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Pendant plus de trois mois, à l'été et automne 2014, le Toulousain Laurent Baca était porté disparu, recherché en France et jusqu'en Espagne. On se demandait alors si cet ancien gérant de pizzéria, vivant de petits boulots, ne se serait pas fourré dans un mauvais coup. L'épouse, Edith Scaravetti, mère de leurs trois jeunes enfants, apparait complètement désemparée et désespérée. S'étiolant à vue d'œil, entourée par sa belle-famille qui la soutient dans leur malheur commun.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0114h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Les pompiers commencent à casser, donc petit à petit, enlèvent des morceaux de béton,
00:11et là on découvre, emballé dans des sacs poubelles avec du scotch de déménagement, un corps.
00:19Bonjour, pendant plus de trois mois, entre l'été et l'automne 2014,
00:25le Toulousain Laurent Baca était porté disparu.
00:27On le recherchait en France, en Espagne, on soupçonnait cet ancien gérant de pizzeria,
00:34vivant de petits boulots, de s'être fourré dans un mauvais coup.
00:37Son épouse, Edith Scaravetti, mère de leurs trois jeunes enfants,
00:42apparaissait complètement désemparée, désespérée.
00:44Elle s'est tiolée à vue d'œil, soutenue par une belle famille qui partageait son malheur.
00:50À la question, où est passé Laurent ?
00:52Les enquêteurs vont trouver une réponse spectaculaire.
00:54Il n'avait en fait jamais quitté sa maison.
00:57Il reposait dans un sarcophage de béton.
01:00La compagne va ainsi se retrouver au cœur de l'enquête.
01:03Mais pourquoi aurait-elle tué Laurent ?
01:05Elle va alors livrer une explication.
01:07Elle était maltraitée, battue.
01:09Mais pourquoi a-t-on autant de mal à la croire ?
01:13Est-elle une femme malheureuse ou tout simplement une artiste du mensonge, une actrice de talent ?
01:18Question posée aux invités de l'heure du crime.
01:20La seule émission radio 100% fait divers, Edith Scaravetti, le cadavre est dans le grenier.
01:26C'est tout de suite sur RTL.
01:34Lundi 11 août 2014, Edith Scaravetti pousse la porte du commissariat de Toulouse.
01:40La jeune femme, 27 ans, mère de 3 enfants de 7, 8 et 9 ans, apparaît tout à la fois intimidée et pétrie d'inquiétude.
01:49Depuis 5 jours, elle n'a plus de nouvelles de son compagnon et père des enfants, Laurent Baca, 37 ans.
01:55La famille habite une maison du quartier Saint-Simon au numéro 136 du chemin de Tucot.
02:01Le mercredi 6 août au matin, Edith Scaravetti explique qu'elle s'est disputée avec son compagnon.
02:07Son accrochage verbal au sujet de l'éducation des enfants.
02:10Elle a conduit ses deux petites filles et son petit garçon au centre aéré.
02:14Et quand elle est rentrée chez elle, Laurent Baca n'était plus là.
02:19Parti à pied sur un coup de tête, il n'a ni pris sa voiture, ni sa carte bancaire, ni son téléphone.
02:253 jours après le signalement, un appel à témoins est lancé pour retrouver le disparu.
02:291 mètre 70, mince, cheveux courts, bruns, yeux marrons, chaussures blanches Nike.
02:35A l'auriculaire, une chevalière en or portant les initiales A, B.
02:41La famille de Laurent Baca est entendue par les enquêteurs.
02:44Tout le monde s'accorde à dire qu'il n'aurait jamais abandonné ses enfants.
02:48Sa mère, Martine, très proche de son fils, témoigne.
02:51Laurent a l'habitude de lui téléphoner tous les deux jours.
02:54Elle explique qu'Edith Scaravetti est très proche d'elle.
02:58Elle fait vraiment partie de la famille.
02:59Elle est comme une fille pour eux, mais depuis la disparition.
03:03Elle a changé de comportement.
03:05Elle ne l'appelle plus au téléphone.
03:07La dernière fois que la famille a eu des nouvelles de Laurent, c'était le 5 août, veille de la disparition.
03:12Il avait accompagné sa compagne chez un médecin, car celle-ci, qui avait repris son travail d'auxiliaire de vie, avait fait un malaise.
03:20Le docteur l'avait trouvé fatigué.
03:22Il lui avait prescrit une semaine d'arrêt de travail.
03:25Le lendemain, la maman, Martine, a tenté de joindre son fils, mais elle est tombée sur Edith.
03:30Elle lui a expliqué que Laurent était avec un ami et ne rentrerait que dans la soirée.
03:35Edith Scaravetti va ensuite confier à Martine Baca que Laurent lui a dit qu'il était parti faire un gros coup.
03:43Un go fast en Espagne.
03:46Un transport de stupéfiants.
03:48Déclaration étonnante.
03:49Laurent n'a jamais été mouillé dans ce genre d'affaires.
03:52Les policiers s'étonnent des explications changeantes d'Edith Scaravetti.
03:56Il ne croit pas à cette histoire de go fast prévue pour durer trois jours.
04:02Les semaines s'écoulent.
04:03Les policiers de la brigade de protection de la famille s'intéressent beaucoup à Edith Scaravetti.
04:08Elle raconte partout que le couple qu'elle forme avec Laurent Baca ne marche plus depuis des mois.
04:13Le compagnon, ancien gérant de pizzeria, inscrit dans une société d'intérim, vit de petit boulot, il a tendance à boire un peu trop, il a également une addiction au cannabis à des proches.
04:24Edith répète qu'elle était malheureuse ces derniers temps.
04:27Elle affirme que Laurent la frappe, maltraite les enfants.
04:30Dès qu'elle s'absente, les enfants l'appellent pour qu'elle revienne.
04:33Personne n'a pourtant noté que ses enfants étaient malheureux.
04:37Elle raconte que Laurent l'a parfois menacé avec un fusil pour exiger des relations sexuelles.
04:42Il a laissé dormir à l'extérieur de la maison.
04:45Les enquêteurs apprennent qu'Edith avait depuis peu une relation sentimentale avec un animateur du centre aéré.
04:51Laurent Baca venait tout juste de l'apprendre, il était furieux.
04:55Il avait même appelé cet homme pour le menacer de lui faire perdre son emploi.
04:58Face aux policiers, Edith Scaravetti minimise cette aventure extra-conjugale.
05:04Un simple début de flirt selon elle.
05:07L'étude de son téléphone comptabilise pourtant pas moins de 700 appels et SMS en l'espace d'un mois entre les deux amoureux.
05:19Des violences totalement démenties par la famille de Laurent Baca,
05:22notamment par sa soeur qui est alors très proche d'Edith Scaravetti.
05:25Il dit tout le monde qu'on sent à dire que Laurent avait certes un problème d'alcool.
05:28Il pouvait s'énerver rapidement cet homme mais on n'a jamais vu frapper sa compagne.
05:34Et d'ailleurs elle ne leur a jamais fait part de ce genre d'attaque.
05:37Elle n'a jamais porté plainte contre lui, elle n'en a jamais parlé.
05:41Alors on se demande si Edith Scaravetti cache quelque chose et pourquoi ?
05:44On va le voir dans la suite de l'heure du crime.
05:47Alors tout de suite il faut revenir à cette compagne.
05:50Edith Scaravetti, bonjour Xavier Benerozo.
05:53Bonjour Jean-Alphonse.
05:54Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
05:58Journaliste, vous connaissez très bien cette affaire, vous l'avez suivie.
06:01Et notamment pour M6, vous aviez fait beaucoup d'interviews là-dessus.
06:05Vous connaissez bien ce récit et sa problématique.
06:07Alors Edith Scaravetti, évidemment c'est la dernière personne qui a vu en vie Laurent Baca.
06:13Et fatalement c'est la suspecte.
06:15C'est une petite bonne femme assez jolie.
06:17Elle a rencontré Laurent Baca il y a 10 ans, quand elle avait 17 ans.
06:21Voilà, Laurent Baca c'est un monsieur on pourrait dire, c'est un genre de kéké elle le dira.
06:28C'est-à-dire une grande gueule.
06:31Le couple va a priori plutôt bien.
06:34Moi j'étais très proche de Madame Baca, Martine Baca qui m'avait raconté un peu ses souvenirs.
06:38Oui la maman et dans un premier temps c'est un couple qui va avoir 3 enfants, il n'y a pas de problème, j'allais dire il n'y a pas de problème apparent.
06:48Sauf ce que vous avez dit, c'est que Laurent dans sa vie ça ne va pas.
06:52Ça ne va pas, c'est-à-dire qu'il n'arrive pas à avoir du boulot, il est un peu un touche-à-tout, il est sur un contrat à destination d'ailleurs d'Airbus mais il n'aura jamais ce contrat.
07:00Et puis, il se cherche, il ne boit pas mal, il fume du cannabis.
07:07Oui, c'est quelqu'un qui a des problèmes comme vous l'avez dit d'addiction à l'alcool, c'est quelqu'un qui consomme du cannabis, c'est quelqu'un qui prend aussi de temps en temps de la cocaïne et qui est un dealer aussi.
