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  • il y a 3 jours
Les débats de l'été avec Bruno Tertrais, géopolitologue, directeur adjoint de l'Institut Montaigne 

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##INVITE_DU_JOUR-2025-07-21##

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Transcription
00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liedot.
00:06On va prendre le temps de la discussion pendant un certain temps ici sur Sud Radio pour penser la France de 2040.
00:12Selon quoi ? Selon absolument toutes les données possibles et inimaginables, avec les meilleurs experts.
00:17Et c'est Bruno Tertré, bonjour, qui avez coordonné, c'est vous qui avez coordonné ce rapport.
00:22France 2040, c'est pour l'Institut Montaigne, les projections pour l'action politique.
00:25Je le disais, vous avez utilisé vraiment toutes les sources, c'est-à-dire tout ce qui se passe dans le pays depuis 15 ans,
00:30en essayant de viser 2040, c'est-à-dire d'ici 15 ans, pour voir comment le pays évoluerait avant qu'on décline.
00:36Parce qu'il y a absolument tous les sujets, l'industrie, la natalité, l'état de la science en France, l'état de la recherche, c'est excessivement complet.
00:43Alors je vous dis, pas forcément encourageant si déjà on a des doutes sur la capacité du pays potentiellement à se redresser,
00:50mais c'est absolument passionnant, c'est disponible sur le site de l'Institut Montaigne.
00:54D'un mot peut-être d'abord sur l'initiative.
00:56Comment vous avez eu peut-être l'envie, la curiosité d'établir un tel travail,
01:00ces 462 pages de projections aussi sérieuses, aussi fouillées ?
01:05La première raison, c'est que ça n'existait pas.
01:07C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de rapport aussi fouillé qui essaie de vous projeter dans la France de, dans 15 ans,
01:13sans être, j'allais dire, partisan de telle ou telle école, de telle ou telle force politique.
01:19C'est un rapport qui est assez neutre.
01:21Il n'y a pas de proposition, on en parlera après.
01:23C'est presque un rapport scientifique, c'est-à-dire que c'est les chiffres qui parlent.
01:26Oui, ça se veut être un rapport quasiment scientifique.
01:28On s'est basé bien sûr sur énormément de sources officielles, de sources publiques.
01:33On a consulté énormément d'experts.
01:35Mais c'est vraiment un diagnostic qui se veut aussi peu orienté que possible.
01:38Pourquoi ?
01:39Alors maintenant, pourquoi aujourd'hui ?
01:41Eh bien, il ne vous aura pas échappé que dans deux ans, on aura une élection présidentielle.
01:44En tout cas, c'est en principe dans deux ans.
01:46Et ce qu'on voudrait, ce que l'Institut a souhaité, c'est que le débat politique soit aussi, autant que possible,
01:54se fasse sur des bases, on va dire, sur des bases saines, sur des bases objectives.
01:57Après, chacun peut avoir ses interprétations.
02:00Les interprétations et les choix différents pour y remédier.
02:03Voilà, c'est bien.
02:03Mais à une époque, et on le voit encore aujourd'hui à propos de la loi Duplon d'ailleurs,
02:08à une époque où les débats publics s'emballent un peu trop souvent de manière très passionnelle,
02:12sans forcément qu'ils soient basés sur des faits objectifs,
02:16eh bien, on a souhaité tenter de remettre un petit peu de raison dans le débat public.
02:21Et encore une fois, quelles que soient les options politiques des uns et des autres.
02:26Ironie du sort, votre rapport projection pour l'action politique de France 2040,
02:31que vous coordonnez pour l'Institut Montaigne, est sorti le jour de la prise de parole de François Bayrou.
02:36Mais j'aimerais revenir sur ce que vous avez dit d'emblée.
02:38C'est-à-dire qu'il n'existait pas ça au niveau politique.
02:41Est-ce que ce n'est pas ça qui est inquiétant quand même ?
02:42Parce qu'on nous pond quand même tous les deux jours des organismes pour penser l'avenir.
02:46On a ce haut commissariat au plan, en se disant « Pensez la France d'après ».
02:49Est-ce que ce n'est pas presque inquiétant que ce soit l'Institut Montaigne qui soit en charge de ça ?
