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  • 18/09/2024
Comment faire pour que les territoires ultra-marins de l’océan Indien soient mieux intégrés dans leur zone géographique ? De ce point de vue, Mayotte, La Réunion et les Terres australes et antarctiques françaises, territoires d’outre-mer, sont à mi-chemin entre la métropole et l’Indopacifique. Pour répondre à cette question, la délégation aux Outre-mer du Sénat a remis un rapport sur la coopération et l’intégration régionales des outre-mer, dont le premier volet porte sur le bassin indien. Le 17 septembre, les rapporteurs Stéphane Demilly, Georges Patient et Christian Cambon présentaient leur travail à la presse. Ils ont insisté sur la nécessité d’associer les collectivités locales ultra-marines aux initiatives diplomatiques, pour améliorer l’intégration régionale de ces territoires. Christian Cambon est également revenu sur la nécessité de lutter contre la vie chère, thématique importante dans les Outre-mer. Année de Production :

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Transcription
00:00Un 100% consacré aujourd'hui à la coopération régionale.
00:13Hier, les sénateurs ont tenu une conférence de presse, ici même au Sénat, à l'ordre
00:18du jour des territoires ultramarins et leur développement économique.
00:22Les élus ont formulé plusieurs propositions pour mieux prendre en compte les problématiques
00:27spécifiques à chaque territoire.
00:29On regarde et on en reparle juste après.
00:31Le message fort que je souhaiterais faire passer dans un contexte économique assez
00:39particulier, dans des problématiques de vie chère que connaissent nos territoires, nous
00:44sommes tous les ultramarins confrontés à ces problématiques de vie très chère qui
00:52souvent créent de la tension.
00:55Je reste convaincue que l'insertion régionale de nos territoires pourront apporter des réponses
01:06prometteuses de manière à permettre à nos concitoyens ultramarins de vivre dans des
01:13conditions un peu plus décentes, de mieux se nourrir, parce que c'est vraiment le sujet
01:23de préoccupation majeure actuellement.
01:26Voilà, donc sans plus tarder, je vais laisser la parole à Stéphane Lemy qui va débuter
01:32et puis à mes autres co-rapporteurs.
01:36Madame la Présidente, Monsieur le Président, chers collègues Georges, Mesdames et Messieurs
01:54les journalistes, rien ne se crée sans les hommes et rien n'est durable sans les institutions.
02:00Vous connaissez peut-être cette phrase de Jean Monnet qui est un des quatre pères fondateurs
02:05de l'Union européenne avec le chancelier Adenauer, le chef du gouvernement italien
02:11de Gasperi et naturellement le français Robert Schuman.
02:14Et quand on parle de relations internationales, cette citation sie bien à l'évolution de
02:21l'organisation, formelle ou informelle, régissant la coopération régionale dans le bassin
02:26de l'océan Indien.
02:27Cette architecture pour orchestrer les relations dans ce bassin situé à près de 10 000 kilomètres
02:33de chez nous, de Paris, s'est construite et solidifiée au fil du temps.
02:37Il y a eu la nomination de conseillers diplomatiques auprès des préfets de la Réunion et de
02:43Mayotte et la création en 2019 de la plateforme de coopération de la France et de l'océan
02:49Indien.
02:50Cette structure étant animée, vous le savez, par un ambassadeur spécifiquement délégué
02:54à cette mission.
02:55C'est Jean-Claude Brunet qui assure cette responsabilité.
03:01Il est d'ailleurs venu au Sénat en février dernier pour répondre à nos questions.
03:05Le SIOM, le comité interministériel des Outre-mer, ayant rappelé en juillet 2023
03:11l'importance de cette nouvelle impulsion, notamment par sa mesure 54 visant à la signature
03:16d'un accord entre Mayotte et le ministère des Affaires étrangères permettant au 101e
03:21département de, je cite, « monter en compétence pour ses initiatives extérieures ».
03:27L'AFD a d'ailleurs parfaitement intégré cette volonté de dimension régionale.
03:30Concomitamment, les collectivités, déjà très impliquées dans la gestion des programmes
03:37interreg, prennent également des initiatives en ce sens.
03:40Je ne prendrai que comme exemple le récent déplacement du président du Conseil départemental
03:45de la Réunion en Namibie.
03:47Les financements, eux aussi, prennent en compte cette dimension régionale.
03:52Je pense au programme interreg Océan Indien et Canal du Mozambique, géré par la Réunion
03:57et Mayotte, 73 millions d'euros, pour la période de 6 ans en cours, ou encore au crédit
04:03de l'Union européenne, au titre du FED, du Fonds européen de développement, dorénavant
04:08appelé NDICI, comprenant les instruments de voisinage de développement et de coopération
04:15internationale.
04:17J'évoquais au début de mon propos l'évolution organisationnelle des structures.
04:21A ce sujet, on peut dire que la COI, la Commission de l'Océan Indien, a pris une nouvelle
04:27dimension depuis quelques années.
04:28Des projets importants sont portés par cette organisation régionale, qui réunit, vous
04:33le savez, les cinq territoires francophones de la région, Réunion, Maurice, Madagascar,
04:38Seychelles et Comores.
04:40Entre 2018 et 2022, 194 millions d'euros de projets ont été financés et d'ici à
04:472027, ce montant avoisinera ou avoisinerait les 500 millions.
04:52Je rappelle que la COI est la seule organisation régionale africaine dont la France est membre
04:58et cela renforce la légitimité de notre présence dans l'Océan Indien.
05:03Exemples concrets et opérationnels portés par la COI, la sécurité maritime, la lutte
05:10contre la pêche illégale ou encore la sécurité sanitaire.
05:13Autre piste de la coopération régionale qui s'intensifie au gré des volontés locales,
05:19le bilatéral, notamment avec Maurice, la Tanzanie et même les Comores, malgré le
05:26contentieux territorial que vous connaissez tous et que je n'ai pas besoin de rappeler.
05:30Dont vous le constatez, ça bouge, doucement, mais ça bouge.
05:34Un des cailloux dans la chaussure de cette volonté de partenariat régional reste les
05:40moyens de transport.
05:41Pour l'aérien, les liaisons sont faibles et elles sont fragiles.
05:46Par exemple, il n'y a plus de vol direct entre la Réunion et l'Inde, une situation
05:51en contraste avec Maurice qui bénéficie de 20 compagnies aériennes, là où il y en
05:57a 7 à la Réunion et 4 à Mayotte, Mayotte ayant là aussi, vous le savez, un problème
06:03infrastructurel avec son propre aéroport.
06:06Quant au transport maritime de marchandises, si la situation est moins défavorable, on
06:12rencontre des dysfonctionnements qui handicapent son développement, je pense notamment là
06:16aussi au port de Mayotte.
06:17Voilà pour les éléments de forme.
06:19Sur le fond, nous sentons bien dans nos échanges qu'une frustration est particulièrement
06:27latente concernant l'insuffisante association des collectivités concernées à la définition
06:32de la politique extérieure de la France et on l'a bien senti tout à l'heure dans
06:36la discussion qu'on a eue avec nos collègues parlementaires quand nous avons présenté
06:39le rapport.
06:40Par exemple, pour la COI, la France, ou plutôt les autorités métropolitaines, ne donnent
06:47pas mandat aux autorités réunionnaises pour la représenter.
06:50Un paradoxe mal vécu quand on connaît bien sûr les compétences économiques obligatoires
06:55dévolues aux conseils régionaux.
06:57Tout cela faisant le jeu de certains pays comme la Chine, comme la Russie ou comme l'Azerbaïdjan,
07:04heureux de déstabiliser la position de la France dans la région, là aussi les exemples
07:10sont pléthores.
07:11Une note positive néanmoins, certes symbolique mais très importante localement ou vécue
07:17comme telle, Mayotte devrait organiser les Jeux des îles en 2035.
