Elisabeth Lévy : "On a le droit de détester l’islam ou le judaïsme"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Elisabeth Lévy, bonjour.

00:05Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:07Si nous revenions sur l'assassinat d'Abou Bakar, 6C, 20 ans,

00:11ça s'est passé à la Grande Combe, c'est à une quinzaine de kilomètres au nord-est d'Alès,

00:15c'est une cité minière, anciennement minière, parce qu'il y a des mines qui ont été fermées.

00:19Une des plus pauvres de France, ai-je lu.

00:21Je la connais très très bien, c'est l'une des plus pauvres de France,

00:24alors que ça a été une commune extrêmement riche à une époque,

00:27puisqu'il y avait les mines de charbon,

00:28mais les mines de charbon ont fermé,

00:31et c'est une commune où il y a beaucoup de communautés différentes,

00:34évidemment des Italiens, des Espagnols, des Polonais,

00:39beaucoup, beaucoup de Polonais,

00:40beaucoup de grands joueurs de football sont sortis de la Grande Combe d'ailleurs,

00:43des Polonais, Robert Siadka, je ne sais pas si vous vous souvenez,

00:47mais non, vous ne pouvez pas connaître,

00:49il y a plein de Polonais,

00:52et puis après des Algériens qui sont venus pour travailler dans les mines.

00:55Différentes générations de l'immigration en France.

00:58C'était une commune riche,

01:00et puis c'est une commune qui est devenue l'une des plus pauvres de France.

01:02Comme beaucoup de communes, si vous voulez,

01:05qui avaient des mines de la sidérurgie et d'autres choses.

01:07Alors, c'est quand même une première absolument dramatique en France,

01:13c'est un musulman qui est tué dans une mosquée pendant qu'il priait,

01:17évidemment, ça suscite pour tout le monde une immense tristesse,

01:21un effroi quand même devant la sauvagerie du crime,

01:2450 coups de couteau, évidemment, on pense à ses proches,

01:27on pense au grand combien qui semblait avoir adopté ce jeune Malien,

01:31à nos compatriotes musulmans et à tous les croyants

01:34qui ont peur maintenant quand ils vont prier.

01:37Ça, c'est quand même vraiment grave.

01:40Et parce que malgré la prudence du procureur, qui est légitime,

01:43c'est difficile de penser qu'il n'y a pas là-dedans,

01:45dans un crime qui se passe dans une mosquée,

01:48une dimension raciste ou anti-musulmane.

01:51Évidemment, il faut être prudent, mais enfin, c'est quand même la piste principale d'après le procureur.

01:56Alors, évidemment, il y a eu une condamnation unanime du président, du premier ministre,

02:00de la classe politique, mais ça n'a pas empêché Dominique Sopo de SOS Racine

02:05de dénoncer un silence assourdisant, très bizarrement.

02:09Et évidemment, à gauche, on en a profité pour dérouler le narratif.

02:13Tous ceux qu'on entend hurler à l'instrumentalisation, à la récupération,

02:17quand on s'interroge sur le terreau d'une agression islamiste, antisémite ou anti-blanche,

02:22eh bien, ils se sont jetés sur l'événement,

02:25franchement, avec ce que les Allemands appellent la Schadenfreunde,

02:28vous savez, la joie mauvaise.

02:30On vous l'avait dit, vous savez, l'islamophobie tuée.

02:33Et puis, alors, on a eu, je ne sais pas si vous avez vu,

02:34un déferlement, une déferlante de communiqués des élus insoumis.

02:38Et Mélenchon, voilà ce qu'il a tweeté,

02:41le meurtre d'un musulman en prière,

02:43et le résultat, dans ses sondes incitations à l'islamophobie,

02:49c'est la faute à Retailleau, à CNews, à Le Pen,

02:51surtout à Retailleau, d'ailleurs.

02:54Bruno Retailleau avait piscine, persiflait Sopo,

02:56ben non, il n'avait pas de piscine samedi,

02:58il avait enterrement du pape, il est ministre des cultes, je vous le rappelle.

03:02Oui, il était, d'ailleurs, à Rome avec le président de la République.

03:05Sopo dit n'importe quoi, le silence, bon, bref.

03:08Il est vrai que l'islamophobie ne serait pas en France.

