- 03/02/2023
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00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans les informais de France Info.
00:10 On est ensemble jusqu'à 9h30 pour débattre de l'actualité,
00:13 avec évidemment au sommet de l'actualité en ce moment la réforme de retraite.
00:17 On y revient dans un instant. Bonjour Victor Iacoussa.
00:19 - Bonjour.
00:20 - Service politique de France Info et vous suivez notamment la gauche.
00:23 Bonjour Jean-Jérôme Berthollus.
00:24 - Bonjour Laurent Asselineau.
00:25 - Éditorialiste politique et Renaud Delis à mes côtés.
00:28 Bonjour Renaud.
00:29 - Bonjour Laurent.
00:29 - On va donc parler de cette réforme des retraites
00:31 et notamment de la prestation de la Première Ministre Elisabeth Borne hier soir sur France 2.
00:35 Est-ce qu'elle a convaincu ?
00:36 - Elisabeth Borne qui était donc invitée hier soir sur France 2
00:38 pour essayer de détailler le contenu de cette réforme
00:40 et de faire oeuvre, dit-on du côté de l'exécutif, de pédagogie.
00:44 Une pédagogie visiblement indispensable au regard de la situation dans l'opinion aujourd'hui.
00:48 Il y a de l'hostilité massive des Français à l'endroit de cette réforme.
00:52 Hostilité confirmée par notre sondage Ipsos/Soprasteria pour France Info et France Télévision.
00:56 64% des Français selon ce sondage sont hostiles à cette réforme.
01:01 Une hostilité d'ailleurs qui progresse.
01:03 Alors Elisabeth Borne a-t-elle convaincu les Français ?
01:06 Elle n'a pas convaincu en tout cas les syndicats
01:07 puisque Laurent Berger appelle à accentuer le mouvement social dès la semaine prochaine.
01:11 Elle a évoqué un certain nombre de points qui pourraient être en débat
01:14 dans le cadre du débat parlementaire à l'Assemblée nationale qui commence lundi.
01:17 Notamment la question de l'emploi des seniors
01:20 et plus particulièrement de l'index des seniors
01:22 qui pourrait être étendu aux entreprises de plus de 50 salariés.
01:26 Je pense qu'on peut aller plus loin en disant que les entreprises
01:29 dont l'index montre qu'elles n'ont pas des bonnes pratiques à l'égard des seniors,
01:33 elles doivent mettre en place un plan d'action qui évidemment sera négocié dans l'entreprise.
01:37 Si elles ne le font pas ou s'il n'y a pas des effets pour corriger ces mauvaises pratiques,
01:42 alors il pourra aussi y avoir des sanctions.
01:45 Alors il y a la question de l'emploi des seniors, il y a aussi celle des carrières longues
01:48 sur lesquelles d'ailleurs la droite, les députés LR,
01:50 ont posé un certain nombre de questions au gouvernement.
01:52 Et puis il y a aussi la situation des femmes.
01:54 Bref, un certain nombre de points qui font débat et même polémique dans cette réforme.
01:59 Et ce qui est intéressant dans notre sondage,
02:01 c'est qu'on constate que si les Français sont hostiles à cette réforme,
02:04 pour autant ils reconnaissent au vu des impératifs financiers
02:08 du financement du système des retraites qu'il en faudrait une de réforme.
02:11 Alors est-ce qu'Elisabeth Borne peut convaincre que celle du gouvernement est la bonne
02:16 et qu'elle est justifiée ou est-ce qu'elle va être amenée à revoir ce projet,
02:20 notamment à l'Assemblée ?
02:21 Victor Iacuzza, Service politique de France Info.
02:23 Avec ce sondage Ipsos-Soprastariat, on a l'impression que c'est l'inverse.
02:26 Plus le gouvernement explique, plus les Français sont contre cette réforme.
02:29 En tout cas, le gouvernement cherche toujours à expliquer,
02:32 à faire cet effort de pédagogie, notamment avant le grand saut la semaine prochaine à l'Assemblée.