07:24Vous le voyez, on progresse doucement mais on progresse, même si parfois des obstacles
07:29juridiques freinent ses avancées, je pense par exemple au problème des normes européennes
07:34qui sont peu parfois même pas adaptées aux rupes, là aussi il faut de la volonté, secteur
07:40par secteur, on a avancé pour les matériaux de construction, d'autres grands chantiers
07:44sont à opérer sur le sujet comme en particulier dans celui de l'agroalimentaire.
07:49Voilà en quelques phrases ce que je souhaitais vous dire sur le sujet, je vous remercie de
07:53m'avoir écouté, je vais donner à Georges Patient qui va détailler devant vous donc
07:57les propositions que nous avons formulées.
08:13Mesdames et messieurs les journalistes, bonsoir.
08:17Sur la base du bilan qui vient de vous être présenté, nous avons retenu 20 propositions
08:26pour donner une nouvelle impulsion à la politique de coopération régionale dans le bassin
08:31indien.
08:32Certaines propositions ne valent que pour le bassin indien, la majorité nous semble
08:38néanmoins pertinente pour l'ensemble des Outre-mer, il reviendra à nos collègues
08:43chargés des deux autres bassins océaniques, l'Atlantique et le Pacifique, de confirmer
08:50ou nuancer notre appréciation.
08:51Nous avons regroupé ces propositions autour de quatre axes principaux qui guideront mon
08:59propos.
09:00Je présenterai simplement les principales mesures.
09:04Le premier axe est celui de l'insertion économique qui doit à notre sens être la
09:10priorité.
09:11On vous a parlé, la Présidente et mon collègue, de la vie chère qui est un axe fondamental
09:19actuellement dans tous les Outre-mer, dénoncé par tous les Outre-mer.
09:23Et l'actualité, c'est les projecteurs sur la Martigny qui connaît une grande crise
09:29dans ce domaine.
09:30Pour impulser un profond changement, il importe de clarifier les responsabilités en faisant
09:36des territoires les chefs de file de leur insertion économique.
09:40Certains opérateurs de l'État sont d'ailleurs demandeurs de cette prise en main par les
09:45collectivités.
09:46Business France constate encore sur certains territoires une difficulté pour poser une
09:51stratégie réellement définie sur l'attractivité internationale.
09:56Sur le sujet de la connectivité et de la mobilité régionale, les réponses uniques
10:02n'existent pas, en particulier dans le secteur aérien où la fragilité économique
10:07de plusieurs compagnies incite à la prudence.
10:09Néanmoins, plusieurs mesures paraissent indispensables pour débloquer des opportunités.
10:15A Mayotte en particulier, il est urgent de moderniser les infrastructures portuaires
10:21et de construire un poste frontalier communautaire.
10:24Ce sont des prérequis sans lesquels un développement du commerce régional sera impossible.
10:31En matière aérienne, la parité doit également aller à la stimulation de la demande pour
10:38solvabiliser l'offre de l'illusion.
10:40Cela passe par une révision de la politique des visas avec chaque pays de la région.
10:46L'exigence de visas pourrait être allégée dans certains cas.
10:50Je pense à la Tanzanie vers Mayotte.
10:54Par ailleurs, la stratégie touristique devrait s'efforcer de diversifier les pays de provenance
11:00des touristes afin de nourrir la demande sur des liaisons régionales.
11:02J'ajouterai que quelques secteurs d'activité sont prometteurs et de nature à avoir un
11:09effet d'entraînement.
11:10Outre le secteur agricole, Mayotte fonde beaucoup d'espoir dans un approvisionnement
11:17régional.
11:18Celui du traitement des déchets présente des perspectives intéressantes.
11:21L'objectif serait de mutualiser le traitement de certains déchets à l'échelle régionale
11:27pour atteindre une masse critique économiquement viable.
11:30Même chose en matière d'énergie.
11:33Agriculture, déchets et énergie devraient très certainement concentrer les efforts
11:38et les moyens pour enclencher des dynamiques économiques régionales.
11:42Deuxième axe, l'Europe, avec deux principales mesures.
11:47La première serait la création d'une politique européenne de voisinage ultra-périphérique
11:53Pévu à destination des États voisins d'Érupe.
11:57Cette Pévu serait imaginée par analogie avec la politique européenne de voisinage
12:03de l'Union Européenne qui bénéficie à ce jour au pays limitrophes du flanc est
12:09de l'Europe et au pays du portour méditerranéen.
12:13La Pévu ferait prendre pleinement conscience à l'Union Européenne que l'Érupe font
12:19partie du territoire de l'Union Européenne et que sa politique extérieure dans la région
12:24doit être adaptée.
12:25Un autre acte politique majeur serait d'obtenir que le prochain programme de travail de la
12:32Commission Européenne prévoit l'adoption d'un paquet législatif RUPE.
12:38L'objectif serait de passer en revue les différentes législations européennes qui
12:43créent des obstacles réglementaires à l'insertion économique des RUPE dans leur environnement.
12:48Ce qui a été fait pour les matériaux de construction doit pouvoir être fait rapidement
12:54dans toute une série de secteurs sans tarder.
12:57Le sujet normatif est prioritaire pour débloquer l'insertion économique des outre-mer et
13:03ouvrir le champ des possibles.
13:05Troisième axe, c'est de bâtir une réelle diplomatie des outre-mer.
13:12Malgré quelques progrès, la diplomatie française n'a pas encore achevé sa révolution
13:20copernicienne pour décentrer la conception et la conduite de son action extérieure autour
13:27et avec nos outre-mer.
13:29Au niveau du ministère des Affaires étrangères, la dimension ultramarine mériterait d'être
13:34encore mieux identifiée.
13:35La création d'une direction de la coopération régionale outre-mer regroupant les trois
13:40ambassadeurs délégués à la coopération avec des moyens renforcés y contribuerait
13:45directement.
13:46Au niveau du bassin indien, l'actuelle plateforme de coopération de la France de l'Océan
13:50Indien devrait être confortée pour en faire l'instance de co-construction de la politique
13:55de coopération régionale.
13:57Une présidence tournante avec les collectivités régionales pourrait même être imaginée,
14:03cette plateforme demeurant une structure de travail non décisionnelle.
14:06Du côté des collectivités, des initiatives sont aussi nécessaires.
14:11A titre préalable, j'indique que nous ne préconisons pas de modifier le cadre législatif
14:18issu de la loi Lechimie de 2016, l'enjeu nous paraît plutôt d'être d'aider les
14:24collectivités à s'en saisir pleinement.
14:25La loi demeure sous-utilisée.
14:29L'outil le plus prometteur est le programme CADRE qui fut la principale innovation de
14:36la loi Lechimie.
14:37L'adoption d'un programme CADRE par la région Réunion, le département de la Réunion
14:42et le conseil départemental de Mayotte devraient être une priorité.
14:45En termes politiques, le programme CADRE permet d'afficher une stratégie de long terme
14:51concertée avec l'Etat.
14:52Il renforce à la fois la légitimité interne vis-à-vis de l'Etat et de la société civile
14:58et externe vis-à-vis des Etats voisins dans des domaines prédéfinis.
15:02Par ailleurs, l'Etat pourrait donner mandat à la Réunion pour la représenter au sein
15:07de la COI.
15:08Ce mandat, susceptible d'être retiré à tout instant conformément au texte constitutionnel,
15:13mettrait la collectivité compétente en position de responsabilité et l'astreindrait plus
15:18qu'aujourd'hui à définir une stratégie globale de coopération régionale.
15:22De l'autre côté, ce mandat obligerait l'Etat à co-construire sa diplomatie régionale,
15:28la collectivité mandatant ne pouvant se borner à un rôle de perroquet.
