- 26/05/2023
La ministre de la Transition énergétique était l'invitée du "8h30 franceinfo", vendredi 26 mai 2023.
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00:00 Bonjour Agnès Pannier-Runacher.
00:01 Bonjour Laurent Sénéchal.
00:02 Cette Assemblée Générale ne doit pas avoir lieu, c'est le mot d'ordre des activistes qui sont en train d'essayer de bloquer l'AG,
00:08 en l'occurrence des actionnaires de TotalEnergie, avec déjà des perturbations au petit matin des échauffourées avec les forces de l'ordre.
00:15 Ces ONG, elles appellent à bloquer, empêcher la tenue de l'AG, comme elles l'ont fait d'ailleurs plutôt dans la semaine pour l'énergéticien Schell.
00:23 Il faut s'attendre maintenant à voir ce type d'événements, d'actions, d'images se multiplier à chaque Assemblée Générale d'énergéticiens ?
00:31 Alors je crois qu'il faut distinguer la forme et le fond. La forme, c'est des actions qui ne sont pas anticipées,
00:40 qui ne sont pas annoncées et qui créent du désordre à l'ordre public. Puis le fond, c'est la question que posent ces actions et qui est une très bonne question.
00:49 Et moi, je le dis très clairement, des entreprises qui sont aujourd'hui positionnées sur le secteur du pétrole ou sur le secteur du gaz doivent se réinventer.
01:00 Elles doivent sortir des énergies fossiles. C'est ce que nous dit le GIEC, c'est ce que nous dit toute la politique que nous menons pour lutter contre le dérèglement climatique.
01:09 Et elles n'auront aucun avenir, aucun avenir, et je l'ai dit à Patrick Pouyanné pour Total,
01:14 si elles ne sont pas capables de tracer ces trajectoires de sortie des énergies fossiles et de décarbonation.
01:20 On va y arriver sur la trajectoire précisément de Total Energy, mais sur les actions coup de poing, sur la forme,
01:26 pour vous, c'est légitime comme moyen d'expression ? C'est l'expression légitime d'une exaspération ou c'est de la violence ?
01:32 À partir du moment où la manifestation n'est pas annoncée, on est dans une expression désorganisée,
01:40 alors même que des activistes ont posé le débat au sein de l'Assemblée Générale.
01:45 Et ce débat, il est intéressant, c'est-à-dire que vous avez une résolution qui a été déposée par des activistes,
01:50 vous allez avoir un vote sur... - Des activistes actionnaires de Total.
01:53 - Tout à fait, il suffit d'une action. - De petits actionnaires, oui.
01:56 - Vous avez un vote qui va avoir lieu sur la politique climatique de Total,
02:00 et c'est dans ce cadre-là que le débat peut avoir lieu et qu'effectivement, on peut mettre la pression sur Total.
02:06 Je ne suis pas sûre que le débat dans la rue, finalement, apporte grand-chose,
02:10 là où effectivement, nous devons avancer et nous devons amener les entreprises du gaz et du pétrole
02:16 à nous dire comment ils vont contribuer à la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
02:20 Et je veux le dire ici, avec le président de la République, nous travaillons, en vue de la COP 28 et du Sommet de Paris,
02:26 justement, à obtenir des engagements des entreprises de ces secteurs-là,
02:30 parce que, à un moment, il va falloir embarquer toutes les entreprises et tous les pays qui émettent des gaz à effet de serre.
02:36 - Et en ce qui concerne Total Energy, Patrick Pouyanné vous répond par anticipation, en quelque sorte,
02:41 chez nos confrères de La Croix, hier, en disant qu'il y a une stratégie de 100 gigawatts de renouvelables produits par la compagnie d'ici 2030.
02:48 C'est une fois et demie la puissance du parc nucléaire français et c'est plus que DF et NG, dit Patrick Pouyanné.
02:54 C'est un acteur de la transition énergétique, déjà ?
02:56 - Alors, Total investit dans les énergies renouvelables, mais l'encheve s'est allée plus vite, plus fort et surtout plus rapidement.
03:04 - C'est pas suffisant pour un moment. - Vous n'êtes pas convaincue par la trajectoire de Total ?
03:07 - Je pense qu'ils peuvent aller plus vite, plus fort, plus rapidement. Je pense qu'ils doivent mettre le paquet sur les énergies renouvelables.
03:13 C'est une question absolument essentielle pour la planète, mais c'est aussi une question de survie de l'entreprise.
