- 25/06/2025
Mercredi 25 juin 2025, retrouvez Jérémy Blackwell (Directeur et gérant de fortune, Hottinguer Banque Privée) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Musique
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir c'est celui des start-up en France et du financement de l'innovation à mi-parcours de cette année 2025.
00:21Quel est l'état des lieux qu'on peut dresser ?
00:23Nous en parlons avec Jérémy Blackwell qui est à mes côtés en plateau.
00:26Bonjour Jérémy.
00:26Bonjour Jérémy.
00:27Merci d'être avec nous, directeur et gérant de fortune chez Ottingre Banque Privée.
00:31Vous suivez de près cet écosystème de l'innovation et des start-up françaises.
00:36Vous êtes vous-même impliqué directement en tant que business angel dans le financement de l'innovation.
00:42Jérémy, je voulais que vous nous apportiez quelques éléments de contexte.
00:45On termine ce premier semestre, c'est toujours intéressant à mi-parcours d'une année de se poser, de dresser un état des lieux.
00:50On sait avec la remontée des taux depuis 2-3 ans maintenant que l'environnement de financement de l'innovation est beaucoup plus compliqué ou je dirais beaucoup plus exigeant.
01:00Est-ce qu'on est encore dans ce phénomène-là ? Est-ce que c'est encore ce qui a marqué notamment l'activité de levée de fonds et de financement au cours de ce premier semestre ?
01:08Oui, tout à fait, on ne va pas se mentir, c'est assez compliqué pour les levées de fonds en ce moment.
01:14Alors, je n'ai pas les chiffres encore du premier semestre qui vont bientôt arriver.
01:17Il manque le T2, c'est ça ?
01:19Oui, il manque le T2.
01:20Mais pour le premier trimestre, c'est un peu la même tendance.
01:23On observe des levées de fonds de Vici de 1,4 milliards d'euros.
01:28Donc, c'est 20% de moins à peu près que l'année dernière qui était déjà en baisse.
01:32Et surtout, on revient au niveau de 2020, un bon retour en arrière avec des différences assez marquantes.
01:40Tout ce qui est Deep Tech a explosé, plus de 2400%.
01:43Il y a pas mal de boîtes IA Deep Tech aussi ou Défense Deep Tech.
01:48Et pour les autres, on a tout ce qui est Green Tech qui sont toujours deuxièmes et en forte baisse.
01:53Tout ce qui est logiciel qui arrive à peu près à s'en sortir.
01:57Donc, on voit par secteur des différences assez importantes.
02:00Et par typologie, par maturité d'investissement, on voit qu'en gros, tout ce qui est site précis, c'est moins 50%.
02:06Et tout ce qui est late stage, c'est carrément moins 90%.
02:09Waouh !
02:10Vraiment, pas de financement pour les licornes.
02:12Ah oui, bien sûr.
02:14C'est une normalisation après, effectivement.
02:18Alors, une paire et un peu plus, une paire d'années qui auront été exceptionnelles de ce point de vue-là.
02:23Parce que Covid, j'entends.
02:26Jérémy, ou est-ce que c'est un peu plus qu'une normalisation, là ?
02:30C'est un peu les deux.
02:31Il y a effectivement un effet de normalisation.
02:33D'ailleurs, la France reste quand même troisième en Europe.
02:35On perd une place.
02:36Il y a l'Allemagne et toujours les UK qui sont premiers.
02:39Mais bon, on reste quand même dans le podium.
02:43Il y a un effet de normalisation, c'est sûr.
02:45Il y a les taux.
02:46Et il y a aussi le fait que les valeurs d'investissement étaient quand même très élevées.
02:50Donc, maintenant, il y a autant de tours, si ce n'est plus, mais à des valeurs moindres.
02:54Oui.
02:55C'est un marché qui s'est polarisé, c'est ça ?
02:57Enfin, qui arrive à lever de l'argent aujourd'hui ?
02:59Alors, ça dépend du secteur, de la technologie sur laquelle on est positionné, j'imagine.
03:06Ça dépend quoi ? De la phase de risque ou de dérisquage dans laquelle on se trouve également.
03:12Qui sont ceux qui arrivent à lever de l'argent dans les conditions de marché actuelles, Jérémy ?
03:16Dans les belles levées qu'on a pu voir en France, par exemple, au premier trimestre,
03:20on peut parler de l'Off-Orbital qui a fait une levée de 170 millions d'euros.
03:25En fait, ils ont, un petit peu comme avec le cloud, ils ont créé un business model
03:30où ils partagent un satellite divisé entre plusieurs clients.
03:35Du coup, ça divise pas mal les coûts, les charges d'exploitation.
03:38Et c'est un business model qui n'existait pas, qui est assez prometteur.
03:42On peut parler aussi en France, dans le quantique, par exemple, d'Alice et Bob.
03:45Il a fallu lever de 100 millions d'euros pour essayer de créer un ordinateur quantique
03:50sans problème d'ici 2030.
03:52C'est un pari ambitieux.
03:54Ils le disent eux-mêmes.
03:56Mais un beau pari.
