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Jeudi 5 juin 2025, retrouvez Frederik Ducrozet (Responsable de la recherche macro, Pictet Wealth Management) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Et nous enchaînons à présent avec Marché à Thème, le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse
00:15où nous avons le plaisir de retrouver en duplex Frédéric Ducrozet, responsable de la recherche macro
00:20chez Pictet Wealth Management. Bonsoir Frédéric Ducrozet.
00:25Bonsoir Nicolas.
00:26Merci d'être avec nous en duplex à distance pour commenter cette prise de parole de Christine Lagarde
00:34à l'issue de la réunion de politique monétaire de la Banque Centrale Européenne.
00:38Alors assez peu de surprises sur la baisse de taux. Les marchés s'attendaient à une baisse de taux de 25 points de base.
00:44C'est effectivement le cas. On passe d'un taux de dépôt qui était à 2,25% à 2%.
00:51Mais on a eu aussi des révisions ou des annonces en tout cas sur les prévisions en matière d'inflation ou de croissance de PIB.
00:59Là aussi pas beaucoup de changements de la part de la BCE.
01:02Mais un discours quand même qui laisse entendre qu'on ferme un chapitre, celui de la reprise post-Covid.
01:09Et on ouvre le chapitre de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, ou en tout cas les Etats-Unis et le reste du monde, Frédéric Ducrozet.
01:19Oui, dit comme ça, c'est pas très réjouissant.
01:21Elle l'a d'ailleurs noté, la présidente Christine Lagarde, à la fin de la conférence de presse.
01:26On passe d'une bataille à l'autre et il y a toujours quelque part un risque à prendre en compte.
01:33C'est une bonne chose d'avoir terminé la normalisation, cette première phase de la politique monétaire,
01:38d'avoir été capable en position de baisser les taux d'intérêt de plus de 4% à 2% aujourd'hui.
01:44Et 2%, c'est un beau chiffre rond qui est probablement proche du niveau neutre.
01:49Donc la BCE est neutre et peut effectivement donner le temps de voir ce qui va se passer.
01:55Malheureusement, ce qui peut se passer, c'est que les risques sont plutôt encore orientés à la baisse.
02:00Elle l'a dit clairement.
02:02Et on est tous pareils, économistes, investisseurs, banquiers centraux.
02:05On fait face à cette incertitude de négociation commerciale entre les Etats-Unis et l'Europe.
02:10On reste à la merci d'un tweet, d'une décision, d'une inversion de décision qui remet tout en cause.
02:15Donc la Banque Centrale Européenne, quelque part sans surprise dans ce contexte-là,
02:18ne donne aucune indication sur le prochain mouvement.
02:23La seule chose peut-être, c'est que les marchés dans ces cas-là sont extrêmement sensibles à tout indice
02:27sur la prochaine réunion au mois de juillet ou celle de septembre.
02:32Et que le fait de ne pas en avoir eu, d'avoir semblé fermer la porte à une autre baisse de taux,
02:37sauf catastrophe encore une fois sur la guerre commerciale,
02:39a peut-être un petit peu déçu à la marge, mais finalement pas de nouvelles majeures aujourd'hui.
02:43Oui, c'est ça, parce qu'il y avait effectivement une attente du marché sur cette réunion de politique monétaire,
02:48mais d'une autre baisse de taux à venir qui semblait un petit peu effectivement évidente pour le marché.
02:55Là, on sent que le scénario où la BCE fait une pause après cette baisse de taux décidée aujourd'hui,
03:02c'est un scénario qui prend de l'ampleur, Frédéric Ducrozet.
03:05Oui, et d'une manière générale, c'est la même chose pour la Fed,
03:08c'est la même chose pour la Banque Centrale du Canada et de la plupart des autres économies développées.
03:13Elles ont finalement deux scénarios en tête, elles sont prêtes, ces banques centrales, à réagir.
03:18L'un, dans le cas de la BCE en tout cas, où elles ne bougeraient plus les taux d'intérêt,
03:21mais même ça, quelque part, le marché s'y attendait.
03:23Si les bonnes nouvelles s'accumulent, si on a un accord commercial,
03:26on abandonne l'idée de 50% de tarifs sur l'Europe,
03:29on est à nouveau bons amis et tout va bien,
03:32l'inflation est revenue à la cible, elle est à peu près à 2% à moyen terme.
03:36On pourra parler du court terme parce qu'il y a quelques aléas liés à l'énergie, au pétrole, à l'euro
03:41qui sont importants à prendre en compte, mais au-delà, on est à 2%,
03:44ça fait un moment qu'on est à 2%, on est confiant de rester à 2%,
03:47la BCE n'a pas de raison de bouger.
03:48Et puis, il y a un autre scénario où les choses se passent mal,
03:52où au moins initialement, on a des tarifs douaniers plus importants sur l'Europe,
03:56ça a un effet sur la croissance, la confiance et l'inflation peut être anticipée en tout cas,
04:01et la BCE doit baisser davantage.
04:03La moyenne pondérée de ces deux scénarios dépend de la probabilité distribuée à chacun des risques,
04:09et ça, ça peut bouger à peu près tous les jours.