02:52Au moment où on l'a fait, le haut commissariat, au moment où on l'a décidé,
02:55ce rapport, c'était il y a un an et demi, c'était avant la dissolution d'ailleurs,
02:59le haut commissariat au plan n'avait pas encore véritablement été reconstitué comme il l'a été récemment.
03:04Non mais il en existait un, il ne nous a pas bluffé par ses capacités de projection.
03:07Non, mais je peux vous dire à titre personnel que ce que vous trouvez sur la démographie, par exemple,
03:14c'est en partie issu d'un travail que j'avais fait justement pour le commissariat au plan,
03:19qui à l'époque s'appelait M. François Bayrou.
03:20La légende raconte qu'il est apparemment en Premier ministre maintenant.
03:24Je précise que je n'ai absolument aucun engagement politique, c'était un travail d'expert.
03:28Alors, vous avez maintenant ce commissariat au plan qui est censé faire ce travail,
03:31et d'ailleurs il va le faire, on en a parlé avec eux, mais eux ils vont se projeter plus loin,
03:36ils vont se projeter en 2050.
03:37L'idée c'est de dire que le public, le privé, parfois on peut travailler quand même en bonne intelligence,
03:42et j'allais dire s'inspirer en toute honnêteté et objectivité des travaux les uns et les autres.
03:47Vous avez raison, le plan aurait pu faire ça,
03:49ils ne l'ont pas fait, donc on le fait, mais ils vont faire autre chose,
03:53et après tout c'est très bien, il ne faut pas que, dans ce domaine-là,
03:56l'avenir de la France, il n'y a pas de monopole privé.
03:59Vous le dites en introduction, et c'est vrai que n'est-ce pas un pari risqué de fournir un tel plan
04:05pour dans 15 ans, quand on voit l'agitation du monde aujourd'hui,
04:08que ce soit l'élection de Donald Trump,
04:09vous précisez quand même, ce plan c'est si pas de soubresauts,
04:12si conséquent qu'un Covid ou une troisième guerre mondiale, en réalité.
04:15C'est bien le problème, c'est bien parce que l'action politique,
04:19et ça ne date pas d'hier, ça ne date pas de M. Bayrou,
04:21c'est essentiellement les trois prochains mois, les six prochains mois,
04:24ou les deux prochaines années au maximum,
04:26qu'on veut essayer de pousser nos responsables politiques,
04:29mais aussi les responsables de grandes entreprises,
04:31qui font aussi de la planification, à réfléchir plus loin.
04:33Peut-être même plus que les pouvoirs publics d'ailleurs.
04:35Alors ça arrive d'ailleurs, pour les très grandes entreprises,
04:37oui tout à fait, ça arrive parce que souvent,
04:39les chefs d'entreprise, ils ne sont pas forcément soumis à dissolution,
04:44ou à...
04:45Ils doivent avancer, donc au bout d'un moment...
04:47Ils doivent avancer.
04:48Alors, si on prend le type de travail qu'on fait,
04:52c'est bien sûr aussi pour pouvoir peser sur le débat public.
04:56Bien sûr, il peut arriver des événements qui font que,
04:59non pas tout ce qu'on a écrit,
05:01parce que je crois que quoi qu'il se passe dans le monde,
05:04dans les deux prochaines années,
05:05les bases, notre rapport, restera valable.
05:08Mais c'est vrai qu'on ne peut pas non plus prévoir
05:09tous les accidents géopolitiques qui peuvent se produire.
05:13Donc c'est vrai qu'on ferait des projections
05:14à partir de, ben voilà, un certain nombre de données géopolitiques,
05:18comme les tensions entre les Etats-Unis et la Chine,
05:21mais tout en disant que,
05:23si jamais il y avait l'invasion de Taïwan par la Chine,
05:26alors là, ça mettrait l'économie mondiale par terre,
05:29et donc on aurait un certain nombre de choses à revoir dans notre rapport.
05:31On ne peut pas tout prévoir non plus,
05:33mais vous savez, moi, ma spécialité de départ, de base,
05:36c'est la géopolitique.
05:37Il y a quand même des lignes de force qu'on peut tracer depuis longtemps.
05:40Les tensions Etats-Unis-Chine, par exemple,
05:42ça ne date pas l'arrivée de M. Trump au pouvoir.
