- 02/02/2024
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00:00 [Générique]
00:05 Quel plaisir de retrouver les informés du matin, le décryptage de l'actualité sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT.
00:13 Avec vous Renaud Delis.
00:14 - Plaisir partagé Jean-Rémi.
00:15 - Quel enthousiasme, quel enthousiasme.
00:16 Autour de la table, Victoria Coussin, journaliste au service politique de France Info et à vos côtés Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévisions.
00:25 Merci à tous les deux d'être présents.
00:27 Le premier débat c'est la méthode Attal à l'épreuve de la colère paysanne. Va-t-on Renaud vers une sortie de crise ?
00:32 - En tout cas depuis hier en fin de journée effectivement un grand nombre de barrages d'agriculteurs ont été levés ou sont en voie de l'être.
00:39 Après une troisième salve d'annonce donc par le Premier ministre Gabriel Attal hier destinée à apaiser donc le mouvement paysan.
00:47 Un grand nombre d'annonces avec notamment l'affichage de l'objectif de souveraineté alimentaire dans la loi.
00:54 Un certain nombre de fonds qui ont été débloqués au total. L'enveloppe s'élève d'ailleurs à 400 millions d'euros notamment pour soutenir les éleveurs.
01:01 Le remboursement partiel de la taxe sur le GNR, des aides à l'installation etc.
01:06 Il y a aussi, mais on y viendra dans un deuxième temps de cette émission, la suspension d'un certain nombre de dispositions écologiques
01:13 et en particulier le plan de réduction de l'utilisation des pesticides.
01:17 Bref, est-ce que tout ceci est effectivement suffisant pour aller vers la sortie de crise et pour satisfaire les agriculteurs ?
01:24 Voici ce qui était d'ailleurs la première réaction hier d'Arnaud Gaillot qui est le chef de file des jeunes agriculteurs.
01:30 Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé, à condition que très rapidement une note soit mise à disposition de nos réseaux sur le terrain
01:44 pour avoir un écrit de tout ce qui a été dit pour que ça soit clair, que ça puisse être digéré.
01:49 Nous considérons qu'il faut qu'on change de mode d'action et donc nous appelons nos réseaux par les voies nationales à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation.
02:01 Alors suspension des blocages qui sont de fait levés, mais vigilance disent les organisations agricoles quant à la mise en œuvre concrète des annonces du gouvernement
02:11 et notamment vigilance jusqu'au salon d'agriculture qui doit s'ouvrir d'ici trois semaines.
02:17 Est-ce que quand même la méthode ATAL qui était à l'épreuve, c'était en quelque sorte le baptême du feu pour nous aux premiers ministres,
02:23 le crash test de cette méthode, est-ce que cette méthode a fonctionné, est-ce qu'elle est fructueuse et est-ce qu'elle peut permettre une sortie de ce mouvement ?
02:32 Victoria Coussa de France Info, déjà est-ce qu'on peut définir la méthode ATAL ?
02:37 La méthode ATAL en tout cas pour son entourage c'est parler cash, aller vite, que ce soit très concret.
02:44 Et je pense que là ce qui se passe en ce moment, cette levée des blocages, c'est un peu la victoire de sa com'.
02:51 Il faut se souvenir de ce qu'on disait de Gabriel ATAL il y a trois semaines, quand il est nommé à Matignon, on dit il est trop jeune, il a 34 ans,
02:58 ça va être le porte-parole d'Emmanuel Macron, en tout cas c'est les oppositions qu'il attaque dessus.
03:03 Et on voit qu'en fait au fil de ces trois semaines, au fil de ces deux dernières semaines, surtout la crise des agriculteurs,
03:09 il a réussi en quelque sorte à se mettre en scène, à montrer en scène, à sortir un peu aussi de Paris.
03:17 Mais de la mise en scène, est-ce que c'est de l'efficacité politique ?
03:20 En tout cas c'est de l'image, c'est pour ça que je dis que c'est une victoire de sa communication.
03:25 On le voit mouiller le maillot, aller à la rencontre des agriculteurs, mettre en scène la première salve d'annonce vendredi dernier
03:32 en mettant ses fiches sur les bottes de paille, et puis ensuite d'être dans le dialogue aussi.