03:19 - Et arrêter d'investir dans le pétrole en attendant ?
03:22 - Là encore, ce sont des trajectoires qui se construisent dans le temps.
03:26 Nous, nous avons pris notre responsabilité en tant que pays, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
03:30 la France a arrêté l'exploitation des hydrocarbures en France, a interdit l'exploitation des hydrocarbures
03:36 et elle a interdit les subventions aux projets fossiles.
03:39 - Total doit renoncer par exemple à son projet controversé dans le sud de l'Afrique ?
03:45 - Alors, sur ce sujet-là, je crois qu'il faut éviter d'être donneur de leçons.
03:48 Je le dis par rapport à l'Ouganda, plus que par rapport au projet de Total,
03:53 qui pourrait être porté par un autre pétrolier.
03:56 Moi, je le vois bien quand je suis à la COP 27, quand j'étais à la COP 27.
04:01 Les pays africains, ils nous disent "on a besoin de moyens de développement".
04:04 Et arrêtez de nous donner des leçons, vous, Européens, alors qu'au fond, aujourd'hui,
04:09 votre bilan en termes d'émissions est moins bon que le nôtre.
04:13 Et notre responsabilité en tant que pays européens, et c'est ce que nous faisons aussi,
04:17 avec l'Allemagne, avec le Royaume-Uni, avec même les États-Unis,
04:22 c'est d'investir dans des pays qui, aujourd'hui, pourraient développer des énergies fossiles,
04:27 pour les amener, plutôt, à sauter cette phase de développement
04:30 et aller directement sur les énergies renouvelables,
04:32 ou alors pour les accompagner et les sortir des énergies fossiles.
04:35 Je donne un exemple.
04:36 L'Afrique du Sud, c'est 6 milliards d'euros qui sont investis pour sortir l'Afrique du Sud du charbon,
04:42 dont une partie qui est financée par la France.
04:44 Ça, c'est très concret et c'est très efficace.
04:46 Et c'est comme ça qu'on pourra, effectivement, sortir et créer des chemins de développement
04:51 pour des pays qui, aujourd'hui, font partie des plus pauvres au monde.
04:54 Alors, pour financer la transition écologique, il y a une idée qui a émergé dans le débat
04:58 et qui est issue d'ailleurs d'un proche d'Emmanuel Macron,
05:00 l'un de ceux qui a écrit son programme économique en 2017,
05:04 l'économiste Jean Pisani Ferri.
05:06 Il plaide pour taxer les plus hauts revenus, parce que ce sont aussi les plus hauts pollueurs,
05:10 la création d'une sorte d'ISF écologique.
05:12 Est-ce que c'est une idée qui pourrait faire son chemin au sein de la majorité ?
05:15 On a déjà entendu certains députés de l'aile gauche être favorables à cette idée.
05:20 Alors, moi, je voudrais d'abord dire ce que dit le rapport Pisani-Ferri,
05:24 parce que tout le monde se focalise sur cet élément-là.
05:27 C'est un rapport de plus d'une centaine de pages qui est particulièrement intéressant
05:31 et qui nous dit plusieurs choses.
05:32 La première chose, c'est la marche à franchir est immense dans les dix années qui viennent
05:36 et elle va supposer énormément d'investissements.
05:39 66 milliards d'euros supplémentaires par an,
05:41 c'est le coût estimé par l'économiste de la transition énergétique.
05:45 La deuxième chose, et qui me paraît très importante,
05:47 c'est que derrière cette transition énergétique,
05:50 il y a aussi des opportunités économiques.
05:52 Et moi, je le vois au quotidien dans mon métier.
05:54 La relance du nucléaire, par exemple,
05:56 c'est 100 000 recrutements que nous allons réaliser dans les dix années qui viennent.
06:00 Donc, il faut bien mettre en regard ces deux choses.
06:02 Il y a à la fois des efforts que nous allons devoir faire,
06:05 et ces efforts, ils sont dans le court terme.
06:07 Mais il y a également toutes les opportunités de création d'emplois,
06:12 de réindustrialisation de notre pays,
06:14 que nous devons mettre en regard.
06:15 Et c'est aussi ça qu'il faut mettre en perspective.
06:18 Ensuite, sur le financement.
06:20 Sur le financement, il dit trois choses.
06:21 Il dit, aujourd'hui, investir, c'est en fait créer de la richesse demain.
