00:49:37le vise
00:49:38avec une carabine.
00:49:40Grégory prend la fuite,
00:49:41l'homme lui court après
00:49:42et lui tire dessus.
00:49:45Grégory va le temps
00:49:46de dévaler les escaliers.
00:49:47Il se prendra
00:49:47une balle dans le bras.
00:49:49Il aura le temps
00:49:50de fermer la porte
00:49:51derrière lui,
00:49:51heureusement.
00:49:54Blessé,
00:49:55pieds nus,
00:49:55en pyjama,
00:49:56le jeune homme court
00:49:57jusqu'à l'entrée
00:49:58du Banana Café.
00:50:00Il est transporté
00:50:01immédiatement
00:50:02à l'hôpital
00:50:02tandis que le personnel
00:50:04du club
00:50:04se précipite
00:50:05en bas de l'immeuble
00:50:05pour bloquer
00:50:06la porte d'entrée
00:50:07et empêcher
00:50:08le tireur
00:50:08de s'enfuir.
00:50:09Soudain,
00:50:13la patronne
00:50:13du bar voisin
00:50:14vient les prévenir.
00:50:15Un type bizarre
00:50:16s'est réfugié
00:50:17chez elle
00:50:17en passant
00:50:18par la sortie
00:50:19de secours.
00:50:20Il s'est attablé
00:50:20l'air de rien
00:50:21avec un immense
00:50:23sac de sport.
00:50:25La police arrive
00:50:26rapidement sur les lieux
00:50:27et interpelle
00:50:28le suspect.
00:50:29À ses pieds,
00:50:30il a fait tomber
00:50:31une cagoule noire.
00:50:34Dans le sac,
00:50:36les policiers
00:50:36trouvent un fusil,
00:50:38des médicaments
00:50:39et un étrange
00:50:41flacon
00:50:41de liquide vert.
00:50:46Interrogé,
00:50:47le tireur
00:50:47reste vague.
00:50:48Il explique seulement
00:50:49qu'il a agi
00:50:50sur ordre.
00:50:51Mais il refuse
00:50:52de donner le nom
00:50:53de son commanditaire.
00:50:55Le 1er mai 1998,
00:50:57l'homme est mis
00:50:58en examen
00:50:58pour complicité
00:51:00de tentative
00:51:00d'assassinat.
00:51:02Reste à trouver
00:51:02le commanditaire.
00:51:05Tony Gomez,
00:51:05le patron du banana,
00:51:07est interrogé
00:51:07à son tour.
00:51:08il croit savoir
00:51:09qui se cache
00:51:10derrière le tireur.
00:51:12Le directeur financier
00:51:13du banana,
00:51:14un certain
00:51:15Xavier Philippe.
00:51:17À l'époque,
00:51:19l'homme
00:51:19a bien été
00:51:20entendu
00:51:20par la police.
00:51:22Mais 7 ans plus tard,
00:51:23l'enquête
00:51:23est au point mort
00:51:24et le dossier croupit
00:51:26sur le bureau
00:51:26d'un juge d'instruction.
00:51:28Pour les policiers
00:51:29qui travaillent
00:51:29sur l'affaire Belle,
00:51:30cette nouvelle histoire
00:51:31tombe à pic.
00:51:32Elle apporte
00:51:33de l'eau
00:51:33à leur moulin,
00:51:34eux qui n'ont
00:51:35toujours pas de preuves
00:51:36contre
00:51:36Xavier Philippe.
00:51:38Il relance
00:51:38la procédure
00:51:39banana café.
00:51:40Les éléments
00:51:40qu'on va glaner
00:51:42dans ce dossier-là
00:51:43éclairent le personnage
00:51:45de Xavier Philippe.
00:51:46Tout ce qui le touche
00:51:47est intéressant
00:51:48pour notre dossier,
00:51:49la compréhension
00:51:49de notre dossier
00:51:50Christophe Bell.
00:51:50La brigade criminelle
00:51:53convoque donc
00:51:54le témoin principal
00:51:55de cette affaire,
00:51:56Tony Gomez.
00:51:58Entre-temps,
00:51:59il est devenu
00:51:59le roi des nuits parisiennes,
00:52:01gérant de l'étoile
00:52:02un autre club branché.
00:52:05Costume chic,
00:52:07à l'aise
00:52:07en toutes circonstances,
00:52:09Tony Gomez
00:52:09mène une vie
00:52:10de businessman,
00:52:11ami des stars.
00:52:18Mais dans le bureau
00:52:19du quai des Orfèvres,
00:52:20à l'évocation
00:52:21du nom de Xavier Philippe,
00:52:23Tony Gomez
00:52:24n'en mène pas large.
00:52:26Il a une image
00:52:27d'horreur.
00:52:28Il en ressort
00:52:29terrorisé
00:52:30juste à l'idée
00:52:31d'évoquer ce nom-là.
00:52:32Il est décomposé,
00:52:34il n'en dort plus.
00:52:35Cette tentative
00:52:36d'assassinat
00:52:37résonne encore en lui.
00:52:39Et là,
00:52:39spontanément,
00:52:40il s'est ouvert
00:52:41et on avait l'impression
00:52:42que nous allions
00:52:44le sauver,
00:52:45lui apporter
00:52:46une aide
00:52:47considérable
00:52:50vis-à-vis
00:52:51de ce poids
00:52:53qui pesait
00:52:54sur ses épaules
00:52:55depuis tant d'années.
00:52:57Tony Gomez raconte
00:53:00son histoire.
00:53:03Il a vécu
00:53:04pendant plus de 20 ans
00:53:05avec Bertrand,
00:53:06le lumineux jumeau
00:53:08de Xavier Philippe.
00:53:09Ensemble,
00:53:10ils ont monté
00:53:11le Banana Café
00:53:12au début des années 90.
00:53:14Le club
00:53:14a rencontré
00:53:15presque aussitôt
00:53:15le succès
00:53:16et est devenu
00:53:17la boîte à la mode,
00:53:19la boîte des stars.
00:53:20Pierre Palma,
00:53:22Bigard,
00:53:24Laurent Baffi,
00:53:25c'était vraiment
00:53:25ceux qui s'étaient
00:53:27en permanence.
00:53:27C'était vraiment
00:53:28la boîte du moment.
00:53:30Il y avait
00:53:30Piano Bar en dessous
00:53:31qui chantait,
00:53:32tout le monde venait.
00:53:33C'est vraiment
00:53:34une ambiance
00:53:34d'enfer.
00:53:36Tony,
00:53:36c'est lui
00:53:36le number one,
00:53:38comme on dit.
00:53:40Alors quand
00:53:41Xavier Philippe
00:53:42désœuvrait
00:53:42à chercher du travail,
00:53:44son frère Bertrand
00:53:45lui a proposé
00:53:46un poste
00:53:46de directeur financier
00:53:48au Banana Café.
00:53:49Xavier était plutôt
00:53:50un peu en retrait.
00:53:51Il s'occupait
00:53:51des finances.
00:53:52Il n'aimait pas
00:53:52trop les photos.
00:53:53Ce n'est pas
00:53:53le personne
00:53:55qui se mettait
00:53:55toujours en avant
00:53:56les photos.
00:53:56Il ne voulait pas
00:53:57trop.
00:53:57C'était un peu
00:53:58retiré.
00:53:59Mais en 1995,
00:54:01Bertrand se suicide.
00:54:05Sans lui,
00:54:06les relations
00:54:07entre Tony Gomez
00:54:08et le jumeau
00:54:09survivant
00:54:09se dégradent.
00:54:12Il avait
00:54:12de fort soupçons
00:54:13sur Xavier Philippe.
00:54:15Il le soupçonnait
00:54:16de ponctionner
00:54:18dans la caisse
00:54:18et également
00:54:20d'être à l'origine
00:54:21des assurances-vie,
00:54:23de fausses assurances-vie
00:54:25qu'il avait contractées
00:54:26à son bénéfice.
