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  • il y a 5 jours
A l'automne 1996, deux corps étaient retrouvés à l'entrée d'un stand de tir de la Marine Nationale, tout près de Brest. Pas un accident ou une méprise. Mais une double exécution. Celles de François Picard, militaire, capitaine de vaisseau, et de Pol Creton, un spécialiste des mammifères marins. Ils ont été abattus avec méthode, détermination, froideur. Le début d'une énigme qui va traverser les années et ne va cesser de s'épaissir. Les enquêteurs vont énumérer les pistes.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL avec Jean-Alphonse Richard.
00:06Deux hommes de 52 et 32 ans retrouvés morts hier matin près du stand de tir de la ville
00:16Neuve à Brest dans le Finistère. Les deux victimes ont été assassinées et l'énigme reste entière.
00:21Bonjour, à l'automne 1996, deux corps étaient retrouvés à l'entrée d'un stand de tir de la
00:30Marine Nationale tout près de Brest. Une double exécution, celle de François Piccard, militaire,
00:36capitaine de vaisseau, et de Paul Creton, spécialiste des mammifères marins. Deux
00:41hommes abattus avec méthode, détermination, froideur. Le début d'une énigme qui va
00:47traverser les années et ne va cesser de s'épaissir. Les enquêteurs vont énumérer les
00:53pistes. Une vengeance privée, un vol crapuleux ou encore un double crime sur fond de secret
00:58défense et de secret d'état. Les juges d'instruction vont se succéder jusqu'à ce que l'affaire rejoigne
01:04le pôle des Colcais. Étrange dossier où l'on sent que la vérité est presque à portée de main. Et si
01:12le nom des meurtriers figurait déjà dans le dossier d'enquête ? L'ADN, à la lumière de
01:17nouvelles expertises, pourrait-il livrer la clé de ce mystère oppressant ? Question posée aux
01:23invités de l'heure du crime. La seule émission radio 100% fait divers. François Piccard, Paul
01:28Creton, deux morts sans mobile apparent. C'est tout de suite sur RTL. Dimanche 13 octobre 1996,
01:41aux alentours de 9h du matin, René A, membre du club de tir de l'Union sportive et artistique de
01:48la Marine, pénètre en voiture dans le domaine militaire de la Ville-Neuve, à Guilher, à un
01:53quart d'heure de Brest. Il se dépêche car il doit participer à la mise en place de la journée
01:59porte ouverte du stand de tir. Le bâtiment, une espèce de mini bunker bétonné et aveugle,
02:06est adossé au bois de kéroal. René A gare sa voiture. À peine a-t-il posé le pied sur le
02:13parking qu'il perçoit des détonations. Rapproché, trois coups de feu, il se dirige vers le stand.
02:19Devant la porte gisent deux corps, inertes. L'un d'eux semble assis contre le mur du bunker taché
02:26de sang. Il reconnaît tout de suite quelqu'un qu'il connaît bien, François Piccard, 52 ans,
02:32un membre du club de tir, un pharmacien militaire qui porte le grade de capitaine de vaisseau.
02:38L'autre victime est allongée face contre terre. Elle sera identifiée comme étant Paul Creton,
02:4332 ans, technicien au centre océanographique et scientifique Océanopolis à Brest. Plus rien à
02:51faire pour les malheureux qui ont succombé à leur blessure. À 9h15, les premiers gendarmes sont sur
02:57place. François Piccard et Paul Creton ont été touchés de trois balles de 22 longs rifles, deux
03:02au thorax, une près de la nuque. Les balisticiens évoquent un tireur qui maîtrise bien son arme.
03:09Des tirs rapprochés, précis, six cartouches tirées, les douilles laissées sur place. L'arme employée
03:16est une courante carabine Marlin, prisée des chasseurs mais aussi des amateurs de tirs sportifs.
03:22Les gendarmes de la section de recherche de Rennes s'interrogent sur ce guet-apens dans
03:29lequel sont tombés François Piccard et Paul Creton. L'affaire ressemble à un vol crapuleux. Le ou les
03:35agresseurs ont fait les poches des victimes, les portefeuilles ont été emportés, le briquet Zippo
03:40sans grande valeur de François Piccard a été volé, tout comme son arme personnelle, un revolver
03:46357 magnum et sa mallette de tir dans laquelle il y avait deux pistolets 22 longs rifles, des
03:53cartouches, un casque anti-bruit, une paire de jumelles et un livre. La mallette est rapidement
03:59retrouvée un peu plus loin, dans l'herbe. Dans leur fuite, les tueurs ont perdu ou abandonné
04:05l'un des deux pistolets 22 longs rifles, des voleurs d'armes qui toutefois n'ont pas cherché
04:10à pénétrer dans le stand de tir alors que François Piccard était en train d'ouvrir la porte. Les
04:14véhicules des victimes dans lesquels se trouvait une carabine n'ont même pas été fouillés. Les
04:19meurtriers ne sont pas arrivés ici par hasard, ils ont découpé un grillage de deux mètres de haut
04:25dans la végétation, ils sont entrés et sortis par cette brèche, ils portaient des gants, ils n'ont
04:30pas laissé d'empreintes. Jeudi 17 octobre, quatre jours après les crimes, un employé de la gare
04:37SNCF de Landerneau à 25 km de Brest trouve les portefeuilles de François Piccard et Paul
04:43Creton dans une poubelle. Dans un passage souterrain, sous les voies, ils viennent d'y être
04:47jetés, les portefeuilles n'étaient pas dans cette poubelle la veille. Aucune empreinte détectée,
04:53quatre témoins entendus, l'un d'eux décrit deux hommes, l'un à cheveux longs, l'autre cheveux courts,
04:59aperçu dans le secteur du stand de tir. Une femme qui promenait son chien parle d'une voiture de
05:04couleur bleue, peut-être une Talbot Horizon, qui circulait sur le chemin autour du bois de
05:11Keroual. Pendant des mois, le véhicule va être recherché, sans succès. Enquête qui démarre donc
05:19sur une double exécution, dont le mobile serait le vol, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement
05:23d'une mise en scène, d'un simulacre destiné à brouiller les pistes. Les victimes ne se connaissaient
05:29pas, c'est important, elles n'avaient pas rendez-vous. Il va falloir savoir si l'une d'entre
05:33elles était particulièrement visée, et puis pourquoi il aurait fallu tuer cet homme. C'est
05:38la première question qui se pose évidemment aux enquêteurs. Tout ça, c'est à suivre dans l'heure
05:42du crime. Bonjour commissaire Richard Marlet.
05:45Bonjour Jean-Alphonse.
05:46Merci beaucoup d'être avec nous, ou plutôt merci beaucoup de nous avoir invités aux Journées du Crime et de la Science.