15:32J'en viens à présent au quatrième et dernier axe qui est d'asseoir la souveraineté française
15:40à Mayotte ainsi que l'influence de la France dans la région.
15:45La contestation de l'appartenance de Mayotte à la France nuit considérablement à la
15:50coopération régionale et est utilisée par nos rivaux pour affaiblir notre influence.
15:56Cette situation oblige à affirmer clairement comme objectif prioritaire de notre diplomatie
16:02la pleine reconnaissance de Mayotte française.
16:04Face au mur comorien, deux stratégies sont possibles, soit le bras de fer avec l'union
16:11des Comores, c'est-à-dire un durcissement des relations, voire des pressions, soit une
16:16stratégie de petits pas pour acclimater l'ensemble des partenaires régionaux à la participation
16:21de Mayotte à des projets régionaux.
16:22Deux facteurs poussent plutôt à privilégier la seconde, bien qu'elle puisse paraître
16:28frustrante et parfois inefficace aux yeux de la plupart des acteurs maorais.
16:31Le premier est l'irrédentisme intrinsèque qui fonde l'union des Comores.
16:37Le second est l'aversion des États de la région à se positionner en défaveur de
16:41Mayotte ou à se voir reprocher de s'immiscer dans la relation entre les Comores et la France.
16:47Cette stratégie est compatible avec l'affirmation claire de l'objectif de pleine reconnaissance
16:51de Mayotte française.
16:52Elle doit en revanche se traduire par une stratégie globale associant systématiquement
16:57les autorités maoraises qui seront les meilleurs promoteurs de leur appartenance incontestable
17:02à la citoyenneté française.
17:04L'ambiguïté coloniale agitée par les Comores ne sera jamais aussi bien combattue
17:10que par les Maorais eux-mêmes, en particulier vis-à-vis de nos partenaires africains.
17:14Enfin de là, dans le cadre de la stratégie Indo-Pacifique, il est essentiel que la France
17:19renforce son rôle de pourvoyeur de sécurité et de stabilité dans la région.
17:23A cet égard, le projet de l'Académie de la sécurité de l'océan Indien est une
17:28priorité.
17:29Voilà les grandes lignes de nos propositions et recommandations.
17:33Mesdames et Messieurs, d'abord, merci d'avoir bien voulu répondre assez nombreux à cette
17:46invitation du Sénat au moment où la France, après s'être passionnée pour les Jeux
17:51olympiques, s'interroge sur l'avenir de son gouvernement.
17:54Le Sénat, comme toujours, est assez vigilant à l'ensemble de nos territoires.
18:01Je veux dire qu'après, à la fois, l'exposé de Stéphane de Migny et de Georges Patient,
18:09vous pourriez vous interroger légitimement sur le pourquoi de ce rapport à ce moment.
18:14En vérité, à travers les explications et l'excellent rapport que mes collègues ont
18:19rédigé avec l'aide de nos administrateurs, je crois que les raisons de ce rapport sont
18:25tout à fait réelles.
18:26D'abord parce que, en vérité, quand on auditionne et quand on se rend sur place,
18:33on comprend que les relations de ces territoires avec leur environnement régional sont très
18:39faibles.
18:40Très faibles.
18:41Les relations diplomatiques, les relations économiques, les relations sociales et environnementales,
18:46tous ceux-ci sont réduits à la plus simple expression et je prendrai qu'un seul chiffre,
18:52un seul exemple.
18:53Les importations de la communauté de l'océan Indien ne représentent que 0,7% de ce que
19:02ces territoires sont en mesure de fournir, ce qui montre, si vous voulez, que la relation
19:06économique, alors qu'il y a quand même une proximité géographique évidente, eh bien
19:10cette relation économique n'existe pas et d'autres exemples vous ont été cités.
19:15Sur le plan politique aussi, on a le sentiment que tout doit passer par Paris.
19:19C'est une habitude, c'est une conception, j'allais dire c'est une vision sans doute
19:27tout à fait dépassée, car il y a sur ces territoires, et on le verra au fur et à mesure
19:32des trois tranches de rapport que le Sénat va réaliser, il y a sur place les moyens
19:38humains, les élites, toutes celles et ceux qui sont absolument en mesure d'assumer
19:44non seulement le développement économique et social de ces territoires, mais aussi la
19:47relation, j'allais dire, internationale avec les voisins.
19:53Par ailleurs, ce qui fait l'intérêt, j'allais dire qui justifiait que le Sénat se penche
19:58peut-être en tout premier sur les Comores et la Réunion, ce sont des territoires qui
20:02sont au cœur de menaces de déstabilisation, cela vient d'être évoqué pour plusieurs
20:08raisons.
20:09D'abord, bien sûr, parce qu'il y a peut-être plus dans cette région-là que dans d'autres,
20:14encore que.
20:15Il y a des tentatives d'ingérence, on le sait, ingérence de grande puissance.
20:20Il a été cité tout à l'heure devant nos collègues le forum de Bakou où l'Azerbaïdjan
20:26s'est cru autorisé à réunir une véritable assemblée antifrançaise associant toutes
20:33celles et ceux qui contestent la souveraineté de la France sur ces territoires dans des
20:38termes particulièrement violents.
20:40Par ailleurs, géographiquement, il y a des menaces puisque ces territoires sont sur des
20:46routes d'outre-mer qui sont, sur le plan économique, particulièrement sensibles puisque
20:50c'est le trajet qui conduit toute une part des hydrocarbures qui vont vers l'Occident.
20:56Enfin, vous connaissez toute cette problématique des grandes voies maritimes qui, évidemment,
21:03peuvent créer des risques de déstabilisation sur leur parcours.
21:08Georges Passion vient de souligner dans les propositions qui sont faites et notamment
21:14dans le dernier point des propositions qui sont faites, il y a sur ce territoire plus
21:19particulièrement cette contestation de la souveraineté française et cela représente
21:25un véritable danger, souveraineté territoriale, puisque les îles Épars sont revendiquées
21:32par Madagascar, Tromelin est revendiquée par Maurice et, bien sûr, Mayotte par les
21:39Comores avec une affirmation d'un droit qui, du reste, ne correspond pas toujours aux déclarations
21:45que ces mêmes dirigeants font lorsqu'ils viennent en visite à Paris pour chercher
21:48des aides et des subsides.
21:50Mais c'est une réalité à laquelle, bien évidemment, il va falloir trouver les moyens
21:55de répondre.
21:57Or, dans le même temps, vous le savez, la France se targue d'être une puissance de
22:03l'océan Indien et de l'Indo-Pacifique et, en l'occurrence, de l'océan Indien.
22:07Je l'ai expérimenté en tant qu'ancien président de la Commission des Affaires étrangères
22:11et de la Défense et maintenant en tant qu'envoyé spécial du président pour les relations
22:15internationales.
22:16Mais on a souvent, trop souvent l'impression qu'à la fois dans les problématiques locales,
22:21le coût de la vie, l'approvisionnement en énergie, le peu de développement des
22:25transports, on a l'impression que les déclarations ne sont guère suivies de réalités et de
22:35faits et c'est certainement ce que ce rapport va dénoncer ou, en tous les cas, montrer
22:40du doigt un certain nombre d'incohérences car on ne peut pas s'ériger comme puissance
22:44de l'Indo-Pacifique et ne pas y mettre les moyens.
22:47On aura l'occasion, lorsqu'on va vous parler de la Nouvelle-Calédonie, où là il y a
22:52véritablement de fortes tensions, notamment avec la présence de la Chine, on pourrait
22:56dire aussi la même chose, on le dira, sur Tahiti, et tout ceci sur le plan de la Défense
23:01que j'ai bien suivi personnellement, eh bien on assure la sécurité de ces territoires
23:05avec un patrouilleur antédiluvien, un Puma qui date de 56 ou 58 ans.
