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  • 29/02/2024
Le ministre de la Justice était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 29 février 2024.

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News
Transcription
00:00 Bonjour Eric Dupond-Moretti.
00:02 Bonjour Madame.
00:03 C'est historique, les sénateurs ont voté pour l'inscription dans la Constitution
00:07 de la liberté garantie pour les femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse.
00:12 Votant 339, exprimé 317 pour 267, contre 50, le Sénat a adopté.
00:21 Applaudissements, c'est vous qui étiez sur le banc des ministres hier au Sénat pour défendre le texte.
00:27 Plus de trois heures de débat. Qu'est-ce que vous avez envie de dire aux femmes qui nous écoutent, qui nous regardent ce matin ?
00:34 J'ai envie de dire enfin. Enfin cette liberté fondamentale pour les femmes de disposer de leur corps va entrer dans notre Constitution.
00:44 Les femmes sont libres. Il était important que les deux assemblées le disent.
00:51 Et nous allons nous retrouver, vous le savez, lundi au Congrès à Versailles.
00:56 Il y avait une réticence de la droite au Sénat.
00:58 Depuis plusieurs semaines, Gérard Larcher, le président du Sénat, l'avait fait savoir ici même sur ce plateau, ce feu vert du Sénat.
01:05 C'est un soulagement pour le gouvernement ?
01:07 Oui, mais en même temps, moi je veux remercier le président Larcher pour sa franchise.
01:12 Parce que vous savez, sur ces textes, en réalité, on ne peut pas forcer les gens et il faut respecter toutes les convictions.
01:20 Le président Larcher, il a dit deux choses.
01:22 Je suis évidemment favorable à l'interruption volontaire de grossesse.
01:26 J'estime qu'il n'était pas utile de l'inscrire dans la Constitution.
01:30 Je pense le contraire, bien sûr.
01:32 Mais moi, je le remercie pour sa franchise.
01:34 Et puis, ça m'a permis, au fond, de discuter encore davantage avec les sénateurs que j'ai contactés pour les convaincre.
01:43 Pour les convaincre avec des arguments de droit qui ont fini, bien sûr, par l'emporter.
01:48 Et qu'est-ce que vous leur avez dit pour les convaincre, pour en faire changer d'avis ?
01:52 Par exemple, que la liberté de conscience des médecins, des sages-femmes, était déjà garantie par une décision du Conseil constitutionnel.
02:01 Mais qu'en revanche, l'interruption volontaire de grossesse ne l'était pas.
02:05 Et donc, qu'il convenait, qu'il était indispensable d'inscrire ça dans la Constitution.
02:11 Et puis, il y a d'autres arguments. Il y a la crainte que nous avons que ce droit, cette liberté, soit discutée demain, par d'autres, plus tard.
02:23 L'IVG n'est pas menacée, c'est ce que disait Gérard Larcher ou Bruno Retailleau, le patron du groupe LR au Sénat.
02:29 Il faut-il attendre que l'IVG soit menacée pour réagir ?
02:32 Moi, je préfère anticiper. Lorsque le président Chirac a souhaité que, dans notre Constitution, on place l'abolition de la peine de mort, était-elle à l'époque menacée ?
02:46 Oui, il faut anticiper ces choses. Il est trop tard si jamais certains avaient envie de toucher à l'IVG.
02:53 Je veux quand même vous rappeler qu'il y a les États-Unis.
02:56 Alors, vous me direz, c'est loin, c'est outre-Atlantique, vous avez raison, mais il y a également la Hongrie.
03:03 En Hongrie, on contraint les femmes à entendre les battements de cœur du foetus qu'elles portent pour les dissuader d'avorter.
03:11 Il y a aussi la Pologne.
03:13 Et ce texte, pardon, cette introduction de la liberté garantie, ça empêche ce type d'évolution législative, par exemple ?
03:20 Aujourd'hui, une majorité parlementaire qui souhaiterait abroger la loi Veil...