05:52On est en direct de Pleumeur-Beaudoux, c'est vous qui avez monté effectivement cet événement qui est
05:58formidable ici à Pleumeur-Beaudoux. Alors, évidemment, vous connaissez bien les affaires
06:03scientifiques et les affaires criminelles scientifiques puisque vous avez dirigé l'identité
06:08judiciaire au prestigieux 36 Quai des Orfèvres. On s'était rencontré d'ailleurs assez souvent à
06:13l'époque là-bas. Vous êtes un petit peu, on va vous surnommer le Alphonse Bertillon moderne. Alors,
06:18pour ceux qui ne savent pas qui est Alphonse Bertillon, c'est tout simplement l'homme qui
06:22avait découvert et mis au point la technique des empreintes digitales. Richard Marlet, vous êtes
06:27avec nous dans cette Heure du Crime. Commissaire, je l'ai dit. Alors, on en revient au stand de dire
06:34de Guilherme. Ce qui frappe tout de suite, et pour les enquêteurs c'est très important de savoir ça,
06:39c'est le mode opératoire. Là, on a l'impression de quelque chose de très organisé. Alors, oui et non.
06:46En fait, oui, l'organisation, la préméditation, elle semble évidente, vous l'avez évoqué. Il y a le
06:53grillage qui a été découpé, qui peut servir de moyens d'accès et de moyens de fuite. Quelque
06:58chose de particulièrement, qui laisse à penser qu'en fait, on a affaire à un tireur extrêmement
07:05fort. C'est-à-dire tirer six coups de feu, probablement deux assez loin au thorax pour les
07:12deux victimes. Et le dernier coup tiré dans la nuque qui ressemble bien à de l'achèvement. Enfin,
07:18voilà. Mais en même temps, le calibre utilisé. Le 22 long rifle n'est pas spécialement une arme,
07:24enfin un calibre qu'on utilise, que les voyous, les malfaiteurs utilisent.
07:2822 long rifle, ça fait des petits trous, mais qui tuent évidemment.
07:32Bien sûr, ça tue. Et puis après, si vous voulez, il faudrait, évidemment, ce n'est pas le dossier.
07:36En fait, sur le 22 long rifle, en fait, vous pouvez mettre différents projectiles. Je pense
07:41qu'il s'agit d'un projectile blindé qui va provoquer des blessures irrémédiables, létales.
07:46Oui, c'est ça. Effectivement, ce sont des projectiles blindés, parce que moi, j'ai lu le dossier.
07:50Effectivement, ce sont des enveloppes cuivres qui sont dans ces balles. Encore un petit mot,
07:55il y a effectivement ces vols. Alors, on vole les armes, puis on les oublie dans un coin. Il y a
08:00une carabine qui était dans une voiture. Alors, elle était facile à voler, cette carabine,
08:03mais on ne va pas la prendre. Ça peut être un simulacre aussi.
08:06Ça peut être un simulacre. Après, toutes les hypothèses sont possibles, surtout au tout début
08:11de l'enquête. Et en fait, on ouvre, les enquêteurs ont dû procéder comme ça, on ouvre un maximum,
08:17c'est le langage policier, on ouvre un maximum de portes, on vérifie, on referme ces portes-là.
08:22Et là, il y a beaucoup de portes à ouvrir. Il y a beaucoup de portes à ouvrir. Effectivement,
08:26on va voir qu'il y a beaucoup d'indices. Finalement, ce n'est pas petit poussé,
08:28mais on a laissé quand même des choses dans les coins. Il va falloir examiner tout ça. Et
08:33effectivement, la science va aider à examiner tout ça, même si ce n'est pas facile.
08:37Bonjour Jean-Claude Piccard.
08:39Bonjour Monsieur Richard.
08:41Merci infiniment d'avoir accepté l'invitation de l'heure du crime. Vous êtes avec nous,
08:46effectivement, dans cette émission. Jean-Claude Piccard, vous êtes tout simplement le frère
08:50de l'une des victimes. Vous êtes le frère de François Piccard et encore beaucoup,
08:54je vous adresse tous mes remerciements d'avoir accepté de venir témoigner. Jean-Claude Piccard,
08:59cette affaire, elle vous poursuit depuis des années et des années. Elle vous obsède et je
09:03pense que vous y pensez tous les jours. Comment est-ce que vous avez appris la mort de votre frère?
09:08Qu'est-ce qu'on vous a dit à ce moment-là?
09:10Alors ça, je m'en souviendrai toute ma vie puisque c'était en fait sa belle-sœur, donc la sœur de
09:15son épouse, qui m'appelle un dimanche matin. J'étais à la maison tranquillement et qui m'appelle
09:21et je me souviens de ses paroles où elle me dit François a été abattu et pour moi abattu,
09:26ça ne voulait pas dire forcément mort. Et je lui ai dit et alors? Et elle me dit il est mort. Et
09:31voilà ça c'est comment ça s'est passé comme ça, on n'en savait pas plus. Pratiquement que cette
09:34chose là, très laconique et sur une durée très brève et je suis parti dès l'après-midi pour me
09:40rendre en Bretagne chez ma belle-sœur.
09:43Qu'est-ce que vous vous dites à ce moment-là?
09:45Déjà sur la route, on entend sur France Info, pardonnez-moi de citer un concurrent, mais sur France Info,
09:51tous les quarts d'heure parler du double meurtre du stand de tir. Donc ça accompagne comme ça peut.
09:56On sait déjà que de toute façon, comme il y aurait une autopsie et une enquête judiciaire en cours,
10:00on ne verra pas le corps de mon frère, tout au moins ce qu'on a pu nous montrer avant plusieurs
10:05jours. On va se renseigner pour les obsèques, mais on sait que là aussi, il faut attendre que
10:09l'autopsie soit faite pour que le corps soit rendu à la famille. Donc on passe notre temps à ça et
10:14on est tous dans le malheur encore en fait.
10:16Vous me confirmez Jean-Claude Picard, c'est important dans cette histoire. Les victimes, elles ne se connaissaient pas.
10:21On va en parler d'ailleurs tout à l'heure avec Richard Marley, mais les victimes, elles ne se connaissaient pas,
10:25ça c'est très important. Vous me confirmez que votre frère, il n'a aucun lien avec l'autre victime, Paul Creton ?
10:31Ah totalement. Il s'est trouvé par hasard que M. Creton accompagnait mon frère ce jour-là.
10:37Ils s'étaient peut-être vus une fois dans le cadre de l'association du stand de tir, mais c'est tout, ils ne se connaissaient pas du tout.
10:44Et puis ce n'étaient pas des personnes de la même génération non plus et leurs activités professionnelles
10:48étaient très éloignées l'une de l'autre.
10:50Encore une question pour vous Jean-Claude Picard. Les témoignages, ils sont peu nombreux.
10:54On n'a pas grand-chose là-dessus. Il y a une dame qui a vu une voiture, etc.
10:57D'ailleurs cette fameuse voiture bleue, les enquêteurs, ils vont passer beaucoup de temps là-dessus ?
11:02Non, on ne va pas la chercher. Je pense en plus qu'on a perdu beaucoup de temps à la chercher.
11:06Si, je me souviens bien quand même malgré tout, il y a des gens qui étaient en train de se promener ou de randonner dans les bois
11:12alentours qui ont entendu des coups de feu.
11:14Il y a même des personnes qui ont déclaré avoir vu des individus partir en courant.
11:18Il y a quand même quelques témoignages pas vraiment directs.
11:21La personne qui devait ouvrir le stand de tir, qu'on fait à remplacer, va arriver en fait très peu de temps après.
11:27Donc, ce n'est pas totalement sans témoignages, mais il n'y a pas effectivement de témoignages directs, ça c'est clair.
