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Peter Cincotti : "J'écrivais des chansons à sept ou huit ans"
franceinfo
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15/10/2024
Catégorie
🎵
Musique
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Bonjour Peter Cincotti.
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Bonjour Elodie.
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Pour mieux vous présenter, il suffit de lire le New York Times.
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Le journal new-yorkais vous considère comme, je cite, « l'un des chanteurs pianistes
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les plus prometteurs de la nouvelle génération ». Précisons que votre premier album a atteint
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la première place du classement jazz du Billboard, donc c'est le classement américain le plus
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prestigieux, faisant de vous à 18 ans, à ce moment-là, le plus jeune artiste à atteindre
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ce niveau.
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Précoce, vous l'avez donc toujours été, avec un apprentissage du piano entamé alors
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que vous n'aviez que 4 ans.
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Le premier à vous avoir repéré, c'est Harry Connick Jr, alors que vous étiez effectivement
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tout petit.
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Et vos concerts à New York dans les clubs faisaient salle-combe, vous êtes même produit
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à la Maison-Blanche, je crois que c'est un souvenir indélébile pour vous, avec toujours
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le regard et le soutien d'Harry Connick Jr.
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C'est d'ailleurs lui qui vous mettra le pied à l'étrier au début de cette carrière,
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aujourd'hui, après des collaborations avec Phil Ramon, David Foster, Andrea Bocelli
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ou encore David Guetta, vous êtes de retour avec un remix pop-électro-jazz réalisé
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avec le producteur français SoundClub.
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Cette collaboration ouvre-t-elle les portes, finalement, associées à cette tournée européenne,
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à la conquête de l'Europe, Peter ?
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Oui, d'abord, merci pour les gentils mots, mon dernier album c'est « All Alone », le
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remix bien sûr, c'est très différent de tout ce que j'ai fait, comme vous l'avez
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fait.
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C'est SoundClub qui l'a produit, et c'est une combinaison de styles, et oui, c'est
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le premier de d'autres sorties dans cette direction-là qui vont arriver, qui sont vraiment
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taillées en particulier pour la France.
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Ce qui est étonnant d'ailleurs, Peter, c'est que depuis que vous êtes arrivé sur
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le devant de la scène, il y a toujours eu ce soin à porter, à la fois la musique qui
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est au standard, qui vous ont bercé, qui vous ont donné envie de pratiquer et d'exécuter
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ce métier, mais aussi, vous avez toujours eu besoin d'apporter votre pierre à l'édifice,
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c'est-à-dire d'apporter vos propres compositions avec des nouveaux titres.
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Encore une fois, là, c'est un très bon combo, c'est une partie de votre personnalité ça,
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de mêler l'ancien et le renouveau ?
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Oui, merci encore pour ces noms, mais moi, je me considère comme un auteur-compositeur.
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Même très, très tôt, très jeune, avant de commencer sur la scène jazz, beaucoup
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de gens ne le savent pas, mais j'écrivais des chansons à 7-8 ans, et puis après, j'ai
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commencé avec le jazz et j'ai sorti mon premier album, et puis dans mon troisième album,
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je suis revenu à n'écrire que des morceaux originaux, dans un disque produit par David Foster.
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Mais au tout début, mon esprit, lui, est vraiment attaché à l'écriture et à la composition.
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Je joue et je chante juste pour faire sortir les chansons, et parfois, oui, j'utilise
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des grands classiques pour les réinterpréter, parce que j'aime tellement des vieux classiques,
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et puis j'adore essayer de trouver ma voix à l'intérieur de ces tubes.
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Dès le départ, vous avez commencé très jeune, à l'âge de 4 ans.
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Qu'est-ce qui fait que vous ayez eu envie de vous asseoir derrière cet instrument
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qu'est le piano, et de vous y donner un cœur ouvert ?
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En fait, j'avais 3 ans.
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Je dis ça parce que ma grand-mère m'a acheté un piano, un jouet, pour mon troisième anniversaire.
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Il y avait 10 touches dans cette boîte en bois, et puis elle m'a appris à jouer
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« Happy Birthday » dessus, et apparemment, je lui ai joué directement.
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Dès qu'elle me l'a montré, je lui ai rejoué immédiatement, et je suis devenu
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addict à cet objet.
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Puis à 4 ans, j'ai commencé à prendre des leçons, on a eu un vrai piano à la maison,
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mais j'étais vraiment attiré par ça.
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C'était inconscient, mais je ne pouvais pas arrêter d'y jouer.
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Et à ce moment où Harry Connick Jr. vous rencontre, il vous a toujours accompagné
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dans tout ce que vous avez pu faire, Peter.
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On va juste préciser que vous avez perdu votre père très jeune.
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Vous avez 13 ans quand votre père a disparu.
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Vous gardez quoi de ce père, justement ?
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Eh bien, mon père était une personnalité très forte, et j'ai vraiment beaucoup de
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chance de l'avoir eu pendant 13 ans.
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J'ai beaucoup appris de lui.
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Il est décédé au moment de mon premier concert professionnel à 13 ans.
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Il venait me voir dans le club.
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C'est quelque chose dont je n'ai jamais parlé auparavant, et surtout pas dans une
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interview, mais il se trouve que j'ai écrit une chanson sur cet album qui s'appelle
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« Close to my father ».
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Et ça raconte l'histoire de la perte de ce père, mais également le fait que quand
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on perd quelqu'un comme ça, on ne se répare jamais, on ne s'en remet jamais.
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La relation avec cette perte change au fur et à mesure du temps, mais ça ne s'en
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va jamais.
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Ce fantôme vous suit dans votre adolescence, dans votre jeune âge adulte, jusqu'à
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la quarantaine.
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Donc, la perspective sur cette perte change, mais il est avec moi tout le temps.
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Je me demandais comment vous arriviez à gérer la pression, finalement, parce que
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vous avez certes commencé très tôt.
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Est-ce qu'on arrive, avec le temps, Peter aussi, à se dire que tout ne peut pas être
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complètement parfait ?
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Je crois que le mieux que je puisse dire, c'est que d'une certaine manière, il y a
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une barrière de protection qui arrive à votre adolescence et à la vingtaine.
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Et l'innocence d'être jeune, et l'ignorance d'ailleurs, qui apporte le fait d'être
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jeune, ça arrête presque la pression, parce que vous dites que vous pouvez tout gérer.
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C'est plus tard dans la vie.
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Quand vous regardez en arrière, vous vous dites « mon Dieu, j'avais 13 ans, 21 ans
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quand j'ai fait ça ». On n'a pas cette perspective quand on est à l'intérieur
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dans l'œil du cyclone.
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Je ne sentais pas, moi, cette pression immense.
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J'avais juste l'impression d'être très chanceux de faire ce que j'aimais.
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C'est toujours le cas d'ailleurs, mais c'est vrai que les barrières de protection
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se sont un peu emballées avec le temps.
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Quand je me couche, je suis un petit peu plus conscient de ce que ça vous prend.
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Ça prend quand même beaucoup de choses.
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