A la toute fin du printemps 2002, Mickaël Jouis, 25 ans, était retrouvé mort au pied d'une petite falaise, dans un village du Maine-et-Loire. Un décès sans cause officielle, sans explication médicale, sans trace de coup apparente. Pour les autorités, l'explication était vite trouvée. Une mauvaise chute après une soirée trop arrosée avec la jeunesse locale. Les parents, Marc et Marie-Josèphe devaient se faire une raison, se résoudre à la fatalité d'un non-lieu. Sauf que dans cette affaire, des indices, des déclarations des témoignages ne vont jamais cesser d'émerger.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Pourquoi Mickaël Jouy a-t-il disparu dans la nuit du 15 au 16 juin 2002 ?
00:11Et comment expliquer que son corps soit découvert quelques jours plus tard,
00:14pantalon et caleçon baissés, dans une station d'épuration ?
00:17Ses parents n'ont jamais obtenu de réponse quant à la cause du décès.
00:21Mais pour eux, toutes les pistes n'ont pas été exploitées.
00:25Bonjour, à la toute fin du printemps 2002,
00:29Mickaël Jouy, 25 ans, a été retrouvé mort au pied d'une petite falaise,
00:33dans un village du Manéloir.
00:35Un décès sans cause officielle, sans explication médicale,
00:39sans trace de coup apparente.
00:41Pour les autorités, l'explication a été vite trouvée,
00:44une mauvaise chute après une soirée trop arrosée avec la jeunesse locale.
00:49Les parents, Marc et Marie-Joseph, allaient donc devoir se faire une raison,
00:53se résoudre à la fatalité du non-lieu.
00:55Sauf que dans cette affaire, les curiosités ne manquent pas.
00:59Le corps de Mickaël a ainsi été découvert à demi-dénudé.
01:04Côté témoignage, le trouble est également présent,
01:07comme avec ce jeune homme qui décrit une scène d'accident avant de se reprendre,
01:11et d'affirmer qu'il a eu une vision,
01:13comme avec cette lettre anonyme qui dévoile une nouvelle piste,
01:17ou encore l'ADN qui n'a pas dit son dernier mot.
01:19Malgré tout, la justice reste amarrée à la thèse de l'accident.
01:24Et si le dossier était en train de rebondir ?
01:27Question posée aux invités de l'heure du crime.
01:29Mickaël Jouy, une très étrange chute.
01:32C'est tout de suite sur RTL.
01:39Lundi 17 juin 2002, Marc et Marie-Joseph Jouy
01:43sont à la brigade de gendarmerie de Loret d'Anjou, dans le Maine-et-Loire.
01:47Ils habitent la commune toute proche de La Varenne.
01:50Le couple vient signaler la disparition de leur fils, Mickaël, 25 ans.
01:55Il vit encore chez eux, même s'il doit déménager prochainement à Ancenis.
02:00Il aurait dû rentrer dans la nuit de samedi à dimanche, mais il est introuvable.
02:05Les parents l'ont attendu toute la journée de dimanche.
02:08Personne ne sait où il se trouve.
02:10Mickaël ne s'est pas présenté ce matin à son travail à Ancenis.
02:16La dernière fois que le papa a vu son fils, c'était samedi, à 16h.
02:20A partir de là, plus aucune nouvelle.
02:22Les parents savent seulement que Mickaël a passé la nuit, de samedi à dimanche,
02:27à une fête intervillage qui se déroulait en Bordeloir.
02:34Mickaël Jouy est majeur, mais la disparition est tout de suite considérée comme inquiétante.
02:38Samedi soir, la fête villageoise au lieu dit Chapoint
02:42a rassemblé plus d'une cinquantaine de jeunes, garçons et filles,
02:47se connaissant tous pour la plupart, l'ambiance était joyeuse.
02:50Beaucoup d'alcool, un peu de cannabis, mais aucune bagarre ou incident signalé.
02:55Mickaël Jouy, enfant du pays, cheveux bruns, yeux bleus, fan de foot,
03:00éducateur et joueur dans le petit club de la Varenne était présent.
03:04De peur que la soirée soit un peu trop alcoolisée,
03:08il a laissé sa voiture chez Jérémy, un de ses meilleurs potes.
03:11A une heure du matin, il prenait un verre avec des amis au café du coin, le lion dort.
03:16Il a rejoint la fête. Vers 1h30, il a demandé à Nicolas et Vanessa
03:21s'ils pouvaient le ramener en fin de soirée. Le couple ne l'a plus vu.
03:26Ils sont donc rentrés chez eux.
03:28Entre 2h et 2h30, 6 personnes affirment avoir croisé Mickaël à la fête.
03:33Il avait certes beaucoup bu, comme la plupart des participants,
03:36mais il n'était pas totalement ivre.
03:39Rachel l'a aperçue à 3h précise. Elle est sûre de l'horaire.
03:44Elle a entendu la cloche de l'église du village sonner.
03:47Les recherches, gendarmes, pompiers, plongeurs bénévoles, chien-pisteurs, hélicoptères ne donnent rien.
03:53Mardi 25 juin, 8 jours après le signalement de la disparition,
03:58un corps en état de décomposition très avancé est découvert au lieu dit les Hautes-Sauzets,
04:04le site de la station d'épuration de la Varenne.
04:07La victime repose au pied d'une petite falaise.
04:10Méconnaissable, elle sera identifiée grâce à l'ADN comme étant bien Mickaël Jouy.
04:15Le malheureux agit sur le ventre, le slip et le pantalon abaissés jusqu'aux chevilles.
04:21Détail qui va longtemps être tenu secret.
04:24Selon les gendarmes, le jeune homme rentrait chez lui, à pied, passablement ivre.
04:29Il aurait fait un détour par la station d'épuration.
04:33Il aurait franchi les fils barbelés qui empêchent d'accéder à la falaise.
04:38Sur la butte, on retrouve des objets dispersés, son paquet de cigarettes, des mouchoirs.
04:43Le médecin légiste est bien incapable de déterminer les causes du décès
04:47parce que le cadavre est très abîmé.
04:50Le docteur certifie toutefois que la victime n'a pas reçu de coup.
04:54Mickaël serait mort des suites d'une chute de 10 mètres.
04:57La famille s'étonne que le corps n'ait pas été retrouvé avant.
05:01Selon eux, des bénévoles avaient ratissé le coin, dont l'oncle de la victime.
05:05Un employé d'une société de dératisation avait également passé par ici.
05:10Mais un hélicoptère avait survolé le secteur, mais aucun corps retrouvé.
05:16Les gendarmes privilégient l'accident, une désorientation sous l'effet de l'alcool.
05:2118 novembre 2002, 5 mois après le drame, le parc est danger, classe l'affaire.
05:29Enquête préliminaire classée, car aucune infraction pénale n'est constatée.
05:33C'est ce que déclare alors le procureur d'Angers.
05:35Les parents de Mickaël Jouy et son frère se retrouvent seuls face à leur malheur et sans explication.
05:41Ils ignorent tout ou presque du dossier.
