- 20/05/2025
Dès le début la mort de Sylvie Darcy s'est révélée étrange. S'il s'agissait d'un crime, alors celui-ci n'avait rien de parfait. Dans ce meurtre sans témoin et sans mobile apparent, le mari, François Darcy, va vite faire figure de suspect numéro un. Le dernier à avoir vu la victime vivante. Il était même à quelques mètres d'elle quand elle a péri dans le brasier de leur véhicule. Les enquêteurs pensent que cet informaticien un brin fantasque, d'une intelligence bien supérieure à la moyenne, a pu imaginer un stratagème quasi diabolique pour se débarrasser de sa femme. Tout remonte vers lui.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Deux gendarmes qui m'ont annoncé tout de go que mon fils et ma belle-fille avaient été victimes d'une agression,
00:13que ma belle-fille était décédée, que mon fils était blessé par balle, et à l'hôpital sur Spompidou.
00:19C'est inimaginable, absolument inimaginable.
00:24Bonjour. Dès le début, la mort de Sylvie Darcy s'est révélée étrange.
00:30Morte brûlée vive dans le brasier de sa voiture avec pour seul témoin du drame son mari.
00:35Ils étaient partis fêter leurs 10 ans de mariage, l'anniversaire s'est avéré fatal.
00:40Les pourres escapées, François Darcy va tout de suite faire figure de suspect numéro 1.
00:45Les enquêteurs pensent alors que cet informaticien, un brin frantasque, d'une intelligence bien supérieure à la moyenne,
00:52aurait pu imaginer un scénario diabolique pour se débarrasser de sa femme.
00:57Une fausse agression.
00:59Il nie les accusations avec un tel aplomb qu'il va faire douter les uns et les autres,
01:03fragiliser les experts, légistes et balisticiens.
01:07Alors, coupable ou pas coupable, que s'est-il passé cette nuit-là dans le décor romantique de la vallée de Chevreuse ?
01:14Comment un anniversaire de mariage s'est-il transformé en une énigme criminelle ?
01:19Questions posées aux invités de l'heure du crime.
01:21La seule émission radio 100% fait divers.
01:24François Darcy, dans les flammes du soupçon.
01:27C'est tout de suite sur RTL.
01:34Dimanche 26 février 2012, 23h06.
01:37Le centre opérationnel de la gendarmerie des Yvelines enregistre l'appel d'un homme en pleine détresse.
01:43La voix est essoufflée, apeurée, entrecoupée de sanglots.
01:47Les propos sont décousus, parfois incohérents.
01:50Pendant plus de 9 minutes, l'individu fait ainsi dans le désordre le récit d'une violente agression.
01:56On lui a tiré dessus. Il est caché dans une forêt.
01:59Sa femme est restée dans la voiture qui est en train de brûler.
02:02Il est perdu, désorienté.
02:04Il dit se trouver sur le parking des ruines de l'abbaye de Port-Royal, à Saint-Lambert-des-Bois,
02:10au cœur de la vallée de Chevreuse, à une quinzaine de kilomètres de Versailles.
02:1523h40. Les gendarmes de Chevreuse sont sur ce parking perdu en pleine nature.
02:20Ils aperçoivent l'homme qui les a appelés coucher sur le sol à une vingtaine de mètres d'une voiture en flamme.
02:26Il est vivant. Il dit que sa femme est dans la voiture.
02:29Le gendarme qui l'interroge dira avoir été surpris par son ton détaché.
02:34Le mari dit s'appeler François Darcy, 45 ans.
02:38Son épouse, Sylvie, 48 ans.
02:41Il revenait du restaurant. Darcy s'est arrêté sur ce parking isolé car il avait besoin d'uriner.
02:47Une voiture a surgi. Il a ressenti une douleur à l'épaule.
02:50« J'ai sauté dans les taillis », dit-il.
02:53Selon lui, un conducteur nerveux l'avait auparavant doublé sur la route.
02:57Il a eu peur. François Darcy est blessé à l'épaule. Il est hospitalisé.
03:01Le chirurgien a extrait une balle de calibre 222 dans l'homoplate.
03:06Une blessure profonde de 10 centimètres.
03:10Lundi 27 février, lendemain du drame, François Darcy, toujours hospitalisé, est entendu comme simple témoin.
03:17On lui confirme que son épouse est décédée. Le mari ne montre aucune réaction particulière.
03:22Il accepte volontiers de témoigner.
03:24Darcy raconte qu'il avait organisé un week-end en amoureux pour célébrer le dixième anniversaire de leur mariage.
03:32Leurs enfants, 5 et 9 ans, avaient été confiés à des proches.
03:36Le couple connaît bien la vallée de Chevreuse. Ils habitent juste à côté.
03:40Ils sont arrivés vendredi soir à Milon-la-Chapelle, où François Darcy avait réservé trois nuits dans un bel hôtel.
03:47Samedi, ils se sont promenés. Dimanche matin, il a acheté des fleurs à Sylvie.
03:51Il a laissé son épouse à l'hôtel. Il a fait un aller-retour express jusqu'à leur domicile.
03:59Il est tireur sportif. Il devait absolument recharger des cartouches.
04:03Il voulait tester de nouvelles poudres.
04:05Le soir, le couple est allé au cinéma, puis il a dîné au restaurant.
04:09De retour à l'hôtel, pour la dernière nuit, ils ont été attaqués sur le parking.
04:15Après avoir été touchés à l'épaule, il a perdu connaissance au moins une trentaine de minutes.
04:20Mardi 28 février, le corps de Sylvie Darcy est autopsié.
04:24La dépouille a été retrouvée dans la carcasse calcinée de l'Audi A8.
04:30Elle est assise sur le siège passager, la ceinture attachée, ses lunettes toujours présentes sur le crâne.
04:35Selon le légiste, la victime est décédée avant l'incendie.
04:40Elle n'a pas inhalé de fumée.
04:42Le cadavre est tellement carbonisé qu'il est impossible de connaître les causes de la mort.
04:46Le crâne a très bien pu exploser par un tir d'arme à feu ou bien sous l'effet de la chaleur.
04:52Les experts confirment qu'un accélérateur de feu a été employé.
04:56Sylvie Darcy, déjà morte, a été aspergée d'huile végétale.
05:01Les tamponnages effectués dans le camion de pompiers indiquent que le mari, François Darcy, a des traces de poudre sur les mains.
05:09Mais on a aussi retrouvé sur lui des résidus d'huile végétale.
05:15François Darcy, qui de simple témoin, va vite occuper le rôle de suspect numéro un.
05:19Il va bien sûr être placé en garde à vue.
05:22Des soupçons, certes, mais il va être très difficile de démêler le vrai du faux, de savoir exactement ce qui a pu se passer.