06:26 Et peut-être que cette dette particulière
06:28 qui est créée au regard de l'investissement dans les énergies vertes,
06:32 entre autres, et dans la décarbonation,
06:34 ça doit être regardé d'une manière différente
06:36 que de la dépense budgétaire classique.
06:40 Je pense que c'est une idée intéressante.
06:41 C'est d'ailleurs une idée qu'avait portée le président de la République
06:45 au niveau de l'Union européenne.
06:46 Il dit une deuxième chose, c'est qu'il faut revoir
06:50 toutes les niches fiscales qui sont en faveur des énergies fossiles.
06:54 Et c'est un exercice qu'on va encore faire en 2024,
06:57 comme on l'a fait en 2023,
06:59 on rebalaie toutes ces niches fiscales.
07:02 Et c'est beaucoup.
07:02 Les 56 milliards d'euros, ce n'est pas forcément de l'argent public.
07:05 Ça peut être de l'argent public et de l'argent privé.
07:07 Mais est-ce que ça peut être un ISF, Zelmo ?
07:09 Alors ça, c'est le troisième point.
07:11 Moi, je le redis, nous sommes le pays qui taxons le plus fort,
07:14 quasiment, au monde, les hauts revenus.
07:17 Et donc, avant de se précipiter, parce que c'est un peu l'effet facile,
07:20 il n'y a qu'à, il suffit d'augmenter les taxes.
07:23 Je préfère que la France, effectivement, réoriente massivement ces niches,
07:29 enfin ces soutiens fiscaux vers la décarbonation.
07:32 Et encore une fois, ça ne suffit pas.
07:33 Et les réduit au niveau…
07:35 Encore une fois, vous avez un effet d'entraînement sur le secteur privé.
07:39 Vous savez qu'en règle générale, dans une politique publique,
07:41 quand on dit on met un euro, ça peut faire fois trois, fois quatre au niveau du privé.
07:45 Donc ça peut être assez massif, quand même.
07:48 Mais vous n'êtes pas favorable à vos emplois ?
07:49 Je pense que…
07:50 Un nouvel impôt ?
07:51 Je préfère une France qui soit championne des emplois, ce qui est le cas aujourd'hui,
07:55 et ce qui est aussi le résultat d'une politique de baisse des impôts,
08:00 en particulier sur les entreprises, qu'une France qui soit championne des impôts.
08:03 Agnès Pagny-Runacher, ministre de la Transition énergétique,
08:06 invité du 8.30, 8h41, c'est le Fil info avec Maureen Suillard.
08:09 Elle a été enlevée de force par son père hier matin en Isère,
08:13 et sa petite fille de 10 ans n'a toujours pas été retrouvée.
08:16 L'alerte enlèvement est donc toujours en cours.
08:18 Les informations, les photos sont sur franceinfo.fr.
08:22 Plusieurs ONG environnementales veulent bloquer l'Assemblée générale
08:26 du groupe pétrolier Total Energy à Paris.
08:28 Déjà des échauffourées ce matin entre manifestants et forces de l'ordre.
08:32 Sur le fond, ces entreprises n'auront aucun avenir
08:35 si elles ne sont pas capables de tracer une trajectoire en dehors des énergies fossiles.
08:40 C'est ce qu'affirme sur France Info la ministre de la Transition énergétique.
08:43 Des vaccins pour protéger les canards de la grippe aviaire
08:46 et les empêcher de transmettre le virus.
08:48 Le ministère de l'Agriculture assure que deux vaccins très efficaces ont été trouvés.
08:53 Les fabricants doivent encore décrocher les autorisations de mise sur le marché.
08:58 Une esplanade au nom de Bernard Tapie, celle qui mène au Vélodrome à Marseille.
09:03 C'est le maire qui l'annonce alors que l'OM fête aujourd'hui
09:05 le 30e anniversaire de son titre en Ligue des champions.
09:08 Les supporters le réclamaient notamment depuis la mort de l'ancien dirigeant du club Bernard Tapie.
09:13 Toujours avec Agnès Pannier-Lenacher, ministre de la Transition énergétique,
09:26 on continue à évoquer ce rapport rendu par l'économiste Jean Pizani-Ferry.
09:30 La transition, dit-il, c'est 85% de financement et 15% de sobriété.
09:35 Sur ce levier de la sobriété, qu'est-ce qu'il va falloir faire mieux ou différemment
09:41 pour optimiser à plein les effets de la sobriété ?
09:44 Alors, peut-être rappeler ce qu'est la sobriété.