02:37 Et on voit aussi que cet effort de pédagogie s'accompagne toujours de graphiques.
02:40 On en a vu plein hier dans cette interview d'Elisabeth Borne.
02:44 On l'a sentie parfois un peu hésitante, un peu confuse.
02:47 Elle a même bugué à une question sur l'apprentissage.
02:50 Est-ce que l'apprentissage est pris en compte ou non ?
02:52 Elle a dit « je ne sais pas ».
02:53 Gabriel Attal, derrière, a confirmé que c'était bien pris en compte.
02:56 Donc on sent que cette réforme, elle reste complexe,
03:00 qui reste aussi pour certains membres du gouvernement des zones d'ombre.
03:04 Est-ce de nature à rassurer les Français dans la rue ? Pas sûr.
03:08 Jean-Jérôme Berthollus.
03:09 Oui, on voit que l'exercice a été très difficile pour la première ministre.
03:14 Victoria Coussat le disait à l'instant.
03:16 Des courbes projetées, effectivement, certaines courbes d'ailleurs,
03:20 avec un grand point d'interrogation.
03:22 On ne voyait pas très bien.
03:23 Vous savez, quand on expose des chiffres, il y a toujours des sources.
03:26 Là, c'était juste gouvernement, République française.
03:29 Bon, ce n'était pas très parlant.
03:31 On a vu une première ministre quand même qui n'a pas su, en fait,
03:35 se saisir de questions très sensibles.
03:38 La pénibilité, effectivement, Caroline Roux et France 2
03:43 avaient envoyé des témoignages, des témoignages assez forts.
03:47 On aurait pu attendre de la première ministre qu'elle réagisse avec,
03:50 j'emploie ce terme à dessein, avec un peu d'empathie.
03:54 Et Laurent Berger, derrière, effectivement, la première ministre, a été très sévère.
04:01 Et donc, on va dire que 37 minutes d'interview,
04:05 moi, j'ai envie de dire tout ça pour ça.
04:08 Ça n'aura pas servi à grand chose.
04:10 Et même, je pense que le début de glissade d'Elisabeth Borne
04:15 dans les sondages en termes de popularité pourrait se poursuivre.
04:18 C'est-à-dire qu'on arrive presque, quand elle a été nommée,
04:22 on a eu des grosses interrogations sur sa capacité d'incarnation, d'empathie.
04:28 Eh bien, ces interrogations se posent de nouveau.
04:30 Les questions demeurent.
04:31 Jean-Jérôme Bertholdus, Victoria Koussa, Renaud Delis, vous restez avec nous.
04:34 9h10, c'est d'abord le Fil info.
04:35 Maureen Suignard.
04:38 Kiev espère lancer son processus d'adhésion à l'Union européenne.
04:41 Dès cette année, l'Ukraine organise un sommet avec l'Union,
04:44 aujourd'hui, dans sa capitale, en pleine guerre avec la Russie.
04:48 Mais plusieurs États membres, dont la France,
04:50 estiment qu'il ne faut pas se précipiter.
04:52 Les mots restent les mêmes du côté du gouvernement.
04:54 La réforme des retraites est indispensable, répète Elisabeth Borne.
04:58 La première ministre veut le soutien de la droite
05:00 et se dit prête à débattre du nombre d'années de cotisations
05:03 pour ceux qui ont commencé à travailler tôt.
05:06 Concernant le chèque carburant, seuls 3 millions de Français en ont fait la demande.
05:09 11 millions de travailleurs sont pourtant potentiellement éligibles à ce chèque de 100 euros.
05:15 Il suffit d'une minute pour en faire la demande,
05:17 insiste sur France Info le porte-parole du gouvernement.
05:20 Il va finir au fond de l'océan et les ONG dénoncent un crime environnemental.
05:24 Le porte-avion Foch à la coque abîmée va volontairement être coulé par le Brésil.
05:29 Cet ancien fleuron de la marine française est cependant rempli d'amiantes et de déchets toxiques.