03:37 L'erreur par exemple ça aurait été le mépris, de mépriser, de faire des faux pas aussi dans ce qu'il allait dire à ces agriculteurs-là.
03:44 Donc on peut dire que c'est la victoire de sa communication, en tout cas, à voir si ça va durer et s'il y aura du concret derrière.
03:53 Guillaume Deray, je vous donne la parole juste dans un instant pour revenir sur la méthode.
03:57 A tale, est-elle efficace, est-elle politiquement payante ?
04:00 On en parle après le Fil info à 9h10.
04:03 Le Fil info de Damien Mestre.
04:06 A Mélioude et à Castera reconnaît des débuts qui n'ont pas été bons.
04:09 La nouvelle ministre de l'éducation nationale le dit au lendemain d'une grève des enseignants.
04:14 Elle assure toutefois qu'elle ne songe pas à démissionner.
04:17 La FNSEA assure que les barrages seront levés progressivement dans la matinée.
04:21 Il faut désormais expliquer les mesures annoncées hier par le gouvernement,
04:25 dit sur France Info le vice-président du syndicat agricole, Jérôme Despes,
04:29 qui assure en revanche que les actions vont se poursuivre mais sous d'autres formes.
04:34 Le bilan s'aggrave au Kenya après cette violente explosion de gaz.
04:40 Au moins 3 morts et plus de 270 blessés.
04:43 Drame qui s'est produit cette nuit dans la capitale Nairobi.
04:46 France-Irlande, c'est la première affiche du tournoi destination de rugby qui commence ce soir.
04:50 Match à suivre à partir de 21h. Il a lieu au Vélodrome à Marseille.
04:55 [Générique]
04:57 France Info
04:59 Les informés, Renaud Dely, Jean-Rémi Baudot
05:04 Retour sur le plateau des informés avec Renaud Dely, Victoria Coussa de France Info
05:09 et Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévisions.
05:12 Guillaume, on était en train de parler de la méthode ATAL.
05:15 Est-elle efficace ? On a vu les concertations, on a vu les déplacements sur le terrain,
05:18 on a vu les conférences de presse.
05:20 À la fin, les blocages s'arrêtent pour l'instant. Est-ce que c'est la preuve que ça marche ?
05:25 C'est la preuve qu'il y avait quand même, il faut le reconnaître,
05:28 effectivement un argument de communication mis en avant,
05:30 mais reconnaître aussi qu'il y avait un peu comme une scène de théâtre où chacun jouait son rôle.
05:34 On l'a vu dès la première fois où la FNSEA et les jeunes agriculteurs ont été reçus par Gabriel ATAL.
05:38 À la sortie, eux-mêmes, on sentait qu'ils n'étaient pas dans une logique,
05:42 si je peux me permettre, de tout brûler.
05:43 C'est-à-dire qu'ils ont dit "on attend des mesures pour la fin de semaine,
05:46 on sait que dans une dizaine de jours il y en aura d'autres".
05:48 Et puis le chef de l'État va aller à Bruxelles, il y aura aussi le salon de l'agriculture.
05:51 Ils avaient annoncé une semaine de mobilisation,
05:54 le gouvernement, on l'a vu, a laissé faire cette semaine de mobilisation.
05:57 Chacun était dans son rôle en matière de communication.
06:00 Et on voit bien même que tout ça, évidemment, était négocié avec les syndicats agricoles.
06:04 Parce qu'avant même que Gabriel ATAL prenne la parole lors de sa conférence de presse,
06:08 hier, la FNSEA avait fait savoir qu'elle avait obtenu des avancées.
06:11 Donc si Gabriel ATAL s'exprimait ensuite...
06:14 Donc ce serait une espèce de grand jeu de dupe où chacun jouait sa partie ?
06:17 C'est un peu dupe, mais il y a une négociation.
06:20 Il y a une négociation qui se fait entre les partenaires syndicaux et le Premier ministre.
06:24 Et si je dois dire, ce n'est pas forcément qu'un coup de force politique de la part du Premier ministre.