04:11Alors, la BCE a notamment donné aussi ses prévisions pour les années à venir.
04:15Alors, on revoit un petit peu l'inflation à la baisse en 2026,
04:19mais on revoit aussi très légèrement la croissance du PIB à la baisse en 2026, Frédéric Ducrozet.
04:25Qu'est-ce qu'il faut ?
04:25Et en même temps, c'est un peu les seules choses qui bougent par rapport aux prévisions
04:29qu'on peut avoir ensuite pour 2027, par exemple.
04:33Qu'est-ce qu'il faut comprendre de ces évolutions de la BCE, Frédéric Ducrozet ?
04:40C'est les seules choses qui bougent, les seules choses un peu intéressantes et tangibles aujourd'hui.
04:44En plus, techniquement, en juin, ce sont des prévisions qui sont collectivement produites
04:50par toutes les banques centrales nationales des 20 pays de la zone euro et la BCE elle-même.
04:54Donc, il peut y avoir des effets un petit peu compliqués.
04:57Mais là, c'était une surprise.
04:58On a eu tout de suite le chiffre au début, à la décision prise par la BCE de baisser les taux,
05:03d'une révision, notamment de l'inflation, ce qui est vraiment la grosse surprise,
05:06à 1,6% l'année prochaine en 2026.
05:10C'est bien en dessous de la cible, de 2%, qui est une cible maintenant symétrique.
05:14Donc, en théorie, sur ce chiffre-là, simplement, il faudrait encore baisser les taux d'intérêt.
05:18Mais immédiatement, Christine Lagarde a bien précisé que c'était l'effet quasiment uniquement des prix de l'énergie en baisse
05:25et d'un euro plus fort.
05:27Mais là aussi, c'est un peu plus subtil parce qu'un euro plus fort, dans les 10 ou 20 dernières années,
05:32c'est quelque chose qui avait tendance à être un problème pour la BCE.
05:35Et ensuite, on se pose la question si l'euro est fort aujourd'hui pour de bonnes raisons,
05:39notamment les anticipations peut-être de dépenses budgétaires en Allemagne, en zone euro,
05:44qui pourraient renforcer la croissance.
05:45Donc, tout ça est un peu plus compliqué que le simple chiffre de 1,6 voudrait le laisser entendre.
05:49Et encore une fois, je pense qu'il faudra en savoir un peu plus,
05:52y compris en termes de dépenses budgétaires en Allemagne,
05:55comment exactement cette relance va être mise en place dans les mois qui viennent.
05:59Un tout petit mot encore de l'Europe, Frédéric, avant d'aller aux États-Unis.
06:05Il y a quand même aussi cette idée dans le discours de la BCE
06:08de dire qu'il y a une incertitude sur les politiques commerciales menées à l'heure actuelle
06:13qui va peser sur l'investissement dans le privé, dans les entreprises, sur l'exportation,
06:16mais que ce sera compensé en Europe par une hausse de l'investissement public.
06:20Est-ce que c'est là où, effectivement, il faut espérer trouver de la croissance pour les années à venir ?
06:26Oui, et pas seulement. Il faut espérer que cette relance de la dépense publique
06:30entraîne un investissement privé, de la consommation, des perspectives de croissance potentielles en haut,
06:36c'est-à-dire sur les prochaines années, voire décennies.
06:39Ce n'est pas simplement que l'Allemagne dépense plus aujourd'hui dans la défense ou dans l'infrastructure,
06:44ce qui est une bonne chose, c'est plutôt que ça entraîne des effets indirects positifs
06:47aussi sur l'ensemble des composantes de l'économie.
06:52Et c'est un vrai changement.
06:53C'est un vrai changement parce que ce policy mix a jamais été bien calibré pendant 20 ans en Europe.
06:58Soit on avait un problème côté politique monétaire, soit un problème côté politique budgétaire, soit les deux.
07:02Donc là, c'est un vrai espoir.
07:04Et encore une fois, que la BCE puisse se permettre de ne pas baisser les taux, pour des bonnes raisons.
07:09Ça, c'est vraiment une très bonne chose.
07:11Et Christine Lagarde, du coup, comme Isabelle Schnabel également,
07:14membre allemande du directoire de la BCE, insiste sur ces aspects-là.
07:18Ça semble au quiche, mais je le répète, c'est plutôt une bonne nouvelle si ça se met en place dans les années à venir.
07:23Frédéric Ducrozet, aux États-Unis, les discussions sont vives à l'heure actuelle sur la Big Beautiful Bill.
07:29Et on voit la courbe des taux aux États-Unis, et notamment la partie longue de la courbe des taux
07:37qui laisse entendre un vrai stress, on peut le dire, sur la situation budgétaire aux États-Unis.
07:42Quelle analyse vous avez de la situation à l'heure actuelle ?
07:46Alors, il y a des inquiétudes, c'est clair.
07:48On est passé de la guerre commerciale à cette dimension budgétaire.