07:18Et tout ça, si vous voulez, ça va jouer un rôle un peu particulier dès le départ de l'enquête.
07:26Oui c'est ça, ça pèse sur l'enquête.
07:27Oui ça pèse parce que d'abord Edith dit, mon mari il est parti mais on ne sait pas trop comment, on ne sait pas trop pourquoi parce qu'il sera allé voir un copain.
07:35Et puis ensuite, elle va dire, comme vous l'avez souligné, que Laurent Baca va faire un go fast, c'est-à-dire aller chercher en fait du cannabis en provenance d'Espagne, remonter à bord de voiture extrêmement rapide.
07:50Mais ça, ce n'est pas possible.
07:51Et ça, c'est plutôt même improbable.
07:53Effectivement, on se pose beaucoup de questions.
07:55Bonjour David Senna.
07:56Bonjour Jean-Alphonse Richard.
07:58Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
08:02Vous avez été avocat général au procès d'Edith Scaravetti.
08:07Alors ce dossier, évidemment, vous l'avez feuilleté à multiples reprises, vous le connaissez presque par cœur.
08:11Vous voyez à peu près comment tout a pu se passer ou s'est passé, on ne sait pas trop.
08:16Et puis vous êtes l'auteur du livre « Avocat général, portez l'accusation » publié aux éditions Mareuil.
08:22Ce sont vos souvenirs d'avocat général.
08:24Vous êtes toujours avocat général, je vous rassure tout de suite, mon cher David Senna.
08:29Mais bon, voilà.
08:30David Senna, question pour faire suite à ce que dit Xavier Benerozo.
08:34Elle raconte beaucoup de choses, tout de suite, cette compagne.
08:39Et le problème, c'est qu'elle en rencontre peut-être trop.
08:42Elle donne plusieurs versions, etc.
08:44On ne sait pas trop comment il a disparu, cet homme.
08:46Elle donne un contexte, elle décrit un contexte assez habilement.
08:51Elle ouvre des pistes, la drogue, le go-fast, les violences conjugales, un couple qui est en difficulté.
09:01Donc elle l'oriente, l'enquête, et elle donne également un contexte social, qui est le contexte des femmes battues.
09:09On est quand même quelques années après, deux ans après Jacqueline Sauvage.
09:15Ça a marqué les esprits.
09:16Ça a marqué les esprits, ça a marqué l'opinion publique, la justice, bien évidemment, qui est influencée aussi par ce contexte, il faut quand même le dire.
09:25On n'est pas non plus totalement imperméable à ça.
09:28L'indépendance, c'est aussi ça le problème de la justice, être indépendant face à un contexte.
09:32Donc elle laisse s'installer, dans le fond, une histoire qui est une histoire crédible, plausible, d'une femme battue, d'une femme qui est exploitée par un homme qui est violent, qui est un trafiquant de drogue.
09:43Et donc, elle façonne un petit peu l'histoire et elle prépare déjà sa défense.
09:50On a déjà ce décor, on a déjà ce décor qui est planté, maître David Sénat.
09:56On a planté le décor, David Sénat.
10:00Le décor est planté et le décor, eh bien, elle va finalement non pas se contenter de cela, mais elle va en dire assez peu, notamment au premier procès, pour laisser, je dirais, eh bien, les gens adhérer, un jury adhérer à ce récit.
10:22Et il faudra un petit peu ramer, j'ai envie de dire, contre un récit auquel on croit.
10:29Et c'est compliqué, parce qu'on est l'accusation, moi en particulier, on est un peu contre l'opinion publique.
10:36Et c'est politiquement incorrect, judiciairement et politiquement incorrect, que de prétendre qu'elle soit une menteuse, que de prétendre qu'elle affabule.
10:44On a du mal, parce qu'encore une fois, eh bien, l'apparence lui donne raison.
10:49On va y venir, effectivement, parce que ça a pesé beaucoup dans le débat.
10:53Est-ce que c'est une femme battue ? Est-ce que c'est une menteuse, Xavier Bénéroso ?
10:55Oui, alors, ce qui est formidable, et ce n'est pas parce qu'il est là, c'est d'avoir l'avis d'un magistrat,
10:59parce que dans cette affaire, il faut bien que les auditrices et les auditeurs comprennent,
11:03il faut bien avoir en tête le contexte de l'affaire sauvage et le contexte MeToo, qui va, c'est assez rarissime, qui va peser dans cette affaire judiciaire.
11:13Juste un petit mot encore, Xavier Bénéroso. On revient à l'enquête.
11:17Personne n'a vu Laurent Baca le mercredi 6 août à Toulouse. Il serait parti à pied, comme ça.
11:22Il est parti à pied, il est parti sans sa voiture, il est parti sans son portable, et il est parti voir un copain.
11:29C'est au départ les premières déclarations d'Edith Scaravetti, qui ne va pas voir la police après cette disparition,
11:39enfin, après ce départ qu'on n'arrive pas à expliquer.
11:43Il y a plusieurs jours qui se passent. Elle attend, mais après tout, elle peut attendre son mari,
11:47qui est parti sur un coup de tête, et ils étaient fâchés à ce moment-là.
11:49Bonjour, Maître Pierre Lebonjour.
11:52Bonjour.
11:53Maître Lebonjour, qui est ce jeune couple, Edith Scaravetti et Laurent Baca ?
11:59Je précise que vous êtes avocat de la famille de Laurent Baca.
12:02C'est un jeune couple, plutôt normal, on va dire. Il n'y a pas vraiment de soucis.
12:09Les familles, belles familles, s'entendent bien, même très bien.
12:14Ça va faire des barbecues, des repas, chez les uns, chez les autres.
12:19Il n'y a pas vraiment de soucis d'apparence. Il n'y a pas de conflits familiaux.
12:23Il n'y a pas de dispute, en vrai, au grand jour.
12:25Il peut y avoir quelques difficultés, comme ça, mais pas plus que ça.
12:28Rien d'extraordinaire. On va dire, les familles sont présumées.
12:34Maître Pierre Lebonjour, on en parlait à l'instant avec David Sena et Xavier Benéroso.
12:39Il y a ces violences qui sont indiquées.
12:41Elle dit tout de suite, Edith Scaravetti, qu'elle, c'est une femme battue.
12:45La famille du disparu est très proche d'Edith.
12:48Notamment la sœur de Laurent Baca est très proche d'Edith.
12:51Toutes ces violences, la famille ne les a pas vues.
12:52Alors, justement, justement, par exemple, quelques jours ou quelques semaines,
12:59avant la disparition de Laurent, je crois que cette dame partait en vacances à la mer
13:06avec la sœur de celui-ci et autres.
13:09Elle était en maillot de bain, etc.
13:10Il n'y avait pas d'hématome, il n'y avait rien.
13:11Elle était très souvent chez eux.
13:13Il n'y avait pas de marque, il n'y avait pas d'hématome,
13:14il n'y avait pas de propos venant de dire ou suggérés,
13:17alors qu'ils sont très proches.
13:19Alors, oui, on peut cacher parce que c'est honteux.
13:21On peut cacher parce que c'est au sein du cercle privé, familial, intérieur, tout ça.
13:26Mais on est obligé de rester là aussi sur une réserve certaine là-dessus.
13:30Plus de trois mois après, une macabre découverte.
13:34Edith Scaravetti, le cadavre est dans le grenier.
13:37Il m'a dit, montre de quoi tu es capable.
13:39Je ne sais pas ce qui s'est passé, le coup est parti.
13:42Par accident.
13:43L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:46L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Edith Scaravetti.
14:02A août 2014, à Toulouse, cette jeune mère de famille a déclaré la disparition de son compagnon.
14:07Son couple battait de l'aile, il était violent.
14:10Trois mois plus tard, les enquêteurs la réinterrogent.
14:13Ils vont visiter la maison.
14:16Lundi 3 novembre 2014, la juge de Toulouse, Myriam Viargue,
14:21est désignée pour enquêter sur la disparition de Laurent Bacca.
14:24Edith Scaravetti est à nouveau entendue.
14:27Elle décrit sous son mauvais jour le disparu.
14:29Un homme sous l'emprise de l'alcool, du cannabis, violent, des gifles, des bousculades.
14:34Elle n'a jamais déposé plainte car il était le père des enfants
14:37et que le lendemain, il avait tout oublié.
14:40Selon elle, la situation s'est aggravée depuis deux ans.
14:43Edith Scaravetti raconte que dans la nuit du 5 au 6 août,
14:47Laurent Bacca l'a réveillée pour lui faire des reproches.
14:50Une dispute, mais il ne l'a pas battue.
14:52Elle ne comprend pas les raisons de son départ.
14:55Elle ne croit pas non plus au suicide.
14:58Jeudi 20 novembre, une quinzaine de personnes,
15:00juges d'instruction, policiers, pompiers,
15:02débarquent à la maison de Laurent Bacca et Edith Scaravetti.