05:29Et surtout, s'il y a un meurtre, si le mari a été impliqué, quel serait son mobile ?
05:35On va rentrer dans l'histoire, évidemment, de ce couple.
05:38Il faut revenir pour l'instant sur ce parking de la vallée de Chevreuse,
05:41lieu ô combien bucolique et touristique, mais évidemment désert, cette nuit-là.
05:47Bonjour, Maître Yves Bédouc.
05:49Bonjour.
05:50Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Ordre du crime.
05:53Cet avocat au barreau de Versailles, évidemment, c'est un euphémisme.
05:56Vous connaissez parfaitement cette histoire puisque vous êtes l'avocat de François Darcy depuis le premier procès, c'est ça ?
06:02Pas simplement.
06:04Le lendemain des faits, quand il a été hospitalisé...
06:07Il vous appelle ?
06:08Quand il a été hospitalisé à Georges Pompidou.
06:11D'accord.
06:12Donc, je l'ai vu à cette période-là.
06:16Et je vous félicite pour la relation des faits.
06:19Elle est exacte.
06:21Elle reprend des termes de l'acte d'accusation que je m'emploierai à...
06:27Vous êtes libre de vos propos, cher Maître, évidemment.
06:29Je voulais juste avoir votre sentiment sur cette scène qu'on découvre à ce moment-là.
06:34On est au début de l'affaire.
06:35Alors, une voiture en flamme, une femme à l'intérieur, le mari qui est sur le sol.
06:41Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est peut-être troublant.
06:43Justement, je prends pour exemple, et vous connaissez bien ce dossier, les auditeurs également,
06:50Chevaline, la tragédie de Chevaline.
06:53Dès que les services arrivent à Chevaline, ils bloquent la scène de crime.
07:00Là, quand les services arrivent, appelés par François Darcy, pompiers, samus, gendarmerie, tout disparaît.
07:08Selon vous, il y a des indices qui ont disparu à ce moment-là ?
07:10Forcément !
07:11On a piétiné cette scène de crime.
07:12Mais elle n'existe plus. C'est à ce point-là.
07:15Mais c'est important.
07:16C'est très important parce qu'aucune constatation n'a pu être faite.
07:21Et ça, c'est la première remarque que je fais.
07:25Les services de police ne trouvent pas l'arme qu'aurait, d'après l'acte d'accusation,
07:33utilisé François Darcy pour s'auto-infliger la blessure.
07:37Alors ça, on va y venir.
07:38Évidemment, parce que c'est le point-clé.
07:40On est au centre du dossier.
07:42Il est touché par balles.
07:4322 l'ont rifle.
07:44On ne trouve aucune carabine sur le lieu où la voiture a brûlé.
07:49Il n'y a pas d'arme, etc.
07:50Ça va être très troublant.
07:51On va continuer à en parler avec vous, évidemment, Yves Bédouc, et avec nos autres invités.
07:56Bonjour Stéphane Fournier.
07:57Bonjour.
07:58Merci beaucoup, et vous aussi, d'avoir accepté l'invitation de l'heure du crime.
08:01Alors, vous êtes gendarme, chef d'escadron.
08:05À l'époque, vous êtes directeur d'enquête à la section de recherche de Versailles.
08:08Évidemment, vous connaissez vous aussi parfaitement ce dossier,
08:12puisque vous avez mené cette enquête sur cette histoire.
08:15Alors, vos hommes vont vous dire qu'après l'arrivée des secours,
08:21alors qu'effectivement, il a appelé les secours, il était terrorisé, cet homme, François Darcy.
08:28Là, il a un ton beaucoup plus détaché, c'est ça ?
08:32Alors, il faut savoir que monsieur Darcy est découvert à une vingtaine de mètres de son véhicule,
08:36dans les forêts.
08:37Il semble être en hypothermie, mais à aucun moment, il n'aura de propos liés à son épouse,
08:42et à savoir ce qu'elle est devenue.
08:44Il est simplement pris en charge par les secours,
08:46et c'est vrai que cela a surpris, dans un premier temps, les pompiers.
08:50Autre surprise aussi, il a mis du temps à vous dire où il était,
08:52mais peut-être qu'il était totalement désorienté.
08:54Il était perdu, il était au sol, il avait reçu un coup de feu dans l'épaule,
08:58donc ça se comprend un peu.
08:59Est-ce que vous savez pourquoi il a mis autant de temps à vous prévenir ?
09:02On ne sait pas pourquoi il met autant de temps à nous dire où il se trouve,
09:06mais ça pose question sur la volonté de nous donner le lieu exact des faits,
09:10alors qu'il sait qu'il se trouve forcément entre son lieu de restaurant
09:14et son lieu d'hôtel, qui sont situés très proches l'un de l'autre,
09:19à proximité de l'abbaye de Port-Royal.
09:21Maître Yves Benaud, quand on entend ce que dit l'enquêteur,
09:24effectivement, il est désorienté, cet homme, d'après lui.
09:27Effectivement, il est désorienté, cet homme, d'après vous, c'est ça ?
09:30Alors, imaginez, c'est un colosse, un gros nounours.
09:35J'avais utilisé comme terme à une interruption des débats de cour d'assise,
09:40je constate que l'innocence, c'est un cri.
09:47Or, François Darcy, c'est un gros nounours, il ne crie pas.
09:53Il ne crie pas, tant devant les services de gendarmerie et de police,
09:58mais il ne crie pas, y compris à la cour d'assise pour dire,
10:01ce n'est pas moi, il ne crie pas.
10:03Ce n'est pas dans sa nature.
10:04Ce n'est pas dans sa nature.
10:06Moi, on m'aurait accusé de ça, mais j'aurais fait des bons,
10:10je serais devenu absolument fou furieux.
10:12C'est ce qu'on attend comme réaction, effectivement, de quelqu'un qui est accusé.
10:15J'ai même utilisé le terme à une interruption du débat,
10:18je dis, François Darcy, fendez l'armure, mettez-vous à nu.
10:23Bonjour, François Dessert.
10:25Bonjour.
10:27Merci beaucoup d'être avec nous, dans l'Ordre du Cribre,
10:29d'acteur en chef adjoint pour le site 78 Actu.
10:32Vous connaissez bien cette affaire, François Dessert.
10:34Dix ans de mariage, deux enfants.
10:37Est-ce que ce couple est connu pour se disputer, se déchirer ?
10:41Oui, en effet, c'est un couple conflictuel.
10:45En fait, chacun vit un petit peu dans sa bulle.
10:48Elle, elle est très dévouée à ses enfants et à son travail.
10:53Elle travaille énormément, c'est elle qui assure les revenus du couple.
10:56Lui, il vit dans un monde un petit peu isolé.