03:57Il y a eu des grosses levées aussi.
03:58Par exemple, en Allemagne, Helsing qui a levé 600 millions d'euros.
04:01Une sorte de petit palentir, un peu dans l'IA militaire, qui fait aussi des drones.
04:06Ce type de boîte qui arrive à faire des très belles levées.
04:09Et après, par rapport à la question qui est-ce qui arrive à lever des fonds en ce moment.
04:13Donc, oui, évidemment, c'est sûr qu'être sur un secteur porteur, comme un robotique.
04:18New Space, Quantique, bien sûr.
04:20Ça aide beaucoup.
04:22Après, ça n'a pas changé.
04:23C'est vraiment surtout par rapport à l'équipe.
04:24Des équipes ambitieuses, complémentaires.
04:28Et là, il y a eu un vrai changement de paradigme par rapport à il y a encore 2-3 ans.
04:32C'est que maintenant, les VCs vont quand même regarder, même en All-Stage, souvent quand même un peu de traction.
04:36Plus qu'avant, en tout cas.
04:38Et surtout, regarder qu'il y a un business model vraiment périn, avec une trajectoire vers la rentabilité.
04:45Pas forcément rentable maintenant, mais on peut se dire, bon, dans 3 ans, ça sera rentable.
04:49Mais avoir une perspective.
04:50Voilà.
04:51Avoir une perspective de break-even, d'équilibre, de rentabilité dans le modèle économique.
04:56C'est pas le tout cas encore.
04:56C'est ça.
04:57Oui, c'est assez nouveau dans cet écosystème.
04:59On parle de venture capital.
05:00Des gens qui partent à l'aventure, justement, pour accompagner des entreprises.
05:05Se pose également la question des sorties.
05:07Alors, des sorties boursières, j'en ai pas vu beaucoup.
05:10Ça, c'est sûr.
05:11On avait encore des reports aujourd'hui d'IPO sur le marché allemand.
05:15Pas du tout dans le secteur de la tech.
05:17C'est dans les pièces détachées automobiles.
05:19Mais le marché, le marché boursier, peut-être pas la bonne voie de sortie aujourd'hui pour des investisseurs en capital risque.
05:26Quelles sont les solutions qui s'offrent à eux ?
05:28Je rappelle toujours la mécanique.
05:30Dans ces métiers du long côté, il faut que le capital tourne.
05:33C'est bien la rotation du capital qui fait qu'on peut réinvestir, bien sûr, et donc créer un cercle vertueux.
05:40Oui, tout à fait.
05:40Là, vous touchez le doigt.
05:42Le plus gros problème, on va dire, dans le financement actuel de ce qui est start-up, c'est effectivement les liquidités avec une difficulté à faire des grosses exits.
05:54Un environnement un petit peu bouché, on va dire.
05:56IPO en France, par exemple, il y a eu des IPO, c'était des dernières années, de Aramis Auto,
06:02qui était le Nikon introduit à 23 euros, qui était tombé à 2,50 euros.
06:06Belive, super boîte, mais qui s'est introduit en bourse, qui a baissé, qui s'est fait racheter par le fondateur au même prix.
06:12Donc, il n'y a pas eu de gros succès pour faire rêver un peu de l'investissement.
06:14Il n'y a pas eu ce succès emblématique.
06:16Pas comme aux US, il y en a eu des milliers.
06:19On peut être un peu optimiste, puisqu'il y a quand même trois gros candidats IPO pour les prochaines années.
06:24Data IQ, Conto et Doctolib.
06:27Data IQ ira probablement plutôt aux US, au Nasdaq.
06:31On peut penser que Doctolib, voire Conto pourra s'introduire en France.
06:35Donc, ça pourrait un petit peu redonner le blason des investissements boursiers.
06:39Et dans l'intervalle, quelles solutions s'offrent aux investisseurs qui aimeraient bien retrouver un peu de liquidité à un moment sur leurs investissements ?
06:47Dans l'intervalle, il y a quand même quelques grosses sessions en Europe, notamment dans le logiciel.
06:52Il y a une boîte, par exemple, au UK, qui s'appelle Metaphysics, qui a été vendue pour 1,4 milliards de dollars.
06:57C'est un acteur d'effets spéciaux, via l'IA, qui a été vendu à un gros groupe indien.
07:03Il y a plusieurs boîtes, d'ailleurs, dans l'IA.
07:05Donc, il y a des acteurs industriels ?
07:06Voilà, acteurs industriels qui achètent des boîtes, notamment dans l'IA, qui vont leur permettre de faire beaucoup d'économies, de révolutionner un secteur.
07:13Donc, ça, ça marche encore.
07:16Et sinon, il y a aussi le secondaire qui s'organise.
07:18On voit de plus en plus de fonds secondaires, d'investisseurs qui a investisseur secondaire.
07:22Donc, ça se structure en attendant que le marché des IPOs se débloque.
07:27Et on voit aussi quand même de plus en plus de rachats de start-up par ce qu'on appelle des corporate, des grands groupes.
07:32C'est ça, des acteurs industriels.