00:54:29Tony Gomez raconte
00:54:30d'ailleurs
00:54:30qu'il voulait licencier
00:54:31Xavier Philippe
00:54:32quelques semaines
00:54:33avant la fusillade
00:54:35de la rue des Lombards.
00:54:37Xavier Philippe
00:54:37n'a pas su
00:54:38négocier le virage
00:54:40entre une association
00:54:42qui devait finir
00:54:43parce que les logiques
00:54:44n'étaient plus partagées.
00:54:45Il a préféré
00:54:45utiliser des moyens
00:54:47beaucoup plus radicaux
00:54:48pour arriver
00:54:49à se sortir
00:54:49d'une situation
00:54:50qui était bloquée.
00:54:51C'était ça
00:54:51ou partir.
00:54:53Tony Gomez
00:54:54est persuadé
00:54:54que la tentative
00:54:55d'assassinat
00:54:56de 98
00:54:57a été manigancée
00:54:58par Xavier Philippe
00:55:00et qu'elle le visait,
00:55:01lui,
00:55:02pour mettre la main
00:55:02sur le banana café.
00:55:04Dans les auditions
00:55:06de Tony Gomez,
00:55:08clairement,
00:55:09des mots
00:55:09assez tranchants
00:55:10ont été utilisés.
00:55:12Quelqu'un de jaloux,
00:55:13d'ambitieux,
00:55:14de vicieux,
00:55:16que la violence
00:55:17n'arrête pas,
00:55:19des propos
00:55:20assez durs,
00:55:21assez réalistes.
00:55:23Un ressentiment
00:55:25qui impressionne
00:55:26les policiers.
00:55:27L'affaire Belle
00:55:27et l'affaire Gomez
00:55:29ont décidément
00:55:30beaucoup de points communs.
00:55:32Des contrats d'assurance,
00:55:34une logique qui revient
00:55:35comme un leitmotiv.
00:55:37On retrouve
00:55:37ces signatures
00:55:38imitées,
00:55:40on retrouvera
00:55:41des contrats
00:55:42au bénéfice
00:55:43de Xavier Philippe
00:55:44et de sa famille,
00:55:45on retrouvera
00:55:45des logiques
00:55:46qui sont identiques
00:55:46et en copier-collé
00:55:47avec l'affaire Belle.
00:55:50Lors de la perquisition
00:55:51dans l'appartement
00:55:52de la rue des Lombards
00:55:53en avril 98,
00:55:55les policiers
00:55:55avaient retrouvé
00:55:56sur le sol
00:55:57des médicaments
00:55:57et un liquide vert.
00:56:00En fait,
00:56:01des anxiolytiques
00:56:03et de l'arsenic.
00:56:06De quoi préparer
00:56:07un puissant somnifère.
00:56:10Dans la salle de bain,
00:56:11la baignoire
00:56:12était pleine.
00:56:14Un scénario
00:56:14qui se dessine
00:56:15petit à petit
00:56:15avec,
00:56:17pourquoi pas,
00:56:18une dispute
00:56:19entre deux amis.
00:56:21Le premier
00:56:21fait feu
00:56:22sur le second
00:56:23et puis veut se suicider
00:56:24après,
00:56:24pris de remords
00:56:25d'avoir tué quelqu'un
00:56:25et puis va dans son bain
00:56:27avec le poison
00:56:28à l'intérieur.
00:56:28Les policiers
00:56:30pensent que quelqu'un
00:56:31voulait faire croire
00:56:32à un crime passionnel
00:56:33entre Tony Gomez
00:56:34et son ami.
00:56:36Tony aurait pu
00:56:37tuer Grégory
00:56:38avant de se suicider
00:56:40dans sa baignoire.
00:56:41Un peu tiré
00:56:41par les cheveux
00:56:42et c'est à l'image
00:56:42de beaucoup de choses
00:56:43qu'on a vu
00:56:44et rappelez-vous
00:56:44le début de notre enquête
00:56:46belle,
00:56:47on est dans un bois
00:56:48où clairement
00:56:48tout est un petit peu
00:56:49prévu pour qu'on ait
00:56:50un beau spectacle.
00:56:51Dominique,
00:56:57pourquoi les enquêteurs
00:56:58pensent que
00:56:59Xavier Philippe
00:57:00est le commanditaire
00:57:01dans l'affaire
00:57:01du Banana Café ?
00:57:02Sur les seules accusations
00:57:03de Tony Gomez ?
00:57:04Non Frédéric,
00:57:05parce que
00:57:06des accusations,
00:57:08une dénonciation,
00:57:09ça ne suffit pas
00:57:09à construire une enquête,
00:57:11évidemment.
00:57:12Et puis là,
00:57:12ils ont quand même
00:57:13affaire à la brigade criminelle,
00:57:14ce ne sont pas
00:57:15les policiers
00:57:15du coin de la rue.
00:57:16C'est vrai qu'au moment
00:57:17de la confrontation,
00:57:18dans le cabinet du juge,
00:57:20Xavier Philippe
00:57:21et le tireur
00:57:22de la rue des Lombards
00:57:23vont dire
00:57:24on ne s'est jamais rencontrés,
00:57:26on ne se connaît
00:57:27absolument pas.
00:57:28Mais les flics
00:57:29vont vérifier,
00:57:30évidemment.
00:57:31Ils vont d'abord découvrir
00:57:32que tous les deux
00:57:33sont originaires
00:57:34de la même ville,
00:57:35Orléans.
00:57:36Coïncidence ?
00:57:37C'est quand même étonnant,
00:57:38regardez.
00:57:39Ça,
00:57:39ce sont les écrous,
00:57:41les écrous des deux.
00:57:42Ici,
00:57:43à gauche,
00:57:43les dates d'écrous
00:57:44de Xavier Philippe
00:57:46et à droite,
00:57:47les dates d'écrous
00:57:48du fameux tireur
00:57:49de la rue des Lombards.
00:57:51En mai 1982,
00:57:52au printemps 82,
00:57:54ils ont tous les deux
00:57:55fait de la prison
00:57:55à la maison d'arrêt d'Orléans.
00:57:57Et leur période de prison
00:57:58se recoupe à un moment.
00:58:00Ils font un peu plus
00:58:01de 15 jours de prison
00:58:02au même endroit,
00:58:03dans cette maison d'arrêt d'Orléans.
00:58:04Mais 15 jours,
00:58:05c'est quand même pas énorme.
00:58:06La maison d'arrêt d'Orléans,
00:58:08c'est une petite prison.
00:58:10Et dans une petite prison,
00:58:11deux garçons de la même ville
00:58:12vont forcément se rencontrer,
00:58:13c'est ce que pensent
00:58:14les policiers.
00:58:14Forcément se parler,
00:58:15forcément se connaître,
00:58:17échanger.
00:58:17Et les policiers
00:58:19vont trouver autre chose.
00:58:21Ils vont découvrir,
00:58:22en faisant les fanettes,
00:58:23les factures détaillées
00:58:24du téléphone portable
00:58:25du tireur,
00:58:27qu'il a téléphoné
00:58:27six fois en trois jours
00:58:29à Xavier Philippe
00:58:30sur son lieu de travail,
00:58:32sur son téléphone professionnel.
00:58:34Il lui a téléphoné
00:58:35le 4,
00:58:36le 16
00:58:36et le 18 avril 1998.
00:58:39Et le 18 avril 1998,
00:58:40ça,
00:58:41c'est dix jours
00:58:42avant la tentative
00:58:43de meurtre
00:58:43sur Grégory,
00:58:44Grégory,
00:58:45l'ami de Tony Gomez.
00:58:47Donc,
00:58:48pour les policiers,
00:58:49c'est absolument clair,
00:58:50c'est de la menthe,
00:58:52ils se connaissent.
00:58:52Maître Beaulieu,
00:59:04les policiers trouvent
00:59:05une ressemblance
00:59:06entre l'affaire
00:59:07du Banana Café
00:59:08et l'affaire
00:59:09Christophe Bell.
