- 26/05/2025
La famille de Katell Berrehouc aura attendu trente ans pour trouver une forme d'apaisement. Pendant toutes ces années, son frère, qui avait quatorze ans à l'époque, n'aura cessé d'être hanté par la découverte du corps de sa sœur. Violée et étranglée dans la maison familiale du Val d'Oise. Jusqu'à ce qu'un homme soit enfin condamné au printemps 2025. Avant d'en arriver là, l'enquête a connu bien des tours et des détours. Des suspects qui n'étaient pas les bons.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:06Je n'ai aucune compétence pour savoir qui et comment a interrompu la vie de Kattel.
00:12Par contre, je pense que pour sa famille, il y a un réel besoin de savoir.
00:18Puisqu'il y a eu réouverture, l'espoir reste permis qu'un jour il y ait des réponses.
00:25Bonjour.
00:2630 ans, c'est le temps qu'il a fallu à la famille de Kattel Baerhoek
00:30pour trouver enfin une forme d'apaisement avec la condamnation d'un homme
00:35arrêté et condamné pour le viol et le meurtre de l'étudiante de 19 ans.
00:40Pendant toutes ces années, les parents étaient restés suspendus à cette vérité qui leur échappait.
00:46Son frère, âgé de 14 ans à l'époque, demeurait lui hanté par la découverte du corps de sa sœur,
00:52violé et étranglé dans la maison familiale du Val-d'Oise.
00:56Toutes ces années, l'enquête a connu bien des tours et des détours,
00:59des suspects qui n'étaient pas les bons, des pistes conduisant à des impasses,
01:04au point que le dossier semblait promis à demeurer un cold case,
01:08les sceller à elle et être détruit quand une greffière a eu la judicieuse idée de les exhumer,
01:15afin qu'ils puissent être soumis à une expertise ADN.
01:18Coup de théâtre !
01:19La science va dévoiler un nom, celui du dénommé Cyril Elbaz.
01:23La justice va estimer qu'il est bien l'homme qui est entré chez les Berrehoek.
01:27Que s'est-il passé ce jour-là ?
01:29Toute la lumière est-elle faite sur cette affaire ?
01:31Question posée aux invités de l'heure du crime.
01:34La seule émission radio 100% fait divers.
01:37Qu'a-t-elle Berrehoek ?
01:3830 ans pour la vérité.
01:40C'est tout de suite sur RTL.
01:43Jeudi 11 mai 1995.
01:46Peu avant 18h, Yann Berrehoek, 14 ans,
01:49arrivait chez lui au clos des cèdres à Auvers-sur-Oise, dans le Val d'Oise.
01:53Le pavillon est vide, les parents ne sont pas encore rentrés du travail.
01:59Sa sœur Catelle, 19 ans, ne répond pas à ses appels.
02:03Yann monte alors au premier étage.
02:05En passant, dans la salle,
02:07il remarque la porte entrebâillée.
02:10Il aperçoit la jambe de sa sœur.
02:12Il pense qu'elle dort.
02:13Il la laisse tranquille.
02:14Il redescend allumer la télé.
02:16Puis, intrigué, finit par remonter.
02:19Je me souviens de la prendre par le bras pour la réveiller.
02:22C'est là que je me suis rendu compte
02:24que j'ai compris ce qui s'est passé, racontera-t-il plus tard.
02:28En pleurs, l'adolescent appelle sa mère
02:30en disant qu'il ne peut plus rester chez sa sœur.
02:34En pleurs, l'adolescent appelle sa mère
02:36en disant que Catelle s'est suicidée.
02:38Les secours découvrent la jeune femme
02:40allongée sur le dessus de l'it bleu.
02:43Le bas du corps est nu,
02:45le haut habillé d'un caraco et d'un gilet de laine beige.
02:49Elle a été étranglée avec son legging.
02:51Un pompier explique que le nœud était tellement serré
02:54qu'il a eu beaucoup de mal à le défaire.
02:57Pas de signe d'effraction.
02:59Au regard de la scène de crime et de la position du corps,
03:02les enquêteurs pensent tout de suite à une agression sexuelle.
03:05La mort remonte à la fin de la matinée.
03:08Les légistes vont retrouver de l'huile lubrifiante
03:12dans les parties intimes,
03:14sous les ongles dont un est cassé.
03:16Un groupe sanguin de type O positif et de l'ADN sont détectés.
03:23La famille Berreauc est sous le choc.
03:25Ils habitent depuis toujours à Auvers-sur-Oise.
03:27Le papa, Alain Berreauc,
03:29et même l'un des adjoints au maire,
03:31les parents, ont tout d'abord songé au suicide.
03:34Kattel avait fait une tentative de suicide
03:37à l'annonce de la mort de Rudi, son petit ami.
03:40Leur fille, inscrite à Nippocagne à Paris,
03:42traversait une phase difficile,
03:44alternant phase d'anorexie et de boulimie.
03:48Alain et Odette Berreauc se sont toutefois ravisés
03:51en découvrant le corps à demi dénudé
03:54et reposant qui plus est dans leur chambre.
03:57La jeune femme était tellement pudique
03:59qu'elle ne se serait jamais affichée ainsi.
04:02Les parents ajoutent que Kattel n'aurait jamais
04:05ouvert la porte à un inconnu.
04:07Les enquêteurs savent que leur fille a relevé le courrier
04:10déposé par le facteur dans la boîte aux lettres
04:13entre 12h30 et 13h.
04:15L'employé de la poste est entendu questionné
04:18sur la raison pour laquelle il a modifié
04:20l'ordre de sa tournée ce matin-là.
04:22Mais il est mis hors de cause.
04:24Une voisine indique avoir vu environ 5 minutes
04:27après le passage du facteur, un homme jeune,
04:30la vingtaine, entre 1m65 et 1m70,
04:33frapper à la porte des Berreauc,
04:36puis se diriger vers le garage.
04:38Il a parlé avec quelqu'un.
04:40Elle a entendu une voix de femme qui lui répondait.
04:43Dans les années qui suivent,
04:45les cas de possibles suspects, rôdeurs,
04:47détraqués sexuels, hommes violents,
04:49démarcheurs publicitaires sont passés au crible.
04:52Au printemps 1997, le procureur de Pontoise
04:55lance une vaste campagne de prélèvements ADN
04:58dans la ville d'Auvers-sur-Oise.
05:00Les hommes habitant la commune,
05:02âgés entre 25 et 35 ans,
05:04sont convoqués à la gendarmerie
05:06pour un test salivaire.
05:08Prélèvements comparés aux cellules de peau
05:10détectées sous un ongle de la victime.
05:13Aucune correspondance établie.
05:152002.
05:16Deux ressortissants portugais,
05:18présents aux obsèques, sont retrouvés.
05:20Ils s'étaient retrouvés par hasard
05:22dans le cortège.
05:24Discriminés grâce à l'ADN,
05:26dix ans après le meurtre,
05:2820 avril 2005,
05:30un non-lieu est délivré.
