- 27/03/2023
Jusqu’au 25 mars, c’est la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme. C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs, à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.
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00:12:49 Et bonsoir tout le monde, comment ça va ? Bienvenue dans le Talk de France Info.
00:12:54 Très contente de vous retrouver aujourd'hui en ce... On est quel jour ? On est mercredi.
00:12:59 Oh là là ! Le Talk de France Info, on est ensemble tous les soirs à 18h du lundi au vendredi.
00:13:05 Puis on parle d'un sujet d'actualité, un sujet de société.
00:13:09 Puis on est avec des invités en plateau qui sont bien calés sur le sujet et des invités qui sont plutôt...
00:13:16 tout cool, jeunes aussi, on essaye quand même de renouveler tout ça.
00:13:21 Comment allez-vous le chat ? Désolée, je vous ai donné une fausse information.
00:13:27 Oh là là ! Je vous ai dit qu'on commencerait plus tôt aujourd'hui et en fait finalement on n'a pas pu.
00:13:32 Donc voilà pourquoi on commence à 18h. Donc désolée s'il y a des gens qui se sont pointés sur la chaîne Twitch de France Info dès 17h40.
00:13:41 Pardon, pardon, pardon. Comment allez-vous ? Grafouille, j'ai sélectionné ton dessin pour illustrer le sujet du jour.
00:13:49 Je l'ai rentré dans la machine. D'ailleurs, je n'ai pas joué ton illustration hier, mais tout est sur le Discord.
00:13:59 Voilà, on a créé un salon avec toutes les ilues de Jougraph qui illustrent l'actualité avec son stylo, son pinceau affûté, ironique souvent.
00:14:11 Comment allez-vous ? Est-ce que vous avez suivi l'interview d'Emmanuel Macron tout à l'heure à 13h sur France 2 et sur TF1 ?
00:14:19 Dites-nous un petit peu ce que vous en avez pensé. Racontez-nous le chat, faites-nous part de vos impressions.
00:14:25 Est-ce que vous attendiez quelque chose déjà de cette interview ? On peut peut-être commencer par cette question.
00:14:32 Prise de parole qui intervient dans un contexte de crise politique et de forte mobilisation sociale contre la réforme des retraites.
00:14:38 Réforme qui doit entrer en vigueur avant la fin de l'année, a dit le chef de l'État tout à l'heure sur France 2 et TF1.
00:14:46 Au programme ce soir, en première partie, d'abord, on va débriefer ensemble et analyser les mots qu'a pu prononcer Emmanuel Macron.
00:14:56 Et en deuxième partie, on parlera de racisme en France. D'ailleurs, est-ce que vous étiez au courant que du 20 au 26 mars, c'est la semaine d'éducation contre le racisme ?
00:15:07 Voilà. On sera avec le streamer Samora Curie, aka moiCast, qui était là, qui était venu déjà au tout début du talk.
00:15:15 Et on sera avec Romain Monbert-Soussant de l'association SOS Racisme.
00:15:21 Mais avant ça, on va revenir sur cette interview et on va retrouver en duplex Rachel Garraval-Carcel. Hello !
00:15:30 Salut !
00:15:31 Est-ce que ça va bien ?
00:15:33 Écoute, un peu fatiguée, là. Les dernières semaines ont été chargées pour les journalistes politiques, disons.
00:15:41 Oui, parce que Rachel Garraval-Carcel est donc journaliste politique chez 20 Minutes.
00:15:47 Merci beaucoup d'être là ce soir. On est très heureux de t'avoir.
00:15:53 On va vous envoyer d'ailleurs le lien vers le compte Twitter de Rachel. Voilà, je vous conseille de suivre Rachel.
00:16:00 Première question déjà, comment est-ce qu'on peut qualifier cette prise de parole d'Emmanuel Macron ?
00:16:10 Alors, comment est-ce qu'on peut la qualifier ?
00:16:14 Bon, c'était attendu quand même, parce que ça fait plusieurs semaines et surtout cette dernière semaine que la tension politique monte.
00:16:24 Voilà, vous en avez parlé, il y a eu le 49.3 jeudi dernier, les motions de censure lundi, une motion de censure qui a échoué à peu de voix près.
00:16:34 Donc il y avait besoin d'une parole du président de la République, puisque dans nos institutions, c'est quand même plutôt le président de la République qui mène le jeu.
00:16:44 Après, on savait qu'il ne fallait pas attendre de grandes annonces.
00:16:49 D'ailleurs, le fait qu'il fasse son interview à 13h signifie qu'il ne visite pas forcément le plus grand nombre dès la diffusion de l'interview.
00:16:59 Mais voilà, il fallait assurer une présence, parce qu'il se trouve que parfois l'agenda est celui-là.
00:17:04 Pourquoi il parle aujourd'hui ? Parce qu'en fait, il a un sommet européen sur la fin de la semaine.
00:17:08 Et puis après, il y a le voyage officiel de Charles III, le premier voyage officiel de Charles III à l'étranger, le roi d'Angleterre, qui sera en France.
00:17:15 Donc il ne peut pas vraiment faire d'annonce nationale pendant cette période-là.
00:17:19 Là-dessus, on n'a pas été déçus. Il n'y a pas eu d'annonce.
00:17:23 Le président a assumé sa réforme des retraites. Il a repris l'argumentaire du gouvernement des dernières semaines.
00:17:32 Et disons que, ça je crois que c'est assez bien partagé, s'il cherchait un certain apaisement, parce que vous avez bien vu que…
00:17:43 C'est ce qu'il a dit, oui.
00:17:44 Les manifestations depuis jeudi commencent à être plus mouvementées, disons ça comme ça.
00:17:51 Je ne suis pas sûr qu'on ait trouvé de l'apaisement.
00:17:54 Quand on est manifestant, je ne suis pas sûr qu'on ait trouvé de l'apaisement dans la parole du président de la République.
00:18:00 Alors justement, dans le tchat, on a déjà Nel Simon qui dit
00:18:05 « La comparaison avec l'assaut sur le Capitole est inacceptable », selon Nel Simon.
00:18:14 C'est vrai que ça, c'est un truc qu'il dit dès le début de l'interview.
00:18:19 C'est assez impressionnant quand il parle de…
00:18:23 Alors il fait un lien, évidemment, quand on réécoute, c'est un lien ténu, mais enfin il sait très bien ce qu'il fait,
00:18:30 entre les assaillants du Capitole de début janvier 2021 et l'assaut à Brasilia après la prise de fonction de Lula,
00:18:45 je crois que c'était au mois de janvier dernier.
00:18:48 Évidemment, c'est à la fois surprenant et choquant,
00:18:53 et puis ça fait partie des choses dont on peut se dire qu'elles mettent de l'huile sur le feu.
00:18:59 Comment qualifier ça ?
00:19:02 Il a quand même essayé, je dirais, de rectifier le tir.
00:19:10 Alors après, on peut se demander si ça sert à quelque chose ou pas,
00:19:13 mais sur la légitimité des manifestations, on se souvient que cette déclaration avait beaucoup choqué
00:19:23 quand il a dit « la foule qui manifeste n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus ».
00:19:30 Là, il a un peu essayé de rectifier le tir en disant « non, mais en fait, je parlais des violences extrêmes ».
00:19:37 Oui, sauf que… Comment dire ?
00:19:41 Oui, bien sûr qu'on peut dire que ce n'est pas exactement ce qu'il a dit.
00:19:44 La déclaration dont tu parles, il l'a faite hier soir dans une réunion qui était, disons, semi-privée.
00:19:53 Disons qu'il n'y avait pas de journalistes, mais que les députés, les parlementaires macronistes présents
00:20:00 ont largement diffusé ce qui s'est passé hier soir.
00:20:04 C'était une sorte de réunion pour un peu remotiver les parlementaires de la majorité.
00:20:09 C'est précisément quand il essaye d'atténuer ce qu'il a dit qu'il fait la comparaison avec le Capitole.
00:20:14 Alors, bien sûr, il ne l'a pas dit que tous les manifestants étaient comme ça, mais il fait une sorte d'amalgame quand même.
00:20:23 Il a avoué avoir manqué de pédagogie sur la réforme des retraites.
00:20:31 Il dit, je cite, « on n'a pas réussi à expliquer la nécessité de cette réforme ».
00:20:36 Donc toujours avec cette rhétorique de « la nécessité de cette réforme est nécessaire ».
00:20:41 Mais est-ce que ce n'est pas un peu trop tard de dire aujourd'hui « on a manqué de pédagogie » ?
00:20:47 Ça ne coûte pas très cher de dire « on a manqué de pédagogie ».
00:20:53 Il faut se mettre à la place d'Emmanuel Macron.
00:20:57 À partir du moment où vous allez sur le 49-3, où vous décidez de passer en force sur cette réforme,
00:21:03 il faut l'assumer jusqu'au bout.
00:21:07 De son point de vue, politiquement, ce serait complètement absurde de faire un 49-3 à reculons en s'excusant.
00:21:17 Il faut y aller à fond. Son idée, c'est d'avoir une victoire totale, c'est-à-dire d'avoir sa réforme des retraites qui passe,
00:21:24 en jouant sur l'espoir que le mouvement social, certes, il y a quelques poubelles qui brûlent,
00:21:31 c'est un peu mouvementé dans certaines villes le soir, mais avec cet espoir qu'au final,
00:21:37 le mouvement social se calme, que ça devienne de plus en plus calme,
00:21:44 parce que tout le monde sait très bien que c'est difficile de tenir 7, 8, 9, 10, 15 jours de grève.
00:21:51 Je ne sais plus si demain c'est la 9e ou la 10e journée de mobilisation.
00:21:55 Pour d'autres, il y a bien plus de grève que les journées de mobilisation.
00:21:59 Donc, il joue ce jeu-là, il joue ce jeu-là à fond.
00:22:04 Et alors, il y a un mot qui revient souvent quand on regarde un peu sur les réseaux sociaux,
00:22:11 et nous notamment sur Discord, il y a Lenny, justement, de la communauté du Talk,
00:22:17 qui a dit qu'en fait, il est complètement déconnecté de la vie de Monsieur et Madame Tout-le-Monde.
00:22:22 Il se place au-dessus de tout.
00:22:24 Est-ce que tout à l'heure, dans son interview, c'est l'image qu'il a renvoyée encore une fois ou pas ?
00:22:32 D'une certaine manière, oui.
00:22:35 Il y a notamment une phrase où il dit « jamais les smicards n'ont vu leur pouvoir d'achat autant augmenté que ces derniers temps ».
00:22:43 Déjà, le terme « smicard »…
00:22:45 Alors, je ne sais plus s'il a dit « smicard ».