00:59:10Un mobile financier,
00:59:12une mise en scène
00:59:13du crime,
00:59:14qu'est-ce que vous en pensez ?
00:59:15Je pense que les policiers
00:59:16sont partis de la fin
00:59:17pour arriver au début.
00:59:18C'est-à-dire,
00:59:18les policiers sont partis
00:59:19de l'affirmation
00:59:22selon laquelle
00:59:23Xavier Philippe
00:59:25était coupable
00:59:25et qu'après,
00:59:26ils ont reconstruit
00:59:27en puissant
00:59:29dans son passé
00:59:30un certain nombre
00:59:31de choses
00:59:31et d'événements
00:59:32pour les faire coller
00:59:33les uns avec les autres
00:59:34et pour faire penser
00:59:35qu'il y avait
00:59:36des similitudes.
00:59:38Et donc,
00:59:38quel aurait été
00:59:39l'intérêt
00:59:39de votre client
00:59:41de se débarrasser
00:59:42de Tony Gomez ?
00:59:43Ah, ben alors ça,
00:59:44aucun.
00:59:45C'était même catastrophique
00:59:46pour lui,
00:59:46la disparition
00:59:47de Tony Gomez.
00:59:48La disparition
00:59:49de Tony Gomez
00:59:49était catastrophique
00:59:50puisque
00:59:50Xavier Philippe
00:59:53travaillait dans
00:59:53une société
00:59:54qui était
00:59:56le Banana Café.
00:59:58Il n'avait
00:59:59aucune participation
01:00:01dans le capital
01:00:02de cette société.
01:00:03Donc,
01:00:03il n'avait rien
01:00:04à en tirer
01:00:05si elle était
01:00:06vendue,
01:00:07premièrement.
01:00:08Deuxièmement,
01:00:09la disparition
01:00:09de Tony Gomez,
01:00:10c'était la disparition
01:00:11du Banana Café
01:00:12dont il était
01:00:12l'âme
01:00:13et l'animateur.
01:00:15Troisièmement,
01:00:16c'est Tony Gomez
01:00:16sur son nom personnel
01:00:17qui avait l'autorisation
01:00:18de nuit
01:00:19qui permettait
01:00:20au Banana Café
01:00:21de fonctionner.
01:00:22Ça veut donc dire
01:00:23que la disparition
01:00:24de Tony Gomez
01:00:25entraînait
01:00:26la disparition
01:00:27du Banana Café,
01:00:29entraînait la disparition
01:00:30de toutes ses activités
01:00:31et faisait
01:00:32que Xavier Philippe
01:00:34n'avait plus de travail
01:00:35et plus de revenus.
01:00:37Et enfin,
01:00:38étant propriétaire
01:00:39des murs,
01:00:40il perdait son locataire.
01:00:41Alors pourquoi
01:00:42Xavier Philippe
01:00:43se retrouve soupçonné ?
01:00:45Il faut d'abord
01:00:45se souvenir
01:00:46que les faits
01:00:48dont vous me parlez
01:00:49se sont déroulés
01:00:50en avril 1998
01:00:51et que Xavier Philippe
01:00:53n'a été
01:00:54mis en examen,
01:00:55c'est-à-dire
01:00:56qu'on lui a reproché
01:00:57quelque chose
01:00:57dans cette affaire,
01:00:58qu'à partir du mois
01:00:59de mai 2006,
01:01:01c'est-à-dire
01:01:01huit ans après.
01:01:03Pourquoi ?
01:01:04Parce que
01:01:04les services de police
01:01:07avaient exhumé
01:01:08cette affaire,
01:01:10l'avaient interprétée
01:01:13et racontée
01:01:14à leur manière
01:01:15dans le dossier
01:01:16de Christophe Bell
01:01:17et que c'est à partir
01:01:18de ce moment-là
01:01:19qu'on s'est tournés
01:01:20vers monsieur Philippe
01:01:21alors qu'aucun juge
01:01:23d'instruction
01:01:23pendant ces huit années-là
01:01:24n'avait imaginé
01:01:26de le mettre en examen.
01:01:28L'affaire du Banana Café
01:01:30donne un coup de pouce
01:01:31décisif à l'affaire Bell.
01:01:34Les enquêteurs signent
01:01:35un procès verbal
01:01:36de rapprochement
01:01:36entre les deux dossiers,
01:01:38le 28 novembre 2005.
01:01:40C'est simple,
01:01:41c'est la veille
01:01:41de l'arrestation
01:01:42de Xavier Philippe.
01:01:44On le sait,
01:01:44ce n'est pas un secret,
01:01:45c'est ce procès verbal
01:01:47qui convainc
01:01:48le juge d'instruction
01:01:49de Créteil
01:01:49de faire arrêter
01:01:51Xavier Philippe.
01:01:55Le 29 novembre 2005
01:01:57au petit matin,
01:01:58Xavier Philippe
01:01:59est donc interpellé
01:02:00chez lui
01:02:00et placé en garde à vue
01:02:02au Quai des Orfèvres
01:02:03pour l'assassinat
01:02:04du pâtissier.
01:02:05Il ne paraît pas inquiet.
01:02:06Une assez grande sérénité
01:02:09du côté de Xavier Philippe
01:02:11qui est convaincu
01:02:11qu'il va sortir
01:02:13à la fin de la garde à vue
01:02:15et qu'il va s'expliquer
01:02:18qu'il n'a rien à se reprocher,
01:02:19que tout ira bien.
01:02:20On était moins sereins
01:02:21que nos clients
01:02:23à la vue
01:02:24de l'attitude des policiers.
01:02:26On a un peu l'habitude
01:02:27et on sait que des policiers
01:02:29de cette expérience,
01:02:30on est quand même
01:02:30à la brigade criminelle de Paris,
01:02:31qui sont comme ça
01:02:32tendus comme des arcs,
01:02:33ce n'est pas le signe
01:02:35de policiers
01:02:35qui vont lâcher l'affaire,
01:02:37comme on dit,
01:02:38ou qui vont s'arrêter
01:02:38en si bon chemin.
01:02:39Ils veulent un résultat,
01:02:40c'est clair.
01:02:43Dans le bureau de garde à vue,
01:02:45le chef d'enquête
01:02:46met la pression,
01:02:47mais Xavier Philippe
01:02:48ne se laisse pas démonter.
01:02:51Cette garde à vue
01:02:52se passe très bien.
01:02:53C'est un homme
01:02:54extrêmement courtois
01:02:54qui répond à nos questions,
01:02:59mais en restant
01:03:01constamment dans le déni.
01:03:03Il ne va jamais reconnaître
01:03:05évidemment son implication
01:03:06dans l'assassinat
01:03:08de Christophe Bell,
01:03:10mais pas davantage
01:03:11son implication
01:03:11dans les malversations.
01:03:15Xavier Philippe
01:03:16finit pourtant
01:03:16par lâcher un détail
01:03:18qui n'échappe pas
01:03:19aux policiers.
01:03:22On va utiliser
01:03:23à la fin de l'instruction
01:03:24que moi j'ai l'habitude
01:03:25d'appeler un indice
01:03:26à la Colombo.
01:03:27Vous savez,
01:03:28quand le suspect
01:03:29dit quelque chose
01:03:30à l'enquêteur
01:03:30et l'enquêteur
01:03:31lui répond
01:03:32« Mais monsieur,
01:03:33comment avez-vous su
01:03:34cet élément
01:03:35si ce n'est-vous le coupable ? »
01:03:39Il parlera de Christophe Bell
01:03:41tué par trois balles.
01:03:43Or, grosse surprise,
01:03:44au départ de l'enquête,
01:03:45tous les messages,
01:03:47la presse
01:03:47se font l'écho
01:03:48d'un homme
01:03:48tué par deux balles
01:03:50dans la tête.
01:03:51Cette troisième balle,
01:03:52il la connaît d'où ?
01:03:53Elle sort d'où ?
01:03:54En tout cas,
01:03:54pas de nous,
01:03:55pas de la famille non plus
01:03:56puisque personne
01:03:57n'est avisé de ça
01:03:58et puis surtout pas la famille
01:03:59avec des détails aussi sordides.