05:32Voilà donc pour le résumé
05:34de ces dix premières années.
05:36Des pistes de possibles suspects,
05:38mais rien de concluant.
05:40Pas de mise en examen.
05:42Pas de témoignage direct.
05:44Tout tient à la trace ADN
05:46retrouvée sur la scène de crime.
05:48Encore faut-il qu'elle parle, cette trace,
05:50qu'elle matche.
05:52La génétique, dans les années qui suivent,
05:54va provoquer un énorme coup de théâtre.
05:56On va en parler, évidemment,
05:58dans la suite de l'Heure du crime.
06:00Bonjour Marion Garnier.
06:02Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui
06:04dans le studio de l'Heure du crime.
06:06Vous êtes journaliste, réalisatrice,
06:08rédactrice en chef de l'émission
06:10Non-Élucidé, qu'évidemment on conseille
06:12à tous les gens qui aiment les histoires
06:14criminelles. Et puis vous êtes l'auteur, avec
06:16Cyriel Adam, du livre Cold Case,
06:18publié aux éditions Larousse.
06:20On a déjà feuilleté avec vous ce livre
06:22lors d'une précédente émission
06:24de l'Heure du crime. Marion Garnier,
06:26avec vous, on repart, on fait un bond
06:28dans le temps, 1995.
06:30On va à Auvers-sur-Oise,
06:32dans, évidemment,
06:34pas très loin de Paris, en région
06:36parisienne. Il y a cette scène
06:38de crime, scène de crime
06:40dans le huis clos d'un pavillon
06:42familial. Alors là, ça frappe les imaginations
06:44parce que, au moment du crime,
06:46qu'a-t-elle ? Elle est toute seule dans cette maison.
06:48Alors, c'est un
06:50huis clos. Effectivement, on ne sait pas ce qui s'est
06:52passé. C'est d'autant plus étonnant qu'en fait,
06:54cette scène de crime, elle ressemble plus
06:56à une scène de découverte du corps.
06:58Parce que dans la maison, il n'y a pas
07:00de traces d'effraction, vous l'avez dit.
07:02Il n'y a pas de traces de lutte. Tout est
07:04en ordre. Le corps repose
07:06sur le lit de la chambre parentale qui est
07:08au premier étage. Le couvre-lit
07:10est bien dressé, c'est-à-dire que le lit n'est pas
07:12défait. Et qu'a-t-elle
07:14repose sur le dos, le bas du corps
07:16totalement dénudé. Et à côté
07:18d'elle, tout est en ordre.
07:20Il y a sur une des tables de nuit
07:22un couteau. Mais à part
07:24ça, tout est en ordre.
07:26Alors, tout est en ordre. Effectivement,
07:28je l'ai dit, la famille,
07:30elle va s'interroger tout de suite en disant
07:32peut-être un suicide. Parce que qu'a-t-elle
07:34à ce moment-là, elle est fragile, etc. La première
07:36impression est d'ailleurs le frère.
07:38Le frère, c'est ce qu'il dit à sa maman
07:40en lui téléphonant. Qu'a-t-elle a
07:42déjà fait une tentative de suicide à l'automne
07:44après
07:46la mort de son petit copain,
07:48Rudy. Elle a annoncé à sa famille
07:50que Rudy était mort dans un accident de voiture.
07:52Elle a fait une tentative de suicide.
07:54Elle a abandonné ses études. Elle était en
07:56Hippocagne au lycée Condorcet de Paris.
07:58C'est une étudiante très brillante.
08:00Et là, suite à ce décès, elle est
08:02rentrée chez elle. Et effectivement,
08:04elle est anorexique. Mais au moment
08:06de sa mort, elle allait mieux. Elle avait recommencé
08:08à s'alimenter. Elle faisait un poids tout
08:10à fait correct. Mais
08:12quand même, c'est quelqu'un de fragile,
08:14de très fragile.
08:16La piste de l'agression
08:18sexuelle, elle ne fait pas beaucoup de doutes.
08:20Elle était en partie déshabillée,
08:22cette jeune femme. La piste de l'agression sexuelle,
08:24elle vient immédiatement puisqu'elle a
08:26le bas du corps dénudé
08:28et qu'à l'autopsie,
08:30on retrouvera dans son corps des traces de
08:32lubrifiant, de préservatif.
08:34Donc, ça veut dire qu'elle a eu une relation
08:36sexuelle dans les 48 heures qu'on
08:38précédait sa mort.
08:40Donc, effectivement, on pense à une agression sexuelle.
08:42On pense à une agression sexuelle, effectivement.
08:44Ça, c'est les premières constatations.
08:46Le fait est que les témoins
08:48sont plutôt rares. On a du mal à
08:50savoir ce qui s'est passé. On va y revenir,
08:52à ces témoins, parce qu'ils sont importants. Mais sur le coup,
08:54ça s'est passé dans une
08:56espèce de résidence, comme ça, très
08:58tranquille, où il y a plusieurs villas.
09:00Et on se demande bien qui a pu rentrer à ce moment-là
09:02dans cette maison, et surtout sans effraction.
09:04Vous l'avez dit, Marion Garnier. Ça, c'est très étonnant.
09:06Bonjour, Benoît Demaillard.
09:08Bonjour.
09:10Merci beaucoup d'être avec nous, en direct,
09:12dans l'heure du crime. Vous avez été,
09:14lors de votre carrière, technicien
09:16de police scientifique.
09:18Votre aide nous est très précieuse.
09:20Et vous êtes président de l'association
09:22HAVANE. Alors, l'association HAVANE,
09:24A-V-A-N-E, c'est
09:26l'association d'aide aux victimes
09:28des affaires non élucidées,
09:30qui recense les affaires non élucidées
09:32et aide, évidemment, les familles de victimes.
09:34On salue votre travail de cette
09:36association HAVANE, parce que vous faites un boulot formidable.
09:38Benoît Demaillard, effectivement,
09:40vous êtes très utile à la manifestation de la vérité.
09:42On salue d'ailleurs, au passage, toutes les
09:44associations qui se battent avec vous, et que
09:46vous connaissez, et qui travaillent aux côtés des victimes.
09:48Benoît Demaillard,
09:50il y a un groupe sanguin et
09:52un ADN qui sont découverts sous un angle
09:54de la victime.
09:56Alors, c'est peut-être pas beaucoup comme ça, mais c'est
09:58très précieux, cette découverte
10:00qui est quasiment immédiate.
10:02Alors, oui,
10:04c'est très important, même si
10:06le profil ADN de l'époque n'est pas
10:08le profil ADN d'aujourd'hui.
10:10Un groupe sanguin, on sait le faire depuis
10:12les années 70, à partir de
10:14fuites biologiques, mais ça ne veut
10:16pas dire qu'il y a du sang. En revanche,
10:18la localisation
10:20du prélèvement ADN est très pertinente,
10:22puisque c'est sous les ongles de la victime.