05:44À ce moment-là, il va falloir attendre 4 ans pour qu'ils découvrent
05:47que bon nombre de détails ne leur avaient jamais été communiqués.
05:51On en parle évidemment dans la suite de l'heure du crime.
05:54Bonjour Maître Didier Seban.
05:56Bonjour.
05:57Merci beaucoup d'être aujourd'hui avec nous dans le studio de l'heure du crime.
06:00Vous êtes avocat au barreau de Paris et vous êtes l'un des avocats des parents de Mickaël Jouy.
06:06Alors effectivement, il faut retracer un petit peu le parcours de ce garçon cette nuit-là.
06:10Il y a quand même quelques témoignages, le dossier n'est pas vide sur ce point-là.
06:14Qu'est-ce qu'on sait finalement des dernières heures de Mickaël Jouy ?
06:18Chaque fois qu'on le voit, il y a quelque chose d'assez frappant d'ailleurs dans le dossier,
06:21chaque fois qu'on le voit, il est seul.
06:24Oui, c'est étonnant. Il est dans une fête.
06:28On sait qu'il est sur son territoire.
06:32Il a toujours habité là, il a toujours habité ce coin, il connaît tout le monde.
06:36C'est un enfant du pays.
06:38Ce n'est pas l'étranger ou la personne qui vient par hasard à un endroit.
06:43C'est quelqu'un qui connaît parfaitement ce territoire.
06:46Et on le voit effectivement repartir seul.
06:51C'est un chemin qu'il connaît bien, c'est une route qu'il connaît bien.
06:54Il n'y a pas pour lui la moindre difficulté à faire ses quelques milliers de mètres,
07:01si j'ose dire, qui le séparent du lieu de la fête, de son domicile.
07:05C'est un garçon qui a certes un peu bu, mais pas au point d'être inconscient.
07:11Il n'est pas ivre-mort, c'est ce qu'on dit.
07:13Il titube évidemment, il n'a peut-être pas son équilibre totalement,
07:17mais ce n'est pas une ivresse profonde.
07:201,5 g d'alcool dans le sang, c'est un taux d'alcoolémie qui fait qu'on n'est pas inconscient,
07:26qu'on est encore dans une situation de comprendre ce qui se passe.
07:31C'est une route qu'il connaît par cœur.
07:34Voilà ce qu'on sait, il a fait la fête, ça s'est bien passé.
07:37Il n'y a pas eu de bagarres à l'occasion de cette fête,
07:39il n'y a pas eu de disputes, d'événements qui auraient entraîné ces bagarres de fin de balle,
07:45qu'on connaît bien.
07:47Je dirais, il repart.
07:49Ces amis-là auraient pu avoir la gentillesse de le ramener,
07:53ils ont décidé de ne pas le ramener.
07:55Je crois que c'est ce qu'on peut dire de ce moment-là.
07:59C'est un retour de fête normal pour quelqu'un qui a un peu bu sur une route qu'il connaît parfaitement.
08:04Et c'est ça qui est effrayant, parce que tout est normal finalement, cette soirée.
08:07Il n'y a pas d'incidents à signaler.
08:10Ce garçon, il a bu, mais comme tout le monde.
08:12Bref, on n'a pas d'accroche directe.
08:15Bonjour Maître Marine Alali.
08:16Bonjour.
08:17Merci beaucoup également, avocate, vous aussi au Barreau de Paris,
08:20et avocate des parents de Michael Jouy, avec Maître Didier Seban.
08:25Tout de suite, lorsqu'on va découvrir ce corps, il y a des problèmes,
08:29parce qu'effectivement on retrouve tardivement ce corps,
08:32et la décomposition du cadavre est extrême au point qu'on ne sait pas ce qui s'est passé.
08:37Ça c'est vraiment problématique dès le début.
08:40C'est ça, on n'arrive pas à déterminer les causes de la mort par la première autopsie,
08:44et sans cause de la mort, en tout cas les enquêteurs ont souhaité se diriger vers un accident,
08:49plutôt que la thèse d'un meurtre, même si précisément on n'avait pas les causes de ce décès,
08:54et du coup on aurait pu aussi très bien imaginer qu'on était plutôt sur un meurtre qu'un accident.
08:59En tout cas, rien ne permet d'avantager la thèse de l'accident dans cette autopsie.
09:03Et pourtant cette thèse de l'accident, elle est au centre du décor,
09:06les gendarmes vont s'y accrocher à cette thèse.
09:10Ils s'y accrochent, c'est leur première idée,
09:12et tous les actes d'investigation par la suite vont tendre à valider cette idée,
09:15plutôt qu'à rechercher une autre théorie, ou un autre scénario,
09:19alors qu'ils découvrent aussi de nombreux éléments qui peuvent tendre vers une toute autre thèse,
09:26notamment, qu'est-ce que Michael faisait là ?
09:28Et cette question-là, il n'y a aucune réponse à ce stade.
09:30Il y a un petit peu d'effet tunnel dès le début,
09:32c'est-à-dire effet tunnel, je le précise pour les gens qui ne savent pas,
09:35c'est en gros on se fixe sur une idée, et on n'en sort pas, on ne regarde pas sur les côtés ce qui peut se passer.
09:40Je pense que c'était la thèse qui a arrangé tout le monde,
09:42parce qu'évidemment un accident ça demande beaucoup moins d'investigation,
09:45beaucoup moins de recherche, surtout quand on n'a pas un coupable retrouvé immédiatement,
09:50donc on se dirige vers l'accident, et surtout on n'a rien à faire,
09:52et ça c'est typique des dossiers comme ça qui partent mal,
09:55où au final pour faire accepter la thèse d'un meurtre, c'est long, compliqué,
10:00et en tout cas les enquêteurs ne font aucun acte d'investigation pendant des années,
10:04qui se dirigent pour essayer de trouver un coupable.
10:07Bonjour Marc Jouy.
10:09Oui, bonjour.
10:10Merci beaucoup d'être avec nous dans cette heure du crime,
10:13où l'on parle évidemment de votre fils Michael Jouy.
10:18Marc Jouy, question, comment est-ce que vous avez appris à l'époque la découverte du corps,
10:23parce que ça faisait un petit moment que vous le cherchiez votre fils ?
10:26C'est le maire et puis le médecin de la commune qui sont venus nous trouver,
10:32nous étions à la maison avec mon épouse,
10:36ils sont venus nous trouver, quand on les a vus, on a compris ce que vous venez de nous dire.
10:41En fait c'était ça, ils nous ont dit que le corps avait été retrouvé dans l'enceinte de la station d'épuration,
10:46puis qu'il était emmené à l'IML pour autopsie et tout ça.
10:51Bien sûr, c'est une surprise pour vous que le corps de votre fils se retrouve à cet endroit ?
10:58Se retrouver au milieu de la station d'épuration, c'est quand même étonnant,
11:02écarté à 300 mètres de la route où il rentrait, c'est quand même surprenant.
11:07Il fallait reculer quand même du bord de la route,
11:10il y avait un renfoncement au fond d'une petite vallée,
11:13il faut s'écarter de la route à peu près 300 mètres.