05:35 [Musique]
05:38 France Info
05:39 [Musique]
05:41 Les informés, Renaud Dely, Laurence Anéchal
05:45 Toujours avec Victoria Coussa, service politique de France Info
05:48 et Jean-Jérôme Berthollus, éditeur Elis Politique,
05:49 on continue de parler de cette réforme des retraites Renaud Dely
05:53 et plus précisément de la prestation, de la stratégie de la première ministre Elisabeth Borne.
05:57 Alors c'est vrai que c'était un exercice qui était assez austère hier soir,
06:00 effectivement de courbe en chiffres et point par point d'ailleurs,
06:02 la première ministre essayant de répondre à chaque fois, à chaque catégorie,
06:05 chaque parcours quasiment particulier.
06:07 Il est vrai qu'Elisabeth Borne ne transpire pas, on va dire, d'une chaleur humaine excessive,
06:14 mais on le savait d'ailleurs, ça a été confirmé par sa prestation d'hier.
06:17 Là où je pense que l'exercice est plus problématique pour elle,
06:21 c'est qu'elle était arrivée à Matignon avec une réputation de négociatrice,
06:27 de femme capable, parce qu'elle avait été déjà dans ses précédentes fonctions ministérielles,
06:31 de nouer des consensus, de réussir des accords pour faire passer des réformes.
06:36 On voit bien que sur ce sujet-là, sur cette réforme-là des retraites,
06:40 elle se heurte à une hostilité de l'opinion d'une part, mais aussi d'un Front syndical uni
06:45 et pour l'instant elle peine à convaincre, parfois même y compris au sein de sa majorité.
06:49 Alors elle a pris soin hier d'expliquer qu'elle l'écartait, en tout cas à ce stade,
06:52 l'hypothèse de recourir à l'article 49.3 pour faire adopter la réforme sans vote à l'Assemblée nationale,
06:58 que ce n'était pas le schéma dans lequel elle était et qu'elle cherchait un consensus,
07:03 en tout cas un accord majoritaire, une majorité absolue,
07:06 ce qui veut dire donc forcément le renfort des députés LR.
07:10 Ce qui pouvait être surprenant hier, mais c'était peut-être qu'un avant-goût avant les débats qui vont s'ouvrir lundi,
07:14 c'est qu'elle ne leur a rien offert hier soir à ces députés LR.
07:18 On sait que, notamment sur les carrières longues, elle a dit hier soir à Elisabeth Borne
07:21 que le débat pouvait se poser, qui pourrait exister à l'occasion de la discussion parlementaire,
07:25 mais notamment sur les carrières longues, les gens qui ont commencé à travailler avant 21 ans,
07:29 on sait que les députés LR souhaitent que cela ne cotise pas plus de 43 années
07:35 pour accéder à une retraite à taux plein.
07:38 Il est probable que ça vienne dans le débat la semaine prochaine, elle n'a pas été explicite hier.
07:42 Et dernier point, là où on peut dire que l'exercice pour l'instant est raté,
07:46 je ne parle pas simplement de la prestation d'hier d'Elisabeth Borne,
07:48 mais globalement du gouvernement, justement sur cette fameuse impérative pédagogique,
07:52 c'est quand on regarde plus précisément notre sondage IPSOS-Soprastaria que nous citions tout à l'heure,
07:57 c'est que d'un côté les Français sont donc hostiles à cette réforme,
08:00 mais pour autant une nette majorité de Français reconnaissent que d'un point de vue financier,
08:04 notamment à cause des évolutions démographiques,
08:06 il faut réformer le système de retraite par répartition.
08:09 Et donc ça veut dire qu'il y avait une base, justement pour alimenter cette pédagogique,
08:13 que ce soit pour des raisons financières, pour des raisons démographiques ou autres,
08:17 à partir de cette base-là, sur cette base-là, sur ce constat-là,
08:21 qui est assez largement partagé, le gouvernement a échoué jusque-là
08:25 à justement avancer ses solutions et à justifier sa réforme.
08:29 Donc c'est là qu'il y a une forme de ratage de ce côté-là.
08:33 - Et Victoria Koussa, est-ce que le message du gouvernement est entendu par les Républicains, par exemple ?