10:24Donc, je pense que les enquêteurs,
10:26dès le départ, avec un ongle cassé, parce qu'ils retrouvent
10:28un ongle cassé au niveau de la victime,
10:30ils suspectent que la victime
10:32ait tenté de se défendre.
10:34Et là, on peut dire qu'il y a une excellente prise en compte
10:36de la scène de crime, puisqu'ils feront beaucoup
10:38de scellés qui seront
10:40très importants, on en parlera sans doute
10:42plus tard dans l'émission, mais ils feront beaucoup de scellés
10:44et puis ils font des prélèvements opportuns,
10:46notamment sous les ongles, ce qui donne
10:48un profil ADN qui permet, déjà,
10:50dans un premier temps, de discriminer
10:52et on le verra, ça va être très important
10:54pour lever certains
10:56ou certaines gardes à vue.
10:58On va pouvoir ici discriminer
11:00le suspect au cours de l'enquête.
11:02L'ADN n'a pas fini de parler.
11:04Coup de théâtre dans l'enquête.
11:06Qu'a-t-elle béreauque ?
11:0830 ans pour la vérité. Parfois, ça se passait
11:10mal. C'est comme ça, à mon avis,
11:12que mon ADN s'est retrouvé sous ses ongles.
11:14L'enquête de l'heure du crime,
11:16on se retrouve dans un instant sur RTL.
11:30Heure du crime, consacrée aujourd'hui à l'affaire Cattel-Berreauc.
11:32Une étudiante, 19 ans,
11:34retrouvée violée et étranglée chez elle
11:36à Auvers-sur-Oise, au printemps 1995.
11:38Des suspects, mais aucune
11:40arrestation. L'ADN n'a rien donné.
11:42Plus de 20 ans après,
11:44la génétique va enfin
11:46parler.
11:48Mercredi 13 décembre 2017.
11:50Le procureur de Pontoise demande
11:52de nouvelles expertises ADN sur les scellés
11:54du dossier Cattel-Berreauc.
11:56Quelques mois auparavant, le tribunal
11:58avait décidé de se pencher sur
12:00certaines affaires non élucidées de la juridiction.
12:02Une greffière, qui se souvient
12:04très bien de l'affaire Berreauc,
12:06avait alors proposé que celle-ci soit
12:08réexaminée. Les scellés étaient
12:10sur le point d'être détruits.
12:12Cinq mois plus tard, 4 mai 2018,
12:14les résultats de l'ADN
12:16masculin, détectés lors du curtage
12:18des ongles de la victime,
12:20tombent. La trace génétique
12:22match avec celle d'un homme inscrit
12:24au FNAEG, un certain
12:26Cyril Elbaz, 46 ans.
12:28Il en avait 23 au moment du crime.
12:30L'individu est connu des tribunaux.
12:32En 1994, il a été
12:34condamné à 5 ans de prison
12:36par le tribunal correctionnel de Bobigny
12:38pour vol avec violence et
12:40attentat à la pudeur. Il avait été
12:42accusé d'avoir surpris
12:44et agressé une femme de 28 ans
12:46dans un parking souterrain. Il lui avait
12:48ôté une chaussure et tenté de dégraffer
12:50son body. Après avoir été
12:52condamné, il avait été accusé
12:54par une autre femme. Des faits
12:56quasiment similaires, l'affaire
12:58n'était pas allée plus loin. Sa
13:00dernière condamnation en date remonte à
13:022011. Cyril Elbaz a écopé
13:04de huit mois de prison,
13:06dont cinq avec sursis pour violence
13:08et agression sexuelle
13:10sur sa compagne.
13:12Mardi 3 juillet 2018,
13:14Cyril Elbaz est interpellé,
13:16placé en garde à vue.
13:18Il nie les faits concernant
13:20le meurtre de Kattel Beerehoek.
13:22Il déclare ne pas connaître
13:24la victime. Il se demande ce qu'il fait là.
13:26Lors de sa deuxième audition,
13:28il explique qu'en 1995,
13:30à l'époque des faits,
13:32il habitait Bouffetmont
13:34dans le Val d'Oise, à une
13:36quinzaine de kilomètres d'Auvers-sur-Oise,
13:38la ville des Beerehoek.
13:40Il gagnait sa vie en faisant du porte-à-porte.
13:42Il vendait des lithographies
13:44à des particuliers. Il lui est arrivé
13:46de travailler en binôme. Il ignore
13:48si, lors de ses tournées,
13:50il s'est retrouvé un jour à Auvers-sur-Oise.
13:52On lui présente une photo
13:54de la maison des Beerehoek.
13:56« Je ne pense pas m'y être rendu », déclare-t-il
13:58sans en être certain.
14:00À propos de la présence de son ADN
14:02sur Kattel Beerehoek,
14:04Cyril Elbaz ne peut l'expliquer.
14:06Il indique que les démarcheurs
14:08restaient généralement sur le seuil du domicile,
14:10mais il leur arrivait parfois de rentrer.
14:12« En grande majorité,
14:14nous étions reçus au départ
14:16dans le salon,
14:18dans le cadre d'une vente de tableaux.
14:20Je pouvais aussi bien me retrouver dans la cuisine
14:22ou dans une chambre à positionner
14:24un tableau sur un mur », dit-il.
14:26Le suspect ajoute qu'il lui est arrivé
14:28de serrer des mains, de faire des accolades.
14:30Aurait-il pu de cette façon
14:32laisser son ADN chez les Beerehoek ?
14:34Cyril Elbaz est catégorique.
14:36Il n'a jamais attaqué Kattel
14:38ni d'ailleurs aucune de ses clientes.
14:40Jeudi 5 juillet,
14:42Cyril Elbaz est mis en examen
14:44pour meurtre précédé de viol.
14:46Au juge d'instruction, il nie
14:48à nouveau les faits. Il déclare
14:50toutefois avoir pu rencontrer
14:52Kattel Beerehoek lors d'une vente.
14:54Il évoque la possibilité d'une altercation
14:56avec elle. Elle aurait pu
14:58le griffer. Il explique alors
15:00parfois, lors des ventes,
15:02ça se passait mal, on pouvait se prendre
15:04une tarte dans la figure.
15:06« C'est comme ça, à mon avis, que mon ADN
15:08s'est retrouvé sous ses ongles », il ajoute.
15:10« Je pense que c'est plus tôt
15:12que je suis intervenu pour séparer
15:14une dispute dans laquelle
15:16aurait pu être impliqué
15:18un de mes collègues ».
15:20Et voilà ce que dit pour l'instant
15:22Cyril Elbaz. En ce moment-là,
15:24on est en garde à vue. Il vient d'être mis en examen.
15:26Il a été traduit devant
15:28le juge. Il est passé devant le juge d'instruction.
15:3023 ans après
15:32la mort de Kattel Beerehoek, et c'est ça qui est
15:34important, l'ADN d'un suspect match
15:36avec la trace génétique
15:38retrouvée sur la victime.