11:16Comment ça se passe ? On vient d'en parler avec Maître Didier Seban et Maître Marina Lally, vos avocats,
11:22comment ça se passe pour vous le début de cette enquête ?
11:25J'ai eu une enquête d'ouverte, on a auditionné tous les jeunes qui étaient à la fête,
11:30on nous a auditionné nous aussi,
11:32mais tout le monde pensait à la thèse d'un accident,
11:37qu'il aurait essayé de grimper la falaise au pied de laquelle il s'est trouvé,
11:43mais on ne peut pas trop y croire.
11:46Cinq mois après Marc Jouy, le parc est danger classe l'affaire.
11:50Pour vous ça ne passe pas très bien cette histoire ?
11:53Ah non, quand on nous a donné la conclusion, on nous a dit crime, suicide, accident.
11:59Point d'interrogation, prenez ce que vous voulez.
12:03Quatre ans plus tard, les parents vont faire rouvrir le dossier.
12:07Mickaël Jouy, une très étrange chute,
12:10qu'on ne nous ait pas dit que notre fils était dénudé, ça nous reste à travers de la gorge.
12:14Si nous l'avions su, on aurait porté plainte avant l'enquête de l'or du crime.
12:18On se retrouve dans un instant sur RTL.
12:29Ce soir, Jouy-Alphonse Richard sur RTL.
12:32L'or du crime.
12:34Au programme aujourd'hui de l'or du crime, l'affaire Mickaël Jouy.
12:37Un jeune homme de 25 ans retrouvé sans vie en juin 2002 dans une commune du Maine-et-Loire.
12:42Une chute accidentelle après une soirée trop arrosée.
12:45Selon la justice, quatre ans plus tard, la famille pense à un meurtre.
12:51Vendredi 17 février 2006, une information judiciaire pour homicide volontaire est ouverte
12:56par le procureur d'Angers dans le dossier Mickaël Jouy.
12:59Un an auparavant, ses parents ont déposé plainte.
13:02Avec constitution de partie civile, Marc et Marie-Joseph Jouy,
13:06reçus par la juge d'instruction, s'étonnent de ne pas avoir été informés
13:11que leur fils était partiellement dénudé.
13:14Pourquoi ne nous l'entend pas dit, ça nous reste à travers de la gorge.
13:20Si nous l'avions su, on aurait porté plainte avant, déclare Marc Jouy.
13:25Lui et sa femme ne croient pas à l'explication
13:28selon laquelle Mickaël se serait déshabillé de cette façon
13:32dans le seul but d'assouvir un besoin naturel.
13:34Détail troublant, Mickaël portait son pantalon à l'envers
13:38comme s'il avait été retiré et remis.
13:41Ses chaussures, elles, étaient encore parfaitement lassées.
13:45Marc et Marie-Joseph Jouy ne comprennent également pas
13:49pourquoi leur fils, qui connaît par cœur la route jusqu'à la maison,
13:52s'est aventuré dans ce chemin qui surplombe le talus.
13:56La juge Laetitia Guerini, qui a repris le dossier,
13:59va ordonner diverses vérifications.
14:01Les recherches d'empreintes digitales sont négatives.
14:04Les prélèvements ADN sur les objets retrouvés autour du corps
14:07sont déclarés inexploitables.
14:09Les enquêteurs reconstituent le chemin emprunté par Mickaël Jouy.
14:13Au soir de sa mort, il a quitté le lieu de la fête.
14:16Autour de 3h du matin, pour les gendarmes,
14:19la bifurcation soudaine de la victime en direction de la station d'épuration
14:24a une explication toute simple.
14:26Il aurait voulu prendre un raccourci.
14:30Lundi 2 juin 2008, le parc et danger estime qu'aucun élément de l'enquête
14:34ne permet de prouver l'implication d'un tiers dans le décès de Mickaël Jouy.
14:38Les parents protestent, la justice temporise.
14:41Un an plus tard, la juge d'instruction organise un transport
14:45sur le lieu de découvert du corps.
14:47Une espèce de reconstitution est organisée.
14:51Les avocats de la famille Jouy font remarquer qu'il aurait été difficile
14:55pour Mickaël, présenté comme ivre, d'enjamber une clôture de barbelé.
15:00Aurait-il été projeté dans le vide, inconscient, mort ou vivant
15:05par une autre personne, le médecin légiste ?
15:08Jean-Georges Anagnostides est saisi par la justice.
15:12Il va examiner l'affaire uniquement sur consultation du dossier médical.
15:18Il note une absence de coup.
15:20Il exclut donc l'hypothèse criminelle.
15:22Pas de contre-expertise.
15:24Jeudi 29 avril 2010, un jeune homme de La Varenne est entendu par les gendarmes.
15:29Les parents de Mickaël ont insisté pour que ce garçon soit interrogé.
15:33Il était à la fête le soir fatal.
15:35Après la découverte du corps, il a évoqué devant des amis
15:39une lésion au cervical de type coup de lapin.
15:43Aucun journal n'a rapporté cette information.
15:46Seul un médecin légiste a envisagé cette possibilité lors des constatations médico-légales.
15:52Le jeune homme a aussi évoqué l'hypothèse d'un accident, voire d'un meurtre,
15:57dont il serait l'auteur.
15:59Une habitante de La Varenne assure qu'une voiture accidentée
16:02était garée devant la ferme familiale du fameux témoin
16:06lors de la disparition de Mickaël Jouy.
16:08Le dernier aurait-il été percuté par un véhicule,
16:11puis jeté de la falaise pour faire croire à une chute ?
16:14La famille demande que des recherches soient entreprises sur ce véhicule.
16:17Elle n'obtient pas gain de cause, les faits étant considérés comme trop anciens,
16:22interrogés par les gendarmes.
16:24Le jeune homme dément être impliqué dans cette histoire.
16:27Il dit avoir simplement répété ce qu'il entendait,
16:30à droite, à gauche, dans le village.
16:34Des parents, Marc et Marie-Joseph Jouy,
16:36qui poursuivent leur quête inlassable de la vérité.
16:39Ils ont empêché longtemps que le dossier se referme.
16:42Ils obtiennent des vérifications, même si la justice en reste à l'hypothèse de la chute criminelle.
16:48Rien ne l'atteste certes, mais rien ne vient prouver le contraire.
16:52Maître Didier Seban, vous êtes avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
16:56Encore merci d'être venu ici avec Maître Marine Alali.
16:59Tous les deux vous défendez les parents de Mickaël Jouy.
17:02Maître Didier Seban, on va le voir,
17:05il y a beaucoup de détails curieux qui apparaissent au fil des investigations.
17:10Détails qui, souvent d'ailleurs, ont été cachés.
17:12Il y en a un qui est très étonnant, c'est le fait que Mickaël Jouy soit dénudé.
17:17Qu'on le retrouve dénudé, mais de curieuse façon.
17:20Est-ce que vous pouvez nous expliquer ça ?
17:22Oui, là vraiment, on ne comprend pas la scène.