08:38 Est-ce qu'on a fait les comptes ?
08:39 Est-ce qu'on sait s'il y a le nombre de députés, tout simplement, pour la voter cette réforme ?
08:43 - Le décompte reste complexe parce qu'ils ont du mal à accorder leur violon.
08:47 En revanche, hier soir, Elisabeth Wann a quand même fait un pas sur l'index senior.
08:51 C'est-à-dire qu'elle a dit "moi, je ne suis pas opposée à sanctionner plus
08:56 et des entreprises de taille plus restreinte que celles prévues".
09:01 - Et c'est-à-dire qu'en l'instant, l'index senior, il est prévu pour les entreprises de plus de 300 salariés
09:05 et elle serait ouverte à ce qu'on l'étende aux entreprises de 50 salariés et plus.
09:09 - Voilà, les PME notamment.
09:12 Ce qui montre aussi que c'est assez ouvert avant le débat et c'est un geste aux Républicains qui demandent aussi ça.
09:21 Il n'y a pas que les carrières longues, il y a aussi cet index senior pour faciliter l'emploi des seniors.
09:26 Donc, ça peut être perçu comme une porte ouverte, sauf que derrière, Eric Ciotti,
09:30 qui est le patron des Républicains, qui est venu débattre de sa prestation, s'est montré un peu mitigé.
09:37 Il s'est permis quelques remarques sur la forme tout en restant d'accord sur le fond, il faut réformer les retraites.
09:43 On verra si elle a réussi à convaincre les Républicains.
09:46 - Jean-Jérôme Berthelus, on a l'impression que plus le temps passe, plus les Français s'opposent
09:49 et plus les Républicains sont frileux à s'associer avec le gouvernement.
09:53 - Oui, alors effectivement, je vais reprendre les deux termes que vous dites.
09:56 D'abord, plus les Français s'opposent.
09:58 Hier, en fait, peut-être qu'il y a eu des ouvertures sur l'index des seniors,
10:03 mais l'index des seniors, ça ne parle pas vraiment au français.
10:06 Là, Elisabeth Borne avait une espèce de dialogue avec le MEDEF.
10:11 D'ailleurs, ce sera intéressant de voir la réaction du MEDEF.
10:14 Mais globalement, quand on fait 37 minutes en prime time sur le service public,
10:20 on doit d'abord parler aux Français de ce qui les intéresse.
10:23 Et encore une fois, ce qui les intéresse, les Français, c'est la pénibilité pour les femmes.
10:27 C'est la grosse interrogation de savoir si cette réforme n'est pas désavantageuse.
10:31 Quant à LR, on peut comprendre effectivement que la Première ministre n'ait pas complètement envie de se mettre,
10:37 même si la réforme dépend beaucoup des députés LR, dans la main de LR.
10:41 Donc elle esquisse simplement, par exemple, la possibilité d'un aménagement des carrières longues.
10:47 Mais en même temps, c'est un peu bizarre de ne pas avoir pu embrasser vraiment le débat,
10:53 puisque la Première ministre ne va même pas ouvrir les débats au Parlement lundi, dans l'hémicycle.
10:59 Donc elle aurait pu, en quelque sorte, puisqu'elle se fait fort d'œuvrer pour le consensus,
11:06 elle aurait pu vraiment dialoguer avec d'ores et déjà les députés, en particulier LR,
11:12 sur les carrières longues, et pas rester comme ça en apesanteur.
11:15 – Victoria Coussin.
11:16 – Et le fait de ne pas s'adresser directement aux Français, comme dit Jean-Jérôme,
11:20 ça donne du grain à moudre à la gauche, qui s'empresse à chaque fois de récupérer ce que dit le gouvernement,
11:25 parce que la gauche, dans sa façon de parler,
11:29 essaye de remettre un peu d'humain dans cette réforme des retraites qui est très complexe.
11:35 Par exemple, François Ruffin, l'insoumis François Ruffin, appelle à de la douceur.
11:40 – Tendresse, m'a mis.