05:46Vous notez, très géopolitologue,
05:47et puis vous êtes le coordinateur au titre de ce rapport France 2040,
05:50projection pour l'action politique.
05:52Je le disais, c'est quand même d'une presque cruelle lucidité
05:56sur l'état de la France.
05:57Et très rapidement, vous arrivez à une conclusion.
05:59Cette conclusion, c'est terriblement d'actualité, là aussi.
06:03C'est un vieillissement démographique,
06:04une stagnation de la productivité,
06:06et une dette publique élevée.
06:07Ça, c'est ce qu'on pourrait qualifier de quoi ?
06:09Les tripes impasses, peut-être,
06:11qui va littéralement verrouiller le pays
06:13dans les prochaines années de manière très forte ?
06:16Alors pour nous, il n'y a pas d'impasses.
06:17Et puis s'il y a une impasse,
06:18on peut toujours en sortir par le haut.
06:20On peut toujours démonir le mur.
06:20Il y a des lignes de fuite.
06:21Il y a quand même toujours des lignes de fuite.
06:23Mais c'est vrai que j'aime bien parler de ce rapport
06:25en disant qu'au cœur du problème de l'avenir de la France,
06:29il y a, moi, ce que j'appelle le mur de la dette,
06:32le précipice de la démographie,
06:34et aussi, on en parle moins,
06:36le marécage de la productivité.
06:38Parce que la productivité du travail,
06:40c'est vrai que c'est quelque chose...
06:41Ça, on y reviendra parce que c'est fascinant.
06:42Oui, c'est tout à fait intéressant.
06:45Or, tout ceci, c'est un moment où, en gros,
06:48vous le savez tous, nous le savons tous,
06:52il va falloir investir davantage sur la défense.
06:56Il va falloir également investir d'une manière ou d'une autre,
07:00et quelle que soit la manière dont on prend les sujets environnementaux,
07:03investir sur l'adaptation au changement climatique.
07:06Donc, ça arrive, ce mur de la dette,
07:08il arrive, j'allais dire, au pire moment.
07:10Donc, il y a ce triptyque, effectivement,
07:12qui, à mon avis, centrale,
07:13quand on veut essayer de comprendre le problème de la France.
07:15Et on va avoir du mal à en sortir dans les 15 prochaines années.
07:20Ce qu'il faut, c'est aussi agir maintenant
07:22pour ne pas que l'après-2040 soit totalement catastrophique.
07:26Parce que ça pourrait bien l'être.
07:27Si on ne prend pas, vraiment, à bras-le-corps,
07:31les grands problèmes structurels de la France,
07:33vraiment, dans les années qui viennent,
07:35alors, on a parlé de 2027,
07:36il y a cette échéance, mais il y en a d'autres,
07:39eh bien, je crois que, franchement,
07:40on peut s'inquiéter pour l'avenir de notre pays.
07:42Après-2040, et c'est un optimiste qui vous le dit,
07:44parce que je suis plutôt un optimiste,
07:46mais j'avoue que ce rapport m'a un petit peu servi de...
07:49De refroidisseur.
07:50Oui, je dis parfois que ce rapport,
07:52c'est un peu une cellule de dégrisement
07:53pour ceux qui se font un peu trop d'illusions sur le pays.
07:57Il y a quelque chose d'intéressant
07:58dans ce que vous développez dans ce rapport,
08:00c'est que vous arrivez assez bien, en réalité,
08:01à tisser les liens entre toutes les problématiques.
08:04C'est-à-dire que, bien sûr,
08:04à un moment que la démographie
08:06viendra toucher la sphère de l'environnement,
08:08que cette démographie aura des conséquences
08:10sur le plan industriel,
08:11et je peux tisser toutes les parties que vous évoquez.
08:13Mais est-ce que vous pensez,
08:14parce qu'avec toutes les données publiques,
08:16et c'est quand même ce qu'on voit dans la sphère publique,
08:18que le politique a cette capacité-là,
08:20si vous voulez, de réussir à englober les problèmes ?
08:22On a vu, par exemple, sur les relations internationales,
08:24et je parle sous votre contrôle,
08:25à quel point, pour les Français,
08:26les sondeurs nous le disent,
08:27c'était très compliqué jusqu'à présent,
08:29jusqu'à peut-être l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
08:32de comprendre que les conséquences du monde
08:34allaient arriver dans nos assiettes,
08:36dans notre portefeuille,
08:37directement dans notre poche.
