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  • 23/05/2025
Les informés de franceinfo du vendredi 23 mai 2025

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00:00Et vous êtes les bienvenus dans les informés, votre demi-heure de décryptage comme chaque matin sur France Info.
00:13Et bonjour Renaud Delis. Et bonjour Andréa Mey. Et bonjour à nos deux informés, Aurélie Herbemont.
00:18Bonjour. Bonsoir. Service politique de France Info, chef adjointe même.
00:22Et bonjour à vous Jean-Jérôme Bertolus. Bonjour Andréa.
00:24Éditorialiste politique France Info Télé avec notre premier débat.
00:29Voilà Renaud sur l'immigration. Est-ce que la France a besoin ou non de travailleurs immigrés ?
00:34En tout cas, la liste des métiers en tension, c'est-à-dire des branches professionnelles, des métiers dans lesquels on manque de main d'oeuvre, a enfin été publié hier.
00:44Il s'agit de remplacer une précédente liste obsolète qui est remontée à 2021.
00:48Il s'agit aussi de répondre à la loi immigration du mois de janvier 2024.
00:54Cette liste, elle liste donc, c'est le cas de le dire, profession par profession, les secteurs dans lesquels on manque de main d'oeuvre, on manque de bras,
01:03et donc dans lesquels les employeurs pourront plus facilement faire appel à des travailleurs étrangers ou régulariser des travailleurs étrangers actuellement en situation irrégulière.
01:11Cette liste, elle était demandée par un certain nombre de secteurs professionnels, notamment les métiers de l'hôtellerie et de la restauration.
01:19Je propose d'entendre Thierry Marx, le chef étoilé Thierry Marx, qui est aussi président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, et qui était l'invité de France Info ce matin.
01:28Oui, c'est une bonne chose, une bonne avancée, on attendait d'affiner un petit peu plus.
01:33Et pourquoi diviser par région, alors que toutes les régions sont impliquées de la même façon ?
01:37Ça crée le trouble et ça ne permet pas à des régions de faire plusieurs offres d'emploi, y compris les aides de cuisine.
01:44Ces premiers métiers, qui est souvent fait des étudiants ou des gens qui démarrent dans ce métier, c'est une fonction, aide de cuisine est une fonction.
01:51Eh bien, il faut pouvoir l'indiquer, dans toutes les régions, toutes les régions sont impactées par le manque de collaborateurs.
01:56Alors cette liste, elle est en effet régionalisée, comme le disait Thierry Marx, selon les régions, telle ou telle profession y figure ou pas.
02:03Les secteurs concernés, globalement, c'est souvent l'agriculture, l'aide à domicile, l'hôtellerie, la restauration, des infirmiers aussi, des maçons ou encore des viticulteurs.
02:14Reste que donc certains s'interrogent sur l'efficacité de cette liste, est-elle aussi suffisamment ouverte ou pas ?
02:19Et puis, est-ce que c'est aussi parfois, dans certains secteurs, un moyen pour le patronat, en attirant des travailleurs étrangers, de tirer les salaires à la baisse ?
02:27Ce qui est toujours un reproche qui est fait à ces demandes formulées par certains chefs d'entreprise.
02:33Exactement. Aurélie Herbe, bon, il y a eu un petit côté feuilleton sur la publication de cette liste, on l'a attendu un petit moment.
02:39Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ? C'est vraiment indispensable ?
02:44Ou est-ce que finalement, bon, ben voilà, c'est quelque chose qu'il faut faire, mais au fond, l'effet n'est pas forcément considérable ?
02:52C'est quelque chose qui a été attendu, effectivement, par les branches professionnelles, même si on le voit, toutes les cases ne sont pas cochées.
02:59Vous avez par exemple des métiers de la boucherie qui disent, ben nous, on n'est pas dans la liste, alors qu'on aurait bien aimé être dans la liste parce qu'on a du mal à recruter.
03:06C'est toujours la difficulté de faire une liste précise, surtout quand vous la régionalisez.
03:12À Paris, les aides de cuisine ne sont pas considérées comme métiers en tension, alors que les professionnels Thierry Marx vous le dirait, ben si.
03:20Nous aussi, on a besoin d'aides de cuisine en région Île-de-France. Dans d'autres régions, ils sont pris en compte.