09:46 La sobriété, c'est au fond un changement de comportement sans utiliser des technologies,
09:50 comme le cas de l'efficacité, et qui nous permet d'économiser de l'énergie.
09:54 L'État, les entreprises, c'est un chacun qui fait un effort.
09:57 Avec le plan sobriété que nous avons lancé avec la Première ministre l'année dernière,
10:01 on a économisé, au cours de l'hiver, 12% de gaz et d'électricité au cours de cet hiver.
10:06 À température égale, c'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'il a fait plus doux qu'on a...
10:09 En corrigeant, évidemment, les effets climatiques, parce que ce serait trop facile,
10:13 l'hiver ayant été assez doux.
10:15 Donc, on a fait en trois mois ce qu'on n'avait pas fait en 30 ans.
10:20 Mais on a commencé par ce qui était le plus immédiat.
10:23 Le plus immédiat, c'est baisser la température à 19 degrés,
10:26 c'est fermer les éclairages des grands bâtiments la nuit.
10:31 Ce sont des choses à saigner.
10:32 - Et ce n'est pas le ralentissement de l'économie aussi qui a quand même contribué à cette sobriété ?
10:35 - Alors, ce n'est pas ce qu'on voit.
10:36 Parce que ce qui est très intéressant, c'est que cette baisse de la consommation,
10:39 elle a été particulièrement marquée dans le secteur tertiaire et dans les résidentielles,
10:43 c'est-à-dire dans des endroits, dans des bâtiments,
10:45 où en réalité, il n'y avait pas un lien direct avec l'activité économique.
10:49 Et d'ailleurs, vous avez pu le constater,
10:51 au moment où nous baissions notre consommation d'énergie drastiquement,
10:55 la croissance était toujours présente dans notre pays.
10:59 Et deuxième chose intéressante, ça continue.
11:01 C'est-à-dire qu'on voit que depuis le début de l'année,
11:03 nous continuons à baisser, par rapport à ce que nous consommions ces cinq dernières années,
11:08 notre consommation d'électricité et notre consommation de gaz.
11:11 - C'est toujours 12% en gros ?
11:13 - Non, ce n'est pas dans les mêmes proportions,
11:15 parce qu'en fait, là où on avait le plus économisé, c'est sur le chauffage.
11:19 Et comme on a arrêté de chauffer depuis quelques semaines,
11:22 effectivement, on voit bien la différence.
11:23 D'ailleurs, dès qu'il y a un pic de froid,
11:25 on revoit les effets de correction, de baisse de consommation d'énergie sur le chauffage.
11:29 - Alors, comment on fait pour arriver durablement à 15% ?
11:32 Quel objectif chiffré par Jean-Pyzani-Ferry ?
11:34 - Alors, moi, je vais lancer un temps 2 de ce plan sobriété.
11:37 Encore une fois, ce plan sobriété, il fait partie des quatre leviers
11:40 de notre stratégie énergétique pour atteindre la neutralité carbone.
11:45 Et ce temps 2, il va adresser le sujet de l'été.
11:48 Quel comportement devons-nous mettre en place pendant l'été pour...
11:53 - Pour être sobres pendant l'été. - Économiser l'énergie,
11:55 notamment être sobres en climatisation.
11:57 Deuxième chose, nous aurons un rendez-vous aussi à l'hiver prochain,
12:02 là encore pour aller plus loin que ce que nous avons fait.
12:04 Il y a notamment deux sujets sur lesquels on n'est pas allés assez loin sur le court terme,
12:09 qui sont clairement le numérique,
12:10 parce que c'est un peu la boîte noire pour tous ceux qui ne sont pas spécialistes,
12:14 et le carburant.
12:15 Sur le carburant, il faut qu'on accélère sur le covoiturage.
12:18 Vous savez qu'on a lancé avec Clément Beaune et Christophe Béchut un plan covoiturage.
12:23 Il faut qu'on accélère sur le fait d'avoir une conduite éco-conduite,
12:30 meilleure, plus douce, lever le pied sur les routes.
12:34 Et c'est nous ce que nous demandons en tant qu'État.
12:36 Nous demandons aux fonctionnaires, lorsqu'ils sont dans leur cadre professionnel,
12:40 de lever le pied sur l'autoroute.
12:41 - Mme Aspani-Renaché, vous évoquez l'été.
12:42 Est-ce qu'on va avoir les mêmes images que l'été dernier,
12:45 où il y avait des brigades qui étaient envoyées pour vérifier, par exemple,
12:47 que les magasins fermaient bien la porte quand ils climatisaient leurs locaux ?