15:06Un puits au fond du jardin est sondé.
15:08Le terrain vague attenant est exploré.
15:11Des enquêteurs visitent le garage, la cave, le rez-de-chaussée.
15:15Edith Scaravetti demeure impassible.
15:17Elle plie tranquillement du linge.
15:20Les policiers lui demandent alors de venir à l'étage.
15:24Sans prévenir, elle s'assoit sur le lit conjugal
15:27et murmurent « Je suis un monstre ».
15:30Edith Scaravetti se met à parler.
15:33Elle explique que dans la nuit du 5 au 6 août,
15:35Laurent Bacca, ivre, est entré dans la chambre.
15:38Il lui a donné des coups de pied.
15:40Il s'est emparé de la carabine de son grand-père,
15:43caché au haut d'une armoire.
15:44Il l'a menacé.
15:46Il lui a dit qu'il allait s'en prendre aux enfants.
15:48Elle s'est levée.
15:49Il l'a violemment poussée dans l'escalier.
15:51Le couple s'est retrouvé dans le salon du rez-de-chaussée.
15:54Il l'a frappé.
15:55Il hurlait.
15:56Laurent Bacca s'est allongé sur le canapé.
15:58Il a appuyé le canon de la carabine sur sa propre tempe.
16:03Il a exhorté sa compagne en ricanant de presser la détente.
16:08« Sois courageuse.
16:09Une fois dans ta vie, montre de quoi tu es capable », lui a-t-il lancé.
16:13Elle ne sait pas ce qui s'est passé, mais le coup est parti, par accident.
16:17Peu après, elle a entendu les enfants qui se réveillaient.
16:20Ils n'ont rien vu.
16:21Elle les a emmenés prendre leur petit-déjeuner à la boulangerie,
16:24puis les a conduits au centre aéré.
16:27Les enquêteurs demandent à Edith Scaravetti où est le corps.
16:31« Il est là, au-dessus de vous.
16:33Je l'ai coulé dans du béton », répond-elle.
16:37Dans les combles, accessible par un escalier escamotable,
16:40les policiers découvrent, entre deux piliers,
16:43une espèce de sarcophage en béton.
16:45On le brise.
16:47Le cadavre de Laurent Baca apparaît, enveloppé de sac poubelle.
16:51Une balle a pénétré la tempe droite.
16:53L'arme du crime, la carabine Vindelon, rifle,
16:56est retrouvée dissimulée dans la chambre conjugale.
16:59L'ex-compagne précise avoir tout d'abord dissimulé le corps sous la tonnelle.
17:04À cause de l'odeur et des mouches,
17:06elle a préféré le cacher tout d'abord dans le jardin, puis dans le grenier.
17:11Elle affirme qu'elle a fait tout elle-même,
17:13le corps hissé avec une sangle,
17:16la maçonnerie du sarcophage,
17:18le nettoyage des outils.
17:19Elle ne supportait plus un homme violent, humiliant.
17:22Elle raconte qu'un jour, Laurent a pris un couteau chauffé à blanc
17:25et il a gravé ses initiales sur une fesse et sur sa poitrine.
17:28Des photos prises par un médecin
17:30laissent apparaître les traces d'un L et d'un B
17:34sur le corps de l'ex-compagne.
17:37Et voilà donc pour ces révélations qui signent un homicide.
17:41Un geste involontaire ne va cesser de répéter l'ancienne compagne.
17:45Elle ne voulait pas tuer.
17:46Beaucoup de questions restent posées sur ce qui s'est passé ce matin-là
17:49dans cette maison du quartier Saint-Simon à Toulouse.
17:52On va voir ce que va donner la suite de l'enquête
17:53et surtout ce procès inévitable qui va bien sûr arriver.
17:57On va en parler dans la suite de l'émission.
18:01Alors pendant trois mois et demi,
18:02Edith Scaravetti a caché son secret.
18:04Xavier Benéroso, vous êtes journaliste avec nous dans l'heure du crime.
18:07Vous connaissez bien les protagonistes de cette affaire.
18:09Vous les avez rencontrées.
18:11Alors c'est très important.
18:13Elle n'a rien montré à ses proches
18:15et elle est restée très près de sa belle famille.
18:18Oui, elle est restée très près de sa belle famille
18:20puisque Jennifer, la sœur de Laurent Bacca,
18:24se rend, pas quotidiennement,
18:26mais elle va voir Edith Scaravetti dans la maison
18:30où se trouve son frère emmuré au grenier.
18:36C'est-à-dire que là, on pourrait imaginer une certaine panique
18:39de la part d'Edith Scaravetti.
18:41Pas du tout.
18:42Alors on dit que pendant cette période,
18:44elle est restée un peu cloîtrée,
18:46qu'elle fumait beaucoup,
18:47qu'elle a perdu du poids.
18:48Mais ce qui est invraisemblable,
18:51c'est qu'elle nourrit,
18:53elle donne plusieurs explications.
18:54On en a parlé tout à l'heure de l'histoire des stupéfiants.
18:58Mais elle ne montre rien.
19:00Elle ne montre rien pendant trois mois
19:04avec, à l'intérieur de cette maison
19:07qui a des couleurs un peu roses ou ocres,
19:10avec trois enfants dont elle s'occupe.
19:13Oui, c'est ça.
19:14Mais même, vous dites qu'elle ne montre rien,
19:16elle montre sa peine quand même.
19:18Elle dit, je le cherche.
19:19Ah oui, elle dit, j'espère,
19:22elle dit à sa sœur,
19:23j'espère qu'on va le retrouver assez rapidement.
19:25Mais alors, il y a un détail aussi invraisemblable
19:27dans cette histoire,
19:28c'est que la famille Martine Bacca en tête
19:31commence à alerter la presse.
19:33Et à la une de la Dépêche du Midi,
19:35il y a une photo.
19:37Il y a une photo,
19:38on recherche Laurent,
19:39avec la photo de Laurent Bacca, etc.
19:41C'est ça.
19:41Il y a tous les membres de la famille,
19:44sauf une personne,
19:45Edith Scaravetti,
19:47la compagne de Laurent Bacca.
19:49C'est ça,
19:49qui finalement ne se montre pas.
19:51Qui ne participe pas aux recherches,
19:53qui est très détachée.
19:56David Senna,
19:57vous êtes avec nous dans l'heure du crime,
19:58vous avez été avocat général
20:00au procès d'Edith Scaravetti.
20:01Je rappelle votre ouvrage,
20:02qui est important,
20:03il faut le lire si on veut comprendre
20:04les mécanismes de la justice,
20:05qui s'appelle
20:06Avocat général porté l'accusation,
20:07qui a été publié aux éditions Mareuil.
20:09David Senna,
20:11elle explique,
20:13Edith Scaravetti,
20:14elle paraît sous le choc,
20:15évidemment,
20:17elle avoue le crime,
20:19elle parle de la bagarre,
20:21le coup de feu.
20:22Est-ce que toutes ces déclarations
20:23sont de la suspecte,
20:25cadre avec les constatations des experts ?
20:27Alors,
20:30elle livre une version
20:31qui est très très habile,
20:34parce qu'on est dans un crime sans témoin,
20:36et que par conséquent,
20:37ces déclarations,
20:38eh bien,
20:39elles paraissent s'adapter,
20:41effectivement,
20:42en partie à la réalité.
20:43Elle nous décrit
20:44une scène de bagarre,
20:46une chabaillerie,
20:47comme on dirait aujourd'hui,
20:49avec cet homme qui est allongé,
20:51et qui, en effet,
20:52a le fusil sur la tempe.
20:54Donc, ça cadre,
20:55effectivement,
20:55ce trou fait par la...
20:57la balle dans la tempe
20:59qu'évoquait Xavier Bédéroso
21:01à l'instant.
21:02Donc, ça a l'apparence
21:03de la réalité.
21:05Et elle nous décrit
21:06quelque chose qui,
21:06en effet,
21:08est plausible,
21:09spécieux,
21:10mais plausible.
21:11Et c'est quand même
21:12la grande habilité
21:13d'Edith Scaravetti,
21:14qui n'est pas seulement
21:15la jeune femme naïve,
21:18victime,
21:19mais qui a aussi
21:20une certaine présence d'esprit,
21:22un certain sang-froid.
21:24Elle concède
21:24la découverte du crime
21:26et le fait qu'elle est
21:26tué son mari,
21:27enfin, matériellement,
21:28qu'il soit mort de manière violente.
21:30Mais elle a une explication
21:31qui la détache
21:32de la commission des faits
21:34et qui présente cette mort
21:35sous l'angle
21:36soit d'un accident,
21:38soit d'une dispute
21:39qui est mal tournée.
21:40C'est ça.
21:41Et elle a beaucoup de conviction
21:42dans ce qu'elle raconte.
21:43Donc, effectivement,
21:44on boit ses paroles,
21:45en quelque sorte.
21:46On boit ses paroles,
21:46parce qu'en plus,
21:47elle s'installe
21:49comme femme battue
21:50et qu'à partir de là,
21:51sa parole,
21:52elle est crédible
21:52en toute première intention.
