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  • 02/06/2025
Bâton-Rouge, une petite ville de Louisiane typique, avec ses restaurants, son tourisme, son centre d'affaires... Capitale de la Louisiane, cet endroit aux allures paisibles est aussi un lieu de violences en tous genres et de fortes activités d'ultra-nationalistes. Immersion dans une des villes les plus agitées des États-Unis.

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Transcription
00:00bâton rouge au bord du fleuve mississippi une ville américaine typique avec son centre d'affaires
00:10ses quartiers riches et ses quartiers pauvres c'est la capitale de la louisiane un état du sud des
00:20états unis ici les habitants sont majoritairement noir ils représentent 55 % de la population car
00:33pendant plus de deux siècles c'est en louisiane que débarquer la majorité des esclaves le central
00:44de la police appelle des unités en renfort 5 il se passe quelque chose ça l'envoie
00:51la rue est bloquée
01:00c'est quoi une fusillade je sais pas j'ai entendu les coups de feu ok
01:04arthur reed alias silky slim est un activiste de la cause noire armé de sa caméra il dénonce la
01:13violence dans les quartiers noirs de bâtons rouges
01:15et notamment les bavures de la police envers les afro américains
01:22qu'est ce qui s'est passé je ne sais pas ce qui s'est passé j'ai juste vu un enfant qu'on mettait
01:28sur une civière c'est un règlement de compte un jeune homme et une petite fille de 3 ans ont
01:34été touchés par balles cela fait 12 ans que silky slim film les scènes de crime
01:43venez voir il ya des douilles par terre
01:46ils se connaissent bien avec les policiers du coin mais ces derniers mois leurs relations sont devenues
01:54explosives je fais bien attention ok je touche à rien
01:58recule recule je t'ai demandé cinq fois de reculer mais j'en ai rien à foutre tête de con sale con je te
02:06demande de reculer donc tu le fais on n'est pas les putains d'animaux connards
02:09avec silky slim les policiers hausse le ton quant au père de la petite fille touchée par balle fait
02:16demi-tour recule même fermeté il ne le laisse pas passer tu es sur une scène de crime
02:22vous voyez ils ne se conduisent pas bien recule recule maintenant c'est pas une façon de parler aux
02:31gens ils ne l'admettront jamais mais ce genre de choses arrive tout le temps
02:34à bâton rouge les rapports entre la police et la communauté noire ont basculé le 5 juillet 2016
02:44quand silky slim a diffusé une vidéo qui a fait le tour du monde
02:51on y voit deux policiers blancs qui tirent six balles dans le corps d'un afro américain à terre
03:07ces images tournées au téléphone portable vont choquer l'amérique
03:24dès le lendemain du drame
03:28barack obama le premier président noir américain relie directement cette affaire aux problèmes
03:35ratio du pays
03:38un bâton rouge des manifestations éclatent les policiers sont accusés d'avoir des préjugés
04:00ratio et de ne pas prendre en compte la vie des noirs américains une centaine de personnes sont
04:08arrêtées la rupture est consommée entre la police et la population dans tout le pays des policiers blancs
04:17tue des noirs américains des bavures filmés qui ravivent les tensions raciales
04:24dans certaines villes l'état d'urgence est décrété
04:32des organisations noires sur sur cette colère et appel à tuer des policiers la guerre c'est ce que propose
04:44brother x la chasse est ouverte contre les négros les noirs les nègres ceux qui nous tuent on a le droit de les tuer aussi
04:50son message va être entendu par des extrémistes noirs coup de feu un officier à terre coup de feu un officier à terre et des policiers seront assassinés
05:02ces violences seraient liées à la division raciale qui persiste depuis l'abolition de l'esclavage il y a 150 ans
05:09vous pensez que c'est du racisme bien sûr c'est du racisme qu'est ce que ça pourrait être autrement
05:16dans la plupart des grandes villes américaines les noirs et les blancs vivent dans des quartiers différents
05:22et désormais ils sont même séparés dès le plus jeune âge à l'école
05:28je me sens plus à l'aise entourée de gens de ma culture
05:34vous avez des amis blancs non madame
05:38depuis quelques années une bourgeoisie afro-américaine se développe et des hommes d'affaires choisissent de ne travailler qu'entre noirs
05:48comme emmerick un chef d'entreprise
05:5198% de mon entreprise est noir
05:54du côté de l'extrême droite radicale on propose carrément de répartir les états en fonction de la couleur de peau
06:02nous sommes les troubles de choc de la race blanche
06:05pour ces militants le séparatisme est devenu un programme politique
06:14alors la ségrégation raciale est elle de retour
06:19plongée dans une amérique en noir et blanc
06:22bâton rouge
06:29nous avons essayé de comprendre ce qui s'est passé le soir de la mort d'alton sterling
06:35c'est devant cette épicerie du quartier noir de la ville que ce père de cinq enfants a été tué par la police
06:41sur cette façade son portrait a été peint un petit mausolée lui dédié le soir de sa mort il tenait le stand de cd du magasin
06:54vers minuit les officiers blaine salamoni et au huit lake sont appelés on leur signale qu'un homme armé est menaçant devant l'épicerie
07:05moins de 90 secondes après leur arrivée ils tirent sur alton sterling
07:12pour silky slim qui a sorti la vidéo c'est une exécution raciste
07:18ce sont des assassins professionnels avec un permis de tuer
07:25c'est la norme aux états unis de tuer les afro-américains
07:29pas seulement un bâton rouge c'est juste un cas parmi d'autres
07:33s'il avait été blanc ça ne se serait jamais passé comme ça jamais
07:38les policiers plaident eux la légitime défense
07:42alton sterling portait illégalement une arme
07:44il aurait voulu la sortir pendant son arrestation
07:47sa main gauche est immobilisée mais il est difficile de voir ce qu'il fait avec la droite
08:01un homme a été témoin de la scène c'est abdou la mouflai le propriétaire de l'épicerie
08:12j'étais derrière le comptoir quand j'ai vu la police arriver alors je suis sorti et c'est là que j'ai vu les policiers attraper alton sterling
08:25le pousser contre la voiture
08:29le taser le jeté à terre
08:32et finir par le tuer
08:34c'était où exactement
08:36c'était juste là sur le parking
08:38abdou la dément la version des policiers
08:41il n'essayait pas d'attraper son arme je n'ai jamais vu l'arme sorti
08:48ils ont dit qu'il l'avait sorti mais moi j'étais là et personnellement ce n'est pas ce que j'ai vu
08:56des images auraient pu apporter une réponse à cette question de l'arme ce sont celles de la vidéo surveillance de l'épicerie
