Elisabeth Lévy : "Une femme trans n’est pas une femme comme les autres"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:03Elisabeth Lévy, bonjour.

00:05Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:07Alors, une décision de la Cour suprême britannique fait du bruit.

00:12Oui.

00:12On a beaucoup accusé la Grande-Bretagne d'être minée par le wokisme.

00:17Or, là, la Cour suprême, en tous les cas,

00:20semble mettre un petit point d'arrêt,

00:23parce que voilà ce qu'elle a dit, elle a dit une chose à faux.

00:25Non mais pas un petit point.

00:26Oui, oui.

00:27Elle a tranché.

00:28Elle a tranché, enfin, sur ce point-là.

00:31Le wokisme n'est pas que là, c'est ça que je voulais dire.

00:34Bref.

00:35Elle a tranché et dit, c'est une chose vraiment incroyable,

00:38une femme est une femme.

00:40Eh oui.

00:41Et la qualité de femme et donc les droits afférents sont liés,

00:44selon la Cour, au sexe biologique,

00:47c'est-à-dire, pour être clair, au sexe de naissance et non pas au genre.

00:50Donc, une femme trans,

00:52c'est-à-dire un homme qui a obtenu sa transition,

00:54enfin, qui a opéré sa transition et qui a obtenu en Angleterre,

00:58il y a un certificat qui s'appelle le GRC,

01:00de reconnaissance de genre.

01:01Eh bien, cette femme trans, donc,

01:04ne peut pas bénéficier des droits des femmes.

01:08Alors, entre les trans et les féministes,

01:09on le sait, ça fait longtemps que ce n'est pas le grand amour

01:13et c'est un euphémisme.

01:15Et là, le litige, donc, est parti entre le gouvernement écossais.

01:18Alors, le gouvernement écossais, lui, il est très, très, très transphénélie.

01:21Il avait même l'envie d'autoriser la transition sans avis médical

01:26à partir de 16 ans.

01:28Donc, ils sont vraiment très en pointe.

01:31Eh bien, contre lui, il y avait cette association

01:32qui s'appelle 4 Women Scotland,

01:34qui est notamment aidée par J.K. Rowling.

01:37Vous savez qu'elle est accusée de transphobie

01:40parce qu'elle dit qu'il y a deux sexes.

01:42Donc, le litige porte sur la loi sur la parité britannique,

01:45Écolity Act, de 2010.

01:47Et la conséquence concrète de cette décision

01:51qui dit qu'il faut être une femme, née femme,

01:55pour bénéficier, pour pouvoir l'invoquer, cette loi,

01:58eh bien, la conséquence concrète,

01:59c'est qu'on pourrait refuser les transsexuels

02:01dans une prison pour femmes,

02:03dans un centre d'hébergement

02:04ou dans les épreuves sportives féminines.

02:08Féminines, pardon, ce qui semble relever du bon sens.

02:11Mais bon, la Cour précise qu'elles seront néanmoins

02:14protégées par d'autres lois

02:16sur les discriminations.

02:18Alors, les féministes crient victoire

02:20et les assauts trans et les autres,

02:22d'ailleurs, tout le lobby LGBT

02:24crie au scandale et ne dit pas

02:25là, c'est l'État de droit.

02:26D'habitude, c'est sacré,

02:27mais là, visiblement, l'État de droit n'est pas sacré.

02:31Les femmes, mais les filles,

02:32sont enfin protégées au Royaume-Uni,

02:35clament J.K. Rowling, par exemple.

02:36Que vous inspire cette décision ?

02:38Je trouve qu'on vit quand même dans un drôle de monde

02:40où il faut qu'un tribunal

02:41ou des pouvoirs politiques se mêle

02:45de dénoncer ce qui est une évidence anthropologique.

02:50La division de l'humanité entre deux sexes,

02:53les hommes et les femmes,

02:55c'est probablement le seul universel,

02:56le seul invariant dans le temps

02:58et dans la géographie de l'humanité.

03:01C'est vrai partout.

03:02Et c'est la première chose qui s'impose

03:04quand on voit quelqu'un.

03:05Vous voyez tout de suite un homme ou une femme.

03:07Alors, accessoirement, pour moi,

03:09c'est ce qui rend le monde habitable et agréable,

03:12quelle que soit sa sexualité, d'ailleurs.