17:24On essaie toujours, quand on trouve une scène de crime,
17:27ou une scène où on découvre un corps,
17:29d'essayer de donner une explication, de se revisualiser les choses,
17:35puisque c'est le point de départ de toute enquête criminelle.
17:38Et là, on le retrouve en bas de cette station d'épuration,
17:42où il fallait escalader une clôture,
17:44ou un monticule pour descendre,
17:47avec le pantalon baissé.
17:50C'est une première chose.
17:52On pourrait dire qu'il a pu baisser son pantalon pour uriner.
17:57Mais là, il est baissé d'une curieuse manière.
18:00C'est-à-dire qu'il est baissé et la braguette est sur les fesses.
18:04A l'envers ?
18:05A l'envers.
18:06C'est évidemment quelque chose de...
18:09Ça voudrait dire qu'il aurait enlevé ses chaussures.
18:13Or, ses chaussures sont parfaitement lacées.
18:15Donc, il aurait enlevé ses chaussures,
18:17enlevé son pantalon, remis son pantalon à l'envers.
18:21Caleçon également.
18:24Et puis qu'il aurait renoué ses chaussures ensuite.
18:28Là, il y a quelque chose d'absolument incompréhensible dans la scène.
18:32Vous êtes un peu saoul, un peu perdu.
18:35Vous avez besoin d'uriner.
18:37Mieux, vous baissez votre pantalon.
18:38Mais vous ne le baissez pas à l'envers.
18:39Vous ne l'enlevez pas.
18:40Et qui plus est, cette histoire des chaussures est très troublante.
18:43Parce que s'il est ivre, comme on l'a dit,
18:45il ne va pas refaire méticuleusement les lacets de ses chaussures.
18:49Exactement.
18:50Rien que cette scène, pour nous, ça dit une bizarreté de la situation
18:55qui ne correspond pas à l'idée d'un simple accident,
18:59de quelqu'un qui aurait un accident cardiaque
19:01ou quelque chose parce qu'il aurait trop bu.
19:03C'est un jeune homme.
19:05Un jeune homme de 25 ans.
19:06On ne parle pas d'un vieillard ou de quelqu'un qui aurait des problèmes de santé.
19:10Un autre point troublant avec vous, Maître Marine Alali.
19:13Dans cette histoire, c'est...
19:15Alors ça aussi, c'est quand même très étonnant.
19:16Il n'y a pas d'ADN.
19:17Il n'y a pas d'empreintes.
19:18On ne retrouve rien.
19:19On ne retrouve rien, mais on ne cherche pas beaucoup non plus cet ADN
19:22parce qu'on teste...
19:23Je crois que le caleçon au niveau des vêtements,
19:25mais le pantalon, par exemple, n'est pas fait.
19:27Les chaussures ne sont pas faites.
19:28Et maintenant qu'elles sont détruites, du coup,
19:30on est dans la possibilité pour toujours de pouvoir le faire.
19:32Donc, il n'y a pas de prélèvements qui ont été faits au moment de l'enquête.
19:36Donc, de toute manière, si on ne le cherche pas, cet ADN, on ne le trouve pas.
19:40Et tout à l'heure, vous avez dit qu'il n'avait pas de coût identifié.
19:43C'est ce que dit le légiste.
19:44C'est pas moi qui le dis.
19:45Oui, bien sûr.
19:46Le légiste, en fait, ce qu'il dit, c'est quand même considérablement annuancé.
19:49C'est que du fait de la dégradation du corps, on ne voit pas de coût apparent.
19:52Par exemple, s'il avait un œil au beurre noir...
19:54Des hématomes.
19:55Voilà, des hématomes sur tout le corps,
19:57au vu de la dégradation du corps, on ne les aurait pas vus.
19:59Donc, lui, ce qu'il constate, c'est par exemple qu'il n'y ait pas de fracture
20:01ou quelque chose comme ça qu'il aurait quand même vu longtemps après le décès.
20:04Mais, en fait, on ne peut pas exclure de coût qui n'est pas atteint de sulette, par exemple.
20:08Ou peut-être d'hémorragie majeure.
20:10Donc, en fait, en gros, il conclut qu'il ne sait pas.
20:13Mais on ne peut pas en conclure avec son expertise qu'il n'y a pas eu de coût.
20:17On ne va pas s'attarder sur l'autre expertise qui est sur dossier.
20:20Je pense que ça ne vaut tout simplement rien, les expertises sur dossier.
20:23Oui, c'est un gros problème.
20:24C'est vrai qu'on a énormément de dossiers.
20:26Il y a un expert qui est très célèbre, d'ailleurs, qui est convoqué pour venir examiner le dossier.
20:31Très souvent, le premier légiste voit le corps.
20:33Et ensuite, les autres travaillent sur dossier.
20:34Je n'ai jamais trop compris comment un dossier pouvait suffire
20:36si on part de l'hypothèse que le premier a raté quelque chose.
20:39Je ne comprends pas non plus.
20:41Une des choses qu'on pense faire avec les parents dans ce dossier,
20:45c'est une exhumation du corps pour reprendre à zéro.
20:47Sachant que les exhumations récentes dans nombre de nos dossiers
20:51ont trouvé énormément de réponses qu'on n'avait pas à l'époque.
20:53Ça, c'est une demande que vous faites, les avocats.
20:55Une exhumation du corps, c'est important.
20:57Parce qu'effectivement, ça peut apporter beaucoup de réponses à des mystères.
21:01Marc Jouy, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
21:04Vous êtes le papa de Mickaël Jouy.
21:06Je vous remercie encore d'être avec nous.
21:08Marine Alaly vient de le dire.
21:10Les scellés ont été détruits.
21:12Ils ont été détruits en cours d'instruction.
21:14C'est-à-dire qu'on se demande ce qui s'est passé.
21:16Là aussi, c'est une ineptie.
21:18Il faut répéter, ne détruisez pas les scellés.
21:20Ne détruisez pas les scellés, c'est très important.
21:22Et là, ça a été un coup très dur pour vous, je pense.
21:25On a été écœurés.
21:27On a dit, ce n'est pas possible.
21:28Une honte.
21:29C'est honteux de la part d'un parquet
21:31de détruire des scellés sans prévenir personne,
21:33sans rien dire.
21:35Alors qu'il y aurait peut-être eu des traces d'ADN
21:37ou quelque chose à récupérer dessus.
21:39Je ne sais pas.
21:41Vous avez le sentiment qu'on ne veut pas aller plus loin ?
21:43Ou peut-être trop loin ?
21:45On s'est posé des questions pendant deux ans.
21:49Et après, on a pris un avocat.
21:51Peut-être une erreur de notre part.
21:53On aurait dû prendre un avocat dès le départ.
21:55Notre autre fils voulait qu'on prenne un avocat dès le départ.
21:58Mais nous, on ne voulait pas.
22:00On a fait confiance à la justice,
22:01alors qu'on n'aurait jamais dû.
22:03Onze ans après le non-lieu,
22:05une plainte pour assassinat.
22:07Mickaël Jouy, une très étrange chute.