10:59Chez lui, il a créé une entreprise qui ne fonctionne pas.
11:03Il perd de l'argent et en même temps, il est enfermé dans des problèmes d'alcool,
11:09dans des activités de loisirs, comme le tir,
11:12qui l'isole du reste de sa famille.
11:15Donc c'est un couple qui, au bout de dix ans, est clairement en perte de confiance.
11:20Ils vivent, je dirais, sur le même toit, mais l'un à côté de l'autre.
11:24Oui, ça arrive, il y a des couples comme ça.
11:27Maître Yves Bédouc ?
11:29Très court, parce que j'ai une question à vous poser, allez-y.
11:31Oui, ça me paraît, la construction indiquée par votre invité
11:35me paraît être une forme d'affabulation.
11:38Pourquoi ? Madame Darcy, elle est ingénieure télécom.
11:41Lui, informatique, il fait l'informatique de restaurants, de restauration rapide.
11:46Et il faudrait être complet, c'est que Madame Darcy téléphone à ses parents
11:53pour dire que c'est un week-end idéal, tout se passe très bien.
11:57Donc, il y a toujours des difficultés dans un couple pour élever de jeunes enfants,
12:03les difficultés quotidiennes, etc.
12:06Bon, voilà, mais la construction et la relation que fait le journaliste
12:12me paraît être une construction artificielle.
12:14Je ne dis pas une affabulation, c'est exagéré.
12:17Les enquêteurs estiment que le mari ment sur toute la ligne.
12:20Il est placé en garde à vue.
12:22François Darcy dans les flammes du soupçon.
12:24J'espérais que Sylvie n'était pas dans l'auto.
12:26J'espérais que ce que je voyais était un effet d'optique.
12:29L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:37Avec Jean-Alphonse Richard.
12:46L'heure du crime, consacrée aujourd'hui à l'affaire François Darcy.
12:49À l'hiver 2012, cet informaticien marié, père de deux jeunes enfants,
12:53est soupçonné d'être derrière la mort douteuse de son épouse,
12:56tuée puis brûlée dans l'incendie d'une voiture.
12:59Le mari évoque l'agression de l'inconnu, il est réinterrogé.
13:05Dimanche 4 mars 2012, une semaine après la mort de Sylvie Darcy,
13:09son mari François est placé en garde à vue.
13:12Il dément avoir fait du mal à Sylvie.
13:14Il livre toujours le même scénario.
13:16De retour à l'hôtel, il a voulu faire une pause pour assouvir un besoin urgent.
13:20Un individu lui a tiré dessus.
13:22Il s'est caché dans la végétation.
13:24Il a perdu connaissance.
13:25Quand il s'est réveillé, la voiture était en flammes.
13:28Le brasier était intense.
13:30Il n'a rien pu faire.
13:31J'espérais que Sylvie n'était pas à l'intérieur.
13:34J'espérais que ce que je voyais était un effet d'optique,
13:37déclare Darcy, qui se met à pleurer.
13:40Quand les policiers lui demandent pourquoi,
13:42il s'est arrêté sur ce parking alors que l'hôtel est à seulement 4 minutes de la route.
13:47Il répond, je ne sais pas, cela me pèsera toujours sur la conscience.
13:52Le suspect indique qu'il n'avait pas de problème avec son épouse.
13:55Elle pouvait se mettre en colère,
13:57elle lui reprochait de ne pas participer assez aux dépenses du foyer,
14:00mais rien de grave.
14:01Dans un cahier retrouvé dans ses affaires,
14:04Sylvie Darcy se plaint de son époux.
14:06Elle raconte deux disputes et envisage de contacter un avocat.
14:11Dimanche 4 mars, alors que la garde à vue de François Darcy se poursuit,
14:15les enquêteurs perquisitionnent la maison du couple à Montigny-le-Bretonneux.
14:20Le suspect, adepte de tir sportif,
14:22dispose d'un petit atelier de fabrication de cartouches.
14:26Les gendarmes sont intrigués par la présence de gros sachets de gélatine en poudre,
14:31matière parfois utilisée par les chasseurs pour des tests de pénétration des balles
14:36dans les chairs du gibier.
14:37Darcy est alors soupçonné de s'être tiré lui-même dessus.
14:41Aurait-il cherché à savoir quel grammage de poudre pouvait simplement le blesser
14:46sans toutefois le tuer ?
14:48Le fait est que la balle qui a traspersé son épaule
14:51était faiblement dosée en poudre
14:53et n'est pas entrée profondément dans le corps.
14:55Les enquêteurs retrouvent aussi des morceaux de carabine coupée,
14:58un débris de canoncier et une partie de crosse.
15:01L'arme qui a servi à tirer sur François Darcy reste introuvable.
15:05Elle n'était pas sur la scène de crime ni dans les environs.
15:08Si Darcy est l'auteur de son propre coup de feu,
15:11comment se serait-il débarrassé de la carabine ?
15:16Les enquêteurs recherchent le mobile qui aurait poussé François Darcy à assassiner son épouse.
15:20L'informaticien est très endetté.
15:22C'est un acheteur compulsif
15:24Il a essuyé des revers financiers
15:26lors d'un litige commercial.
15:28Employé dans une société gérée par sa mère,
15:31il ne toucherait que 1000 euros par mois.
15:33Sylvie, cadre chez Orange,
15:35avait pour sa part un salaire de 3600 euros mensuels.
15:39Elle faisait vivre le couple.
15:41Les Darcy avaient contracté de nombreux prêts à la consommation.
15:44Sylvie possédait deux contrats d'assurance-vie à son nom.
15:48Le premier d'un montant de 450 000 euros destiné à ses enfants.
15:53Le deuxième, 222 300 euros, avait pour bénéficiaire le mari.
15:58Après 48 heures de garde à vue,
16:00François Darcy est mis à l'examen pour assassinat.
16:02Il était croué.
16:04François Darcy, qui à aucun moment n'a avoué quoi que ce soit dans la mort de son épouse,
16:08il est rattrapé par un faisceau d'indices.
16:10C'est vrai, il faut reconnaître qu'ils sont troublants.
16:12Et surtout par un scénario.
16:14L'attaque d'un inconnu qui aurait tué sa femme
16:16et se serait appliqué ensuite à mettre le feu à la voiture.
16:19Un scénario vraiment invraisemblable
16:21qui a du mal à tenir.
16:23On a du mal à comprendre.
16:25Et on va voir qu'une expertise va, un peu plus tard,
16:27dans quelques mois plus tard,
16:29susciter les doutes.
16:31Ce sera dans la suite de l'ordre du crime.
16:33Tout de suite, on retrouve Maître Yves Bédouc.
16:35C'est l'avocat de François Darcy.
16:37Maître Yves Bédouc, procédons par question très simple.