01:04:00Vous imaginez bien
01:04:01qu'on va les garder pour nous
01:04:02et puis c'est des petits détails
01:04:03comme ça qui sont...
01:04:04On a la chance
01:04:04d'avoir un petit offre
01:04:06si vous voulez.
01:04:07On garde un petit secret
01:04:08en main
01:04:09et puis là,
01:04:10ça ressort.
01:04:11C'est vraiment
01:04:12de la forfaiture
01:04:13parce que 15 jours
01:04:14après le meurtre,
01:04:17les proches
01:04:18de Christophe Bell
01:04:19se constituent
01:04:20partie civile,
01:04:21ont donc accès
01:04:22à la procédure
01:04:22par leurs avocats
01:04:23et on sait
01:04:25qu'il y a
01:04:26de très nombreux contacts
01:04:27entre Xavier Philippe
01:04:28et Nathalie Bell
01:04:29donc on ne peut pas dire
01:04:31qu'il n'est pas possible
01:04:34que ces parties civiles
01:04:36n'aient pas
01:04:36à un moment quelconque
01:04:38dit à Xavier Philippe
01:04:39il y a eu trois coups de feu
01:04:40et d'ailleurs
01:04:41c'est ce qu'il a toujours dit.
01:04:44La police a également appris
01:04:46que Xavier Philippe
01:04:47est collectionneur d'armes.
01:04:49Or le pâtissier
01:04:50a probablement été tué
01:04:52avec une arme de collection,
01:04:53à un revolver 635.
01:04:57Les enquêteurs
01:04:58perquisitionnent
01:04:59au domicile
01:05:00de Xavier Philippe
01:05:01et tombent
01:05:02sur un arsenal.
01:05:04Des armes
01:05:05à cette occasion
01:05:05seront découvertes
01:05:06de nombreuses armes
01:05:07des fusils de collection
01:05:08également un 635
01:05:11une arme
01:05:12une autre arme de poing
01:05:13un vélo dog
01:05:14c'est une petite arme
01:05:15que les cyclistes
01:05:17mettaient dans leurs chaussettes
01:05:18des expertises
01:05:19vont être effectuées
01:05:20alors le 635
01:05:21aurait pu correspondre
01:05:23mais ce n'est pas le cas.
01:05:25C'est une arme
01:05:26qui ne correspond rien
01:05:27à celle
01:05:27qui a pu
01:05:28tirer
01:05:29les balles
01:05:30qui ont tué
01:05:31Christophe Bell.
01:05:32Toujours pas l'arme du crime
01:05:34toujours pas
01:05:35de preuves matérielles
01:05:36mais pour les policiers
01:05:38le dossier
01:05:38est tout de même
01:05:39assez lourd.
01:05:40Le coup de téléphone
01:05:41les malversations
01:05:43à la boulangerie
01:05:44et le passé chargé
01:05:45de Xavier Philippe
01:05:46suffisent aussi
01:05:48à convaincre le juge.
01:05:50Le 1er décembre 2005
01:05:51huit mois
01:05:52après la mort
01:05:52de Christophe Bell
01:05:53Xavier Philippe
01:05:54est donc mis en examen
01:05:55pour assassinat
01:05:57et incarcéré
01:05:58à Fresne.
01:05:59Dominique
01:05:59les policiers
01:06:00veulent cerner
01:06:01un peu mieux
01:06:01le personnage
01:06:02et ils vont aller
01:06:03interroger
01:06:03son ex-femme Céline.
01:06:05En fait
01:06:05elle va se montrer
01:06:06très bavarde je crois.
01:06:07Oui Céline
01:06:08elle va beaucoup
01:06:08parler aux policiers
01:06:09ils ont vécu ensemble
01:06:10pendant huit ans
01:06:11ils ont eu
01:06:12une petite fille
01:06:12tous les deux.
01:06:13Donc elle est entendue
01:06:14le 7 décembre 2005
01:06:16ils ont vécu ensemble
01:06:17dans les années 80.
01:06:18Alors elle raconte
01:06:19quand ils ont vécu ensemble
01:06:21Xavier Philippe
01:06:22a flirté
01:06:23de façon incessante
01:06:25avec la justice
01:06:26qu'il a eu des ennuis
01:06:28qu'il n'a pas cessé
01:06:29de faire des allers-retours
01:06:30en prison
01:06:30et c'était quelqu'un
01:06:32qui l'inquiétait
01:06:33qui l'intriguait.
01:06:35Elle dit
01:06:35dans le procès verbal
01:06:36d'audition
01:06:36ici cette partie
01:06:37que j'ai surlignée
01:06:38en jaune
01:06:38elle dit aux policiers
01:06:40il commençait vraiment
01:06:42à y avoir
01:06:43beaucoup de cadavres
01:06:44ou plutôt
01:06:44beaucoup d'affaires
01:06:45d'homicide
01:06:45autour de lui
01:06:46et quand elle leur dit ça
01:06:48elle leur lâche
01:06:48quelque chose
01:06:49elle leur dit
01:06:50voilà
01:06:50moi je suis parti
01:06:51un soir
01:06:52j'ai pris ma fille
01:06:52sous le bras
01:06:53je suis parti
01:06:54avec mes affaires
01:06:54parce qu'il est rentré
01:06:56et voilà ce qu'il m'a dit.
01:06:57C'était le 17 novembre
01:06:581988
01:06:59il est arrivé
01:07:01en disant
01:07:02j'ai buté un mec
01:07:03j'ai tué
01:07:04Pascal Leroy
01:07:05ensuite il m'a menacé
01:07:06de me tuer
01:07:07si je parlais
01:07:07alors je n'ai rien dit
01:07:08qui est Pascal Leroy ?
01:07:10Pascal Leroy
01:07:11à l'époque
01:07:12Xavier Philippe
01:07:13il a une boîte de transport
01:07:14une société de transport
01:07:15et il travaille
01:07:16avec un garçon
01:07:17qui s'appelle
01:07:17Pascal Leroy
01:07:18donc il vient de dire
01:07:20à Céline
01:07:21j'ai tué Pascal Leroy
01:07:22et ce Pascal Leroy
01:07:23il a en effet disparu ?
01:07:24évidemment
01:07:24les policiers
01:07:25vont ressortir
01:07:26le dossier
01:07:26Pascal Leroy
01:07:27effectivement
01:07:27c'est quelqu'un
01:07:28qui a disparu
01:07:29dont on n'a
01:07:30plus jamais eu
01:07:31de nouvelles
01:07:32c'est pour ça
01:07:33qu'elle est partie
01:07:33Céline
01:07:34et alors
01:07:34Xavier Philippe
01:07:35il dit quoi lui ?