22:09Les photos du corps montrent l'existence d'actes
22:11à la limite de la barbarie et de la torture.
22:13L'enquête de l'heure du crime.
22:15Que contient la longue liste d'anomalies
22:17transmises à la justice ?
22:19Et où sont passées les dents de la victime ?
22:2214h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
22:27L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
22:32Quand on a des doutes, on ne peut pas faire son deuil.
22:35On sait que Mickaël est parti.
22:38Mais si on pouvait savoir ce qui s'est passé,
22:40ça pourrait nous apaiser un peu.
22:42L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Mickaël Jouy.
22:45En juin 2002, le corps de ce jeune homme,
22:4725 ans, est retrouvé au pied d'une falaise
22:49dans le Maine-et-Loire.
22:51La justice évoque une chute accidentelle.
22:53Dossier deux fois refermé,
22:5519 ans après le drame,
22:57la famille redépose plainte.
23:01Lundi 8 mars 2021,
23:03les avocats des parents de Mickaël Jouy
23:05demandent au procureur général d'Angers
23:07la réouverture de l'affaire.
23:09Ils annoncent le dépôt d'une nouvelle plainte
23:11pour assassinat et séquestration.
23:13Dans un mémoire,
23:15l'avocat de l'époque, Phil Billot,
23:17décrit que les photos du corps de la victime
23:19laissent malheureusement apparaître
23:21l'existence d'actes
23:23à la limite de la barbarie
23:25et de la torture.
23:27Selon lui, les clichés révèlent avec certitude
23:29l'impossibilité d'un décès
23:31d'origine accidentelle.
23:33La famille a établi une longue liste
23:35d'anomalies et de faits obscurs.
23:37Elle revient par exemple
23:39sur le fait que le caleçon et le pantalon
23:41de leur fils étaient à l'envers.
23:43Plus surprenant encore,
23:45l'essence de huit dents dans la bouche
23:47de la victime, la dentition de Michael,
23:49était pourtant complète à la veille de sa mort.
23:51Son dentiste confirme
23:53les dents manquantes n'ont
23:55jamais été retrouvées.
23:57Nous avons appris des choses troublantes
23:59depuis que nous avons eu accès au dossier.
24:01Des choses qui n'avaient jamais été
24:03dites au moment des faits,
24:05comme cette histoire de dents.
24:07On ne casse pas toutes ces dents en glissant,
24:09indique Marie-Josephe Jouy.
24:11Pour les avocats, les huit dents pourraient avoir
24:13été brisées lors d'un choc violent au visage
24:15ou un coup porté à la mâchoire.
24:17En aucun cas, la chute n'explique
24:19leur disparition.
24:21Jeudi 18 mars, seulement
24:23dix jours après avoir informé la justice
24:25de ces anomalies, le procureur général
24:27de la cour d'appel d'Angers informe
24:29les parents de Michael Jouy que l'enquête
24:31ne sera pas rouverte, selon le magistrat.
24:33Les éléments transmis
24:35par la famille ne constituent
24:37pas des charges nouvelles.
24:39Le procureur général n'a pris
24:41que quelques jours pour nous répondre.
24:43C'est à se demander s'il a lu
24:45nos observations, qui sont
24:47pourtant le fruit d'un travail de plusieurs mois
24:49à déplore Marc et Marie-Josephe Jouy
24:51dans le journal Aujourd'hui en France.
24:53Il conclut, c'est comme si
24:55la justice nous interdisait
24:57de savoir la vérité.
24:59Et dans cette heure du crime, on retrouve
25:01l'un de nos invités, c'est Marc Jouy,
25:03le papa de Michael Jouy, il est avec nous dans cette
25:05heure du crime. Il y a cette histoire
25:07que vous découvrez un petit peu sur le tard,
25:09c'est cette histoire de dents
25:11manquantes. Alors ça, c'est
25:13très troublant et c'est très étonnant Marc Jouy.
25:15Oui. Ces dents-là,
25:17on ne sait pas où il les a perdues.
25:19Et une dent sur deux.
25:21Si il avait
25:23fait une chute sur un caillou,
25:25ou quelque chose comme ça, il serait cassé les dents de devant
25:27encore toutes. Mais là,
25:29une dent sur deux, aussi bien sur les côtés
25:31ou même arrachées, il ne restait
25:33plus rien du tout. Et qu'est-ce que
25:35vous dites quand vous avez
25:37cette information ?
25:39Soit il a pris des coups,
25:41ou on lui a arraché les dents.
25:43C'est quand même bizarre, il ne manque pas une dent sur deux
25:45comme ça, sur un corps quand même.
25:47Maître Marine Nallaly,
25:49vous êtes avec nous dans l'heure du crime, avocate,
25:51l'une des avocates des parents de Michael Jouy.
25:53Alors il y a cette
25:55liste d'anomalies que transmet la famille,
25:57il faut saluer la famille d'ailleurs qui a
25:59essayé de tenir ce dossier vivant autant qu'elle
26:01le pouvait. Ces anomalies,
26:03elles sont toujours d'actualité aujourd'hui finalement.
26:05Oui, on n'a toujours aucune réponse à toutes ces questions.
26:07À propos des dents par exemple,
26:09on ne sait pas pourquoi elles seraient tombées.
26:11Si des coups sont
26:13compatibles avec ce qu'on constate, toutes ces
26:15questions restent totalement ouvertes et n'ont jamais
26:17été posées à un médecin par exemple dans le dossier.
26:19Donc la famille a beaucoup
26:21de questions, elle n'a pas de réponse
26:23et forcément, en l'absence de réponse,
26:25il y a beaucoup d'imagination qui intervient.
26:27Et ça les ronge
26:29de l'intérieur. Et comme vous avez pu
26:31l'entendre, ces deux parents qui ne font absolument pas leur
26:33deuil et qui vivent pour ça, qui essaient
26:35de maintenir le dossier ouvert,
26:37et qui essaient encore
26:39et essaieront je pense jusqu'à la fin de leur jour
26:41s'ils n'ont pas les réponses. Oui, on a ce sentiment.
26:43Et on les salue d'ailleurs, la famille
26:45de Michael Jouy parce qu'ils ont beaucoup
26:47de courage. Marc Jouy est avec nous
26:49et il sait combien c'est dur d'aller
26:51au bout et de se battre finalement
26:53contre des moulins judiciaires.
26:55Didier Seman, il y a quelque chose
26:57qui illustre mon propos,
26:59c'est qu'on referme
27:01tout de suite le dossier.
27:03C'est-à-dire qu'il y a des demandes qui sont faites
27:05mais des demandes qui sont légitimes
27:07sur les dents, sur, vous l'avez dit,
27:09le pantalon retourné avec le caleçon.
27:11Ce qui est totalement hallucinant.
27:13On n'enquête pas là-dessus.
27:15Oui, il y a aussi des bizarretés.
27:17Il y a un hélicoptère qui est passé juste après la
27:19disparition sur toute la zone
27:21et qui n'a rien vu, qui n'a pas vu le corps
27:23de Michael.