11:41 – À la tendresse, de la douceur, là il part toujours dans ce champ lexical-là,
11:47 et puis ramène finalement la retraite à des plaisirs simples, qui nous parlent à tous.
11:52 Donc en fait, il y a vraiment deux salles, deux ambiances,
11:55 entre le langage gouvernemental et le langage de la gauche, qui prend le contre-pied.
11:59 – Oui, c'est vrai que la gauche s'est engouffrée sur ce terrain-là,
12:01 c'est-à-dire que la tendresse, c'est presque du Daniel Guichard d'ailleurs,
12:04 qui réussit de François Ruffin, si je ne me trompe pas, vous vous en souvenez Jean-Jérôme, évidemment.
12:08 Et pourquoi ? Parce que de l'autre côté, on a le sentiment,
12:11 depuis le début de l'enclenchement de la discussion de cette réforme,
12:16 en tout cas dans l'opinion, que le gouvernement n'a peut-être pas fait assez de politique,
12:19 et en revanche un peu trop de techno, c'est-à-dire qu'il y a des mesures
12:24 qui sont présentées de façon un peu mécanique,
12:26 mais qui ne s'inscrivent pas dans un projet de société globale, en tout cas jusqu'alors.
12:31 Le gouvernement commence à essayer de rectifier le tir, c'est peut-être trop tard,
12:35 mais lorsqu'il essaye de déplacer le débat sur le terrain du travail,
12:40 et du rapport au travail, qui est un véritable enjeu civilisationnel de très longue date,
12:44 alors peut-être que le rapport au travail a évolué, a changé, il y a l'impact du Covid,
12:48 il y a peut-être des nouvelles générations qui n'ont pas le même rapport au travail
12:51 que les plus anciennes, etc. Mais en tout cas, ça c'est un vrai débat de société sur le fond,
12:55 et là aussi le gouvernement s'y est pris à l'envers, c'est-à-dire qu'il s'y met bien tard,
13:00 après avoir simplement développé des mesures qui semblent extrêmement techniques,
13:06 parfois un peu froides, et donc la gauche a beau jeu en face,
13:09 même si la gauche a un problème, mais on va y venir, de contre-projet en quelque sorte,
13:13 c'est-à-dire quelle est l'alternative portée par la gauche ou par les gauches d'ailleurs,
13:16 y a-t-il vraiment un accord entre elles ?
13:18 Mais en revanche, sur ce terrain-là, qui est beaucoup plus politique que technique ou financier,
13:22 c'est vrai que le gouvernement a pêché depuis le début.
13:25 – Jean-Jérôme Berthollux, c'est uniquement une question de ton, de la part du gouvernement,
13:30 ton austère ou pas, c'est-à-dire que ça changerait quelque chose
13:33 si le gouvernement nous parlait avec les trémolos d'un François Ruffin par exemple,
13:38 ou est-ce que c'est une histoire de fond, en fin de compte ?
13:41 – Oui, j'ai envie de répondre un peu des deux quand même,
13:44 avec le ton, oui c'est important.
13:46 La réforme des retraites, on peut juger que débuter le deuxième quinquennat
13:51 avec la réforme des retraites, c'est un peu regarder dans le rétroviseur.
13:54 Et c'est vrai que même au sein d'Horizon, des leaders disaient…
13:58 – Donc le parti d'Edouard Philippe ?
14:01 – Le parti d'Edouard Philippe, qui vient un peu de la droite, disait
14:04 "mais finalement, on pourrait inscrire plus la France dans la modernité
14:08 avec des débats qui rassemblent plus les Français".
14:11 Mais puisque le gouvernement choisit la retraite,
14:13 que c'est une question qui intéresse tous les Français,
14:16 et un peu quel que soit l'âge de ces Français, oui le ton a de l'importance.
14:20 C'est-à-dire qu'il faut parler à chaque Français.
14:23 Et comme le disait très justement Renaud Delis, la politique c'est ça aussi,
14:27 c'est de savoir un peu à qui on s'adresse.