06:28 Et puis il y a quand même aussi, on le voit, beaucoup de méfiance,
06:32 en tout cas de prudence sur concrètement que vont donner ces annonces de communication demain.
06:36 Le patron du Sénat, Gérard Larcher, disait hier que ce n'est pas parce qu'on va mettre justement
06:42 ces fiches sur un ballon de paille chez un paysan qu'on va nécessairement faire comprendre
06:48 qu'on comprend les paysans et qu'on est avec eux.
06:50 Donc c'est vrai que là où l'ancien ministre de l'Agriculture décrivait il y a quelques jours
06:54 Gabriel ATAL, l'ancien ministre de l'Agriculture Dominique Busserot,
06:56 comme un rat dévil à propos de Gabriel ATAL, il a montré qu'il pouvait les entendre,
06:59 qu'il pouvait les écouter.
07:01 A mettre à son crédit aussi, on a vu, il y a une bonne répartition de ce qui nous revient
07:05 entre les différents pôles du gouvernement.
07:07 Hier, on l'a vu avec Marc Fesneau, Bruno Le Maire.
07:09 Visiblement, il ne la joue pas trop perso.
07:11 C'est-à-dire qu'il sait, en conférence de presse, donner la parole à tout le monde.
07:14 Après, c'est à l'épreuve des faits qu'on verra si ces promesses sont tenues par Gabriel ATAL.
07:20 Ce qui effectivement a assez bien fonctionné dans ce mouvement, si j'ose dire, de part et d'autre,
07:24 au regard notamment d'autres mouvements de colère, d'autres mouvements sociaux,
07:28 d'autres éruptions parfois qui ont pu se produire ces derniers mois ou ces dernières années,
07:31 c'est que c'est un mouvement assez bien encadré par des organisations syndicales
07:35 qui se sont prêtées au jeu des négociations,
07:37 qui ont même produit des listes de revendications extrêmement précises.
07:41 Reste à savoir évidemment maintenant jusqu'où elles seront suivies par leur base
07:45 dans les heures qui viennent pour l'instant.
07:47 On voit donc que les blocages sont levés.
07:49 On va voir comment ça se déroule dans les heures et les jours qui viennent.
07:52 C'est aussi ce qui a été bien compris, visiblement, et assimilé,
07:56 et mis en œuvre par le Premier ministre, c'est-à-dire l'idée évidemment de négocier,
08:00 de pratiquer la concertation avec ces organisations.
08:03 Ça n'a pas toujours été le cas depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
08:06 On a eu d'une part des mouvements parfois,
08:08 et on peut évidemment penser aux plus emblématiques,
08:10 d'entre eux le mouvement des Gilets jaunes,
08:12 qui de fait n'avait pas de représentants ou de revendications extrêmement précises.
08:16 Et de l'autre côté, on a eu très souvent un chef de l'État qui était assez hérétif,
08:20 et c'est un euphémisme, la discussion avec les organisations syndicales.
08:23 Il suffit par exemple d'en parler à Laurent Berger, l'ancien chef de file de la CFDT,
08:26 qui n'a pas eu de mots assez durs pour critiquer la surdité du chef de l'État,
08:29 notamment au moment du mouvement des retraits.
08:31 Donc là, ça c'est une vraie différence me semble-t-il sur ce mouvement-là.
08:34 Ensuite, c'est un mouvement qui mettait au défi Gabriel Attal sur plusieurs éléments,
08:37 et deux en particulier, la question de l'autorité d'abord.
08:41 C'était le fil rouge encore de son discours de politique générale.
08:44 Certains ont reproché au gouvernement, à Gérald Darmanin,
08:48 d'être trop indulgents à l'endroit des barrages d'agriculteurs,
08:51 ont dénoncé ce qu'ils considéraient comme un traitement de poids de mesure
08:55 au regard d'autres mouvements ou d'autres mobilisations.
08:57 Et en même temps, on voit que l'intérêt de Gabriel Attal,
09:00 c'est évidemment qu'il n'y ait pas de dérapage, pas de violence.
09:02 Il y a eu quelques dérapages, quelques débordements,
09:04 mais il n'y a pas eu… ce n'est pas un mouvement qui a basculé dans la violence.