09:05mais la police les a saisis le soir même illégalement sans mandat de perquisition
09:12et elle a traité abdou la comme un suspect
09:14ils m'ont détenu pendant six heures à l'arrière d'une voiture de police
09:21je ne pouvais pas aller dans mon magasin ni boire de l'eau ni aller aux toilettes
09:26le 3 mai 2017
09:29une décision attendue depuis presque un an par la communauté noire est enfin annoncée par le procureur de louisiane
09:36tous les procureurs et les agents impliqués dans cette affaire sont arrivés à la conclusion qu'il n'y a pas de preuves suffisantes
09:48pour inculper les officiers de crimes fédéral commis sur ce citoyen
09:51en face du commissariat de bâton rouge un groupe suprémaciste noir que l'on croyait disparu depuis les années 60
10:13les black panthers les panthères noirs
10:16ils protestent contre la décision du procureur et profèrent des menaces
10:22on veut que ces deux sales porcs qui ont tué notre frère soient arrêtés
10:29on réclame justice et si on ne la donne pas on se fera justice nous mêmes
10:34silky slim l'activiste noir le plus connu ici donne des interviews à la presse
10:40la même justice pour tous c'est pas ce qu'on voit ici
10:43je pense qu'en amérique et particulièrement un bâton rouge il y a beaucoup d'hypocrisie
10:49on envoie nos enfants à la guerre se battre pour la démocratie mais ici on nous en prive
10:54c'est pour ça qu'on se bat
10:56sur son téléphone il diffuse une vidéo en direct pour ses 50 000 followers sur les réseaux sociaux
11:02il exige notamment le licenciement du policier qui a tiré
11:08virez le virez le
11:10la ville est divisée on n'est pas satisfaits
11:15on accepte la décision du département de la justice mais on veut des poursuites criminelles
11:20virez le
11:21on est là pour la justice la liberté ou la mort
11:26point final
11:28quand des policiers se montrent la chef des black panthers les interpelle
11:33avec tout ce que vous avez fait à nos ancêtres
11:35avec tout ce que vous nous faites encore aujourd'hui
11:37on ne lâchera pas avant que votre système ne disparaisse
11:40c'est la révolution
11:41un officier noir est envoyé pour régler un petit détail technique
11:47vous pouvez hurler tant que vous voulez on n'a pas de problème avec ça
11:51mais vous n'avez pas le droit d'utiliser un porte-voix
11:53et vous vous n'avez pas le droit de tuer
11:57aux états-unis un homme noir a deux fois plus de risque de se faire tuer par la police qu'un homme blanc
12:07la nouveauté aujourd'hui c'est que la mort de ces afro-américains est filmée et diffusée instantanément sur les réseaux sociaux
12:18comme celle d'Eric Gardner 44 ans en 2014
12:26lors de l'arrestation de ce vendeur à la sauvette les policiers le plaquent au sol et l'étranglent
12:32il va leur répéter onze fois qu'il étouffe avant de mourir
12:50ou celle de walter scott en 2015
12:54pour un phare cassé il tente d'échapper à un contrôle routier
12:57le policier lui tire huit balles dans le dos
13:10autre contrôle routier le 6 juillet 2016
13:14Philando Castile est abattu dans sa voiture devant sa compagne et sa fille de 4 ans
13:19il détient légalement une arme
13:23en informer le policier va lui être fatale
13:28Marc Dayton le gouverneur de l'état va déclarer
13:33Marc Dayton le gouverneur de l'état va déclarer
13:49je suis forcé de constater que c'est du racisme
13:52pourtant aucun des policiers blancs impliqués dans ces affaires n'ira en prison
13:58alors des groupes vont appeler à tuer des policiers
14:04et ceci en toute légalité
14:06grâce au free speech
14:08la sacro-sainte liberté d'expression
14:11garantie par le premier amendement de la constitution
14:13direction washington d'ici la capitale des états unis
14:20nous avons rendez vous dans ce café avec le leader d'un de ces groupes
14:26la ligue de défense afro-américaine
14:29mais avant de l'interviewer son assistante nous escorte aux toilettes
14:34pour une fouille complète
14:35c'est pour vérifier que vous n'avez rien sur vous
14:39vous pensez à une arme
14:42oui
14:44broserix est un psychiatre de 44 ans
14:48il craint d'être abattu par un blanc
14:51son discours incite à la violence
14:54la police envoie un message
14:57la chasse est ouverte contre les négros, les noirs, les nègres
15:02si quelqu'un vient te chercher pour te tuer
15:06te tuer comme un chien
15:08te tirer dessus comme un lapin
15:10tu as le droit de te défendre
15:12donc les noirs doivent s'acheter des pistolets pour se défendre
15:14ou n'importe quelle autre arme qu'ils peuvent trouver
15:16ceux qui nous tuent, on a le droit de les tuer aussi
15:19sur les réseaux sociaux
15:22broserix appelle clairement au meurtre
15:24sur cette page on peut lire
15:28nous n'avons pas d'autre alternative que de tuer les policiers blancs dans tout le pays
15:32en France, de tels propos sont passibles d'une peine de prison de 5 ans
15:382 afro-américains ont écouté le message de broserix
15:42et sont passés à l'acte
15:442 jours après la mort d'Alton Sterling
15:475 policiers de Dallas se font assassiner
15:50à gauche de l'image
15:51Mika Johnson
15:54un vétéran de l'armée
15:56il tire à l'arme de guerre sur un policier
15:58et là-bas
16:03même scénario
16:05mais cette fois à bâton rouge
16:07coup de feu un officier à terre
16:09coup de feu un officier à terre
16:11on a un policier de la ville à terre
16:12c'est un appel au secours d'un officier de police
16:16Kevin Lang
16:18un ancien marine de 30 ans
16:20vient de tuer 3 policiers
16:22pour venger la mort d'Alton Sterling
16:24et de Philando Castile
16:25ce matin
16:26c'est dans cette église du centre de bâton rouge qu'un hommage est rendu aux policiers morts en service
16:38La parole est donnée au chef de la police, Carl Dabadi Jr.
16:49Cette semaine, nous allons ajouter le nom des 3 hommes qui ont versé du sang sur leur uniforme en protégeant notre communauté du chaos
17:01nos cœurs font mal, les larmes coulent et la seule question qu'on se pose c'est pourquoi ?
17:08Dans le public, Randy Sutton
17:13il représente une organisation nationale de défense de la police appelée
17:18l'avis des policiers comptes
17:21il a tenu à être présent aujourd'hui
17:23L'avis des policiers comptes
17:25L'amie du
18:06Randy est connu dans le milieu des forces de l'ordre.
18:09C'est l'un des policiers les plus décorés des Etats-Unis.
18:13Selon lui, ce sont les activistes noirs qui sont responsables de ce drame.
18:19Leur but est de diviser le pays, d'éloigner le peuple de la police qui est à son service.
18:26Et donc, ils ont raconté n'importe quoi.
18:30Que la police est une institution raciste, mais ça, c'est un mensonge.
18:36Nous le retrouvons dans un diner de la ville.