03:27 Qui souhaiterait, par exemple, aller vers les cas que vous évoquiez, en Hongrie ou en Pologne, ça rend impossible ce type d'évolution ?
03:35 Alors, attendez. D'abord, le droit actuel. Aujourd'hui, l'avortement, c'est la loi Veil. Tout le monde le sait.
03:41 Demain, une majorité peut dire, penser, que la loi Veil doit être abrogée, et elle peut le faire, j'allais dire, normalement, avec une majorité simple.
03:55 Ici, la Constitution protège évidemment cette liberté, liberté garantie à la femme.
04:02 Ce mot, il est très important, d'ailleurs.
04:04 Ah, il est essentiel.
04:05 C'est celui sur lequel la droite a tiqué, justement, liberté garantie, avec cette crainte que ce soit un droit opposable, illimité, sans condition.
04:13 Est-ce qu'en inscrivant la liberté garantie dans la Constitution, les conditions du recours à l'IVG peuvent changer ?
04:22 Ou alors, ce sera forcément dans l'état actuel des choses ?
04:25 Une modification drastique, en termes de délai, par exemple. Imaginons qu'une majorité veuille permettre l'avortement jusqu'à 8 mois et demi. Ce ne serait pas possible.
04:37 Une modification drastique, aujourd'hui, quand le Congrès aura voté, ne serait pas possible.
04:44 Et par ailleurs, l'abrogation du texte de la loi Veil ne sera pas possible davantage.
04:50 Est-ce que je me mets à la place d'une femme qui a envie d'avorter, au-delà du délai qui est autorisé aujourd'hui en France ?
04:56 Elle ne pourra pas aller en justice pour dire "attendez, dans la Constitution, c'est une liberté garantie, donc je peux le faire quand je veux, en fait".
05:04 Non, mais pas du tout. Liberté garantie, ça ne veut pas dire que l'on puisse s'affranchir de la loi.
05:09 La loi Veil, il y a quelques modifications. Vous savez, en termes de délai, on est passé de 12 semaines à 14 semaines.
05:17 Mais on ne peut pas s'affranchir de cela. Mais ce que signifie le mot "garantie" ?
05:22 Ce n'est pas un droit opposable. Et d'ailleurs, ce n'est pas que l'avis de votre serviteur, c'est l'avis du Conseil d'État.
05:28 Il y a un avis qui est très clair sur la question. Alors, on a débattu, évidemment, au Sénat.
05:33 Il y a un certain nombre de grands juristes au Sénat qui se sont opposés au texte.
05:38 Nous avons débattu de cela. Nous avons relu l'avis du Conseil d'État. Ce que signifiera l'entrée de cette liberté garantie dans la Constitution,
05:48 c'est qu'on ne peut plus toucher à la loi Veil et qu'on ne pourra pas drastiquement modifier les règles qui président d'ores et déjà.
05:56 Ce qui est intéressant dans les arguments que vous avez évoqués pour faire passer ce texte, c'est que, en l'état actuel des choses,
06:02 l'IVG n'est pas menacé, mais il pourrait l'être. Vous avez donné l'exemple de plusieurs pays autour de nous,
06:06 que ce soit la Pologne, la Hongrie, les États-Unis, mais vous avez donné un autre argument aussi, un exemple en France,
06:12 signal d'une menace possible sur l'IVG. Écoutez.
06:16 « Si je veux bien concéder que l'IVG ne soit pas immédiatement menacée dans notre pays,
06:23 je recruelle que ce n'est pas sur Fox News, mais bel et bien en France, sur une chaîne française,
06:33 qu'avant-hier encore, on associait le nombre d'avortements au nombre de morts du cancer et de morts liées au tabac. »
06:43 Cette erreur de CNews pour laquelle les dirigeants de Canal se sont excusés, revêt pour vous une vraie menace, au fond ?