11:32Une toute petite question pour vous, commissaire Richard Marlet.
11:35Est-ce que c'est possible sur une scène de crime de ne laisser aucune empreinte ?
11:39Alors, vous connaissez comme moi le principe de l'occard à l'occasion de son action criminelle.
11:46Le malfaiteur laisse des traces de son passage.
11:49Mais pas toujours.
11:50Pas toujours.
11:51Pas toujours.
11:51C'est possible.
11:52Donc, il y a zéro trace.
11:53Après, comment vous dire, laisser zéro trace, c'est très difficile.
11:59Mais encore, faut-il savoir les trouver ? Faut-il savoir les chercher ? Faut-il les connaître ?
12:06Et puis, on est en 1996, on aura l'occasion d'en reparler, notamment sur l'ADN, on est au belbussiment.
12:12C'est ça, et la science n'est pas aussi avancée.
12:14Deux hommes, abattus de la même façon, l'un d'eux était-il visé ?
12:18François Piccard, Paul Creton, deux morts sans mobile apparent.
12:22J'ai entendu l'un d'eux qui disait à voix basse, ça craint tout ça, ça n'aurait jamais dû finir tout comme ça.
12:28L'enquête de l'heure du crime, en direct des journées du crime et de la science à Pleumeur-Beaudoux.
12:32On se retrouve dans un instant sur RTL.
12:44Jean-Alphonse Réchard sur RTL, l'heure du crime.
12:49L'heure du crime, consacrée aujourd'hui au double meurtre au stand de tir de Brest.
12:54À la mi-octobre 1996, François Piccard, Paul Creton, abattu à bout portant, une froide exécution,
13:00un vol crapuleux est évoqué, la personnalité et le parcours des victimes sont étudiés.
13:07Mercredi 16 octobre 1996, trois jours après sa mort, le capitaine de vaisseau, François Piccard,
13:14est inhumé en présence de proches totalement incrédules.
13:17La veuve Piccard et ses trois enfants prostrés ne comprenaient rien à ce qui leur arrivait,
13:23va se souvenir l'avocat de la famille, Maître Bertrand, là-bas.
13:27Les gendarmes s'interrogent sur le terrible concours de circonstances qui a entraîné la mort du militaire,
13:34car il n'aurait jamais dû se trouver là.
13:38C'est l'homme qui a découvert les corps, René A, ingénieur, sous-traitant à la direction des constructions navales,
13:45qui devait ouvrir la porte.
13:47René A avait croisé auparavant François Piccard à la boulangerie.
13:51Il était en retard, il lui avait donc demandé d'ouvrir à sa place.
13:55Le militaire ne pouvait donc pas être attendu par des tueurs ce matin-là,
14:01mais sa personnalité attire l'attention.
14:04Ce pharmacien militaire, marié à une ancienne enseignante, père de trois enfants,
14:10était chargé de surveiller la radioactivité en rade de Brest,
14:14périmètre fréquenté par les sous-marins nucléaires de l'île Longue.
14:18Poste sensible, stratégique, protégé par le secret défense,
14:23les gendarmes ne vont pas pouvoir pousser beaucoup leurs recherches, leurs investigations.
14:28Deux jours après le décès, le bureau de François Piccard est entièrement vidé,
14:33secret défense oblige.
14:35Quatre ans après les faits, dans un procès verbal de synthèse,
14:39les enquêteurs écrivent qu'en raison du secret défense,
14:43il n'a pas été possible d'explorer certaines pistes.
14:48Les gendarmes se penchent sur la deuxième victime, Paul Creton,
14:51technicien, spécialiste des mammifères marins.
14:54Il a été tué alors que son épouse attendait leur deuxième enfant.
14:58Il ne connaissait pas du tout François Piccard,
15:00il était venu au stand de tir pour se renseigner sur la journée porte ouverte organisée par le club.
15:06Aucun détail troublant n'est trouvé dans sa vie.
15:09Son père, Léon-Paul Creton, et son épouse Liliane se disent brisés par la tragédie.
15:15Eux aussi sont dans l'incompréhension.
15:17Le père de la victime n'exclut pas un règlement de compte ciblé.
15:22Si l'objectif n'était pas François Piccard, mais René A,
15:26le motif pourrait être professionnel.
15:29Avis partagé par l'avocat de la famille Piccard, selon lui,
15:32le dossier ne peut pas être clos tant que la piste professionnelle n'aura pas été explorée.
15:40Les enquêteurs ne disposent que de très peu d'indices.
15:43Les tueurs en estiment qu'ils pouvaient être deux.
15:46N'ont pas laissé de traces.
15:47Un ADN masculin est détecté sur un mégot de cigarette retrouvé près des victimes.
15:52Ce n'est pas l'ADN de François Piccard ni celui de Paul Creton.
15:55Il n'appartient pas non plus aux membres du club de tir.
15:59La trace génétique va demeurer inconnue.
16:02La piste des toxicomanes et des malfrats est étudiée.
16:06Le bois de Keroual est connu pour des trafics en tout genre.
16:09Des dizaines de personnes sont placées sur écoute.
16:12Les gendarmes apprennent qu'un échange d'héroïne devait avoir lieu pile le jour des meurtres.
16:19Le 16 octobre 1996, selon le journal Le Télégramme,
16:22la petite amie d'un habitué du bois de Keroual dit avoir surpris un soir
16:27une conversation à voix basse entre son compagnon et d'autres hommes.
16:32« Ça craint, ça n'aurait jamais dû finir comme ça », aurait indiqué un participant.
16:38Les interrogatoires ne donnent rien.
16:40Une carabine est expertisée, mais il ne s'agit pas de l'arme du crime.
16:46Et dans cette affaire, au fil des années, effectivement, on recherche toujours cette arme du crime
16:49parce que l'arme du crime, c'est très important dans une affaire criminelle.
16:52Mais là, effectivement, on ne la trouve pas.
16:53Piste explorée, on vient de le voir les unes après les autres.
16:56Les gendarmes vont avoir le sentiment de toucher au but en enquêtant sur des suspects
17:02et notamment des suspects qui appartiennent à la communauté des gens du voyage.
17:06Et ça va être très important dans cette affaire parce qu'on va passer beaucoup de temps là-dessus.
17:09Mais ça, on va en parler dans la suite de l'émission.
17:12Est-ce que la clé est dans traverser ces suspects ?
17:14C'est une possibilité.
17:16En tout cas, ils vont être mentionnés très longuement dans ce dossier d'enquête.
17:21Richard Marley, commissaire Richard Marley,
17:25vous êtes avec nous, l'un de nos invités dans cette heure du crime.
17:28Vous présidez les journées du crime et de la science à Plumeur-Baudou.
17:31On est en direct depuis Plumeur-Baudou.
17:33Et en public, ici, pour ces journées du crime et de la science,
17:38vous avez dirigé l'identité judiciaire au 36 quai des Orfèvres.
17:41Je résume, l'identité judiciaire, c'est tout ce qui concerne la science du crime,
17:45l'ADN, les empreintes digitales, il y a énormément de choses.
17:49C'est tout un univers qui, aujourd'hui, fait autorité en matière de crime.