23:11Ce n'est pas avec ça qu'on fait une puissance dans l'Indo-Pacifique compte tenu des étendues
23:17de mers à contrôler et bien sûr des voisins, des grands voisins et de leur puissance.
23:23Donc, si vous voulez, tout ceci nous conduit à sonner en quelque sorte l'alerte au moment
23:31où on va constituer un gouvernement, où il va y avoir sans doute, je l'espère, un
23:35ministre en charge de cette politique, mais pour prendre de nouvelles orientations et
23:41ajuster les moyens.
23:43On peut dire en plus que ce n'est pas sans importance, puisque dans ce seul territoire
23:48c'est quand même 1,2 millions de citoyens français et européens qui sont là, c'est
23:55certainement l'une des plus grandes dépendances lointaines de l'Europe, donc ce n'est pas
24:01une discussion de principes ou d'une discussion de salons, c'est véritablement une réalité
24:05économique, une réalité de souveraineté, une réalité de rayonnement de la France
24:10que nous devons souligner.
24:12Alors, je ne vais pas, en plus, j'ajoute tout de même sur ce 1,2 millions de personnes,
24:19que c'est aussi là où nous assistons par exemple aux plus grands écarts de richesses.
24:23Est-ce que vous pensez que la comparaison entre l'Ecomor et Madagascar, en termes de
24:30PIB, le rapport est de 1 à 20 et Dieu sait si Madagascar ne fait pas partie des pays
24:34les plus riches du monde.
24:35Donc, ça vous montre l'écart et donc la justesse aussi bien souvent des revendications
24:39des populations locales qui disent, on veut bien être français, mais à quel prix ? Et
24:44donc, il y a certainement là des efforts à faire.
24:47Georges Passian vient de développer les quatre points essentiels des propositions, je les
24:54rappelle, l'intervention économique, la dimension européenne que je viens de citer,
25:00une diplomatie beaucoup plus proche et beaucoup plus réaliste de l'environnement et puis
25:04ces problématiques de souveraineté.
25:06Donc, si vous voulez, ce que nous cherchons à travers ce premier volet, auquel, comme
25:09la Présidente l'a dit il y a un instant, vont suivre un volet plus pacifique puis après
25:15plus anti et Guyane, bien sûr, c'est de souligner l'importance que représentent ces territoires
25:23pour notre pays.
25:24Encore une fois, on ne peut pas se perdre dans les déclarations disant que l'outre-mer
25:30est proche de notre cœur, que c'est une partie intégrante du territoire national,
25:34sans s'en donner les moyens et sans apporter des solutions aux problèmes qui se posent.
25:39Quand on vous parle de la vie chère, il suffit de se rendre sur place et de voir quelles
25:45sont les conséquences que cela entraîne.
25:48Vous avez vu par exemple sur la Nouvelle-Calédonie qui n'est pas l'objet de ce rapport, mais
25:52après les émeutes, les grandes difficultés, il n'y a plus un seul produit pharmaceutique
25:56anticancéreux à l'heure actuelle sur la Nouvelle-Calédonie, tout ça pose de vrais
26:00sujets.
26:01Donc je pense que ce sont des rapports qui doivent à la fois, pour le Sénat, assembler
26:06des territoires, permettre de mieux connaître cette réalité, d'apporter des solutions,
26:10de suggérer au gouvernement ce qu'est le travail du Sénat, en l'occurrence des perspectives,
26:15des propositions.
26:16Moi, je pense par exemple, pour avoir suivi les affaires diplomatiques, qu'il faut renforcer
26:21le rôle de ces ambassadeurs qui sont auprès de chaque préfet.
26:26Ils sont plein de bonne volonté, mais ils ont un malheureux adjoint, il faut leur donner
26:30plus de moyens pour être présent, participer aux instances internationales qui se développent
26:36dans cette région et faire en sorte que les intérêts de la France soient mieux représentés.
26:42C'est une volonté politique, en tous les cas, vous connaissez l'attachement et de
26:46notre président du Sénat et du Sénat tout entier, toute sensibilité confondue à l'importance
26:52de l'outre-mer, mais nous non plus, nous ne pouvons pas nous satisfaire de simples
26:57déclarations, nous devons assortir cela de propositions, c'est ce que ce rapport propose,
27:05et vous verrez que très astucieusement, nos administrateurs, que je remercie, ont mis
27:09en couverture la géographie, rien que la géographie parle d'elle-même, voyez l'environnement
27:15de tous ces pays, il y en a peu au voisinage qui représente un exemple de stabilité,
27:20je ne parle même pas de la démocratie, mais de la stabilité.
27:23Eh bien, c'est à cela que ces territoires doivent faire face, il faut pour cela les
27:27aider et s'en donner les moyens.
27:28Voilà pourquoi on est heureux de vous accueillir, alors même que nous ne sommes pas encore en
27:33session, vous nous faites la gentillesse de venir ici, et les rapporteurs se tiennent
27:37à votre disposition pour toute question que vous voudriez poser, mais la lecture, c'est
27:42comme un roman, vous allez vous plonger dans ce rapport et vous allez découvrir d'abord
27:47beaucoup de choses, comme on l'a fait nous-mêmes à travers les auditions, plus de 120 auditions
27:52ont eu lieu, les déplacements et tout ce qui nous a permis de porter un diagnostic
27:57sérieux sur ces problèmes.
27:58Nous vous remercions et je vous remercie au nom de la Présidente qui siège à la conférence
28:02des présidents, ce qui est un organisme évidemment particulièrement important dans cette maison.
28:07La dernière proposition justement, on parle de la politique à adopter concernant Mayotte,
28:12est-ce qu'il faut aller en jouant au caïd et en forçant les Comores notamment à reconnaître
28:19Mayotte comme territoire français, ou la stratégie des petits pas ? Je crois que c'est
28:24celle-là qui a été adoptée par le gouvernement français, et que nous suggérons en disant
28:27qu'il y a quand même reconnaissance à travers cette politique de petits pas d'une appartenance
28:32de Mayotte à la République française.
28:34Il y avait double détente, il est effectivement à destination du futur gouvernement, à destination
28:43des instances européennes, et quelque part vous dressez aussi un bilan qui n'est pas
28:48très positif, pas très flatteur de la politique, alors je ne sais pas jusqu'à quand vous allez
28:53remonter, mais en tous les cas, de ces dernières années, ce n'est pas très positif, convenez-en.
28:57C'est le rôle du Sénat.
28:59Je dirais qu'il est très réaliste, on reconnaît quand même certaines avancées,
29:02mais on reconnaît quand même qu'on pourrait aller plus loin en associant davantage les
29:06collectivités territoriales.
29:07Et sur le plan diplomatique, sur le plan politique extérieur, ça a bien été soulevé du reste par
29:12nos collègues tout à l'heure, qui demandent un peu plus de fermeté dans le langage, car le
29:17langage que tiennent les dirigeants des Comores sur place, c'est ceux qui tiennent à Paris lorsqu'ils
29:21viennent solliciter des aides, ce qui est bien naturel, notamment de l'AFD et de bien d'autres,
29:26il faudrait faire comprendre qu'il doit y avoir un échange, et que cet échange tient à la
29:32reconnaissance de la souveraineté justement de Mayotte, car on ne peut pas à la fois réclamer
29:37l'intégration de Mayotte aux Comores, et puis venir réclamer, juste pour les Comores, les aides de
29:42la France, qui elle-même est souveraine à Mayotte. Il y a une question de logique, et donc nos
29:48collègues souhaitent un peu plus de fermeté que par le passé, car vous avez raison de dénoncer,
29:52j'allais dire, parfois un peu de double langage, on va dire, pour être poli. Une autre question ?