16:40Cet homme, on le retrouve.
16:42Il y a des tamponnages, comme on dit dans la police.
16:44C'est-à-dire qu'on teste ses mains avec des espèces de tampons,
16:47pour voir s'il y a de la poudre ou d'autres produits sur ses mains.
16:50On retrouve de la poudre
16:52et on retrouve un produit graisseux,
16:55une espèce d'huile, peut-être végétale, je ne sais pas.
16:58Vrai ou faux ?
17:00C'est troublant quand même.
17:01De la poudre et puis on sait que les poudres ont été aspergées d'huile
17:04et on trouve de l'huile.
17:05Vrai !
17:06Sur la poudre, c'est très simple.
17:09L'explication est très simple.
17:11Le club de tir, il est en extérieur.
17:15On est en février de mémoire.
17:18Il a un parka long avec lequel il va au stand de tir.
17:22Il ramasse les douilles qu'il met dans la poche.
17:27Et quand j'ai froid, vous aussi d'ailleurs,
17:30vous mettez les mains dans les poches.
17:32Donc, première chose.
17:34Et deuxième chose, le camion de pompier n'est pas safe.
17:39Donc les prélèvements ont été annulés.
17:42Pollués.
17:43Il est pollué.
17:44Pollué.
17:45Mais la poudre...
17:46Je comprends bien.
17:47Il en avait sur les mains.
17:48L'accélérateur de feu.
17:49Pourquoi l'huile ?
17:50Pourquoi sur ses mains ?
17:51Ils avaient fait spa l'après-midi.
17:55Et ils avaient eu massage et huiles essentielles.
17:59Sur le corps ?
18:00Sur le corps.
18:01Les deux.
18:02Voilà.
18:03Voilà l'explication.
18:05Mais ça fait une somme de hasard.
18:10Monsieur Richard ne fait pas de certitude.
18:14On est d'accord.
18:15Encore une question, Maître Belledouc.
18:17Il n'est pas ruiné, François Darcy.
18:20Mais il a des gros problèmes d'argent.
18:22Il dépense énormément.
18:24Et c'est sa femme qui fait vivre un petit peu la maison.
18:27Et il y a cette assurance-vie.
18:28Ça fait beaucoup quand même, non ?
18:29Il a besoin d'argent.
18:30Il a besoin d'argent.
18:31Je vais vous retourner.
18:32C'est vous le journaliste.
18:33Mais moi, je voudrais renverser les rôles.
18:36Si tous les Français qui ont des problèmes d'argent
18:38et d'assurance-vie...
18:39Je suis leur femme.
18:40Non mais si tous les Français et Françaises
18:42qui ont des problèmes d'argent
18:44et qui ont des assurance-vie étaient des assassins,
18:48on n'aurait pas de problème.
18:51On est d'accord.
18:52Mais en l'occurrence, vous reconnaissez que cet homme
18:54dépense beaucoup au-dessus du moyen ?
18:56Il va le dire lui-même, Maître.
18:58Oui, mais enfin, c'est des consommations.
19:01Il n'a pas des goûts de luxe.
19:04Il n'a pas un train de vie fabuleux.
19:06Il faut arrêter de fantasmer.
19:09On donne des explications
19:12qu'on tire un peu par les cheveux.
19:15Stéphane Fournier, vous êtes avec nous.
19:17Chef d'escadron, gendarme, directeur d'enquête
19:19à la section de recherche de Versailles.
19:21Vous menez les premiers pas de cette enquête.
19:24Vous êtes évidemment présent
19:26lorsqu'il y a cette garde à vue de François Darcy.
19:29Garde à vue où François Darcy ne bouge pas.
19:31Il dit, je n'ai rien fait à ma femme.
19:33C'est un postulat.
19:34Ensuite, il dit, le scénario c'est toujours le même.
19:38J'ai été attaqué.
19:39Lorsque nous le placerons en garde à vue,
19:41il est dans sa chambre d'hôpital.
19:43Il nous donne une version très précise
19:45de son déroulé de week-end.
19:47Pour autant, à aucun moment,
19:49il n'évoque le sujet de son épouse
19:51et ne demande même des nouvelles de son épouse
19:53puisqu'il ne sait même pas
19:55si elle est décédée, blessée gravement, hospitalisée.
19:59À aucun moment, il ne nous pose cette question.
20:02C'est quelque chose qui nous met aussi sur la piste
20:04de se dire qu'il doit savoir ce qui s'est passé
20:07et ce qu'elle est devenue.
20:09Très rapidement, il se mue dans le silence
20:12et ne répond plus à aucune question
20:14dès lors qu'il est confronté à des incohérences
20:17liées à son récit.
20:18Yves Bédouin-Cambeau, là-dessus,
20:21c'est dans son caractère de rester fermé.
20:25C'est quand même curieux.
20:27Il est en garde à vue
20:29et il ne pose pas de questions sur sa femme.
20:32Imaginez, j'allais dire, ce pauvre type.
20:36Il se trouve confronté avec une situation
20:39d'une violence extrême.
20:41On peut imaginer,
20:43comme les victimes d'attentats,
20:45qu'il a une forme d'omnubilation.
20:48Il est sonné, il est K.O. debout.
20:50Donc, de dire qu'il est K.O. debout,
20:53donc il n'est pas ému
20:55ni concerné par la mort de sa femme,
20:58ça me paraît être un peu juste.
21:03C'est ce que dit l'enquêteur Stéphane Fournier.
21:06C'est une appréciation que donne l'enquêteur.
21:08Ce n'est pas une preuve.
21:09Absolument. Stéphane Fournier,
21:11autre question.
21:12Il y a le dosage de la balle
21:14qui a blessé François Darcy.
21:16Faible dosage en poudre.
21:18Elle ne pouvait pas tuer,
21:19déclarent les experts, c'est ça ?
21:21C'est-à-dire que le type de calibre,
21:23l'ogive retrouvé dans son corps,
21:25aurait dû faire des dégâts
21:26beaucoup plus importants sur un corps humain.
21:29À savoir qu'il aurait eu,
21:31très certainement,
21:32une partie de l'épaule arrachée.
21:34Mais dans son cas précis,
21:35l'ogive, non seulement,
21:36elle n'est quasiment pas déformée,
21:38elle n'a fait qu'une micro-fracture
21:40de son homoplate.
21:41Ce qui n'est pas logique,
21:43vu le type de calibre.
21:45Un expert missionné par la Défense
21:47va semer le doute.
21:48François Darcy,
21:49dans les flammes du soupçon,
21:50comment mon fils aurait-il pris
21:52le risque de se tuer ?
21:53L'enquête de l'or du crime,
21:54le mari s'est-il vraiment tiré dessus
21:56pour faire croire à une attaque
21:57ou bien cette action sort uniquement
21:59de la tête des enquêteurs ?
