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L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Crépol : «rixe», «fait divers», à quand la fin du déni ?»
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21/11/2023
L'édito de Mathieu Bock-Côté, sociologue-essayiste, dans l'émission Face à l'info : «Crépol : «rixe», «fait divers», à quand la fin du déni ?».
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00:00
Laissez-moi vous raconter en quelque sorte l'histoire d'une invisibilisation,
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l'histoire de neutralisation,
00:05
l'histoire d'une mise à l'écart du réel
00:08
pour s'assurer que le grand récit médiatique dominant
00:11
domine et demeure.
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Alors le point de départ, c'est presque l'histoire des mots qu'il faut raconter.
00:16
L'histoire du mot d'hier, c'était le mot "ricks".
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Et là tout le monde répétait "ricks, ricks, ricks, ricks".
00:22
Et quelques-uns disaient "mais êtes-vous certains que c'est le bon terme ?"
00:25
Mais plus on en doutait, plus le commun des mortels disaient
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"ce n'est pas le bon mot", je précise, plus les principales victimes
00:32
disaient "ce n'est pas le bon mot",
00:34
et bien au même moment, le système médiatique répétait "ricks" encore plus fort.
00:38
Alors c'était assez fascinant.
00:40
Et ce matin, vous avez raison, Eric Coquerel, de La France Insoumise,
00:44
a dit, bon, il refuse de tirer mensauvagement,
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il nous dit "c'est un fait divers abominable, mais ce n'est qu'un fait divers".
00:51
Il faut toujours le dire comme ça, "fait divers abominable, mais ce n'est qu'un fait divers".
00:55
Autrement dit, c'est très très grave, mais on passe à autre chose.
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Et, nous le dit, des ricks comme ça, ça survient,
01:01
il a prétexté son grand âge en disant "vous savez, j'ai toujours vu ça d'une manière ou de l'autre".
01:06
C'est reconnu, des bandes qui se présentent avec des couteaux
01:09
pour poignarder tout le monde dans une fête municipale,
01:12
c'est une tradition française comme une autre.
01:14
Et, en dernière instance, nous le disait-il, mais il n'était pas le seul,
01:18
le véritable enjeu de la journée, il y a des autres, c'est celui de Mourad.
01:22
Donc on comprend, son récit, qui n'était pas un détail, soit dit en passant, évidemment.
01:26
Là, aujourd'hui, un autre mot est apparu, un mot dont nous sommes familiers,
01:31
parce que le mot "rick" s'est éparpillé, donc un deuxième s'ajoute, et c'est le mot "fait divers".
01:35
Alors, si vous voulez avoir l'air très tragique, vous dites "fait divers très très grave",
01:40
"fait divers abominable", "fait divers absolument abominable",
01:44
mais plus vous dites "fait divers" et plus vous en rajoutez,
01:46
plus c'est pour dépolitiser l'événement,
01:49
plus c'est pour nous expliquer que ce qui s'est passé, finalement, c'est plutôt mineur.
01:54
Et là, j'ai déjà eu l'occasion de faire cette démonstration,
01:56
mais je suis obligé d'y revenir un instant pour voir comment le terme de "fait divers"
02:00
sert aujourd'hui plus que jamais à effacer la réalité.
02:04
Première étape, on l'a vu ces dernières années, mais ça continue jusqu'à tout récemment,
02:09
le concept de "sentiment d'insécurité".
02:12
Alors là, est-ce qu'il y avait de l'insécurité en France ? Non, les Français étaient paranoïaques.
02:15
Les Français étaient fous. Les Français croyaient qu'il y avait de l'insécurité,
02:19
mais c'est simplement parce qu'ils regardaient trop les séries américaines,
02:23
ou alors ils décidaient de prendre un "fait divers",
02:26
et de lui donner une importance considérable.
02:28
Mais la France allait bien. La France n'était pas un coup de gorge.
02:32
On ne risquait rien en France, et on était en sécurité dans le métro,
02:35
on était en sécurité dans le 9-3, on était en sécurité à Sarcelles,
02:38
on était en sécurité partout.
02:40
Et pour penser le contraire, il fallait être probablement d'extrême droite.
02:43
Bon, ça, on le sait.
02:45
Le réel, et cela dit, t'es tu.
02:47
Le réel s'est imposé.
02:49
Il n'était plus possible de parler simplement de sentiments d'insécurité
02:53
sans avoir l'air d'un parfait crétin.
02:55
Ou d'un parfait menteur.
02:57
Les menteurs sont rarement de purs crétins.
02:59
Les menteurs savent ce qu'ils font. Les crétins, pas nécessairement.
03:02
Alors on a dû imposer un autre terme.
03:04
Quel est l'autre terme ?
03:06
C'est le terme de "faits divers".
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Pourquoi parle-t-on de "faits divers" ?
03:10
Pour dire qu'on est obligé d'en parler. Non, il n'y a pas moyen.
03:12
On ne peut plus contourner, on ne peut plus invisibiliser.