12:52 Est-ce que c'est ça aussi, la sobriété ?
12:54 - La sobriété, c'est ne pas gaspiller de l'énergie de manière choquante.
13:00 Et beaucoup de Français s'étaient émus de ces images, effectivement,
13:03 de rues commerçantes où, à la fois, il faisait 19 degrés à l'intérieur des magasins,
13:08 et en même temps, la porte était grande ouverte sur une rue qui était à 30 degrés.
13:13 Et je pense que ça, c'est aujourd'hui insupportable.
13:15 Donc oui, moi, j'ai pris un décret qui permet de donner tous les moyens
13:20 aux maires des villes d'intervenir.
13:24 Je pense qu'il y a un temps de pédagogie.
13:26 Il faut expliquer, tout le monde n'est pas au courant des décrets.
13:28 Donc, il s'applique, évidemment, pour l'été prochain.
13:32 Tout le monde n'est pas au courant des décrets.
13:33 Il faut en parler au sein des associations de commerçants et dans les villes.
13:38 Mais derrière, il faut donner ces leviers de sanctions.
13:41 Parce que quand vous avez un commerçant qui ne joue pas le jeu,
13:43 ça donne le sentiment à ceux qui respectent la consigne de fermer les portes,
13:47 qu'ils sont moins attractifs pour les clients,
13:50 alors qu'eux, ils font l'effort de fermer leurs portes, tandis qu'ils climatisent.
13:56 – Mais pour atteindre l'objectif de 10% de consommation énergétique en moins d'ici 2024,
14:00 est-ce que ça veut dire qu'il faudra faire plus dès cet été et dès cet hiver,
14:04 ou est-ce qu'il faudra faire la même chose ?
14:06 Est-ce que ce sera les mêmes recommandations ?
14:07 – Non, il faut aller plus loin.
14:08 Il faut évidemment aller plus loin, et surtout, il faut passer d'une sobriété
14:11 qu'on construit dans le court terme, à une sobriété qui s'ancre dans le long terme.
14:15 C'est-à-dire, la sobriété, lorsqu'on dit, vous pouvez passer au vélo,
14:19 ou vous pouvez utiliser les transports en commun,
14:23 encore faut-il avoir les infrastructures qui permettent de faire du vélo en sécurité,
14:26 donc des pistes de vélo et des transports en commun.
14:29 Les changements d'usage, les changements de comportement,
14:33 ils doivent s'appuyer aussi sur un aménagement de la ville,
14:36 un aménagement du territoire qui est favorable à la sobriété.
14:42 Je dirais qu'il y a quasiment une notion d'éco-conception de nos politiques publiques.
14:46 Quand on installe un nouveau équipement public, il faut tout de suite penser
14:49 la manière dont on y accède, et s'assurer qu'on y accède avec des transports en commun,
14:55 ou avec une piste de vélo, ou avec des moyens de transport qui ne sont pas la voiture.
14:59 Emprisonner les Français dans la voiture, ce n'est pas une solution.
15:04 Et donc, il y a une responsabilité des collectivités locales et de l'État
15:07 pour trouver des solutions et faire en sorte que les Français…
15:09 – C'est le prochain levier, moins utiliser la voiture, c'est l'un des leviers principaux.
15:12 – Tout à fait, ça va être un des leviers importants,
15:14 et moi je pense que les Français qui aujourd'hui sont obligés d'utiliser leur voiture
15:18 ont raison de nous dire "très bien, moi je chiche, permettez-moi de décarboner,
15:23 mettez-moi une voiture électrique pas chère,
15:25 permettez-moi d'accéder aux transports en commun,
15:27 des transports en commun fiables et qui desserrent bien l'endroit où je vis".
15:30 – Il faut aussi adapter les infrastructures énergétiques aux grandes chaleurs.
15:34 L'EDF a obtenu des dérogations l'été dernier pour rejeter une eau un peu plus chaude dans les cours d'eau.
15:39 C'est l'eau qui est censée refroidir les centrales électriques,
15:42 il y a eu des dérogations, par exemple la Garonne,
15:44 la température avoisine parfois les 28 degrés l'été.
15:48 EDF vous dit "c'est déjà le niveau maximal défini pour les rejets".
15:52 Est-ce que ça veut dire que ces dérogations vont devenir la norme ?
15:55 – Je pense qu'on va travailler effectivement sur une évolution de ces dérogations.