17:52Alors, il y a la personnalité d'une victime qui apparaît.
17:57Effectivement, c'est le militaire, il attire beaucoup l'attention.
17:59Capitaine de vaisseau, ce n'est pas rien, c'est un grade élevé.
18:03Et puis, il a une fonction qui est très sensible.
18:06C'est lui qui surveille la radioactivité dans la rade de Brest.
18:09Alors, autant vous dire que là, effectivement, on se pose des questions.
18:12Personnalité des victimes, dans une enquête, c'est toujours très important
18:15à les étudier en priorité.
18:17Oui, c'est fondamental.
18:18Les policiers ont un langage, en fait, ils environnent la victime.
18:24En fait, l'idée, c'est de rechercher le mobile.
18:27Vient-il du milieu familial ?
18:29Vient-il du milieu de l'amour ?
18:34Vient-il du milieu professionnel ?
18:37Et puis, une autre piste, le fait du hasard.
18:40Les deux victimes se sont-ils trouvées au mauvais endroit, au mauvais moment ?
18:44En fait, il va falloir examiner, environner chacune de ces victimes.
18:50Et puis, on a parlé des deux morts,
18:52mais en fait, il y a une troisième victime potentielle qui est apparue.
18:56Celui qui aurait dû ouvrir le stand de tir.
18:59Et ça, c'est passionnant, parce qu'effectivement, on doit s'interroger sur lui.
19:02Mais bien sûr que oui, en fait.
19:04Est-ce que c'était lui qui était la cible ?
19:06En fait, il va falloir examiner les trois,
19:11tourner autour de ces trois victimes,
19:14les deux vraies victimes et la victime potentielle,
19:17et tout explorer.
19:18Alors là, on a deux victimes qui ne se connaissent pas.
19:20J'insiste là-dessus, parce que c'est très important.
19:23Deux victimes qui ne se connaissaient pas,
19:25elles sont abattues très froidement,
19:27de matière très méthodique, et quasiment de la même manière.
19:30Deux balles dans le corps, une balle dans la tête.
19:33C'est assez rare, quand même, qu'on exécute comme ça.
19:36Alors, le coup de grâce, c'est fréquent.
19:41Après, moi, ce qui m'étonne, c'est la rapidité du tir et sa précision.
19:47Deux balles dans le thorax à chaque fois,
19:49c'est-à-dire qu'on imagine la première victime qui tombe,
19:52et la deuxième qui est abattue, mais quelques secondes après.
19:56Tout à fait.
19:57Je ne sais pas, puisque l'arme, on ne l'a jamais identifiée.
20:00Jamais.
20:00Est-ce que c'est une arme à répétition ?
20:01Est-ce que c'est une arme à chargement manuel ?
20:02C'est la carabine Marlin, mais qui ne veut pas dire grand-chose.
20:04Non, parce qu'en fait, sur les Marlins,
20:06vous avez les deux possibilités de tir après coup,
20:08et puis les carabines automatiques,
20:09où en fait, vous avez juste à appuyer sur la queue de détente.
20:12C'est ça.
20:12Voilà.
20:13Mais on ne l'a pas.
20:14Et ça, effectivement, ça manque dans le décor.
20:17On n'a pas cet indice capital.
20:19Jean-Claude Piccard, vous êtes avec nous dans l'heure du crime.
20:22Vous êtes le frère de François Piccard.
20:23C'est l'une des victimes.
20:24Alors, évidemment, votre frère haut gradé de la Marine,
20:28on va en parler un petit peu, là, tout de suite.
20:30Il occupe un poste très stratégique, votre frère.
20:34Stratégique, je ne sais pas.
20:36Sensible, sûrement.
20:37Il était pharmacien chimiste colonel dans la Marine.
20:42Et en fait, il était le spécialiste des radiations ionisantes.
20:45Et en fait, son métier, justement,
20:47consistait à faire des investigations autour de ce qui touchait aux nucléaires,
20:52les nucléaires militaires.
20:53Et entre autres, il avait été envoyé,
20:55quand les essais nucléaires ont été reprus à Mururoa,
20:58il a été envoyé à Tahiti pendant plusieurs années.
21:00Et après, son poste était justement à Brest,
21:03puisqu'il y a là les sous-marins nucléaires,
21:05une partie au moins des sous-marins nucléaires français.
21:07– Il aurait pu, votre frère, il aurait pu déranger,
21:11il aurait pu se heurter à certains intérêts ?
21:14Parce que ça pourrait être en mobile aussi, du crime.
21:17– Oui.
21:19La réponse est oui.
21:20Totalement.
21:21Totalement, pour plusieurs raisons.
21:22D'abord, il avait demandé,
21:24alors qu'il aimait beaucoup la Bretagne et la mer,
21:26et qu'il avait acheté cette maison pour y passer sa retraite
21:29avec son épouse et ses enfants.
21:32Il faisait du bateau.
21:33Donc, il a demandé à plusieurs reprises sa mutation.
21:37Il ne voulait plus rester sur Brest.
21:39Donc, il y avait quand même une raison professionnelle pour ça.
21:41Ensuite, on sait quand même qu'il était en bisbille avec sa hiérarchie
21:45à propos de malversations financières ou des constructions.
21:48Alors, je ne pourrais pas vous donner plus de détails
21:50parce que je ne les connais pas bien,
21:51mais on sait qu'il y avait un problème à ce niveau-là.
21:53Je pense qu'il a dû déranger.
21:55– Oui. Il y a le secret défense aussi ?
21:58– Alors, le secret défense a été appliqué immédiatement,
22:00dès le début des événements.
22:02Et à ma connaissance, il n'est toujours pas levé d'ailleurs.
22:05On peut se poser la question pour un vol d'armes dans un stand de tir,
22:08stand de tir qui n'était pas fréquenté que par des militaires.
22:10La preuve, c'est que M. Creton était un civil, lui.
22:14Donc, pour moi, les choses sont claires, enfin relativement claires.
22:19– Oui, vous dites « choses claires, relativement claires ».
22:23Jean-Claude Piccard, le bureau de votre frère, ça c'est étonnant,
22:26il a été déménagé tout de suite par les autorités.
22:28Ça vous a étonné, ça ?
22:29– Bien sûr, on pensait que ce n'était pas le plus urgent à faire.
22:32On n'allait pas nommer quelqu'un à sa place dans les 24 heures,
22:36donc ce n'était pas le plus urgent à faire.
22:38C'était quand même effectivement curieux.
22:40D'autre part, on n'a jamais retrouvé son ordinateur et son disque dur
22:43avant même que les scellés soient posés dessus.
22:46C'est un petit peu curieux.
22:47On aurait pu penser que peut-être on pouvait remettre
22:49un certain nombre d'objets à la famille.
22:51Après tout, pourquoi pas, s'il n'y a rien de compromettant et de gênant ?
22:54Eh bien, là, ça interroge.
22:58– Ça vous interroge, effectivement.
22:59Une piste dite manouche va très longtemps occuper les gendarmes.
23:03François Piccard, Paul Creton, deux morts sans mobile apparent.
23:07Mon cousin a dit qu'il avait buté les deux types.
23:09L'enquête de l'heure du crime.