27:25Des témoins qui seraient
27:27passés sur zone qui n'auraient rien vu.
27:29Donc il y a une bizarreté,
27:31une addition de choses
27:33anormales, de choses qui
27:35ne paraissent pas correspondre
27:37à un accident
27:39et on a l'impression que la justice ne veut pas avoir
27:41tort. C'est-à-dire qu'on est sur
27:43l'idée, on a dit non,
27:45on n'a fait pas grand-chose. Je dois dire
27:47qu'on n'a pas interrogé le voisinage,
27:49on n'a pas interrogé les maisons d'à côté, le village
27:51où il a dû passer, on n'a pas interrogé
27:53les gens d'une autre fête
27:55qui était organisée à proximité.
27:57On n'a pas fait grand-chose
27:59mais on s'est fait une conviction
28:01puisqu'on ne trouvait rien que le légiste ne pouvait
28:03pas dire si c'était un accident ou autre chose
28:05et bien on n'irait pas chercher.
28:07Et on ne veut pas avoir tort et on va s'enfermer
28:09dans ce déni jusqu'au bout.
28:11Ce qui nous a mis dans une
28:13colère vraiment
28:15très forte, c'est
28:17cette absence de réponse et ce silence
28:19depuis que nous sommes dans le dossier, depuis
28:212023, nous depuis récemment,
28:23et bien c'était silence
28:25à Angers et silence sur la mort
28:27de Mickaël. Un petit mot, parce que je n'ai rien vu dans
28:29le dossier là-dessus, c'est la téléphonie.
28:31On est dans un village, il y a une
28:33cinquantaine de personnes qui sont à cette fête,
28:35c'est assez facile finalement, aujourd'hui, avec les moyens
28:37techniques, de savoir
28:39où étaient ces personnes,
28:41comment se sont baladées les téléphones.
28:43A ma connaissance, on n'a pas relevé les bornes,
28:45il n'y a aucun élément sur la téléphonie
28:47qui a été réalisé. C'est étonnant ça,
28:49ça c'est des demandes qui doivent aller faire.
28:51Aujourd'hui, dans toute enquête criminelle, c'est classique.
28:53Et ça c'est très très surprenant.
28:55Quatre ans après la dernière clôture
28:57du dossier, une mystérieuse lettre
28:59anonyme.
29:01Mickaël Jouy, une très étrange chute,
29:03il y avait une autre
29:05fête ce soir-là, aucun
29:07participant n'a été interrogé.
29:09L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve
29:11dans un instant sur RTL.
29:23Retour, aujourd'hui dans l'heure du crime,
29:25sur la mort inexpliquée de Mickaël Jouy, 25 ans
29:27au printemps 2002, dans le Manéloir,
29:29une chute accidentelle de 10 mètres
29:31selon la justice. Dossier classé,
29:33rebondissement 23 ans
29:35après le drame avec l'apparition
29:37d'un étrange courrier.
29:39Vendredi 4 avril 2025,
29:41le journal Le Courrier de l'Ouest
29:43révèle que l'enquête
29:45sur la mort de Mickaël Jouy est rouverte.
29:47Le Parc et Danger confirme.
29:49Ce coup de théâtre tient à une lettre anonyme.
29:51Reçue en janvier 2023
29:53par Marc et Marie-Joseph Jouy
29:55et remise aux enquêteurs.
29:57La lettre avait été déposée
29:59par un inconnu dans leur propre boîte
30:01aux lettres. Le message donne
30:03des informations sur la nuit de la
30:05fête du 15 au 16 juin 2002
30:07à l'issue de laquelle Mickaël
30:09a été retrouvé mort. Le corbeau
30:11décrit une bagarre à laquelle le jeune
30:13homme se serait retrouvé mêlé.
30:15C'est là qu'il aurait reçu des coups
30:17le laissant inconscient.
30:19L'un des avocats
30:21de la famille Jouy, Maître Didier
30:23Seban, estime que toute cette enquête
30:25a été bâclée car les investigations
30:27sont restées centrées sur la seule hypothèse
30:29de l'accident. Deux enquêteurs
30:31privés missionnés par la famille
30:33dont un ancien policier de
30:35l'OCRVP, service qui traite
30:37de nombreux colquets, ont mené
30:39leurs propres recherches. En compagnie
30:41de Marc Jouy, l'ancien policier a refait
30:43le chemin emprunté par Mickaël
30:45la nuit fatale. La station
30:47a été visitée. L'enquêteur
30:49s'interroge sur un tel parcours
30:51qui, même en état d'ébriété, n'a aucun
30:53sens. Le fait que la victime soit
30:55à moitié déshabillée est aussi un mystère.
30:57Comment le jeune homme aurait-il
30:59enjambé des barbelés, pantalons
31:01et slips baissés jusqu'aux chevilles ?
31:03Maître Didier Seban mentionne encore
31:05un détail curieux. Une deuxième fête
31:07se tenait cette nuit-là à la
31:09Varennes. Aucun des participants
31:11n'aurait toutefois été interrogé
31:13par les enquêteurs.
31:15Et dans cette heure du crime, on retrouve
31:17le papa de Mickaël Jouy,
31:19Marc Jouy. Question très simple
31:21pour vous, Marc Jouy, qui cherchait la
31:23vérité depuis toutes ces années.
31:25Vous recevez cette lettre
31:27anonyme. Qu'est-ce qu'elle raconte cette lettre
31:29pour que le parquet finalement
31:31d'Angers décide de s'y intéresser ?
31:33C'est une
31:35personne qui raconte
31:37que quelqu'un
31:39avait dit devant elle que
31:41ils étaient
31:43trois jeunes et qu'ils avaient croisé
31:45quelqu'un sur le bord de la route
31:47qui semblait être étubé
31:49et il avait castagné,
31:51il avait battu pratiquement à mort.
31:53Maître Didier Seban, vous êtes avec nous
31:55dans l'heure du crime, avocat,
31:57l'un des avocats des parents de
31:59Mickaël Jouy. On entend ce que dit
32:01votre client, Marc Jouy.
32:03Le scénario d'une bagarre, oui, pourquoi pas ?
32:05Mais il n'y a que cette lettre anonyme,
32:07il n'y a que ce corbeau qui dit ça. Il n'y a pas
32:09de témoin d'une autre bagarre.
32:11Oui, mes clients avaient
32:13toujours des doutes sur une personne
32:15qui réside non loin et qui se montre
32:17assez violente dans l'affaire.
32:19Ils avaient demandé à ce qu'on s'intéresse
32:21à ce profil.
32:23Evidemment, ce qui s'est passé
32:25entre la fête et
32:27le lieu où est retrouvé Mickaël Jouy,
32:29aujourd'hui, il n'y a pas
32:31de témoin. Il y en a sûrement eu,
32:33on n'a pas interrogé le voisinage, on n'a pas
32:35interrogé des gens qui seraient passés sur cette route,
32:37mais il n'y a
32:39aucun témoignage sur ce
32:41qui sépare, et il y a pourtant
32:43du parcours,
32:45du temps, il faut 54 minutes
32:47je crois, de mémoire pour aller à pied
32:49de la fête au domicile de Mickaël Jouy.