21:55C'est-à-dire qu'on ne l'armait pas en cause
21:56parce qu'elle a ce statut
21:57premier de victime.
21:59Alors,
22:00ce qui peut remettre en question tout ça,
22:01ce sont les analyses techniques,
22:02scientifiques.
22:03Elles sont nombreuses.
22:04Bon,
22:04il y a la balistique,
22:05par exemple,
22:06mais il y a une question
22:06qui se pose tout de suite.
22:08Et ça,
22:08les enquêteurs,
22:08ils vont regarder ça de près.
22:10David Sénat,
22:11est-ce qu'elle a fait ça toute seule ?
22:13Parce qu'il y a toute une organisation,
22:15il faut monter ce corps.
22:17Cogrenier,
22:17c'est une petite femme
22:18à la mesure 1m50,
22:20il faut quand même monter le corps.
22:21Et puis,
22:21il faut fabriquer ce sarcophage.
22:23Alors,
22:23on n'a jamais pu prouver
22:24qu'elle n'était pas seule.
22:26Voilà ce que je peux dire aujourd'hui
22:27au terme de deux procès.
22:29J'ai toujours eu la conviction intime
22:31qu'elle n'était pas seule,
22:33mais je n'ai pas pu prouver le contraire.
22:35Alors,
22:36moi,
22:36je vais me faire l'avocat de la Défense.
22:38Je vais vous expliquer quelque chose.
22:39ce qui est assez sordide,
22:41c'est qu'elle a mis
22:42dans un premier temps,
22:43si vous voulez,
22:44le cadavre dans le jardin.
22:45Il faisait très chaud à Toulouse
22:46et que le cadavre,
22:47à ce moment-là,
22:48perd de l'eau
22:49et est moins lourd à porter.
22:51Ce qui pourrait expliquer
22:53qu'elle ait eu moins de difficultés
22:55à grimper son escabeau
22:57pour installer son Laurent Bacca
23:00au grenier.
23:01Alors,
23:01l'explication de David Bénéroso
23:02est intéressante,
23:03mais elle ne rend pas compte
23:05de la difficulté psychologique,
23:07et pas physique,
23:08mais psychologique.
23:09Il y a à transporter
23:10un corps en décomposition
23:11avec tout ce que ça comporte
23:12et qui fait que
23:14c'est compliqué
23:15à imaginer
23:16pour une jeune femme
23:17ou pour toute personne seule,
23:19d'ailleurs.
23:19Et j'ajoute à ça,
23:20c'est la suite,
23:21c'est qu'il faut fabriquer
23:22le sarcophage.
23:24C'est un travail
23:24de maçonnerie,
23:26David Senna,
23:26vous êtes d'accord avec ça ?
23:27Il est plutôt bien fait ?
23:29Il est très bien fait,
23:30à telle enseigne
23:30que l'enquêteur
23:32qui perquisitionne la maison
23:33en première intention,
23:34Stéphane Robert,
23:34qui est un enquêteur chevronné,
23:36remarquable,
23:37il perquisitionne le grenier
23:39et il ne voit rien
23:41tellement,
23:42il voit un aménagement
23:43qui a l'air
23:44complètement initial,
23:46primitif,
23:47parfaitement réalisé,
23:48qui n'appelle pas du tout
23:49de...
23:50On n'a pas l'impression
23:50que c'est un travail
23:51qui a été fait récemment
23:52ou qui est artificiel.
23:53Alors,
23:53Edith Scaravidi
23:54dit pour se défendre
23:56que finalement,
23:58elle a fait ça
23:58parce que Laurent Baccar
24:00lui aurait appris
24:02ou l'aurait déjà menacé,
24:03en tout cas,
24:04de la couler dans le béton
24:05et que, bon,
24:06je veux dire,
24:07a priori,
24:07elle aurait appris
24:08à faire ce genre
24:10de travail de maçonnerie.
24:12On n'est pas obligé
24:13de la croire,
24:13Jean-Alphonse.
24:14Ah non,
24:14mais ce qui est fascinant...
24:16On ne pose que des questions.
24:17Et ce qui est fascinant,
24:18et ce que vient de dire
24:18David Senna,
24:19ce qui est fascinant
24:19dans cette histoire,
24:20c'est qu'il y a une histoire
24:21qui marche pour l'accusation
24:23et il y a une histoire
24:24qui marche pour la défense.
24:26Trois ans et demi plus tard,
24:28l'heure du procès.
24:29Edith Scaravidi,
24:31le cadavre est dans le grenier.
24:32Je l'ai beaucoup plaint,
24:33mais pour moi,
24:34c'est une grande actrice.
24:36Elle mérite l'Oscar,
24:37l'enquête de l'heure du crime.
24:38L'accusé était-elle victime
24:40d'un compagnon violent
24:40ou bien joue-t-elle la comédie ?
24:42À suivre,
24:43dans un court instant,
24:44sur RTL.
24:45L'heure du crime,
24:46présenté par Jean-Alphonse Richard,
24:48sur RTL.
24:5014h15,
24:51c'est l'heure du crime,
24:53sur RTL.
24:54Avec Jean-Alphonse Richard.
24:56Je suis sidéré
24:58par ce que je vois.
24:59Le compagnon
24:59a considéré devoir,
25:01effectivement,
25:01la marquer
25:02comme on marque un bétail.
25:04Parce qu'il la possède
25:05et qu'elle lui appartient.
25:07Autour,
25:08dans l'heure du crime,
25:09sur l'affaire Edith Scaravetti,
25:10cette jeune femme,
25:11mère de trois enfants,
25:12a avoué en 2014
25:13avoir tué accidentellement
25:15son compagnon,
25:16Laurent Bacca,
25:17qu'elle décrit
25:17comme un homme violent.
25:19La famille de la victime
25:20la présente
25:20comme une menteuse.
25:23Lundi 19 mars 2018,
25:25Edith Scaravetti,
25:2631 ans,
25:27visage fin,
25:28cheveux bruns,
25:28chignon,
25:29apparaît devant la cour d'assises
25:31de la Haute-Garonne,
25:32à Toulouse.
25:33Ses avocats,
25:34maître Laurent Boguet,
25:35Georges Catala,
25:36dressent le portrait
25:37d'une femme battue,
25:38soucieuse de ses enfants,
25:39maltraités
25:40et sous l'emprise
25:41d'un compagnon violent,
25:42colérique,
25:43alcoolique.
25:44Ils se sont rencontrés
25:45quand elle avait 17 ans.
25:47Elle l'aimait
25:48et Laurent Bacca
25:49l'aimait sûrement aussi,
25:50deux personnalités fragiles.
25:52Cela ne pouvait que mal finir,
25:53déclare maître Catala.
25:55L'accusé témoigne
25:57d'une voix posée.
25:58Ce que j'ai fait est horrible,
25:59Laurent n'est pas un monstre,
26:01je ne veux pas
26:01que ce soit l'image
26:03qu'on garde de lui.
26:04C'était un homme
26:05en grande souffrance,
26:06dit-elle.
26:06Elle ajoute,
26:07quand Laurent envoyait mes bleus,
26:09il en souffrait.
26:10C'est aussi pour ça
26:11que je l'ai caché.
26:12En une seule journée d'audience,
26:14malgré les versions
26:15plus nuancées
26:15des enquêtrices
26:16et des interventions
26:17des avocats
26:18de la famille Bacca,
26:19Edith Scaravetti
26:20apparaît
26:20comme une femme
26:21bafouée et battue.
26:23Ses avocats donnent
26:24un exemple,
26:25le cas Jacqueline Sauvage,
26:26jugée pour avoir
26:27tué son mari.
26:29Mardi 20 mars,
26:30la famille de Laurent Bacca
26:31présente un tout autre visage
26:33de l'accusé.
26:34Martine,
26:34la mère de Laurent,
26:35témoigne.
26:36Edith a continué
26:37à venir manger chez nous,
26:38à nous serrer dans ses bras.
26:40Jennifer,
26:40la sœur
26:41qui a cherché son frère
26:42jusqu'en Espagne,
26:43ajoute,
26:44après la disparition,
26:45Edith me disait
26:46qu'elle avait peur.
26:46J'ai dormi avec elle
26:47dans sa chambre.
26:48Je ne savais pas
26:49que cette nuit-là,
26:50le corps de mon frère
26:51reposait au-dessus de nous.
26:53La sœur poursuit.
26:54Noël approchait.
26:55J'ai demandé à Edith
26:57ce qu'elle voulait
26:57comme cadeau.
26:58Elle m'a répondu
26:59que Laurent revienne.
27:01Je l'ai beaucoup plainte,
27:02mais pour moi,
27:03Edith est une grande actrice.
27:05Elle mérite l'Oscar.
27:06L'un des avocats
27:07de la famille,
27:08Edouard Martial,
27:09évoque un meurtre
27:09de sang-froid.
27:10L'accusé s'écrit
27:11« Je n'ai pas voulu
27:13le tuer ».