22:01À suivre dans un court instant sur RTL.
22:14Pas une seule fois,
22:15il va me parler de sa femme.
22:16Sa femme a disparu.
22:18Il ne nous demande strictement rien.
22:20Il ne nous demande pas
22:21qu'est-ce qui va être fait pour le corps.
22:23Est-ce qu'on a des pistes d'enquête ?
22:25Il se contente de nous dérouler
22:26ce qu'on lui demande.
22:28Au programme de l'or du crime,
22:29l'affaire François Darcy.
22:30En février 2012,
22:31cet informaticien est mis en examen
22:33pour le meurtre de son épouse
22:34en Vallée de Chevreuse.
22:36Il se serait tiré une balle dans l'épaule
22:38pour faire croire à une agression.
22:39Un an et demi plus tard,
22:41une contre-expertise sème le doute.
22:44Jeudi 31 octobre 2013,
22:45les avocats déposent un rapport technique
22:47signé de l'ancien gendarme Thierry Lezau
22:50qui remet en cause certaines expertises
22:52réalisées dans le dossier François Darcy.
22:55Selon lui,
22:56les prélèvements effectués sur les mains
22:58et les vêtements du suspect
22:59ne sont pas valables.
23:00Ils ont été effectués
23:01dans le véhicule des pompiers.
23:03Les tampons noirs utilisés
23:05pour détecter notamment des traces de poudre
23:07étaient pollués.
23:08Aucune protection particulière
23:10n'a été respectée
23:11pour les prélèvements sur les mains
23:12de Monsieur Darcy,
23:13écrit Thierry Lezau,
23:14ancien directeur de l'enseignement criminalistique
23:17à la gendarmerie.
23:19Il conteste les conclusions
23:21indiquant que Darcy a utilisé une arme
23:23dans les quatre heures
23:24précédant son coup de fil au secours.
23:27Il est impossible de dater un résidu de tir,
23:30affirme l'expert.
23:31Les spécialistes sont divisés
23:32sur la possibilité d'un tir auto-infligé.
23:35Aucun des balisticiens ou médecins n'est d'accord
23:38avec la manière dont François Darcy
23:40aurait procédé lors de la reconstitution.
23:42Les experts ne parviennent pas
23:44à reproduire le geste supposé du suspect.
23:48Les psychiatres présentent François Darcy
23:50comme bipolaire.
23:51L'intéressé l'avait lui-même indiqué aux enquêteurs.
23:54Cette maladie n'aurait toutefois pas joué
23:56dans le scénario d'un crime.
23:58La dangerosité de monsieur Darcy
24:00est davantage liée à sa consommation
24:02excessive d'alcool
24:04qu'à son trouble de l'humeur,
24:06indique un rapport.
24:07Sa mère, Elaine,
24:09ne croit pas à sa culpabilité.
24:11Comment François aurait-il pris le risque
24:13d'être tué en se tirant lui-même
24:16une balle dans le dos,
24:18se demande-t-elle ?
24:20Et dans cette heure du crime,
24:22Maître Yves Bedouc, avocat au Barreau de Versailles,
24:24avocat de François Darcy,
24:26dans cette affaire,
24:28Maître Yves Bedouc, il y a cette expertise
24:30que vous avez, je pense, commandée
24:32à Thierry Lezau, le gendarme.
24:34Thierry Lezau, formateur des gendarmes,
24:36des policiers et des magistrats.
24:38Qu'on connaît bien ici et qui est ensuite
24:40rentré dans le privé pour devenir expert.
24:42Mais il rend des conclusions.
24:44Qu'est-ce qu'il dit alors ?
24:45Il dit que ce n'est pas possible dans le camion,
24:47mais surtout, pardonnez-moi,
24:49il y a un farceur
24:51qui prétend
24:53qu'on peut dater
24:55la poudre sur les mains.
24:57C'est-à-dire, vous avez tiré
24:59il y a une heure, il y a deux heures,
25:01il y a trois heures. Or, Thierry Lezau,
25:03qui est la sommité en la matière,
25:05il dit que ce n'est pas possible.
25:07Vous avez cité des experts
25:09sur la bipolarité, etc.
25:11François Darcy
25:13n'a pas satisfait
25:15aux examens
25:17psychiatriques
25:19et à l'examen médico-psychologique.
25:21Puisqu'il a dit, ça c'est pour les coupables,
25:23je suis innocent.
25:25Je n'ai rien à vous dire.
25:27Comment arrivez-vous
25:29à expertiser quelqu'un,
25:31quel que soit vos mérites, sauf à avoir
25:33la boule de cristal
25:35et Merlin l'enchanteur, pour dire
25:37ah ben oui, je n'ai jamais vu la personne,
25:39je ne l'ai jamais vu,
25:41je ne l'ai jamais entendu.
25:43D'après ce que je lis dans la procédure,
25:45ça peut être comme ci et comme ça,
25:47mais c'est n'importe quoi.
25:49Un mot encore, Yves Bédouc.
25:51Il y a effectivement ce tir
25:53qui se serait auto-infligé.
25:55Alors là, les experts sont divisés,
25:57parce qu'ils ne sont pas d'accord.
25:59Ça ajoute de l'eau à votre moulin, j'ai envie de dire.
26:01Absolument. Sans être expert,
26:03que chacun
26:05des auditeurs
26:07qui nous entendent là,
26:09prennent ne serait-ce qu'une
26:11cuillère en bois dans la cuisine.
26:13Essayez de la mettre
26:15dans le dos en disant
26:17c'est une arme raccourcie
26:19au niveau du canon et au niveau de la cranse.
26:21Alors,
26:23à moins d'être
26:25contorsionniste, c'est peut-être possible,
26:27mais à bout touchant,
26:29à bout touchant,
26:31même
26:33si la poudre est sous-dosée,
26:35il y a des brûlures sur le vêtement
26:37et il y a des traces de poudre.
26:39Or là, il n'y a rien.
26:41C'est forcément un tir à distance.
26:43Mais ça, l'enquête
26:45n'a pas voulu réfléchir là-dessus.
26:47Ou n'a pas pu réfléchir,
26:49parce que c'est compliqué. Effectivement, les experts
26:51disent qu'ils sont un peu perdus là-dessus.
26:53Non, mais ils osent
26:55quand même affirmer que le tir
26:57s'est auto-infligé.
26:59Ils affirment en même temps, dans le rapport
27:01que vous avez fait,
27:03ils affirment en même temps que
27:05il n'a pas bougé
27:07et il ne retrouve pas l'arme.