08:38Est-ce que les politiques sont capables
08:39de voir le problème et de l'englober ?
08:41Je ne sais pas si ça se dit,
08:43mais pardon, de le prendre, on va dire...
08:46Peu importe, mais j'allais dire que
08:48sur notre environnement géopolitique
08:49et ses conséquences, littéralement,
08:51dans nos portefeuilles et dans nos assiettes,
08:53moi, je vois aussi que c'était le cas
08:55pour la plupart des entreprises privées.
08:57À part un certain nombre de grandes entreprises
08:58qui sont, par nature, ouvertes sur l'international,
09:01moi, je peux vous dire, par exemple,
09:02à titre personnel,
09:03que la demande de consultances
09:05ou d'expertise géopolitique,
09:06elle a explosé depuis trois ans
09:09parce qu'il y a eu l'Ukraine,
09:10il y a eu le Moyen-Orient,
09:11il y a eu Trump,
09:12il y a la Chine en toile de fond, etc.
09:14Alors, je reviens à votre question.
09:15Oui, ce qui est fascinant,
09:16c'est que toutes ces tendances
09:18un petit peu négatives,
09:19malheureusement,
09:20elles s'enrichissent,
09:23si j'ose dire,
09:24elles sont liées les unes aux autres.
09:26Par exemple,
09:26quand vous voyez l'évolution démographique
09:28de la France,
09:29ça ne va pas arranger
09:30notre problème de productivité.
09:32On va y venir dans le détail.
09:33La rentabilité du travail.
09:35Il y a un autre sujet
09:36qui aussi transparaît
09:37tout au long du rapport,
09:39c'est la question qu'on appelle
09:40celle des fractures territoriales.
09:42Là encore,
09:43la démographie,
09:44la population,
09:45elle n'évolue pas de la même manière
09:46partout sur le territoire français.
09:48Les services publics,
09:49la désindustrialisation,
09:50tout ça,
09:51ça ne s'opère pas,
09:52ça ne fonctionne pas
09:53de la même manière
09:53sur tout le territoire.
09:54Donc, il y a aussi ce risque
09:55en toile de fond
09:56d'une aggravation
09:57de nos fractures territoriales.
10:00Vous voyez,
10:00ça ne rend pas très optimiste.
10:02Ça ne rend pas très optimiste,
10:03mais on va y venir
10:04parce que ce rapport
10:05rentre dans le détail
10:06des problèmes
10:06qui sont si contemporains
10:07et si urgents à régler.
10:09On parlait de la natalité,
10:10de la productivité.
10:11C'est un mot qu'on entend
10:11maintenant 53 fois par jour
10:13sur les plateaux de télévision.
10:14On a l'impression
10:15de revoir le nucléaire
10:16par Vladimir Poutine.
10:17C'est vraiment devenu
10:18un langage totalement commun.
10:19France 2040,
10:20projection pour l'action politique.
10:22C'est à trouver
10:22et à consulter
10:23sur le site
10:24de l'Institut Montaigne.
10:25On en parle avec Bruno Tertré
10:26qui a eu la lourde charge
10:27de coordonner ce rapport
10:28et on y revient
10:29dans un instant.
10:30Vous êtes sur Sud Radio.
10:33C'est votre opinion qui compte.
10:36Sud Radio.
10:37Les débats de l'été,
10:3810h-13h.
10:40Maxime Liedot.
10:41À quoi ressemblera
10:42la France de 2040 ?
10:43Quels sont les Himalayas ?
10:44Pour reprendre une expression
10:46prononcée par le Premier ministre.
10:48Aggravir, ils sont nombreux.
10:49Que ce soit le financement
10:50de l'État, la productivité,
10:51le financement de l'économie,
10:52la transition énergétique,
10:54même tout simplement
10:55l'état de l'industrie.
10:56On en parle avec Bruno Tertré,
10:58géopolitologue notamment.
10:59C'est vous qui avez eu
11:00la lourde tâche
11:01de coordonner.
11:02C'est son long rapport
11:03sur la France de 2040
11:05pour l'Institut Montaigne.
