00:00Qui d'entre nous n'a pas été complètement traumatisé, choqué, et qui même encore aujourd'hui ne l'est pas encore traumatisé, choqué par le drame qui est arrivé ce mardi 10 juin entre 8h15 et 8h30 à Mélanie G,
00:26dont on ne dira pas le nom par respect pour elle et pour sa famille, cette surveillante qui a été assassinée de plusieurs coups de couteau par un collégien de 14 ans au collège Françoise Dolto, dans la Haute-Marne, à Nojon.
00:50C'était un jour comme les autres, un matin entre 8h15 et 8h30, ce jour-là, les gendarmes avaient décidé de faire une fouille dite aléatoire, des cartables, des sacs, des sacoches,
01:08pour s'assurer qu'il n'y avait pas de couteau, d'armes blanches.
01:15Cela fait partie des procédures qui sont maintenant installées afin d'éviter précisément que n'entrent dans les collèges, dans les lycées, les armes blanches, les couteaux.
01:26Soudain, un collégien âgé de 14 ans a sorti un couteau, s'est précipité sur Mélanie,
01:39et l'a poignardé de très nombreux coups de couteau dans le dos, sur le crâne, dans les épaules,
01:49et malheureusement, des coups de couteau ont été définitifs et ont entraîné son décès.
01:59Elle était partie le matin pour faire un métier tranquille, quoi, un métier qu'elle aimait,
02:04et rien, parce que ce n'était pas par définition un métier à risque,
02:16rien ne laissait penser que le soir, elle ne retrouverait pas son enfant,
02:21qu'elle allait mourir sous les coups de couteau d'un adolescent,
02:26qui s'est jeté sur elle, du reste, sans raison précise.
02:30Il a indiqué qu'il n'avait pas de motif particulier d'aller frapper sur elle.
02:38Il avait du reste l'intention de faire un carnage,
02:40et c'est la fouille effectuée par les gendarmes qui l'a empêchée
02:44de porter des coups de couteau de tous les côtés.
02:48Il a été neutralisé par un gendarme qui lui-même a été blessé.
02:53Alors, quand on écoute le procureur de la République, on est terrassé,
02:58parce qu'on constate qu'une fois de plus, notre monde politique est à côté de la réalité.
03:06On a entendu le Premier ministre, je crois, proposer un texte de loi
03:11pour empêcher les mineurs d'acheter des couteaux,
03:15et on apprend que l'adolescent qui a poignardé cette pauvre enseignante
03:21s'est servi d'un couteau de cuisine pris chez lui, dans la cuisine.
03:30Et on entend le Président de la République qui méprise les agitateurs,
03:37celui qui méprise les faits divers, on entend dire qu'il va falloir
03:40limiter l'accès aux réseaux sociaux pour les mineurs.
03:43Or, le procureur nous dit que ce jeune ne fréquentait pas les réseaux sociaux.
03:50Mais ce qui est terrifiant et ce qui, pour moi, devrait tous nous faire dramatiquement,
03:56oui, dramatiquement réfléchir, c'est cette phrase du procureur
04:01qui non seulement nous dit que l'assassin n'avait aucune raison précise
04:07de frapper cette jeune femme, de tuer Mélanie, mais que surtout, et je le cite,
04:16il apparaît, dit-il, en perte de repère quant à la valeur de la vie.
04:21En perte de repère quant à la valeur de la vie.
04:24Il n'a pas de signe de trouble psychique, il n'a aucun antécédent,
04:34si ce n'est deux sanctions disciplinaires qui, à mon avis, auraient dû alerter,
04:38mais qui n'ont absolument pas attiré l'attention.
04:42Mais il n'exprime aucun remords, aucun regret, aucune empathie.
04:56Il s'est montré, dit le procureur, détaché, vous vous rendez compte.
04:59Mais moi, je reviens à cette phrase sur laquelle je vous supplie de réfléchir
05:03parce qu'elle dit, beaucoup de notre monde et beaucoup de l'éducation
05:10que donne notre monde, il apparaît en perte de repère quant à la valeur de la vie.
05:18Et on entend cette phrase au moment où on vient de voter une loi sur l'euthanasie.
05:24Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, il y a tant de jeunes qui sont en perte de repère de la valeur de la vie ?
05:37Qu'est-ce qui fait qu'on n'a pas été capable de donner cet humanisme
05:45qui a formé, forgé tant de générations ?
05:54Comment se peut-il qu'on soit en perte de repère des valeurs de la vie ?
06:02Voilà.
06:03Je crois que c'est la question fondamentale sur laquelle on ferait bien de se pencher.
06:09Mais peut-être qu'on a peur de tomber dans les abysses de cette question.