09:07 Et ça lui permet de sauvegarder ce discours sur l'autorité.
09:10 L'autre problème qu'il avait évidemment,
09:12 et ce qui était aussi différent par rapport à certaines autres mobilisations,
09:15 pas celles sur les retraites d'ailleurs, mais d'autres,
09:17 c'était la grande popularité de ce mouvement.
09:19 C'était le cas aussi du mouvement sur la retraite qui était très populaire.
09:22 Le mouvement paysan, là, a été soutenu par plus de 80% des Français.
09:25 Dès lors, il n'avait d'autre choix que de céder en grande partie
09:30 aux revendications des agriculteurs, ce qu'il a fait.
09:32 Parce que c'est vrai que les annonces, les promesses, sont assez conséquentes de ce point de vue-là.
09:36 Et des promesses qui sont évaluées à 400 millions d'euros, Victoria Koussa.
09:41 C'est encore du quoi qu'il en coûte, c'était nécessaire.
09:44 On a toujours besoin de passer à la caisse au bout d'un moment.
09:47 Oui, c'est sûr, mais je pense que ce n'était pas prévu de passer à la caisse
09:51 et de mettre 400 millions d'euros sur la table.
09:54 Il y a cette réunion la semaine dernière à l'Assemblée
09:57 où Gabriel Attal discute avec les députés de la majorité en leur disant
10:01 "Voilà, l'idée c'est de ne pas justement en arriver à sortir des centaines de millions d'euros".
10:06 Et finalement, c'est ce qui a été fait.
10:08 Alors qu'on sait que l'exécutif cherche à sortir du quoi qu'il en coûte,
10:12 que Bruno Le Maire à Bercy n'arrête pas de rappeler
10:15 qu'il faut économiser 12 milliards d'euros par an dès 2025.
10:19 Donc ça va être un peu compliqué.
10:21 En tout cas, cette sortie de crise va leur coûter cher
10:24 parce qu'il y aura des conséquences au fil du temps.
10:26 Après, ce qui était compliqué pour Gabriel Attal et qui n'est peut-être pas résolu,
10:29 mais ça ne se résout pas en quelques jours,
10:31 c'est que cette crise agricole n'est pas qu'une crise du revenu,
10:34 c'est une crise de l'existence.
10:36 Ce sont des agriculteurs, des chefs d'entreprise
10:39 qui se demandent ce que va devenir demain leur exploitation,
10:42 s'ils pourront la transmettre ou non,
10:44 et s'ils pourront continuer à vivre du fruit de leur travail.
10:48 Donc ça, c'est beaucoup plus compliqué de répondre à une crise de l'existence
10:52 parce que ce n'est pas en alignant 10, 15, 20, 30 millions d'euros
10:56 qu'on répond à ça.
10:58 C'est une crise de l'existence et de la considération.
11:01 Ce sont des agriculteurs qui veulent être considérés
11:03 par le gouvernement et par l'ensemble des Français.
11:05 C'est pour ça qu'il y a deux temps, vous avez raison Guillaume Darrès.
11:08 On voit bien qu'il y a des réponses conjoncturelles
11:10 qui sont liées aussi aux calendriers électoraux,
11:12 puisqu'il y a évidemment les élections européennes qui arrivent le 9 juin.
11:14 Et de ce point de vue-là aussi, on a le sentiment
11:16 que le gouvernement et le Premier ministre ont plutôt bien manœuvré.
11:18 Il n'y a qu'à voir la réaction assez dépitée de Jordan Bardella,
11:21 le leader du Rassemblement National,
11:23 qui dit qu'ils reprennent nos solutions,
11:25 comme par hasard, quand ils sont au pied du mur.
11:27 Donc la critique n'est pas assez.
11:29 On voit bien qu'il coupe l'herbe sous le pied de l'extrême droite
11:31 aussi avec un certain nombre de mesures,
11:33 et notamment la mise en avant de cette thématique de la souveraineté,
11:35 de la reconquête de la souveraineté, et notamment de la souveraineté alimentaire.
11:37 Il faut savoir que c'est un électorat,
11:39 l'électorat des agriculteurs,
11:41 qui d'ordinaire d'ailleurs vote moins
11:43 au Rassemblement National que la moyenne nationale,
11:45 contrairement à un cliché reçu.