11:06On était en train
11:06d'en parler juste avant.
11:07C'est vrai qu'il y a aussi
11:08une difficulté peut-être
11:09des politiques
11:10de réussir à prendre
11:11en même temps.
11:12Et c'est ce mot important
11:13à bras-le-corps
11:13la totalité des problèmes
11:15sur ceux que vous décriviez.
11:16La productivité,
11:18le mur de la dette
11:19et la démographie.
11:21Ça, c'est compliqué
11:21de tout penser.
11:22C'est peut-être
11:22l'impensé des politiques.
11:24Oui, le problème des politiques
11:25dans toutes les démocraties,
11:27c'est qu'ils pensent
11:28à trop court terme.
11:29Bien sûr, je pense
11:30que la plupart d'entre eux
11:30se soucient de l'avenir
11:32de la France à long terme.
11:33Mais le court-termisme,
11:35c'est général
11:35dans toutes les démocraties.
11:37Même si je pense
11:38qu'en France,
11:39alors que justement,
11:40c'est là qu'on avait
11:41inventé le plan
11:41après la Seconde Guerre mondiale,
11:43on est quand même
11:44spécialement court-termiste.
11:45Moi, je pense que
11:45pour franchir l'Himalaya,
11:47pas seulement pour conquérir
11:49l'Evresse,
11:50mais si on veut vraiment
11:50franchir l'Himalaya,
11:52il faut impérativement
11:53des gouvernements
11:54qui aient une légitimité forte,
11:56qui soient perçus comme tels
11:57par les opinions.
11:59Ce n'est pas du tout
12:00une orientation politique.
12:02Non, non, c'est factuel.
12:03C'est-à-dire que s'il faut
12:04qu'on change,
12:05peu importe dans une direction
12:06ou une autre,
12:06il faut quelque chose
12:07de solide pour faire
12:08pousser la machine.
12:09Et par ailleurs,
12:09d'expérience,
12:10on voit que quand vous voulez
12:11vraiment prendre des décisions
12:12difficiles ou douloureuses
12:14pour l'avenir du pays,
12:15il vaut mieux le faire
12:16en début de mandat
12:17qu'en fin de mandat.
12:18Ça, là encore,
12:19c'est généralement
12:19dans toutes les démocraties.
12:21Et malheureusement,
12:23aujourd'hui,
12:23on a quand même en France
12:24une crise de la légitimité
12:26et une crise de la confiance
12:28dans les institutions,
12:30dans les responsables politiques,
12:31qui est à mon sens
12:31encore plus forte
12:32qu'elle ne l'est
12:33dans d'autres pays européens.
12:34Donc, il y a non seulement
12:35la légitimité,
12:36j'allais dire,
12:36des urnes,
12:37mais il y a aussi la confiance.
12:38Or, la confiance,
12:39c'est peut-être
12:40ce qui est plus difficile
12:41à recréer
12:42et à maintenir
12:43dans la durée.
12:45Donc, non seulement
12:45le diagnostic qu'on fait,
12:46il n'est pas très optimiste,
12:48en tout cas,
12:48il dit,
12:49si on continue comme ça
12:50en 2040,
12:51franchement,
12:52c'est la ruine.
12:53On peut le dire comme ça.
12:55Mais, en plus,
12:56tout ça,
12:56c'est dans un contexte
12:57de défiance
12:58vis-à-vis de l'autorité politique,
13:00des décisions qu'elle prend,
13:01même si c'est une autorité politique
13:03légitimement élue ou nommée,
13:04qui rend quand même,
13:05encore une fois,
13:06pas très optimiste
13:07sur l'avenir du pays.
13:08Entrons dans le détail
13:09des différents,
13:10on va dire,
13:11des Everests
13:12que vous évoquez.
13:13Il y en a un
13:13qui m'a passionné,
13:14c'est le déclin démographique.
13:16On en parle régulièrement,
13:17on a l'impression
13:17que c'est une mauvaise musique
13:18de fond dans un incenseur,
13:20mais c'est absolument problématique.
13:21Le taux de fécondité
13:22est tombé,
13:22cette année-là,
13:24à 1,2,
13:251,6 enfants par femme
13:26contre 2 enfants par femme
13:28en 2010.