23:10Et si une équipe de gens du Voyage avait organisé ce cambriolage facile,
23:14sans prévoir que celui-ci tournerait au bain de sang ?
23:17À suivre dans un court instant sur RTL.
23:2114h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
23:26L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
23:30– J'ai une conviction, c'est celle que l'armée, de toute façon,
23:35quel que soit son niveau d'implication, ne veut pas qu'on en parle
23:37et qu'on ne soulève pas le problème du nucléaire.
23:41– Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
23:43le double meurtre du stand de tir de Brest,
23:46automne 96, un haut gradé de la marine et un employé d'Océanopolis
23:51exécuté à la carabine.
23:53La piste militaire et celle des dealers ont été explorées,
23:56une équipe de gens du Voyage va retenir l'attention.
24:01Samedi 10 avril 1999, presque trois ans après les meurtres,
24:06un ferrailleur de Guilherme, commune sur laquelle se trouve le stand de tir,
24:10appelle les gendarmes.
24:11Il vient de découvrir un chargeur de pistolet Vindelon-Rifle sur son terrain.
24:16Le chargeur est facilement identifié,
24:18c'est l'un des quatre volets au militaire François Piccard.
24:22La crosse et l'extrémité d'un canon de fusil sont également découvertes.
24:27Les enquêteurs vont s'intéresser de très près
24:29à une famille de gens du Voyage qui occupent un terrain tout proche.
24:33Deux de ces membres auraient cherché à vendre des armes
24:37à un trafiquant de drogue locale.
24:39L'un d'eux aurait déclaré un jour qu'un de ses cousins avait buté les deux types
24:44pour une histoire de drogue et pour s'emparer de leurs flingues.
24:48La découverte d'excréments humains à proximité du grillage découpé,
24:54non loin de la scène de crime, a également été remarquée par les enquêteurs.
24:58Ces excréments recouverts d'une fougère en croix seraient une signature manouche.
25:04Selon Maître Laba, avocat de la famille Piccard, pièce à conviction,
25:08qui n'a jamais subi d'expertise ADN,
25:12elle a été détruite au début de l'enquête.
25:15Deux courriers anonymes signés du pseudonyme Gamma
25:20ont également beaucoup mobilisé les enquêteurs.
25:23Le Corbeau donnait le nom d'un voyou local qui pourrait être derrière le double meurtre.
25:27Le dénonciateur anonyme va être identifié, retrouvé.
25:32Il va certifier avoir tout inventé.
25:34Une affabulation, va-t-il même préciser.
25:379 novembre 2006, un nom lieu est délivré.
25:40L'avocat de la famille Piccard proteste.
25:42Tous les moyens n'ont pas été donnés à l'enquête déplore-t-il.
25:45L'avocat de la famille Creton craint, lui,
25:47que ce nom lieu soit une deuxième mort pour les victimes.
25:52Nom lieu finalement rejeté.
25:54Un nouveau juge d'instruction va reprendre le dossier.
26:00Et voilà donc, ces pistes qui se suivent ne se ressemblent pas,
26:03mais qui ne donnent rien pour l'instant.
26:05Et ça, c'est terrifiant parce qu'effectivement,
26:06on a beaucoup d'indices, en fait, dans cette affaire,
26:08mais on n'arrive pas à remonter la piste des tueurs.
26:11D'ailleurs, ce mobile, il glisse entre les mains des enquêteurs.
26:15On a l'impression qu'ils n'arrivent pas à saisir
26:17exactement ce qui s'est passé.
26:18C'est très compliqué pour eux.
26:20Richard Marley, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
26:22Commissaire Richard Marley,
26:24vous avez dirigé l'identité judiciaire au 36 Quai des Orfèvres
26:28et vous présidez aujourd'hui
26:30les journées du crime et de la science à Pleumeur-Beaudoux.
26:32Si vous êtes à Pleumeur-Beaudoux ou dans la région,
26:34venez à ces journées du crime et de la science
26:36parce que c'est formidable.
26:37Il y a plein d'ateliers, etc.
26:38Et nous sommes en direct depuis Pleumeur-Beaudoux.
26:41Richard Marley, une question qui est importante
26:44parce qu'on la retrouve beaucoup
26:45et on en parle beaucoup dans l'heure du crime,
26:47c'est l'histoire des scellés qui sont détruits prématurément.
26:50Ici, on a un excrément humain.
26:52Bon, ce n'est pas très élégant ce que je dis,
26:54mais effectivement, ça peut donner de l'ADN
26:57qui a été abandonné sur cette scène de crime.
27:00Il a été détruit.
27:01Ça, c'est terrifiant parce qu'effectivement,
27:02on aurait pu trouver peut-être des empreintes très précises.
27:06Oui, c'est terrifiant, mais il faut se remettre dans le contexte.
27:08On est en 1996.
27:10J'ai parlé des belbutiements de l'ADN.
27:12Il y a d'autres belbutiements.
27:14C'est la conservation des scellés.
27:17Il faudra, bien après la création du FNAEG,
27:19il faudra notamment chez les gendarmes
27:21créer un véritable service de conservation des scellés.
27:25Et on a pu constater que malheureusement,
27:28beaucoup de scellés ont pourri,
27:30se sont dégradés dans les grèves des tribunaux.
27:33Et en fait, voilà, l'ADN a deux ennemis.
27:35Le soleil, l'humidité.
27:37Si vous ne la conservez pas dans de bonnes conditions,
27:40vous ne pouvez plus extraire vos profils.
27:42Et j'insiste sur cette destruction des scellés,
27:44parce que c'est un vrai scandale.
27:45Il y a des scellés qui pourrissent,
27:47effectivement, vous l'avez dit, dans des grèves de tribunaux.
27:49On ne va pas aller les chercher, il sera trop tard.
27:52Et il y a des familles comme ça,
27:53qui avaient tout apporté presque sur la table.
27:55On a fait plein d'histoires comme ça dans l'heure du crime.
27:57Et tout a disparu.
27:58Et ça, c'est terrifiant, alors qu'on peut retrouver,
28:00on le sait maintenant, 30 ans, 40 ans après,
28:03avec l'ADN, vous confirmez, on peut retrouver des traces.
28:05Mais comme vous le dites, 30 ou 40 ans.
28:07Il y a 30 ou 40 ans, la plus scientifique,
28:10on n'était pas à ce niveau-là.
28:12On ne se préoccupe pas de ce genre de détails.
28:16Jean-Claude Piccard, vous êtes avec nous dans l'heure du crime,
28:18le frère de François Piccard,
28:19et vous nous accompagnez dans cette heure du crime
28:20depuis le début de l'émission.
28:21Je vous en remercie une nouvelle fois, Jean-Claude Piccard.
28:26Alors, un détail, on revient là-dessus,
28:28mais c'est troublant,
28:29parce que ce matin, votre frère,
28:30il n'était pas censé ouvrir le stand de tir.
28:33Il a croisé un de ses amis, René Ha,
28:35qui lui a demandé de le faire,
28:36parce que René Ha, il était en retard,
28:38et ça s'est mal passé.
28:39Ça, ça vous trouble, cette histoire ?
28:42Mais il n'est pas si en retard que ça,
28:45puisqu'il arrive pratiquement tout de suite après,
28:47qu'il entend même les coups de feu.