30:00Première question sur le calendrier. C'est allé assez vite, Mme Jacques en a parlé au début de
30:18sa prise de parole. Vous allez mener des auditions, ou bien il ne reste plus qu'à finaliser les
30:26rapports et aller voter, et puis dans quel ordre et dans quel calendrier, précisément pour les
30:31autres territoires ? Comment ça va se passer, s'il vous plaît ? Alors ça c'est le premier volet, si vous
30:36voulez. En fait, nous avons, la Présidente a raisonné, à juste titre, par bassin, si vous
30:41voulez, parce que comme cela a été durait souligné dans l'échange que nous avons avec nos collègues,
30:45il y a beaucoup de problématiques qui sont communes, et puis il y a des problématiques plus concrètes et
30:51plus spécifiques. Donc là, en l'occurrence, c'est, j'allais dire, la première étape avec ce rapport.
31:01Il vient d'être voté à l'unanimité par la délégation sénatoriale à l'Outre-mer, qui était
31:07fort présente. Beaucoup de nos collègues avaient tenu, hors session parlementaire, à être présents.
31:12Ce rapport a été voté à l'unanimité, et notamment les propositions. Donc à partir d'un vote, ce rapport
31:20qui, pour l'instant, sous mes yeux, à l'état de projet, va faire l'objet d'une version définitive qui
31:24va être rendue publique et, j'imagine, éditée sur le site du Sénat, enfin comme d'habitude, si vous avez
31:28bien l'habitude. Et puis après, après que le bureau de la délégation soit réuni, il y a l'organisation
31:35du travail. Donc il va y avoir, j'allais dire, pour être assez logique, après avoir vu la partie
31:42indienne de l'Indo-Pacifique, il y aura la partie pacifique qui complétera. Je pense qu'à la fois
31:49Nouvelle-Calédonie et Polynésie vont faire l'objet d'un deuxième rapport, un peu selon les mêmes
31:58termes, avec les auditions, un déplacement, ce qui est toujours assez compliqué. Il faut tenir compte
32:02aussi de la situation en Nouvelle-Calédonie, qui est quand même assez incertaine pour l'instant,
32:07et on n'est pas là ni pour venir mettre de la perturbation. Il faut que les choses soient un
32:13petit peu stabilisées. Et puis il y aura un volet, évidemment, atlantique, j'allais dire, avec les
32:21Antilles et la Guyane, qui représentent, elles aussi, chacune dans leur spécificité, des problématiques
32:27nouvelles. Encore une fois, ce que l'on peut dire au titre de la délégation des Outre-mer, c'est que
32:34nombre de problèmes sont communs, et notamment la vie chère, la vie chère qui est vraiment une
32:38revendication qui revient en permanence. L'incapacité qu'a eue jusqu'à présent l'État
32:45à résoudre un certain nombre de difficultés économiques, je dois dire qu'une des toutes
32:49premières auditions qui concernait la Guyane, quand on apprend que la Guyane se fournit en énergie,
32:55c'est-à-dire en pétrole, depuis l'Écosse, alors que l'Europe du Nord, la mer du Nord,
33:04alors que le Venezuela produit à quelques encablures, et en tous les cas beaucoup plus
33:11proches, certainement à des coûts beaucoup moins importants, on se demande comment se fait-il,
33:15mais ça démontre bien ce que l'on dit, c'est-à-dire que tout, à Paris, on doit décider que tout ça,
33:19c'est comme ça, mais puisqu'on est au sein de l'Europe, il faut acheter son énergie là,
33:22et on ne donne même pas aux autorités locales la possibilité de dire écoutez nous, laissez-nous
33:27faire, on a la possibilité d'aller s'approvisionner à moindre coût et à moindre frais. Or, on voit
33:31bien que l'énergie participe généralement dans l'esprit des gens à une perception du coût de
33:36la vie. Donc ce sont des sujets de ce genre, mais qui doivent être étudiés bloc par bloc,
33:42c'est pour ça qu'on a découpé un petit peu les choses, et il y aura, j'imagine, une synthèse
33:48finale qui permettra de dégager en quelque sorte des recommandations communes sur l'ensemble de
33:52ces travaux, mais vous aurez à chaque fois une étude assez précise, assez chiffrée et documentée,
33:58avec des témoignages qui sont tout à fait importants et intéressants. Vous aurez, j'allais
34:02dire, une vision analytique de la situation au jour d'aujourd'hui, mais ce n'est pas chargé
34:10d'aller dans les bibliothèques, c'est pour que le gouvernement, le ministre, le président de la
34:14république, toutes les autorités qui, elles, ont les pouvoirs de décision, mais aussi les
34:18parlements, parce qu'il y a peut-être des évolutions législatives à opérer pour faciliter les choses,
34:23essayer d'ouvrir la fenêtre et de laisser un peu ces gens s'auto-administrer, comme nous-mêmes,
34:28nous le demandons ici en métropole, où on demande le droit à l'expérimentation, on demande le droit
34:34que l'Alsace fasse un peu différemment que le Languedoc. Tout ça, ça part du même esprit,
34:40et l'Assemblée, le Sénat, cette Assemblée des territoires est dans son rôle, me semble-t-il,
34:46de porter ses analyses et ses diagnostics, et aussi, encore une fois, ses propositions,
34:52parce qu'on n'est pas là simplement pour faire du spectacle, on est là aussi pour proposer des pistes.
34:58Bonjour, merci. Donc, Éloan Blatt pour l'AFP. Donc, on a beaucoup évoqué les éléments pour
35:10redonner une autonomie stratégique à ces territoires d'outre-mer, donc d'un point de
35:15vue commercial et diplomatique. J'aimerais juste revenir sur les partenariats qui vous semblent les
35:21plus stratégiques, notamment avec quels États voisins. On a évoqué rapidement, vous venez
35:27d'évoquer le Venezuela. Ça, c'est pour le prochain rapport, ce n'est pas le pays le plus proche des
35:32Comores. Donc, on a parlé du Mozambique, je crois, Madagascar. La Tanzanie, Tanzanie, par exemple,
35:38parce qu'on voit bien qu'il y a des... Maurice, bien, Maurice, Madagascar, Tanzanie, on voit bien
35:44que, par exemple, sur les flux d'immigration, tout le monde... Enfin, dans la présentation
35:50générale, qui en effet, souvent, on se dit que ça vient des Comores, mais ça ne vient plus
35:53simplement des Comores. Et on sait très bien que, par exemple, de Tanzanie et de toute cette Afrique,
35:58voilà, de la Côte, de toute cette partie de l'Afrique, maintenant, il faut dire que le défi,
36:06j'allais dire le bénéfice de ces populations aériennes, puisque ça veut dire entrer dans
36:10l'Union européenne, avec pas tous les avantages, mais quand même un certain nombre par rapport à ce
36:15que j'évoquais tout à l'heure, cette différence de richesse entre les pays riverains, enfin les
36:20pays voisins et les Comores. Vous avez parlé des visas, justement, la facilitation de visa entre
36:29pays et API, mais dans le cadre de tout ce qui s'est passé en fin d'année dernière sur la loi
36:35immigration à Mayotte, il y a effectivement une revendication d'un durcissement du droit du sol.