13:29C'est-à-dire qu'on risque
13:30d'avoir un solde naturel positif
13:31réduit à 17 000 en 2024
13:33et dès 2028,
13:35ça pourrait devenir négatif.
13:36C'est-à-dire que c'est demain.
13:37Oui, tout à fait.
13:39En termes démographiques,
13:40c'est même dans une heure,
13:41si vous voulez.
13:42On parle souvent de l'expression
13:43minuit ou moins une,
13:44c'est maintenant.
13:45Moi, je me suis beaucoup intéressé
13:46à la démographie
13:47et à ses implications politiques
13:48au moment où la démographie
13:50était, j'allais dire,
13:51trustée seulement
13:52par les démographes.
13:53Alors, je crois que c'est comme
13:54la guerre ne doit pas être
13:56laissée seulement aux militaires,
13:57la démographie ne doit pas être
13:58laissée seulement aux démographes
13:59parce que c'est l'avenir du pays.
14:01Donc, j'avais déjà écrit
14:01un bouquin là-dessus,
14:02donc je ne découvrais pas
14:04ces sujets.
14:04Moi, ce qui me frappe,
14:05c'est plusieurs choses.
14:06La première, c'est qu'il y a
14:08une sorte de normalisation
14:09de la France par rapport
14:10aux autres pays européens.
14:11Pendant longtemps,
14:12on s'est satisfait
14:13d'une espèce d'exception française
14:15qui fait qu'en gros,
14:16la fécondité en France
14:17restait...
14:18Elle était parmi les plus élevées
14:19d'Europe.
14:19Voilà, avec l'Irlande
14:20et la Suède.
14:20On ne s'inquiétait pas.
14:22Même on raillait
14:23ceux qui arrivaient à des taux
14:25comme on a maintenant
14:25l'Italie, l'Espagne,
14:26le Portugal.
14:27Exactement.
14:27Or, la normalisation,
14:29mais dans le sens statistique
14:30du terme,
14:31elle est en train d'arriver
14:31plus vite que certains
14:33ne le craignaient.
14:34Qu'est-ce que ça veut dire ?
14:35Ça veut dire, par exemple,
14:36moi, j'en ai déjà parlé
14:37à beaucoup de responsables politiques
14:38déjà depuis deux ou trois ans
14:39parce que je crois
14:40que le moment
14:41où, en gros,
14:42l'accroissement de la population française
14:43ne se ferait plus
14:45que par l'immigration,
14:47ce moment va arriver
14:47plus vite que prévu.
14:49Mais c'est le point de bascule
14:50et pardon,
14:50j'en profite que vous me fassiez
14:51cette transition naturelle,
14:52c'est ce que vous indiquez
14:53dans le rapport.
14:53Le moteur principal
14:54de la croissance démographique,
14:56à un moment,
14:56ça va être le recours
14:57massif à l'immigration,
14:59de toute façon.
15:00Attention,
15:00moi, je ne suis pas prescriptif.
15:01Ce rapport n'est pas prescriptif.
15:03Il ne dit pas...
15:04C'est les faits pour l'instant.
15:05Voilà, ce sont des faits.
15:06Il ne dit pas
15:06il faut de l'immigration
15:07ou il n'en faut pas.
15:08Ce n'est pas le sujet.
15:09Simplement,
15:10il alerte sur le fait
15:11que très rapidement
15:12et peut-être même dès 2026,
15:14ça sera peut-être
15:14en pleine campagne de 2027,
15:15tiens,
15:17à ce moment-là,
15:18en gros,
15:18ce qu'on appelle
15:19le solde naturel,
15:20c'est-à-dire en gros
15:21les naissances moins les décès,
15:22sera négatif
15:24et l'accroissement
15:25de la population française,
15:26comme c'est déjà le cas
15:27pour l'Europe
15:27prise dans sa globalité,
15:30ne se ferait plus
15:31qu'à partir de l'immigration.
15:33Et là, je pense
15:34que ce dont on parle ici,
15:35c'est préparons-nous
15:37à un débat
15:37qui par nature
15:38est un débat extrêmement passionnel
15:40sur celui de l'avenir
15:41de la population française.
15:43Excusez-lui peu,
15:44mais...
15:44Trois fois rien,
15:44mais quand même.