01:07:36évidemment
01:07:36Xavier Philippe
01:07:37il nie avoir
01:07:38un quelconque rapport
01:07:40avec la disparition
01:07:41de Pascal Leroy
01:07:42mais les policiers
01:07:43de la crime
01:07:44vont quand même
01:07:44ressortir le dossier
01:07:45de Pascal Leroy
01:07:46la brigade criminelle
01:07:49n'en revient pas
01:07:50encore une affaire
01:07:51à épingler
01:07:52au tableau
01:07:52de Xavier Philippe
01:07:53et pas des moindres
01:07:54en 88
01:07:56une information judiciaire
01:07:58pour homicide volontaire
01:07:59a bien été ouverte
01:08:01après la disparition
01:08:02de Pascal Leroy
01:08:03mais l'affaire
01:08:04a abouti
01:08:05à un non-lieu
01:08:05en 94
01:08:0617 ans après
01:08:09il est trop tard
01:08:10pour trouver
01:08:11d'autres éléments
01:08:12les policiers
01:08:12ne peuvent plus
01:08:13résoudre
01:08:14cette disparition
01:08:14fin de piste
01:08:18si vous voulez
01:08:19fin d'enquête
01:08:20on n'a pas trouvé
01:08:21le corps
01:08:21on n'a pas eu
01:08:21non plus
01:08:22les moyens
01:08:22de le chercher
01:08:23du fait
01:08:25de la prescription
01:08:26on en reste là
01:08:28mais
01:08:28on a quand même
01:08:30finalement
01:08:30ce mort de plus
01:08:31dans le sillage
01:08:32de Xavier Philippe
01:08:34comment se fait-il
01:08:34qu'il soit
01:08:34à chaque fois
01:08:35mêlé à des affaires
01:08:36qui finissent très mal
01:08:37ça commence à faire
01:08:39beaucoup de morts
01:08:39autour de lui
01:08:40l'homme qui porte
01:08:42malheur à ses associés
01:08:44le personnage
01:08:45colle désormais
01:08:46à la peau
01:08:46de Xavier Philippe
01:08:48et même prescrite
01:08:49la disparition
01:08:50de Pascal Leroy
01:08:51l'enferme
01:08:51un peu plus
01:08:52dans le rôle
01:08:53de l'assassin
01:08:53quand on va découvrir
01:08:55ces dénonciations
01:08:57dans le dossier
01:08:57on a évidemment
01:08:59conscience
01:09:00que ça va faire
01:09:00un effet
01:09:01dévastateur
01:09:02un calomnier
01:09:04calomnier
01:09:04il en reste toujours
01:09:05quelque chose
01:09:05on connaît la chanson
01:09:06donc
01:09:07il n'y a aucune preuve
01:09:09dans ce dossier
01:09:10il y a la parole
01:09:11de Céline
01:09:12qui raconte
01:09:13une scène
01:09:14mais on sent bien
01:09:16que les policiers
01:09:19les procureurs
01:09:20les juges d'instruction
01:09:21sont convaincus
01:09:23qu'il est coupable
01:09:24l'instruction
01:09:28touche à son terme
01:09:29et la brigade criminelle
01:09:30pense désormais
01:09:31avoir affaire
01:09:31à un homme
01:09:32qui prémédite
01:09:33ses mauvais coups
01:09:35pour les policiers
01:09:35Xavier Philippe
01:09:36attendu un guet-apens
01:09:38à Christophe Bell
01:09:39Christophe Bell
01:09:41il faut se souvenir
01:09:42que depuis quelques semaines
01:09:43il est un petit peu embêté
01:09:44sa moto
01:09:45elle est abîmée
01:09:46on lui crève les pneus
01:09:48il en a clairement assez
01:09:49il y avait quand même
01:09:51une montée en puissance
01:09:52concernant les dégradations
01:09:54et l'anxiété
01:09:55de Christophe Bell
01:09:56certainement
01:09:58entretenu
01:09:59par
01:09:59Xavier Philippe
01:10:01il a réussi
01:10:01je crois
01:10:02à conditionner
01:10:03Christophe Bell
01:10:04en le persuadant
01:10:06qu'il était victime
01:10:08de la concurrence
01:10:10d'un autre pâtissier
01:10:11qui pouvait lui en vouloir
01:10:12il a réussi à l'en convaincre
01:10:14écoute viens
01:10:15on va se venger
01:10:16un petit peu
01:10:17je vais t'aider
01:10:17t'inquiète pas
01:10:18on va aller
01:10:19lui crever les pneus aussi
01:10:20on va faire un truc
01:10:21on va faire un coup
01:10:22pour qu'il arrête
01:10:23de t'embêter
01:10:23la nuit du 17 mai
01:10:26les deux hommes
01:10:27se seraient donnés
01:10:27rendez-vous
01:10:28en moto
01:10:29et Xavier Philippe
01:10:30l'aurait guidé
01:10:31jusqu'à Sucy-en-Brie
01:10:32viens je t'emmène
01:10:34on va régler ça
01:10:35et puis
01:10:35c'est pas loin
01:10:37il y a un parking
01:10:37pour se garer
01:10:38on ira
01:10:39puis après
01:10:39la seule chose
01:10:40c'est que forcément
01:10:41ils prennent pas
01:10:42la bonne direction
01:10:42ils vont pas dans
01:10:43l'ascense du pavillon
01:10:44ils rentrent dans le bois
01:10:45et puis
01:10:47le bois
01:10:48c'est là où
01:10:49trouve la mort
01:10:50Christophe Bell
01:10:51pour nous
01:10:54c'était
01:10:54un projet
01:10:56qui était préparé
01:10:57élaboré
01:10:58réfléchi
01:10:58pensé
01:10:59incontestablement
01:11:01Xavier Philippe
01:11:02est un garçon
01:11:02extrêmement intelligent
01:11:03qui a
01:11:04encore une fois
01:11:04essayé de commettre
01:11:06le crime parfait
01:11:07il a presque réussi
01:11:08jusqu'au matin
01:11:10du 17 mai
01:11:11lorsque
01:11:12Xavier Philippe
01:11:13rallume
01:11:14son téléphone portable
01:11:15il va découvrir
01:11:17je pense
01:11:18avec une certaine
01:11:19stupeur
01:11:20qu'il y a un message
01:11:21de Christophe
01:11:22qui est enregistré
01:11:23sur son téléphone portable
01:11:24je suis là
01:11:25dans 5-10 minutes
01:11:26salut
01:11:26c'est clairement
01:11:27le grain de sable
01:11:28il sait
01:11:28que ce message
01:11:29sera retrouvé
01:11:31à tout le moins
01:11:31que sur des listings
01:11:32sur des fadettes
01:11:33on retrouvera trace
01:11:35d'un appel
01:11:35dans la nuit
01:11:36de Christophe Bell
01:11:38à lui
01:11:38donc il ne l'efface pas
01:11:40et il va essayer
01:11:41d'expliquer
01:11:41l'inexplicable
01:11:42à savoir que
01:11:43ce message en réalité
01:11:45est un accident
01:11:46ne correspond à aucune réalité
01:11:47ne lui était pas destiné
01:11:49on a
01:11:49une désignation
01:11:51outre-tombe
01:11:52par celui qui est mort
01:11:53de celui qui l'a tué
01:11:54maître Beaulieu
01:12:03comment abordez-vous
01:12:05le procès
01:12:06pour le meurtre
01:12:06de Christophe Bell
01:12:07est-ce que vous pensez
01:12:09que vous allez pouvoir
01:12:09convaincre
01:12:10les jurés
01:12:11que Xavier Philippe
01:12:12est victime
01:12:12d'un harcèlement policier
01:12:14la thèse
01:12:15policière
01:12:16affirmée
01:12:17de la culpabilité
01:12:19de Christophe Bell
01:12:20a été mise en place
01:12:21dès le départ
01:12:22de l'instruction
01:12:23et que toute l'enquête
01:12:25policière
01:12:26toute l'instruction
01:12:27a été faite
01:12:29sous l'aune
01:12:30de cette conviction
01:12:32policière
01:12:32et qu'à partir
01:12:33de cette conviction
01:12:34policière
01:12:35on a aligné
01:12:36tous les éléments
01:12:37dans le même sens
01:12:38on les a tous éclairés
01:12:39de la même manière
01:12:40pour qu'ils aboutissent
01:12:42à ce qui était considéré
01:12:43par les policiers
01:12:44comme une certitude
01:12:46leur certitude
01:12:48à savoir la culpabilité
01:12:49de Xavier Philippe
01:12:51et donc
01:12:51l'enjeu
01:12:53de ce procès
01:12:54c'est de
01:12:56déconstruire
01:12:57cette espèce
01:12:59de logique
01:13:00fausse
01:13:01et de démontrer
01:13:02que chacun
01:13:04des éléments
01:13:05ne pouvait pas
01:13:07être lu
01:13:07systématiquement
01:13:09dans le sens
01:13:09de la culpabilité
01:13:10et ce coup de fil
01:13:11qu'il reçoit
01:13:12en pleine nuit
01:13:12c'est quand même
01:13:13accablant
01:13:13non
01:13:14c'est pas accablant
01:13:15je voudrais quand même
01:13:16vous dire quelque chose
01:13:17de très simple
01:13:18ce coup de fil
01:13:19qu'il reçoit
01:13:20s'il est coupable
01:13:22qu'est-ce qu'il fait
01:13:23il l'efface
01:13:24il sait qu'il y en aura
01:13:25la trace
01:13:26et il dira
01:13:27aux enquêteurs
01:13:29bah oui
01:13:29il y avait un coup de fil
01:13:30c'était un coup de fil blanc
01:13:31il n'y avait pas de message
01:13:33donc j'ai effacé
01:13:34et puis voilà
01:13:35et on saura quoi
01:13:37on saura que Christophe Bell
01:13:38a essayé de le joindre
01:13:39pendant la nuit
01:13:39c'est tout
01:13:41donc on dira
01:13:42qu'effectivement
01:13:43il a essayé de le joindre
01:13:44peut-être parce que
01:13:45quelqu'un l'avait attrapé
01:13:46peut-être parce qu'il était
01:13:47en danger
01:13:48peut-être parce qu'il voulait
01:13:48lui parler
01:13:49et c'est terminé
01:13:50il n'y a plus d'affaires
01:13:51donc s'il est coupable
01:13:52il l'aurait effacé
01:13:54et que comptez-vous
01:13:56plaider alors ?