27:09On pose la question
27:11à Stéphane Fournier,
27:13le gendarme qui a mené toute cette enquête
27:15à l'époque, à la section de recherche
27:17de Versailles. Première question pour vous, Stéphane Fournier.
27:19Qu'est-ce qui vous a frappé durant cette garde à vue ?
27:21Nous, ce qui vraiment
27:23retient notre attention sur cette garde à vue,
27:25c'est qu'on a affaire à quelqu'un qui nous semble
27:27réciter un déroulé de week-end.
27:29Clairement,
27:31les gens au quotidien,
27:33lorsqu'on leur demande de se souvenir
27:35des deux, trois derniers jours,
27:37ils ne sont pas en mesure de nous donner précisément
27:39le détail de leur repas,
27:41le détail de leurs actions,
27:43ce qu'ils ont fait à telle ou telle heure.
27:45M. Darcy nous fait vraiment un récit,
27:47mais comme s'il l'avait appris par cœur.
27:49Ce n'est pas logique, en fait, pour quelqu'un en plus
27:51qui a vécu un traumatisme, de pouvoir être
27:53en capacité de se rappeler
27:55dans le moindre détail de ce qu'il a fait,
27:57ce qu'il a dit, ce qu'il a mangé.
27:59Et ça, ce n'est pas normal,
28:01en tout cas pendant la garde à vue.
28:03Yves Bédoc nous l'a dit il y a un instant, l'arme du crime,
28:05elle n'est pas retrouvée sur les lieux.
28:07Quel est votre thèse là-dessus, sur cette disparition de l'arme du crime ?
28:09Elle n'est pas retrouvée sur les lieux,
28:11donc on suppose
28:13qu'elle a été certainement
28:15très bien dissimulée,
28:17ou alors que M. Darcy
28:19s'est tiré dessus
28:21en amont de ce parking,
28:23de ce lieu de stationnement,
28:25pour ensuite commettre son méfait
28:27de manière plus sereine,
28:29puisqu'il se serait débarrassé de l'arme
28:31dans un autre lieu.
28:33Et dans quel lieu,
28:35puisqu'on est dans un milieu forestier,
28:37avec des plans d'eau qui ont eux aussi été fouillés,
28:39malgré tout, mais nous n'avons jamais retrouvé l'arme par contre.
28:41Quatre ans après les faits,
28:43le mari va comparaître aux assises.
28:45François Darcy dans les flammes du soupçon.
28:47Cette nuit-là,
28:49je n'ai pensé qu'à une chose, à fuir
28:51l'enquête de l'heure du crime.
28:53On se retrouve dans un instant.
29:03Jean-Alphonse Réchard sur RTL.
29:05Retour aujourd'hui dans l'heure du crime
29:07sur l'affaire François Darcy.
29:09Un informaticien accusé d'avoir tué sa femme
29:11en février 2012 dans les Yvelines,
29:13d'avoir maquillé l'assassinat en agression.
29:15Il a toujours nié les faits.
29:17Quatre ans et demi plus tard,
29:19le mari est jugé.
29:21Jeudi 15 septembre 2016,
29:23François Darcy, 50 ans, stature massive,
29:25pénètre sur des béquilles
29:27à la cour d'assises des Yvelines,
29:29à Versailles. Il souffre de douleurs
29:31articulaires qui le contraignent
29:33à rester assis. On l'interroge sur ses relations
29:35avec son épouse. Il reste sur ses gardes.
29:37Il justifie sa discrétion
29:39en déclarant, les enquêtes de personnalité,
29:41c'est pour les coupables.
29:43Voilà pourquoi j'ai refusé de parler
29:45là-dessus pendant l'enquête.
29:47L'accusé admet qu'au sein du ménage,
29:49il dépensait sans compter plus de 8000 euros
29:51de dépenses au cours des deux
29:53mois précédant le drame.
29:55J'avoue, c'était inconsidéré,
29:57indique-t-il. La présidente lui demande
29:59pourquoi, lors de ce week-end, en amoureux,
30:01en Vallée de Chevreuse, il a acheté
30:03une crosse de fusil. Il ne sait pas.
30:05Il ne sait pas non plus pourquoi il a
30:07acheté une combinaison inifugée
30:09et deux bidons de produits inflammables.
30:11François Darcy maintient
30:13le scénario de la halte sur le
30:15parking et de l'agression par un inconnu.
30:17« Je n'ai pensé qu'à une chose,
30:19à fuir », dit-il. Les experts
30:21reviennent sur la question centrale.
30:23Darcy s'est-il lui-même tiré dessus
30:25pour passer pour une victime ?
30:27Les experts sont divisés. Le légiste
30:29Philippe Charlier indique que c'est
30:31physiquement impossible. Avec un
30:33canon normal, avec un canon qui
30:35aurait été scié, c'est impossible
30:37par-dessus l'épaule droite, mais
30:39possible par-dessous de l'épaule gauche.
30:41« On est dans un feuilleton
30:43américain », s'exclame alors
30:45l'un des avocats de l'accusé. « Non,
30:47on n'est pas dans les experts, c'est juste
30:49de l'anatomie humaine », réplique
30:51le Dr Charlier. Après six jours
30:53de procès, les jurés condamnent
30:55François Darcy à 30 ans de prison.
30:57Maître Yves Bédouc,
30:59vous êtes avec nous dans cette heure du crime et on vous
31:01remercie d'être dans le studio de l'heure du crime,
31:03d'être avocat au Barreau de Versailles, avocat de François
31:05Darcy, et vous êtes là lors de ce
31:07procès. Il y a quelque chose de
31:09frappant, c'est l'attitude de François
31:11Darcy. Vous vous posez la question.
31:13C'est l'attitude de François Darcy.
31:15Il y a ses enfants
31:17qui sont là.
31:19Il ne parle pas tellement de sa femme. Pourquoi
31:21est-ce qu'il est bloqué à ce point ? On dirait qu'il est
31:23insensible à ce qui se passe.
31:25C'est son tempérament.
31:27Moi, je l'ai vu des dizaines
31:29de fois au parloir
31:31pour mettre au point le dossier, etc.
31:33Je lui ai dit
31:35« mais il faut vous exprimer ».
31:37On ne lui fait pas réciter
31:39une leçon, mais on dit « il faut
31:41que les magistrats,
31:43les jurés
31:45vous perçoivent émotionnellement,
31:47affectivement.
31:49C'est un bloc.
31:51Il y a ses enfants qui sont là.
31:53Mais il a été,
31:55et je vais vous dire, à une interruption
31:57d'audience,
31:59je me penche vers lui et je lui dis « mais,
32:01fendez l'armure. Ça ne va pas.
32:03Ça ne va pas.
32:05Montrez une forme.
32:07Mais il me dit « je suis comme ça.
32:09Je suis comme ça.