15:40C'est un rebondissement majeur,
15:42même si on va voir dans les prochains chapitres
15:44de l'heure du crime que toutes les questions
15:46n'ont pas toujours
15:48de réponse.
15:50Qui est Cyril Elbaz ?
15:52On se pose la question.
15:54Marion Garnier. Cet homme,
15:56il a un profil qui intéresse
15:58beaucoup les enquêteurs parce qu'il a déjà été
16:00condamné, et notamment pour des faits
16:02qui ont une connotation sexuelle.
16:04Oui, il a déjà été condamné.
16:06Il a déjà agressé une femme dans un parking
16:08en 1993.
16:10Il a été condamné à 50 détentions,
16:12dont 3 avec sursis. Il a fait 18 mois
16:14de prison. Ce qui fait
16:16qu'au moment de la mort de Kattel
16:18Beerehoek, il est sorti de prison depuis
16:20quelques mois seulement. Et c'est vrai que
16:22cette agression pour laquelle il a été condamné,
16:24c'est une femme dans un parking,
16:26il se jette sur elle,
16:28il lui met un coup de poing,
16:30elle est sonnée, et après
16:32elle dit que quand elle a
16:34retrouvé ses esprits, il était sur
16:36elle en train de lui baisser son pantalon.
16:38Donc effectivement...
16:40Ce n'est pas anodin.
16:42Bien sûr que ce n'est pas anodin.
16:44Ce n'est pas anodin. Ce n'est évidemment pas ça qui fait
16:46qu'il soit coupable ou pas, mais ce n'est pas
16:48anodin. Dans son parcours judiciaire,
16:50c'est important. Et il a aussi été
16:52condamné en 2011,
16:54donc là, bien après,
16:56après Kattel, parce que
16:58il a eu, pareil,
17:00une altercation violente avec
17:02une ex-compagne, sur qui
17:04aussi il s'est jeté, qu'il l'accuse aussi
17:06d'agression sexuelle, d'avoir voulu
17:08lui baisser son legging.
17:10Donc c'est vrai qu'il a un petit peu le
17:12profil, mais en même temps, on ne retrouve pas
17:14des condamnations d'agresseurs
17:16sexuels à répétition, comme ça
17:18arrive parfois dans ces dossiers-là, quand un ADN
17:20match, parfois on découvre plusieurs condamnations,
17:22plusieurs actes.
17:24Ce n'est pas le cas. Encore un petit mot,
17:26Marion Garnier, il le dit,
17:28qu'à l'époque, il habite
17:30Bouffaymont, on n'est pas très
17:32loin d'Auvers-sur-Oise, et
17:34Auvers-sur-Oise, c'est le domicile des Béréhouques.
17:36Oui, il n'est pas
17:38très loin, et il y travaillait.
17:40Même s'il ne se souvient pas trop
17:42d'Auvers-sur-Oise, son métier
17:44à l'époque d'effet, c'est de faire du
17:46colportage pour vendre des objets.
17:48Porte-à-porte. Voilà, du porte-à-porte.
17:50Et donc, effectivement, Auvers-sur-Oise
17:52fait partie de sa zone géographique d'intervention.
17:54Donc il y est sûrement
17:56passé à Auvers-sur-Oise. Dans un premier
17:58temps, il nie, puis après, il revient.
18:00Il dit aussi un peu tout
18:02et son contraire, Cyril Elbaz, quand il l'a
18:04entendu. Donc, en fait, c'est aussi quelque chose qui le
18:06dessert énormément. On n'arrive pas à savoir.
18:08Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a été à Auvers-sur-Oise.
18:10Et ça, c'est important, parce qu'il y a la zone géographique,
18:12il y a le passé de cet homme,
18:14et l'ADN. J'ai envie
18:16de dire que ça fait beaucoup dans le catalogue.
18:18Benoît Demaillard, vous êtes avec nous
18:20dans cette heure du crime.
18:22Je le disais tout à l'heure, vous avez été technicien
18:24de police scientifique. Vous connaissez bien ce genre de dossier.
18:26Et vous présidez l'association
18:28d'aide aux victimes dans
18:30les affaires non élucidées,
18:32l'association Havan.
18:34Benoît Demaillard,
18:36j'ai envie de dire qu'on n'est passé pas très
18:38loin de la fermeture définitive
18:40du dossier Berreauc, parce que
18:422017-2018,
18:44le dossier est exhumé. Mais il était temps
18:46parce que les scellés allaient être détruits.
18:48Oui, comme souvent,
18:50malheureusement, dans ces dossiers,
18:52on a du mal à retrouver
18:54les scellés. Et là,
18:56l'avocate des parties civiles
18:58a expliqué, après l'audience,
19:00que dans ce dossier, c'était un petit peu
19:02un miracle, parce qu'en fait, l'IRCGN
19:04a envoyé un mail
19:06au parquet de Pontoise en l'expliquant
19:08« vous avez huit jours pour
19:10nous rendre une réponse et sinon
19:12on détruit les scellés ». Heureusement,
19:14le parquet va être très réactif
19:16et va répondre que non seulement il ne faut pas
19:18détruire les scellés, mais en plus,
19:20il faut réanalyser ceci avec les
19:22techniques actuelles. Donc là, on est
19:24vraiment passé, malheureusement, près
19:26de la destruction des scellés, mais heureusement,
19:28les scellés ont pu être réanalysés avec
19:30de nouveaux profils ADN
19:32établis dans le dossier.
19:33Ça c'est important ce que vous dites, Benoît
19:35de Maillard, parce que très souvent, effectivement, les scellés
19:37sont détruits. Alors nous, dans l'ordre du
19:39crime, on dénonce évidemment, ça devrait être
19:41interdit de détruire les scellés, même si on
19:43comprend bien que c'est compliqué à entretenir.
19:45Alors, ça allait maintenant, depuis
19:47le 30 décembre 2024.
19:49Ça allait, mais on a encore parfois de mauvaises surprises.
19:51Benoît de Maillard, encore une question.
19:53Est-ce que
19:55cet homme, Elbaz,
19:57il aurait pu entrer dans cette maison, à un moment donné,
19:59vu le travail qu'il faisait ?
20:01Alors, ça c'est une question
20:03qui a été posée notamment à Yann
20:05sur la porte d'entrée.
20:07Donc, il explique qu'à l'époque, il passait
20:09par la porte du garage qui était
20:11fermée avec un tour de clé, mais non
20:13verrouillée. Donc là, les
20:15enquêteurs ont pu faire des constatations sur la
20:17porte. Ils n'ont pas mis en évidence
20:19de traces d'effraction. Donc,
20:21les enquêteurs ont finalement
20:23se sont dit que peut-être qu'elle avait ouvert
20:25à son futur agresseur, et donc qu'elle le connaissait,
20:27et peut-être que ça les a mis sur
20:29certaines pistes. Mais en tout cas, on n'a pas trouvé de traces
20:31d'effraction, et on suppose
20:33que la victime a ouvert à son agresseur
20:35par rapport à ça. Oui, c'est ça. Et puis, avec
20:37le métier qu'il fait, on lui ouvre la porte, et peut-être
20:39qu'elle l'a laissé rentrer, tout simplement.