03:12Attention, il faut faire la différence entre la haine,

03:16le crime raciste et l'islamophobie.

03:18Vous êtes en train de faire ma chronique, là, mon gère, pardon.

03:21Je n'ai pas lu la suite, je n'ai pas lu la suite.

03:23Mais vous savez, mais je sais que nous sommes d'accord.

03:25Alors, je vous ai mis dans la bouche le terme islamophobie,

03:28et comme moi, vous le récusez dans ce cadre,

03:31et comme Manuel Valls, parce qu'il a été inventé par les mots-là

03:34pour discréditer et criminaliser toute critique de l'islam.

03:37Alors, pour le recteur, par exemple, de la mosquée de Bordeaux,

03:40ce sont les discours politiques sur l'islam et l'immigration

03:43qui nourrissent la haine et qui nourrissent, in fine, ce crime.

03:48Eh bien, non, je crois que moi, ce qui nourrit la haine, c'est le déni.

03:51C'est-à-dire qu'on a le droit, on a parfaitement le droit,

03:54de détester l'islam, le judaïsme, le marxisme, voire la théorie de la relativité.

03:59Ce qui est criminel, c'est ce que vous disiez, Jean-Jacques,

04:02c'est la différence, on a le droit de détester les croyances,

04:05pas de s'en prendre aux croyants.

04:08Et, évidemment, ce qui est criminel, attentatoire à la République,

04:11c'est d'agresser des musulmans, des juifs ou des disciples d'Einstein.

04:14Et, de plus, en matière de critique, convenons quand même

04:17que l'islam ne montre pas toujours son meilleur visage.

04:22Ce n'est pas l'islamophobie qui tue en France,

04:26c'est souvent l'islamisme, des professeurs, des juifs, des chrétiens,

04:29des journalistes, il y en a quand même eu beaucoup.

04:32Et puis, il y a l'emprise croissante des frères musulmans,

04:34selon un sondage paru hier, 88% des Français veulent les interdire,

04:40ce qui a peu de chance, mais c'est une autre affaire.

04:42Et 75%, par exemple, des sympathisants à l'FI, quand même.

04:46Ce n'est quand même pas inintéressant.

04:48Et je suis sûr, d'ailleurs, beaucoup de musulmans aussi.

04:51Ce ne sont pas tous des fachos, je pense.

04:53Alors, pour Mélenchon, islamophobie, c'est un terme étendard.

04:57Alors, c'est plus facheux, c'est chez François Bayrou,

04:59qui a parlé d'ignominie.

05:01Ignominie, la raison islamophobe, encore une fois, il a tort.

05:05C'est surprenant chez Laurent Bocquier,

05:06parce que derrière ce terme de faussaire,

05:09il y a le récit, qui à mon avis est aussi faux, fallacieux,

05:13d'une France qui serait gangrenée par le racisme anti-musulman.

05:16En réalité, vous savez très bien, il y a beaucoup de Français musulmans

05:19qui sont extrêmement populaires.

05:21Les Français sont très accueillants, très tolérants.

05:23Simplement, ils ne veulent pas changer leur façon de vivre.

05:27Et si on considère, et on considère nos compatriotes musulmans

05:30comme des citoyens à part entière,

05:32eh bien, comme les autres, ils doivent accepter la critique.

05:35A grand comble, oui, quand même,

05:36le racisme musulman a fait son premier mort.

05:38C'est évidemment un de trop.

05:40Et évidemment, nous espérons tous que ce sera le dernier,

05:43sauf peut-être ceux qui pensent que quelques martyrs

05:46serviraient leur cause et leur pouvoir.

05:48Suivez mon regard.

05:48Bon, très bien, Elisabeth.

05:51Alors, nous allons voir ce que vous en pensez.

05:53C'est la grand comble.

05:54C'est la grand comble.

05:56Oh, je suis désolé pour les grands combiants.

05:58J'ai cherché comment on appelait les habitants,

06:00je n'ai pas dit grand combois.

06:02Ils avaient bien fait.

06:03Voilà.

06:04Et ce qui m'a surpris hier, à la marche blanche de la grand comble,

06:09c'est que la mer communiste n'était pas à la marche blanche.

06:12Bon, oui, dites-moi.

06:15Écoutez, mon cher Jean-François Aguilip.