03:27Donc, ce n'est pas du tout une science exacte, mais vous avez raison de parler du feuilleton parce que ça fait des mois qu'on attend cette nouvelle liste.
03:34Il y avait une première pré-liste qui avait été faite en début d'année, présentée aux partenaires sociaux et s'est fait attendre.
03:40Alors, pourquoi ça s'est fait attendre ? Il y avait forcément une discussion entre deux ministères, le ministère du Travail et le ministère de l'Intérieur.
03:48Il ne vous aura pas échappé qu'au ministère de l'Intérieur, il s'agit d'un certain Bruno Retailleau,
03:52qui lui avait avancé plus vite sur une autre réglementation. C'était sa circulaire en début d'année sur les régularisations où il appelait à restreindre au maximum,
04:05vraiment quasiment à faire de la régularisation au compte-gouttes. Donc, il y avait un côté un peu peut-être contradictoire entre en janvier demander de régulariser le moins possible
04:13et donner une fameuse liste pour régulariser des sans-papiers dans les secteurs en tension.
04:18Mais alors, Jean-Jérôme Bertelus, c'est donc vrai, si j'en crois Aurélien Bebon, que d'une certaine façon, Bruno Retailleau a décalé la publication de cette liste ?
04:26C'est ce que j'ai pu lire.
04:27Oui, c'est sans doute vrai, mais pour une bonne et simple raison.
04:30C'est que quand il y avait la discussion du projet de loi immigration, cet article qui a été porté par Gérald Darmanin,
04:38qui souhaitait quand même que toute la gauche ne fasse pas défection lors du vote, eh bien, en revanche, la droite était vent debout contre cette mesure.
04:50Et Bruno Retailleau, qui était alors le discret patron de la droite au Sénat, en avait fait une ligne rouge.
04:56Il disait même que c'était le péché originel, effectivement, de ce texte.
05:01Donc, vous imaginez bien que si ce texte avait été publié...
05:05Pendant la campagne ?
05:06Pendant la campagne, effectivement...
05:08Campagne pour la présidence de LR, on le rappelle.
05:09Rappelez-moi l'adversaire, effectivement, de Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, il aurait pu en faire son miel, clairement.
05:17Donc, clairement, aujourd'hui, le rapport de force au sein du gouvernement est en faveur de Bruno Retailleau,
05:23avec son élection presque majestueuse à la tête de LR.
05:30Pour le chef du gouvernement, François Bayrou, on va dire que cette liste, c'est vraiment un détail.
05:37Et d'ailleurs, quand même, je veux dire, tous les partenaires sociaux sont vent debout après la présentation de cette liste,
05:43y compris au sein de l'UIMH.
05:45Je suis désolé pour M. Marc, mais on dit que c'est ni fait ni à faire.
05:48Nous on est métier de l'industrie de la série.
05:49Et puis, de toute façon, je vous prédis, en conclusion, qu'il y aura peu de résultats,
05:53puisque même s'il y a des trous de l'or-la-raquette partout, vous le disiez très justement,
05:57Olivier Herbemont, on ne voit pas pourquoi les cuisiniers, c'est un métier en tension à Paris
06:00et pas les assistants cuisiniers, enfin c'est martien, mais sans faire de jeu de mots,
06:04mais encore une fois, de toute façon, ça sera à la main des préfets.
06:09Et donc, le ministre de l'Intérieur va donner très clairement des instructions au préfet
06:14pour dire, oui, oui, vous pouvez instruire, mais sur plusieurs années, comme c'est déjà un peu le cas aujourd'hui.
06:18Bon, c'est coup dur pour Bruno Retailleau, quand même, ce que nous décrit Jean-Jérôme Bartolus.
06:22Non, mais il y a toujours sur ce sujet beaucoup d'hypocrisie de part et d'autre, de la part des responsables politiques.
06:25Je parle des responsables politiques, pas de Jean-Jérôme Bartolus, rassurez-vous.
06:29Pas d'hypocrite pour un sou.
06:30Pas de malentendu.
06:31C'est-à-dire qu'il y a toujours une instrumentalisation d'un sujet qui est à la fois réel et complexe.
06:36Donc, cette liste, elle a un mérite, en tout cas, c'est de se pencher sur ce sujet
06:40que pour des raisons de surenchère politicienne, d'émagogie électoraliste,
06:46souvent, dont certains ne veulent même pas entendre parler.