07:34Voilà, acteurs industriels, par exemple, Safran, qui a acheté en fin d'année dernière Preligence, dans l'IA un peu géospatial et militaire, pour 200 millions d'euros.
07:42Qu'est-ce qui vous intéresse, vous, Jérémy ?
07:45Pour le compte de vos clients, ça m'intéresse, en gestion de fortune, d'ailleurs, vous êtes un baromètre de terrain.
07:53Quel est l'appétit des clients en banque privée, en gestion de fortune, pour cet investissement à risque, dans l'échelle des risques, bien sûr ?
08:00Et puis vous, en tant que business angel, qu'est-ce qui vous motive, qu'est-ce qui vous intéresse et où est-ce que vous investissez ?
08:06Moi, en tant que business angel, j'ai investi récemment dans trois boîtes assez deep tech et assez augmentées santé deep tech, qui est un secteur qui intéresse pas mal de monde.
08:14J'ai investi dans une boîte qui s'appelle Roboté, qui, c'est comme un, ils ont construit des micro-robots, la taille d'un petit grain de riz, qu'on peut injecter directement dans le cerveau,
08:25et qui permettent de surveiller, de monitorer, d'injecter les substances médicamenteuses, pour traiter à terme Parkinson, par exemple, qui a levé 28 millions d'euros récemment.
08:36Dans Moon Surgical, une belle deep tech, dans les robots aussi, qui crée des robots chirurgiens, assistés par l'IA, qui vont remplacer, en fait, un deuxième chirurgien,
08:46dans certaines opérations non-invasives, comme la choleoscopie, par exemple, qui prépare une grosse levée également, d'ailleurs.
08:53Et là, tout récemment, dans Isencia, qui est une IA vocale, qui va permettre de faire le tri pour tout ce qui est appel d'urgence.
09:01Par exemple, quelqu'un appelle la crise cardiaque, il appelle le sexe médecin, dans 90% des cas, en fait, c'est une crise d'angoisse,
09:09il y a plutôt que d'envoyer une violence qui va coûter cher, l'IA va dire, ah non, là, j'ai analysé.
09:12Donc, il y a un filtre d'intelligence artificielle avant de savoir si le problème mérite d'être pris en charge ou pas.
09:17Voilà, par rapport à des millions d'appels, avec des fois, plein d'indices, qui sont très fiables.
09:22Donc, ça, c'est des modes qui m'intéressent, parce que je pense que la France a une vraie carte à jouer,
09:26et puis c'est en plus quand même toujours des projets à impact, on va dire.
09:28Gagner de l'argent et sauver des vies si on peut, ou l'inverse, sauver des vies et gagner de l'argent si on peut, c'est mieux.
09:35Et après, mes clients sont pas mal intéressés aussi par tout ce qui est militaire, deep tech, militaire notamment.
09:44Et là, on va d'ailleurs lancer, enfin proposer un fonds deep tech défense, souveraineté,
09:52un peu tout ce que veulent, avec en plus une réduction d'impôt de 27%.
09:56Et c'est nouveau, cet intérêt des clients privés pour les questions de défense, les questions de souveraineté.
10:04Il y a quelques années, non seulement on n'en parlait pas, mais moi je connais des gens qui étaient investis dans la défense il y a quelques années,
10:09et qui ne voulaient pas que ça se sache, qui ne voulaient pas le dire.
10:12C'est vrai.
10:12Aujourd'hui, non seulement on l'affiche, mais visiblement c'est même un argument commercial, j'allais dire, pour des clients.
10:18Disons que les clients ont bien compris qu'il y avait vraiment des vrais enjeux de souveraineté,
10:22notamment numérique en ce moment, avec l'Europe qui ne peut plus complètement dépendre des Américains,
10:27et qui va devoir investir dans des belles start-up.
10:31Un exemple parfait, d'ailleurs pour donner aussi un peu une touche optimiste, c'est donc Mistral.
10:35Mistral AI qui surfe pas mal sur les enjeux de souveraineté numérique,
10:41et qui est en train de fidéliser normalement une levée d'à peu près 1 milliard de dollars,
10:45ce qui augmenterait fortement les chiffres.
10:46Encore la valorisation de l'entreprise.
10:48Avec une ballot probablement autour de 10 milliards,
10:51donc ça va faire pas mal monter les chiffres de la France,
10:54et c'est une bonne nouvelle évidemment si ça se concrétise.
10:56Merci beaucoup Jérémy, merci d'être venu nous parler de cet écosystème des start-up françaises,
11:02et de ses besoins en financement bien sûr, dans un environnement de marché qui a changé.
11:07Vous l'avez suivi avec nous bien sûr, un environnement qui n'est plus celui qu'il pouvait être il y a 5 ans,
11:12ou même au cycle passé j'allais dire, l'environnement est plus exigeant,
11:18mais les projets sont toujours là,
11:19et les financements permettent à certains projets d'exister encore aujourd'hui bien sûr.
11:24Jérémy Blackwell, directeur et gérant de fortune chez Ottingre Banque Privée,
11:28qui était avec nous l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
11:32Sous-titrage Société Radio-Canada
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