06:50 « Bah, une erreur, je vous trouve un peu complaisante. »
06:54 « Vous n'y croyez pas ? »
06:55 « Ils parlent d'erreur. »
06:56 « C'est eux qui parlent d'erreur. »
06:57 « Je ne crois pas. D'ailleurs, vous voyez, je ne fais aucun lien entre cette chaîne et l'intervention de M. Ravier,
07:04 sénateur actuellement, zémouriste, qui vient de sortir de l'écurie de Marine Le Pen,
07:10 et qui nous explique qu'il ne faut surtout pas voter le texte, et à l'évidence, il est contre l'avortement. »
07:14 « Il l'a dit, parce que c'est important de le rappeler, vous panthéonisez l'avortement. »
07:18 « Oui, oui. Et moi, je lui ai répondu, vous voyez, certains disent qu'il n'y a pas de menace,
07:22 mais vous êtes en chair et en os l'illustration de ce qu'il y a des menaces. »
07:26 « Il y a donc des gens en France qui veulent remettre en cause l'avortement. »
07:29 « Oui, bien sûr. »
07:30 « Et ils sont soit politiques, soit dans les médias, pour vous. »
07:33 « Mais ils sont politiques dans les médias et en dehors, dans la société civile.
07:40 Enfin, il y a un certain nombre d'étiquettes qui sont distribuées, apposées sur les véhicules.
07:45 Vous avez peut-être déjà vu ou reçu ou subi ce genre de publicité que font... »
07:52 « Des campagnes anti-avortement. »
07:53 « Mais minoritaires, en tout cas, si on en croit les sondages. »
07:55 « Oui, mais d'accord, monsieur. Mais les minorités peuvent devenir parfois des majorités. »
08:00 « Et on t'a entendu aussi que Marine Le Pen continue de dire qu'il n'est pas question, pour le Rassemblement national,
08:04 de revenir sur la loi Veil s'il devait arriver au pouvoir. »
08:07 « Oui, mais Marine Le Pen, vous voyez, sur tous les sujets, on va en évoquer un certain nombre,
08:11 elle change d'avis tous les six mois. Elle avait parlé, s'agissant de l'avortement, d'avortement de confort. »
08:17 « En 2012. »
08:18 « Oui, oui, en 2012. Mais enfin, ce sont des mots qu'il faut quand même sortir et qu'il faut ensuite assumer.
08:23 Après, on passe l'éponge magique, on oublie tout et on change d'avis. »
08:27 « Mais dans plein de domaines, j'ai plein d'exemples à vous fournir. »
08:31 « Le problème, vous voyez, pour moi, c'est que la rapidité de l'information nous interdit parfois la mémoire. »
08:40 « Donc oui, immédiatement, l'avortement n'est pas menacé, mais il ne faudrait pas qu'il le soit, car ce serait trop tard. »
08:51 « Et nous avons bien fait d'agir. »
08:53 Éric Dupond-Moretti, on vous retrouve juste après le Fil Info. Il est 8h42 sur France Info. Valentine Letezze.
08:58 Le village olympique, c'est un chef-d'œuvre de l'industrie française, de la construction, de la vie de celui qui a piloté le chantier en Seine-Saint-Denis.
09:06 Nicolas Ferrand, invité de France Info, remet les clés ce midi au cours de l'inauguration en présence d'Emmanuel Macron.
09:13 Les données d'au moins 300 000 patients de l'hôpital d'Armentière sont en ligne sur le Dark Web.
09:19 Les auteurs de la cyberattaque d'il y a deux semaines affirment en avoir volé le triple.
09:23 La liberté dans le monde recule d'après le rapport annuel de l'organisation Freedom House.
09:28 Les droits politiques et les libertés civiles ont reculé dans 52 États l'an passé. Seuls 21 pays ont connu une amélioration.
09:35 C'est le plus vieux président en exercice de l'histoire américaine, mais Joe Biden, 81 ans, est apte, selon son médecin, à exercer ses fonctions.
09:47 France Info.
09:49 Le 8.30, France Info. Jérôme Chapuis, Salia Braklia.
09:53 Toujours avec le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Vous nous avez dit, en première partie de cet entretien,
09:58 avoir appelé personnellement chacun des sénateurs de droite pour les convaincre de voter pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
10:06 Ça a été laborieux ?