06:48On a entendu il y a quelques minutes sur ce plateau, Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme,
06:51s'indigner justement de cette liste qui, de fait, était nécessitée par l'adoption de la loi sur l'immigration
06:57qui a été promulguée au mois de janvier 2024, loi à l'immigration qui avait été votée
07:01par le même Rationement National à l'époque.
07:03Donc, il faut être conséquent jusqu'au bout.
07:06Et sans aucun doute, pour des raisons politiques qui viennent d'être exposées,
07:09Bruno Retailleau n'était pas, et il n'est toujours pas, un fervent défenseur de cette liste
07:12et de l'ouverture d'un certain nombre de métiers, en tout cas de régularisation de son papier,
07:16dans certains secteurs.
07:16Or, il est vrai qu'il y a des secteurs, on le sait, dans lesquels on a besoin de manœuvre,
07:21on a besoin de bras, entre guillemets, et donc il était nécessaire,
07:25et elle est très largement imparfaite, cette liste, mais de l'actualiser.
07:29La précédente, et d'ailleurs, normalement, là, il y a une actualisation annuelle
07:32qui est prévue désormais.
07:34Ensuite, il y a aussi une instrumentalisation par certains représentants
07:40d'organisations patronales qui voient dans le recours aux travailleurs étrangers
07:45en situation irrégulière, avec une régularisation dès lors qu'ils entreraient dans ces cases-là,
07:51dans ces cases de régularisation, un moyen de tirer les salaires à la base,
07:55à la baisse, parce qu'on sait aussi que si on manque de bras et de main d'œuvre dans ces secteurs-là,
07:59notamment la restauration, les aides à domicile, etc., et bien d'autres,
08:04c'est aussi parce que les salaires sont beaucoup trop bas.
08:06Et c'est plus facile, évidemment, pour certains chefs d'entreprise,
08:09de dire, voilà, régularisons des travailleurs étrangers,
08:14plutôt que de faire aussi des efforts en matière d'augmentation de salaire.
08:19Donc, il faut faire attention, il y a un sujet qui est réel et qui doit être jugé au cas par cas,
08:24enfin, traité au cas par cas, et de façon réaliste, lucide au regard des besoins de l'économie française,
08:29mais aussi ne pas tomber parfois dans le panneau de certaines organisations patronales
08:34qui en font beaucoup dans l'autre sens.
08:35Non pas, enfin, on va dire pas exclusivement, on va pas avoir d'a priori pour des raisons d'humanisme,
08:39et d'ouverture et de tolérance et d'accueil des étrangers,
08:43mais aussi parfois pour ne pas accorder des augmentations de salaire.
08:46D'un mot, Aurélie Herbbon, il y a aussi la manière dont l'opinion accueille ça.
08:50L'opinion est peut-être pas forcément défavorable à ce que sur un certain nombre de métiers,
08:55eh bien, il y ait des étrangers qui viennent les occuper.
08:58Il y avait eu beaucoup de sondages, effectivement, au moment de l'examen de cette fameuse loi immigration
09:03qui était portée par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt à l'époque,
09:07jambe droite, jambe gauche, souvenez-vous,
09:08il fallait que cette loi soit, on soit gentil avec les gentils et méchant avec les méchants,
09:13c'était la formule de Gérald Darmanin à l'époque.
09:16Il y avait eu beaucoup de sondages et on voyait effectivement que les Français étaient favorables
09:21à ce qui est des régularisations pour des travailleurs sans papier dans les secteurs en tension,
09:26parce que finalement, les citoyens sont parfois plus matures que les politiques,
09:31et ils voient bien...
09:32Ils font moins de politiques peut-être que les politiques.
09:33Ils font moins de politiques, généralement.
09:34Ils voient bien qu'effectivement, certains secteurs de notre économie ne tourneraient pas sans cette main-d'œuvre.
09:40Au restaurant, les gens le savent, sans cette main-d'œuvre étrangère, ça ne tournerait pas.
09:47Donc forcément, les Français sont parfois un peu plus...
09:51Ils étaient finalement assez en phase avec cette philosophie, appelons-la comme ça, de Gérald Darmanin.
09:56Oui, être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants.
09:58Alors, on a parlé de Bruno Retailleau.