11:47 Alors qu'en revanche, Emmanuel Macron a obtenu,
11:49 en moyenne, des bons résultats dans cet électorat-là.
11:51 Et en revanche, à plus long terme,
11:53 les défis de la reconnaissance de ce métier,
11:55 de son avenir, y compris au niveau européen,
11:57 restent entièrement posés.
11:59 Ça c'est clair.
12:01 Renaud Delis, j'aimerais qu'on avance un petit peu dans ce débat,
12:03 et notamment de parler d'un des engagements
12:05 hier de Gabriel Attal
12:07 sur la question des pesticides
12:09 avec le temps d'une pause environnementale,
12:11 et ça, ça fait beaucoup polémique.
12:13 Évidemment, l'ensemble des annonces
12:15 n'a pas fait que des heureux,
12:17 puisque Gabriel Attal
12:19 et son ministre de l'Agriculture Marc Fesneau
12:21 ont donc annoncé la suspension
12:23 du plan éco-phyto.
12:25 Le plan éco-phyto, c'est celui qui doit réduire
12:27 l'usage des pesticides
12:29 de moitié, en gros,
12:31 entre les années 2015-2017
12:33 et l'horizon 2030.
12:35 Marc Fesneau
12:37 a donc annoncé la suspension,
12:39 le temps de retravailler ce plan.
12:41 Mais les écologistes,
12:43 les partis de gauche,
12:45 les organisations environnementales,
12:47 les associations environnementales,
12:49 évidemment, sont outrés, ulcérés
12:51 par ce recul sur la cause écologique.
12:53 Voici ce qu'on disait
12:55 il y a quelques minutes sur ce plateau,
12:57 d'ailleurs la députée insoumise de Seine-Saint-Denis,
12:59 Clémentine Autain.
13:01 Ce que je retiens de ces mesures,
13:03 c'est évidemment la folie,
13:05 la folie totale
13:07 sur le plan écologique.
13:09 Il répond à la logique de la FNSEA,
13:11 mais pas à l'intérêt de la majorité des paysans
13:13 et certainement pas à l'intérêt des Français
13:15 pour leur santé, à l'intérêt même des agriculteurs
13:17 pour leur santé eux-mêmes,
13:19 puisque l'utilisation des pesticides,
13:21 les premières victimes en sont les paysans.
13:23 Alors est-ce que c'est effectivement
13:25 une folie, comme le répète Clémentine Autain,
13:27 ou est-ce que ce plan, assez complexe,
13:29 méritait d'être retravaillé
13:31 comme le prétend le gouvernement ?
13:33 Plan qui, rappelons-le, est rejeté par une partie
13:35 des agriculteurs, en l'occurrence plutôt
13:37 les grands producteurs de graines de culture,
13:39 de céréales, de betteraves, etc.
13:41 qui notamment contestent
13:43 l'indicateur de référence
13:45 qui figure dans ce plan, c'est-à-dire
13:47 l'indicateur qui permet de mesurer
13:49 l'usage des molécules par les exploitants.
13:51 Victoria Koussa, Guillaume Darré, je vous donne la parole
13:53 dans un instant, juste après le Fil info de Damien Mastra,
13:55 9h20.
13:57 L'autoroute A7 dans la Drôme, en partie rouverte
13:59 à la circulation ce matin, tous les points
14:01 de blocage tenus par la FNSEA
14:03 dans le département sont levés,
14:05 cela fait suite aux annonces du
14:07 Premier Ministre hier. La porte-parole
14:09 du gouvernement s'en prend
14:11 elle ce matin au plan éco-phyto
14:13 de réduction des pesticides,
14:15 désormais mise en pause.
14:17 Il permettait de faire de beaux slogans marketing
14:19 mais n'était pas efficace, dit
14:21 Prisca Tevno. Une filiale
14:23 de publicists accusée d'avoir joué un rôle
14:25 dans la crise des eaux piacées aux Etats-Unis.
14:27 Le géant français de la publicité doit
14:29 payer 350 millions de dollars,
14:31 à corps avec la justice américaine.