01:13:58bah évidemment
01:13:59l'acquittement
01:13:59évidemment l'acquittement
01:14:01alors
01:14:07Xavier Philippe
01:14:08un tueur en série
01:14:09ou un fantasme policier
01:14:11c'est au juré
01:14:13de trancher
01:14:14le procès de Xavier Philippe
01:14:17s'ouvre le 23 juin 2008
01:14:19devant la cour d'assises
01:14:20de Créteil
01:14:21Xavier Philippe
01:14:23jugé pour l'assassinat
01:14:24du pâtissier Christophe Bell
01:14:26mais dans la presse
01:14:28sa réputation le précède
01:14:29c'est vrai que
01:14:32lorsque le premier procès
01:14:33d'assises s'ouvre
01:14:34la France entière
01:14:36connaît Xavier Philippe
01:14:37comme un serial killer
01:14:39d'associé
01:14:39c'est quand même
01:14:42gonflé
01:14:43et le mot est faible
01:14:44parce qu'en ce qui
01:14:46concerne le roi
01:14:46il n'a pas même été
01:14:48mis en garde à vue
01:14:49dans cette affaire
01:14:49on n'a rien
01:14:50en ce qui concerne
01:14:52Gomez
01:14:52l'instruction est toujours
01:14:53en cours
01:14:53il est certes
01:14:54mis en examen
01:14:54mais présumé innocent
01:14:55en ce qui concerne
01:14:57Christophe Bell
01:14:57il n'est pas encore jugé
01:14:58les jurés et le public
01:15:01découvrent dans le box
01:15:03un petit tome
01:15:04calme et poli
01:15:04c'est l'image
01:15:07d'un petit comptable
01:15:08en gilet
01:15:08sans grande envergure
01:15:10qui vient
01:15:11très polluement
01:15:12de manière presque
01:15:13obséquieuse
01:15:14présenter des explications
01:15:16avec une vraie bienveillance
01:15:17à l'égard des gens
01:15:18il est un peu là
01:15:19par hasard
01:15:19un peu là par accident
01:15:20on a vraiment l'impression
01:15:21dans la forme
01:15:22qu'il est victime
01:15:22d'une erreur judiciaire
01:15:23il y avait un décalage
01:15:26entre ce pour quoi
01:15:28on était là
01:15:28donc au minimum
01:15:29un meurtre
01:15:30peut-être un assassinat
01:15:32et l'attitude
01:15:35de Xavier Philippe
01:15:36qui était un petit peu
01:15:38comme un gentleman
01:15:41qui converserait
01:15:42dans un salon
01:15:43la présidente
01:15:45et Xavier Philippe
01:15:46se sont mis
01:15:46à dialoguer énormément
01:15:48lui était
01:15:49dans une attitude
01:15:50extrêmement
01:15:51pleine de sollicitudes
01:15:53très très très polie
01:15:54etc
01:15:55donc quand elle lui posait
01:15:56des questions
01:15:57par exemple
01:15:57il disait
01:15:58ah je vous remercie
01:15:59d'avoir pensé
01:15:59à me poser cette question
01:16:00madame la présidente
01:16:01il lui faisait tout le temps
01:16:02des compliments
01:16:03Xavier Philippe
01:16:06nie toujours
01:16:06avec énergie
01:16:07et ses avocats
01:16:09font preuve
01:16:10de la même conviction
01:16:11pour défendre
01:16:12son innocence
01:16:13ça c'est quelque chose
01:16:15qui moi me convainc
01:16:16de manière absolument
01:16:17irréfragable
01:16:18il n'est pas sorti
01:16:20de chez lui
01:16:20cette nuit là
01:16:21on n'a pas un indice
01:16:25dans ce dossier
01:16:25que Xavier Philippe
01:16:26est sorti de chez lui
01:16:27vous n'avez pas une caméra
01:16:28qui l'a filmé
01:16:29il n'y a pas un témoin
01:16:30qui l'a vu
01:16:30et il n'y a pas une trace
01:16:32de lui sur place
01:16:32donc il n'est pas sorti
01:16:36de chez lui
01:16:36cette nuit là
01:16:37pour appuyer sa démonstration
01:16:39maître Sarda
01:16:41l'avocat de Xavier Philippe
01:16:42s'est livré
01:16:43à une expérience
01:16:44il a filmé
01:16:45l'appartement
01:16:46de Xavier Philippe
01:16:47et il projette
01:16:48le film au juré
01:16:49le couple
01:16:51dort sur une mezzanine
01:16:52en bois
01:16:52monsieur Philippe
01:16:54dort au fond
01:16:54donc il doit
01:16:56contourner
01:16:57ou passer
01:16:58au dessus de sa compagne
01:16:59s'il veut en sortir
01:17:00ensuite il descend
01:17:01un petit escalier
01:17:02en bois
01:17:02qui grince beaucoup
01:17:03il doit encore affronter
01:17:06un petit chien adorable
01:17:07qui est toujours
01:17:08ravi de le voir
01:17:09et qui aboie
01:17:10dès que quelqu'un
01:17:11apparaît sur le palier
01:17:12il doit ouvrir
01:17:13une vieille porte blindée
01:17:15qui grince
01:17:15et qui frotte
01:17:16sur le sol
01:17:16la refermer
01:17:17et on ne peut la refermer
01:17:18qu'en tirant
01:17:19assez fort dessus
01:17:20idem au retour
01:17:22je vais vous dire
01:17:22c'est impensable
01:17:24que cette femme
01:17:24ne se soit pas rendue compte
01:17:26que son compagnon
01:17:27sorte
01:17:28c'est pas possible
01:17:29mais l'alibi
01:17:31est vite écartée
01:17:32par l'accusation
01:17:33elle rappelle
01:17:35le message téléphonique
01:17:36de Christophe Bell
01:17:37les trous
01:17:38dans la comptabilité
01:17:39de la boulangerie
01:17:40et surtout
01:17:41elle revient
01:17:42sur le passé
01:17:43de Xavier Philippe
01:17:45la cour d'assises
01:17:45découvre peu à peu
01:17:47que le gentleman
01:17:48courtois
01:17:49assis dans le box
01:17:50a eu une vie
01:17:51bien agitée
01:17:52chaque heure
01:17:54se rajoutait quelque chose
01:17:55quand on avait entendu
01:17:57l'histoire
01:17:59de l'immolation
01:18:01par le feu
01:18:01dans la boîte de nuit
01:18:02quand on avait entendu
01:18:03toutes les escroqueries
01:18:05les trafics
01:18:06les prisons
01:18:07la deuxième boîte de nuit
01:18:09qui crame
01:18:09après la première
01:18:10il y a des moments
01:18:11où il parle
01:18:12et il s'étrangle un peu
01:18:14il fait
01:18:14excusez-moi
01:18:15excusez-moi madame président
01:18:16j'ai du mal
01:18:17parce que
01:18:17j'ai eu la trachée
01:18:18écrasée lors d'un accident d'avion
01:18:20mais qu'est-ce que c'est
01:18:21que cette histoire
01:18:21d'accident d'avion
01:18:22et on apprendra un peu plus tard