10:08 Pas chaque sénateur, mais beaucoup de sénateurs.
10:13 Ceux qui doutaient ?
10:14 Oui, c'est vrai. Et ça fait partie de la mission qui m'avait été confiée, figurez-vous, par le président de la République,
10:19 et que j'ai essayé de conduire à son terme. Le président m'avait dit "On regarde les initiatives parlementaires,
10:25 et quand nous sommes prêts, nous allons vers la constitutionnalisation. C'est le Congrès qui se tiendra lundi."
10:32 Alors, quels étaient les enjeux, quelles étaient les difficultés ? Il y avait un texte voté par l'Assemblée nationale,
10:39 un texte voté par le Sénat. Ce n'étaient pas les mêmes textes. Ils allaient dans le même sens, mais ce n'étaient pas les mêmes textes.
10:45 Or, vous savez que, pour une révision constitutionnelle, il faut évidemment que les deux assemblées votent rigoureusement dans les mêmes termes.
10:53 Donc, le gouvernement a préparé une version de compromis, parce que c'est transpartisan, parce que c'est une co-construction.
11:03 Donc, on parlait de droit à l'Assemblée, on parlait de liberté au Sénat, vous avez fait liberté garantie.
11:08 Par exemple, il y avait aussi une divergence sur l'endroit où l'on pouvait placer ce texte dans la constitution.
11:15 Les sénateurs disaient l'article 34, le gouvernement a fini par dire "Oui, l'article 34."
11:20 Donc, il a fallu convaincre les députés également que c'était la bonne place, etc.
11:24 – La question de la place compte. – Ah oui, bien sûr.
11:27 – Le Sénat, c'est une chambre qui est composée aux deux tiers d'hommes. Ça a compté, ça aussi, dans ce débat ?
11:34 – Écoutez, j'ai vu que très largement, le Sénat avait adopté. Vous savez, je pense que ce texte,
11:43 beaucoup de féministes se sont investis dans ce texte. Et moi, je veux ici les en remercier.
11:49 Mais il y a aussi des hommes qui sont sensibles à la liberté de la femme.
11:54 – Je vous pose la question parce qu'on a entendu des sénatrices dire, nous, on a vu des sénateurs convaincus
11:58 par leurs compagnes, leurs épouses, leurs filles. Vous avez été témoin de ça ?
12:02 – Oui, je l'ai entendu, ce propos. Moi, je note que pour une assemblée majoritairement composée d'hommes,
12:08 avez-vous dit, eh bien, elle a voté vers la constitutionnalisation.
12:13 Je pense qu'on peut être un homme et qu'on peut être sensible à la liberté des femmes.
12:17 – Sur la question de la droite particulièrement, à votre place, hier,
12:20 Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, disait, sur certains combats comme celui-là,
12:26 ou comme celui du mariage pour tous, à droite, on a été en retard, on n'a pas suivi l'évolution.
12:32 C'est votre constat, vous aussi ?
12:33 – Non, et moi, je n'ai pas voulu être le procureur d'un procès en ringardise instruit contre le Sénat.
12:41 D'ailleurs, c'est une anecdote, mais il y a très très longtemps de ça, au moment de la loi Veil, de son élaboration,
12:48 le Sénat est allé plus loin que l'Assemblée nationale.
12:51 Et puis voilà, moi, je vois comment le Sénat a voté, je m'en réjouis.
12:56 Je pense que hier, c'était une journée historique, sans galvauder les mots,
13:01 que dans ce compromis, dans cette volonté transpartisane,
13:06 eh bien, nous avons réussi à faire quelque chose qui est…
13:10 Vous savez qu'on sera le seul pays au monde…
13:13 – Historique, ce sera le cas du Congrès qui va se réunir lundi.
13:17 – C'est la vocation universelle de la France, et ça n'est pas rien.
13:21 – Ce Congrès, lundi, c'est une formalité, selon vous ?
13:25 – Moi, je ne m'exprimerai pas comme ça, je suis très respectueux de nos institutions.