36:42Comment vous pouvez effectivement intégrer une revendication, qui peut être légitime à Mayotte,
36:48par rapport à un rapport qui demande beaucoup de fluidité, beaucoup de coopération, de souplesse,
36:53quand un département demande un durcissement de son droit, de son code de nationalité ? Est-ce que
37:00c'est pas antinomique ? Vous faites en quelque sorte, vous donnez des éléments de réponse à
37:04votre question et vous allez dans le sens de ce que dit le Sénat. Vous savez que sur ce débat,
37:09sur l'immigration, et notamment lorsqu'on est arrivé au chapitre Mayotte, il y a beaucoup de
37:16déclarations à l'emporte-pièce de gens qui du reste n'y ont jamais été, n'ont jamais vu la
37:19réalité, et c'est là où peut-être plus d'autonomie des autorités locales doit aider nos assemblées,
37:26le gouvernement, à apporter des solutions. C'est effectivement facile de dire droit du sol,
37:31droit du sang, enfin vous connaissez ce débat qui dépasse singulièrement le sujet d'aujourd'hui,
37:35mais qui est au cœur et qui va être au cœur, disons les choses telles qu'elles sont, des politiques
37:40publiques dans les mois qui viennent. Nous, d'abord parce qu'ici il y a des sensibilités différentes,
37:46au sein de la délégation il y a des gens qui sont plutôt pour la situation telle qu'elle
37:52existe, d'autres qui sont pour une évolution un peu différente, donc il faut aussi respecter ces
37:56sensibilités. Mais je pense que le message du Sénat c'est son originalité, c'est de dire
38:01donnez plus de pouvoir aux autorités locales, qu'est-ce qu'elles veulent, qu'est-ce qu'elles
38:04disent, qu'est-ce qu'elles pensent. Et peut-être, on a eu du reste au témoignage tout à l'heure de
38:09Tanim Mohamed qui est notre collègue sénateur des Comores, il faut les écouter, qu'ils s'expliquent,
38:17et si vous voulez, à partir de cette réalité-là, c'est ce que je veux dire par là, c'est que la loi
38:23Mayotte que les élus demandent, qui pourrait effectivement venir sur le devant de la scène,
38:29est-ce qu'elle viendrait télescoper contradiction ou elle viendrait appuyer votre rapport ? Parce
38:35que là aussi, il faut imaginer... Juste pour répondre à la question précise sur les visas,
38:41pour moi qui viens de Guyane, les clandestines ne demandent pas de visa. Par exemple, il y a des
38:48visas entre Madagascar qui demandent des visas pour les Comoriens. Vous parlez de coopération
38:53entre Madagascar et les Comores, le paradoxe c'est que Madagascar demande des visas pour les
38:58Comoriens aujourd'hui, donc il n'y a pas par exemple des flux d'étudiants pour aller en
39:02Madagascar, ce qui n'est pas le cas entre Madagascar et l'inverse, pour aller aux Comores.
39:07Ce sont des politiques de réciprocité qui touchent du reste l'ensemble des problématiques des
39:12relations internationales, on a ça avec des pays beaucoup plus voisins, et je pense effectivement
39:18que ça fait partie des problématiques. Là, on est vraiment dans des décisions politiques,
39:23mais ce que nous essayons nous déjà de voir c'est la réalité du terrain, comment se posent les
39:29sujets qui se posent parfois différemment des uns et des autres. A Saint-Pierre-et-Miquelon,
39:32on n'a pas le même problème que l'on a à Mayotte, c'est un peu différent. Donc c'est
39:37aussi notre rôle de bien serrer les sujets et de voir comment on peut y répondre. Après,
39:43le législateur, Assemblée nationale puis Sénat va faire son travail et on n'est pas là pour
39:47anticiper la décision de tel ou tel, le moment venu le Sénat dira ce qu'il pense. Mais il faut
39:54encore une fois voir que ce point, là vous évoquez tout à fait le cœur du sujet, c'est
39:59politique de réciprocité, c'est-à-dire politique de voisinage. Si j'autorise tel pays à venir sans
40:05visage, il n'y a pas de raison que moi je demande des visages. Enfin, vous voyez, c'est assez simple
40:09à comprendre, mais ce n'est pas si facile à réaliser. Ça passera par une grande discussion
40:15franche et constructive avec les autorités des Comores, pour prendre un exemple.
40:23L'année dernière, je crois qu'on a reconduit, on a intercepté plus exactement, pas forcément
40:29reconduit, mais on a intercepté 25 000 Comoriens en une année dans des coissa-coissa qui venaient
40:36effectivement illégalement sur Mayotte. Et je pense que quoi qu'on fasse, quels que soient les
40:43systèmes de radar, d'organisation qu'on mettra en place, si on ne va pas à un moment donné aider
40:48le pays Comore pour que les gens restent aux Comores, eh bien les gens continueront à aller
40:53vers le soleil.
40:54Vous l'avez rappelé, il y a un différentiel de 1 à 20 pour la Réunion, à la Cascar, tant qu'il y a un différentiel économique important,
41:03quelles que soient les décisions politiques, ça n'empêchera pas et ça n'a jamais empêché les flux,
41:09on le sait depuis 2018, même avant, quelles que soient les différentes lois élaborées depuis
41:16dix ans, ça n'a pas empêché les flux migratoires. Et la Guyane, vous êtes bien placé pour le savoir,
41:21ça ne les a pas empêchés de partir du moyen-rhin pour la Guyane, ça veut dire qu'il y a toute une
41:26organisation, ça n'arrête pas les flux migratoires.
41:29Bien sûr, il n'y a pas que le dialogue avec les autorités politiques de ces pays, il y a aussi
41:36toutes les organisations, y compris les organisations, j'allais dire un peu mafieuses, ou en tous les cas
41:40délinquantes. Moi-même quand j'étais aux Comores et j'ai participé de nuit à une
41:46patrouille de la gendarmerie maritime, enfin des autorités maritimes, et on a vu des quoi-ça quoi-ça
41:51qui arrivaient avec uniquement des enfants que l'on lâche sur la plage et à ce moment-là on ne peut
41:56plus rien faire puisqu'on est tenu par la Convention des droits de l'enfant de San Francisco et donc
42:00vous n'allez pas démolir une barge dans lequel il n'y a que des enfants. Et donc il y a bien quelqu'un
42:06qui a compris qu'il y avait une convention internationale qui, comme par hasard, protégeait
42:10les enfants et donc il y a un commerce derrière tout ça, parce que derrière tout ça il y a de l'argent,
42:14enfin vous voyez ce qui se passe à Calais, enfin on est toujours toujours dans les mêmes
42:18situations autour de cette problématique. Oui justement j'ai une question monsieur Demi, le
42:24sénateur Demi, pour évoquer des chiffres. Le Sénat est le dernier organisme à avoir fourni des chiffres
42:31publics, une estimation du nombre de morts entre Anjouan et Mayotte et c'était un chiffre vraiment
42:40horrible d'ailleurs, je crois c'était dix mille personnes entre l'instauration du visa baladur en
42:441995 et 2000, sauf erreur de ma part. Est-ce que vous disposez depuis cette date de chiffres précis
42:53sur le nombre de victimes de ce bras de mer ? Non à priori non. Ce sont des chiffres d'où personne
43:07doit se vanter, vous imaginez. C'est des estimations peut-être. Etant donné que votre assemblée était la dernière institution à avoir produit des chiffres sur ce sujet et que vous évoquiez des chiffres. Oui, en tout cas le chiffre de 25 mille que je viens d'évoquer c'est celui qui est
43:21souvent évoqué par les autorités et par la presse également. Moi j'ai une autre question, c'est ma
43:28dernière question, concernant justement si les choses, si les préconisations ne sont pas faites,
43:31parce que les constats tout le monde les connaît, c'est un rapport que nos les plus grandes
43:37autorités connaissent, si rien n'est fait à court terme, moyen terme, qu'est-ce qui va se passer sur un plan géostratégique ? On sait que la
43:44Chine appuie très fort actuellement et soutient, il y avait une rencontre en Afrique il n'y a pas très