32:51On est pratiquement
32:53à mi-chemin, donc
32:55il y a sûrement quelqu'un
32:57qui a vu quelque chose.
32:59D'où l'intérêt de ce témoignage anonyme
33:01et puis des recherches qui doivent
33:03pouvoir être faites sur
33:05les témoins, tout simplement,
33:07à la fois à la fête, on nous parle d'une bagarre
33:09où on n'avait aucun élément de ce type,
33:11à l'autre fête qui
33:13se tenait dans le même mouvement,
33:15il y a des choses qui bougent à ce moment-là
33:17autour de
33:19Mickaël, et on a l'impression
33:21qu'il est comme seul, comme vous le disiez.
33:23C'est ça qui est quand même très étonnant.
33:25Marc Jouy, encore une question
33:27pour vous. Vous avez refait
33:29le trajet, vous l'avez fait tout seul,
33:31je pense que vous l'avez fait des dizaines de fois, ce trajet,
33:33pour savoir ce qui avait pu arriver à votre garçon,
33:35vous l'avez refait avec un ancien
33:37policier de l'OCRVP,
33:39ça ne cadre pas avec
33:41un homme comme ça qui veut prendre en raccourci ?
33:43Il ne comprend pas
33:45comment le corps s'est retrouvé à cet endroit-là,
33:47il se pose bien des questions,
33:49il dit ce qu'il trouve bizarre aussi,
33:51il y avait un mariage à côté
33:53d'où le groupe de jeunes était à faire la fête,
33:55dans les heures
33:57où notre fils est sorti de la fête,
33:59il aurait pu croiser les gens du mariage,
34:01mais personne n'a été entendu.
34:03Maître Marine Alali, vous confirmez,
34:05il y a cette fête, vous avez soulevé
34:07ce point avec Maître Didier Seban,
34:09vous défendez tous les deux les parents de
34:11Mickaël Jouy, ça n'a pas été vérifié
34:13cette histoire, cette fête sur un golf ?
34:15Oui, c'était un
34:17mariage tout simplement, on a plutôt
34:19une liste d'invités déterminée,
34:21qu'on peut interroger, et un d'eux
34:23a pu, ou plusieurs par exemple,
34:25quitter la fête à un horaire qui correspondrait
34:27à la disparition de Mickaël, ou des choses comme ça,
34:29et tout ça n'a jamais été fait. Ils n'ont pas été
34:31interrogés, du coup on ne peut pas mettre en évidence
34:33peut-être des incohérences, ou un témoignage
34:35intéressant qui montrerait que quelqu'un a pu
34:37passer par là au moment où
34:39il arrive malheur à Mickaël.
34:41Encore une fois, c'est une piste plutôt simple
34:43que les enquêteurs voudraient rapidement voir,
34:45et toutes ces personnes auraient dû être
34:47interrogées. Question que je pose à tous les deux,
34:49Maître Seban et Maître Alali,
34:51pourquoi on ne vérifie pas ?
34:53C'est des choses très élémentaires,
34:55ce n'est pas très coûteux en plus, on n'est pas dans des
34:57expertises qui vont
34:59coûter des millions d'euros.
35:01On part sur une hypothèse,
35:03on part sur une hypothèse,
35:05il n'y a pas de meurtre, ça s'est
35:07passé, c'est un accident, il avait
35:09bu. Trop souvent, les
35:11sorties de ces fêtes où les
35:13jeunes boivent, s'alcoolisent
35:15ou se droguent, et bien il y a des
35:17meurtres qui sont commis, et on ne fait aucune
35:19recherche. On considère,
35:21nous on a beaucoup d'affaires de ce type,
35:23où on considère qu'à priori,
35:25puisqu'ils ont bu, puisqu'ils sont
35:27drogués, d'une certaine manière, ce qui leur
35:29arrive, c'est la suite logique.
35:31C'est la fatalité.
35:33Pour Mickaël, il n'a jamais été question
35:35de drogue, il est question d'un peu d'alcool,
35:37mais ce n'est pas pour ça
35:39qu'il méritait de mourir ce soir-là.
35:41La porte du procureur
35:43est à nouveau entre-ouverte.
35:45Mickaël Jouy, une très
35:47étrange chute. Quand on perd un enfant,
35:49ça ne s'arrête jamais.
35:51L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
35:57L'heure du crime.
35:59L'heure du crime, présentée
36:01par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
36:03Dans l'heure du crime,
36:05aujourd'hui, la mort inexpliquée de Mickaël Jouy
36:07dans un village du Maine-et-Loire.
36:09En 2002, chute accidentelle
36:11ou homicide ? Dossier trois fois
36:13fermé par la justice, 23
36:15ans plus tard, le procureur veut
36:17voir la famille.
36:19Jeudi 4 juin 2025,
36:21à 14h, le procureur d'Angers donne
36:23rendez-vous à Marc et Marie-Joseph Jouy
36:25et à leurs avocats.
36:27Didier Seban, Marine Alali, pour évoquer
36:29les avancées du dossier.
36:31Maître Seban, qui indique avoir adressé
36:33aux magistrats de nombreuses demandes d'entretien
36:35depuis deux ans, estime qu'après
36:37le silence perpétuel, une porte
36:39vient de s'ouvrir.
36:41Marc et Marie-Joseph Jouy
36:43gardent encore l'espoir de connaître un jour
36:45la vérité. Quand on perd un enfant,
36:47ça ne s'arrête jamais. Tant qu'on
36:49ne saura pas, cette histoire
36:51ne sera pas terminée, indiquaient
36:53les parents, dans le journal le Parisien.
36:55Je pense qu'il faut
36:57absolument que les parents
36:59se battent jusqu'au bout, parce qu'on
37:01a besoin de savoir
37:03comment, pourquoi nos enfants se font assassiner.
37:05De ne pas avoir de réponse,
37:07c'est impossible, c'est invivable.
37:09La voix de Marie-Rose
37:11Blétry, qu'on salue chaleureusement,
37:13c'est la fondatrice de l'association
37:15Christelle, créée en 1997
37:17suite au meurtre de sa fille Christelle
37:19Blétry, et qui épaule
37:21aujourd'hui ses parents, qui sont
37:23dans le deuil et dans la peine, et qui ne comprennent pas
37:25pourquoi la vérité n'a jamais
37:27surgi. Marc Jouy,
37:29vous êtes avec nous dans cette heure du crime, vous êtes le
37:31papa de Michael Jouy. A ce rendez-vous
37:334 juin 2025,
37:3514 heures avec le procureur d'Angers,
37:37vous en avez eu quelques-unes, rendez-vous pas assez sans doute,
37:39mais celui-ci, il est particulièrement important.
37:41Eh bien, on est
37:43à la fois inquiet
37:45et on se dit que
37:47on est soulagé de
37:49savoir que M. le procureur
37:51accepte de nous recevoir.