14:30 Et là, eh bien avant ce débat parlementaire,
14:33 oui la première ministre avait l'occasion de parler à tous les Français,
14:37 occasion un peu manquée.
14:39 – Jean-Jérôme Bertholdus, Victoria Koussa, vous restez avec nous,
14:41 avec Renaud Delis, on continue d'évoquer cette réforme des retraites
14:44 et on va parler plus précisément justement de la stratégie de la gauche
14:47 avec ce texte qui arrive à l'Assemblée.
14:49 9h20 d'abord, c'est le Fil info avec Maureen Suynard.
14:51 [Générique]
14:52 – Il veut tenir son objectif et relancer le nucléaire en France.
14:55 Emmanuel Macron tient un conseil présidentiel sur le sujet.
14:58 Ce matin, le chef de l'État a déjà fait savoir qu'il voulait
15:01 la construction de 6 nouveaux réacteurs
15:03 et la prolongation de la durée de vie de certains existants.
15:06 Alors que le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites
15:10 est en hausse, selon le sondage Ipso Soprasteria
15:13 pour France Info et France Télévision,
15:15 Élisabeth Borne tient bon, la première ministre affirme
15:18 que la réforme est nécessaire et que le gouvernement
15:21 pourrait étendre l'index d'emploi des seniors au PME.
15:25 Et cela fait réagir jeudi, non merci, répond sur France Info
15:28 la présidente de Croissance Plus qui fédère des petites
15:31 et moyennes entreprises, elle soutient tout de même
15:34 la réforme des retraites qui, selon elle, va dans le bon sens
15:37 sans peser sur la compétitivité des entreprises.
15:40 Y a-t-il un ballon espion chinois qui survole le ciel américain
15:44 en ce moment ? Le Pentagone en est sûr et indique
15:47 que des sites sensibles sont survolés.
15:49 La Chine dit ce matin vérifier ses informations.
15:52 Les autorités américaines décident de ne pas mettre l'engin à terre
15:55 pour ne pas faire tomber les débris au sol.
15:57 [Musique]
16:00 France Info
16:02 [Musique]
16:03 Les informés, Renaud Dely, Laurence Léchal
16:07 Toujours avec Victoria Koussa, service politique de France Info
16:10 et Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique.
16:12 Renaud Dely, on passe à la dernière partie de ces informés.
16:15 On s'interroge toujours à propos de cette réforme des retraites
16:19 et surtout de l'attitude que la gauche, les gauches, doivent adopter
16:22 alors que ce texte arrive dans l'hémicycle.
16:25 Ce sera lundi, effectivement, le début du débat sur la réforme des retraites
16:28 dans l'hémicycle. C'est lundi, après trois jours en commission la semaine passée.
16:32 On a vu au sein de cette commission d'ailleurs que les débats n'ont pas beaucoup avancé.
16:35 Seuls deux articles sur vingt ont fini par être étudiés, examinés, débattus
16:38 à cause de la foultitude des milliers d'amendements déposés par les oppositions.
16:43 Va-t-on vers le même blocage à partir de la semaine prochaine dans l'hémicycle ?
16:47 Plus de 20 000 amendements ont été déposés sur ce texte,
16:51 dont 13 000 de la part de la France Insoumise.
16:54 Comment est-ce que les Insoumis justifient cette stratégie ?
16:58 Voici ce qu'en disait il y a quelques jours sur ce plateau Manuel Bompard
17:01 qui est député Insoumis des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise.
17:05 La méthode qu'utilise le gouvernement aujourd'hui est effectivement,
17:09 de mon point de vue, un détournement de la Constitution
17:11 et une volonté de nous empêcher d'en débattre.
17:13 Nous, on va déposer autant d'amendements que nécessaire
17:15 pour présenter des propositions alternatives.
17:17 Mon objectif, c'est le retrait de la réforme des retraites
17:20 et j'utiliserai tous les moyens législatifs pour l'obtenir.
