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  • 19/06/2025
Anne Fulda reçoit Elisabeth Olliéric pour son livre «La profondeur de l’apparence» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres Elisabeth Ollieric. Bonjour Anne Fulda. Alors vous
00:05êtes conseil en style et vous venez de publier votre premier livre, votre premier roman qui
00:11s'appelle Joliment la profondeur de l'apparence. C'est un livre qui est paru dans la collection
00:15Le bar de la sirène, c'est une collection qui vient d'être créée par Moti Mono et qui est au
00:21Seuil, aux éditions du Seuil. Alors c'est un très joli livre qui est délicat, on n'est pas
00:27du tout dans les conseils vestimentaires, c'est plutôt une sorte de tableau impressionniste,
00:32une forme d'autobiographie à travers, à petites touches, à travers les vêtements, les étoffes
00:40qui vous ont façonné l'air de rien. Alors ce très beau titre, vous le dites, vous le dites
00:44tout à la fin, ça vous a été inspiré par le gai savoir ? Alors non. En fait à la fin
00:51je reçois le gai savoir sur la tête parce que je suis à Naples. Mais en fait non, la
00:56profondeur de l'apparence, ça m'a été, ce titre je l'ai trouvé, alors il s'est
01:02imposé naturellement à moi, il était en réponse surtout à un proverbe que j'avais
01:06entendu toute ma jeunesse qui était « l'habit ne fait pas le moine ». Et ce proverbe-là
01:12en fait, parallèlement, je regardais des films comme Poudane avec la robe couleur du
01:18temps ou alors je regardais Mary Poppins qui arrivait à ranger les vêtements d'un coup de
01:24baguette magique. Et en fait, je ne voulais pas choisir entre avoir bonne conscience et
01:30en même temps pouvoir rêver et être vraiment emportée par la matière. Donc un jour, c'était
01:38absolument pas prémédité, il faisait beau, c'était un dimanche matin, j'étais en chemise
01:43de nuit, je me suis assise à mon bureau, il y avait une très jolie musique qui passait
01:46et j'ai commencé à écrire l'histoire de ma robe de mariée. En fait c'est comme ça.
01:50Et puis, comme le dit très bien Eride Lucas, en fait, les mots ont poussé d'autres
01:55mots qui finalement ont fait des phrases, puis des chapitres et finalement un texte.
02:01Voilà.
02:02Avec quand même cette idée en filigrane que contrairement à cette idée répandue,
02:08l'apparence, le vêtement n'est pas synonyme de futilité, ça a une signification, ça veut
02:14dire quelque chose. Vous prouvez qu'il y a des révolutions intimes qui sont accompagnées
02:19par des vêtements. Alors vous vous évoquez par exemple, quand vous êtes petite fille,
02:23petite fille de 7 ans, cette culotte panty, qu'on ne dit plus, en blanche, en dentelle,
02:30qui est pour vous comme une espèce de trophée d'affirmation de féminité.
02:34Alors vous avez vu un garçon.
02:35Absolument, parce qu'on coupait nos jeans, nos genoux. Moi, je venais d'une tribu où
02:41il y avait beaucoup de garçons et je les suivais. Et ce panty, pour moi, c'est vraiment
02:48l'apanage de ce qu'on peut être, mais avec ce que pouvait aussi comporter la dentelle,
02:53qui était plutôt interdit. Donc à chaque fois, chaque vêtement s'est rapporté finalement
03:00à un moment de ma vie. Et ça a été assez facile après de plonger dans les souvenirs.
03:08Alors je n'ai absolument pas voulu faire un parcours de femme. Ce que je voulais, c'était
03:12tout simplement, je trouve les vêtements irrésistiblement attrayants. Et en fait, d'une certaine
03:18manière, j'ai tout simplement voulu les remercier. J'ai voulu qu'ils deviennent, qu'ils
03:22prennent vie et qu'ils deviennent presque les personnages d'un conte.
03:27Oui, alors c'est le cas. Alors vous évoquez, c'est amusant, les femmes de votre famille
03:32qui sont influencées dans les années 70 par le vent de liberté qui souffle après 68.
03:38L'idole, leur idole, c'est Mélina Mercouri.
03:40Absolument.
03:41Il y a des photos, d'ailleurs, quelques photos, dont une justement de cet artiste grec.
03:46Alors votre père, lui, est plus classique, conformiste. Et vous dites à un moment que finalement,
03:51chez lui, c'est une forme de... comme une manière de confirmer qu'il appartient bien
03:56à une certaine classe sociale.