10:00On va en reparler.
10:01Est-il une menace pour le Rassemblement National ?
10:04C'est dans la deuxième partie de vos informés, juste après le fil info de 9h16.
10:08Julien Raymond.
10:09Ils veulent pouvoir utiliser à nouveau certains pesticides des agriculteurs mobilisés hier dans plusieurs départements français.
10:18Des actions pour faire pression sur les députés et les appeler à voter une loi permettant l'usage de produits interdits.
10:24De nouvelles actions à l'échelle nationale sont prévues en début de semaine prochaine.
10:28La Russie en train de créer une zone tampon le long de la frontière avec l'Ukraine.
10:33En clair, Moscou menace d'envahir de nouveaux territoires ukrainiens, notamment les régions de Soumy et de Kharkiv.
10:40La prestigieuse université américaine Harvard interdit d'accueillir des étudiants étrangers.
10:46Donald Trump fait retirer la certification qui permet à Harvard d'obtenir des visas pour ses recrues internationales.
10:53Un réseau entier de pédocriminels démantelés cette semaine en France.
10:5755 hommes interpellés.
10:58L'application Telegram utilisée pour partager des images d'agressions sexuelles.
11:03Et de viols d'enfants, certains de ces pédocriminels seront jugés dès aujourd'hui.
11:08Et puis après avoir battu des records de fréquentation au Stade de France le mois dernier,
11:12le rappeur Joule donne deux nouveaux concerts ce soir et demain au Vélodrome à Marseille.
11:17Double concert à guichet fermé.
11:22France Info.
11:23Les informés, Adrien Beck, Renaud Dely.
11:28Toujours avec Aurélie Herbemont, chef adjointe du service politique de France Info et Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info Télé.
11:36Nous passons, Renaud, à notre deuxième sujet.
11:38Bruno Retailleau à la mode.
11:40Bruno Retailleau peut-il inquiéter le Rassemblement national ?
11:43Le ministre d'Intérieur qui a donc été plébiscité à la présidence des Républicains, c'était dimanche,
11:47qui est en forte hausse dans les sondages de popularité,
11:50mais aussi d'ailleurs parfois pour les intentions de vote à la présidentielle de 2027.
11:55Il se sent en quelque sorte poussé des ailes.
11:57Il tient un discours très ferme sur les sujets régaliens.
12:00Il s'est par exemple emparé cette semaine du rapport sur l'entrisme des frères musulmans dans la société française
12:04pour dénoncer une menace sur la cohésion nationale,
12:07présenter quelques premières propositions qui n'ont pas d'ailleurs satisfait le chef de l'État.
12:12Et les sondages montrent qu'il est extrêmement populaire aussi auprès des sympathisants du Rassemblement national.
12:16Les deux tiers d'entre eux, 65% précisément, selon un sondage Odoxa publié par le Figaro,
12:22ont une bonne opinion de Bruno Retailleau.
12:25Peut-il donc devenir un concurrent sérieux pour le RN ?
12:29C'est peut-être un hasard, mais cette semaine, Jordan Bardella, mais aussi Marine Le Pen,
12:33ont redoublé d'attaques contre Bruno Retailleau.
12:35Je vous propose d'écouter Marine Le Pen, c'était hier sur France 2.
12:39Ce rapport, on n'y a pas appris grand-chose quand même.
12:41Enfin bon, je suis contente d'avoir contribué à sensibiliser la classe politique à ce problème majeur
12:45de l'entrisme, du fondamentalisme islamisme.
12:47Enfin, ça fait 15 ans qu'on dit ça, et ça fait 15 ans qu'on nous explique que ce que nous disons est faux.
12:52Bon, la réalité, c'est que c'est vrai.
12:54On n'apprend rien dans ce rapport.
12:55En tout cas, moi, je n'ai rien appris dans ce rapport.
12:58Et les mesures qui ont été proposées par Bruno Retailleau, c'est une blague qui ne fait pas rire.
13:03Une blague du vent, du blabla, ce sont les accusations de la part du RN à l'endroit du ministre de l'Intérieur
13:09qui parleraient beaucoup, mais agiraient peu selon eux.