18:42Il a suivi de près l'affaire Alton Sterling et la polémique autour de la fameuse vidéo qui a embrasé bâton rouge.
18:50Ce qu'on voit, c'est un homme mourir en direct.
18:59Et c'est très choquant.
19:01Mais la vidéo ne raconte pas toute l'histoire.
19:04Seulement une partie.
19:05Et c'est ça le problème.
19:07Les gens se sont fait une idée sur 6, 7, 12 secondes d'image.
19:15Mais ils ne voient pas l'arme.
19:17Ils ne voient pas que le gars essaie de l'attraper.
19:19Ce qui aurait pu se passer, c'est...
19:23Allonge-toi et mets tes mains dans le dos.
19:26Ils le menottent, le fouillent, ils trouvent l'arme et ils vont en prison.
19:29Fin de l'histoire.
19:31C'est ce qui aurait dû se passer.
19:33Mais ça ne s'est pas passé comme ça.
19:36Parce qu'Alton Sterling ne l'a pas voulu.
19:38Il voulait se battre avec la police.
19:42Il n'a pas obéi.
19:44Donc il a écrit le scénario de sa mort.
19:49Quand tu sais qu'un suspect est armé, tu ne vas pas t'approcher tranquille.
19:53Tu sors ton arme, tu dis...
19:55Ne bouge pas ou je vais te buter direct.
19:59Et c'est ce qu'ils ont fait.
20:03Bien entendu.
20:04Nous avons voulu avoir le point de vue de la police de bâton rouge.
20:08Après des mois de négociations,
20:10elle a accepté de nous recevoir à une condition.
20:14Ne poser aucune question sur l'affaire Alton Sterling.
20:18Un refus qui en dit long sur le malaise de l'institution.
20:23Mais une journée avec l'unité des crimes urbains,
20:26majoritairement noirs,
20:27va nous aider à comprendre d'où viennent ces tensions
20:30avec les afro-américains.
20:32Le lieutenant Matt Gardner est policier depuis 29 ans.
20:39Il dirige le groupe.
20:47La plupart du temps, dans 90% des cas,
20:50nos crimes sont liés à la drogue et aux armes.
20:52C'est dans des quartiers noirs comme celui-ci
20:57que les policiers arrêtent régulièrement des dealers.
21:03Oh, mon Dieu.
21:04C'est un point de rendez-vous notoire
21:10pour les toxicomanes.
21:15Qu'est-ce que vous avez ?
21:17Vous avez trouvé de l'herbe ?
21:19Le moteur de la voiture tourne
21:24et il n'y a personne dedans.
21:26On ouvre la porte et ça sent la marijuana.
21:32Alors, bien sûr, on fouille.
21:36Une logique que le suspect ne comprend pas.
21:40Selon lui, les noirs américains
21:42sont harcelés par la police.
21:43Nous, on est là, on discute,
21:48tranquille, entre potes.
21:49Et eux, ils viennent, ils nous fouillent,
21:51ils trouvent rien.
21:52Mais demain, ils recommenceront la même chose.
21:57Peu importe ces critiques,
21:59les policiers continuent à chercher de la drogue.
22:01Je suis sûr qu'il y a de la cam' quelque part.
22:04L'équipe synophile est appelée
22:05pour vérifier les lieux.
22:08Très vite,
22:09leur premier soupçon se confirme.
22:11Crac, médoc, herbe.
22:14Le jeune suspect,
22:15qui prétendait être harcelé,
22:17était en fait un dealer.
22:19Il est parti,
22:21mais il a laissé une petite pharmacie derrière lui.
22:25Ça, au moins,
22:26ils ne le vendront pas aujourd'hui.
22:29Ces policiers se défendent
22:30d'avoir des préjugés ratios
22:32dans leur travail.
22:33Le quartier où on est maintenant
22:35est certainement le pire de bâtons rouges,
22:37le plus violent.
22:40Alors, moi et mes hommes,
22:41on patrouille ici tous les jours.
22:43et plus souvent qu'ailleurs.
22:49Et ce n'est pas parce que c'est un quartier noir,
22:51c'est parce que c'est là
22:52qu'il y a le plus de crimes.
22:53C'est pour ça.
22:55Malheureusement,
22:56on pourrait penser
22:57qu'on sait particulièrement les noirs.
23:00Dans la ville,
23:0182% des homicides
23:03ont eu lieu dans les quartiers noirs cette année.
23:05« The bottom »,
23:08le fond.
23:10C'est le quartier le plus pauvre de bâtons rouges.
23:14Il est gangréné par la drogue
23:15et les règlements de comptes.
23:17C'est aussi là
23:24qu'on croise des voitures rutilantes
23:26qui tranchent avec le décor.
23:32Ici,
23:32le style bad boy est à la mode.
23:34« On est des durs ici,
23:41des gangsters. »
23:44Aujourd'hui,
23:45on célèbre la fête des mères.
23:47C'est Terry qui reçoit chez lui.
23:52La tradition veut que les femmes
23:54en fassent le moins possible.
23:57« On se rassemble.
24:00Les hommes cuisinent pour les femmes.
24:02Elles se relaxent,
24:03profitent et on s'amuse. »
24:06Il a réuni des voisins,
24:09des amis,
24:11de la famille.
24:14Ce midi,
24:15comme chez beaucoup d'Américains,
24:17c'est barbecue.
24:23Les anciens jouent au domino.
24:26Les plus jeunes
24:27parient de l'argent au craps.
24:34Une ambiance bonne enfant,
24:36inhabituelle dans ce quartier.
24:39« C'est un bon jour,
24:40mais t'aurais pas envie
24:40d'être là un mauvais jour. »
24:41« Pourquoi ?
24:42Qu'est-ce qui se passe
24:43les mauvais jours ? »
24:44« Il y a beaucoup
24:45de trafic de drogue.
24:47de fusillades,
24:47de meurtres. »
24:48« Pourquoi y a-t-il
24:49autant de fusillades ? »
24:52« Parce que les gens sont fous.
24:53Ils n'ont pas d'argent. »
24:55« Alors, pour faire de l'argent,
24:59vous devez... »
25:00« Le prendre,
25:00le prendre,
25:00le prendre.
25:01Et je suis professionnel
25:04pour ça.
25:05Je suis un mac.
25:07C'est-à-dire,
25:09vous faites quoi exactement ?
25:10Je fournis des putes
25:12et je me fais payer pour ça.
25:13« Combien vous en avez ? »
25:15« Douze. »
25:16« Vous gagnez beaucoup d'argent ? »
25:19« Ouais. »
25:20« Combien par mois ? »
25:23« Je peux pas te dire.