37:53Depuis
37:55qu'on
37:57veut essayer de rouvrir le dossier,
37:59on se dit que ça va peut-être
38:01avancer à quelque chose.
38:03Que ça va peut-être avancer à quelque chose, vous nous dites
38:05Marc Jouy, même si évidemment on sent bien dans le ton
38:07de votre voix que vous méfiez
38:09de tout aujourd'hui, que vous n'êtes plus sûr de rien,
38:11et que vous ne savez pas quelle suite sera donnée à cet
38:13entretien. Maître Didier Seban, vous êtes l'un des
38:15avocats des parents de Michael
38:17Jouy. Qu'est-ce que vous allez
38:19dire au procureur ? Qu'il y a plein de choses
38:21à faire et plein d'actes à accomplir, et je pense
38:23que vous allez les détailler en un.
38:25Oui, on lui a déjà écrit plusieurs fois
38:27pour lui dire voilà ce qu'on voudrait qu'il
38:29soit fait, qu'il soit vérifié, outre
38:31ce témoignage nouveau
38:33qui donne une piste en tout cas,
38:35et donc qui doit être
38:37vérifié, un vrai
38:39travail d'enquête méthodique
38:41d'interrogation de
38:43tout le parcours
38:45qu'a fait Michael,
38:47d'interrogation des témoins sur tout le parcours,
38:49d'interrogatoire des personnes
38:53dans la première fête et dans la deuxième,
38:55donc un vrai
38:57parcours,
38:59et puis un travail
39:01effectivement aussi sur
39:03ce témoignage,
39:05la vérification
39:07de ce qui s'est passé, et sur
39:09la recherche d'explications.
39:11Je crois vraiment que
39:13même si la justice a failli
39:15une nouvelle fois en détruisant les scellés,
39:17on doit pouvoir trouver les explications,
39:19par exemple sur ces huit dents qui manquent
39:21qu'on n'a pas trouvées, interroger
39:23les personnes qui ont découvert le corps, ça ne figure pas
39:25au dossier jusqu'ici,
39:27qu'est-ce qu'elles ont vu, qu'est-ce qu'elles ont pu constater,
39:29les personnes qui utilisent cette station d'épuration,
39:31qu'est-ce qui s'y est passé, pourquoi
39:33se retrouve-t-il là ? On doit
39:35pouvoir donner des réponses à la famille Jouy.
39:37C'est vertigineux ce que vous racontez Maître Seban,
39:39parce qu'on s'aperçoit qu'il y a toute une liste
39:41très très longue de choses
39:43qui n'ont pas été faites ou qui ont peut-être été
39:45un peu bâclées ou vérifiées trop rapidement.
39:47Maître Marine Halaly,
39:49vous défendez également les parents de Michael Jouy.
39:51Je reviens toujours un peu à l'ADN.
39:53Alors, ce n'est pas la reine des preuves, certes,
39:55mais l'ADN, ça a évolué depuis...
39:57Alors, vous me dites qu'il n'y a plus de scellés, etc.
39:59Il n'y a rien à faire sur cette piste-là ?
40:01Pour les scellés détruites,
40:03non, malheureusement, on ne pourra pas refaire
40:05de tests ADN. Après, est-ce qu'il y a des prélèvements
40:07encore possibles sur le corps ? Des fois,
40:09il y a eu des bonnes surprises lors d'exhumations,
40:11notamment, on en parlait tout à l'heure,
40:13où des prélèvements ont pu, à nouveau, être faits,
40:15voire, des fois, des vêtements
40:17avec lesquels la personne avait été enterrée
40:19alors qu'elle avait disparu avec.
40:21Donc, oui, on peut toujours essayer
40:23de chercher des choses
40:25et d'en trouver. En tout cas, je pense que dans ce dossier,
40:27ça devra repasser par du médico-légume
40:29avec une exhumation, puis ensuite
40:31par le BHA de l'enquête, parce que quand on part
40:33sur un accident, du coup, l'enquête est faite au minimum.
40:35C'est pour ça qu'on en vient à demander
40:37des actes d'investigation très classiques
40:39comme la vérification
40:41des témoins qui étaient autour,
40:43au mariage, les gens de la fête,
40:45les gens qui ont pu passer par là. Donc, ça paraît
40:47logique. Il y a une longue liste de demandes,
40:49mais en fait, c'est le BHA de l'enquête qui aurait déjà dû être
40:51fait depuis longtemps.
40:52Bien sûr, je vous suis tout à fait.
40:54Ça aurait dû être fait depuis longtemps.
40:56Un mot
40:58sur les témoins, la recherche des témoins.
41:00Est-ce que ce n'est pas le moment de refaire
41:02une demande, un appel à témoins ?
41:04Bien sûr. On peut penser que dans cette
41:06zone, des personnes
41:08sont passées, ont circulé cette nuit-là,
41:10ont vu des choses, soit à la fête,
41:12soit à une fête, soit à l'autre.
41:14Je rappelle que les faits
41:16se déroulent sur la commune
41:18de La Varenne.
41:20C'est
41:22évidemment La Varenne dans le 49.
41:24Ménéloire, c'est ça ?
41:26Ménéloire.
41:28Et donc, évidemment,
41:30ça se passe
41:32après, vers 3 heures du matin.
41:34Enfin, en tout cas,
41:36après 3 heures du matin.
41:38Est-ce qu'une des personnes qui se trouvaient
41:40aux deux fêtes qui étaient organisées à ce moment-là
41:42a vu quelque chose ?
41:44Est-ce que des témoins ont entendu
41:46des personnes raconter ?
41:48Tout est possible et il faut le dire.
41:50Et il faut le dire. Alors effectivement,
41:52merci pour cet appel à témoins qu'on relaie
41:54évidemment dans l'heure du crime. Si vous êtes dans le Ménéloire,
41:56si vous étiez là à cette époque,
41:58notamment à cette fête de mariage, n'hésitez pas
42:00à vous manifester auprès de la gendarmerie, auprès du cabinet
42:02d'avocats, de mettre ce banc
42:04et de mettre Marine Allaly.
42:06Evidemment, ça peut être une piste pour essayer
42:08d'éclaircir ce dossier.
42:10Marc Jouy,
42:12je vais terminer cette émission
42:14avec vous. Maître Marine Allaly nous a révélé
42:16qu'il y aurait sans doute une demande d'exhumation
42:18du corps de votre fils.
42:20Cette histoire, elle vous hante depuis
42:22des années. Quels souvenirs vous gardez
42:24aujourd'hui de Mickaël ?
42:26Je suis un enfant
42:28très calme, tranquille,
42:30relativement sérieux. Il allait
42:32beaucoup au football et tout ça.
42:34Pour un castagneur, il n'aurait pas fait
42:36de mal à personne, je pense.
42:38Merci beaucoup Marc et
42:40Marie-Joseph, votre Jouy, votre épouse,
42:42maître Didier Seban, maître
42:44Marine Allaly d'avoir été les invités de l'heure du crime.
42:46Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice
42:48en chef Justine Vignaud, préparation Marie
42:50Bossard, réalisation en direct
42:52Jonathan Gréveau.