01:18:23qu'il a eu un accident
01:18:25avec sa femme
01:18:26alors qu'il était
01:18:27dans les Alpes
01:18:28et puis tout d'un coup
01:18:29incidemment presque
01:18:31on dit ah oui
01:18:32et puis tel jour
01:18:32en 91
01:18:33vous étiez un feu rouge
01:18:35en moto
01:18:35vous avez démarré
01:18:36et vous avez tué
01:18:37le grand-père
01:18:38qui passait devant
01:18:39cette vie
01:18:40est incroyable
01:18:43et se met
01:18:44d'événements
01:18:44extrêmement violents
01:18:45je crois que ça a fonctionné
01:18:50comme un rouleau compresseur
01:18:51sur la conviction
01:18:52des jurés
01:18:53ça a fonctionné
01:18:55comme un millefeuille
01:18:56en ajoutant
01:18:57tous les jours
01:18:58de l'audience
01:18:59des éléments nouveaux
01:19:00tiens il a fait ça
01:19:00tiens il a fait ça
01:19:01tiens il a fait ça
01:19:02et alors que c'est
01:19:04objectivement pas des charges
01:19:05ça devient inconsciemment
01:19:07une charge
01:19:07et ça finit par devenir
01:19:08terriblement accablant
01:19:09convaincant
01:19:10et nous à la défense
01:19:12qu'est-ce que vous voulez
01:19:13qu'on fasse contre ça
01:19:13le défilé des témoins
01:19:16enfonce encore
01:19:17un peu plus
01:19:18Xavier Philippe
01:19:20il y a d'abord
01:19:20Céline
01:19:20son ex-femme
01:19:22même si l'affaire
01:19:23le roi est prescrite
01:19:24la cour d'assises
01:19:25a décidé d'évoquer
01:19:26la disparition
01:19:27de cet ancien associé
01:19:29on a vu arriver
01:19:30cette jeune femme
01:19:31très jolie
01:19:32avec ses belles boucles blondes
01:19:35son visage d'ange
01:19:36elle tremblait
01:19:37des pieds à la tête
01:19:38elle tremblait
01:19:38comme une feuille
01:19:39et elle a été extrêmement
01:19:40à la fois
01:19:42elle parlait
01:19:42de manière très sobre
01:19:43c'est-à-dire qu'elle parlait
01:19:44tout doucement
01:19:45et en même temps
01:19:46les mots qu'elle disait
01:19:46étaient extrêmement durs
01:19:47elle a dit
01:19:48c'est un pervers
01:19:49c'est un criminel
01:19:51c'est un tordu
01:19:52pour elle
01:19:53il a tué
01:19:54et ça ne fait pas de doute
01:19:55on ne saura jamais
01:19:56la vérité
01:19:57dans la disparition
01:19:58de Pascal Leroy
01:19:58mais ce qui est sûr
01:19:59c'est que l'évocation
01:20:01de cette affaire
01:20:02devant la cour d'assises
01:20:03fait très mauvais effet
01:20:04pour Xavier Philippe
01:20:05Autre témoin clé
01:20:08à la barre
01:20:09Tony Gomez
01:20:10Tony Gomez arrive
01:20:14à la barre
01:20:15et je crois
01:20:16qu'une des premières choses
01:20:17qu'il dit
01:20:18c'est
01:20:18tous ceux qui ont approché
01:20:19Xavier Philippe
01:20:20ont eu leur vie anéantie
01:20:21il a l'impression
01:20:23que Xavier Philippe
01:20:24il le présente comme ça
01:20:25est une sorte
01:20:26d'ange noir
01:20:27qui a pesé
01:20:28sur toute sa vie
01:20:29et qui a fait basculer
01:20:32sa vie vers le malheur
01:20:33Tony Gomez
01:20:36son témoignage
01:20:37est assez empoisonné
01:20:38parce qu'il distille
01:20:39des informations
01:20:39qui ne sont pas judiciaires
01:20:41mais qui ont un effet
01:20:43dévastateur
01:20:43pour Xavier Philippe
01:20:44Tony Gomez raconte
01:20:45que Xavier Philippe
01:20:46a eu une enfance
01:20:47où on lui autorisait tout
01:20:48il parle de son père
01:20:50en disant
01:20:50le principe d'éducation du père
01:20:52c'est
01:20:52il est interdit
01:20:54d'interdire quoi que ce soit
01:20:55à mes enfants
01:20:55et il dit du coup
01:20:56Xavier Philippe
01:20:57n'avait aucun interdit
01:20:58aucune frontière
01:20:59aucune limite
01:21:00s'il veut quelque chose
01:21:02il le prend
01:21:02s'il veut tuer quelqu'un
01:21:04il tue
01:21:04Tony Gomez
01:21:06n'est qu'un simple témoin
01:21:07pourtant
01:21:08il est venu
01:21:09avec son avocat
01:21:10qui prend des notes
01:21:11on sent que
01:21:11la partition
01:21:12qui se joue
01:21:13à ce moment là
01:21:14dans le procès
01:21:14c'est pas
01:21:15l'affaire Christophe Bell
01:21:16c'est une autre affaire
01:21:18c'est l'affaire
01:21:18du banana café
01:21:20sur leur banc
01:21:22les avocats
01:21:23de Xavier Philippe
01:21:24sont excédés
01:21:25ils n'ont pas grand chose
01:21:28finalement
01:21:29donc il faut
01:21:30il faut non pas broder
01:21:31je serais méchant de dire ça
01:21:32mais il faut aller chercher
01:21:34de façon de plus en plus large
01:21:35les éléments
01:21:36donc on va remonter
01:21:37dans son enfance
01:21:38on va écouter
01:21:39des gens
01:21:40qui vous racontent
01:21:40qu'il a tué des gens
01:21:41il y a 25 ans
01:21:42qui n'avaient pas eu l'idée
01:21:43de le dire plus tôt
01:21:44et on va les croire
01:21:45etc
01:21:45etc
01:21:46et c'est vrai
01:21:47qu'à la cour d'assises
01:21:48l'assassinat
01:21:51stricto sensu
01:21:52de Christophe Bell
01:21:53était finalement minoritaire
01:21:54dans les débats
01:21:55Benoît Hurel
01:22:02à ce procès
01:22:02la défense
01:22:04va beaucoup
01:22:04accuser
01:22:06les policiers
01:22:07d'avoir
01:22:08de s'être servi
01:22:09du passé
01:22:09de Xavier Philippe
01:22:10pour gonfler l'affaire
01:22:12qu'est-ce que vous en dites ?
01:22:13La brigade criminelle
01:22:14qui a travaillé
01:22:15sur ce dossier
01:22:15avec beaucoup de sérieux
01:22:17et de méticulosité
01:22:18a examiné
01:22:20chronologiquement
01:22:21plusieurs pistes
01:22:22avant de tomber
01:22:23sur Xavier Philippe
01:22:25et ces pistes
01:22:26ont une à une
01:22:27été écartées
01:22:28et aussi d'ailleurs
01:22:29par la cour d'assises
01:22:30parce que ces pistes
01:22:31ont été rediscutées
01:22:31devant la cour d'assises
01:22:32A votre avis
01:22:33quels sont les moments clés
01:22:35qui ont emporté
01:22:35en fait la conviction du jury ?