25:26Tu voudrais me braquer. »
25:27« C'est pas mal ? »
25:28« Ouais, c'est pas mal. »
25:30« C'est mieux qu'un travail normal ? »
25:32« Ouais, c'est mieux
25:33qu'être policier. »
25:33« Et vos dents,
25:34c'est un style ? »
25:36« Ouais, je crois. »
25:40« Pourquoi vous faites ça ? »
25:43« Regardez,
25:43tout le monde en a. »
25:45« Laisse-moi te montrer. »
25:46« Tu vois, ça là,
25:47c'est des diamants.
25:48Regarde. »
25:49« Eux, c'est des ringards
25:50avec leurs dents en or. »
25:52« Moi, je suis à la mode. »
25:53« Alors j'ai de l'or blanc
25:54et des diamants. »
25:57Des délinquants,
25:59il y en a beaucoup
26:00parmi les invités aujourd'hui.
26:04Comme Sean,
26:05alias le tueur à gage,
26:08condamné pour braquage de banque.
26:10Ou Kenny,
26:13alias l'homme grand.
26:1422 ans de prison
26:15pour vol à main armée
26:16et tentative de meurtre.
26:21Selon lui,
26:22la violence empire
26:23dans le quartier.
26:24« Le rap et les films
26:27qu'ils font aujourd'hui
26:28influencent les jeunes.
26:31Ils sont armés.
26:3314 ans, 15 ou 17,
26:36ils ont tous une arme.
26:37Vous pensez que c'est devenu
26:40une mode d'être armé ?
26:41Ouais, c'est une mode.
26:43Tout le monde veut
26:44devenir un gangster. »
26:48Terry a été dealer
26:49pendant 5 ans.
26:51Aujourd'hui,
26:52il s'est rangé.
26:53Il dirige une entreprise
26:54de transport de déchets.
26:57Pour nous raconter
26:57ce qu'il a mis
26:58dans le droit chemin,
26:59il nous emmène à l'écart.
27:01La brutalité des policiers
27:03de bâton rouge
27:04l'aurait aidé.
27:05Une nuit,
27:07j'étais en train
27:08de partir de l'endroit
27:09où je vendais de la drogue
27:10quand les policiers
27:12m'ont arrêté.
27:13Ils m'ont sauté dessus
27:14et ils m'ont frappé
27:16très fort.
27:18Et quand je me suis retrouvé
27:19tout seul à la maison,
27:20je me suis dit
27:21que je devais faire un choix.
27:23Est-ce que je continue
27:23à vivre cette vie ?
27:25C'était il y a plus
27:26de 15 ans.
27:27Je sais que ça a été
27:28un tournant dans ma vie.
27:30Si j'avais continué
27:30dans cette direction,
27:33je serais mort.
27:33Ces violences policières
27:37ont lieu
27:37dans un contexte
27:38bien particulier.
27:40Ici,
27:41il existe
27:42une division concrète,
27:44physique
27:44et géographique
27:45entre les Noirs
27:46et les Blancs.
27:49À bâton rouge,
27:51c'est au nord
27:52qu'habite
27:52la quasi-totalité
27:53de la communauté noire,
27:55représentée en bleu
27:56sur cette carte.
27:59Au sud de la ville,
28:00on trouve
28:00la communauté blanche,
28:02représentée en vert.
28:03une séparation ethnique
28:06marquée par un boulevard,
28:08Florida Boulevard.
28:15Du côté sud,
28:17les quartiers résidentiels
28:18propres et entretenus.
28:20Les maisons sont cossues.
28:22un petit centre-ville
28:26avec un cinéma
28:28et une grande librairie,
28:31des magasins
28:31pour les après-midi shopping
28:33et des supermarchés
28:35où l'on trouve de tout,
28:37mais essentiellement
28:39des clients blancs.
28:40Leur revenu moyen,
28:4238 000 dollars par an.
28:43du côté nord,
28:47c'est un autre monde.
28:51Les habitations sont délabrées,
28:54les rues sont sales.
28:57Un seul centre commercial
28:59et quasiment aucun magasin.
29:02Ils ont été abandonnés
29:03ou sont fermés.
29:06Ce qui reste
29:07sont des sortes
29:08de petites épiceries
29:09qui vendent surtout
29:10de l'alcool,
29:11des cigarettes
29:12et des snacks.
29:16Pour trouver quelques légumes,
29:19il faut bien chercher
29:20au bas des frigos.
29:22Revenu moyen des habitants,
29:2315 000 dollars par an.
29:25C'est deux fois moins
29:26que de l'autre côté
29:27de Florida Boulevard.
29:29Un fossé économique
29:31et social
29:31et une ségrégation
29:33raciale de fêtes.
29:39Dans cette maison
29:40d'un quartier sud
29:41vit Jen Chandler.
29:44Née à bâton rouge,
29:46c'est une Américaine
29:47un peu spéciale.
29:49Du café soluble en délouement.
29:54Je l'ai acheté
29:54là où j'étais à Strasbourg.
29:56Vous avez vécu
29:57combien de temps
29:58à Strasbourg ?
29:59Ben, 3 ans.
30:00Je suis partie,
30:02j'avais l'intention
30:02d'y rester 3 ans.
30:05Et ça vous a plu ?
30:06Oui.
30:07Jen était responsable
30:09des échanges d'étudiants
30:11entre les Etats-Unis
30:12et l'Alsace.
30:13Aujourd'hui,
30:14elle profite de sa retraite
30:15dans cette maison
30:16héritée de sa mère,
30:18au bord d'un petit lac.
30:255 fois par semaine,
30:27elle traverse
30:27le nord de la ville,
30:29un endroit
30:29qu'elle connaît peu.
30:33Je n'ai pas de raison
30:34pour y aller.
30:34Il n'y a pas de...
30:35il n'y a pas de shopping,
30:37il n'y a pas de magasin,
30:39il n'y a pas de médecin,
30:41je n'ai pas d'amis là-bas,
30:42donc je n'ai aucune raison
30:43pour y aller.
30:45Et c'est dangereux ?
30:46On dit que c'est dangereux,
30:48mais ça dépend.
30:50Je pense que ça peut être dangereux.
30:52Si Jen va dans les quartiers noirs,
30:55c'est pour aider des enfants
30:56à faire leurs devoirs.
30:58Elle est révoltée
30:59par la situation
31:00des Afro-Américains.
31:02Jusqu'à présent,
31:03on a vu que
31:05on a moins de respect
31:06pour les vies noires.
31:08Ils ont moins de droits,
31:10ils ont moins de privilèges.
31:12La loi n'est pas
31:14appliquée
31:16de la même façon.
31:17Vous pensez que c'est du racisme ?
31:19Bien sûr.
31:20Bien sûr,
31:21c'est du racisme.
31:22Qu'est-ce que ça pourrait être
31:24autrement ?
31:25Ce qui la choque le plus,
31:27c'est que les hôpitaux
31:28ne se trouvent que
31:29du côté des Blancs.
31:30Les Afro-Américains
31:32doivent traverser
31:33toute la ville
31:33pour se faire soigner.
31:35Dans leur quartier,
31:39les services publics
31:40sont absents.