13:29 Écoutez, on ne va pas dire que c'est une formalité, mais enfin, si l'on regarde les chiffres,
13:35 les votes tels qu'ils se sont exprimés à l'Assemblée, tels qu'ils se sont exprimés au Sénat,
13:40 il nous faut trois cinquièmes, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de difficultés.
13:45 Mais je ne peux pas souscrire à votre mot par prudence, voilà, mais j'espère évidemment…
13:51 – Une fois voté lundi…
13:53 – J'espère de tout mon cœur, bien sûr, que lundi, le Congrès se sera exprimé
13:57 dans le sens que vous imaginez.
13:59 – Il y aura un moment un peu solennel, vous êtes le garde des Sceaux,
14:01 on dit que le sceau de la France, de la République française va être apposé,
14:06 vous serez là à ce moment-là, j'imagine ?
14:08 – Il y a 15 ans qu'on n'a pas touché à la Constitution, et on le fait pour la liberté des femmes,
14:12 je trouve qu'il y a du symbole, mais il n'y a pas que du symbole,
14:15 il y a aussi une véritable garantie de droit, on entre ça dans notre Constitution,
14:22 ça n'a pas été fait au forceps, ça a été fait dans la co-construction.
14:25 – Mais on se rappelle aussi, Éric Dupond-Moretti, on se rappelle aussi
14:27 de ce qu'avait dit le président Larcher sur ce plateau,
14:30 la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux,
14:33 est-ce qu'on n'a pas ouvert la boîte de Pandore sur d'autres droits
14:36 qui pourraient, selon les demandes, entrer dans la Constitution ?
14:39 – Mais hier avec… – Le droit à l'eau, le droit au logement…
14:42 – Hier, avec infiniment de respect, j'ai répondu au président Larcher,
14:45 qui présidait d'ailleurs la séance, pour lui dire,
14:49 vous me concéderez tout de même qu'un certain nombre de libertés,
14:53 qu'un certain nombre de droits sont dans notre Constitution.
14:57 Donc ça n'est peut-être pas un catalogue, bien sûr que la Constitution n'est pas un catalogue,
15:02 mais c'est la loi suprême, et dans cette loi suprême,
15:05 on y retrouve des libertés fondamentales.
15:07 – Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, les féministes,
15:11 et pas seulement vous, saluent cette évolution sur l'avortement,
15:14 en revanche ce n'est pas forcément le cas.
15:16 Sur une autre question importante, la question du viol,
15:19 l'Union européenne a finalement renoncé il y a quelques jours à une définition communautaire du viol.
15:24 La proposition de la Commission, c'était de caractériser le viol
15:27 par l'absence de consentement de la victime,
15:31 mais la France et plusieurs pays se sont opposés, vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
15:36 – Oui, bien sûr, pour des raisons de droit, de technique juridique.
15:43 La Commission avait proposé une directive tendante à une définition,
15:47 à obtenir une définition européenne du viol.
15:51 Nous nous pensions que pour des raisons juridiques sur lesquelles je ne veux pas m'étendre,
15:56 c'était risquer en réalité une censure de la Cour de justice de l'Union européenne.
16:03 Donc nous avons dit, mais si la Cour de justice de l'Union européenne sanctionne cette directive,
16:08 alors nous allons reculer. Par ailleurs…
16:11 – Mais vous entendez ce que vous dites, Éric Dupond-Moretti,
16:13 quand on sait qu'il y a une femme sur 20 qui est victime de viol en Europe,
16:17 dire qu'on n'y est pas allé pour des questions purement juridiques,
16:20 est-ce que ça ne vous donne pas un aspect déconnecté des préoccupations des femmes, des victimes ?
16:26 – Mais madame, la France est le pays qui sanctionne le plus sévèrement le viol.
16:31 On va de 15 ans à la réclusion criminelle à perpétuité.
16:34 En Espagne par exemple, qui est un pays dont on sait qu'il est très attaché aux droits des femmes,
16:39 très curseur, oui, le maximum de la peine c'est 12 ans.