00:22:48 Il a dit « smicard ».
00:22:50 Parce que je crois que le smic a augmenté de 9 %.
00:22:55 Alors, il est vrai qu'en soi, 9 % ce n'est pas rien, sauf que l'inflation est à 6 %.
00:23:00 Donc, en fait, vous avez un 6 %, et encore pas sur tout, parce que si on compte l'alimentaire, c'est plus de 10 %.
00:23:08 Or, les smicards, pour reprendre son mot, la part des biens de base, notamment alimentaire,
00:23:18 est bien plus grande dans leurs dépenses.
00:23:20 Ils ont moins de marge pour faire d'autres dépenses, bien entendu.
00:23:25 Et là, on se dit « ah oui, effectivement, il y a quand même un décalage avec la société ».
00:23:32 Après, il y a le truc de…
00:23:35 Et puis, évidemment, on pense au sondage qui donne tous entre 60 et 70 % d'opposition à la réforme,
00:23:42 et de manière très constante, d'ailleurs, depuis le mois de janvier.
00:23:47 Après, Emmanuel Macron…
00:23:51 Alors, je ne dis pas que c'est choquant ou pas choquant,
00:23:54 mais Emmanuel Macron, il joue avec ses forces, celles des institutions,
00:23:58 qui font que le président de la République, il est très puissant dans nos institutions.
00:24:03 Il est même si puissant que même quand il n'a pas tout à fait une majorité à l'Assemblée,
00:24:08 puisqu'il n'a pas la majorité absolue à l'Assemblée,
00:24:10 mais en fait, il peut quand même passer un bon paquet de réformes,
00:24:14 même quand il n'a pas la majorité, CF, le 49-3.
00:24:19 Donc, ça peut paraître, et ça l'est peut-être d'ailleurs,
00:24:24 je ne veux pas faire un jugement de valeur choquant comme position,
00:24:28 mais de son point de vue à lui, institutionnellement,
00:24:31 tranquille, il fait exactement ce que les institutions lui permettent de faire.
00:24:36 Et en même temps, il y a eu ce…
00:24:39 alors pardon, j'ai oublié son nom, mais le journaliste de France 2,
00:24:43 qu'il a relancé là-dessus et qui lui a dit,
00:24:46 j'ai trouvé ça intéressant comme relance, il lui a dit,
00:24:49 mais est-ce qu'on peut être seul, est-ce qu'on peut gouverner seul
00:24:53 contre la vie de tous, de presque tous,
00:24:56 contre la vie de 70% de la population ?
00:24:59 Alors ça, il y a les macronistes que j'ai pu rencontrer ces dernières semaines,
00:25:03 ils ont un argument, c'est de dire, bon au fond, finalement,
00:25:08 oui, il y a peut-être, si on prend les chiffres de la police,
00:25:11 entre un million, un million et demi de personnes qui manifestent,
00:25:15 mais bon, il y a 65 millions de Français finalement, quoi.
00:25:18 Voilà, ce n'est peut-être pas si important qu'on veut bien le dire,
00:25:21 oui, c'est vrai, c'est gros, bon, il faut se souvenir que même
00:25:24 si on ne prend que les chiffres de la police, il n'y a jamais eu autant
00:25:27 de personnes dans la rue le 7 mars dernier, depuis mai 68.
00:25:31 C'est ça les références désormais, c'est quand même assez considérable,
00:25:36 donc depuis plus de 50 ans.
00:25:38 Donc il y a cette petite musique de dire, oui, bon, quand même,
00:25:42 ce n'est pas la majorité du pays qui est dans la rue,
00:25:44 ce n'est pas si impressionnant que ça.
00:25:46 Après le 7 mars, vous vous souvenez, l'idée des syndicats,
00:25:53 c'était de bloquer le pays, c'était les mots qui avaient été prononcés,
00:25:56 bon, le pays n'a pas été bloqué, et du coup, il y avait des macronistes
00:26:00 pour dire, bon, ben, finalement, la semaine n'est pas si mauvaise
00:26:02 pour nous, quoi, finalement.
00:26:04 Donc ils jouent cette petite musique-là, bon, qui les arrangera là
00:26:08 et qui ne les arrangera pas une autre fois.
00:26:11 Vous savez, vous avez plein de députés ou de ministres qui vous disent,
00:26:14 ah mais oui, mais moi, mon boucher, ma boulangère, elle m'a dit ça,
00:26:20 et du coup, c'est ce que pensent les Français.
00:26:22 Donc on peut bien prendre des échantillons quand ça nous arrange, finalement.
00:26:26 Et il y avait aussi, dites-nous dans le chat, si vous avez relevé ça,
00:26:30 vous aussi, mais cette rhétorique aussi un petit peu du sacrifice.
00:26:35 Il a dit, je suis prêt à endosser l'impopularité,
00:26:39 et ensuite, il a questionné, enfin, il a renvoyé la question aux journalistes
00:26:43 en disant, mais vous croyez que ça me fait plaisir,
00:26:46 mais cette réforme, j'aurais préféré ne pas la faire.
00:26:49 Ça aussi, c'était attendu, ce genre de réponse ?
00:26:52 Ça fait vraiment partie des arguments macronistes qui, dès janvier,
00:26:57 nous disaient, évidemment que si vous demandez aux gens s'ils veulent travailler plus longtemps,
00:27:01 ils ne veulent pas travailler plus longtemps, moi non plus, je ne veux pas travailler plus longtemps.
00:27:04 Mais ce n'est pas tellement la question qui se pose, en fait,
00:27:08 surtout quand vous êtes législateur, finalement,
00:27:11 ou président de la République a plus forte raison, le truc de,
00:27:15 ouais, ben ça ne me fait pas plaisir.
00:27:17 Bon, là-dessus, il y a le truc de, comment dire ?
00:27:22 Alors, je ne sais pas si c'est très français ou si on l'entend ailleurs,
00:27:28 dans des pays démocratiques en Europe,
00:27:32 mais en tout cas, il y a un truc très récurrent dans la vie politique française,
00:27:36 c'est que finalement, une bonne réforme, c'est aussi une réforme
00:27:40 où on a été courageux, et on l'entend courageux par,
00:27:43 on a fait des choix impopulaires, voire on a réussi à battre un mouvement social, par exemple.
00:27:50 Par exemple, la réforme des retraites de 2010, dont on a parfois parlé ces derniers mois,
00:27:56 elle est entrée en application,
00:28:00 elle est entrée en application après des mois et des mois de très grosses manifestations.
00:28:05 Mais est-ce qu'il y avait eu un 49-3 ?
00:28:07 Non, parce qu'à l'époque, Nicolas Sarkozy était majoritaire.
00:28:10 C'est ça aussi la différence ?
00:28:13 Oui, après, le truc qui me semble important,
00:28:19 c'est que quand on est dans une démocratie,
00:28:22 en l'occurrence une démocratie représentative,
00:28:25 où dans notre système, on accepte que nos représentants à l'Assemblée nationale
00:28:30 nous représentent littéralement,
00:28:35 ce n'est pas une démocratie directe,
00:28:38 il faut quand même accepter, et je pense que c'est de plus en plus le cas,
00:28:42 que le Parlement a sa légitimité,
00:28:45 le gouvernement a sa légitimité,
00:28:48 mais il n'y a pas que ça.
00:28:50 C'est très important, c'est très important de respecter le résultat des élections, à mon sens,
00:28:54 mais les mouvements sociaux, les manifestations,
00:28:57 ce qu'on appelle les corps intermédiaires, c'est-à-dire les associations,
00:29:00 les syndicats, les gens qui interviennent dans la société,
00:29:03 ils ont leur légitimité aussi, ils ont leur expertise,
00:29:06 et c'est trop simple de dire, on revient aussi à la rhétorique de la foule
00:29:10 dont on parlait tout à l'heure, c'est trop simple de dire,
00:29:13 il n'y a que nous qui sommes élus, qui ont une sorte d'onction sacrée,
00:29:17 qui avons tous les droits.
00:29:20 Ça ne peut pas se passer comme ça, en fait.
00:29:23 Et je pense que c'est de moins en moins le cas,
00:29:26 et de moins en moins accepté par la population.
00:29:29 La démocratie, ça ne peut pas être juste 5 minutes tous les 5 ans,
00:29:32 vous allez au bureau de vote, et puis après,
00:29:35 on peut faire ce qu'on veut. Ça ne peut pas se passer comme ça.
00:29:38 Après, il faut être honnête, aujourd'hui, c'est Emmanuel Macron
00:29:41 qui est dans cette situation de dire ça,
00:29:44 et les institutions de la Ve République font que
00:29:47 n'importe quel pouvoir dit ça quand il est confronté
00:29:50 à une contestation d'un de ses projets.
00:29:53 Et il a aussi dit, je cite, "il y a une tendance dans nos démocraties
00:29:57 à vouloir s'abstraire du principe de réalité".
00:30:00 Comment interpréter ça ?
00:30:03 En gros, les gens n'ont rien compris à notre système de retraite,
00:30:06 et ils manifestent parce qu'ils ne comprennent pas ?
00:30:09 Ce ne serait pas tout à fait ça.
00:30:12 C'est plutôt sur le côté pédagogie.
00:30:15 J'avais écrit un papier, d'ailleurs, au début de la réforme des retraites,
00:30:18 sur le côté très méprisant de dire "oui, on va faire la pédagogie".
00:30:21 Vous n'avez pas compris. Sur le principe de réalité,
00:30:24 c'est plutôt le côté "on est endetté,
00:30:27 on est très endetté, il faut faire des grosses réformes
00:30:30 pour régler cet endettement".
00:30:33 Et c'est ça, le principe de réalité, d'une certaine manière.
00:30:36 Et pour critiquer aussi les oppositions
00:30:39 qui ont parfois des propositions de réformes
00:30:42 qui, d'après la majorité, sont complètement irréalistes.
00:30:45 Par exemple, la gauche, mais ils ont critiqué aussi
00:30:48 le projet de réforme de l'extrême droite, par exemple.
00:30:51 C'est le côté, vous savez,
00:30:54 à partir de Margaret Thatcher,
00:30:57 quand elle est devenue Première ministre,
00:31:00 une Première ministre très libérale,
00:31:03 qui a beaucoup libéralisé le marché du travail au Royaume-Uni,
00:31:06 l'expression des libéraux économiques en politique,
00:31:09 c'est "there is no alternative".
00:31:12 Il n'y a pas d'alternative.
00:31:15 Et là, c'est un peu ce qu'il dit
00:31:18 quand il parle de principe de réalité.
00:31:21 En fait, c'est "vous n'avez pas le choix,
00:31:24 il n'y a qu'une seule politique possible".