28:49Donc, c'est un retard.
28:52Ça veut dire que les Bretons sont très pressés,
28:54parce que je crois même qu'il a donné le sentiment
28:59que mon frère n'était peut-être pas encore décédé quand il arrive.
29:02Donc, il n'arrive pas une demi-heure après,
29:03ou trois quarts d'heure après.
29:05Ça aussi, ça m'a toujours troublé.
29:07Et ça vous interpelle encore ?
29:11Totalement.
29:12Totalement.
29:13Mais c'est bizarre, parce que si c'est avec ça,
29:16il y a d'autres choses.
29:17Le fait aussi, et j'insiste beaucoup là-dessus,
29:19le fait que les assassins vont prélever les papiers,
29:22les documents de M. Creuton et de mon frère,
29:26et vont les exposer au vu de tout le monde
29:29dans une poubelle du souterrain de la gare de Landerneau,
29:32deux jours après ou trois jours après.
29:34Bizarre aussi, ça, quand même.
29:35Quel intérêt de faire ça quand on veut piquer des armes ?
29:38Il y a beaucoup de bizarreries,
29:40et vous avez raison de le souligner, Jean-Claude Piccard.
29:42Je vais vous poser une question très directe, Jean-Claude Piccard.
29:44Est-ce que c'est votre frère qui était visé ?
29:48Alors, je pense que c'est une possibilité,
29:51mais ce n'est pas forcément la seule.
29:54C'est vrai qu'on n'a rien trouvé non plus
29:56qui pouvait être suspect dans la vie et l'entourage de M. Paul Creuton,
30:00qui avait une vie tout à fait normale.
30:02Mais de toute façon, les enquêtes de journalistes comme vous
30:06se sont quand même intéressées à ça
30:07du fait de la spécificité du travail de mon frère.
30:10Mais bien sûr, on ne peut pas l'éviter, la personnalité de ce militaire.
30:14Enquête qui va être reprise par la police judiciaire.
30:17François Piccard, Paul Creuton, deux morts sans mobile apparent.
30:20Trois mois avant la mort du capitaine de vaisseau,
30:23sa mutation à Paris a été refusée.
30:25L'enquête de l'heure du crime,
30:26en direct des journées du crime et de la science à Pleumeur-Beaudoux.
30:29On se retrouve dans un instant sur RTL.
30:32Jean-Alphonse Richard sur RTL.
30:34L'heure du crime, jusqu'à 15h.
30:36L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
30:42Retour aujourd'hui dans l'heure du crime,
30:44sur le double meurtre au stand de tir de Brest l'automne 96.
30:48Deux hommes exécutés, dont un haut gradé de la marine.
30:51De nombreuses pistes, des gardes à vue, mais aucune mise en examen.
30:55Onze ans après l'effet, une nouvelle vague d'interpellations.
31:00Mardi 23 octobre 2007, 6h du matin,
31:03la PJ de Rennes et leurs collègues parisiens de l'OCRVP
31:07lancent un vaste coup de filet à Brest et dans la région.
31:11Douze personnes interpellées, une semaine auparavant.
31:14Le procureur de Brest avait annoncé que de nouveaux tests ADN
31:18effectués sur un mégot présent sur la scène de crime avaient été concluants.
31:22« Nous disposons de séquences ADN partielles,
31:25cela peut permettre de confondre quelqu'un », expliquait le magistrat.
31:29Le procureur disait aussi travailler sur la piste des armes volées.
31:33Parmi les douze personnes interpellées figure le ferrailleur de Guillers.
31:37Il avait découvert un chargeur volé sur son terrain.
31:41Interpellation qui ne donne rien.
31:42Les douze gardes à vue sont levés dans l'après-midi.
31:48Les policiers continuent à se pencher sur le dossier et sur ses acteurs.
31:51Le capitaine de vaisseau, François Piccard, avait eu maille à partir
31:55avec un officier de la base de Brest,
31:57soupçonné de malversation.
31:59Cet homme entretenait une liaison avec la salariée d'une société
32:04qui venait de décrocher un nouveau marché pour la marine, François Piccard.
32:09Soupçonné, le militaire d'avoir touché des pots de vin.
32:13Les vérifications sur cette piste s'avèrent négatives.
32:16Le capitaine de vaisseau aurait simplement mis en garde l'officier suspect,
32:21mais sans le dénoncer.
32:22Juillet 1996, trois mois avant sa mort,
32:26François Piccard avait une nouvelle fois sollicité sa mutation pour Paris.
32:30Une précédente demande, quatre mois auparavant, avait été refusée.
32:34François Piccard ne souhaitait plus rester à Brest.
32:38Alors qu'il y était jusque-là très heureux,
32:41il n'avait évoqué aucune menace.
32:46Et dans cette histoire troublante où l'on n'avance pas,
32:48même si les années défilent,
32:50c'est toujours très désespérant, ça, effectivement,
32:52sur les affaires criminelles qui n'avancent pas.
32:55Et c'est très inquiétant et très attristant pour les familles.
33:01Jean-Claude Piccard, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
33:04Vous êtes le frère de François Piccard.
33:07Et vous nous accompagnez dans cette heure du crime
33:09pour mieux comprendre ce qui a pu se passer.
33:11Votre frère, c'est une question qui m'a troublé aussi quand on lit le dossier.
33:15Votre frère, il ne se sentait plus très à l'aise à Brest.
33:18Alors qu'il était heureux, il avait toute sa famille,
33:20il avait fait construire une maison.
33:22On a du mal à savoir pourquoi, d'un seul coup, il décide de partir.
33:27Il avait même demandé sa mutation.
33:29Est-ce qu'on sait pourquoi ?
33:30On ne sait pas parce que lui ne le disait pas.
33:32On a appris tout ça après.
33:34Mon frère était très secret, il ne parlait pas de ça.
33:36Il a été nommé colonel peu de temps avant.
33:38Il était lieutenant-colonel, donc le grade d'avant.
33:41Il a été nommé colonel que quelques temps avant.
33:44Il n'a même pas dit à sa famille.
33:45C'est quand mes neveux ont vu l'uniforme avec les barrettes de colonel,
33:50trois dorés, trois argentés,
33:52et donc il n'avait dit à personne.
33:55Votre conviction, Jean-Claude Picard,
33:59qu'est-ce qui a pu se passer ?
34:00Donnez-moi votre conviction.
34:02Mon opinion, c'est qu'il a été assassiné par des gens,
34:06des malfrats locaux,
34:08mais qu'il y a quand même trop de choses troublantes pour que ce soit
34:11uniquement un vol,
34:13un supposé vol d'armes.
34:15Moi, je continue à avoir la conviction qu'il s'est passé quelque chose d'autre
34:19en rapport avec son métier.
34:21Et je pense que l'armée n'est pas innocente là-dedans.
34:24Peut-être que j'aurai demain une plainte pour diffamation de la part du ministre.
34:29Je m'en fous.
34:30Je ne pense pas d'ailleurs,
34:31mais je veux dire qu'il y a trop d'éléments troublants.
34:35C'est l'avis aussi de certains enquêteurs.
34:37Ce n'est pas un vol.
34:39Ça ne se résume pas.