03:15Alors, bien sûr, vous allez me dire,

03:18là, il y a la transsexualité.

03:20Ça existe ?

03:21Oui, oui, et c'est assez mystérieux,

03:23parce que c'est quelque chose

03:24comme des erreurs d'aiguillage.

03:26Un psyché, c'est généralement dans ce sens,

03:29une psyché de femme dans un corps d'homme.

03:31Et moi, je le constate,

03:34et je ne dis pas du tout que ça n'existe pas,

03:36mais c'est difficile à comprendre,

03:38et c'est difficile, oui,

03:39de savoir pourquoi ça existe.

03:42Et en tous les cas,

03:43que l'on accepte socialement cette différence,

03:45qui est quand même une différence radicale,

03:47c'est très bien pour les individus.

03:49Et de ce point de vue-là,

03:51les mesures de Trump contre les trans dans l'armée,

03:53je trouve ça absolument déplorable.

03:57Mais on ne va pas abolir la réalité et la biologie.

04:00J'en ai assez de vivre dans un monde

04:02où j'ai l'impression d'être folle.

04:03Alors que franchement, des fois, c'est l'autre qui est fou.

04:07Alors, une femme trans, non,

04:09ça n'est pas tout à fait une femme comme les autres.

04:11Elles le disent d'ailleurs,

04:12c'est l'avec qui j'ai parlé.

04:14Elles conservent la force,

04:15parfois l'épulsion d'un homme.

04:16Il y a eu des cas de viol et d'agression

04:18dans les prisons pour femmes.

04:21Dans le sport, bon, je vous la fais compte,

04:23c'est une injustice évidemment flagrante.

04:25Deuxièmement, il y a cette mode adolescente,

04:28ce qui était une exception,

04:29une toute petite minorité.

04:31Et maintenant, c'est l'un des vecteurs de la rébellion

04:34qui est encouragé par les lobbies militants

04:36et par les cliniques,

04:37parce qu'il y a un business.

04:38Et par les commerçants.

04:39Par les commerçants, oui.

04:40Oui, c'est ce que je disais, les cliniques.

04:43Les gens qui en tirent profit.

04:45Et de ce point de vue-là,

04:46ça a suscité un peu partout

04:47une révolte des parents

04:49qui, évidemment,

04:50qui voient leur enfant en train de dire

04:51« Ouais, je veux changer de sexe ».

04:52Oui, bon, d'accord.

04:53Et ça a beaucoup pesé dans le vote Trump.

04:58Alors, la tolérance, donc, pour les individus,

05:00c'est très bien,

05:00mais les lobbies, qu'est-ce qu'ils veulent ?

05:01Ils veulent que ce soit une norme,

05:03un troisième ou un quatrième sexe,

05:05puisqu'il y a deux sens,

05:08au nom d'un principe simple,

05:09je suis ce que je veux.

05:11Rien n'est déterminé.

05:12On se rappelle l'ère éberluée

05:14de Daniel Schneiderman,

05:15pourtant bien de gauche,

05:17quand un de ses habités lui a dit

05:18« Mais qu'est-ce qui vous dit que je suis un homme ? »

05:20Et vous vous rappelez tous notre tête, d'ailleurs.

05:24Oui, ils exigent...

05:25Et le problème,

05:26c'est pas cette exception,

05:29c'est le fait qu'ils exigent des droits,

05:30des reconnaissances,

05:31des statuts, de l'officiel.

05:32Eh bien, non.

05:33Il faut accepter, parfois,

05:35d'être minoritaire,

05:36même ultra-minoritaire,

05:38et de ne pas être dans la norme générale.

05:40Égaux, d'accord, très bien.

05:42Mais, tout de même, un peu différents.

05:44Et on ne peut pas, en permanence,

05:46réclamer le beurre de la rébellion

05:48et l'argent de l'institution.

05:50Françoise.

05:51Je ne pense pas que c'est une rébellion,

05:52d'ailleurs, d'être trans.

05:53Et moi, je salue la finesse d'Elisabeth

05:55sur la deuxième partie de son édito,

05:57parce que c'est là qu'on voit toute votre analyse,

06:00parce que vous n'êtes pas dans une condamnation

06:01absurde et stupide,

06:03comme les caricatures que j'ai entendues hier,

06:05depuis la décision de la Cour suprême.