31:43Vous commencez à avoir
31:44toutes les poubelles
31:45partout.
31:46On ne les ramasse pas.
31:48Ils sont cassés.
31:51Regardez-là.
31:53Il n'y a pas ça
31:54dans le quartier des Blancs ?
31:56Oh non,
31:56je n'ai jamais vu ça.
31:59C'est dans les locaux
32:00d'une association
32:01que Jane s'occupe
32:03des enfants.
32:05Ces enfants ne sont
32:20pas particulièrement
32:21en difficulté.
32:22Ils viennent ici
32:23après l'école
32:24pour faire leurs devoirs
32:25en attendant le retour
32:26de leurs parents.
32:27Qu'est-ce que vous utilisez ?
32:29Vous avez pratiqué
32:30votre édition l'année
32:31comme je vous ai dit ?
32:32Je l'ai oublié.
32:34On aime bien
32:38les avoir ici
32:39tous ensemble
32:40juste pour leur donner
32:42un petit peu plus
32:43un sens de communauté
32:46aussi.
32:47Il y a des gens ici
32:48qui les aiment,
32:49qui veulent les aider.
32:50Jane est l'une des rares
32:53personnes blanches
32:54que ses enfants
32:55auront l'occasion
32:56de côtoyer
32:57durant leur scolarité.
32:58Ici, comme dans
33:10tous les collèges,
33:11la journée commence
33:12toujours de la même
33:13manière
33:14avec l'allégeance
33:19au drapeau.
33:19Dans cette école publique,
33:24le proviseur,
33:25les professeurs
33:26et 100%
33:27des élèves
33:27sont noirs.
33:30C'est l'une
33:30des meilleures
33:31de la ville.
33:32Elle est classée
33:333e.
33:34Un niveau scolaire
33:36qui n'a pas suffi
33:37à convaincre
33:37tous les parents
33:38d'y inscrire
33:39leurs enfants.
33:40Les familles blanches
33:45ont choisi
33:46de ne pas envoyer
33:47leurs enfants
33:47dans des zones urbaines.
33:51Ce qui est en fait
33:52le nom de code
33:53pour les quartiers noirs.
33:57Il y a une perception
33:59que l'éducation
34:00est meilleure
34:01dans les écoles
34:02qui ne sont pas
34:03majoritairement noires.
34:05Leur réussite,
34:07ces enfants
34:07la doivent en partie
34:08à l'amante-cole.
34:10Proche de ses élèves,
34:12il est intraitable
34:13sur certaines valeurs
34:14comme la ponctualité.
34:18Dépêche-toi.
34:19Où tu vas ?
34:22Pourquoi ?
34:24Pourquoi t'es en retard ?
34:27Hé !
34:30C'est pas le moment
34:31de traîner.
34:32En classe !
34:33En classe !
34:34Vas-y !
34:35Sois à ta place !
34:37Il a même inventé
34:38une devise
34:39que tous les collégiens
34:41doivent connaître
34:41par cœur.
34:52L'objectif
34:53de l'amante-cole,
34:54c'est surtout
34:55de redonner confiance
34:56à ses élèves.
34:57On a dit aux familles noires,
35:00on a dit aux enfants noirs,
35:02on a dit à l'Amérique blanche
35:03que les enfants noirs
35:05ne pouvaient rien apprendre,
35:07qu'ils ne sont pas intelligents,
35:08qu'ils sont feignants,
35:09qu'ils ont une tendance naturelle
35:11à devenir des criminels.
35:13Et donc,
35:14si tu leur dis ça
35:14pendant longtemps,
35:15ils vont commencer
35:16à y croire.
35:17Si tu fais la même chose
35:18avec des blancs,
35:20en leur disant
35:20qu'ils sont intelligents,
35:21supérieurs,
35:22meilleurs,
35:24ils vont se conduire
35:24et penser comme ça.
35:27Et donc,
35:27avec le temps,
35:28tout le monde
35:29est rentré dans son rôle.
35:33Malgré les efforts
35:34du proviseur,
35:35ses élèves
35:36ne se sentent pas prêts
35:37à se mélanger
35:38avec des blancs.
35:42Je me sens plus à l'aise
35:44entourée de gens
35:44de ma culture.
35:47Pourquoi ?
35:48Je me sens plus à l'aise.
35:49Je peux être moi-même.
35:54C'est une école
35:55100% noire.
35:57Vous en pensez quoi ?
35:58Je me sens bien.
35:59C'est génial.
36:00C'est super.
36:01Vous préférez ça
36:02que d'être
36:03dans une école mixte ?
36:05Oui.
36:06Parfois,
36:07l'institutrice,
36:08elle disait des choses
36:09comme...
36:10Enfin,
36:11elle enfonçait
36:12certains élèves
36:13et en soutenait d'autres.
36:15Elle nous traitait différemment.
36:17Et l'institutrice
36:19était blanche ?
36:20Oui, madame.
36:21C'était en CM1.
36:23Je me sens bien
36:23dans ma communauté,
36:25dans une école
36:25complètement noire.
36:28Et vous avez
36:30des amis blancs ?
36:32Non, madame.
36:34Je crois qu'ils pensent
36:36qu'on est moins doués
36:40qu'eux.
36:41Oui.
36:44Et ils pensent
36:45qu'on peut devenir
36:46comme eux.
36:47mais qu'on est différents
36:50à cause de la couleur
36:53de notre peau.
36:56Depuis les années 50,
36:58des lois imposaient
36:59la mixité raciale
37:01dans les écoles.
37:02Ce n'est plus le cas
37:03aujourd'hui.
37:04Alors,
37:05depuis une quinzaine d'années,
37:07on assiste
37:07à un phénomène
37:08de reségrégation.
37:10Le nombre
37:11d'établissements scolaires
37:12où la plupart des élèves
37:13sont de couleur
37:14a doublé.
37:17dans le département
37:18de Bâton Rouge,
37:19toutes les écoles publiques
37:21sont financées
37:21par les impôts locaux.
37:25Mais des villes riches
37:27ont voulu que leur argent
37:28ne soit utilisé
37:29que pour leurs écoles.
37:32Alors,
37:32elles se sont désolidarisées
37:33du système scolaire
37:34scolaire de Bâton Rouge,
37:37elles ont fait
37:37sécession.
37:39C'est le choix
37:40de la ville de Centrale.
37:45Dans son lycée,
37:4688% de blancs,
37:48des familles
37:49issues de la classe moyenne.
37:51Depuis la sécession,
37:53elles ne financent plus
37:54les écoles pauvres
37:55situées de l'autre côté
37:56du département.
37:57en d'autres termes,
37:59les écoles noires.
38:03Aujourd'hui,
38:04c'est la remise
38:05des prix de l'année.
38:08Professeur de l'année,
38:09Nancy Shields.