00:31:27 Et d'ailleurs, sur la notion,
00:31:30 sur le rapport des Français au travail,
00:31:33 il a dit quelque chose à un moment
00:31:36 qui m'a interpellée, j'imagine que je ne suis pas la seule
00:31:39 parce que je vois un petit peu les réactions dans le chat,
00:31:42 mais il a dit "depuis la crise Covid,
00:31:45 les Français ont, entre guillemets,
00:31:48 un peu..." Alors ça, c'est pas sa citation,
00:31:51 c'est moi qui résume, mais en gros,
00:31:54 les Français ont pris l'habitude de moins travailler
00:31:57 et de plus s'épargner.
00:32:00 Et là, en gros, elle a signé des chèques
00:32:03 pour que l'économie tienne le coup,
00:32:06 mais en gros, il va falloir s'y remettre.
00:32:09 Oui, ça fait partie des moments un peu lunaires
00:32:12 de l'interview, il faut bien l'avouer.
00:32:15 Parce qu'en plus, les métiers essentiels en première ligne,
00:32:18 il me semble que ce n'est pas forcément
00:32:21 celles et ceux qui télétravaillent le plus.
00:32:24 Il y a des travailleurs et des travailleuses là
00:32:27 qui paieront le plus lourd tribut à la réforme des retraites.
00:32:30 Par exemple, moi, je suis journaliste,
00:32:33 j'ai fait des études, j'ai commencé à travailler à 24 ans,
00:32:36 et vous savez, pour avoir une cotisation,
00:32:39 pardon, une pension sans décote,
00:32:42 en fait, c'est 67 ans la limite.
00:32:45 Moi, c'était 67 ans avant la réforme, c'est 67 ans après la réforme.
00:32:48 Finalement, je ne fais pas tellement plus d'efforts là.
00:32:51 Mais pour revenir,
00:32:54 oui, sur le travail, pardon.
00:32:57 Oui, je pense que c'est vrai
00:33:00 qu'au plus fort de la crise Covid,
00:33:03 il ne faut pas oublier, c'est-à-dire le premier confinement,
00:33:06 il ne faut pas oublier qu'il y a presque la moitié
00:33:09 des actifs du pays.
00:33:12 Donc, les actifs, ce n'est pas toute la population,
00:33:15 c'est à la fois les gens, vous excluez
00:33:18 les jeunes, les étudiants et les retraités,
00:33:21 en gros, pour faire simple, et les femmes au foyer,
00:33:24 comme on pourrait dire.
00:33:27 Il y avait près de la moitié de cette population-là
00:33:30 qui était in fine rémunérée par l'État.
00:33:33 Évidemment, c'est énorme.
00:33:36 Mais enfin, cette période, le Covid, ça a duré plus ou moins deux ans,
00:33:39 cette période-là, elle a duré quelques mois seulement.
00:33:42 Il ne faut pas oublier.
00:33:45 Cette population, c'est quand même beaucoup des populations
00:33:48 de cadres ou de ce qu'on appelle des catégories
00:33:51 socio-professionnelles supérieures.
00:33:54 Ça a interrogé certains sur le sens du travail,
00:33:57 le temps qu'ils voulaient donner au travail, c'est sûr.
00:34:00 Mais quelle réalité ça a, ça ?
00:34:03 Ça existe, oui, on ne peut pas dire que ça n'existe pas,
00:34:06 mais ça reste très minoritaire.
00:34:09 Vous savez, ces gens-là,
00:34:12 dont on dit qu'ils ont quitté Paris et les grandes villes,
00:34:15 bon, ça existe.
00:34:18 Enfin, c'est pas non plus Paris ne s'est pas vidé
00:34:21 de ses habitants depuis trois ans.
00:34:24 Et puis, voilà, ça concerne une partie souvent
00:34:27 quand même un peu plus favorisée que la moyenne, ces gens-là.
00:34:30 Après, il y a autre chose.
00:34:33 C'est-à-dire que le fait que les salariés,
00:34:36 les travailleurs, les ouvriers veulent de meilleures conditions
00:34:39 de travail, ça ne date pas du Covid.
00:34:42 Ça date de plus ou moins, allez, 250 ans,
00:34:45 disons ça comme ça.
00:34:48 Oui, il a l'air de découvrir le principe d'usure au travail.
00:34:51 Il a dit non, mais il faut qu'on prenne ce sujet à bras le corps.
00:34:54 Oui, ça, c'est un autre sujet,
00:34:57 parce que vous savez, quand Emmanuel Macron est devenu président
00:35:00 en 2017,
00:35:03 il a sorti un document
00:35:06 où il a supprimé
00:35:09 une partie, une grande partie
00:35:12 des critères de pénibilité
00:35:15 qui permettaient aux personnes avec des travaux pénibles
00:35:18 de partir plutôt en retraite.
00:35:21 Et ça, c'est un peu une sorte de serpent de mer,
00:35:24 parce que la pénibilité, ça a évidemment fait partie
00:35:27 des débats sur la réforme des retraites
00:35:30 qui a été adoptée lundi.
00:35:33 Mais sans vrais avancées, en fait.
00:35:36 Et là, c'est un peu bizarre d'arriver
00:35:39 et de dire, oui, finalement, on va s'y remettre.
00:35:42 Mais il y a plusieurs choses dans son interview où il remet de l'avant
00:35:45 certains sujets qui ont été portés soit par lui
00:35:48 et puis laissés tomber, soit par les oppositions et jamais
00:35:51 vraiment examinés, et qui là, il remet de l'avant.
00:35:54 Bon, peut-être qu'effectivement,
00:35:57 il y a des choses qui vont bouger là-dessus, mais
00:36:00 mon boulot, c'est de rappeler que tout ça n'est pas forcément très nouveau
00:36:03 et qu'il n'y a pas forcément eu de suite jusque-là.
00:36:06 Et il a aussi dit, Emmanuel Macron,
00:36:09 qu'il regrettait qu'aucune, je cite,
00:36:12 "qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis".
00:36:15 Alors, là-dessus,
00:36:18 comment dire ?
00:36:21 En tout cas, les syndicats ont demandé à être reçus
00:36:24 en urgence là, début mars, et là, c'est resté
00:36:27 l'être morte. – Ça, c'est déjà assez rigolo.
00:36:30 Alors, le gouvernement se réfugie en disant que, avant
00:36:33 janvier,
00:36:36 ils ont contacté tout le monde, il y a eu des discussions.
00:36:39 Bon, même les syndicats les plus modérés considèrent
00:36:42 que c'était vraiment très limité,
00:36:45 ces discussions. Il y a récemment,
00:36:48 je ne sais pas si c'est toujours le cas, mais récemment, Laurent Berger,
00:36:51 qui est le secrétaire général de la CFDT, qui est le principal
00:36:54 syndicat français, qui est considéré comme étant
00:36:57 plutôt modéré, disons de centre-gauche,
00:37:00 pourrait-on dire, n'avait reçu aucun
00:37:03 coup de fil du gouvernement ou d'Emmanuel Macron
00:37:06 depuis le début du mouvement social, donc le 19 janvier.
00:37:09 Et, effectivement,
00:37:12 je crois que c'était début mars,
00:37:15 les syndicats ont demandé à être reçus par le président de la République,
00:37:18 ce qu'il a refusé de faire, considérant que les négociations
00:37:21 avaient déjà eu lieu, donc, avant, avec le ministre du Travail
00:37:24 et la première ministre. Ça, c'est une première chose,
00:37:27 qui, effectivement,
00:37:30 en son propos, est quand même un peu moins crédible, mais surtout,
00:37:33 ce n'est pas le job des syndicats de faire
00:37:36 des projets noirs, en fait.
00:37:39 C'est le job du gouvernement, en fait.
00:37:42 Et après,
00:37:45 on négocie, on fait des compromis,
00:37:48 à la fois avec les syndicats, dans un monde idéal, j'entends,
00:37:51 avec les syndicats,
00:37:54 avec... et puis ça peut ne pas marcher avec les syndicats,
00:37:57 les deux légitimités qui se font face,
00:38:00 et puis, après, si vous n'êtes pas majoritaire à l'Assemblée nationale,
00:38:03 ce qui est le cas actuellement, vous négociez avec éventuellement
00:38:06 d'autres forces politiques qui peuvent être moyennement
00:38:09 d'accord avec vous, mais peut-être se rapprocher des points de vue des uns
00:38:12 et des autres, pour essayer d'avoir un compromis majoritaire.
00:38:15 Sauf que, je l'ai un peu abordé,
00:38:18 en fait, notre 5e République,
00:38:21 nos institutions, elles poussent plutôt à la confrontation, en fait.
00:38:24 Finalement, quand vous êtes au pouvoir,
00:38:27 vous êtes le plus souvent, bon, c'est un peu différent depuis
00:38:30 juin désormais, vous êtes au pouvoir tout seul,
00:38:33 quand le président de la République dit un truc,
00:38:36 il a toutes les chances que l'Assemblée nationale l'accepte
00:38:39 dans les mêmes termes, et...
00:38:42 et c'est tranquille, et c'est très...
00:38:45 comment dire... ça peut être une sorte de drogue, finalement.
00:38:48 Vous pouvez même vous faire élire en vous disant "ouais, non, mais il faut
00:38:51 mieux séparer les pouvoirs, mieux partager". En fait, quand vous êtes
00:38:54 dans une position où vous pouvez décider à peu près de tout,
00:38:57 c'est quand même assez intéressant.
00:39:00 Emmanuel Macron ne va ni dissoudre, donc, ni remanier,
00:39:03 ni convoquer de référendum. Pourquoi ?
00:39:06 Alors, parce que
00:39:09 aucune de ces trois options ne lui apporterait quelque chose,
00:39:12 en fait. Bon, la dissolution,
00:39:15 je vois mal,
00:39:18 s'il y avait dissolution maintenant, comment la campagne pourrait
00:39:21 se jouer sur autre chose que la retraite ?
00:39:24 Et ça serait quand même risqué, vu les sondages sur la question
00:39:27 des retraites, donc il ressortirait plus affaibli encore.
00:39:30 Un référendum ?
00:39:33 À part s'il est sur les retraites, je vois pas, mais là, même problème,
00:39:36 je vois pas comment il pourrait gagner ce référendum.
00:39:39 Et puis un remaniement ?
00:39:42 Franchement, alors, il y a deux choses
00:39:45 sur le remaniement. D'abord, est-ce que ça intéresse vraiment les gens
00:39:48 d'avoir des ministres différents ?
00:39:51 Pas sûr.