07:51On est dans le temps politique aujourd'hui, parce que, comme vous le savez,
07:54la première version de cette grande et beautiful bill est passée à la première chambre,
08:00elle va passer au Sénat, elle va sûrement être envoyée, doit être signée par le président.
08:05Il l'aimerait avant le 4 juillet, mais probablement plutôt dans le courant du mois de juillet.
08:08Et on s'attend pour notre part, en tout cas, à beaucoup de changements encore dans les calibrages,
08:12le chiffre, et peut-être aussi un élément de langage sur des aspects qui ont inquiété les marchés récemment
08:17sur cette fameuse section 899.
08:20Dans l'ensemble, moi je crois que les tensions sont finalement très contenues encore
08:23sur le marché obligataire et la partie longue de la courbe.
08:25Le taux à 10 ans des trégéries américaines est seulement de 4,5 à 4,6%.
08:31C'est quelque chose finalement encore limité.
08:34On a déjà connu des 5% dans les deux années précédentes.
08:36On pourrait imaginer des tensions bien plus fortes.
08:39Il y a effectivement des signes de fragilité dans le marché.
08:43Si vous voulez, à partir du moment où des observateurs commencent à s'inquiéter
08:46de certaines émissions de dettes et regarder des détails techniques
08:49dont tout le monde se fiche pour être honnête la plupart du temps,
08:53c'est qu'un problème.
08:54Donc quelque part, on sent que ça peut être plutôt un peu le calme avant la tempête.
08:59Si les choses sont confirmées en l'état, se passent mal ou si ces projections d'augmentation
09:06de déficit se matérialisent, où là, effectivement, le marché pourrait commencer à vraiment paniquer.
09:12Je crois qu'il y a un élément dans ce temps politique que le président va du coup,
09:16je crois à l'instant encore par un tweet, mettre en avant.
09:19On sait qu'il y a l'aspect tarif.
09:21Les estimations du CBO aux États-Unis de ces fameux 2,4 trillions de dollars
09:27qui seraient ajoutés au déficit par cette loi sont en fait potentiellement compensées
09:32par 2,8 trillions de revenus en plus.
09:35Ça, c'est toujours sur les plus prochaines années venant des tarifs.
09:37Si c'est le cas, ce qui me paraît très optimiste,
09:40le président va dire qu'on réduit en réalité le déficit de 400 milliards,
09:432,8 ou moins 2,4 sur les dix prochaines années.
09:46Je pense qu'on est au début avec Musk également qui est dans le débat maintenant
09:51et les sénateurs républicains notamment pourraient quand même, je pense,
09:56avoir leur mot à dire et peut-être recalibrer un certain nombre de ces baisses d'impôts,
10:00en l'occurrence, qui sont au cœur du problème.
10:02Un tout petit mot également, Frédéric Ducrozet, sur le dollar.
10:05Le dollar qui perd près de 10% depuis son pic de début d'année.
10:11Qu'est-ce que ça nous dit de la situation actuelle ?
10:14Est-ce qu'il faut s'attendre à voir le dollar continuer à perdre de la valeur sur la suite de l'année ?
10:19Je pense que oui, parce que ce sont des cycles longs
10:22et que si ce à quoi on assiste est effectivement un changement de régime
10:27plus structurel dans la location de capital de tous les investisseurs dans le monde,
10:34non pas vendre tous leurs actifs en dollars,
10:36mais de diversifier et de rééquilibrer un peu leur exposition
10:39en faveur de l'Europe, du Japon ou des pays émergents,
10:42alors c'est un phénomène qui peut durer.
10:45On observe par exemple des grands acteurs,
10:48la real money vraiment qui fait bouger les marchés
10:50comme les pourfonds de pension en Europe, au Japon, en Norvège,
10:54qui se posent ces questions-là.
10:56Et je pense que ça, c'est la lame de fond
10:57qui explique vraiment que le dollar, structurellement,
11:01peut commencer à se déprécier.
11:02Il ne faut pas oublier qu'il vient d'un niveau très surévalué au début de l'année.
11:06Il peut aussi se dévaluer pour des bonnes raisons, entre guillemets,
11:09si la croissance en Europe, en Chine et ailleurs
11:12s'améliore relativement aux États-Unis.
11:14Et dans ce cas-là, sur ce fameux smile du dollar,
11:17on a un dollar qui se déprécie pour de bonnes raisons.
11:20C'est dans ce cas-là, ce que je disais au début pour l'euro,
11:22pas tellement un problème, c'est même plutôt une bonne nouvelle
11:25pour le reste du monde aussi.
11:27Merci beaucoup Frédéric Ducrozet de nous avoir accompagné
11:29dans la dernière partie de Smart Bourse dans Marché à Thème.
11:32Je rappelle que vous êtes responsable de la recherche macro
11:34de Pictet Wealth Management.
11:37Merci donc, merci à toutes et tous de nous avoir suivis
11:40sur Be Smart for Change.
11:42Et je vous invite également à nous écouter en podcast
11:44si vous le souhaitez sur toutes les plateformes de podcast.
11:47À demain pour un nouveau numéro de Smart Bourse.
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11:56Sous-titrage Société Radio-Canada
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