27:14L'avocat général
27:15David Sénat
27:15demande 20 ans de prison.
27:17Edith Scaravetti
27:18est condamnée
27:19à 3 ans de prison
27:20pour homicide volontaire.
27:23Elle est remise
27:24en liberté.
27:263 ans de prison
27:27au lieu des 20
27:29demandés par
27:30l'avocat général
27:31David Sénat.
27:32David Sénat,
27:33vous êtes avec nous
27:33dans l'heure du crime.
27:35Vous étiez donc
27:35avocat général
27:36au procès d'Edith Scaravetti
27:38à ce premier procès.
27:39Alors, c'est de toute évidence
27:41le portrait
27:42d'une femme battue,
27:43d'une femme opprimée,
27:44d'une femme malmenée
27:45qui s'est imposée.
27:46Oui.
27:47C'est exactement
27:48la version
27:48qui a été validée
27:49par la Cour d'assises.
27:50C'est-à-dire
27:51une femme battue
27:52qui se défend.
27:54Alors,
27:55pas complètement
27:56puisque ce n'est pas
27:57la thèse
27:57de la légitime défense
27:58qui est retenue.
28:00C'est une solution
28:01tout à fait hybride
28:02et tout à fait étrange
28:03de ce point de vue-là.
28:05Moi, j'aurais davantage compris
28:06qu'elle soit acquittée
28:07au bénéfice
28:08de la légitime défense
28:09ça aurait eu la vertu
28:11de la cohérence
28:12et peut-être
28:12d'un certain courage
28:13de la part
28:15de la Cour d'assises.
28:16Là, c'est une version
28:17intermédiaire
28:17de demi-culpabilité,
28:20un accident,
28:21un accident d'armes
28:22en réalité,
28:24en mode
28:24accident de chasse
28:25comme on en connaît,
28:27qui n'est donc pas satisfaisant
28:28au plan intellectuel.
28:30Soit elle est coupable,
28:31soit elle est
28:32dans la légitime défense.
28:33Là, on n'est
28:33ni dans un cas
28:34ni dans l'autre.
28:35c'est une solution
28:36qui est totalement
28:36insatisfaisante.
28:37Alors, effectivement,
28:38on est un peu
28:39entre deux eaux.
28:40C'est vrai,
28:40Xavier Benéroso,
28:41vous êtes avec nous
28:42dans l'heure du crime
28:43et encore une fois,
28:44vous avez suivi
28:45toute cette affaire,
28:45vous êtes journaliste.
28:48Effectivement,
28:48il y a la vague
28:49MeToo
28:50qui est passée par là.
28:51C'est indéniable.
28:54Est-ce que ça a pesé
28:54sur ce verdict ?
28:56Dans un papier formidable
28:57de Pascal Robert,
28:58dire la chroniqueuse du monde,
29:00on insiste sur le fait,
29:01mais ça,
29:01on ne va peut-être
29:02demander à David Sénat
29:03ce qu'il en pense,
29:04mais il y a des femmes
29:05parmi les jurés,
29:08majoritairement.
29:09Voilà.
29:10Il y a des femmes
29:11qui jugent une autre femme
29:12et qui lui infligent
29:15une peine qui est,
29:17alors moi,
29:18je ne dirais pas ça,
29:18j'ai presque un acquittement déguisé
29:19puisqu'elle a fait trois ans
29:20déjà de prison.
29:22Oui, elle sort d'ailleurs
29:22de prison.
29:24Donc, moi,
29:25ce qui m'intéresse
29:26c'est de savoir,
29:27peut-être avoir
29:28l'avis de David Sénat
29:29là-dessus en disant
29:29est-ce que s'il n'y avait pas eu
29:31la vague MeToo,
29:33est-ce que vous pensez
29:34aujourd'hui
29:35que ce verdict
29:36aurait été différent ?
29:38Je pense que
29:41le contexte,
29:42effectivement,
29:43qu'évoque Xavier Bénéroso
29:44a flotté
29:46dans l'atmosphère
29:48de ce procès
29:49et qu'il explique
29:51assez largement
29:52ce verdict
29:54en forme,
29:55en effet,
29:55d'acquittement déguisé.
29:57Trois ans
29:57de détention provisoire,
29:58trois ans prononcés,
30:00c'est presque trop beau.
30:01Mais,
30:02à l'époque,
30:03encore une fois,
30:04on est
30:04dans cette première époque
30:06de la lutte
30:07contre les violences
30:08faites aux femmes,
30:08les femmes battues,
30:10MeToo,
30:10et on ne peut pas
30:12sortir de cette
30:13forme de gang,
30:16un peu,
30:16qui nous empêche
30:18dans le fond
30:18de lire ce dossier
30:20comme il est,
30:21c'est-à-dire
30:21comme le dossier
30:22d'un homicide.
30:23Et il est très compliqué
30:24pour un avocat général
30:25dans le fond
30:26de lutter
30:27contre une opinion publique
30:28qui est inquiète,
30:31mais qui parfois
30:32brouille un peu
30:33notre discernement.
30:34Mais après tout,
30:35Xavier Bénéroso,
30:36pourquoi ne pas la croire ?
30:37Parce qu'effectivement,
30:38on n'a pas trouvé
30:39de marque.
30:39Vous avez parfaitement
30:40raison parce que...
30:41La famille dit
30:41on n'a rien vu
30:42mais ça ne veut pas
30:43dire grand-chose.
30:43Là, vous avez
30:44parfaitement raison.
30:45Il y a quelque chose
30:45que dit Edith Scaravetti.
30:47Elle dit
30:47je ne suis pas
30:48complètement parfaite,
30:50je ne suis pas
30:51complètement manipulatrice.
30:54C'est-à-dire
30:55qu'elle dit à l'audience
30:56en fait,
30:57c'est pas une affaire
30:59qu'on peut voir
30:59de manière manichaine.
31:01C'est-à-dire
31:02il n'y a pas d'un côté
31:02la femme battue
31:04et puis de l'autre
31:06je veux dire
31:07la super manipulatrice.
31:08Je crois que tout ça
31:09comme vous l'avez rappelé
31:11s'entremêle.
31:12Elle dit à l'audience
31:13je l'aimais.
31:15C'est-à-dire
31:15j'aimais le type
31:17qui me tapait dessus
31:17si vous voulez.
31:18Donc il y a
31:19une espèce
31:20de mélange
31:22de positionnement
31:23qui est un peu
31:24qui est un peu
31:25bizarre
31:25et je pense que
31:28dans
31:28le premier verdict
31:30on a choisi
31:31une version
31:32celle de la femme battue
31:34et on va voir.
31:35On va voir ce que va donner
31:36l'autre procès.
31:38David Senna
31:40on n'en a pas parlé
31:41mais c'est important
31:42et c'est toujours au centre
31:43des affaires criminelles.
31:45Le mobile
31:45elle a tué
31:47elle a dit
31:47oui c'est moi
31:48qui l'ai tué
31:49j'ai pas fait exprès
31:50c'était une bagarre
31:51mais si elle l'avait tué
31:53volontairement
31:53comme l'accusation le croit
31:55quel serait le mobile ?