43:49longtemps, il y a quelques semaines justement, et on a vu le poids des Chinois vis-à-vis des Comores, vis-à-vis de
43:54Madagascar. La Chine appuie très fortement Madagascar par l'argent en fournissant 25 millions de
44:02directs à Madagascar. Si rien n'est fait dans les cinq ans, dans les dix ans, qu'est-ce qui se passe pour cet
44:07espace indien, pour nos territoires ? D'une manière générale ce sera l'influence française qui
44:14diminuera. On a hélas le triste exemple de ce qui s'est passé en Afrique occidentale ces derniers
44:21mois et ces dernières années, où peut-être la France n'a peut-être pas vu le problème dans son
44:28entièreté, elle l'a peut-être vu uniquement sous le plan de la sécurité et pas assez sous celui du
44:32développement. Je rapporte le budget de développement et moi j'ai toujours milité pour que la sécurisation
44:37soit immédiatement suivie du développement. En d'autres termes il fallait qu'au nord Mali, dès
44:42qu'une région était sécurisée, il fallait qu'on rouvre le centre de santé, l'école, qu'on recrée un
44:46petit corps de police, etc. Donc c'est une question après d'influence. Si effectivement nous ne prenons
44:51pas la voie des propositions qui sont faites, sous tous ces angles économiques, vie chère, respect de
44:58la souveraineté, aide de l'Europe, qui est quand même concernée directement, on peut imaginer que
45:04des puissances telles que la Chine, qui lorgne évidemment sur tout espace dont elle pressent
45:12qu'il s'affaiblit, mais d'autres peuvent aussi intervenir. On voit des puissances maintenant
45:19d'importance moyenne. Regardez le rôle de la Turquie en Afrique, etc. On voit bien que toutes
45:25ces puissances n'attendent qu'une seule chose, c'est que la France tourne les talons. Et donc
45:29il y a mille manières, mille manières de déstabiliser, d'affaiblir la France. Moi j'ai dit tout à l'heure
45:36en séance, à la Guyane il n'y a pas de revendication, j'allais dire, de souveraineté, mais le fait de
45:43s'approprier les ressources orifères ou bien les ressources halieutiques, c'est une manière de
45:47prendre une partie de votre souveraineté. Donc vous voyez, il faut que l'ordre soit établi, que
45:53les règles soient, que si possible vos voisins reconnaissent votre souveraineté, mais que
45:57l'on donne les moyens. Moi ce qui me frappe toujours, c'est cette disparité qu'il y a
46:03entre les déclarations officielles. Encore une fois, France, puissance de l'Indo-Pacifique, c'est
46:07fort ça. Moi j'ai dit en termes de défense, si on avait été jusqu'au bout depuis des années et du
46:12temps on avait des sous, il lui fallut qu'il y ait trois ports de guerre en France, qui est Brest, Toulon
46:17et Nouméa. Ça, ça voulait dire qu'on était puissance de l'Indo-Pacifique. Pour l'instant ce n'est pas
46:22exactement le cas. Et même si la loi de programmation militaire que j'ai eu l'honneur de rapporter dans
46:26cette maison apporte des moyens supplémentaires, mais ils sont totalement disproportionnés par
46:30rapport aux missions que nous avons à faire. Lutte contre la drogue, on n'a pas parlé de tous ces
46:35sujets, on pourrait les ajouter, parce que tout ça malheureusement vient perturber un peu les
46:40économies de tous ces pays. Et je pense effectivement que la conséquence, il faut la regarder en face,
46:45on sera, je n'allais pas dire on se fera sortir, ce serait une expression qui serait un petit peu
46:49malencontreuse, mais en tous les cas notre influence diminuera. Or c'est bien ce à quoi la France est
46:54confrontée sur différents fronts du monde. Et l'exemple de l'Afrique parle de lui-même pour tout
47:01un tas de raisons dont nous sommes collectivement tous responsables. Ce n'est pas tel ou tel qui est
47:05à l'origine de ça. Je pense qu'il fallait assurer la sécurité, mais je pense qu'il vaut mieux
47:10coordonner le développement et le soutien. C'est ce qu'on préconise aussi, ce que tu dis toi-même
47:15dans les moyens. Ce sont des populations pauvres et elles payent encore plus cher que ce que nous
47:21payons nous ici. Il y a quelque part un dysfonctionnement qui n'échappe à personne.
47:26On a une question en ligne. Anne Perzot du journal de Mayotte,
47:30vous pouvez allumer votre micro et poser votre question.
47:32Oui, est-ce que vous m'entendez ? Très bien.
47:37Ok, donc j'ai bien entendu que c'est vraiment super que Mayotte représente une si grosse
47:45part de votre rapport. C'est une première même. On parle de l'ambiguïté du Président
47:51Comorien lorsqu'il vient chercher des subsides auprès du Président français,
47:55mais les ressources pétrolières aux Comores sont aussi un enjeu fort et qui peut expliquer
48:02aussi l'ambiguïté de la France qui ne tranche pas sur la question parce qu'on sait que la Chine
48:07justement est derrière et s'intéresse elle aussi à ces réserves-là. Vous parliez des réserves
48:12halieutiques, mais on peut aussi se rejoindre. Et donc du coup, jusqu'où ? C'est un point de non-retour
48:18puisque la reconnaissance de Mayotte française au sein de la CEQI est un enjeu majeur pour son
48:25développement général. On vous a perdu sur la fin de votre intervention.
48:32Désolée, est-ce que vous avez compris l'expression de ma question ? On a besoin de cette reconnaissance
48:40de Mayotte, l'ambiguïté de ses ressources pétrolières et en fait l'appartenance de Mayotte
48:51française à la CEI est quand même la condition sine qua non du développement et de l'ancrage
48:55régional de Mayotte. Je pense qu'effectivement c'est un petit peu le sens de nos réflexions.
49:05Bon alors, cette allusion que vous faites effectivement à des ressources pétrolières
49:11et qui perturbe beaucoup d'une manière générale les relations internationales doit être pris aussi
49:15en compte. Nous ce que l'on cherche, ce que l'on préconise, enfin je pense interpréter ce qu'ont
49:21écrit les rapporteurs, c'est plus de cohérence dans notre politique de voisinage en tenant compte
49:31de tout cela. Quand il y a des ressources pétrolières, je ne sais pas dans quelle mesure
49:36la France s'y est intéressée, mais en récemment Total doit regarder ça de près j'imagine et Total
49:43a une politique étrangère à lui seul, donc on n'est pas là pour faire des préconisations. Mais
49:50si vous voulez, le rôle d'un gouvernement, le rôle d'un pays tel que la France, c'est de prendre
49:55en compte tous ces éléments et de faire en sorte que les problèmes de souveraineté l'emportent
50:01et que soit reconnu vis-à-vis des voisins le fait que la France est souveraine au Comore par une
50:07volonté démocratique qui s'est manifestée à plusieurs reprises parce que tout ça ne date pas
50:12d'hier comme ça, ce n'est pas une lubie de tel ou tel responsable d'état. A partir du moment où
50:16les Comoriens ont manifesté leur volonté de rester français, c'est une volonté démocratique et nous
50:24fonctionnons selon les principes de la démocratie. Maintenant qu'il y ait des intérêts économiques
50:28ou toutes sortes, nous ce que nous souhaitons par exemple, c'est vis-à-vis des responsables
50:37politiques des Comores, que lorsqu'ils viennent à Paris, on les entende y compris pour les besoins
50:42d'aide car ils ont besoin d'aide aussi bien sûr, car si on pouvait vivre de manière très aisée au
50:47Comore, peut-être qu'il y aurait moins de flux vers Mayotte, mais on souhaite qu'il n'y ait pas
50:54de langage et de discours. Mais j'applique ce raisonnement à tout le monde, quand on voit que
51:00la Chine tente de nous déstabiliser, quand on reçoit le président Xi Jinping à Paris, j'aimerais que
51:04cet élément soit aussi, fasse partie des discussions et qu'on ne parle pas uniquement
51:08des échanges entre nos deux pays, mais nos deux pays comprennent aussi l'outre-mer.