14:33 L'entreprise est soupçonnée d'avoir aidé
14:35 un laboratoire à populariser un antidouleur
14:37 particulièrement addictif.
14:39 Plusieurs missiles de croisière à nouveau tirés
14:41 par la Corée du Nord en mer jeune.
14:43 Le régime de Kim Jong-un qui affirme
14:45 intensifier ses préparatifs
14:47 de guerre. L'entreprise Apple
14:49 renoue avec la croissance au 4ème trimestre
14:51 2023, près de
14:53 120 milliards de dollars de chiffre
14:55 d'affaires. C'est bien mieux que ce
14:57 qu'attendaient les spécialistes.
14:59 [Musique]
15:01 France Info
15:03 [Musique]
15:05 Les informés, Renaud Dely
15:07 Jean-Rémi Baudot
15:09 [Musique]
15:11 Retour sur le plateau des informés avec Renaud Dely,
15:13 Victoria Coussat de France Info et Guillaume
15:15 Darré de France Télévision. On est en train de parler
15:17 d'une de ces annonces qui fait beaucoup
15:19 réagir hier à un temps de
15:21 pause, notamment sur le plan
15:23 éco-phyto qui est censé
15:25 réduire l'utilisation
15:27 notamment des pesticides. On a du
15:29 mal à comprendre, Guillaume Darré, ce qui se joue derrière ça.
15:31 En réalité, on comprend trop bien.
15:33 C'est-à-dire que c'est considéré comme
15:35 un épouvantail par
15:37 le monde agricole et que le gouvernement dit
15:39 "Ok, on met le pied sur le frein sur
15:41 la question environnementale". - C'est malheureusement pas
15:43 la première fois, si on peut dire. Rappelez-vous, un ancien
15:45 président qui avait dit à l'occasion d'un salon de l'agriculture
15:47 "L'environnement ou l'écologie, ça suffit", je crois. C'était
15:49 Nicolas Sarkozy à l'époque. Là, clairement,
15:51 on le sait depuis un
15:53 an ou deux, Emmanuel Macron estime,
15:55 "Je ne veux pas d'écologie punitive, je veux
15:57 une écologie du quotidien".
15:59 Et là, clairement, sur cette question-là, c'est
16:01 vu effectivement par les agriculteurs
16:03 comme un épouvantail qui va leur empêcher
16:05 de mieux produire, de davantage
16:07 produire et de vivre, justement,
16:09 de leur production. Donc, clairement,
16:11 c'est ce qui est mis en avant. Mais c'est vrai que c'est un peu
16:13 contradictoire. Plus que contradictoire, rappelez-vous, avec le
16:15 discours qu'a porté Emmanuel Macron lui-même, son
16:17 discours d'entre-deux-tours à Marseille,
16:19 dans lequel il avait dit "Mon second
16:21 quinquennat sera écologique ou ne sera pas".
16:23 Il avait dit "Voilà,
16:25 il y aura deux ministres en charge de cela qui seront
16:27 rattachés aux premiers ministres". Et quand bien même
16:29 aujourd'hui la majorité vous dit que ce n'est pas du tout
16:31 une remise en cause de cette ambition-là,
16:33 évidemment, c'est perçu comme tel. Après,
16:35 quand on entend avec Clémentine Autain sur la question
16:37 aussi des cantines bio,
16:39 c'est souvent plus compliqué. On sait qu'il y a
16:41 des marchés au niveau local qui se mettent
16:43 en place. C'est pas toujours...
16:45 Le gouvernement, effectivement, là-dessus, revient sur
16:47 un certain nombre de promesses.
16:49 Il y a aussi, parfois, des choses
16:51 qui n'étaient pas tout à fait justes, dans ce que disait Clémentine Autain
16:53 dans la critique de cette mise en place du bio.
16:55 - En tout cas, ça fait... En parlant de critique,
16:57 en parlant notamment des oppositions, de la France insoumise,
16:59 ça fait beaucoup réagir, ça, Victor Iacuza.