00:39:54 Et deuxièmement, ça c'est un problème assez structurel
00:39:57 chez les macronistes, c'est qu'ils ont pas tant de
00:40:00 ministres en réserve, d'une certaine manière.
00:40:03 Ils ont pas de banc, comme on dirait en football.
00:40:06 Il y a pas vraiment de remplaçants qui sont prêts à rentrer tout de suite.
00:40:09 Et puis plus c'est dans une situation où, peut-être qu'on n'est pas
00:40:12 en crise politique, mais en tout cas, on est au minimum dans une crise sociale.
00:40:15 Il aurait peut-être pu,
00:40:18 j'imagine, gagner en termes d'images,
00:40:21 mais en fait, il a plus d'images à sauver,
00:40:24 finalement, il le dit, moi je pourrais pas me représenter,
00:40:27 donc j'ai rien à perdre. Il y a un peu ce côté-là, on sent.
00:40:30 Et puis d'une certaine manière, je vous disais tout à l'heure,
00:40:33 oui, finalement, les macronistes ont eu le sentiment
00:40:36 de ne pas avoir eu une si mauvaise semaine le 7 mars.
00:40:39 En fait, ils se disent beaucoup
00:40:42 que la réforme des retraites
00:40:45 n'a rien vraiment changé dans l'opinion, dans le sens
00:40:48 où les gens qui aimaient bien Emmanuel Macron,
00:40:51 ils aiment toujours bien Emmanuel Macron, et les gens qui n'aimaient pas Emmanuel Macron,
00:40:54 ils n'aiment toujours pas Emmanuel Macron.
00:40:57 Et je pense qu'ils n'ont pas forcément tort.
00:41:00 On voyait les sondages, là, au début de la semaine,
00:41:03 qui donnaient à peu près entre 25 et 30 % des gens
00:41:06 qui ne voulaient pas que le gouvernement tombe, que la motion de censure soit adoptée.
00:41:09 En fait, c'est plus ou moins le pourcentage
00:41:12 d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle
00:41:15 et aux élections législatives.
00:41:18 Et je pense que c'est à ce noyau-là, d'ailleurs, qu'ils s'adressaient
00:41:21 en intervenant lors du 13h,
00:41:24 plutôt que lors du 20h.
00:41:27 Alors là, depuis tout à l'heure, on commente l'interview d'Emmanuel Macron,
00:41:30 on analyse un peu les termes,
00:41:33 tout ça, mais en fait, est-ce qu'il est encore audible ?
00:41:36 Alors ça, c'est une très bonne question.
00:41:39 Mais je pense que ça, on verra au moins une partie de réponse demain,
00:41:42 puisque maintenant, c'est une nouvelle journée
00:41:45 de mobilisation intersyndicale.
00:41:48 C'est une vraie question.
00:41:51 Est-ce que c'est ça, le risque ? C'est que peu importe, finalement,
00:41:54 ce qu'il dit, les gens ne croient plus ?
00:41:57 C'est un risque.
00:42:00 Après, là, on est dans un temps très difficile,
00:42:07 enfin, très difficile pour lui, pas que je le plains,
00:42:10 mais voilà, un moment assez compliqué à gérer.
00:42:13 Après, quand je dis qu'il mise
00:42:20 sur l'essoufflement du mouvement social,
00:42:23 ça a quand même des chances d'arriver, quoi.
00:42:26 Ça a quand même des chances d'arriver, et il mise sur le fait de
00:42:29 "je vais faire un peu le dos rond, on va attendre,
00:42:32 on va voir ce qui se passe, et puis on va espérer que
00:42:35 sinon, les gens oublient, les gens ne l'oublient pas,
00:42:38 mais que ça descende dans leurs priorités, si vous voulez."
00:42:43 Ou le contraire, est-ce que ça peut aussi pousser des gens ?
00:42:46 Il y a Monstre Délicat dans le tchat qui dit
00:42:49 "je vais m'inviter à aller manifester, et après cette interview,
00:42:52 j'ai décidé de sauter le pas."
00:42:55 Peut-être, peut-être, je vois plein de gens qui disent
00:42:58 "là, il a motivé tout le monde à aller manifester, qu'est-ce qu'il a fait ?"
00:43:01 Mais peut-être, mais si vous voulez, je n'ai pas de boule de cristal,
00:43:04 c'est déjà difficile en politique, et vraiment, je ne veux pas me risquer
00:43:07 à dire "demain, il va y avoir 2 millions de personnes,
00:43:10 ou il va y en avoir que 500, 100 000, je ne sais pas, on verra demain."
00:43:13 On verra et on décryptera tout ça, mais merci beaucoup, Rachel,
00:43:16 en tout cas, c'était trop cool.
00:43:19 Est-ce que tu veux ajouter quelque chose ? Sinon, on se dit au revoir.
00:43:22 Non, merci pour votre accueil.
00:43:25 Merci beaucoup, merci à toi. On vous renvoie dans le tchat
00:43:28 le lien vers le compte Twitter de Rachel,
00:43:31 et voilà, on vous invite à aller lire "Les papiers politiques"
00:43:34 dans 20 minutes. Merci.
00:43:37 Merci à toi, et du coup, tu peux sortir du duplex
00:43:40 et couper ton micro, si ça te va.
00:43:43 OK. Salut. Merci. Merci à toi.
00:43:46 Hello ?
00:43:49 Ça va ? Vous étiez là depuis tout à l'heure.
00:43:52 Je vous ai senti attentif. Je vous présente avant Samoura Curie.
00:43:55 Bonsoir. Oui, tout à fait. Bonsoir, le tchat.
00:43:58 Aka Moicast. Exactement.
00:44:01 Est-ce que vous connaissez Moicast dans le tchat ? Tu es streamer, podcaster ?
00:44:04 Oui, streamer et podcaster, tout à fait. Créateur de contenu sur Internet,
00:44:07 Instagrammeur, plein de trucs.
00:44:10 Sur les internets, on vous envoie plein de liens. Puis tu vas nous parler
00:44:13 de ton podcast et des contenus que tu crées.
00:44:16 Romain Monbert Soussan. Bonsoir. Bienvenue.
00:44:19 Ça va ? Oui, ça va.
00:44:22 Romain de l'association SOS Racisme. C'est tout bon.
00:44:25 Je voulais qu'on parle, là, ça y est,
00:44:28 on switch de sujet. On va parler de la lutte contre le racisme.
00:44:31 Mais avant ça, est-ce que vous voulez réagir à la séquence
00:44:34 qui vient de se produire ?
00:44:37 C'est le récapitage de l'interview d'Emmanuel Macron avec Rachel de 20 minutes.
00:44:40 Vous n'êtes pas obligé, mais...
00:44:43 Peut-être dire un petit peu, je pense qu'on partage
00:44:46 un petit peu la consternation de tout un tas de personnes dans le pays.
00:44:49 De se dire qu'en fait,
00:44:52 il n'y a vraiment aucun dialogue qui est possible. On a le sentiment
00:44:55 qu'il n'écoute pas du tout le président de la République
00:44:58 quand le peuple parle, quand il va dans la rue pour s'exprimer.
00:45:01 Donc nous, on regrette un petit peu ça.
00:45:04 Il y a quand même quelque chose d'assez atterrant
00:45:07 dans son discours où il va parler de l'avenir et à aucun moment
00:45:10 il fait mention de la jeunesse.
00:45:13 C'est quand même quelque chose qu'il faut avoir en tête. La jeunesse,
00:45:16 elle s'exprime dans la rue aussi. Elle est en masse. On voit les universités,
00:45:19 les lycées qui sont bloqués par des étudiants qui, en fait,
00:45:22 ont des choses à dire et dénoncent la manière dont ça se passe.
00:45:25 Mais en fait, on a toujours la même chose.
00:45:28 C'est-à-dire qu'on ne va pas écouter
00:45:31 cette parole et cette colère qui s'expriment
00:45:34 et on va faire comme si ça n'existait pas.
00:45:37 D'ailleurs, on est vraiment dans quelque chose qui est dans la continuité
00:45:40 du mépris qu'a Emmanuel Macron
00:45:43 pour la jeunesse depuis un certain temps,
00:45:46 avec tout un tas de mesures qui ont été prises contre la jeunesse,
00:45:49 notamment la réforme du bac, la réforme du lycée,
00:45:52 le parcours sup', etc.
00:45:55 - Samo, tu veux ajouter un truc ou pas ? Tu n'es pas obligé.
00:45:58 - Non, je trouve que finalement, le président,
00:46:01 il reste dans sa lignée. Pendant toute cette période,
00:46:04 cette séquence-là, finalement, il était assez silencieux. On voyait beaucoup son gouvernement,
00:46:07 Isabeth Borne, s'exprimer. Et quand il arrive,
00:46:10 il a l'air d'être un peu surpris des réactions des gens, comme s'il découvrait
00:46:13 que les gens tenaient finalement à leur retraite
00:46:16 et tenaient aussi à ce que le travail soit
00:46:19 respecté aussi. Et finalement, dans l'interview,
00:46:22 il dit un peu qu'il trouve que les gens sont
00:46:25 hors sol, un peu hors du principe de réalité, comme je le disais.
00:46:28 Et finalement, je me dis que quand on voit le train de vie d'un président,
00:46:31 le train de vie d'un sénateur, avec le régime spéciaux aussi, qui est assez incroyable,
00:46:34 quand on voit le train de vie des députés, et que ce soit ces personnes-là
00:46:37 qui doivent décider de notre avenir, je me dis que
00:46:40 quand on regarde, il y a peut-être ces gens-là
00:46:43 qui sont hors sol et qui ne comprennent pas vraiment ce que c'est que la vraie vie.
00:46:46 Et il y a la police, la brave,
00:46:49 qui permet de faire rempart, mais voilà.
00:46:52 - Et dans la vraie vie,
00:46:55 toi, tu as créé... Est-ce que tu peux nous parler de ton podcast ?
00:46:58 Le Moacast. Tu racontes quoi dedans ?
00:47:01 Et dans quelle optique tu l'as créé ?
00:47:04 - Alors, moi, j'ai créé le Moacast en 2018.
00:47:07 C'était un podcast que j'ai voulu faire
00:47:10 parce que je faisais du podcast ailleurs, dans l'omène de la tech.
00:47:13 En fait, voilà, parler un peu de nouvelles technologies,
00:47:16 d'actualité, tout ça. Et je me suis dit que c'est marrant
00:47:19 parce que dans le podcast, on parle beaucoup de tech, de pop culture,
00:47:22 de plein de sujets
00:47:25 très généralistes, mais finalement,
00:47:28 c'est un porte-voix super intéressant
00:47:31 et j'entends peu de choses sur les Antilles, les Antilles et la Guyane
00:47:34 notamment. Et je me suis dit que ce serait intéressant
00:47:37 de créer une plateforme, un espace d'expression
00:47:40 parce que j'avais des questionnements aussi, parce que je vivais
00:47:43 aussi des trucs spécifiques quand on s'y est
00:47:46 dans l'Hexagone, en France, et je me disais qu'il fallait
00:47:49 créer ça, cet endroit où on pourrait parler un peu
00:47:52 un safe space pour dire les choses et dire les termes.