20:41Marion Garnier,
20:43un mot là-dessus, parce que
20:45il dit, cet homme en garde à vue,
20:47il va finir par dire, ben ça arrivait que parfois
20:49on ait des accrochages avec des clients ou des clientes.
20:51Ça arrivait que parfois on nous offre un café et qu'on rentre.
20:53Parfois, quand je vendais des litos,
20:55on me demandait où je pouvais
20:57accrocher la lito, donc je rentrais dans la maison.
20:59Mais ce qu'il faut bien dire, c'est qu'on ne retrouve pas
21:01l'ADN de Cyril Elbaz dans la maison.
21:03À aucun endroit, ni sur la porte,
21:05ni sur la porte-fenêtre qui donne
21:07sur l'extérieur, et qui est peut-être
21:09l'endroit par lequel le tueur est parti,
21:11on le retrouve nulle part ailleurs
21:13que sous les ongles de Cattel,
21:15et à des endroits de ses vêtements.
21:17Donc, le mystère est très étouffé.
21:19Effectivement, c'est un fantôme
21:21pour l'instant, cet homme.
21:23On ne sait pas exactement ce qui s'est passé.
21:25Pour l'avocat du suspect,
21:27l'ADN n'est en aucun cas
21:29la reine des preuves.
21:31Cattel Béréhouc, 30 ans, pour la vérité.
21:33Il ne peut pas nier qu'il a vu
21:35ma fille le jour de sa mort.
21:37Elle avait sa peau sous ses ongles.
21:39L'enquête de l'ordre du crime.
21:41Le suspect Cyril Elbaz est-il le meurtrier
21:43de la jeune femme ou bien a-t-il seulement
21:45le profil idéal ?
21:4814h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
21:54Roland-Garros 2025, c'est sur RTL.
21:57Et direction Roland-Garros,
21:59c'est avec vous Cédric Chasseur.
22:01Où est-ce qu'on en est à Roland-Garros ?
22:03Eh bien, ça se passe très bien pour
22:05Carlos Salkaras, le tenant du titre
22:07chez les hommes qui est tout proche
22:09de se qualifier 6-3, 6-4, 5-2.
22:11Il va servir pour le gain du match
22:13dans quelques instants sur le cours
22:15et il pourrait rejoindre l'autre tenant du titre
22:17chez les femmes, Iga Fiatek qui, elle,
22:19s'est qualifiée facilement 6-3, 6-3
22:21un peu plus tôt dans l'après-midi.
22:23Qualification du côté des Français.
22:25D'Hugo Gaston qui a eu besoin
22:27de 5 sets pour éliminer un autre
22:29tricolore, Hugo Blanchet.
22:31Et Arthur Cazot, lui aussi,
22:33est amené dans un cinquième set.
22:35Il y a 2-1 pour le Chilien Tabilo
22:37dans cette manche ultime.
22:39Une élimination en revanche
22:41côté féminin pour Diane Paris
22:43éliminée en moins d'une heure
22:456-2, 6-1 par Robin Montgomery.
22:47Merci Cédric Chasseur,
22:49on vous retrouve à 15h sur RTL.
23:01Il me demande tout.
23:03Il me demande de le sortir de là,
23:05de chercher le coupable,
23:07de mettre en action tout ce qui est possible
23:09pour qu'on arrive à identifier
23:11l'auteur des faits.
23:13Il y a beaucoup de failles dans ce dossier.
23:41...
23:43...
23:45...
23:47...
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24:31...
24:33...
24:35...
24:37dans cette affaire. Quoi que je dise, cela ne sert à rien. L'idée est déjà toute faite", explique-t-il.
24:43Jeudi 28 novembre 2019, Cyril Elbaz, 47 ans, est remis en liberté, placé sous contrôle judiciaire.
24:51La famille de Kattel Berhouck ne comprend pas cette décision. Son père, Alain Berhouck,
24:56indique dans Le Parisien « J'aimerais savoir ce qui s'est passé. La dernière fois que j'ai vu
25:01en magistrat, on m'a affirmé qu'il ne serait jamais remis en liberté, vu les éléments du
25:06dossier. Trois ou quatre mois plus tard, j'apprends qu'il est dehors et je ne sais rien. Je n'ai
25:11jamais été prévenu », déplore le papa. Il ajoute « Il ne peut pas nier qu'il a vu ma fille le jour
25:17de sa mort. Elle avait sa peau sous ses ongles ». Elle avait sa peau sous ses ongles, l'ADN de
25:26Cyril Elbaz sous les ongles de Kattel Berhouck. Marion Garnier, vous êtes avec nous dans cette
25:30heure du crime pour nous aider à comprendre ce qui a pu se passer. Journaliste, réalisatrice,
25:33rédactrice en chef de l'émission « Non élucidé » et auteur avec Cyriel Adam du livre « Cold Case »
25:39publié aux éditions Larousse, Marion Garnier. Très concrètement, il faut qu'on mette les choses sur
25:46la table. L'ADN du suspect, à ce moment-là, il n'est que suspect. L'ADN de Cyril Elbaz,
25:51il est où exactement ? On retrouve de l'ADN de Cyril Elbaz un ADN seul sous un des ongles
25:59de Kattel. On ne sait pas sous quels ongles parce qu'en fait les prélèvements ont été un peu
26:03mélangés puisque quand même les scellés sont anciens. On ne sait pas exactement sous quel
26:09ongle c'était. On ne sait pas si c'est sous l'ongle, par exemple, qui est griffé. Ce qui est
26:12sûr, c'est que cet ADN, il n'a pas été révélé à partir de fragments de peau ou de tâches de sang
26:20ou de tâches de sperme, ce qui sont des ADN extrêmement discriminants. Alors que là,
26:28c'est un ADN. L'ADN, on le dépose dans sa salive, on le dépose avec sa sueur. Ce n'est pas du sang,
26:35ce n'est pas ce qu'on a dit au départ à Cyril Elbaz. Maintenant, c'est vrai, je comprends tout
26:40à fait le désarroi, la tristesse, la colère des parents de Kattel Berreau qui ont attendu très
26:44longtemps. On leur dit, on a quelqu'un, son ADN a matché, il a le profil et d'un seul coup,
26:52ils apprennent qu'il est remis en liberté grâce au travail de l'avocat de la Défense,
26:55Sylvain Cormier. Je comprends effectivement leur incompréhension.