17:01 - Oui, et ça donne aussi du grain à moudre
17:03 à ceux qui accusent depuis des années
17:05 l'exécutif, le gouvernement, d'inaction
17:07 climatique, parce que ça donne cette
17:09 impression que, pour avoir la paix sociale, il faut
17:11 sacrifier l'écologie. Encore une fois,
17:13 après les Gilets jaunes, ça a été un peu la même chose,
17:15 ce recul sur la taxation des carburants.
17:17 Donc, beaucoup de réactions
17:19 politiques, beaucoup de réactions aussi dans les associations,
17:21 les associations écologistes, qui
17:23 sont vants-de-bout,
17:25 indignés par ce recul
17:27 sur le plan éco-phyto.
17:29 Et puis, en plus, c'est tombé le même jour
17:31 que l'alerte de l'OMS,
17:33 un chiffre assez terrifiant
17:35 qui explique que, d'ici 2050,
17:37 on aura 77%
17:39 de plus de cancers en plus.
17:41 Alors, pas forcément liés aux pesticides.
17:43 - À cause notamment, parmi les critères.
17:45 - Et s'il y a bien un sujet
17:47 qui dépasse les clivages politiques,
17:49 c'est la santé.
17:51 Je pense que c'est peut-être ça aussi,
17:53 on parlait du coût financier, mais le coût politique
17:55 de ce recul
17:57 sur ce plan-là,
17:59 c'est justement de se braquer,
18:01 non pas seulement les écologistes, mais ceux qui s'inquiètent
18:03 de ce qu'ils mangent, de la qualité de leurs produits,
18:05 de la qualité de l'air qu'ils respirent.
18:07 - Renaud Dany ? - Je crois que ces réactions indignées
18:09 des écologistes
18:11 et d'une grande partie de la gauche, illustrent d'ailleurs
18:13 un autre défaut, me semble-t-il,
18:15 quasiment intrinsèque au macronisme.
18:17 C'est-à-dire qu'on a l'indignation d'un côté,
18:19 c'est une folie, c'est une catastrophe
18:21 de prendre cette décision, etc. Et de l'autre côté,
18:23 on a eu effectivement des engagements extrêmement lyriques
18:25 de la part d'Emmanuel Macron, dès d'ailleurs son élection,
18:27 déjà en réponse à Donald Trump,
18:29 et ensuite, vous rappeliez aussi au moment de sa campagne
18:31 pour sa réélection,
18:33 les engagements du discours de Marseille.
18:35 Et donc, la vocation,
18:37 la volonté affichée, en tout cas pour la France,
18:39 de vouloir se montrer exemplaire,
18:41 ce fut même le cas au tout début de son quinquennat,
18:43 vous savez, sur le glyphosate, où la France voulait sortir
18:45 la toute première, bien avant ses autres partenaires européens,
18:47 de l'utilisation du glyphosate.
18:49 Et il me semble que ces deux
18:51 attitudes se nourrissent l'une
18:53 de l'autre et sont aussi stériles
18:55 l'une que l'autre, si on veut mettre en œuvre
18:57 effectivement ce que d'autres responsables politiques,
18:59 et y compris maintenant Emmanuel Macron, appellent
19:01 une écologie du quotidien, une écologie efficace,
19:03 qui conduisent les uns et les autres, et y compris
19:05 les agriculteurs à changer leur comportement.
19:07 C'est-à-dire que si vous avez d'un côté le lyrisme, de l'autre côté l'indignation...
19:09 – Mais est-ce que ça veut dire que d'une certaine manière,
19:11 Emmanuel Macron a abandonné, pardonnez-moi Renaud,
19:13 a abandonné par exemple, électoralement,
19:15 politiquement, le centre-gauche ?