32:11Il est incapable d'émotions
32:13démonstratives. »
32:15Comme on dit dans votre jargon, c'est un mauvais client,
32:17un mauvais accusé.
32:19Est-ce qu'on préfère des accusés qui pleurent ?
32:21J'étais plus passionné, plus passionnel
32:23qu'il ne l'était.
32:25Et ça,
32:27il y avait une forme
32:29de distorsion.
32:31Je vais poser la même question à nos deux autres invités.
32:33François Dessert,
32:35vous êtes rédacteur en chef pour le site 78Actu.
32:37Vous êtes à ce procès.
32:39Quelle attitude il a à ce procès,
32:41François Darcy ?
32:43François Darcy, c'était un homme
32:45assez posé, finalement,
32:47qui écoutait avec attention les débats.
32:49C'est un homme qui a été constant.
32:51Il a dit « je suis innocent.
32:53Je n'ai pas tué ma femme. »
32:55Il a été à tel point,
32:57c'est assez rare, qu'il a demandé
32:59le dernier jour du procès
33:01à ce que les journalistes présents dans la salle
33:03le filment. En fait, on lui a demandé
33:05« pourquoi vous voulez être filmé ? »
33:07Il a dit « je veux que la France entière
33:09voit le visage d'un innocent
33:11qu'on va condamner. »
33:13C'est intéressant ce que dit François Dessert.
33:15Dernier, même question pour vous.
33:17Vous êtes à ce procès. Vous êtes chef d'escadron.
33:19Vous êtes le gendarme qui a enquêté sur cette affaire.
33:21Vous êtes cité comme témoin.
33:23Comment vous se présente, selon vous,
33:25l'accusé ?
33:27Lorsque j'ai déposé au procès
33:29de M. Darcy, M. Darcy
33:31semble affaibli, abattu.
33:33Il se présente à l'audience
33:35avec une béquille,
33:37avec des béquilles même.
33:39Il semble fatigué, très amégré
33:41par rapport à ce que nous l'avions connu
33:43en effet.
33:45Il semble vraiment abattu
33:47et démontre une attitude de « victime »
33:49dans le box des accusés.
33:51Il n'a jamais avoué ?
33:53À aucun moment, M. Darcy n'a avoué.
33:55Il aura même, par moments,
33:57des réponses assez farfelues
33:59par rapport aux éléments que nous découvrons.
34:01C'est une personne
34:03qui n'aura jamais reconnu
34:05malgré de nombreux éléments
34:07à charge. Il n'apportera pas
34:09de réponse cohérente par rapport
34:11à tous ces éléments.
34:13Maître Yves Bédouc, la thèse de l'embuscade,
34:15elle n'est pas retenue ?
34:17Elle est trop spectaculaire ?
34:19Non, non, non.
34:21Ce n'est pas qu'elle n'est pas retenue.
34:23Elle n'est même pas envisagée.
34:25Les services d'enquête
34:27n'ont pas enquêté sur le bornage
34:29téléphonique. Aujourd'hui, en 2025,
34:31on le ferait. On saurait
34:33qui était là, à ce moment-là.
34:35Et, on ne s'est pas
34:37posé la question, les services d'enquête,
34:39puisqu'on ne retrouve pas l'arme
34:41du troisième individu
34:43qui aurait tiré
34:45du côté du cœur, quand même.
34:47Et, on ne se pose pas la question,
34:49dans un coin tranquille
34:51de la vallée de Chevreuse,
34:53vous avez une BMW
34:55qui flambe dans un champ
34:57pas très loin, à 3, 4
34:59kilomètres, 5 kilomètres, une heure,
35:01un quart après ?
35:03Une voiture qui a été...
35:05Qui n'a rien à voir !
35:07Enfin, qui n'a rien à voir !
35:09Et, on n'a pas enquêté là-dessus ?
35:11On n'a pas enquêté là-dessus. Parce que...
35:13Parce que...
35:15Darcy n'est pas...
35:17n'est pas un bon innocent.
35:19Il ne crie pas l'innocence.
35:21Et ça, effectivement,
35:23ça se retourne contre lui.
35:25Un condamné qui va faire appel.
35:27François Darcy, dans les flammes
35:29du soupçon. Je n'ai pas tué ma femme,
35:31je l'aimais, j'aime mes enfants.
35:33L'enquête de l'ordre du crime. Je vous retrouve tout de suite sur RTL.
35:37Jean-Alphonse Richard sur RTL.
35:39L'heure du crime.
35:41L'heure du crime.
35:43Présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
35:45Dans l'heure du crime,
35:47aujourd'hui, l'affaire François Darcy.
35:49Cet informaticien a été condamné à 30 ans de prison
35:51en 2016 pour avoir assassiné
35:53son épouse dans les Yvelines.
35:554 ans et demi auparavant.
35:57Il a toujours nié les fées, été 2018.
35:59L'ancien mari comparait
36:01un appel.
36:03Mardi 26 juin 2018,
36:05François Darcy, 52 ans, est jugé devant
36:07la cour d'assises d'appel des Hauts-de-Seine,
36:09Nanterre. Il ne change pas un mot
36:11à ses déclarations passées.
36:13L'avocat général évoque un crime parfaitement
36:15calibré, pensé, millimétré dans
36:17ses moindres détails. Selon lui,
36:19Darcy vivait dans la crainte d'être
36:21quitté et avait le désir de toucher une assurance
36:23vie. François Darcy est
36:25à nouveau condamné à 30 ans de prison
36:27plus 22 ans de peine
36:29incompressible. François Darcy
36:31n'a jamais cessé de répéter qu'il était
36:33innocent avec ses mots.
36:35Je n'ai pas tué Sylvie, je me suis fait tirer dessus
36:37et elle est morte. J'aimais ma femme,
36:39j'aime mes enfants.
36:41Il est
36:43dans mon optimisme
36:45béat et formidable.
36:47Je vais réussir à tenir
36:49le coup jusqu'à ce que mon fils sorte de prison
36:51en bonne santé, qu'il puisse retrouver
36:53ses enfants un petit peu
36:55et que les enfants puissent réussir
36:57leur vie. La voix d'Aïline
36:59Darcy, c'est la mère
37:01de François Darcy et c'était dans l'émission
37:03Fait entrer l'accusé. Maître Yves Bédouc
37:05avocat au barreau de Versailles et avocat de François Darcy
37:07jusqu'au premier procès.
37:09Est-ce que vous savez
37:11ce que devient François Darcy ou pas du tout ?
37:13Vous l'avez perdu de vue ? Non, je ne sais pas.
37:15Vous avez entendu la maman qui parlait ?
37:17Oui. Vous l'avez bien connue ?