15:59 Alors je vais peut-être préciser certaines choses,
16:01 l'été dernier nous avions pris des dérogations,
16:03 elles ont été très peu utilisées, et on parle de dizaines de degrés,
16:08 pas de 1 ou 2 degrés supplémentaires.
16:10 Mais effectivement, il y a un travail qui est fait sur l'adaptation
16:14 de tout notre système énergétique au réchauffement climatique,
16:17 les réacteurs nucléaires sont un sujet, mais il y a d'autres sujets,
16:22 notamment tous les investissements que nous allons devoir faire sur le réseau
16:26 pour mettre en sécurité et avoir des postes de distribution électrique
16:31 qui soient capables de résister à des montées de température,
16:34 d'avoir des réseaux de transport qui soient capables de résister
16:37 à des changements de température rapides.
16:40 – Aujourd'hui ce n'est pas le cas.
16:41 – Et violents, et aujourd'hui on n'a pas une infrastructure
16:44 qui a été construite pour varier entre moins quelques degrés
16:50 et jusqu'à 40 ou 45 degrés.
16:52 – Mais si je vous entends, vous allez changer les normes de dérogation,
16:55 les règles de dérogation aux normes environnementales,
16:57 vous allez changer les niveaux ?
16:58 – Non, ce n'est pas ça que je dis, je dis qu'on est en train de travailler
17:01 à adapter notre système énergétique au réchauffement climatique.
17:06 – C'est-à-dire que les centrales se refroidissent de manière plus efficace,
17:09 c'est ça que vous dites ?
17:10 – Tout à fait, qu'il y a les centrales nucléaires,
17:12 mais qu'il y a aussi le réseau, qu'il y a aussi l'éolien marin,
17:15 on est en train de regarder, est-ce que le réchauffement climatique
17:18 et ce que nous savons aujourd'hui du climat et du changement du climat
17:20 est de nature à diminuer l'efficacité des éoliennes marines.
17:25 – Et pour ce qui est des centrales nucléaires,
17:26 c'est EDF qui va faire les investissements ?
17:28 – Regardez.
17:29 – Pour que ces centrales se refroidissent de manière plus efficace ?
17:32 C'est EDF qui paiera ou ?
17:33 – Vous savez, une entreprise qui est la propriété de l'État à 100%
17:38 et qui a son bras armé stratégique, à la fin c'est l'État qui paye.
17:41 – Bientôt à 100%, c'est une question de jour, c'est le 8 juin.
17:43 – Exactement.
17:44 – Que ça le sera, ça changera quoi concrètement d'ailleurs ?
17:46 Quelques pourcents en plus pour l'État ?
17:48 – C'est le fait effectivement d'être l'actionnaire principal
17:55 et de donner le sens de la stratégie et d'avoir une stratégie de long terme.
17:59 Parfois lorsqu'on a des minoritaires qui sont plutôt intéressés par le court terme,
18:03 il peut y avoir de la tension.
18:05 – Là c'est l'État stratège ?
18:06 – C'est l'État stratège à la tête d'un EDF qui doit être notre bras armé énergétique.
18:11 – Agnès Pagnier-Runacher, vous restez avec nous, invité du 8.30,
18:13 il est 9h moins 10, c'est l'heure du Fil info avec Maureen Suynard.
18:16 [Générique]
18:17 – Casino a quatre mois pour négocier avec ses créanciers,
18:20 procédure engagée alors que le distributeur est endetté.
18:23 À hauteur de plus de 6 milliards d'euros,
18:25 Casino qui annonce aussi céder un nombre significatif de magasins
18:29 au groupe Intermarché, sans plus de précisions pour le moment.
18:33 La plateforme sera mise en place en juillet pour les usagers des RER et des Transiliens
18:38 qui ont un abonnement pour qu'il soit indemnisé.
18:40 Les usagers des transports parisiens pourront recevoir entre 10 et 91 euros
18:46 après les grèves qui ont touché le réseau dans la région parisienne.
18:50 Il avait pris les armes pour défendre Donald Trump
18:53 et diriger des troupes pour tenter de prendre le capitole d'assaut.
18:56 C'était en janvier 2021, Stewart Rhoades, figure de l'extrême droite américaine,
19:01 est condamné à 18 ans de prison.
19:03 Il dit être un prisonnier politique.
19:06 C'est la condamnation la plus lourde prononcée dans cette affaire.