01:22:37Le premier point
01:22:38qui apparaît clairement
01:22:40dans le procès
01:22:41de Créteil
01:22:42c'est que
01:22:43la boulangerie
01:22:44de Xavier Philippe
01:22:45et de Christophe Bell
01:22:46qui a subi des dégradations
01:22:47un mois et demi
01:22:48avant les faits
01:22:49a très vraisemblablement
01:22:51été dégradée
01:22:52par Xavier Philippe
01:22:53lui-même
01:22:53ces dégradations
01:22:54ont lieu
01:22:55pendant des vacances
01:22:57où Xavier Philippe
01:22:58n'avait cessé de dire
01:22:58qu'il était parti
01:22:59en province
01:23:00et l'examen attentif
01:23:02des relevés téléphoniques
01:23:03a démontré
01:23:04qu'entre cette période
01:23:06de 15 jours de vacances
01:23:07il était revenu à Paris
01:23:08et avait passé
01:23:09un coup de téléphone
01:23:09le dimanche matin
01:23:10de la boulangerie
01:23:12l'avion d'Elysse
01:23:14Mais dans quel but
01:23:14il aurait dégradé
01:23:15son propre bien ?
01:23:16L'intérêt
01:23:17c'est d'exciter
01:23:19la colère
01:23:19de Christophe Bell
01:23:20pour l'inciter
01:23:22à aller se venger
01:23:23de cet autre boulanger
01:23:25avec lequel il est en conflit
01:23:27et le faire venir
01:23:29sur les lieux du crime
01:23:30à savoir
01:23:31Sucy-Rombré
01:23:32puisque c'est
01:23:33à proximité immédiate
01:23:35des lieux du crime
01:23:35qu'habitait cet autre boulanger
01:23:37Et vous vous souvenez
01:23:38d'autres moments clés ?
01:23:39Je me souviens
01:23:40d'un moment
01:23:41où Xavier Philippe
01:23:44ne cessait de dire
01:23:45depuis trois jours
01:23:46que l'appel téléphonique
01:23:49de la nuit des fées
01:23:50ne pouvait pas
01:23:51lui être destiné
01:23:51parce que
01:23:52quand Christophe Bell
01:23:53lui téléphonait
01:23:54et quand il téléphonait
01:23:55à Christophe Bell
01:23:56il ne se disait jamais
01:23:57salut
01:23:58comme dans le message téléphonique
01:23:59mais toujours
01:24:00je te fais un bisou
01:24:01je t'embrasse
01:24:02bisou
01:24:03et la présidente
01:24:05a fait écouter
01:24:06les messages téléphoniques
01:24:07envoyés le jour des fées
01:24:08par Xavier Philippe
01:24:10à Christophe Bell
01:24:11pour s'inquiéter
01:24:11du fait qu'il n'était pas
01:24:12à la boulangerie
01:24:13et les messages
01:24:15se terminaient invariablement
01:24:17par salut
01:24:17alors j'ai interrogé
01:24:18Xavier Philippe
01:24:19pour savoir
01:24:20pourquoi
01:24:20il nous avait dit
01:24:21exactement le contraire
01:24:22depuis plusieurs jours
01:24:23et il a été absolument
01:24:25incapable de me répondre
01:24:25quelle peine demandez-vous
01:24:27lors de votre réquisitoire
01:24:28nous demandons une peine
01:24:30de 30 années
01:24:31de réclusion criminelle
01:24:32parce que nous considérons
01:24:33que le caractère
01:24:34extrêmement froid
01:24:35extrêmement rationnel
01:24:36des faits
01:24:38ainsi que l'abus
01:24:39de confiance radicale
01:24:40dont a été victime
01:24:41Christophe Bell
01:24:42pendant les derniers mois
01:24:43de son existence
01:24:43justifiait le prononcé
01:24:45d'une des peines
01:24:46les plus importantes
01:24:46prévues par le code pénal
01:24:47pour vous
01:24:48cet assassinat a été
01:24:49prémédité
01:24:50préparé de longue date
01:24:51je vous rappelle
01:24:52que l'assurance vie
01:24:54de Christophe Bell
01:24:55qui aurait dû
01:24:56être souscrite
01:24:57au bénéfice de sa femme
01:24:58et qui en réalité
01:24:59l'a été au bénéfice
01:25:01de Xavier Philippe
01:25:01contre la volonté
01:25:02exprimée par Christophe Bell
01:25:04l'a été
01:25:05près de 18 mois
01:25:06avant l'assassinat
01:25:07ce 5 juillet 2008
01:25:11après 15 jours de procès
01:25:13les enquêteurs
01:25:14les avocats
01:25:15les familles
01:25:16attendent avec appréhension
01:25:18la décision du jury
01:25:19devant le palais de justice
01:25:21de Créteil
01:25:22Nathalie
01:25:22la soeur de Christophe Bell
01:25:24passe un dernier coup de fil
01:25:25il y a eu les réquisitoires
01:25:27le procureur
01:25:28ex-enviens
01:25:29je t'expliquerai
01:25:29il a requis 30 ans
01:25:31avec une peine de sûreté
01:25:32de 20 ans
01:25:33et puis on va attendre
01:25:35on va attendre le verdict
01:25:36mais ça peut être dans 2-3 heures
01:25:38c'est pas
01:25:38j'en peux plus d'attendre
01:25:41il est 1h du matin
01:25:44et le verdict
01:25:45vient de tomber
01:25:46dans le box
01:25:48Xavier Philippe s'est évanouie
01:25:49les familles
01:25:51elles
01:25:51sortent bouleversées
01:25:53qu'est-ce que c'est passé ?
01:26:0230 ans
01:26:03il m'a pris 30 ans
01:26:07c'est incroyable
01:26:07vraiment
01:26:09je suis vraiment contente
01:26:12je suis soulagée
01:26:14avec ce mec là
01:26:15il reste enfermé
01:26:16vraiment
01:26:17je suis
01:26:1730 ans pour un assassinat
01:26:22et pour une vie
01:26:23décidément très mouvementée
01:26:25qu'attendiez-vous
01:26:33de Xavier Philippe
01:26:34pendant ce procès ?
01:26:35qu'il dise la vérité ?
01:26:36non
01:26:36ah non
01:26:38j'étais persuadée
01:26:39il était
01:26:39c'est un homme
01:26:40qui a un passé
01:26:41quand même
01:26:42sulfureux
01:26:43il a été
01:26:43plusieurs fois incarcéré
01:26:45enfin
01:26:45non non
01:26:46je savais
01:26:47qu'il
01:26:48qu'il
01:26:49qu'il lâcherait pas
01:26:51j'ai prié
01:26:52j'ai prié
01:26:53pour être entendue
01:26:55j'ai prié
01:26:55pour que
01:26:56voilà
01:26:57que le verdict soit
01:26:57à la hauteur
01:26:58de toute cette procédure
01:27:01de tout ce combat
01:27:02qu'on avait mené
01:27:02mais j'attendais rien de lui
01:27:06aucune vérité
01:27:08je veux dire
01:27:08qu'un verdict
01:27:09ça
01:27:09ça change rien
01:27:13dans la douleur
01:27:14c'est-à-dire que
01:27:14je pensais pas
01:27:16que ça puisse
01:27:17atténuer ma douleur
01:27:18mais je savais que
01:27:20pendant la période
01:27:22où il serait incarcéré
01:27:23il renouvellerait pas
01:27:25ses faits
01:27:26et je serais
01:27:27un peu tranquille
01:27:28Xavier Philippe
01:27:33a fait appel
01:27:33mais en 2010
01:27:35la justice
01:27:36a confirmé
01:27:36sa condamnation
01:27:37sans se décourager
01:27:39il s'est pourvu
01:27:40en cassation
01:27:41demande
01:27:42rejetée
01:27:42là encore
01:27:43le tueur d'associés
01:27:45ne peut plus échapper
01:27:46désormais
01:27:47à ses 30 ans
01:27:48de réclusion criminelle
01:27:50de réclusion criminelle
01:27:51de réclusion criminelle
01:27:52de réclusion criminelle
01:27:53de réclusion criminelle
01:27:54de réclusion criminelle
01:27:55de réclusion criminelle
01:27:56de réclusion criminelle
01:27:57de réclusion criminelle
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