17:23 Quand Manuel Bompard accuse le gouvernement de détourner la Constitution,
17:26 c'est précisément parce que le gouvernement applique un article de la Constitution,
17:29 l'article 47.1, qui sur un texte budgétaire,
17:32 et c'est le cas de ce projet de loi de réforme des retraites,
17:35 limite la totalité des débats à 50 jours,
17:38 dont 20 jours au maximum en première lecture à l'Assemblée Nationale.
17:42 Est-ce que précisément le fait de déposer des milliers et des milliers d'amendements
17:46 ne risque pas finalement de servir l'exécutif
17:49 puisque dans ces cas-là le débat n'irait pas à son terme
17:52 et notamment il n'aurait pas lieu sur le fond,
17:54 et en particulier sur la question du report de l'âge légal à 64 ans,
17:57 et finalement tout cela pourrait finalement permettre au gouvernement
18:00 de faire passer sa réforme plus aisément ?
18:02 Puisque vous citiez l'article, ce qu'il faut aussi préciser,
18:04 c'est que si on ne va pas au bout de l'examen du texte,
18:08 on revient à la version initiale.
18:10 Victoria Coussa, on a du mal peut-être à comprendre la stratégie de la gauche
18:13 parce qu'avec cette forme d'obstruction parlementaire,
18:16 ça voudrait dire qu'on reviendrait à la version initiale,
18:18 on ne pourrait pas du tout modifier le texte.
18:20 Après, il faut vraiment voir cette stratégie comme un rapport de force,
18:23 et en plus cette stratégie se nourrit à la fois du contexte,
18:26 à la fois de ce qui s'est passé en commission,
18:29 qui était un tour de chauffe.
18:31 En gros, l'objectif des Insoumis, c'est à la fois de...
18:35 Enfin, moi c'est ce que me disaient hier des députés NUB,
18:39 c'est la maîtrise du temps.
18:41 L'objectif c'est ça, c'est d'avoir aussi entre les mains
18:43 la gestion des débats.
18:45 Avec ces amendements-là, ils ont aussi le choix de pouvoir en retirer en cours de route.
18:48 C'est-à-dire que s'ils voient que trop de temps est consacré aux premiers articles,
18:53 on retire des amendements pour passer à l'article 7,
18:56 l'article sur le reportage à 64 ans.
18:59 En fait, ils veulent devenir les maîtres du jeu
19:02 et ne pas se laisser faire par le gouvernement,
19:05 avoir leur mot à dire,
19:07 et aussi, avec tous ces amendements de déposés,
19:09 ils ont vraiment voulu présenter un contre-projet, finalement,
19:12 parce qu'ils sont attaqués sur le fait de ne pas avoir d'idées,
19:15 de ne proposer rien d'un retour.
19:17 Là, il y a beaucoup d'amendements, notamment sur le financement de la réforme des retraites,
19:21 leur façon à eux de voir ce financement-là,
19:24 qui est totalement différente de celui du gouvernement.
19:26 Donc, ce n'est pas des amendements de virgule,
19:28 en tout cas c'est ce qu'eux disent, mais des amendements de fond.
19:30 Il doit forcément y avoir quelques amendements de virgule dans les 13 000 déposés par l'ANU.
19:34 Il faut aller les chercher.
19:35 Jean-Jérôme Berthelus.
19:36 En fait, c'est vraiment une stratégie un peu étrange de l'ANU,
19:41 mais surtout de la France Insoumise,
19:43 parce qu'on sait qu'il y a un peu plus de 20 000 amendements qui ont été déposés,
19:48 20 450, quelque chose comme ça,
19:50 et qu'il y a plus de 13 000 amendements qui proviennent essentiellement de LFI.
19:56 Il faut dire que quand même, aujourd'hui, l'ANU, c'est LFI.
20:01 Le Parti Socialiste est dans les cordes après le congrès de Marseille,
20:04 quand à Europe Écologie, les Verts, ils vont démarrer,
20:08 là, dans les prochaines heures, dans les prochains jours,
20:10 une vaste interrogation sur qu'est-ce que c'est que l'écologie.
20:13 Donc, c'est un contre-temps, on ne les entend pas du tout.
20:17 Donc, c'est l'ANU.