37:19Je l'ai bien connue. Je dirais
37:21que c'est le prototype
37:23de l'amateur Dolorosa qui est
37:25mais
37:27qui a une faculté. Elle voyait
37:29ses petits-enfants. Elle voyait
37:31les parents de Sylvie
37:33Darcy. Les grands-parents
37:35se voyaient et s'entendaient
37:37pour prendre les petits-enfants
37:39etc. Aïline Darcy
37:41c'est une femme formidable.
37:43Formidable. Il n'a jamais
37:45varié dans ses dénégations ? Jamais.
37:47François Darcy. Il y a une espèce
37:49de constance comme ça ? Jamais.
37:51Il a toujours été
37:53il a toujours eu une ligne
37:55homogène mais vous voyez
37:57la construction intellectuelle
37:59qui a été faite à charge.
38:01Selon vous ?
38:03Selon la défense ?
38:05Non, non pas selon
38:07moi parce que vous n'avez pas
38:09de joker dans le dossier. Vous n'avez
38:11pas de la preuve ADN
38:13vous n'avez pas l'aveu, vous n'avez pas
38:15l'autopsie, vous n'avez pas
38:17vous ne savez pas où est l'arme, vous ne savez pas
38:19s'il y a un bornage téléphonique, vous n'avez
38:21pas d'explication sur l'ABM
38:23et après vous avez un faisceau
38:25un faisceau
38:27de hasard ne fait pas un faisceau
38:29de preuve, un faisceau
38:31d'incohérence. Je suis d'accord avec
38:33vous Maître Bedouc mais il a été condamné
38:35deux fois et la deuxième fois encore plus
38:37violemment j'ai envie de dire
38:39plus sérieusement puisqu'il
38:41prend une peine de 22 ans
38:43incompressible
38:45mais effectivement il y a quand même
38:47des choses, il y a des choses
38:49troublantes, il y a ce scénario etc.
38:51Qu'est-ce qu'il va faire l'après-midi lorsque
38:53son épouse est à l'hôtel ? Pourquoi
38:55il a ce besoin urgent d'aller chez lui
38:57remplir des cartouches, fabriquer des
38:59cartouches ? Mais parce que
39:01qu'est-ce qui lui prend ? Non mais vous êtes en plein
39:03anniversaire de mariage et la
39:05première chose que vous avez envie de faire c'est d'aller remplir
39:07des cartouches à votre maison.
39:09Savez-vous quelle est l'explication ?
39:11Allez-y !
39:13Sylvie Darcy adore le rugby
39:15c'est le tournoi des
39:17nations, il y a un match du tournoi
39:19des nations et François Darcy
39:21le rugby ça
39:23n'intéresse pas du tout. Donc il prend sa
39:25voiture, il va vaquer à ses
39:27occupations et il revient.
39:29Point ! C'est tout.
39:31Mais est-ce que ne pas aimer le rugby
39:33aller à son
39:35appartement, remplir des cartouches
39:37parce qu'on est tireur sportif
39:39est forcément une preuve de l'assassinat ?
39:43C'est un peu
39:45tiré par les cheveux.
39:47Encore un petit mot, même si je crois
39:49connaître votre réponse,
39:51l'avocat général au deuxième procès
39:53il trouve le mobile lui, l'avocat général
39:55il dit voilà, il est parti parce qu'il
39:57voulait, il avait la crainte d'être
39:59quitté par son épouse qui n'en pouvait plus
40:01de lui, qui écrivait partout qu'elle voulait
40:03prendre un avocat, etc.
40:05Et qu'il avait le désir de toucher une assurance vie.
40:07Voilà, c'est en mobile.
40:09Alors, moi je n'étais qu'au premier procès.
40:11Je n'ai pas suivi au deuxième procès.
40:13Je vous donne les motivations de l'avocat général.
40:15Mais alors, il faut que nous
40:17résilions tous
40:19nos assurances vie car c'est un
40:21car c'est un
40:23motif extrêmement dangereux
40:25que le fait d'avoir une assurance vie.
40:27Ça n'a pas de sens.
40:29Ça n'a pas de sens.
40:31François Desserts, vous êtes avec nous dans l'ordre du crime d'adaptation
40:33en chef adjoint pour le site 78 Actu.
40:35Le fait est
40:37c'est que là, il est condamné deux fois
40:39François Darcy
40:41et il n'y a aucune autre piste
40:43que celle du mari qui s'est
40:45imaginé ou qu'on a voulu exploiter.
40:47Alors, en effet, il y a eu
40:49une énorme enquête qui a été faite.
40:51Énormément. Ils ont vraiment fouillé
40:53partout. Ils ont fait des réquisitions
40:55dans tous les sens.
40:57Et il n'y a jamais, jamais rien
40:59qui a démontré la présence
41:01de tierces personnes.
41:03Même pas le début du commencement
41:05de quelque chose qui pourrait le montrer.
41:07Sur une scène de crime, il doit y avoir
41:09quelque chose. On retrouve toujours quelque chose.
41:11Il y a un élément. Il y a un témoin.
41:13Il y a de la téléphonie.
41:15Il y a tout ce que vous voulez. Mais là, il n'y a rien
41:17du tout qui permet de remonter
41:19vers une autre piste.
41:21Juste un mot là-dessus. Très court. Allez-y.
41:23On ne remonte pas sur une autre piste.
41:25Non, pas du tout.
41:27Qu'est-ce que les services d'enquête ont trouvé sur l'affaire Chevaline ?
41:31Vous voyez, en préservant
41:33les lieux, en faisant tout bien
41:35et ils n'ont rien trouvé.
41:37Et là, vous dites qu'effectivement, on n'a pas préservé les lieux.
41:39Vous nous l'avez dit dès le début.
41:41Vous nous l'avez dit au début.
41:43Effectivement, c'est votre explication.
41:45Stéphane Fournier, je termine cette émission
41:47avec vous, chef d'escadron.
41:49A l'époque, c'est vous qui avez dirigé cette enquête.
41:51Qu'est-ce qui est le plus marquant pour vous dans cette affaire ?
41:53Qu'est-ce que vous retenez ?
41:55Ce qui m'a le plus marqué dans cette affaire,
41:57je dirais que c'est quand même la capacité
41:59d'une personne à
42:01développer
42:03un imaginaire de scénario
42:05digne d'un grand film de fiction
42:07pour arriver à commettre
42:09ce qu'il y a de plus dramatique, c'est-à-dire tuer une personne.
42:11Et tout ça sort de la tête d'une seule personne.
42:13Merci beaucoup
42:15Stéphane Fournier,
42:17Maître Yves Bedouc et François Dessert
42:19d'avoir été les invités de L'Ordre du Crime.
42:21Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot,
42:23préparation Marie Bossard,
42:25réalisation en direct Jonathan Griveaux.
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