06:08Moi, déjà, je ne comprends pas

06:10qu'on puisse se révolter

06:11parce qu'on accorde des droits à des gens

06:13qui ne vous enlèvent rien.

06:15Je pense que cette cour,

06:16la décision de cette cour,

06:17elle est très dure.

06:18Le certificat dont vous parlez,

06:19ça concerne à peu près 10 000 personnes

06:21au Royaume-Uni.

06:22Je suis absolument d'accord pour vous dire

06:24qu'il y a deux sexes,

06:26hommes et femmes.

06:27Mais je tiens quand même à dire

06:28qu'il y a tout un chemin,

06:30on ne fait pas une transition par plaisir.

06:33Tous les trans avec lesquels vous parlez,

06:35on ne se fait pas couper les appareils génitaux

06:37ou se faire greffer des appareils génitaux

06:39par plaisir.

06:39Donc, je pense que ça pose une question

06:42sur quel est leur statut

06:43et leur identité juridique.

06:45Désormais,

06:46ils seront...

06:48Un homme qui est devenu femme

06:50au Royaume-Uni,

06:51avec cette décision,

06:52sera homme jusqu'à la fin de ses jours.

06:53Je termine en disant que...

06:56Donc, moi, vraiment,

06:58je ne vais pas partir en guerre

07:00parce que je ne veux pas rentrer

07:00dans les walk contre les virilistes.

07:03Ça ne m'intéresse pas.

07:04Je pense quand même

07:05qu'il fallait modérer cette décision.

07:09J'entends ce qu'a dit la Cour suprême

07:10en disant qu'il y aura des applications.

07:12Mais est-ce qu'objectivement,

07:14un homme qui est devenu une femme

07:16doit toute sa vie être considéré

07:17comme un homme dans l'identité ?

07:18Très vite, Elisabeth.

07:20Vite, très vite.

07:21D'abord, la plupart gardent leur sexe.

07:23Donc, excusez-moi,

07:24ils gardent la testostérone,

07:25ils gardent la force.

07:26Et quand je vous dis

07:27qu'il y a eu des viols,

07:28c'est des femmes.

07:29Non, mais c'est peut-être très rare.

07:31Mais non, vous...

07:32Moi, j'en ai pas...

07:33J'ai parlé avec Stella,

07:34avec Bambi.

07:35Elles te disent

07:35qu'on n'est jamais complètement une femme.

07:38Et la deuxième chose,

07:38cette histoire de droit,

07:39c'est très important.

07:41On ne peut pas décider

07:42que dans une société, d'accord ?

07:44Pourquoi ?

07:44Les impôts des autres me regardent

07:46et pas ces questions

07:48anthropologiques fondamentales.

07:50C'est pas chacun pour soi.

07:52La filiation,

07:52il doit y avoir une règle

07:53valable pour toute la société.

07:56On ne peut pas choisir

07:57chacun pour soi

07:58s'il y a un sexe ou deux.

07:59Personne dit ça ?

08:00Il doit y avoir

08:01une vérité anthropologique.

08:02Je vous dis, vous savez,

08:03c'est comme tout le débat.

08:04Il y a deux débats

08:05qui se sont percutés.

08:07Deux débats hier

08:07sur le droit, par exemple,

08:09des personnes sans papier

08:09à être euthanasiées.

08:11Et cette décision...

08:12Je le redis,

08:13inlassablement,

08:14il est 8h22.

08:15Je ne comprends pas

08:16dans quel état

08:17ça peut mettre

08:18une partie de l'opinion

08:19qu'on accorde des droits

08:20à des gens

08:20qui ne vous enlèvent rien.

08:22Ce n'est absolument pas...

08:23Ce n'est absolument pas

08:25de l'égoïsme

08:26ou de l'individualisme.

08:27Je parle de l'anthropologie.

08:28Ça s'appelle de l'universalisme.

08:30À un moment donné,

08:30on peut décider

08:31que tout le monde

08:31se sent bien

08:32dans la société.

08:33Non, il est 8h22.

08:358h22.

08:358h22 ?

08:36Oui.

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