19:17 – Alors ça c'est une autre question mais qui est évidente,
19:19 je vous l'accorde, c'est-à-dire qu'il y a un changement
19:21 de pied justement d'Emmanuel Macron
19:23 sur ce sujet-là, sur l'environnement,
19:25 notamment pour des raisons électorales, tout simplement
19:27 parce qu'aujourd'hui la France, elle pense très clairement
19:29 à droite, les écologies sont toujours
19:31 embourbées dans des scores électoraux
19:33 extrêmement décevants,
19:35 si ce n'est pour eux,
19:37 si ce n'est ridicule, et donc il voit bien que
19:39 les échéances électorales à venir se jouent moins à droite
19:41 et on le voit dès les élections européennes
19:43 donc il y a évidemment cette dimension-là
19:45 et c'est clair que c'est un recul qui était déjà anticipé
19:47 par les propos d'Emmanuel Macron en mai dernier
19:49 quand il évoquait la nécessité de faire une pause
19:51 sur les normes environnementales à l'échelle européenne,
19:53 donc il y a cette dimension politique
19:55 et même électorale évidente, et puis je pense que
19:57 sur le plan pratique, ça pose la question
19:59 de savoir comment effectivement on met en œuvre
20:01 la transition, y compris dans l'agriculture
20:03 et c'est sûr que si on a d'un côté
20:05 des élans lyriques qui ne sont pas suivis des faits
20:07 et de l'autre côté des réactions indignées,
20:09 la transition écologique aura du mal à rentrer dans les faits.
20:13 – Game d'arrêt. – Et deux choses, c'est-à-dire qu'effectivement
20:15 sur le plan purement électoral, à Émy,
20:17 on va avoir un test très rapide avec les élections européennes,
20:19 on verra s'il y a une partie de l'électorat
20:21 qui a été choquée par ces mesures du Premier ministre
20:25 et est-ce que ça se retrouve dans les urnes
20:27 en faveur de Marie Toussaint
20:29 qui est la tête de liste des écologistes
20:31 ou peut-être de Raphaël Glucksmann
20:33 qui mène la liste PS Palace Public.
20:35 On va vite voir si effectivement
20:37 il y a un État électorat qui a été présent.
20:39 – Et ils jouent gros les écologistes puisqu'ils avaient eu un excellent score
20:41 avec Yannick Jadot il y a 5 ans. – Exactement.
20:43 Et par ailleurs, effectivement, on voit bien
20:45 que c'est un petit peu simplisme contre simplisme
20:47 parce que ce que disait Renaud, c'est que sur la transition écologique,
20:51 sur la façon dont les agriculteurs peuvent au mieux mettre en place
20:55 une culture davantage bio avec moins de pesticides,
20:59 c'est plus compliqué qu'on veut bien le faire croire.
21:01 On parlait tout à l'heure, effectivement,
21:03 justement de la question de l'accès au bio dans les cantines.
21:09 On ne peut pas, les collectivités ne peuvent pas à tout prix
21:13 choisir des producteurs locaux.
21:15 Il y a quand même un certain nombre de règles qui s'imposent à eux
21:17 et on voit bien que les départements, les communes,
21:19 parfois sont obligés dans les contrats
21:21 comme pour le bâtiment et les travaux publics
21:23 de mettre des clauses parfois absurdes
21:25 pour pouvoir faire travailler des artisans ou des agriculteurs locaux.
21:30 Et c'est vrai peut-être que c'est là-dessus, sur la transition,
21:33 qu'aurait pu aller le gouvernement davantage.
21:34 Un dernier mot, Victoria Koussa, les oppositions, la gauche,
21:36 que vous suivez notamment pour France Info,
21:38 ils sont un peu en embuscade, ils se disent
21:40 "là c'est la faute de car, ça va nous permettre d'appuyer
21:44 sur là où ça fait mal pour la Macronie".
21:45 Il y a cette possibilité et puis il faut pas l'oublier,
21:47 le texte Immigration, certes largement retoqué,
21:50 mais forcément qui a pu braquer une partie de l'aile gauche de la Macronie
21:54 et forcément les listes de gauche se frottent les mains,
21:56 notamment celle de Raphaël Glucksmann et de Marie Toussaint
21:59 sur le plan de l'écologie.
22:00 Merci beaucoup Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info.
22:04 Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévision,
22:06 merci d'avoir été les informés aux côtés de Renaud Dély.
22:09 Merci de nous avoir accueillis Jean-Luc.
22:11 Le grand informé Renaud Dély.
22:12 Le grand informé.
22:13 En tout cas les informés reviennent ce soir à 20h
22:16 et puis demain à 9h40, c'est les informés de l'éco.
22:19 [Musique]
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