15:45Trois fois rien.
15:47Je sais que certains disent
15:48parce qu'ils sont opposés
15:49à toute forme d'immigration
15:51disent,
15:52mais après tout,
15:53pourquoi est-ce que la France
15:53ne serait pas le Japon ?
15:55J'ai déjà entendu
15:55cet argument plusieurs fois.
15:57Mais avec un problème
15:58qu'on risque d'avoir
15:59similaire au Japon
15:59parce que vous évoquez
16:00le vieillissement accéléré
16:01de la population.
16:02Mais bien pire.
16:03Moi, je dis toujours
16:04c'est un choix de citoyen,
16:05c'est un choix politique,
16:06c'est un choix de citoyen.
16:07On a le droit
16:07de vouloir être le Japon,
16:09c'est-à-dire un pays
16:09dont la population décline
16:11et un pays qui a
16:12dans l'effet quasiment pas
16:13d'immigration.
16:14Le problème,
16:14c'est que le Japon,
16:15un,
16:15il a été beaucoup plus riche
16:16que nous
16:17avant que sa population
16:18décline,
16:19donc il n'a pas eu
16:19les mêmes types de problèmes.
16:21Avec une dette souveraine,
16:22contrairement à nous.
16:22Avec, exactement,
16:24vous avez tout à fait raison
16:24de le rappeler,
16:29sur l'avenir de leur pays
16:30en se disant
16:31est-ce qu'au 22ème siècle,
16:32le Japon existera encore ?
16:34Donc vous voyez,
16:35c'est vraiment des problèmes
16:35Parce que c'est un pays
16:36de personnes âgées.
16:37C'est un pays de personnes
16:38de plus en plus âgées
16:40avec tout ce que ça veut dire
16:41aussi pour le travail.
16:42Le travail,
16:43les japonais,
16:43alors qu'ils travaillent
16:44de toute façon
16:45beaucoup plus que nous
16:46de manière générale,
16:47c'est un constat factuel.
16:48Eh bien,
16:49quand vous vous baladez au Japon,
16:51vous voyez dans les gares,
16:53dans les services,
16:54dans les commerces,
16:55des gens qui,
16:57dont on vous dit
16:58en tant que touriste français,
16:59vous dites,
17:00ces gens-là,
17:00ils mériteraient quand même
17:02une retraite,
17:03enfin,
17:03ils devraient avoir droit
17:04à une retraite bien méritée.
17:06Voilà,
17:06donc tout ceci,
17:07ce sont des choix de société,
17:08ce sont des choix
17:09qui engagent le pays
17:09et c'est pour ça aussi
17:10qu'on fait ce rapport
17:11pour dire,
17:11voilà,
17:12quelle France voulons-nous
17:12en 2040 et au-delà ?
17:15Sachant que sur,
17:16je rappelle un chiffre
17:16que vous mettez dans le rapport
17:17et la comparaison avec le Japon
17:19se tient là,
17:20c'est que la proportion
17:20des plus de 65 ans,
17:21actuellement,
17:22on est à 22% en 2025,
17:24ça risque d'être projeté
17:25à 26-28% en 2040.
17:27Et ça veut dire surtout
17:29que ce qu'on appelle
17:30le rapport de dépendance,
17:32c'est-à-dire en gros
17:32le rapport entre les actifs
17:34et puis les inactifs,
17:35qu'ils soient trop jeunes
17:36ou trop vieux,
17:37va être supérieur à 50%.
17:39C'est énorme.
17:40C'est considérable.
17:41Ça c'est 2040.
17:42Et c'est pour ça que,
17:43alors sur la démographie,
17:44on ne peut pas faire grand-chose
17:45pour les 15 ans qui viennent.
17:46En gros,
17:47la démographie,
17:47c'est comme des tankeurs,
17:48ils peuvent virer de bord
17:50mais ça met beaucoup de temps.
17:52Mais si on veut agir
17:54sur la France
17:54d'après 2040,
17:56c'est maintenant que ça se prépare.
17:58Et s'il y a bien une chose
17:58qui est très compliquée
17:59à relancer,
18:00c'est la natalité.
18:01Moi je vois beaucoup trop de gens
18:02qui souhaitent relancer la natalité
18:04mais qui pensent
18:04qu'il y a des mesures faciles
18:06des...