26:58Benoît De Maillard, vous êtes avec nous dans cette heure du crime. Vous avez été technicien
27:04de police scientifique, président de l'association d'aide aux victimes des affaires d'un élucidé,
27:08l'association Havan. Benoît De Maillard, premier point déjà, parce que vous avez discuté avec les
27:16acteurs de cette histoire, vous la connaissez bien. Comment expliquer la remise en liberté
27:21du suspect ? Ça veut dire que la justice n'est pas sûre sur cet homme ?
27:24Pour nous, c'est le gros point noir du dossier. Autant l'enquête, l'analyse des services
27:31d'investigation ont vraiment été exemplaires, autant la décision de laisser le mis en examen
27:37en liberté, et surtout aussi longtemps, parce qu'il est libéré, vous l'avez dit, en novembre 2019,
27:42et le procès a eu lieu seulement en mai 2025. C'est vraiment incompréhensible. D'une part,
27:49parce qu'il y a une problématique pour nous de récidive possible dans ce laps de temps où
27:53l'individu est laissé en liberté, et même si le taux de récidive peut être faible, la possibilité
28:00existe, et pour des cas aussi graves, c'est quand même difficile de prendre ce pari, et d'autre part
28:05aussi pour l'attente supplémentaire que ça va représenter pour des victimes, qui attendent
28:09quand même depuis 23 ans, enfin qui vont attendre 23 ans pour connaître l'identification, et 7 ans
28:16supplémentaires finalement pour arriver à un procès. Donc c'est vrai que c'est un peu difficile
28:22à comprendre cette remise en liberté au bout seulement d'un an et demi de détention.
28:26Oui, parce que je vous pose la question, c'est qu'on dit souvent quand les personnes sont mises
28:29en liberté avant une comparution possible aux assises, ça veut dire que le dossier est
28:33fragilisé, ça veut dire qu'on a des doutes, Benoît Demaillard, vous l'avez perçu comme ça ?
28:37Alors c'est possible de la part du parquet, peut-être que c'est un petit peu léger,
28:45moi j'ai plus senti que c'était plutôt une problématique d'organisation du procès,
28:51d'implication qui n'était pas complètement terminée.
28:53Marion Garnier, un mot là-dessus, lui en gros il dit, Cyril Elbaz, il dit « j'ai la gueule de
29:00l'emploi », c'est-à-dire c'est pour ça qu'on me poursuit, j'ai beau dire, étouffer à ce que je
29:04veux, mais on ne va pas m'entendre, on ne va pas m'écouter, parce que voilà, c'est moi, c'est moi,
29:09c'est moi.
29:09En fait c'est très compliqué, parce que tout tourne, tout est centré autour de cet ADN, et
29:18Cyril Elbaz il dit « ça n'est pas moi », mais il ne peut pas prouver, il ne peut pas expliquer
29:22pourquoi cet ADN est retrouvé sur le corps de Kattelberet, ou que ça c'est indéniable.
29:26Donc en réalité il essaie de trouver des explications qui sont toutes plus farfelues
29:31les unes que les autres, et à chaque fois qu'il essaie de trouver une explication,
29:34il s'enfonce un petit peu plus, donc évidemment il a le sentiment qu'on ne l'entend pas,
29:38mais ceci étant dit, il n'est pas très audible dans ses explications.
29:42Cyril Elbaz va comparaître libre devant la cour d'assises.
29:46Kattelberet Hook, 30 ans pour la vérité.
29:49On aimerait que ce calvaire s'arrête pour qu'on puisse fermer la cicatrice et vivre
29:54comme tout le monde l'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
29:58Jean-Alphonse Richard sur RTL, l'heure du crime jusqu'à 15h.
30:03L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
30:09Retour dans l'heure du crime, sur l'affaire Kattelberet Hook, cette étudiante de 19 ans
30:13a été violée et tuée dans la maison familiale à Auvers-sur-Oise en 1995, un suspect, à
30:19l'époque vendeur de lithographie rattrapé par l'ADN, 30 ans plus tard, il est jugé.
30:24Lundi 12 mai 2025, Cyril Elbaz, 53 ans, crâne légèrement dégarni, silhouette trapue,
30:32comparaît libre devant la cour d'assises du Val-d'Oise à Pontoise, l'interrogatoire
30:37de personnalité ne donne aucune clé pour cerner le personnage, il se présente comme
30:42commercial, en couple, père de deux enfants, sa soeur, son père, ses ex-compagnes et la
30:47dernière en date, tout le monde est évasif à son sujet, sur le viol et le meurtre de
30:52Kattelberet Hook, l'accusé martèle, je ne l'ai pas fait, je n'ai pas assassiné
30:58cette femme, jamais de ma vie je n'aurais pu faire une telle chose, répète-t-il.
31:01Au cours de l'enquête, il a suggéré qu'il aurait pu intervenir dans une altercation
31:06entre un de ses collègues et une jeune femme, mais il aurait dit n'importe quoi, sous la
31:12pression, la pression de la garde à vue, j'étais accusé d'un meurtre, on me disait
31:17à vous, donnez une explication pour l'ADN, sinon ça veut dire que c'est toi, j'étais
31:21paniqué, déclare-t-il. Trois experts en génétique témoignent, ils ne peuvent pas
31:26dire précisément quand et comment l'ADN de Cyril Elbaz s'est retrouvé sur les vêtements
31:31de la victime, concernant la culotte de la jeune femme, 43 prélèvements ont été effectués,
31:37tous négatifs. L'ADN de l'accusé est présent sous un ongle, l'un d'eux est cassé, arraché,
31:45vraisemblablement Cattel a essayé d'enlever le lien qui l'a serré, indique le médecin
31:50légiste, Jan Berrehoek avait retrouvé le corps sans vie de sa grande sœur, depuis
31:5630 ans il vit avec l'image de cette découverte, on aimerait que ce calvaire s'arrête pour
32:01qu'on puisse fermer la cicatrice et vivre comme tout le monde, que mes parents puissent
32:05être apaisés, déclare-t-il la voix tremblante, Cyril Elbaz s'adresse à la famille, je vous
32:10regarde dans les yeux, je sais que vous vivez en enfer, je sais que vous voulez des réponses
32:16mais ce n'est pas moi, l'avocat général réclame 30 ans de prison. Et on va voir ce
32:22que va donner le verdict dans le chapitre suivant de l'heure du crime, Marion Garnier
32:26vous êtes avec nous dans cette heure du crime, journaliste, réalisatrice, rédactrice en
32:29chef de l'émission non élucidée, vous avez suivi cette affaire, vous la connaissez
32:34bien, vous étiez présente à ce procès, alors c'est un étonnant personnage Cyril
32:38Elbaz parce que effectivement on ne sait pas grand chose de lui, le procès ne va pas tellement
32:42éclairer sa personnalité et puis il nie, il dément farouchement. C'est un étonnant
32:47personnage parce que vous l'avez décrit, il est assez massif physiquement, il parle
32:53avec une petite voix, il est vite très ému, il pleure, il s'englotte, il est accusé
32:57d'un meurtre atroce, il a commis une agression pour laquelle il a été condamné, une agression
33:02aussi contre son ex-compagne très dure et en même temps son entourage le décrit comme
33:08quelqu'un de gentil, gros nounours, qui s'emporte, un râleur mais qui est plus
33:13colérique que violent, il reste quand même, il est décrit comme quelqu'un de plutôt
33:20sympathique, ses enfants sont là présents, il a l'air d'avoir des bonnes relations
33:23avec eux et il nie, il nie et il dit mais moi on m'a dit il y a ton ADN partout dans
33:29la maison à vous, donc j'ai dit que j'étais rentrée dans la maison et puis on me dit
33:34il y avait ton sang, on a retrouvé ton sang sous ses ongles, je dis qu'il y a une altercation
33:38qu'il a dû me griffer et en fait il est là, coincé, complètement coincé, n'arrivant
33:46pas à se défendre, à trouver les mots ou si on pense qu'il est coupable, n'arrivant
33:51pas à avouer.