38:12Ce communautarisme,
38:14l'administration
38:15le justifie,
38:17mais ne l'assume
38:17pas totalement.
38:18Nous sommes un district
38:23indépendant.
38:25Nous nous sommes réunis
38:26parce qu'on partage
38:27les mêmes valeurs
38:27et les mêmes croyances.
38:30Pourquoi il y a
38:31surtout des blancs ?
38:33On a une mixité.
38:35C'est un mélange
38:36de blancs et de noirs.
38:38Personne ici
38:39n'a voulu nous en dire plus
38:40sur cette question sensible.
38:44La ségrégation raciale
38:46existe dans la plupart
38:47des grandes villes américaines
38:49comme New York,
38:51Détroit
38:51ou Washington, D.C.,
38:54la capitale du pays.
38:56À l'ouest,
38:57la communauté blanche.
38:59À l'est,
39:00la communauté noire.
39:04C'est là que vivent
39:04les afro-américains
39:06les plus riches
39:07et les plus éduqués
39:08du pays.
39:09Car l'administration fédérale
39:11a été la première
39:13à appliquer
39:13des lois anti-discrimination.
39:15La bourgeoisie noire
39:18habite aux abords
39:19de la capitale,
39:20dans le comté
39:21du Prince-Georges.
39:22C'est tous les jours
39:45pareil dans cette agence
39:46immobilière.
39:47C'est la première
39:48du comté.
39:49ses ventes atteignent
39:51500 millions de dollars
39:52par an.
39:56Le patron,
39:57c'est lui,
39:58Emric Pease,
39:5947 ans.
40:06Il dirige 500 employés
40:08et ils ont tous
40:10un point commun.
40:12Emric,
40:13vous n'avez que
40:13des employés noirs ?
40:15Oui,
40:20mais c'est pas fait exprès.
40:23Ça, c'est juste
40:24fait comme ça.
40:27En gros,
40:2898%
40:30de mon entreprise
40:30est noire.
40:31c'est une très bonne chose.
40:34Il n'y a qu'ici
40:34qu'on voit ça.
40:36Parce qu'ailleurs,
40:36nous sommes plutôt
40:37en minorité,
40:39alors qu'ici,
40:40on est la majorité.
40:43Des agents
40:44immobiliers noirs,
40:45c'est un atout
40:46pour son business.
40:47Parce que ses clients
40:48sont noirs
40:49eux aussi.
40:50Comme cette femme
40:51qui cherche
40:52à acheter une maison.
40:54Elle n'a pas choisi
40:55cette agence
40:55par hasard.
40:56C'est bien
40:58d'avoir affaire
41:00à des agents
41:01immobiliers
41:01qui te ressemblent,
41:03qui comprennent
41:04ta communauté,
41:05ton histoire,
41:07tes difficultés aussi,
41:09des choses comme ça.
41:11Mais Emric
41:12a quand même
41:14l'esprit ouvert.
41:18Ah,
41:19vous avez un employé blanc ?
41:20Rires
41:21Il représente
41:26les 2%.
41:27Et vous vous sentez
41:28comment ?
41:29Je me sens
41:30chez moi.
41:30Je me sens bien.
41:36Emric
41:36s'occupe
41:36du haut de gamme
41:37dans l'agence.
41:39Alors,
41:40c'est en voiture
41:41de luxe
41:41qu'il prospecte
41:42dans les quartiers riches.
41:46Elle coûte cher
41:47votre voiture ?
41:48Oui.
41:50Oui.
41:50C'est un intérieur spécial,
41:52une édition limitée
41:53qu'ils ont fait
41:54pour cette voiture.
42:04Je peux écouter
42:05ce morceau
42:053 ou 4 fois
42:06d'affilée.
42:08Aujourd'hui,
42:09il se rend
42:10à Malboro Ridge,
42:11un quartier résidentiel
42:13avec son centre équestre.
42:16Ici,
42:17tous les résidents
42:18possèdent des chevaux.
42:21La plupart des propriétaires
42:23sont noirs.
42:25Leur maison coûte
42:25entre 400 000
42:27et 1 million de dollars.
42:33C'est la partie
42:34qu'on ne voit jamais.
42:37La télévision
42:37et les médias
42:38ne montrent jamais ça.
42:41Ils ne montrent jamais
42:42qu'il y a des noirs
42:42qui réussissent.
42:43Ils vous montrent comment ?
42:46Dans de mauvaises conditions
42:48de vie.
42:50C'est le propriétaire.
42:53Vous visitez le voisinage ?
42:54En fait,
42:55je suis agent immobilier.
42:57Vous avez fait appel
42:57à un agent
42:58pour acheter votre maison ?
42:58Axel Roth immobilier.
43:00C'était qui ?
43:01Une femme,
43:02elle s'appelait Michelle.
43:03Michelle White ?
43:03Ah, vous la connaissez ?
43:05Oui, oui.
43:07Lorsque les afro-américains
43:09fortunés
43:09se sont installés ici,
43:11les blancs
43:12sont partis
43:12progressivement.
43:14Sur cette carte,
43:15la population blanche
43:16est représentée
43:17en vert.
43:18En 20 ans,
43:19elle a quasiment disparu.
43:22La division
43:23serait donc bien liée
43:24à la couleur de peau
43:25et non pas au revenu.
43:27Dans ce comté,
43:31les habitants
43:32gagnent en moyenne
43:337000 dollars par mois.
43:35Les afro-américains
43:36y dirigent
43:37les entreprises,
43:38les commerces,
43:39les restaurants.
43:41Comme celui-ci,
43:42qui appartient à Donnell.
43:44Il en possède
43:45trois autres.
43:46Dans son établissement,
43:48des clients noirs
43:49et des employés noirs.
43:54Pour Emmerich,
43:56déjeuner ici,
43:57c'est un choix politique.
43:59Ok, je vais être franc.
44:01J'ai une entreprise noire
44:02qui marche super bien
44:03dans l'immobilier.
44:04Je dois soutenir
44:05les autres business noirs.
44:07Et comme ça,
44:08notre communauté
44:08continue à se développer
44:09économiquement.
44:12Pour étendre
44:13le pouvoir économique
44:14des Noirs,
44:15Emmerich transforme
44:16une fois par semaine
44:17son agence immobilière
44:18en école de champions.
44:21Qu'est-ce qui se passe ?
44:23Parle-moi de ces notes
44:24en sciences.
44:25Et parle-moi
44:26de ces notes
44:27en anglais.
44:29Ouais,
44:30ma note a baissé.
44:31Je vois ça,
44:32mec.
44:32J'attends de vous
44:33que vous remontiez le niveau
44:34comme de vrais leaders.
44:37Tous les samedis,
44:38Emmerich prête ses locaux
44:39à une organisation nationale
44:41appelée
44:42les cent hommes noirs.
44:44Elle regroupe
44:4510 000 membres
44:45aux Etats-Unis.