00:47:55 - Et alors, tu parles, Romain, je ne t'oublie pas,
00:47:58 tu parles de safe space, comme ça on fait la transition,
00:48:01 c'est-à-dire ? - En fait,
00:48:04 je me suis rendu compte et on se rend compte quand on est
00:48:07 alors je parle d'Antilles aux Guyanais, mais globalement de personnes racisées
00:48:10 en France, que c'est difficile d'avoir des discussions
00:48:13 sur des choses vraiment très profondes, des problèmes
00:48:16 très profonds qu'on peut avoir en France,
00:48:19 c'est assez compliqué, et parfois
00:48:22 on se sent sur nous-mêmes et on met les problèmes
00:48:25 qu'on ressent sous le tapis. Et un safe space,
00:48:28 c'est permettre aussi à des personnes qui ont cette communauté
00:48:31 d'intérêt, ces problèmes communs, de
00:48:34 parler ensemble et d'essayer de trouver des solutions sans être jugés,
00:48:37 critiqués ou accusés de quoi que ce soit.
00:48:40 - Romain, est-ce que tu veux réagir ou
00:48:43 sinon j'enchaîne ? - Oui, non, bah juste dire que
00:48:46 c'est important, je trouve aussi ce genre d'initiative, parce que ça permet
00:48:49 aussi de visibiliser des choses dont on n'a pas forcément
00:48:52 l'habitude d'entendre parler, etc. Donc c'est vraiment fondamental,
00:48:55 notamment dans une société française où il y a
00:48:58 des divisions qui se créent, et ça permet vraiment de remettre
00:49:01 sur le devant de la scène. Donc vraiment, bravo pour cette initiative.
00:49:04 - Merci beaucoup. - Créer une communauté aussi.
00:49:07 - La faire connaître. Tout est une question de réseau
00:49:10 aussi, même dans les médias. - Ouais, c'est ça,
00:49:13 c'était aussi ça. C'est ce qui s'est passé au final, parce qu'au départ on était
00:49:16 vraiment un podcast pour moi et mes potes, et puis avec le temps, il y a du monde
00:49:19 qui est arrivé, grâce à Instagram, TikTok, il y a encore d'autres gens qui sont
00:49:22 arrivés. Et ce qui est intéressant, c'est que maintenant, autour de ces
00:49:25 sujets-là, il y a des personnes qui ne sont pas particulièrement originaires
00:49:28 des Antilles ou de la Guyane, qui sont parfois d'autres
00:49:31 coins du monde, qui découvrent ces problématiques parce qu'ils ont
00:49:34 des amis, des proches, ou juste parce qu'ils sont curieux. Et finalement,
00:49:37 des choses comme les problèmes de l'eau en Guadeloupe,
00:49:40 le problème avec le clandécone, ou alors des problèmes
00:49:43 en lien avec la question du racisme, etc., des gens s'y intéressent
00:49:46 et repartagent. Donc une partie de...
00:49:49 On essaie à notre échelle de faire notre part.
00:49:52 - Et Romain, est-ce que tu peux, si tu devais, nous faire
00:49:55 une sorte d'état des lieux du racisme
00:49:58 en France, là, aujourd'hui ?
00:50:01 - Oula, il y aurait des choses à dire, je ne suis pas sûr que le temps suffise.
00:50:04 - Mais tu vois, sur les grandes lignes,
00:50:07 on en est où ? - On en est où ? Disons que
00:50:10 il y a eu des évolutions, il y a eu
00:50:13 des améliorations, parfois, dans certains...
00:50:16 Dans l'imaginaire même,
00:50:19 il y a des choses qui sont un peu plus acceptées,
00:50:22 je dirais, mais il y a eu des régressions
00:50:25 aussi. Et en fait, on est dans un combat
00:50:28 perpétuel. En fait, on le voit dans
00:50:31 l'ambiance même actuelle du pays, où il y a,
00:50:34 par exemple, je pense, là,
00:50:37 récemment, notamment pendant la période du Covid,
00:50:40 où il y a eu tout un tas de discours xénophobes,
00:50:43 notamment à l'encontre de la communauté asiatique,
00:50:46 qui se sont vraiment diffusés sur les réseaux sociaux,
00:50:49 toujours dans une même rhétorique de sélectionner
00:50:52 un bouc émissaire, de pointer du doigt une communauté en particulier.
00:50:55 Et puis, une violence institutionnelle
00:50:58 aussi, qui s'exprime quand même, malgré tout,
00:51:01 à travers, par exemple, comme tu l'évoquais,
00:51:04 il y a la police, effectivement. Alors là, dans les manifestations
00:51:07 à l'heure actuelle, on voit que ça va
00:51:10 toucher un petit peu la population française
00:51:13 dans son ensemble, mais les pratiques qui sont développées
00:51:16 sur les...
00:51:19 les espaces d'intervention dans les manifestations,
00:51:22 en fait, c'est des pratiques qui ont été réalisées depuis des décennies
00:51:25 dans les quartiers, par exemple, dans les quartiers populaires.
00:51:28 - Tu penses au contrôle au faciès, en fait ?
00:51:31 - Notamment au contrôle au faciès, et puis aussi la répression violente,
00:51:34 avec notamment des courses-poursuites
00:51:37 dont on entend régulièrement parler
00:51:40 dans certains quartiers. Donc oui, il y a effectivement une violence aussi
00:51:43 institutionnelle qui va s'exprimer.
00:51:46 - Et il y a 9 personnes noires sur 10 en France
00:51:49 qui disent être victime de discrimination raciale
00:51:52 au quotidien. C'est Patrick Lozès,
00:51:55 le président du Cran,
00:51:58 qui l'avait dit, notamment sur France Info.
00:52:01 Toi, typiquement, t'aurais répondu oui
00:52:04 à la question "Est-ce que tu te sens victime
00:52:07 de discrimination au quotidien ?" - Le terme "victime", je veux pas
00:52:10 me l'attribuer. - Ou sur les réseaux.
00:52:13 - Oui, tout à fait. Moi, le terme "victime", je veux pas me l'attribuer parce que
00:52:16 je refuse d'être la victime d'un random
00:52:19 qui va vouloir me mettre plus bac terre parce qu'il aime pas ma couleur de peau
00:52:22 ou mon origine. Donc jamais je serai la victime de ces personnes-là.
00:52:25 Par contre, effectivement, il y a des actes
00:52:28 concrets dans la vie de tous les jours qui font
00:52:31 qu'en tant que personne noire, en tant que
00:52:34 personne originaire de là d'où je suis originaire,
00:52:37 je suis face à des personnes que
00:52:40 ma présence dans l'espace public peut déranger. Par exemple, on parle de
00:52:43 le "pitch". On en avait parlé après que je suis venue.
00:52:46 Il a été très difficile au début
00:52:49 de faire des lives en paix parce qu'il y avait des personnes
00:52:52 que ça embêtait, que ça énervait qu'une personne noire
00:52:55 soit en live et qui venaient me dire
00:52:58 "Ça aurait été mieux si t'étais blanc juste pour..." C'est des trolls, quoi.
00:53:01 - T'as reçu ce genre de... - Bien sûr.
00:53:04 - En plus, t'avais pas de modo au début. - Voilà, mais il y a des modos à moi qui sont dans le chat.
00:53:07 Ils peuvent témoigner. On a eu des raids de haine de la part
00:53:10 de gens aussi, qui ce qui venait sur le chat,
00:53:13 c'était le se-beule, quoi. Vraiment, c'était n'importe quoi.
00:53:16 Et donc sur les réseaux et sur Instagram, pareil,
00:53:19 quand je fais un post un peu polémique sur l'esclavage,
00:53:22 c'est un sujet, faut pas en parler, l'esclavage. Apparemment, c'est vraiment un truc...
00:53:25 Et il y a des gens qui viennent dire "Oui, mais
00:53:28 vous êtes en train de vous plaindre, vous vous timidez tout le temps, c'est du passé,
00:53:31 toujours à renoncer au passé, etc." On nous censurait.
00:53:34 Alors que c'est pas du passé, c'est de l'histoire.
00:53:37 - Romain, les
00:53:40 attaques, les raids sur Samodizé,
00:53:43 sur Twitch, sur les réseaux sociaux et tout, ça fait partie des nouvelles
00:53:46 formes
00:53:49 de racisme.
00:53:52 Le racisme s'exprime aussi beaucoup comme ça aujourd'hui. J'imagine
00:53:55 que c'est pour ça qu'il est aussi difficile à quantifier,
00:53:58 à cerner, à qualifier ? - Oui, tout à fait. Parce qu'en plus,
00:54:01 il y a le fait que les réseaux sociaux, souvent, c'est des caisses de résonance.
00:54:04 Donc un mot propagé comme ça,
00:54:07 il va être diffusé beaucoup plus loin. Alors qu'à l'époque,
00:54:10 quand il n'y avait pas Internet, justement, ça restait dans des cercles
00:54:13 assez restreints. Là, ça permet vraiment de diffuser
00:54:16 une parole raciste et ça va amplifier un petit peu
00:54:19 les impacts qu'ils peuvent avoir
00:54:22 et la portée de ces propos. Donc c'est tout le danger
00:54:25 aussi. Et effectivement, les réseaux
00:54:28 sociaux, comme il y a la difficulté du contrôle aussi,
00:54:31 la modération, notamment,
00:54:34 dans certains réseaux, comme Twitter, etc. En fait, comment on peut
00:54:37 pointer du doigt certains propos ?
00:54:40 Comment on peut les faire condamner ? Donc il y a aussi le souci
00:54:43 de la mention des
00:54:46 comptes anonymes, par exemple, où les gens vont se cacher derrière des pseudos
00:54:49 et des photos de profils abstraites
00:54:52 pour, justement, déverser leur haine, quelque part.
00:54:55 - D'ailleurs, pour la petite
00:54:58 anecdote, mais tout à l'heure, quand j'ai programmé la notification
00:55:01 pour le stream qu'on est en train de faire
00:55:04 sur Twitch, dans les tags, donc j'ai mis
00:55:07 France Info, Société, etc. Et j'ai voulu mettre
00:55:10 "racisme" et en fait, je n'ai pas pu mettre le tag "racisme".