33:52C'est ça, alors ce n'est pas le premier accusé qui va dire on m'a forcé à parler
33:56en garde à vue etc, c'est un grand classique, on le retrouve assez fréquemment, là les
34:01paroles ont l'air d'empreintes de sincérité, colorées de sincérité, c'est ce que vous
34:04avez senti.
34:05Marion Garnier, on n'a pas la clé, on n'a pas l'explication là-dessus, il n'a jamais
34:10pu expliquer son emploi du temps de vendeur de lithographie pour cette journée du 11
34:15mai 1995 ?
34:16Alors, ce qui a été prouvé c'est qu'à cette période-là il travaillait pour une
34:20société, qu'il vendait des objets, non pas des lithographies mais des jouets, des
34:24pulls et que pendant cette période-là il n'a pas été en arrêt de travail, il n'a
34:29pas eu d'absence injustifiée.
34:31Donc après, c'est ce que ça vaut 30 ans plus tard, mais dans les registres, ça, ça
34:36a été vérifié avec son relevé de carrière pour la retraite tout simplement.
34:42Mais on ne sait pas s'il est allé par exemple ce jour-là au Vers-sur-Oise ?
34:45Non, on ne sait pas si ce jour-là il était au Vers-sur-Oise, ce qui est sûr c'est que
34:48dans ce petit quartier résidentiel, personne n'a vu d'autres vendeurs faire du porte-à-porte
34:54alors qu'en général ils arrivaient à plusieurs dans un même quartier et personne
34:57ne l'a vu, lui, alors que s'il a fait du porte-à-porte ce jour-là, il n'a pas
35:02fait que la maison des Béréhouques.
35:03C'est ça, en tout cas il y a quelqu'un qui est vu près de la maison des Béréhouques,
35:08qui va près du garage, c'est une voisine mais cette personne, elle n'a pas fait sa
35:11tournée ailleurs si c'était un démarcheur, c'est ce que vous dites.
35:14En tout cas, il n'y a pas d'autres témoignages.
35:16Et ça c'est important, parce qu'effectivement il pouvait faire aussi sa tournée ailleurs
35:19s'il avait été dans le secteur.
35:21Benoît Demayer, vous êtes avec nous dans l'heure du crime, président de l'association
35:26d'aide aux victimes des affaires non élucidées, l'AVAN, alors évidemment vous êtes intéressé
35:30à cette affaire, vous l'avez suivi de près, l'ADN, c'est le seul élément accablant
35:36contre Cyril Elbaz, parce qu'effectivement on n'a pas pu prouver sa présence sur place
35:41ce jour-là ?
35:42Alors oui, c'est toute la difficulté d'ailleurs des colchaises, parce que c'est difficile
35:48de refaire l'enquête 30 ans après, les faits, les mémoires sont effacés, les personnes
35:52ne se souviennent plus.
35:53C'est d'ailleurs un des axes de défense de l'accusé qui dira le jour du procès
35:58quand il est interrogé que ne plus se souvenir tout simplement des faits 30 ans plus tôt.
36:02Alors il y a bien cette voisine, vous l'avez rappelé, qui dit avoir vu un jeune homme
36:06le jour des faits, mais ça s'arrête là pour les témoignages, et c'est toute la
36:09difficulté ici de ce colchaises où il n'y a pas de lien direct entre Cyril Elbaz et
36:15la victime.
36:16Ça veut dire que c'est l'ADN qui est l'arbitre, le juge de paix dans cette histoire ?
36:22Oui, c'est l'ADN qui va être central, qui est déterminant, mais ici l'ADN n'est
36:29pas vraiment remis en question, la problématique c'est plus l'interprétation des résultats
36:34et leur portée.
36:35Alors bien sûr, il y a des problématiques avec l'ADN, avec le transfert, la persistance,
36:40vous l'avez rappelé, ou les experts l'ont rappelé, sur le fait qu'on ne peut pas
36:43dater un ADN, et ici le vrai enjeu du procès effectivement c'était plutôt est-ce qu'on
36:47peut condamner quelqu'un sans aveu, sans témoignage, sans certitude absolue ? La
36:52certitude que c'est l'ADN de Cyril Elbaz, il n'y a pas de problème, on l'a, la certitude
36:56que son ADN est localisé sur plusieurs vêtements, plusieurs endroits, enfin plusieurs vêtements
37:02de Kattel Berehouck, on l'a aussi, maintenant il reste à savoir si la présence de cet
37:06ADN suffira à convaincre les jurés de la culpabilité du mis en examen.
37:11Une semaine de procès, puis le verdict.
37:14Kattel Berehouck, 30 ans pour la vérité, c'est injuste, je ne comprends pas votre
37:20décision.
37:21L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
37:36Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Kattel Berehouck, cette étudiante en Hippocagne
37:40a été violée et étranglée chez elle, le 11 mai 1995, à Auvers-sur-Oise, enquête
37:45stérile, jusqu'à ce que l'ADN démasque un suspect, 30 ans après, cet homme est jugé
37:50aux assises, voici l'heure du verdict.
37:53Lundi 19 mai 2025, Cyril Elbaz, 53 ans, est reconnu coupable du viol et du meurtre de
38:00Kattel Berehouck, condamné par la cour d'assises du Val d'Oise à 25 ans de réclusion.
38:05Elbaz s'effondre en larmes, c'est injuste, je n'ai rien fait et vous me condamnez, je
38:11comprends pas votre décision, je la comprends pas.
38:14Ces deux avocats avaient émis l'idée que la victime aurait pu se donner la mort, les
38:18jurés disent le contraire, la victime ne s'est pas suicidée, elle a probablement
38:23laissé entrer son agresseur.
38:25Maître Sylvain Cormier, l'un des avocats de Cyril Elbaz, répète que dans cette affaire
38:31on a voulu extrapoler les éléments d'ADN pour créer un récit qui nous semble contestable
38:39et fragile.
38:40Cyril Elbaz a fait appel.
38:42Bon, il est coutumier du fait, c'est un violent, etc.