16:42 Et par ailleurs, le consentement, on le retrouve dans le code pénal,
16:45 le consentement c'est les violences, la contrainte, la surprise,
16:50 ce qui est à l'évidence la démonstration de ce que le consentement n'est pas au rendez-vous.
16:54 Je veux dire que ce qui me choque beaucoup, c'est l'exploitation politicienne qui a été faite de ça.
16:59 – C'est-à-dire ?
17:00 – Monsieur Glucksmann, madame Manon de Ellefi qui est allée raconter que…
17:05 – Manon Aubry.
17:06 – Pardon ?
17:07 – Manon Aubry.
17:08 – Ah oui, pardon, j'appelle par son prénom, oui. Un excès de sympathie.
17:11 – Mais Raphaël Glucksmann a un nom aussi.
17:13 – Oui, mais attendez, qui sont allés raconter partout que le président de la République a brogé le viol.
17:20 C'est lunaire.
17:21 Ça a d'ailleurs beaucoup inquiété un certain nombre de femmes, et légitimement d'ailleurs.
17:26 – Donc la définition du viol aujourd'hui, elle est appropriée en France ?
17:30 – Alors, moi je ne suis pas fermé à une réflexion sur cette question.
17:36 Vous savez, moi, tout ce qui est susceptible de protéger davantage les femmes,
17:39 je pense que je l'ai démontré depuis que je suis ministre,
17:42 je rappelle que le président de la République a fait de cette cause-là,
17:46 la lutte contre les violences faites aux femmes, une grande cause du quinquennat.
17:50 Madame, on y est prêt.
17:51 Mais franchement, dire que nous avons abrogé le viol, que nous ne souhaitons pas le sanctionner,
17:59 franchement, c'est une entrée en matière pour monsieur Raphaël Glucksmann
18:02 qui est absolument surréaliste, et je le dis assez scandaleuse.
18:08 J'ajoute que d'autres pays sont sur la même position, et vous l'avez rappelé,
18:14 je vous en remercie que nous.
18:16 – Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice,
18:18 on vous retrouve juste après le fil, info 8h51, Valentine Lattès.
18:21 [Générique]
18:22 – L'inflation ralentit en France, l'Inselle estime à 2,9% sur un an cette fin février,
18:29 mais elle a nettement augmenté sur le mois.
18:31 Les prix ont grimpé de 0,8% à cause de la hausse des loyers, notamment, et des transports.
18:37 Ainsi que ceux de l'énergie.
18:39 Dans 10 minutes, début de l'audience de Judith Gaudrech au Sénat.
18:43 L'idée, explique sur France Info la sénatrice Laurence Rossignol,
18:46 c'est de prolonger son propos.
18:48 Depuis ses plaintes pour viol sur mineurs contre deux cinéastes,
18:51 l'actrice est devenue une figure de la lutte contre ces violences.
18:54 La guerre en Ukraine risque de s'exporter en Transnistrie.
18:58 Les autorités de cette région séparatiste pro-russe de Moldavie
19:01 ont demandé hier la protection de Moscou.
19:04 Valenciennes, deuxième qualifiée pour les demi-finales de la Coupe de France de foot
19:08 après sa victoire au tir au but hier soir contre Rouen.
19:11 Ce soir, le Puy-en-Vlay, club de National 2, affronte le Stade Rennais pensionnaire de la Ligue 1
19:16 pour une place dans le dernier carré.
19:18 Et Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, informations judiciaires.
19:31 Une information judiciaire vise l'ancien journaliste Patrick Poivre-Darvor.
19:34 Deux viols et une agression sexuelle dénoncées par trois femmes différentes ont été retenues.
19:38 Les plaintes ou témoignages de 19 autres femmes ont été classées pour prescription.
19:42 On ne va pas vous demander, évidemment, de vous prononcer sur le fond de l'affaire,
19:45 mais sur le principe.
19:46 Est-ce que la reconnaissance du caractère sériel des actes permettrait de contourner la prescription ?