44:47Son but,
44:48faire de ses enfants noirs
44:50les leaders de demain.
44:53L'objectif est de les faire
44:54entrer dans l'industrie
44:55de la technologie
44:56et qu'ils deviennent peut-être
44:57Mark Zuckerberg
44:58ou Steve Jobs.
45:00Emmerich finance
45:01cette organisation
45:02à hauteur de 10 000 dollars
45:04par an.
45:05Les coachs,
45:06tous bénévoles,
45:07sont avocats,
45:09ingénieurs
45:09ou businessmen.
45:13Charles dirige
45:14une entreprise
45:15de consultants
45:15en informatique.
45:17Selon lui,
45:18être noir aux Etats-Unis
45:19est un handicap.
45:21Je pense que nous devons
45:23avoir conscience
45:24que le racisme
45:25est toujours aussi fort.
45:28Donc,
45:29nos jeunes doivent comprendre
45:31que rien ne sera facile.
45:34Rien ne leur sera donné.
45:36Il va falloir travailler
45:37plus que les autres.
45:39C'est ce qu'a fait Emmerich
45:41et aujourd'hui,
45:43il gagne plus de 500 000 dollars
45:45par an.
45:47Il a été élevé par sa mère
45:48dans une famille pauvre.
45:51Désormais,
45:52il vit dans cette grande maison
45:53sur trois niveaux
45:54d'une valeur
45:55d'un million et demi de dollars.
45:58Emmerich aime le piano,
46:00alors il s'en est au fer un,
46:02automatique.
46:02Chez lui,
46:11toute la décoration
46:12est consacrée
46:13à la culture noire.
46:14Tableau,
46:16sculpture,
46:19musique.
46:23Une pièce entière
46:25et même dédiée
46:26à l'Afrique.
46:26J'adore cette pièce.
46:31Elle m'aide à savoir
46:32d'où je viens
46:32parce que je ne peux pas
46:34vous dire
46:34d'où vient ma famille.
46:35Et c'est le problème
46:37des Noirs américains.
46:38On ne connaît pas
46:39notre histoire.
46:40On sait juste
46:41dans quel état
46:43notre famille
46:43était d'esclaves.
46:45Ce manque de repères,
46:47il l'a compensé
46:48avec deux enfants
46:49et un mariage heureux
46:51avec Robin.
46:53Elle dirige
46:54une maison de retraite.
46:54Selon Emmerich,
46:58les Afro-américains
46:59paient toujours
47:00les frais
47:00de l'esclavage.
47:02Ils seraient
47:02la cause du racisme
47:04dont ils sont
47:05encore victimes.
47:07Les esclaves noirs
47:08n'étaient pas considérés
47:10comme des êtres humains.
47:13Et même
47:14après l'esclavage,
47:15ils ont été traités
47:16comme des citoyens
47:17de seconde zone.
47:20Toutes les croyances
47:21sur les Noirs
47:22qui existent
47:23depuis plus de 400 ans
47:24est-ce qu'on peut
47:27les effacer ?
47:28Bien sûr que non.
47:30Alors aujourd'hui,
47:31comme Emmerich,
47:32de plus en plus
47:33de Noirs américains
47:34préfèrent vivre entre eux.
47:36Vivre chacun
47:37de son côté,
47:38c'est ce que proposent
47:39des organisations
47:40extrémistes blanches,
47:42mais à l'échelle
47:43du pays.
47:44Des états
47:44pour les Blancs
47:45et d'autres
47:46pour les Noirs.
47:47C'est dans le Kentucky,
47:52un état pauvre
47:53à l'est du pays,
47:54que ces extrémistes
47:55se sont donnés rendez-vous.
48:01Pigville est une petite
48:02municipalité
48:03de 7000 habitants,
48:05généralement plutôt animée.
48:07Mais ce matin,
48:09les rues sont vides,
48:11tous les magasins
48:11sont fermés,
48:13des barrières
48:14sont installées.
48:15Cette femme
48:21distribue des tracts
48:22pour prévenir
48:23qu'un événement
48:24inhabituel
48:24se prépare.
48:26Monsieur,
48:27est-ce que je peux
48:27vous en donner un ?
48:30Merci beaucoup.
48:32Il faut protéger
48:33Pigville.
48:34Dans cette commune,
48:3693% de la population
48:38est blanche.
48:39C'est beaucoup plus
48:40que la moyenne nationale.
48:42Alors c'est ici
48:43que les principaux
48:45groupuscules d'extrême-droite
48:46ont choisi d'organiser
48:47un défilé.
48:49Faites attention à vous.
48:50Pour cette habitante,
48:51c'est une catastrophe.
48:53La couleur des gens
48:54ne compte pas.
48:54Être noir ou blanc,
48:55ça n'a pas d'importance.
48:57Et on a ces gens
48:57qui viennent pour essayer
48:59de s'imposer dans notre ville.
49:00On ne peut pas laisser faire ça,
49:01non, c'est pas possible.
49:05On doit les combattre.
49:07Ils doivent comprendre
49:08qu'il faut nous laisser tranquilles.
49:13Mettez-vous en position.
49:15En avant, marche.
49:18Gauche, gauche, gauche, droite, gauche.
49:23C'est dans cette clairière
49:24à l'écart de la ville
49:25qu'une centaine de paramilitaires
49:27s'entraînent à marcher au pas,
49:30armés jusqu'aux dents.
49:31Ultra minoritaires dans le pays,
49:35ils défendent un nationalisme blanc,
49:38antisémite et xénophobe.
49:42Avec des groupes comme
49:44le Ku Klux Klan,
49:45les néo-nazis
49:46ou le nouveau parti traditionnel
49:49des travailleurs
49:49de Matthew M. Back.
49:55À 28 ans,
49:57c'est la figure montante
49:58de l'extrême droite aux Etats-Unis.
50:01Pour lui,
50:02les Noirs et les Blancs
50:03devraient vivre
50:04dans des Etats différents.
50:07Nous sommes séparatistes.
50:09On pense que chaque peuple
50:10doit être souverain
50:10chez lui,
50:11dans son espace.
50:13Mettons des policiers noirs
50:14dans les rues noires,
50:15des professeurs noirs
50:16dans des écoles noires,
50:18des entreprises noires
50:18dans les quartiers noirs
50:19et la même chose
50:21pour les Blancs.
50:22Peu de leaders politiques
50:24défendent la séparation raciale.
50:27Alors Matthew et ses partisans
50:28se sont faits des ennemis,
50:30notamment chez les antifascistes.
50:35Ils sont prêts à se battre,
50:36alors ils se sont fabriqués
50:38ces boucliers en bois
50:39aux couleurs de leur parti.
50:41Si on nous lance des projectiles,
50:46on pourra les arrêter
50:46et se protéger derrière.
50:48C'est juste pour notre sécurité.
50:49Vous êtes prêts
50:50à prendre ce genre de risques ?