19:10 L'exploit de Lucas Pouille, le français de 29 ans, passe les qualifications
19:14 et gagne sa place pour le grand tableau de Roland Garros
19:17 puisqu'il est sorti d'une dépression et est tombé au 670e rang mondial.
19:28 Le 8.30, France Info, Néil Halatrous, Laurence Anechal.
19:32 - Avec Agnès Tannier-Munacher, ministre de la Transition énergétique,
19:35 il y a quelques instants, vous me disiez qu'il va falloir adapter
19:37 les infrastructures énergétiques électriques en l'espèce de la France
19:40 pour résister aux vagues de chaleur.
19:42 Est-ce qu'il est encore possible d'avoir une électricité peu chère
19:46 quand on demande à EDF de relever le défi environnemental,
19:50 de construire de nouvelles centrales,
19:54 et avec aussi la fin programmée de ces quotas d'électricité peu chères,
19:57 la reine prévue pour l'après 2025 ?
19:59 Est-ce qu'il faut faire le deuil d'une électricité pas chère en France ?
20:03 - Alors, je pense au contraire que ce que nous sommes en train de faire,
20:07 c'est-à-dire de développer des nouvelles capacités de production
20:10 qui aujourd'hui permettent de produire de l'électricité à un prix
20:13 qui est inférieur à celui sur les marchés internationaux.
20:17 Des éoliennes marines, on vient d'accorder,
20:20 enfin de signer un appel d'offre en dessous de 50 euros du mégawatt-heure.
20:26 C'est une action qui est favorable pour le pouvoir d'achat,
20:29 favorable pour la compétitivité des entreprises,
20:32 et favorable pour la planète.
20:33 Donc nous avons intérêt à développer le plus rapidement possible
20:37 des capacités de production qui sont compétitives,
20:39 c'est les énergies renouvelables, et demain ça sera le nucléaire.
20:42 - Mais il y a quand même un mur d'investissement à court terme,
20:45 avec aussi une demande qui est faite à EDF de produire de plus en plus,
20:48 parce que notamment électrification du marché de l'automobile.
20:51 - Tout à fait, mais aujourd'hui EDF a une réserve de production
20:55 sur la base de ses réacteurs existants qui est considérable.
20:59 Et sur le marché automobile, je veux dire aussi que derrière,
21:02 c'est des créations d'emplois.
21:04 Je vais inaugurer mardi prochain la première gigafactory de batterie électrique
21:09 avec Bruno Le Maire et Roland Lescure, c'est à 20 minutes de chez moi en plus,
21:14 donc j'en suis particulièrement fière.
21:16 C'est un projet sur lequel j'ai travaillé d'arrache-pied,
21:19 dans le Pas-de-Calais tout à fait, un d'ouvrain Billy Berklow.
21:22 J'ai travaillé d'arrache-pied pendant plusieurs années,
21:24 c'est une très grande fierté de voir cette gigafactory.
21:27 C'est 2000 emplois à terme, 2000 emplois à terme.
21:29 - Mais est-ce que ça se compensera les suppressions d'emplois
21:32 que vont entraîner la fin du moteur thermique en Europe pour les voitures neuves ?
21:35 - C'est l'objectif et vous voyez qu'on a anticipé,
21:39 quand on s'est saisi de ce sujet-là avec Bruno Le Maire en 2018,
21:42 tout le monde nous riait au nez, tout le monde nous expliquait
21:44 il n'est pas possible de construire des batteries électriques en France.
21:49 Le marché est aujourd'hui totalement dominé par la Chine, la Corée et le Japon,
21:52 vous n'y arriverez pas.
21:54 La réalité c'est qu'on est en train d'y arriver, on y a mis les moyens,
21:57 on y a mis beaucoup de discussions avec les constructeurs et Total d'ailleurs,
22:04 qui est partie prenante de ce consortium,
22:08 et aujourd'hui on va être en capacité de produire des batteries électriques,
22:11 on va le faire à Douai, on va le faire à Dunkerque,
22:14 et on a annoncé, le président de la République a annoncé il y a quelques semaines à Dunkerque,
22:19 un quatrième investissement d'un investisseur taïwanais pour des batteries électriques.
22:25 Mais ça ne te dit pas, est-ce qu'on saura faire de l'électricité pas chère,
22:27 et suffisamment pour répondre à tous ces besoins ?
22:30 Ça c'est l'enjeu de la loi de programmation énergie-climat sur lequel...
22:33 Vous dites vous-même que le Figaro, il y a un mur énergétique en 2030 ?