03:15
Donc on va nommer les faits. On va les nommer.
03:17
Mais à condition, on les nomme à condition d'expliquer qu'ils ne sont pas importants.
03:21
Donc on dit "faits divers".
03:23
Quand on dit "faits divers", ça veut dire qu'il n'y a pas de signification politique,
03:25
il n'y a pas de signification sociologique.
03:27
C'est simplement le tragique et l'absurde de l'existence qui se manifeste à nous.
03:31
Un fait divers comme un autre.
03:33
Un fait divers qui ne veut rien dire.
03:35
C'est ça qu'on dit quand on dit "faits divers".
03:37
Quand on dit "faits divers", ça veut dire oui, oui, pleurez, pleurez.
03:39
Faites une marche blanche s'il le faut.
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Mais sur le fond des choses, ça n'a rien à voir.
03:43
Circulez, il n'y a rien à voir.
03:45
Les faits divers se multiplient.
03:47
Les faits divers s'additionnent.
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Les faits divers occupent tout le quotidien.
03:52
Donc là, on commence à devenir compliqué.
03:54
Les faits divers sont de plus en plus nombreux.
03:56
Normalement, un esprit sociologique minimal dirait
03:59
des tonnes de faits divers, ça commence à faire un fait de société.
04:02
Ça commence à faire une tendance sociologique.
04:04
Ça commence même à faire un fait politique.
04:06
Alors certains ont cherché, certains ont cherché à nommer cette réalité,
04:10
c'est la tentative de Zemmour en la matière,
04:12
qui a parlé de francocide.
04:14
Mais on lui avait dit que c'était un concept,
04:16
et moi j'avais été critique envers ce concept.
04:18
Je trouvais qu'il n'était pas adéquat.
04:20
Je trouvais qu'il était inadéquat sociologiquement.
04:22
Je note que ceux qui l'ont critiqué avaient normalement un autre angle
04:25
en disant que c'est un concept terrible, d'extrême droite, haineux,
04:28
parce que vous savez, féminicide, ce n'est pas haineux,
04:31
écocide, ce n'est pas haineux, mais francocide, ça, c'est haineux.
04:35
Ne l'oubliez jamais, sinon vous serez d'extrême droite vous aussi.
04:37
Alors francocide, francocide, ça ne passait pas.
04:40
Donc là, comment nommer ces faits divers qui s'accumulent,
04:43
ces faits divers qui coupent la gorge,
04:45
ces faits divers qui coupent les doigts,
04:47
ces faits divers qui sifflent les femmes dans le métro
04:49
et qui rendent le métro dangereux pour plusieurs d'entre elles,
04:52
comment on les nomme?
04:53
Moi, je propose un concept, mais il y en a d'autres.
04:55
On pourrait parler de délinquance conquérante,
04:57
de délinquance d'occupation,
04:58
de différents types de délinquance d'occupation de territoire, évidemment.
05:02
Mais ce qui est certain, c'est que le système ne veut pas nommer politiquement
05:05
ces faits divers qui s'accumulent
05:07
et qui créent non seulement un sentiment d'insécurité,
05:09
mais des territoires où il ne fait plus bon être français.
05:12
Alors, on touche à un autre mot de la journée.
05:14
Ce sont des mots qu'on connaît déjà,
05:16
mais c'est l'autre mot de la journée qui est très important.
05:18
C'est « pas de récupération ».
05:20
J'en ai déjà parlé, « pas de récupération »
05:22
« is the new »
05:23
« pas d'amalgame ».
05:24
Pas de récupération, c'est ne pensez pas politiquement ce qui arrive.
05:28
Ne pensez pas sociologiquement ce qui arrive.
05:30
Ne voyez pas dans ce fait divers autre chose qu'un fait divers.
05:33
Et là, sur une autre chaîne info,
05:35
que la politesse et la décence m'empêchent de nommer,
05:38
une militante, pardon, journaliste,
05:40
racontant les événements,
05:42
nous dit, je la cite,
05:44
parce que là, plusieurs personnes à droite et à l'extrême droite,
05:47
on dit, se sont inquiétées de ce qui s'est passé à Crépole.
05:49
Des gens un peu limités d'esprit
05:51
qui s'inquiétaient de ce qui se passait là-bas.
05:53
Elle nous dit,
05:54
« C'est la réaction désormais classique
05:56
sur le réseau social de la droite et de l'extrême droite.
05:59
On est dans une politisation de plus en plus importante du fait divers. »
06:04
Alors là, la journaliste qui l'interview,
06:06
de manière candide, dit,
06:07
« Mais pourquoi la droite et l'extrême droite s'intéressent-elles autant
06:09
au fait divers? Que se passe-t-il? Nous sommes perplexes. »
06:12
Réponse de la journaliste militante,
06:14
« C'est parce qu'ils veulent créer l'image artificielle,
06:17
qui ne veut rien dire, d'une France tranquille
06:20
qui serait agressée par une France conquérante,
06:23
une France plus agressive. »
06:25
[Musique]
06:29
[SILENCE]
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