19:54 C'est déjà ce que j'ai mis en place dans un texte que j'ai porté.
19:59 Texte dont l'initiative revient à madame la sénatrice Billon.
20:05 Et là, on s'est dit, mais enfin, vous avez cinq faits qui ont été commis.
20:13 Un seul n'est pas prescrit.
20:17 Tous les autres le sont.
20:20 Est-ce qu'il est normal de ne pas traiter les victimes de la même façon ?
20:23 Mais ça, c'est pour les mineurs, il faut le dire.
20:25 Eh bien, je ne suis pas opposé à une réflexion sur cette question.
20:28 C'est pour les adultes, pour les majeurs.
20:30 Je n'y suis pas opposé.
20:31 Mais ce n'est pas la même question que l'imprescriptibilité.
20:35 Car je veux vous dire que pendant l'examen de ce texte Billon, j'ai reçu beaucoup d'associations.
20:44 Et un certain nombre de femmes m'ont dit, nous, nous souhaitons conserver la prescription
20:49 parce que nous souhaitons parler, mais on ne veut pas du procès.
20:52 Et ça s'entend humainement.
20:54 Et par ailleurs, il y a un problème probatoire.
20:58 Que reste-t-il comme preuve si vous amenez devant la juridiction, correctionnelle ou criminelle,
21:05 un type qui a 95 ans ?
21:08 Que reste-t-il comme preuve ?
21:10 Et ça va être déceptif.
21:12 Moi, je pense aussi qu'il faut bien sûr protéger les femmes.
21:15 Et il faut que la justice soit au rendez-vous de ce qu'elles ont vécu.
21:19 Mais là, il y a le caractère sériel.
21:21 Est-ce qu'il ne faut pas toucher au délai de prescription ?
21:23 Est-ce qu'il faut amener plus loin ?
21:24 Il y a deux choses.
21:25 Il y a ce que l'on a appelé la prescription glissante, c'est-à-dire un fait est prescrit, pas les autres.
21:31 On peut envisager.
21:32 Moi, je suis tout à fait d'accord pour y travailler.
21:34 Ensuite, il y a des appels que j'entends à l'imprescriptibilité.
21:38 Là, je dis attention, ça peut être déceptif.
21:41 Et beaucoup de femmes se verront alors reposer une relax, un classement sans suite, un nom de lieu ou un acquittement.
21:50 Et attention à cela parce qu'il y a des effets de bord, il faut les mesurer.
21:55 Éric Dupond-Moretti, depuis plusieurs jours, on assiste à une bataille politique entre le Rassemblement National et l'exécutif.
22:01 Il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays.
22:06 Je parle de vous et de vos troupes.
22:08 Madame Le Pen, c'est ce qu'a lancé Gabriel Attal, le Premier ministre, cette semaine à l'Assemblée Nationale.
22:12 Est-ce qu'il ne va pas un peu fort ?
22:14 Est-ce que ce duel RN-exécutif qui se joue d'ailleurs depuis plusieurs jours, depuis plusieurs semaines, il ne va pas trop loin ?
22:20 Non, on sait qu'il a le RN, le FN, le RN des accointances avec la Russie.
22:27 Ce n'est pas d'aujourd'hui.
22:28 J'ai envie de dire l'amour est dans le prêt.
22:30 Et d'ailleurs, petite parenthèse, si le RN a emprunté autant d'argent à la Russie, c'est parce qu'ils ne savent pas trop gérer leur parti.
22:41 Des gens qui se voient déjà au pouvoir.
22:44 Ça, c'est une chose.
22:46 Vous voyez bien ce que je veux dire derrière.
22:48 Bien sûr qu'il y a eu des connivences entre la Russie et le RN.
22:54 Je vous prends un exemple.
22:56 M. Bardella a versé des larmes sur Navalny.
22:59 Et au Parlement européen, il n'a pas voté le texte qui alertait sur sa situation.
23:06 Mais gardez vos larmes de crocodile.
23:08 Il y a ensuite les accointances avec Bachar el-Assad.