22:36 Oui, tout à fait, je le dis et je l'assume parce que ce mur énergétique,
22:39 on est capable de le passer, on est capable de le passer,
22:42 mais ça suppose de prendre des décisions courageuses aujourd'hui.
22:44 Pourquoi produire plus, vous demandez à EDF d'aller plus vite dans la remise aussi ?
22:48 Les deux choses, c'est à la fois baisser notre consommation d'énergie,
22:53 la sobriété, l'efficacité énergétique et notamment la rénovation thermique,
22:56 c'est mettre le paquet sur ces leviers-là,
22:58 et c'est produire plus d'énergie renouvelable sur notre parc existant de nucléaire.
23:03 Et notamment en allant plus vite sur la maintenance des réacteurs,
23:05 puisqu'on a vu cet hiver qu'il y avait beaucoup de réacteurs fermés, pour raison de marquises.
23:08 C'est possible à condition d'utiliser tous les leviers,
23:11 c'est-à-dire que nos oppositions qui nous disent "non mais moi je veux bien le faire,
23:14 mais sans les énergies renouvelables", ça n'existe pas.
23:18 - Il y a TAC qui attaque la loi nucléaire devant le Conseil constitutionnel.
23:20 - Ça n'existe pas.
23:22 On va falloir que chacun sorte de ses postures,
23:24 et c'est un des enjeux des groupes de travail que j'ai lancés.
23:27 Vous savez que la Première Ministre est très engagée dans la planification écologique,
23:30 qu'elle nous a demandé d'accélérer, d'organiser des concertations,
23:34 qu'elle est déterminée à avoir un plan pour l'été.
23:37 Et bien par rapport à ça, effectivement, avec les représentants d'un certain nombre de groupes politiques,
23:43 on met le sujet sur la table, on dit "voilà les contraintes, on est capable de le faire".
23:47 C'est créateur de dizaines de milliers d'emplois,
23:49 mais derrière va falloir prendre ses responsabilités et sortir des postures
23:52 contre le nucléaire ou contre le renouvelable.
23:54 - On a craint les pénuries cet hiver qui ne sont jamais venues.
23:57 "Le pire est à venir" nous dit déjà le Qatar en termes d'approvisionnement en pétrole et en gaz en Europe.
24:01 Est-ce qu'il faut craindre des pénuries l'hiver prochain ? Est-ce que vous vous y préparez déjà ?
24:05 - Moi, depuis janvier, je me prépare,
24:07 et je prépare avec les énergéticiens français, à passer l'hiver prochain.
24:12 Pourquoi ? Parce qu'il faut renforcer notre résilience par rapport à la crise.
24:16 - Et ça veut dire quoi ? - À la consommation d'énergie fossile.
24:18 C'est très concret, c'est remplir les stocks, le stockage de gaz,
24:21 c'est préparer, continuer à travailler sur la sobriété, donc la baisse de notre consommation,
24:27 qui a été le levier qui nous a permis très clairement,
24:30 et RTE, notre expert, le dit, de passer l'hiver dernier.
24:35 - Et les températures douces qui nous ont aidé.
24:36 - Oui, mais pas seulement. Encore une fois, sachons reconnaître ce qui a été bien fait.
24:41 RTE nous dit, le plan sobriété a permis d'éviter 12 signaux éco-ouâtres rouges.
24:46 C'est-à-dire 12 tensions majeures sur le réseau électrique.
24:49 Nous l'avons fait collectivement, avec les grandes entreprises,
24:52 avec les grandes collectivités locales, avec les administrations et avec les français.
24:56 Et je veux les remercier de ça.
24:57 - Et quand le Qatar dit "le pire est à venir", vous n'y croyez pas ?
25:00 - Non, je dis, il va falloir pas baisser la garde. Et c'est très exactement ce que nous faisons.
25:05 J'étais hier en Visio avec tous les préfets de région pour préparer notamment l'hiver prochain.
25:11 Mais je constate que EDF nous indique être en meilleure posture
25:14 en termes de production électrique nucléaire l'hiver prochain.
25:18 Je constate que nos stockages de gaz sont plus élevés aujourd'hui qu'ils l'étaient l'hiver dernier.
25:23 Je constate également que la sobriété se continue et ce sont des signaux qui sont positifs.
25:29 Et on va continuer à travailler dans cette direction.
25:31 - Merci, Agnès Pannier-Runacher. Bonne journée à vous.
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