20:18 Mais l'ANU, c'est un peu bizarre, s'il se place sur le côté,
20:21 regardez ce que nous, on propose.
20:23 Parce que l'ANU, et LFI en particulier, c'est l'opposition.
20:27 Et donc, l'opposition, ça s'oppose, avant de présenter quelque chose d'alternatif.
20:32 C'est-à-dire que, en fait, les Français, ils attendent,
20:35 et ils le montrent dans les sondages,
20:37 qu'il y ait une opposition franche et massive à cette réforme.
20:39 Ils n'attendent pas, avec beaucoup de curiosité,
20:42 les vérités de la France insoumise.
20:46 Et la deuxième chose, c'est que, ce qui peut être redouté dans la rue,
20:51 c'est-à-dire le blocage de l'économie,
20:53 et même la CGT commence à faire attention,
20:56 puisqu'il n'y aurait pas de préavis de grève à la SNCF pour les départs en vacances.
21:01 Eh bien, ce terme de...
21:02 - Il y en a, mais tous les syndicats ne sont pas d'accord.
21:04 - Voilà, tous les syndicats ne sont pas d'accord.
21:06 Mais hier, qu'est-ce qu'a dit Laurent Berger ?
21:08 Le blocage, c'est le gouvernement.
21:10 Et si, effectivement, il y avait un blocage parlementaire,
21:13 ça ne serait plus le gouvernement, ça serait la France insoumise.
21:16 Donc, c'est un vrai risque pour la France insoumise
21:18 d'apparaître comme ceux qui bloquent véritablement les débats.
21:21 - L'opposition parlementaire, elle sert le gouvernement,
21:23 elle sert l'exécutif.
21:24 D'ailleurs, il faut savoir qu'il n'y a pas vraiment de débat chez les insoumis.
21:27 On l'a vu ces dernières semaines.
21:28 Mais on va dire qu'il y a des divisions, des dissensions internes.
21:30 Et certains sont hostiles à cette stratégie.
21:33 Ils disent "Attention, effectivement, on sert le gouvernement
21:35 si on bloque les débats", comme on l'a fait en commission pendant trois jours.
21:38 Et d'autre part, c'est même contradictoire sur le fond,
21:42 puisque d'abord, le fait d'aller sur le fond du débat,
21:45 notamment sur le report de l'âge d'égalité de 64 ans,
21:47 c'est un vrai sujet qui intéresse les Français.
21:49 Et surtout, dans un contexte où, et les oppositions l'ont mis en exergue
21:53 ces derniers jours, il semblerait que des dissensions apparaissent,
21:56 en tout cas au sein de la majorité, des doutes,
21:59 peut-être du côté de certains élus, députés au horizon ou modem,
22:02 qui pourraient manquer à l'appel, à force sûr et du côté de la droite,
22:04 du côté des députés LR.
22:06 Et donc, quel est le meilleur moyen pour les opposants au Parlement
22:10 de mettre en exergue ces doutes éventuels, ces divisions,
22:14 ces dissensions, voire ces défections au sein de la majorité,
22:18 que d'aller au bout du débat, justement, et d'aller jusqu'au vote.
22:21 Et le risque que prennent les insoumis en particulier,
22:24 s'ils mettent en oeuvre cette stratégie d'obstruction,
22:26 c'est finalement de faciliter la tâche au gouvernement.
22:29 Mais ils peuvent toujours, Victor Récoussat le disait,
22:31 retirer les amendements, le cas échéant, et donc permettre un vote.
22:35 Ils peuvent même voter la réforme.
22:37 Et même sans aller jusqu'au vote, si LFM maintient cet espèce de blocage,
22:44 c'est clair qu'au sein des hésitants dans les parties majoritaires,
22:48 on pourrait se dire "finalement on va voter cette réforme".
22:51 Jean-Jérôme Bertollus, merci beaucoup.
22:53 Victor Récoussat, Service politique de France Info,
22:55 merci et merci à Renaud Delis.
22:57 Les Informer revient ce soir 20h. Bonne journée.
22:59 [Musique]
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