23:12 Pareil, même mouvance, proche évidemment de la Russie.
23:16 Il y a l'article du Washington Post, qui n'est quand même pas rien, sur lequel d'ailleurs la presse française ne s'est pas beaucoup arrêtée.
23:22 Donc oui, il y a indubitablement des accointances entre la Russie et le RN, quoi qu'en dise le RN.
23:31 Je comprends que ça les gêne beaucoup, mais c'est une réalité.
23:33 C'est le point d'entrée de ma question, parce que vous voyez que depuis plusieurs jours, il y a des punchlines qui fusent, si j'ose dire.
23:40 Parce qu'on l'a vu au Salon de l'agriculture, notamment Jordan Bardella, le président du RN,
23:44 qui a mis en doute la santé mentale du président de la République,
23:48 après qu'Emmanuel Macron ait déclaré que l'agriculture française méritait mieux que le projet de décroissance envisagée par le RN.
23:54 Moi, je suis scandalisé par ce qu'a dit M. Bardella, mais je suis scandalisé aussi,
23:59 parce que je trouve que, de façon générale, et même la presse ne s'est pas beaucoup émue de ce qui s'est passé.
24:05 En réalité, c'est une vieille tactique du RN ou du FN.
24:11 On met le bordel, on fait venir un certain nombre d'amis.
24:15 Alors, au mieux, c'est encouragé, au pire, c'est pour penser.
24:22 Et là, c'est des insultes, c'est des injures, c'est des violences que personne ne condamne.
24:28 Et ensuite, on vient rétablir l'ordre.
24:30 Mais il y a des jours et des jours, des semaines et des semaines,
24:34 que la presse a dit, parfois avec une certaine gourmandise,
24:37 "C'est la haute tension, ça va être compliqué, le président de la République", etc.
24:42 Et ensuite, vous avez Jordan Bardella, le genre idéal, qui vient vous dire que le président est schizophrène paranoïaque.
24:48 Et vous avez Mme Borde qui dit "il prend des substances psychotropes".
24:54 Mais on va s'arrêter une toute petite seconde.
24:56 Moi, vous voyez, à l'Assemblée nationale, j'ai dit à ces gens,
25:00 "Faites le ménage avant de nous donner des leçons. Dites-nous où sont les Gudars."
25:05 Vous savez ce que sont les Gudars ?
25:07 Ce sont des gens, laissez-moi deux secondes, monsieur, extraordinairement violents.
25:12 M. Châtillon, par exemple, qui a été le beau-père de M. Bardella, ça n'est tout de même pas rien.
25:16 On a le sens de la famille dans ce parti.
25:19 M. Châtillon, il avait créé le GUD, il était actif, ultra-violent.
25:28 Il avait même créé une section qui s'appelait Waffen-Assas, du nom de la faculté qu'il fréquentait.
25:35 Ce type-là est toujours dans la mouvance du RN, toujours, mais il est caché.
25:41 Et je trouve stupéfiant qu'on n'aille pas gratter de ce côté-là.
25:46 M. Châtillon, M. Loustau...
25:49 - Il y a eu des enquêtes journalistiques, Régis Pomoréti.
25:51 - On pose la question régulièrement aux responsables du RN.
25:54 - Si vous demandez dans la rue, faites un petit micro-trottoir, et vous demandez aux gens dans la rue qui est Châtillon, ils ne savent pas qui c'est.
26:02 Il est toujours là, au travers d'une boîte qui s'appelle Unanime.
26:06 Et cette boîte, les boîtes qui l'ont fait l'objet, madame, de condamnations très lourdes par la Cour d'appel de Paris.
26:14 Très lourdes. Ça concerne même le RN, qui a été condamné pour recel d'escroquerie.
26:22 Et ça concerne Jeanne, le micro-parti de madame Le Pen, qui a fait également l'objet de condamnations.
26:30 Ces gens ont un fond de violence verbal, mais aussi, je le dis, physique, depuis toujours.
26:38 - Merci, Eric Dupond-Moretti, d'avoir été ce matin sur France Info.

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