03:57Oui, absolument.
03:58Alors qu'il vient d'un milieu modeste.
03:59Absolument, il vient d'un milieu plus modeste que celui de maman.
04:04Et la folie, entre guillemets, de maman qui porte des impermaxis, lui, il veut...
04:11Et des jupes minis.
04:12Des jupes minis, se fait friser les cheveux.
04:14Lui, ce qu'il veut, en fait, c'est rester dans son accession sociale, qui correspond aussi
04:19au métier qu'il va faire. Et très longtemps, sur les photos prises dans les années 60,
04:27on sentait encore l'ordre établi. Et puis, arrive 1968, les photos changent. Et moi,
04:33j'avais l'impression que tout le monde était déguisé toute la journée, en fait.
04:37Donc c'était aussi assez amusant.
04:40Alors vous évoquez un petit manteau rouge à double boutonnage dans un gros drap de laine
04:44qui vous tient la silhouette et vous sangle l'attitude. Alors que c'est à une époque
04:49où ce n'est pas si évident que ça. Il faut probablement sangler l'attitude
04:55parce que votre père connaît des problèmes de santé. Et finalement, la vie familiale
04:59est assez compliquée à cette époque.
05:01Vous le dites très bien. Merci beaucoup. En fait, ce dont je me suis aperçue,
05:06c'est qu'à travers chaque vêtement que j'évoquais, c'était la possibilité soit
05:12d'avoir une carapace, comme ce manteau rouge, ou alors d'en faire l'uniforme de ma profession,
05:20c'est-à-dire la robe de mariée, même si après j'ai été licenciée, ou alors...
05:25Femme, deux.
05:26Oui, exactement. Ou alors, tout simplement, un uniforme du chagrin.
05:33C'est important.
05:34Comme ce col roulé noir que vous portez après votre séparation.
05:37Mais pour tout le monde. Et aujourd'hui, j'ai des gens qui me parlent de ce qu'ils
05:43ont lu dans mon texte. Et les vêtements, en fait, l'évocation de vêtements provoque
05:48un miroir. Ils peuvent aller se mirer dedans. Ça leur évoque beaucoup de choses. Donc, il
05:54y a tout un tas de vêtements, effectivement, que j'égrène comme ça.
05:57Oui. Alors, il y a dans ces vêtements, vous évoquez la soutane de votre oncle.
06:00Et comme vous disiez tout à l'heure, la vie ne fait pas le moine. Eh bien, lui, la soutane
06:05ne fait pas le... Enfin, ne fait pas le prêtre. Enfin, en tout cas, c'est un prêtre.
06:09Oui.
06:10Mais qui est très joyeux, qui, lorsqu'il passe des vacances avec vous, à la boule, se
06:13met en short.
06:14Oui. Il nous semblait voir Dieu partir se baigner, en fait. Parce que nous, on le voyait
06:19effectivement dans sa soutane. Et puis, d'un seul coup, les vacances arrivaient. Et il
06:24la quittait. Il nous emmenait dans des virés absolument incroyables.
06:29Voilà. Alors, vous évoquez aussi la canadienne de votre frère disparue, puis une certaine
06:33chemise bleue. Et que, m'avez-vous dit, vous portez d'ailleurs aujourd'hui.
06:36Oui. Oui. J'ai une passion pour les chemises d'hommes. Alors, en référence aussi à certains
06:43souvenirs. Pour moi, la chemise d'hommes, c'est vraiment la meilleure équation masculin-féminin.
06:51En l'occurrence, pour moi, elle est la poursuite de la caresse échangée, très souvent,
06:55parce que c'est quelque chose qu'on enfile. Et on a envie, justement, que le corps qu'on
07:00a aimé continue à exister dans cette chemise. Donc, c'est tout le pouvoir évocateur de
07:06chaque vêtement. Et les vêtements, en fait, c'est sérieux et pas sérieux. Il n'y a
07:10pas de psychologie du vêtement. C'est quelque chose de sérieux et en même temps pas du
07:15tout sérieux. Et je veux rester sur ce droit fil.
07:17Voilà. Donc, la profondeur de l'apparence, comme vous avez justement et joliment titré
07:22votre livre. Merci, Lisbeth Olieriq. C'est donc paru au Bar de la Sirène, aux éditions
07:27du Seuil. C'est un très joli livre. Je vous le conseille.
07:30Merci beaucoup, Anne Fildar.

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