31:57c'est une femme malheureuse
31:58battue
31:59je ne sais pas
32:00malheureuse
32:01certainement
32:01c'est un couple
32:02qui n'existe pas
32:04qui n'existe plus
32:05elle a
32:06retrouvé
32:08l'amorce
32:08de quelque chose
32:09elle
32:10se sait capable
32:11de séduire
32:11et après tout
32:12pourquoi pas
32:12elle a déjà
32:14tourné un peu
32:15la page
32:15incontestablement
32:16et la vie
32:17n'est plus
32:18aussi belle
32:19qu'autrefois
32:20alors battue
32:21je ne sais pas
32:22monsieur l'avocat général
32:23là aussi
32:24je vais me faire
32:24l'avocat de la Défense
32:25elle a quand même été menacée
32:26elle aurait pris
32:27dit-elle
32:27une balle
32:28qu'on aurait retrouvée
32:29dans le
32:29comment dirais-je
32:31par hasard
32:31dans son lit
32:32on a retrouvé
32:32la douille
32:34bon la question
32:34est-ce que
32:35ce tir
32:36qu'on lui aurait
32:37infligé
32:37il a été fait
32:38par Laurent Bacca
32:39ou a posteriori
32:40par Edith Scaravetti
32:41ça on ne saura jamais
32:42personne ne peut le dire
32:43Maître Pierre Lebonjour
32:45vous êtes avec nous
32:45également dans l'ordre du crime
32:46une question avec vous
32:47avocat à Toulouse
32:48avocat de la famille
32:49de Laurent Bacca
32:50procès
32:51voilà
32:51elle prend trois ans de prison
32:52elle est libérée
32:53tout simplement
32:54parce qu'il faut le préciser
32:55c'est ça
32:55la détention provisoire
32:57couvre la peine demandée
32:58c'est ça
32:58Maître Pierre Lebonjour
32:59oui c'est une peine symbolique
33:01ça valide
33:02sa détention provisoire
33:03elle sort
33:03immédiatement
33:04sur une qualification
33:06qui ne ressemble à rien
33:08et on ne comprend pas
33:09bien sûr
33:09mais on avait à l'époque
33:10un président
33:11qui était très partisan
33:13de la cause des femmes
33:14de la cause des femmes battues
33:16etc
33:16il y a eu vraiment
33:17à tous les niveaux
33:18à ce moment là
33:19un impact sociétal
33:21qui a fait que
33:23cette parole
33:24de l'accusé
33:26devenait sacrée
33:28et on a validé
33:29cette thèse
33:30qui était proposée
33:31sans y réfléchir
33:32plus profondément
33:33en réalité
33:33le parquet fait appel
33:36du verdict
33:36il y aura donc
33:37un deuxième procès
33:38Edith Scaravetti
33:39le cadavre est dans le grenier
33:40si elle a voulu dissimuler
33:42c'est parce que son geste
33:43était volontaire
33:44l'enquête de l'heure du crime
33:45on se retrouve dans un instant
33:46sur RTL
33:47l'heure du crime
33:49jusqu'à 15h
33:51sur RTL
33:5214h15
33:55c'est l'heure du crime
33:57sur RTL
33:58au programme aujourd'hui
33:59de l'heure du crime
34:00l'affaire Edith Scaravetti
34:012014
34:02cette jeune mère
34:03de trois enfants
34:03a avoué avoir abattu
34:05accidentellement
34:06son compagnon
34:07violent
34:07possessif
34:08Laurent Baca
34:09condamné à trois ans
34:11au premier procès
34:12cinq ans après les faits
34:13elle est rejugée
34:14en appel
34:15lundi 13 mai 2019
34:18Edith Scaravetti
34:1932 ans
34:20est devant la cour d'assises
34:21du Tarn-et-Garonne
34:22à Montauban
34:23l'accusé raconte à nouveau
34:25la mort de son compagnon
34:26Laurent Baca
34:27elle ne comprend toujours pas
34:29comment son doigt
34:29a pu presser la détente
34:31j'ai voulu le désarmer
34:32et le coup est parti
34:33indique-t-elle
34:34elle était certaine
34:35que la carabine
34:36n'était pas chargée
34:37l'issue fatale
34:38d'une histoire
34:39où elle était gagnée
34:40par l'épuisement
34:41et l'enfermement
34:42après le drame
34:43elle a menti à tout le monde
34:44répondait notamment
34:45à sa belle famille
34:46je n'ai jamais voulu
34:47que cela arrive
34:48je l'aimais
34:49même si j'en avais peur
34:51les avocats de la famille Baca
34:54ne croient pas à un accident
34:55un geste involontaire
34:58en maniant la carabine
34:59il s'étonne
35:00que le bruit de la scène
35:01n'ait pas réveillé
35:02les enfants
35:03qui dormaient
35:03dans la chambre voisine
35:04lors de l'enquête
35:06ces derniers ont confirmé
35:07n'avoir rien entendu
35:08ni cri
35:09ni bruit
35:10pour les avocats
35:11de la famille
35:12Edith Scaravetti
35:12serait revenu
35:13dans la maison
35:14après avoir conduit
35:16les enfants
35:16au centre aéré
35:17elle aurait tiré
35:19sur le compagnon endormi
35:20si on ne retrouve pas
35:21l'étui percuté
35:23de l'arme
35:23c'est parce qu'elle l'a enlevé
35:25si elle cache l'arme
35:26c'est bien pour qu'on ne sache
35:28pas qu'elle a tiré
35:28et si on veut dissimuler
35:30c'est bien parce que
35:31ce geste était volontaire
35:33indique maître Pierre
35:34le bonjour
35:34l'avocat général
35:35abonde dans ce sens
35:37oui
35:37il s'agit bien d'un meurtre
35:39et pas d'un simple accident
35:40insiste David Senna
35:41selon lui
35:42si l'affaire Jacqueline Sauvage
35:44a souvent été évoquée
35:45lors des deux procès
35:46il ne faut pas raisonner
35:48de façon hasardeuse
35:50on doit écarter
35:51la primauté
35:52donnée à l'émotion
35:54indique
35:54le magistrat
35:55il réclame cette fois
35:5615 ans
35:57de prison
35:5815 ans
36:01de prison
36:02c'est ce que vous demandez
36:03David Senna
36:04vous êtes avec nous
36:04dans cette heure du crime
36:05avocat général
36:06au procès
36:06d'Edith Scaravetti
36:08alors vous avez baissé
36:10le quantum de la peine
36:12vous étiez à 20 ans
36:13lors du premier procès
36:14là vous réclamez 15 ans
36:16pourquoi d'un seul coup
36:17cette gradation
36:18a-t-elle diminué ?
36:20de raison à cela
36:21les circonstances avaient changé
36:23Edith Scaravetti était libre
36:24c'était un fait
36:26qui s'imposait à moi
36:27et qui s'imposerait
36:29au juré
36:30qui modifierait un peu
36:32leur perception des choses
36:33une accusée dans un box
36:34n'est pas une accusée
36:35qui est libre
36:36et puis il me fallait
36:38concéder un peu de terrain
36:40si je voulais
36:41rendre acceptable
36:43une condamnation
36:43pour meurtre
36:44dans le fond
36:45j'avais la conviction
36:46que je le ferais
36:47plus facilement
36:48si je lâchais un peu de l'est
36:49sur la peine
36:50sachant que demandant 15
36:52une peine inférieure
36:53serait prononcée
36:55et bien
36:56quelque part
36:57je déculpabilisais
36:58un peu le jury
36:59et il lui permettait
37:00d'adhérer plus facilement
37:02à la thèse du meurtre
37:02alors ça c'est une
37:03effectivement
37:03c'est pas une manœuvre
37:05j'allais dire
37:05mais c'est stratégique
37:06c'est stratégique
37:07vous voulez vous
37:08qu'elle soit condamnée
37:08pour meurtre
37:09ça vous y tenez
37:09j'y tiens
37:10l'accusation y tient
37:11et l'avocat général
37:12et sur cette ligne
37:13Xavier Benéroso
37:15il y a ce procès
37:16on a le sentiment
37:17que le climat
37:18il a changé
37:19entre temps
37:20effectivement ce que dit
37:21David Sellin
37:21est important
37:22elle est libre
37:22cette femme
37:23oui alors on revient
37:24sur ce qui fait
37:25le côté formidable
37:28de cette émission
37:29c'est qu'il y a
37:30deux versions possibles
37:31il y a deux versions
37:32qui se tiennent
37:33comme disait Jean Coedon
37:34de la dépêche du midi
37:36c'est pour ça
37:37que cette histoire
37:37elle est passionnante
37:38c'est à dire que
37:39vous pouvez aller
37:40entre guillemets
37:40dans l'histoire
37:41de la femme battue
37:42comme vous pouvez
37:44aller l'histoire
37:44dans la femme manipulatrice
37:46celle de la tueuse
37:47mais ce que je voudrais dire
37:48aussi pour ceux
37:49qui nous écoutent
37:50c'est que
37:51David Sénat
37:52qui est en face de nous
37:53qui a requis
37:54s'il n'y avait pas eu