00:55:13 Ça a été bloqué d'entrée.
00:55:16 - Je peux comprendre pourquoi. Parce que les tags,
00:55:19 finalement, ça peut être une bonne ou une mauvaise idée. Parce que
00:55:22 si des personnes viennent spécifiquement pour embêter
00:55:25 les streamers racisés ou qui parlent de ces sujets,
00:55:28 ils vont attaquer "racisme" et ils vont tomber sur
00:55:31 tous les streams qui en parlent et vont aller embêter tout le monde.
00:55:34 Donc ça peut être aussi... C'est comme ça, j'imagine,
00:55:37 que c'est tout ça que Twitch a préféré ne pas le mettre, peut-être.
00:55:40 - Alors, le racisme
00:55:43 se manifeste aussi dans le logement.
00:55:46 Romain, qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus ?
00:55:49 Il me semble que tu as fait un testing, ce n'était pas
00:55:52 le dernier, sur ce sujet-là. Qu'est-ce qui est ressorti ?
00:55:55 - Alors, sachant que,
00:55:58 pour remettre un petit peu de contexte, je vais peut-être expliquer rapidement
00:56:01 ce qu'est un testing. - Oui, tu as complètement raison.
00:56:04 Moi, je dis ça comme si... - Oui, c'est peut-être pas évident pour tout le monde.
00:56:07 Mais en gros, un testing, c'est comment on va
00:56:10 prouver dans un établissement, une enseigne
00:56:13 ou dans un domaine d'activité qu'il y a des discriminations.
00:56:16 Et donc, dans un testing, généralement,
00:56:19 on va tester l'établissement en question
00:56:22 et donc on envoie, par exemple, un groupe de personnes
00:56:25 noires voir comment ils sont reçus, puis un groupe
00:56:28 de personnes maghrébines, par exemple, voir
00:56:31 comment ils sont reçus, et ensuite un groupe de personnes blanches
00:56:34 pour voir, contrôler, que tout le monde est bien reçu de la même manière.
00:56:37 Là, dans le cas du logement,
00:56:40 c'était ce qu'on appelle un testing inversé, c'est-à-dire
00:56:43 que c'est nous qui formulions la demande discriminatoire.
00:56:46 - Donc, en gros, vous vous êtes fait passer pour des propriétaires.
00:56:49 - C'est ça, oui. Et en fait, on appelait les agences immobilières en leur disant
00:56:52 "voilà, j'ai un bien à mettre en location, mais je ne veux le louer
00:56:55 qu'à un certain type de population", en spécifiant
00:56:58 qu'on voulait plutôt des locataires de type européen.
00:57:01 Parce que l'idée, c'était de voir comment réagissaient
00:57:04 les agents au bout du fil, sachant qu'ils sont censés être transformés.
00:57:07 - Est-ce qu'ils font barrière ou pas ? - C'est ça.
00:57:10 Et c'est un testing qui avait été fait déjà en 2019,
00:57:13 où on avait eu 51%
00:57:16 d'agences immobilières qui se rendaient
00:57:19 coupables de discrimination ou complices, c'est-à-dire qu'ils nous disaient
00:57:22 "nous n'avons pas le droit de le faire, mais vous pouvez le faire", alors que normalement
00:57:25 ils sont censés nous dire que c'est interdit par la loi.
00:57:28 Et donc, l'année dernière, on avait atteint à peu près le même taux,
00:57:31 on était autour de 48%.
00:57:34 - Une agence sur deux, quasiment.
00:57:37 Et c'est intéressant ce que tu dis, je ne sais pas ce que tu en penses,
00:57:40 mais tu dis "c'est interdit par la loi,
00:57:43 mais ils le font toujours",
00:57:46 ça veut dire qu'en fait, malgré les lois,
00:57:49 les gens sont toujours racistes ?
00:57:52 - Oui, ça c'est clair et net.
00:57:55 Les lois sont là pour nous mettre en cadre.
00:57:58 - Elles ne suffisent pas, oui. - Elles sont là pour nous mettre en cadre, mais en fait,
00:58:01 la vie de tous les jours, est-ce qu'une personne victime de racisme aura envie
00:58:04 d'aller dans une procédure longue, par la séverité,
00:58:07 même encore du racisme systémique, c'est-à-dire que la plainte
00:58:10 ne peut pas être forcément prise, ou pas prise au sérieux, etc.
00:58:13 Donc oui, les gens se permettent des actes racistes.
00:58:16 Parfois aussi, de manière un peu hypocrite,
00:58:19 ils disent ne pas voir le racisme
00:58:22 dans les actes qu'ils commettent.
00:58:25 C'est compliqué, des fois on rentre un peu dans un dialogue de sourds
00:58:28 sur la question du racisme, donc oui, les gens continueront,
00:58:31 ils le sont toujours. Pour moi, ce n'est pas quelque chose qui pourrait être éradiqué
00:58:34 en France demain. Enfin, désolé de dire ça comme ça,
00:58:37 mais de mon point de vue de citoyen,
00:58:40 c'est trop ancré dans nos sociétés.
00:58:43 - On parle du logement,
00:58:46 il y a aussi les plateformes Airbnb,
00:58:49 aussi, j'imagine ? - Oui, il y a les plateformes Airbnb.
00:58:52 En fait, c'est dans tous les domaines.
00:58:55 On a fait récemment un testi. Dans les boîtes de nuit,
00:58:58 par exemple, l'entrée en boîte de nuit, sur l'entrée en plage privée,
00:59:01 enfin, vraiment, on essaye de varier. On a fait les agences d'intérim aussi.
00:59:04 - Pour prouver par le réel que... - C'est ça, qu'en fait,
00:59:07 c'est constamment, et dans tous les aspects de la vie,
00:59:10 dans le quotidien des gens, en fait, ils sont victimes
00:59:13 des discriminations. Et c'est comment, en fait,
00:59:16 on peut dénoncer ça et le mettre un petit peu
00:59:19 en avant. C'est tout l'intérêt de ces testings.
00:59:22 Alors, des fois, il y a des poursuites qui sont engagées.
00:59:25 Dès qu'on en a l'occasion, on engage des poursuites contre des états de communauté
00:59:28 qui se rendent coupables de ces discriminations. Mais après,
00:59:31 la difficulté, c'est ce que tu disais, c'est déjà, est-ce que le
00:59:34 système judiciaire a une sensibilité,
00:59:37 ne serait-ce que pour noter et dénoncer
00:59:40 la dimension raciste à chaque fois ?
00:59:43 - Et il y a MASH 2090
00:59:46 dans le tchat qui dit "la médecine aussi" avec le
00:59:49 syndrome méditerranéen.
00:59:52 Le racisme affecte
00:59:55 la santé des personnes racisées, les soins.
00:59:58 - Oui, mais il y avait eu, il y a quelques années, le cas d'une dame
01:00:01 qui avait appelé parce qu'elle se sentait mal.
01:00:04 Je crois que c'est une overdose de Doliprane, un truc comme ça,
01:00:07 elle a appris beaucoup trop. Et dès qu'elle ne se sentait pas bien, qu'elle avait mal au ventre,
01:00:10 et la personne, à l'autre bout du fil, parce qu'elle avait peut-être un accent
01:00:13 particulier, une façon de s'exprimer particulière,
01:00:16 l'avait envoyée pêtre et la personne était morte
01:00:19 suite au fait qu'elle n'avait pas eu de soins
01:00:22 en urgence. Oui,
01:00:25 peut-être qu'il y a certaines personnes dans le monde médical
01:00:28 qui estiment que certaines personnes, parce qu'elles ont des préjugés
01:00:31 ratios, vont exagérer
01:00:34 leurs émotions, leurs symptômes, etc.
01:00:37 Et prennent ça, peut-être, carrément, même par-dessus la jambe.
01:00:40 - Et alors, j'ai regardé un peu
01:00:43 le dernier rapport un peu officiel sur
01:00:46 l'état du racisme et des discriminations en France.
01:00:49 C'est un rapport de la Commission nationale consultative
01:00:52 des droits de l'homme,
01:00:55 qui explique qu'en gros,
01:00:58 les Français se disent
01:01:01 de plus en plus tolérants, mais pointent en même temps
01:01:04 une hausse des actes de haine.
01:01:07 Et ils expliquent que, en fait,
01:01:10 les discours stigmatisants
01:01:13 n'ont pas disparu.
01:01:16 Ils mettent en cause, justement, la crise sanitaire dont on a parlé tout à l'heure,
01:01:19 le Covid, qui a permis
01:01:22 aux théories complotistes, notamment,
01:01:25 de se déployer. Et ils pointent aussi du doigt la campagne
01:01:28 présidentielle, selon la Commission,
01:01:31 campagne qui a marqué, je cite, "le retour obsessionnel
01:01:34 des thématiques migratoires et sécuritaires". Romain ?
01:01:37 - Oui, c'est exactement ça.
01:01:40 Alors, ce n'est pas incompatible, en fait,
01:01:43 les Français se sentent un peu plus tolérants, dans le sens où
01:01:46 il y a des choses, peut-être, qui sont
01:01:49 banales, qu'on peut, aujourd'hui, dans l'imaginaire collectif français,
01:01:52 considérer qu'on peut être noir et français.
01:01:55 Donc, il y a des choses qui ont été acceptées comme ça,
01:01:58 mais ça n'empêche qu'il y a quand même
01:02:01 des résistances. Il y a des choses qu'on ne peut pas
01:02:04 accepter de voir. Et, en fait, l'exemple flagrant,
01:02:07 c'est la personne d'Éric Zemmour
01:02:10 dans cette campagne aux élections présidentielles, où, en fait,
01:02:13 la totalité de son programme était construit sur
01:02:16 quelque chose de la haine du rejet et, en fait,
01:02:19 sur même la réhabilitation de la France de Vichy.
01:02:22 Donc, on était sur un discours extrêmement violent, effectivement.
01:02:25 - Et toi, Zemmour ? - Oui, on le voit
01:02:28 dans les médias. Alors, déjà, je voulais dire,
01:02:31 effectivement, les gens se disent de plus en plus tolérants. J'imagine mal les gens se dire
01:02:34 "moi, je suis de plus en plus intolérant". - C'est une enquête
01:02:37 qui est faite par téléphone, auprès
01:02:40 d'un échantillon. - C'est ça. Je me dis que c'est quand même compliqué
01:02:43 de demander aux gens "est-ce que vous êtes intolérant ?" "Oui, totalement intolérant,
01:02:46 moi, je ne peux pas tolérer". Parce qu'il y a des gens qui doivent le dire, mais ça doit être
01:02:49 quand même assez, à priori, assez difficile
01:02:52 à exprimer comme ça au téléphone. Et puis,
01:02:55 il y a des choses qui sont factuelles. Quand on voit
01:02:58 sur des chaînes de télévision, comme CNews,
01:03:01 C8, à des heures de grande écoute, où on va
01:03:04 analyser un discours raciste, on va le valider
01:03:07 même, parfois. Il y a
01:03:10 comme ça une petite musique qui n'arrête pas de jouer tout le temps
01:03:13 sur le fait qu'il y aurait trop de ceci en France, trop de cela,
01:03:16 ou que ces personnes-là seraient responsables
01:03:19 du sentiment de mal-être que vivraient les
01:03:22 Français actuellement. C'est
01:03:25 quelque chose qui revient régulièrement et qui n'est pas anodin.