34:41Ce n'est pas possible.
34:43C'est ça.
34:45Richard Marley, c'est intéressant ce que raconte Jean-Claude Piccard,
34:50parce qu'on sent bien que dans sa réflexion,
34:52et Dieu sait s'il a réfléchi sur la mort de son frère,
34:55il a été blessé, il a été traumatisé par cette mort.
34:59Effectivement, il est au carrefour de la question.
35:02Est-ce que c'est une question, ce crime, ce double crime de personnalité ?
35:06Est-ce que c'était un des deux qui était visé ?
35:08Ce ne sera certainement pas les deux.
35:10Ou bien est-ce que c'est le hasard ?
35:13Est-ce que c'est quelque chose de terrifiant et de malheureux ?
35:15Ce sont évidemment les questions.
35:18Vous les avez évoquées, plusieurs hypothèses.
35:22Je suis un admirateur de Sherlock Holmes.
35:26Il y a une phrase qui me plaît beaucoup qui dit
35:29« Jamais je ne devine, c'est une habitude détestable qui détruit la faculté de raisonner. »
35:34C'est une belle phrase.
35:35Oui, c'est une très belle phrase.
35:37La tendance qu'on a, c'est qu'à partir du moment où on a élaboré une théorie,
35:41on va essayer de prendre tous les éléments pour corroborer cette théorie.
35:47Souvent, quand on change d'enquêteur, c'est justement pour éviter cet effet tunnel.
35:51Et c'est le cas là, c'est le cas dans le dossier.
35:54On va tout essayer, c'est-à-dire que les gendarmes vont tenir le dossier pendant très longtemps.
35:57Et là, c'est la PJ, la police judiciaire.
35:58L'idée en fait, c'est de déporter le regard et de dire
36:01« Voilà, ils ont exploré cette piste-là, on va en explorer une autre. »
36:07Et à chaque fois, vous reprenez de la hauteur et vous explorez d'autres pistes.
36:12Et souvent, votre attention est attirée par des détails
36:17qui ont complètement échappé aux enquêteurs précédents.
36:20Quelle est la difficulté dans ce dossier précis, Picard-Creton ?
36:24Effectivement, il n'y a rien qui cadre.
36:28Il n'y a pas tellement de logique dans ce qui a été fait.
36:31C'est ça, ce qui est terrible en fait, c'est qu'il n'y a pas de fils
36:34qu'on puisse tirer pour amener toute la plotte.
36:37Il n'y a pas d'indice matériel.
36:40La présence du mégot ne signifie rien.
36:43L'importance d'une trace, c'est lorsqu'elle dit des choses de l'affaire.
36:47Là, on ne sait même pas si le mégot a été laissé par le tireur.
36:51On a exclu les deux victimes.
36:53Mais voilà, on n'en sait rien.
36:56Évidemment, les techniques ADN ont évolué.
36:59Peut-être qu'on peut retrouver de l'ADN sur ce mégot.
37:02Et alors ?
37:04Il faudra encore déterminer que la personne propriétaire de cet ADN
37:08avait des intentions malveillantes vis-à-vis des victimes.
37:13Et encore une question, il y a la personnalité des victimes, on l'a dit.
37:17Effectivement, François Piccard, il est très secret.
37:20La famille va apprendre plein de choses après sa mort.
37:23Et là, on rentre dans quelque chose d'intéressant aussi.
37:26Parce qu'il y a des choses cachées, forcément.
37:28Oui, mais j'allais dire, c'est le cas de tout un chacun.
37:33Il y a des choses que les familles ignorent, des choses qu'on dissimule.
37:37Soit parce qu'on a intérêt à les dissimuler,
37:40soit parce qu'en fait, on ne se rend même pas compte qu'on est en train de les dissimuler.
37:4526 ans après la tragédie, le pôle des Colquets y se reprend le dossier.
37:51François Piccard, Paul Creton, deux morts sans mobile apparence.
37:54Et pour les familles, qu'on travaille, on réessaie, on tente et on espère.
37:58Mais on n'est pas naïfs.
38:00L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
38:14Dans l'heure du crime, aujourd'hui, le double meurtre au stand de tir de Brest.
38:18Deux hommes, dont un haut gradé de la Marine Nationale, exécutés.
38:21Chacun de trois balles en octobre 96.
38:25Était-il visé en particulier ?
38:27Presque 29 ans après, le mystère persiste.
38:33Mercredi 12 octobre 2022,
38:35le pôle judiciaire des Colquets de Nanterre reprend le dossier.
38:39Deux ans plus tard, les familles de Paul Creton et François Piccard
38:42sont reçues par une juge d'instruction à Brest.
38:45Nouvel espoir pour les familles et leurs avocats qui n'ont jamais cessé de ferrailler
38:50pour que le dossier ne soit pas refermé.
38:52C'est la dernière chance de connaître la vérité.
38:55Nous sommes confiants, dit un proche de la famille Piccard.
39:01Lundi 8 avril 2024, les gendarmes fouillent l'étang de Villeneuve,
39:05entre Brest et le stand de tir de Guilherme.
39:08Cinq plongeurs à la recherche de l'arme du crime, sans succès.
39:11Le majeur Pouliken, directeur d'enquête, confie à West France.
39:16C'est pour les familles qu'on travaille, on réessaie,
39:19on tente et on espère, mais on n'est pas naïf.
39:24La Marine nationale a fait ce qu'elle avait à faire, c'est-à-dire régler les dossiers.
39:28Du jour au lendemain, mon mari n'était plus personne, c'était zéro.
39:31C'est pas net, c'est peut-être francoureux, mais pour nous, ça ne l'est pas.
39:35Il ne faut pas baisser les bras, je suis très fatiguée.
39:38On ne peut pas oublier, on ne peut pas oublier.
39:42La voix vraiment brisée de Marie-Antoinette Piccard,
39:48la veuve de François Piccard, c'était sur RTL en 2013.
39:52Et effectivement, cette vérité aujourd'hui, hélas, n'a toujours pas jailli.
39:56Commissaire Richard Marlet, vous avez dirigé l'identité judiciaire au 36 Quai des Orphées.
40:00Vous nous éclairez sur les méthodes d'enquête,
40:03vous présidez les journées du crime et de la science à Pleumeur-Beaudoux.
40:07On est en direct de Pleumeur-Beaudoux.
40:10Effectivement, ce que dit, ce n'est pas votre collègue, mais enfin, qui est un gendarme,
40:14le majeur Poulikène, il dit que c'est pour les familles qu'on travaille
40:18et qu'il ne faut jamais perdre l'espoir de trouver.
40:19C'est vrai ça ? Il ne faut jamais perdre l'espoir de trouver ?
40:22Il y a toujours peut-être une lueur qui peut apparaître ?
40:25Oui, bien sûr, évidemment.
40:26En fait, si vous voulez, une affaire non résolue,
40:29dont on n'arrive pas vraiment à tirer la conclusion,
40:35c'est un clou dans le cœur pour l'enquêteur.
40:38Voilà, ça va rester, il va s'acharner, et on sait très bien,
40:42on a des exemples encore récents, je pense au Grêlé, François Vérove,
40:47et en fait, on arrive à élucider un homicide commis bien des années auparavant.