50:52Bien sûr.
50:53Il faut être fanatique
50:53pour défendre cette cause.
50:55Et ça veut dire être prêt
50:56à sacrifier sa vie
50:57si nécessaire.
50:58Vous avez déjà été
50:59personnellement menacé ?
51:01J'ai été menacé
51:02des centaines de fois.
51:03Ça ne m'a jamais gêné.
51:05Sinon, j'aurais arrêté
51:06il y a longtemps.
51:15Direction Piqueville
51:16pour le défilé.
51:18Quand ils arrivent,
51:20la police
51:21et les unités anti-émeutes
51:23sont déjà sur place.
51:24La ville
51:26est complètement bouclée.
51:38Une foule les attend
51:39dans la rue principale.
51:43Des habitants de Piqueville,
51:45des militants antifascistes,
51:48tous sont venus exprimer
51:49leur rejet du racisme
51:51et des troupes
51:52de Mathieu Mbac.
51:54Ils haïssent les gens.
51:57Ils nous haïssent tous
51:58pour rien.
51:59Juste parce qu'ils détestent
52:00la diversité.
52:02Les Américains
52:02ont d'autres choses
52:03à faire que de se diviser.
52:04C'est quoi ces histoires
52:05de race ?
52:05On devrait s'unir
52:06pour être plus fort.
52:08J'ai 50 ans
52:09et je n'ai jamais vu ça
52:11de ma vie.
52:13Nous sommes en première ligne
52:15et dans le combat
52:16pour la race blanche.
52:17Nous sommes les troupes
52:18de choc de la race blanche.
52:20À chaque fois que nous nous levons
52:21pour le droit des Blancs,
52:22nous sommes accusés
52:23de propager la haine
52:24ou le racisme.
52:25Pourquoi ?
52:27En Américains,
52:28on les appelle
52:29les groupes de la haine.
52:32Il y en a 900 dans le pays
52:33et leur nombre augmente
52:35depuis deux ans.
52:37La stratégie des contre-manifestants
52:39est de faire
52:40le maximum de bruit.
52:45Ils refusent d'entendre
52:46les slogans
52:47du camp d'en face.
52:56Le jeune leader politique
52:59se fait acclamer
53:00par le salut nazi.
53:02En France,
53:04ce rassemblement
53:05pourrait constituer
53:06une infraction
53:07pour incitation
53:08à la haine raciale.
53:09A Piqueville aujourd'hui,
53:17deux visions
53:18de l'Amérique
53:18s'opposent.
53:20Ce type d'affrontement
53:21se développe
53:22dans plusieurs villes
53:23depuis quelques mois.
53:27À la Nouvelle-Orléans,
53:29la capitale culturelle
53:31de la Louisiane,
53:32une vive polémique
53:33liée à la période
53:34de l'esclavage
53:35divise la population.
53:39Le maire a décidé
53:40d'enlever ses statues
53:41qui trônent
53:42au milieu des rues.
53:44Elles représentent
53:45les héros
53:46des États confédérés
53:47du Sud
53:47pendant la guerre
53:48de sécession.
53:50Ceux qui se sont
53:52notamment battus
53:52contre l'abolition
53:54de l'esclavage.
53:55Comme le plus connu
53:56d'entre eux,
53:57le général Lee.
54:03Aujourd'hui,
54:04au pied de sa statue,
54:06il y a surtout
54:06des manifestants
54:07qui veulent la défendre.
54:10Ils brandissent
54:11le drapeau
54:11des États confédérés
54:12du Sud.
54:14À chaque fois
54:15qu'il y a quelque chose
54:16qui met en valeur
54:17la culture blanche,
54:18ils veulent l'enlever.
54:21Ils vont retirer
54:22le général Lee
54:22pour mettre qui ?
54:23Martin Luther King
54:25ou Obama ?
54:26On ne veut pas ça.
54:28C'est notre histoire,
54:29notre héritage.
54:30On est là
54:30pour le protéger.
54:32De l'autre côté
54:33du cordon
54:34de sécurité,
54:35il y a ceux
54:35qui pensent
54:36que cette statue
54:37représente
54:38les pires heures
54:39de l'histoire
54:39américaine.
54:42La ville est censée
54:44accueillir tout le monde
54:44et avec ça,
54:46on en est loin.
54:47C'est le symbole
54:48des confédérés
54:49quand les suprémacistes
54:50blancs
54:51régnent avec des lois
54:52ségrégationnistes.
54:54Et ça,
54:55ça ne nous représente
54:56plus aujourd'hui.
54:56à une centaine
55:01de kilomètres
55:01de là,
55:02au pied
55:03du capitole
55:03de bâton rouge,
55:05une autre manifestation
55:06pour conserver
55:07les statues.
55:12Silky Slim,
55:13l'activiste
55:14de la cause noire,
55:15brandit lui aussi
55:16un drapeau confédéré,
55:18mais à sa façon.
55:19Ça,
55:21c'est le symbole
55:21original du racisme
55:22pour nous,
55:23les noirs.
55:25Il est persuadé
55:26que ces manifestants
55:27font partie
55:28du Ku Klux Klan.
55:30Il vient ici
55:31pour se confronter
55:32à eux.
55:36Tu as un drapeau
55:39confédéré.
55:41Pardon ?
55:42Tu as un drapeau
55:42confédéré.
55:44Regarde le mien,
55:45regarde.
55:48Moi aussi,
55:49j'en ai un.
55:49ça,
55:55c'est un torchon.
55:59Insulter leur drapeau,
56:00c'est une provocation
56:01pour ces militants.
56:03Mais une discussion
56:04finit par s'installer.
56:06Ma famille n'a jamais
56:07possédé d'esclaves.
56:08La mienne non plus,
56:10mais elle a été esclave.
56:12C'est tout ce que je sais
56:13et c'est pour ça
56:14que je ressens
56:14ce que je ressens.
56:16Silky Slim a peut-être
56:17jugé trop vite
56:18ses militants.
56:18Etes-vous d'accord
56:22que le Ku Klux Klan...
56:24Je déteste le Klan.
56:26Il n'aurait rien
56:26en commun
56:27avec le Ku Klux Klan,
56:28à part le drapeau
56:29confédéré.
56:30Le Klan salit
56:31mon drapeau.
56:32J'ai 83 ancêtres
56:33qui sont morts
56:34dans la guerre
56:34de sécession.
56:36Contre toute attente,
56:38ils finissent même
56:38par se serrer la main.
56:40Vraiment ?
56:41Je respecte
56:42votre point de vue.
56:43un dénouement
56:44qu'on ne peut voir
56:45qu'en Amérique
56:46et peut-être
56:48un signe d'espoir
56:49dans ce pays
56:49qui vient d'élire
56:51le président
56:51le plus controversé
56:53de son histoire.
56:54Sous-titrage Société Radio-Canada
56:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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