01:03:28 - Et d'ailleurs, sur l'aspect médiatique
01:03:31 dont tu parles, Samo, à SOS Racisme,
01:03:34 je crois que dans les mesures, dans les propositions que vous faites
01:03:37 pour lutter contre le racisme, il y a
01:03:40 quelque chose sur les médias, sur l'Arkom
01:03:43 précisément ? - Oui, tout à fait. Parce qu'en fait, nous,
01:03:46 c'est des choses qu'on fait quotidiennement au sein du
01:03:49 pôle juridique, où on fait des signalements, des propos qui sont tenus
01:03:52 aussi sur les chaînes. Et le fait est que ça ne bouge pas
01:03:55 beaucoup. On voit encore aujourd'hui, sur CNews
01:03:58 notamment, des propos qui sont assez hallucinants
01:04:01 et qui sont en fait, quelque part, il y a une complicité
01:04:04 de certains médias dans la validation de ces discours.
01:04:07 C'est ce que tu disais. Donc, c'est comment on arrive à faire
01:04:10 en sorte que ça s'arrête et qu'il n'y ait plus ce type
01:04:13 de discours. - Sur CNews
01:04:16 notamment, on avait entendu, alors je ne sais plus de la part
01:04:19 de qui, mais la phrase "les musulmans
01:04:22 se foutent de la République", par exemple. Ou "alerte
01:04:25 jaune dans un quotidien pour le Covid".
01:04:28 Au sein de SOS Racisme,
01:04:31 comment vous faites
01:04:34 pour lutter contre le racisme ? Quel genre de mesures
01:04:37 vous proposez, vous mettez en avant ?
01:04:40 - Alors, on essaye d'intervenir sur différents aspects.
01:04:43 Alors déjà, d'un point de vue juridique, avec des permanences
01:04:46 téléphoniques quotidiennes de 10h30 à 13h,
01:04:49 où on accompagne les gens qui nous appellent.
01:04:52 On les accompagne du mieux qu'on peut dans les démarches juridiques
01:04:55 parce que c'est toujours quelque chose de long et de pas toujours évident.
01:04:58 Notamment, par exemple, pour récolter des preuves, parce que
01:05:01 c'est ça aussi le souci de la dimension raciste
01:05:04 d'une agression. On n'a pas toujours
01:05:07 la possibilité de prouver ce caractère raciste.
01:05:10 Donc, d'un point de vue juridique, déjà.
01:05:13 Ensuite, par des mobilisations citoyennes aussi,
01:05:16 des manifestations
01:05:19 culturelles, on organise des commémorations.
01:05:22 Il y a tout un tas d'éléments dans la vie de
01:05:25 quotidienne, en fait, qui permettent de lutter contre le racisme.
01:05:28 Et également par de l'éducation populaire.
01:05:31 Et donc, la sensibilisation auprès des jeunes.
01:05:34 - Dans les écoles, alors ? Vous allez dans les écoles ? - Dans les collèges et les lycées principalement.
01:05:37 - Samo, est-ce que
01:05:40 produire du contenu, s'exprimer tout simplement,
01:05:43 c'est aussi un vecteur de...
01:05:46 de lutte contre le racisme ?
01:05:49 Je dirais que c'est une manière de dire
01:05:52 "j'existe, et je continuerai d'exister même si
01:05:55 d'autres personnes ne sont pas contentes".
01:05:58 Et que malgré les critiques,
01:06:01 pas les critiques, mais les insultes, les injures racistes,
01:06:04 on continue à être là, on continue à être présent. Donc, le fait
01:06:07 de montrer mon visage, ou celui des personnes qui viennent,
01:06:10 c'est aussi ça, de dire que voilà, on vaut autant
01:06:13 que les autres sur cette plateforme, sur ces plateformes où on est.
01:06:16 Et puis, il y a aussi des gens qui font des actions,
01:06:19 et je pense notamment à Marida Silva, c'est une
01:06:22 femme qui fait des formations
01:06:25 dans le cadre du travail, pour aider les personnes
01:06:28 racisées, les femmes racisées notamment, principalement,
01:06:31 dans le cadre du travail, à "survivre"
01:06:34 psychologiquement en tout cas,
01:06:37 au racisme systémique du monde de l'entreprise.
01:06:40 Vous savez, il y a un bouquin qui est sorti,
01:06:43 il y a des choses sur Internet pour pouvoir, notamment,
01:06:46 la théorie "300 secondes", pour expliquer
01:06:49 le temps qu'on doit accorder pour expliquer le racisme à quelqu'un
01:06:52 qui fait comme si le racisme n'existait pas, etc.
01:06:55 Il y a pas mal de techniques. Et donc, Marida Silva
01:06:58 m'a beaucoup aidé, personnellement.
01:07:01 - Et sur la lutte contre le racisme, on a l'impression
01:07:04 que c'est plus trop
01:07:07 un combat de société.
01:07:10 Je me souviens de Black Blamber,
01:07:13 il se passe quoi ? Tout à l'heure, il y a Jules Graff dans le chat qui disait
01:07:16 "mais en fait, c'est plus du tout un
01:07:19 combat politique de lutter contre le racisme".
01:07:22 - Alors que c'est éminemment politique, en fait. Mais on a
01:07:25 effectivement, dans la société française aujourd'hui, quelque chose
01:07:28 d'une violence, même dans les discours qui vont être adressés
01:07:31 à l'égard des antiracistes.
01:07:34 Et ça, en fait, c'est tout le problème.
01:07:37 On a, par exemple, alors des attaques de l'extrême droite,
01:07:40 on s'y attend, bien sûr, mais ça s'est diffusé
01:07:43 progressivement à l'ensemble ou au moins
01:07:46 une grande partie de la classe politique, où on a, par exemple, même
01:07:49 une droite plus républicaine, traditionnelle,
01:07:52 on pourrait dire, qui va reprendre des expressions de l'extrême droite.
01:07:55 Je pense à Valérie Pécresse qui parle de grands emplacements.
01:07:58 On a une violence qui va s'exprimer
01:08:01 aussi de la part du gouvernement, avec par exemple
01:08:04 des colloques organisés contre le wokisme et l'islamo-gauchisme
01:08:07 à la Sorbonne par Blanquer et Vidal.
01:08:10 On a aussi même une partie de gens
01:08:13 qui se disent de gauche, le printemps républicain, qui vont
01:08:16 taper encore sur ceux qui seraient des wokistes,
01:08:19 des islamo-gauchistes. Enfin, c'est toujours comment on va cibler
01:08:22 les antiracistes en criminalisant presque leurs discours.
01:08:25 - Alors, on parlait justement
01:08:28 de politique. Le gouvernement
01:08:31 a présenté son plan
01:08:34 contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations.
01:08:37 Il y a 80 mesures
01:08:40 adoptées, 5 axes, donc je les nomme.
01:08:43 Nommer la réalité du racisme, mesurer le phénomène,
01:08:46 mieux éduquer, mieux former, sanctionner les auteurs et accompagner
01:08:49 les victimes, c'est le mot qu'il employait.
01:08:52 Parmi les mesures phares, une visite liée à l'histoire
01:08:55 d'un lieu de mémoire
01:08:58 obligatoire pour chaque élève durant sa scolarité.
01:09:01 Une réaction à cette mesure phare ?
01:09:04 - C'est incroyable.
01:09:07 Ça va mettre fin au racisme, je pense. Je plaisante évidemment.
01:09:10 Je pense que, après,
01:09:13 je pense qu'au niveau politique,
01:09:16 il faudrait que déjà ces personnes qui sont au pouvoir
01:09:19 aient vraiment un intérêt pour cette question.
01:09:22 Je ne sais pas si ce n'est pas quelque chose de plus de face.
01:09:25 Je me pose la question. Je n'ai pas l'impression que ce soit vraiment un sujet
01:09:28 qui prenne à bras le corps. Quand on voit parfois les propos
01:09:31 que tiennent même les gens qui sont au gouvernement, par exemple, actuellement
01:09:34 sur ces questions, sur le fameux "haukisme",
01:09:37 le "samo-gauchisme" qui rabâche à longueur de journée,
01:09:40 je n'ai pas l'impression qu'il y ait vraiment une envie, une volonté.
01:09:43 Donc oui, une visite, pourquoi pas, regarder un DVD peut-être.
01:09:46 Oui, ça peut changer les choses. - Romain ? - Oui, mais c'est ça.
01:09:49 Quand on a le sentiment que c'est vraiment quelque chose
01:09:52 en surface pour se donner bonne conscience,
01:09:55 mais c'est vraiment insuffisant quand on parle de violences
01:09:58 qui sont systémiques et qui ont des conséquences réelles
01:10:02 sur la vie des gens. Et là, on est sur des choses
01:10:05 assez abstraites.
01:10:08 - Et donc, c'est vraiment cette histoire
01:10:11 de visite sur un lieu de mémoire, c'est vraiment,
01:10:14 ce n'est pas moi qui l'ai mis en avant, c'est vraiment présenté comme la mesure phare
01:10:17 du projet. - Après c'est bien. - Il y a un autre aspect
01:10:20 sur le plan pénal, le gouvernement veut améliorer le recueil
01:10:23 et le traitement des plaintes grâce à une grille
01:10:26 d'évaluation pour mieux qualifier les faits.
01:10:29 - Oui, ça peut être pas mal. - Qu'est-ce qui manque ?
01:10:32 Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
01:10:35 - Moi, je pense que dans la manière dont on forme
01:10:38 par exemple la police, dans la manière
01:10:41 dont on... - La formation. - Oui, la manière dont on...
01:10:44 Je pense que c'est avant tout dans la formation des personnes
01:10:47 qui sont amenées à être en contact avec des populations diverses
01:10:50 dans le monde de l'immobilier, dans le monde
01:10:53 de la nuit, dans le monde du travail, etc.
01:10:56 C'est former déjà à ce que c'est que la loi.