40:53En fait, on avait retrouvé un corps avec une balle dans la tête,
40:56et lorsqu'on fait la perquisition chez Vérove, on trouve ce MAC-50,
41:01Pistolet, c'est ça ?
41:02C'est ça, un pistolet automatique, l'arme qu'il avait lorsqu'il était gendarme,
41:06et qu'il avait oublié de restituer.
41:08Et en fait, en faisant des comparaisons balistiques,
41:10il n'y a pas que l'ADN, il y a aussi la balistique et bien d'autres choses.
41:14On vient d'élucider un homicide commis 15 ans ou 20 ans plus tôt.
41:18Alors c'est très important ce que vous dites, commissaire Richard Marley,
41:21parce qu'effectivement, il n'y a pas que l'ADN.
41:23C'est vrai qu'aujourd'hui, on dit que l'ADN, c'est la reine des preuves,
41:26tout va s'éclairer grâce à l'ADN, il suffit d'avoir une trace ADN
41:29pour que tout soit éclairé, c'est faux.
41:31Il y a aussi l'enquête sur le terrain qui est très importante,
41:33et le témoignage humain.
41:35Et dans cette enquête, l'enquête sur les crimes du stand de tir,
41:41on attend peut-être, il y a un témoignage qui est peut-être toujours possible ?
41:44Bien sûr, mais si vous voulez, comme on attend pour l'affaire Grégory,
41:47on se dit peut-être qu'un jour, quelqu'un va finir par parler.
41:50Donc, après, ce qui est formidable, c'est les progrès qu'on fait.
41:54Un dossier criminel comme ça, c'est probablement 20 000, 30 000,
41:5950 000 procès verbaux.
42:01C'est peut-être des dizaines d'expertises,
42:04des centaines de réquisitions.
42:06Et maintenant, on sait très bien qu'avec l'intelligence artificielle,
42:09on est tout à fait capable de traiter des milliers,
42:12des dizaines de milliers de données en allant beaucoup plus vite.
42:15Donc, on peut vérifier un certain nombre de choses
42:18que les enquêteurs auparavant ne pouvaient pas vérifier humainement.
42:21Un petit point, ça veut dire que les enquêtes aujourd'hui, elles vont s'accélérer ?
42:26C'est ce que vous en parlez, dans ces journées du crime et de la science.
42:29Les enquêtes, elles sont en pleine évolution.
42:31Oui, on a connu un premier bouleversement avec les empreintes digitales,
42:36un second bouleversement avec l'ADN.
42:38On va probablement en connaître d'autres avec toutes ces traces numériques.
42:41Et puis, il y a le recours à l'intelligence artificielle,
42:46aussi bien en termes d'investigation qu'en termes même de criminalistique.
42:50Vous pouvez interroger des banques de données en allant très très rapidement.
42:55Je pense à l'ADN de parentèle, à l'ADN généalogique.
42:58On va aller très très vite.
42:59Ça, c'est tout à fait passionnant.
43:01Effectivement, vous nous l'apprenez, Richard Marley.
43:02Effectivement, il y a cette évolution qui est très rapide.
43:05Et notamment, l'ADN est une démonstration très très précise
43:08parce qu'il y a de plus en plus d'affaires qui sont élucidées grâce à cette technique.
43:11Mais ce n'est pas la seule.
43:13Jean-Claude Piccard, vous êtes avec nous dans l'ordre du crime.
43:15Le frère de François Piccard, Richard Marley nous le dit.
43:18Il a été beaucoup sur le terrain, Richard Marley.
43:22Il connaît bien, évidemment, le rythme des enquêtes.
43:25Il dit, il ne faut pas perdre espoir.
43:26Est-ce qu'on peut parler encore d'espoir ?
43:29Pour vous, pour la famille Piccard, presque trente ans après.
43:33On peut encore en parler.
43:34Si je pouvais partir de cette terre après avoir su la vérité,
43:39et même si on me dit, tout ce que tu as imaginé, c'est n'importe quoi,
43:43c'est du bidon, ce n'est pas ça du tout,
43:44ce ne serait pas mal.
43:46Je serais quelque part un petit peu plus en paix.
43:49Votre avocat affirme que tous les moyens n'ont pas été donnés à l'enquête.
43:54Vous êtes d'accord avec ça ?
43:57Bien sûr, totalement.
43:59Pendant des années, il ne s'est rien passé.
44:01Il n'y avait plus aucune convocation.
44:03Au début, nous étions convoqués à Brest par le juge d'instruction,
44:07et puis les autres suivants.
44:08Après, plus rien du tout.
44:09On a vraiment l'impression que l'enquête a été mise au point mort,
44:13et puis les enquêteurs aussi, je pense, avaient peut-être manqué de motivation.
44:16Il y avait toujours pareil ce côté qu'on ne puisse pas enquêter au niveau de l'armée.
44:21C'est quand même choquant.
44:22Les enquêteurs ne peuvent pas faire leur travail complètement et correctement.
44:26Comment vous avez tenu le choc pendant toutes ces années ?
44:30C'est une question qu'on pose toujours dans l'heure du crime,
44:32lorsque des familles de victimes sont avec nous,
44:34et on les soutient, ces familles de victimes.
44:36C'est très important de parler de vous.
44:38Comment vous avez tenu toutes ces années ?
44:41Comment est-ce qu'on tient ?
44:42Je ne sais pas, parce qu'en fait, on le fait sans y avoir réfléchi.
44:45D'abord, on s'occupe de ceux qui sont encore en vie.
44:48Donc moi, j'essaie de m'occuper le mieux possible de mes neveux et nièces.
44:52Et puis, le fait que l'enquête n'ait pas été abandonnée,
44:55c'est une forme de soutien.
44:56Et puis, on a le soutien de notre conseil.
44:59Il a été extrêmement présent auprès de ma belle-sœur avant qu'elle décède.
45:04Il a été autant un psychologue qu'un avocat.
45:09Jean-Claude Picard, vous y pensez tous les jours ?
45:12Tous les jours à votre frère ?
45:13Vous ne pouvez pas l'ignorer ?
45:14Effectivement, cette vérité, elle vous ronge ?
45:16Cette vérité qui est inaccessible pour l'instant,
45:18vous êtes en train d'essayer encore de la chercher aujourd'hui ?
45:20Moi, je vous tire mon chapeau, vraiment,
45:22parce que là, c'est une épreuve terrifiante.
45:24Vous y pensez tous les jours à votre frère ?
45:26Là, je suis tout près, à 1m50 des photos de mon frère.
45:30Et quand je vais dans mon salon, tous les matins,
45:33j'ouvre les volets roulants et en même temps,
45:35je regarde les photos de mon frère.
45:36Voilà, tous les jours, tous les jours, c'est comme ça.
45:39J'ai gardé les bouteilles de vin qu'il avait achetées
45:41parce que je devais le voir quelques mois,
45:43aller le voir chez lui à Brest,
45:45quelques mois avant son assassinat.
45:48Très bon vin, d'ailleurs, et que j'ai gardé.
45:50Ils sont toujours dans ma cave, que je ne boirai pas, bien sûr,
45:52et qu'ils seront là comme un talisman, comme une relique.

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