18:07Que ce soit la prime
18:08comme on peut voir en Hongrie,
18:09système démontré
18:10un peu inutile d'ailleurs.
18:11Eh bien regardez comment ça marche,
18:12ça ne marche pas.
18:12Voilà, c'est pour ça
18:13que je suis démontré inutile.
18:15Un autre objet qui est important
18:16parce que c'est vraiment
18:17ce qu'on voit absolument
18:18tous les jours,
18:18c'est le sujet de la croissance.
18:20On parle beaucoup
18:20des Français
18:21qui travailleraient moins
18:22que les Allemands
18:22que les autres pays.
18:23Vous mettez une fois de plus
18:25un chiffre dans votre rapport,
18:26c'est 61,8%
18:28des 15-64 ans
18:29actuellement au travail.
18:3361% seulement.
18:34En réalité c'est ça le sujet,
18:35ce n'est pas tellement
18:36les heures travaillées
18:37même si c'est un débat
18:37mais c'est surtout
18:38les personnes qui travaillent.
18:40Le nombre de personnes
18:40qui travaillent,
18:41le nombre d'heures
18:42qu'il et ou elle travaillent.
18:44Autrement dit,
18:45on s'est focalisé
18:46trop longtemps en France
18:47dans le débat public,
18:47dans le débat politique
18:48sur le taux de chômage.
18:49Les personnes qui sont
18:50inscrites à Pôle emploi.
18:53En fait,
18:54ce qui est beaucoup
18:55plus intéressant
18:55et à mon avis pertinent,
18:57c'est de s'intéresser
18:57effectivement à la productivité.
18:59On voit que la productivité
19:00du travail en France
19:01qui peut compenser
19:02effectivement le fait
19:03qu'il y ait moins
19:04de gens qui travaillent,
19:04cette productivité augmente.
19:06Elle est censée augmenter
19:07faiblement mais régulièrement.
19:09En France,
19:10elle n'augmente quasiment plus.
19:12On est à virgule.
19:13D'abord,
19:14elle a chuté.
19:15C'est plus 0,2 par an
19:17et ce n'est même pas un point
19:19sur la décennie précédente.
19:20C'est-à-dire que la productivité
19:23stagne.
19:24Si vous avez
19:24moins de gens
19:25qui travaillent
19:26ou des gens
19:26qui veulent moins travailler
19:28mais qu'en même temps
19:28la productivité
19:29décline,
19:30immanquablement,
19:32quel que soit votre statut,
19:33que vous soyez
19:33journaliste,
19:36géopolitologue,
19:37ouvrier
19:38ou banquier,
19:39j'allais dire,
19:40on est tous dans le même bateau
19:41et le bateau
19:41s'appelle la France.
19:44Ce que j'espère,
19:45et ce n'est pas dans le rapport,
19:46que le navire France
19:46ne va pas couler,
19:47qu'on n'aura pas
19:48le destin
19:49du Pâquebot France.
19:50Rappelez-vous,
19:51le Pâquebot France,
19:51il a fini par être
19:53racheté
19:53par un armateur
19:55étranger
19:56et finalement,
19:57il a été
19:58désarmé.
19:59Bruno Tertré,
20:00géopolitologue,
20:01vous coordonnez
20:02plutôt cette étude
20:03monstrueuse
20:04à l'Institut Montaigne.
20:05France 2040,
20:06projection pour
20:07l'action politique.
20:08Peut-être,
20:09et si certains nous écoutent,
20:10c'est un petit manuel
20:11sur l'état réel
20:12du pays,
20:13que ce soit sur l'industrie,
20:14sur l'environnement,
20:15sur l'économie,
20:16sur la natalité.
20:16Merci beaucoup Bruno Tertré
20:17d'avoir été avec nous
20:18sur Sud Radio.
20:20Pour nous,
20:20on se retrouve demain,
20:21même studio,
20:22même heure,
20:2310h, 13h,
20:24et je vous souhaite
20:25évidemment une très belle
20:26après-midi sur Sud Radio.
20:27Sud Radio.
20:29Sud Radio.
20:29Parlons vrai.
20:30Parlons vrai.
20:31Sud Radio.
20:31Parlons vrai.

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