51:13Merci de nous avoir suivis depuis Mayotte.
51:21Merci.
51:24Alors une dernière question peut-être ?
51:26Donc au point 13 du projet, vous parlez d'affirmer le rôle des chefs de file du département de Mayotte,
51:38j'imagine que ça s'applique aussi aux autres chefs de file des collectivités. Concrètement,
51:44qu'est-ce que vous prévoyez ? Ça fait flou comme formulation.
51:49Alors le rapporteur Stéphane. Oui, en fait on préconise effectivement que Paris ne se mêle pas
51:58systématiquement des relations bilatérales qui sont enclenchées directement depuis Mayotte.
52:04J'avais cité je crois tout à l'heure un exemple, j'ai vu passer un accord entre Mayotte et
52:10par exemple Madagascar, en tout cas une région de Madagascar, pour importer du fourrage et de
52:15l'aliment pour bétail maorais. Je ne vois pas l'intérêt effectivement de faire un aller-retour
52:21systématique par Paris pour pouvoir donc négocier et signer ce genre d'accord. Ce que nous disons
52:26dans le rapport, c'est qu'effectivement il faut qu'il y ait un petit peu plus d'autonomie dans
52:30les accords bilatéraux qui sont souhaités par les autorités maoraises sans avoir à attendre
52:36entre guillemets une signature et un feu vert parisien. Je pense que vous allez retrouver cette
52:43préconisation dans l'ensemble des trois rapports parce que partout nous souhaitons plus d'autonomie,
52:47renforcer les autonomies, donner à la classe politique locale, aux élites et aux populations
52:56d'une manière générale, plutôt que ces passages par Paris qui ne font que ralentir et qui donnent
53:02bien souvent des leviers de décision à des gens qui n'y ont jamais été ou qui y passent de temps
53:08à autre une fois tous les ans ou tous les deux ans. Or les gens qui vivent là-bas sur place sont
53:12certainement... Allez on va prendre une dernière question. On vous avait dit non mais allez je...
53:18Ayant l'horloge à disposition, une dernière question. Merci beaucoup. Alors en fait ma
53:28question c'était par rapport à tout ce qui était l'autonomie. On constate un vieillissement de la
53:34population dans les Outre-mer avec les jeunes qui partent la plupart du temps sur Paris pour
53:40leurs études. Est-ce qu'il y a une place dans votre rapport pour l'insertion au travail de ces
53:45jeunes dans leur territoire ? C'est une des préconisations, je crois ? Je ne sais pas.
53:51Mais à Mayotte c'est pas le cas. Oui, c'est ce que je voulais dire.
53:58Oui, en Martinique et en Guadeloupe, on peut parler de vieillissement de la population. Mais à Mayotte et même à la Réunion, on n'en parle pas du tout.
54:05Pour vous donner un chiffre, mais vous le savez probablement, nous avons été visités à la maternité de Mayotte.
54:18Il y a dix mille naissances par an. C'est la plus grande maternité de France.
54:23D'Europe. Oui, peut-être d'Europe. Moi j'avais, en tant qu'ancien maire, j'avais d'ailleurs noté une
54:30phrase qui avait été dite, c'est chaque jour il y a la création d'une classe de 30 élèves.
54:35Voilà. Par les naissances, voilà. Donc le problématique du vieillissement n'est pas un problématique maoraise.
54:41Non, mais moi, pour préciser si vous voulez, je pense que votre question, elle est dans le droit fil de ce rapport.
54:49C'est-à-dire, moins on donne d'espérance aux jeunes d'une manière générale, mais on le verra peut-être aussi dans d'autres, dans d'autres
54:57Outre-mer, moins on donne d'espérance. Naturellement, un jeune qui a devant lui la vie, qui n'a pas toujours les
55:04moyens, mais finit par les trouver, il va essayer d'aller, il va quitter le territoire, il va essayer de rejoindre celui qui
55:11l'apprécie le mieux parce que c'était sa langue, etc. Donc il va tenter de venir en France ou à Paris. Et on ne peut pas
55:21s'ériger contre ça, mais on préférerait effectivement que des élites de ces pays, à tous les niveaux, universitaires, mais
55:30aussi enseignement professionnel, etc., puissent rester sur place. Or, pour rester sur place, il faut qu'il y ait un espoir, un peu
55:37d'espérance. Vous savez, regardez les statistiques de tous ces malheureux que l'on trouve dans les bateaux de migrants, y compris dans la
55:46traversée vers la Grande-Bretagne, etc. On voit parfois des... Moi, j'ai été frappé lorsqu'il y avait eu ce... Comment s'appelait ce bateau-là
55:57qui a erré pendant des années, pendant des mois et des mois en Méditerranée et que tous les pays se repoussaient ? Et le président de la
56:03République, en réponse à une interpellation dans une visite d'État dont je ne me souviens plus la nature, on lui avait dit « Mais enfin, comment se fait-il
56:11que vous n'avez pas accueilli, etc. » Il dit « Écoutez, dans ce bateau, dont le nom vous dit quelque chose, si le souvenir me revient, il y avait
56:19par exemple un pourcentage très important de jeunes Algériens ». Bon, l'Algérie est un pays quand même qui a des ressources, mais parce que ce sont des
56:27jeunes qui ne trouvent pas dans leur pays l'espérance pour se développer, construire une famille, créer une entreprise, etc. Et c'est souvent comme ça que les
56:34problèmes naissent. Alors après, c'est un problème d'appréciation, mais l'immigration, elle est souvent mobilisée, bien sûr, par la pauvreté, par le défaut
56:46des soins, de la formation, etc. Vous savez, je plaide beaucoup en tant que rapporteur de l'aide au développement pour que ces trois priorités que sont la santé,
56:59l'enseignement et la sécurité puissent être de prime abord assurées. Moi, je veux bien qu'on fasse d'énormes efforts pour qu'ils fassent des efforts en faveur de
57:08l'environnement, mais ce n'est quand même pas eux qui ont mis la planète dans l'état où elle se trouve à l'heure actuelle. Donc je pense qu'il faut donner de
57:14l'espérance à ces gens de pouvoir manger, c'est-à-dire développer leur agriculture, pouvoir se soigner, pouvoir se former et former leurs enfants.
57:22Mais ça, je vous assure que si on arrivait les uns et les autres à ça, je pense qu'on arriverait à redonner un peu d'espérance à des gens... Vous savez, c'est pas très,
57:30très agréable. Est-ce que nous-mêmes, vous nous voyez partir... Je pose souvent la question à l'envers en disant est-ce que nous-mêmes, on accepterait de partir au Mali,
57:39au Burkina, etc. Ça doit pas être une joie formidable. Et ce sont des populations qui partent parce qu'elles ont la nécessité de partir. Alors ceci étant,
57:50après, ce sont des politiques d'immigration qui doivent être contrôlées, bien évidemment. Mais au départ, je pense qu'il vaut mieux répondre comme les propositions
57:58que l'on fait. Et d'autres suivront pour que, localement, ces gens puissent éviter la vie chère, par exemple. Cette histoire de la vie chère, elle est revenue constamment
58:10dans les interventions. Les gens se disent « Écoutez, si en plus, on est plus pauvres qu'en métropole et qu'on doit payer plus cher la vie, il y a quelque chose qui va pas, quoi ».
58:18Voilà donc pour cette conférence de presse consacrée au territoire ultramarin. Vous l'avez entendu, les sénateurs ont formulé plusieurs propositions pour mieux prendre en compte
58:26les problématiques spécifiques à chaque territoire. Ils appellent notamment à une meilleure intégration dans leur environnement régional.
58:34Voilà, c'est la fin de cette émission. Merci de l'avoir suivie. Restez avec nous. La formation politique continue sur notre antenne.

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