38:47Je comprends cette réaction, mais c'est pas une preuve en soi, ça ne veut même pas
38:53dire que ça fait un assassin.
38:54La voix d'André, c'est le père de Cyril Elbaz, c'était dans l'émission Au bout
39:00de l'enquête sur France 2, le père qui soutient son fils et qui indique qu'effectivement
39:05son fils n'a pas pu commettre ce crime abominable.
39:10Marion Garnier, vous êtes journaliste, réalisatrice, rédactrice en chef de l'émission Non-Élucidé,
39:15auteur avec Cyril Elbaz, je l'ai dit, du livre Colquez, qui est publié aux éditions
39:18La Rousse.
39:19Marion Garnier, il y a eu ce procès, il est condamné, 25 ans de prison, c'est d'ailleurs
39:24pas la peine maximale, je crois que l'avocat général avait demandé 30 ans, le procès
39:30a un appel, il y a un suspense très lourd qui règne là-dessus, parce qu'effectivement
39:35il a été condamné sur l'ADN, et ça c'est rare quand même qu'on condamne uniquement
39:39sur la présence d'ADN.
39:41Oui, et je pense que ce sera le procès de l'idée selon laquelle l'ADN est ou non
39:48la reine des preuves en fait.
39:49Alors l'ADN peut être la reine des preuves, je pense, mais la reine, si à côté il y
39:54a d'autres preuves.
39:55Là en l'occurrence, il n'y a pas d'autres preuves, donc je pense que c'est là-dessus
39:59que la défense va se battre, et que Sylvain Cormier va construire sa défense, lui qui
40:04a déjà réussi à acquitter un homme qui avait été accusé avec un ADN au départ.
40:10Et là, il y a un enjeu vraiment très puissant, et ça veut dire que ce procès va être très
40:17suivi évidemment.
40:18Je pense que ça va être très important, y compris pour tous les Colquels, et c'est
40:23aussi très important, je pense aussi aux familles quand je dis ça, parce que c'est
40:26vrai, les familles, elles ont attendu des années, il y a eu un non-lieu, et puis après
40:31on rouvre l'enquête, et puis on leur dit, il y a un coupable, et finalement elles entendent
40:36que cette culpabilité peut être discutée par la défense, c'est très très dur en
40:40fait.
40:41Donc ce n'est pas parce que ce sont des Colquels qu'il faut à tout prix se réjouir
40:48immédiatement de la mise en cause d'un homme, sans chercher à savoir si les preuves
40:53qu'il accuse sont suffisantes.
40:56Benoît Demaillard, vous êtes avec nous dans l'heure du crime, vous êtes président
41:01de l'association d'aide aux victimes des affaires non élucidées, vous avez recensé
41:05des dizaines d'affaires non élucidées, et vous travaillez beaucoup avec les familles.
41:09Benoît Demaillard, qu'est-ce que vous pensez de ce que dit Marion Garnier ? C'est intéressant
41:13de dire effectivement, est-ce que l'ADN est suffisant ? Uniquement l'ADN est suffisant
41:18pour faire condamner quelqu'un ?
41:19Alors, ici c'est vrai que dans ce procès, c'est un élément central, mais il y a quand
41:26même aussi la personnalité du mis en examen qui est importante.
41:30À un moment donné, on a assisté à une scène un petit peu surréaliste, où le président
41:33de la cour d'assises, Marc Trévidic, expliquait en mis en examen que ce n'est pas parce qu'il
41:38mentait qu'il était coupable, et que lui-même dans sa carrière avait vu de nombreux innocents
41:42qui mentaient.
41:43Et là, on a assisté à un moment assez incroyable, où le président pose la question au mis
41:49en examen, alors ce que vous nous dites, est-ce que ce sont des inventions ou pas ? Et l'accusé
41:53qui répond « je reconnais, j'ai dit n'importe quoi ». Donc, c'est vrai que là, on avait
41:56un accusé qui reconnaît avoir menti, finalement, tout au long de ses auditions.
42:02Donc, il y a aussi quand même la personnalité du mis en examen qui est très importante.
42:06Il y a l'ADN, effectivement, mais il y a aussi son passé judiciaire.
42:09Il y a aussi le fait qu'il n'a aucun élément, aucune explication à donner pour la présence
42:15de son ADN à cet endroit-là.
42:17Tout converge vers lui, c'est ça.
42:19Et puis, on l'a vu avec des affaires comme le Grélet, l'affaire Bonfanti en Isère,
42:24avec Fourniret.
42:25L'ADN, c'est une preuve indiscutable, irréfutable selon vous, Benoît Demaillard ?
42:31En tout cas, la technique, la méthode d'analyse, de conservation, d'exploitation n'est pas
42:39remise en question.
42:40Ici, c'est plutôt l'interprétation qu'on en fait.
42:44L'ADN, c'est l'outil, mais ça ne remplace pas la persévérance, la ténacité du magistrat.
42:50Il y a une enquête classique qui va être déterminante.
42:52On le voit dans l'affaire du Grélet, vous en parlez.
42:55Effectivement, l'affaire du Grélet, là, c'est plutôt un magistrat, en l'occurrence
43:00Nathalie Turquie, qui a eu de bonnes idées, des investigations qui ont été très poussées
43:05par rapport aux investigations classiques, par rapport aux dossiers.
43:09Ensuite, on a souhaité prélever François Veyrauve pour le confronter aux traces ADN
43:16du dossier.
43:17Il s'est suicidé avant qu'on puisse confronter son ADN à la bise du Grélet.
43:21Plus tard, on a su que c'était lui.
43:22Et à la base, c'est des investigations classiques qui ont permis d'identifier le Grélet.
43:27Marion Garnier, je termine cette émission avec vous.
43:29Un mot sur la famille de cette jeune victime de Cattel-Berrehouc.
43:36C'est l'ascenseur émotionnel pour cette famille.
43:39Ça fait 30 ans que ça dure.
43:41Il faut que ça s'arrête, c'est ce que dit d'ailleurs le fils.
43:43Bien sûr, il faut que ça s'arrête.
43:44C'est très dur.
43:45Ils ont essayé de se reconstruire.
43:48On rouvre le dossier, ça repart.
43:49On leur dit maintenant, il va y avoir un appel.
43:51Ils étaient là tous les trois au procès.
43:53Bien évidemment, c'est très très dur.
43:55Je dis juste que le Grélet, c'était dans du sperme qu'on a retrouvé son ADN.
43:59Ça n'a rien à voir.
44:00Ça change, effectivement.
44:01Et là, encore une fois, la décision judiciaire n'est pas encore arrêtée.
44:06Il y aura ce procès à un appel et ça, c'est très important.
44:09Merci beaucoup Marion Garnier et Benoît de Maillard d'avoir été les invités de l'heure
44:13du crime.
44:14Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot, préparation Marie
44:17Bossart.
44:18Réalisation en direct, Nicolas Gaudet.
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