37:55d'élément
37:56il n'est pas obsédé
37:58de la condamnation
37:59d'Edith Scaravetti
38:00ce que je veux dire
38:01c'est que
38:01là il nous parle
38:02d'un contexte
38:03à l'extérieur
38:04mais vous avez
38:05parfaitement la possibilité
38:07dans d'autres affaires
38:08de concevoir
38:09que l'accusé
38:10je veux dire
38:11peut-être acquitté
38:12enfin je veux dire
38:13il faut bien le préciser ça
38:15j'ai requis des acquittements
38:16sans être forcément
38:18d'ailleurs suivi en cela
38:19donc ma liberté intellectuelle
38:20elle est totale
38:22néanmoins
38:22Xavier Bédéroso a raison
38:24les circonstances avaient changé
38:26on n'est plus à Toulouse
38:27on est à Montauban
38:28on n'a plus la même
38:30opinion publique
38:31c'est ça
38:31mais ça ça change beaucoup
38:32lorsqu'effectivement
38:33les cours d'assises d'appel
38:35parfois le climat
38:36il est totalement différent
38:37le climat est tout autre
38:37on est dans une ville de province
38:39petite ville
38:40de tradition plus
38:41plus rurale
38:42et conservatrice
38:43la thèse de la femme battue
38:45c'est une thèse
38:46plus intellectuelle
38:47qui correspond beaucoup plus
38:48à une sociologie
38:49de métropole
38:50comme Toulouse
38:51et ça c'est très intéressant
38:52ce que vous racontez
38:52effectivement
38:53le lieu de jugement
38:55lors des cours d'assises
38:56c'est quelque chose
38:57de primordial
38:57on n'en tient souvent pas compte
38:59mais c'est quelque chose
39:00qui joue beaucoup
39:01dans un procès
39:02Maître Pierre Lebonjour
39:04évidemment vous y êtes
39:05à ce procès
39:05vous êtes l'avocat
39:06de la famille de Laurent Baca
39:08alors vous allez dire
39:09à ce procès
39:10Edith Scaravetti
39:11elle ment
39:12sur l'heure du crime
39:14elle ment sur l'heure du crime
39:15ça ne s'est pas passé comme ça
39:16c'est ce que vous dites
39:16bien sûr
39:18elle ment sur tout
39:19moi j'ai l'impression
39:20qu'elle ment sur tout
39:21et
39:22oui
39:23l'heure du crime
39:24très honnêtement
39:25dans la chronologie
39:26qui nous est donnée
39:27en fait
39:28elle va poser les enfants
39:29et puis elle revient
39:31il dort toujours
39:32sur le canapé
39:32et pour moi
39:34c'est froidement
39:35que
39:35voilà
39:36elle aurait commis
39:38selon vous
39:38un geste volontaire
39:40c'est à dire
39:40un geste réfléchi
39:41oui
39:43pour moi
39:43ça ne peut être
39:44que comme ça
39:45de toute manière
39:46très honnêtement
39:47il est plus crédible
39:49de penser
39:49une seconde
39:50qu'elle a calculé
39:51son histoire
39:52froidement
39:53qu'elle l'a abattue
39:54dans son sommeil
39:55plutôt que cette histoire
39:57de dispute
39:57etc
39:58alors
39:58c'est effectivement
40:00une possibilité
40:01moi je vais vous donner
40:02une déclaration
40:04très courte
40:05d'Edith Scaravetti
40:07elle dit une parole
40:08qui m'a frappé
40:08parce que pour moi
40:09c'est une parole
40:10de femme battue
40:10je ne sais pas
40:11si j'ai raison
40:11mais en tout cas
40:11elle va dire
40:12je l'aimais
40:13même si j'en avais peur
40:15David Sena a un mot
40:17là-dessus
40:18je l'aimais
40:18même si j'en avais peur
40:19ça frappe quand même
40:20les imaginations
40:21on ne peut pas inventer
40:23ce genre de phrases
40:24ou alors
40:24on est vraiment
40:25très très machiavélique
40:27non c'est une phrase
40:28qui était en effet
40:29frappée du saut
40:30de la sincérité
40:31beaucoup de femmes
40:33battues
40:35malheureuses
40:36sont partagées
40:37entre un amour sincère
40:39et en même temps
40:41un souhait d'en finir
40:43de quitter cette vie
40:44qui est insupportable
40:45et on trouve des solutions
40:47où on n'en trouve pas
40:48et on commet parfois
40:49des gestes désespérés
40:51en dehors
40:51de toute légitime défense
40:53c'est le cas
40:53de Jacqueline Sauvage
40:54elle n'est pas menacée
40:55au moment où elle tue son mari
40:57mais elle est à bout
40:58de 47 ans
40:59de vie conjugale
41:00intenable
41:00et elle tire sur son mari
41:02de dos
41:03Edith Scaravetti
41:04est sûrement à bout
41:05de la vie
41:05qu'elle vit avec cet homme
41:07qui pourtant
41:08ne la menace pas directement
41:09quand elle le tue
41:10et je suis d'accord
41:10avec Pierre Lebonjour
41:11je pense qu'en effet
41:12elle dépose les enfants
41:13à l'école
41:13elle est seule
41:14il est sur le canapé
41:15elle revient
41:17elle revient
41:17et elle le tue
41:18Zervier Beneroso
41:20oui mais parce qu'il y a aussi
41:21des incohérences
41:22dans son récit
41:23c'est-à-dire qu'elle dit
41:24qu'elle aurait tué
41:26Laurent
41:27alors qu'il y a trois enfants
41:28qui dorment
41:28c'est-à-dire qu'en pleine nuit
41:30et qui n'entendent rien
41:30d'accord avec vous
41:31et qui n'entendent absolument rien
41:32et elle dit aussi
41:33que l'une de ses filles
41:36aurait fait un bisou à papa
41:37donc papa mort
41:38sur le canapé
41:39c'est-à-dire
41:40c'est horrible de dire
41:41mais le grain éclaté
41:42si vous voulez
41:43avant d'aller à l'école
41:44ça aussi
41:45ça pose question
41:46effectivement
41:47il y a beaucoup de questions
41:48tout ça est très réversible
41:50mais on s'interroge
41:52alors on va avoir
41:52cinq jours après
41:54d'audience
41:55le verdict
41:56Edith Scaravetti
41:58le cadavre
41:59est dans le grenier
42:00elle a voulu se faire passer
42:01pour la victime
42:02alors que la vraie victime
42:03n'est plus là
42:03l'enquête de l'heure du crime
42:05je vous retrouve tout de suite
42:06sur RTL
42:06Jean-Alphonse Richard
42:09sur RTL
42:10l'heure du crime
42:11jusqu'à 15h
42:12l'heure du crime
42:14jusqu'à 15h
42:15sur RTL
42:16dans l'heure du crime
42:18aujourd'hui
42:18l'affaire Edith Scaravetti
42:202014 à Toulouse
42:22elle a tué involontairement
42:23son compagnon
42:24Laurent Baca
42:24elle a été épuisée
42:26par cet homme violent
42:27et possessif
42:28condamné à trois ans
42:29de prison en première instance
42:30rejugée en mai 2019
42:32voici l'heure du verdict
42:34vendredi 17 mai 2019
42:38les neuf jurés
42:39de la cour d'assises
42:40du Tarn-et-Garonne
42:41six femmes
42:41et trois hommes
42:42condamnent Edith Scaravetti
42:44à dix ans de prison
42:46pour meurtre
42:46et non pas
42:47pour homicide involontaire
42:49elle retourne en détention
42:51la famille de la victime
42:52est cette fois satisfaite
42:53elle a voulu se faire passer
42:55pour la victime
42:56alors que justement
42:57la victime la vraie
42:58n'est plus là
42:59commente Grégory Baca
43:00le frère de Laurent
43:02mi-septembre 2021
43:04Edith Scaravetti
43:06sort de prison
43:07grâce aux remises de peine
43:08elle n'a depuis
43:09plus fait parler d'elle
43:11c'était quelqu'un de
43:13tribunatique
43:13dans cinq minutes
43:15il pouvait changer
43:15de comportement
43:16pour tout pourrier
43:18son regard
43:19d'un coup
43:20il devenait tout noir
43:20la voix d'Edith Scaravetti
43:23c'était dans l'émission
43:24un crime parfait
43:25avec un point d'interrogation
43:26diffusé sur RTL TVI
43:29en Belgique
43:30David Senna
43:31c'est important
43:32ce verdict
43:34qui vous donne raison
43:35vous étiez avocat général
43:36au procès d'Edith Scaravetti
43:37vous souhaitiez
43:38qu'il y ait cette condamnation
43:39pour meurtre
43:40elle est ressortie
43:42après assez rapidement
43:43Edith Scaravetti
43:44elle n'a pas fait
43:44beaucoup plus de prison
43:45mais pour vous
43:46il s'agissait de marquer
43:48cette affaire
43:48en disant
43:49on a tué quelqu'un
43:50c'est important
43:51et on ne croit pas
43:52tout ce qu'elle dit
43:53c'est ça ?