06:17Je partage pour le regard d'Elisabeth Lévy sur ces faits tragiques.

06:22D'abord, il faut regarder les faits en question.

06:24C'est ce qui a été commis, cet assassinat qui est monstrueux.

06:27C'est un assassinat puisque c'est prémédité.

06:28C'est prémédité.

06:29Est-ce que cela relève d'un engagement de l'individu,

06:33une sorte de politisation ou de haine de l'islam,

06:36ou de la psychiatrie ?

06:38Encore une fois.

06:39Encore une fois, mais ça concerne tous les...

06:41Il peut toujours y avoir un mélange des deux.

06:43Vous savez, l'un explique, pas l'autre.

06:44Et le problème immédiat, c'est l'instrumentalisation politique

06:48de tous ces faits, tous azimuts,

06:50qui ne fait que, l'instrumentalisation en question,

06:53faire monter la pression dans le pays.

06:55Il a quand même filmé son acte.

06:57Il a quand même dit derrière,

06:59l'islam, c'est une religion de merde,

07:01ou un truc comme ça.

07:02Pardon, j'emploie les mots.

07:04Non, mais la question que pose Jean-François,

07:07c'est est-ce que c'est un fait, disons,

07:11qui reste pour l'instant isolé,

07:12ou est-ce que c'est comme le prétend Jean-Luc Mélenchon,

07:15l'expression d'une islamophobie générale ?

07:17C'est ce que je suis en train de dire.

07:17C'est ça, non ?

07:18Oui, absolument.

07:19Moi, je vais vous dire ce qui me sort par les trous de nez,

07:22vraiment, et j'étais en colère hier,

07:24quand j'ai vu cette récupération politique

07:28à la face de la République.

07:30Je vais vous dire pourquoi j'étais en colère,

07:31parce que que Mélenchon, face de la politique,

07:34il a choisi son camp, bon, c'est son problème.

07:37Mais ça rajoute de la fracture et de la pression au pays.

07:41Parce que, moi, j'ai en mémoire l'assassinat du prêtre Hamel

07:45à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen,

07:48par deux islamistes en plein office.

07:50J'aurais aimé que des responsables politiques

07:52dignes de ce nom, à gauche,

07:55je mets Jérôme Guelch de côté,

07:56parce que lui, on lui a dit,

07:58circulez, vous n'avez pas le droit d'être dans cette manif.

08:01J'aurais aimé qu'on dénonce la christianophobie,

08:03vous voyez ?

08:04Vous avez raison.

08:05Mais ça n'a pas eu lieu.

08:07Donc, si vous voulez, cette récupération politique

08:08qu'on dénie à la droite lorsqu'il y a des crimes aux dieux.

08:11Attention, attention, oui.

08:12Mais si, mais si.

08:14Nous, nous ne voulons pas qu'on nous la dénie.

08:16Donc, moi...

08:18Mais très bien, très bien, très bien.

08:19Je vois ce que vous voulez dire.

08:20Mais pardonnez-moi, pardonnez-moi,

08:22pardonnez-moi, dans ces cas-là,

08:24un leader qui est candidat à la présidence de la République,

08:26ce qui sera peut-être le cas de Jean-Luc Mélenchon,

08:27s'il ne visait pas une communauté précise,

08:31devrait s'associer à tous les crimes religieux.

08:34Oui, mais Éric, quand il y a un crime à Nantes,

08:37quand il y a un crime à Nantes,

08:39vous avez Ciotti qui, tout à coup,

08:40Éric Ciotti récupère aussi dans la seconde qui suit.

08:43Alors, je voudrais...

08:44La récupération politique,

08:46c'est une pratique franco-française qui est insupportable.

08:50Je voudrais vous répondre à ça.

08:51En fait, on a parfaitement le droit d'essayer

08:54de chercher, à partir d'un événement,

08:56s'il a une signification politique.

08:58Le seul problème,

08:59et donc on le fait régulièrement,

09:01parfois à temps, parfois à raison,

09:02le seul problème, c'est que

09:03celle que Mélenchon en tire est totalement fausse.

09:06On a le droit de réfléchir politiquement à tout événement.

09:09Il n'y a pas des événements de droite

09:11et des événements de gauche.

09:13Mais la faute, c'est la surréaction trop rapide.

09:16Bon, oui.

09:188h25.

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