01:10:59 Et si aussi, les gens
01:11:02 ne peuvent pas aimer l'autre, au moins le respecter parce qu'ils ont peur
01:11:05 de ce qui pourrait arriver légalement.
01:11:08 Et puis oui, quand on parle de la police, oui,
01:11:11 former la police à ce qu'elle prenne en compte
01:11:14 le fait que le contrôle au faciès,
01:11:17 les personnes devant lui, c'est pas forcément leur ennemi,
01:11:20 etc. Avoir peut-être une
01:11:23 manière différente d'aborder le rapport à l'autre
01:11:26 par sa différence, etc. au moment de la formation de ces gens.
01:11:29 - Donc formation partout, ça veut dire
01:11:32 dès l'école en fait, Romain ? - Oui, oui, notamment.
01:11:35 - Que finalement, ça concerne tous les immobiliers, les médias,
01:11:38 enfin tout quoi. - Oui, dans la jeunesse, c'est important
01:11:41 de diffuser aussi des messages beaucoup plus positifs.
01:11:44 Mais en fait, c'est aussi prendre des mesures politiques fortes
01:11:47 et en fait, prendre à bras le corps cette question, ce qui n'est pas vraiment le cas
01:11:50 aujourd'hui. Et ne pas avoir peur de dire
01:11:53 aussi des réalités. En fait, il y a un souci
01:11:56 dans l'ensemble de la société française aujourd'hui.
01:11:59 Il faut se dire quand même qu'en 2021, il y a eu zéro
01:12:02 condamnation au pénal pour discrimination.
01:12:05 Alors qu'il y a des discriminations, on le voit,
01:12:08 mais la justice, par exemple,
01:12:11 n'est pas forcément liée à ces questions-là. Donc c'est comment
01:12:14 on arrive à faire en sorte, dans tous les niveaux
01:12:17 et dans l'ensemble des institutions, de
01:12:20 réactiver activement contre le racisme. Pour qu'il soit concret
01:12:23 et pas uniquement une visite...
01:12:26 Nous, on le fait par exemple, mais c'est parce qu'on est une association aussi,
01:12:29 on n'a pas les moyens d'un gouvernement. Donc c'est aussi
01:12:32 pour que le gouvernement, quelque part, prenne ses responsabilités.
01:12:35 Le racisme, c'est pas une question
01:12:38 d'âge. Quand on lit différents rapports,
01:12:41 il y a certaines conclusions
01:12:44 qui pointent du doigt le fait que, en gros, plus on serait
01:12:47 âgé, plus on aurait tendance, justement, à
01:12:50 avoir ce genre de comportement. Une question d'âge.
01:12:53 Moi, je crois pas. Moi, je vois que sur Twitch, on n'a pas une population
01:12:56 qui est particulièrement âgée. Je vois quelques
01:12:59 messages dans le chat, je me dis que... Voilà.
01:13:02 - Ah bah oui ! - Non, mais on sait bien.
01:13:05 Ce que je pense, c'est qu'à un moment donné,
01:13:08 il faut que les personnes, quel que soit leur âge,
01:13:11 qui sentent qu'il y a un problème avec ces questions
01:13:14 ou qui répètent, encore une fois, l'argumentaire de Zemmour sur le
01:13:17 "Woukisme et le gouichisme" toute la journée, regardent dans un miroir et se posent la question
01:13:20 "Qu'est-ce qui me pose problème, vraiment ? Pourquoi est-ce que ces gens
01:13:23 me posent problème ? Qu'est-ce qu'ils m'ont fait, ces gens, pour que
01:13:26 j'aie envie qu'ils expriment un problème, un malaise par rapport à ça ?
01:13:29 Que ça me heurte personnellement ?"
01:13:32 Je pense qu'il y a un travail qui réfléchisse un peu.
01:13:35 Je pense qu'ils le font pas assez, malheureusement.
01:13:38 Notamment, voilà, certaines personnes.
01:13:41 - Oui, parce que Zemmour, il a son téléphone sur le...
01:13:44 - Oui, parce que c'est Twitch. - Bah oui, c'est Twitch. Et donc,
01:13:47 on voit ce qui se dit. Mais c'est pas grave, c'est le jeu.
01:13:50 Romain, est-ce que tu veux ajouter quelque chose avant qu'on se dise
01:13:53 au revoir ? - Oui, je pense que c'est
01:13:56 important, vraiment, que les gens,
01:13:59 mais la jeunesse aussi, particulièrement, se saisissent de ces questions-là.
01:14:02 Et peut-être mettre en avant
01:14:05 aussi l'importance pour l'ensemble
01:14:08 de tout un tas de personnalités, notamment, qui vont
01:14:11 avoir, être suivies, de se saisir
01:14:14 de ces questions-là, de s'inscrire dans quelque chose d'un collectif aussi,
01:14:17 accepter parfois de se mettre en retrait pour servir
01:14:20 le collectif, et permettre aussi de diffuser
01:14:23 dans la société une vraie parole antiraciste, parce que
01:14:26 nous, la difficulté qu'on a aujourd'hui, c'est de
01:14:29 faire entendre cette voix-là, qui va être, comme je le disais,
01:14:32 pointée du doigt par toute une partie du camp politique.
01:14:35 Et donc, vraiment, essayer d'imposer
01:14:38 un rapport de force, quelque part, massifier un petit peu
01:14:41 la lutte antiraciste, par exemple,
01:14:44 des scènes culturelles avec des gens qui sont suivis et qui peuvent
01:14:47 permettre de diffuser massivement un discours antiraciste.
01:14:50 - Samo, le mot de la fin ?
01:14:53 - Le mot de la fin, je dirais... - Merci Samoura, tu es top cœur
01:14:56 dans le chat. - Ah ben merci, merci à personne qui a dit ça,
01:14:59 c'est très gentil. Qu'est-ce que je dis ?
01:15:02 Oui, encore une fois, si ces questions
01:15:05 vous intéressent et que vous êtes curieux, en tout cas, vous pensez
01:15:08 ne pas avoir assez de connaissances sur les autres, et sur les autres
01:15:11 communautés qui existent dans le pays, il y a plein de créateurs
01:15:14 de contenus de diverses origines qui
01:15:17 parlent justement d'où ils viennent, mais qui parlent aussi de leur vie
01:15:20 et ça permet aussi, justement, comme
01:15:23 une fenêtre sur la vie des autres. Je pense que c'est une manière
01:15:26 aussi de découvrir les gens. Donc, allez-y,
01:15:29 regardez un peu ce que font ces personnes et peut-être que ça vous aidera aussi
01:15:32 à grandir, même personnellement.
01:15:35 - Et tu as créé une émission sur YouTube récemment.
01:15:38 - Ah oui, oui. - Dis-nous, est-ce qu'on peut te retrouver,
01:15:41 on va t'écouter. - Ah, ok. Alors, on peut me retrouver
01:15:44 sur YouTube. Donc, on a lancé une chaîne YouTube récemment
01:15:47 qui s'appelle le "MoiCast" et dedans, il y a une émission
01:15:50 qui s'appelle le "MoiCast Club" où, en fait, on reçoit
01:15:53 des personnalités et des chroniqueurs pour parler de différents sujets.
01:15:56 Et là, par exemple, le sujet, c'était "Est-ce qu'il existe une communauté anti-aise
01:15:59 en France ?" Et certains sont pour, certains sont contre.
01:16:02 Et en invité principal, on a le basketeur Rony Thuriaf,
01:16:05 anciennement joueur de NBA, qui est venu nous faire le parrain
01:16:08 de notre émission. Et on va enregistrer une prochaine avec des
01:16:11 humoristes la prochaine fois. Et voilà, sinon, il y a le podcast,
01:16:14 etc. - Et la chaîne Twitch. - Et la chaîne Twitch, voilà.
01:16:17 - Merci beaucoup, Samoura Curier, "MoiCast".
01:16:20 - Merci, merci. Romain. - Merci.
01:16:23 - Romain Monbert-Soussan, pardon, de l'association SOS Racisme,
01:16:26 est-ce que tu veux donner des ressources
01:16:29 pour les gens, des liens ou des...
01:16:32 - Bah, il y a le compte... - Du contenu, d'une appli, un truc,
01:16:35 un numéro de téléphone. - Le numéro de téléphone, je le connais pas par cœur,
01:16:38 c'est toujours pareil. Mais il y a le compte Instagram,
01:16:41 Twitter, Facebook, il y a le site Internet aussi de l'association,
01:16:44 où il y a le numéro de téléphone en cas
01:16:47 de... si besoin d'appeler des permanences...
01:16:50 Nous, il y a des juristes qui sont prêts à répondre
01:16:53 au bout du fil. - Bah, merci beaucoup.
01:16:56 Green Logan, qui dit "Merci les intervenants,
01:16:59 c'est bien de parler de ce sujet de temps en temps." Bah oui,
01:17:02 surtout pendant la semaine dédiée à ça, en fait.
01:17:05 - Grâce à toi, j'ai découvert que cette semaine existait. - Voilà.
01:17:08 - Merci pour ça. - De rien. C'est dans nos prévisions
01:17:11 d'actualité, c'était écrit. Mais c'est vrai que
01:17:14 l'actualité qui se passe en ce moment sur les retraites peut avoir tendance
01:17:17 à faire oublier ce genre de choses.
01:17:20 Merci à vous, en tout cas. Merci aussi à Rachelle Garraval-Carcel
01:17:23 qui était là en duplex au tout début
01:17:26 du stream, avec qui, journaliste politique chez
01:17:29 20 minutes, avec qui on a débriefé l'interview d'Emmanuel Macron
01:17:32 à 13h sur TF1 et France 2. C'était hyper intéressant.
01:17:35 Merci beaucoup à elle de s'être rendue
01:17:38 dispo. En plus, elle bosse pour 20 minutes, donc c'est quand même
01:17:41 hyper sympa. Merci les Modos. Merci le chat.
01:17:44 Merci l'équipe du Talk. Rejoignez-nous sur
01:17:47 Discord, on vous a renvoyé le lien. Merci encore aux modérateurs
01:17:50 de ce chat. Voilà, n'oubliez pas d'ailleurs de vous
01:17:53 présenter. On a créé un petit salon comme ça, vous pouvez un peu nous
01:17:56 dire ce que vous faites dans la vie, qui vous êtes, quel âge vous avez
01:17:59 et tout. Je sais que là, vous avez été pas mal à nous
01:18:02 rejoindre, mais n'hésitez pas à aller un petit peu
01:18:05 dans les salons pour nous parler. Voilà, merci
01:18:08 beaucoup. À demain, 18h.
01:18:11 Salut, à demain.
01:18:14 A plus, à demain.
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