43:53l'important c'était
43:54que la qualification
43:56d'homicide volontaire
43:57soit reconnue
43:58moi je crois beaucoup
43:59dans un procès d'assise
44:00au delà de la peine
44:02il y a
44:02de quoi
44:04les faits sont
44:05véritablement le non
44:06et
44:07il s'agissait
44:08véritablement
44:09d'un crime
44:09et je voulais
44:10que cette notion
44:12soit reconnue
44:13la peine
44:14un meurtre
44:15un meurtre
44:16un homicide volontaire
44:17et aggravé
44:18par la circonstance
44:19de qualité
44:20de conjoint
44:21la peine
44:22évidemment
44:23elle est inférieure
44:24à celle que j'avais requise
44:25mais dans le fond
44:26peu importe
44:28c'était une peine assortie
44:30encore une fois
44:30qui assortissait
44:31une qualification
44:32d'homicide volontaire
44:33et c'était
44:34c'était vraiment
44:34c'était vraiment
44:35l'essentiel pour moi
44:36elle est sortie rapidement
44:38parce qu'en effet
44:39c'est quelqu'un
44:39qui ne présentait pas
44:41de dangerosité particulière
44:42au delà
44:43des faits eux-mêmes
44:44c'est évident
44:45c'est quelqu'un qui
44:46comment est-ce que
44:48vous avez senti
44:49l'ambiance
44:50qui régnait
44:51lors du deuxième procès
44:52ce procès
44:52un appel
44:53oui l'ambiance
44:54totalement différente
44:55de l'ambiance
44:56toulousaine
44:57avec
44:58un bon sens
44:59dans l'appréhension
45:01des choses
45:02pas du tout
45:03une approche
45:03sexuée
45:04si ça peut exister
45:05j'en sais rien
45:06il y avait plus de femmes
45:07dans le jury
45:07mais dans le fond
45:08l'évidence
45:10s'est assez rapidement
45:11imposée
45:12au delà
45:13des préjugés
45:14au delà
45:14du contexte
45:15au delà
45:15du récit
45:16qu'on a fait
45:16de l'histoire sociale
45:17de ce dossier
45:18on était dans un ressort
45:20encore une fois
45:21rural
45:21et on est resté
45:22beaucoup plus proche
45:23des faits
45:24et de la réalité
45:24Xavier Bénéroso
45:26journaliste
45:27et vous avez suivi
45:28cette affaire
45:28est-ce que
45:28est-ce que
45:29monsieur Sénat
45:30comment vous avez
45:31vécu ça
45:32est-ce que vous l'avez
45:33compris
45:33Edith Scaravetti
45:34c'est-à-dire en fait
45:35est-ce que vous avez
45:35compris sa logique
45:37de femme battue
45:39qui est
45:40j'allais dire
45:41ce dont vous parliez
45:42tout à l'heure
45:43qui semble être
45:44acculée
45:45alors entre guillemets
45:46je veux dire
45:46à commettre
45:47l'irréparable
45:48est-ce que
45:49parce que ce sont
45:51des profils
45:51que vous connaissez
45:52ça
45:52oui
45:53j'ai compris
45:54que c'était
45:54une femme
45:55qui n'avait pas
45:56en elle
45:56de ressources
45:58suffisantes
45:58pour trouver
45:59les solutions
46:00qui s'imposaient
46:01comme Jacqueline Sauvage
46:03n'avait pas
46:04non plus
46:04de solution
46:04c'est-à-dire
46:05que
46:06se faire aider
46:07se faire accompagner
46:09divorcer
46:11partir
46:11ce sont
46:12des décisions
46:14qui sont très lourdes
46:14et que
46:15Kelly Scaravetti
46:15ne pouvait pas
46:16assumer seule
46:17c'était une femme
46:18très jeune
46:20à la fois
46:20pour l'état civil
46:21et sûrement dans sa tête
46:22et je pense
46:23que c'est quelqu'un
46:24qui dans le fond
46:25a pensé
46:27de ne pas avoir
46:28d'autres solutions
46:28que celle-là
46:29elle était coincée
46:30elle était coincée
46:31elle était acculée
46:32elle était dans une impasse
46:33elle était coincée
46:34Xavier Benéroso
46:35il y a le frère
46:36de Laurent Baca
46:38Grégory Baca
46:39qui dit
46:39elle a voulu se faire passer
46:41pour la victime
46:41mais qu'il n'y a qu'une seule
46:42victime dans cette affaire
46:43et c'est vrai
46:43il faut le rappeler
46:44la victime c'est Laurent Baca
46:46oui mais c'est ce
46:47ce dont on vient de parler
46:48c'est-à-dire
46:49rien ne justifie
46:50de tuer quelqu'un
46:52c'est peut-être
46:53une banalité
46:54que vient de nous rappeler
46:55David Senna
46:55et ce que vous avez
46:56dit tout à l'heure
46:57mais ce que je veux dire
46:58c'est que
46:58bien sûr
46:59ce sont peut-être
47:00des conditions horribles
47:02et l'enquête
47:03l'a démontré
47:04Madame Scaravetti
47:06n'a pas vécu
47:06un bonheur absolu
47:07loin sans faux
47:08avec Laurent Baca
47:09ce que je veux dire
47:10c'est que
47:11quelles que soient
47:12les circonstances
47:13parce qu'on ne sait pas encore
47:14de ce qui s'est passé
47:15rien ne justifie
47:18le fait
47:19passez-moi l'expression
47:20de flinguer son conjoint
47:21on n'a pas toute la vérité
47:22David Senna
47:23sur cette affaire
47:24on ne l'aura pas
47:26parce que c'est un crime
47:27intrafamilial
47:28que c'est un crime
47:29qui est marqué
47:29du saut d'un certain secret
47:31d'un certain récit
47:32et qu'on ne le saura pas
47:33et effectivement
47:34je rejoins
47:35Xavier Bénéroso
47:35le sens de cette décision
47:37c'est de rappeler
47:38qu'en effet
47:38rien ne justifie
47:41qu'on se fasse justice
47:42à soi-même
47:42en tuant quelqu'un
47:44c'est le sens
47:45de la qualification criminelle
47:46c'est ça l'important
47:47il y a une autre question
47:48qui se pose
47:49c'est qu'on ne comprend pas
47:51d'ailleurs
47:51son mari était violent
47:52c'était une femme malmenée
47:54elle était blessée
47:56en elle-même
47:57elle ne savait pas
47:58où sa situation partait
47:59vous l'avez dit
47:59c'était sans issue
48:01pour elle
48:01pourquoi elle n'a pas
48:02déballé tout de suite
48:03tout ça à la police
48:04elle tue finalement
48:06son compagnon
48:08et puis elle va voir
48:08la police en disant
48:09j'en pouvais plus
48:11c'était trop lourd pour moi
48:12j'ai fait une erreur
48:14mais voilà
48:14parce qu'elle a tenté
48:16d'autres explications
48:18elle avait plusieurs explications
48:19en cascade
48:19le go fast
48:21David Senna
48:21il nous a dit
48:22on est à deux doigts
48:23du crime parfait
48:23voilà
48:24on est à deux doigts
48:26du crime parfait
48:27on peut ne jamais
48:27ressouvrir son corps
48:28on peut ne jamais
48:29le retrouver
48:29et puis
48:31une fois qu'on le retrouve
48:32il y a le go fast
48:33il y a le règlement de compte
48:34il y a la solution extérieure
48:36et puis ça ne marche pas
48:38donc
48:38et bien on déballe
48:40elle déballe
48:41la dernière explication
48:42il y a une multiplicité
48:45d'explications
48:46en mode dégradé
48:47qui témoignent quand même
48:48d'une certaine habileté
48:49chez cette femme
48:50qui pour être une enfant
48:51n'en est pas moins
48:52il y a une malice
48:53intelligente
48:54imaginative
48:56et qui sait
48:58ce que l'opinion publique
48:59peut croire
49:00à un certain moment
49:01Xavier Benéroso
49:03effectivement
49:04on le disait
49:05cette famille
49:05vous la connaissez bien
49:07la famille
49:07de la victime
49:09la famille Baca
49:10vous connaissiez bien
49:11la maman
49:12oui
49:12Martine Baca
49:13avec qui j'ai
49:14en contact
49:16la maman n'a jamais compris
49:18ce qui s'est passé
49:20Madame Baca
49:21elle est effondrée
49:22parce qu'elle a
49:22adopté
49:24Edith Scaravetti
49:25elle l'a considérée
49:26comme sa propre fille
49:28et
49:29elle n'a pas compris
49:31elle n'a pas compris
49:32pourquoi
49:33d'une certaine manière
49:34elle a été trahie
49:35et elle a fait
49:36des cauchemars
49:37pendant
49:37pendant des années
49:38où elle voit son fils
49:39en pleine nuit
49:40l'appeler
49:41et lui
49:41lui demander du secours
49:43Maître Pierre Lebonjour
49:45je termine cette émission
49:46avec vous
49:47vous êtes l'avocat
49:47de la famille de Laurent Baca
49:48on le disait à l'instant
49:49avec David Sénat
49:50avec Xavier Benéroso
49:51il y a des pièces manquantes
49:53dans ce puzzle criminel
49:55oui
49:56il y a des zones d'ombre
49:58il y a donc
49:59la participation
50:00d'un tiers éventuel
50:01pour la gestion du corps
50:03ça semble presque obligatoire
50:05on a ses coups de fil
50:06à son père
50:07on se dit
50:07mais bon voilà
50:08alors il y a une reconstitution
50:09pour ça
50:10et grosso modo
50:11on a dit que oui
50:12elle devait pouvoir
50:13ouais ouais
50:14elle devait pouvoir
50:15mais alors
50:16pour faire ça
50:17s'il l'a fait seul
50:18il faut une super
50:20super super
50:21motivation quand même
50:22pour se rendre compte
50:23là vous allez manipuler
50:24un corps
50:24qui est resté
50:25un certain nombre
50:26dans le jardin
50:26pour le monter
50:27au grenier
50:28enfin
50:28voilà
50:30il y a eu
50:31je crois une disparition
50:32à un moment donné
50:33d'un disque dur
50:34qui aurait disparu
50:35ça a été laissé de côté
50:36il y a eu comme ça
50:37beaucoup de choses
50:38qui ont été laissées de côté
50:39ouais
50:39merci beaucoup
50:42maître Pierre Lebonjour
50:44David Sénat
50:44Xavier Benéroso
50:45d'avoir été tous les trois
50:46les invités de l'heure du crime
50:47merci à l'équipe de l'émission
50:48rédactrice en chef
50:50Justine Vigneau
50:50préparation
50:51Marie Bossartea
50:52de Turcaine
50:53réalisation en direct
50:54Nicolas Godet
50:55de Turcaine
50:57de Turcaine
50:58de Turcaine
50:59de Turcaine
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