13:13Dans les sondages d'intention de vote, mais on n'est encore qu'à deux ans de la présidentielle,
13:17le score du RN reste très élevé et très nettement en tête, quel que soit le candidat d'ailleurs,
13:22Marine Le Pen ou Jordan Bardella.
13:24Mais Bruno Retailleau peut-il devenir un concurrent, notamment d'ailleurs au cours de l'année qui vient,
13:29puisque pendant au moins un an, jusqu'au procès en appel de Marine Le Pen,
13:33le RN ne sait pas qui sera son candidat en 2027.
13:36Vous allez nous dire, les informer, comment lire ces propos de Marine Le Pen.
13:39Et encore Jean-Philippe Tanguy ce matin sur ce plateau, qui est un des principaux lieutenants de Marine Le Pen.
13:43Propos effectivement assez musclés, on va dire, contre Bruno Retailleau.
13:48D'abord, Jean-Jérôme Bertolus, Rododéli, parlait de la popularité de Bruno Retailleau,
13:53de même ses scores honorables, on va dire, dans les sondages en vue de la présidentielle.
13:59C'est quoi ? C'est un état de grâce ?
14:00C'est un effet un peu comme on avait pu en voir avec Valérie Pécresse au moment de la présidentielle ?
14:05Et ça n'a pas très bien fini ?
14:07Oui, ce qu'a rappelé Marine Le Pen, qui avait dit, elle a commencé à 20,
14:11elle a terminé à moins de 5 concernant Valérie Pécresse.
14:15Je ne sais pas si c'est un état de grâce, mais il y a clairement une dynamique.
14:17Il a gagné quelques points, il est maintenant à 16% des intentions de vote.
14:22Chez les Français, manifestement, l'accusation selon laquelle Bruno Retailleau ne ferait que de la com,
14:28à la tête du ministère de l'Intérieur, ça ne prend pas, puisque 50% des Français estiment qu'il a un bon bilan.
14:35En termes de popularité, il dépasse, enfin en termes de bonnes opinions,
14:39il dépasse maintenant Édouard Philippe de 3 points.
14:43Donc oui, évidemment qu'il y a une dynamique.
14:47Et j'ai envie de dire, Bruno Retailleau, il a quelques cartes dans sa main.
14:51D'une part, c'est un homme neuf.
14:54Il a été 30 ans parlementaire, il a été 10 ans à la tête de LR au Sénat.
15:03Et pourtant, c'est un homme neuf, aux yeux de l'opinion.
15:05On ne le connaît pas, il était très discret.
15:08Et donc effectivement, Marine Le Pen sur Front 2, elle dit, regardez, elle sort une photo des résultats,
15:13puis elle montre qu'il y a Michel Barnier, Gérard Larcher, des diplodocus de la politique autour de lui.
15:20C'est ces gens-là qui posent problème.
15:23Donc effectivement, ça va être un discours qui va être martelé, c'est pas un homme neuf.
15:27Deuxièmement, il a effectivement de l'expérience à la tête du ministère de l'Intérieur.
15:32Or, de l'expérience gouvernementale, on en manque un peu au Rassemblement National,
15:37surtout si c'est Jordan Bardella qui prendra, on va dire, la pole position de la présidentielle.
15:43Donc ça fait un deuxième atout pour Bruno Retailleau.
15:46Et puis le troisième, c'est les convictions et on va dire ce slogan qui avance comme un slogan de campagne,
15:53la France des honnêtes gens.
15:56Maintenant, il pousse ça, Bruno Retailleau, c'est-à-dire une justice plus ferme,
16:00effectivement un travail qui paye, des citoyens qui croient en la France,
16:05mais la France des honnêtes gens.
16:07Et ça, c'est sûrement, comment dire, un slogan qui peut mordre un peu chez les sympathisants à l'RN.
16:13Après, on peut se demander, Aurélien, qui défend la France des gens malhonnêtes en même temps, c'est pas...
16:17Oui, personne ne fait campagne avec ce slogan.
16:20De fait, bon, va quand même se poser une question, pardon, va quand même se poser une question.
16:27C'est Bruno Retailleau, il est ministre, ministre, et le raccourci est facile, d'Emmanuel Macron,
16:33même si c'est un peu plus compliqué que ça, président de parti.
16:36Bon, président d'un parti qui était dans l'opposition, enfin, qui l'est plus ou moins encore,
16:40enfin, c'est pas clair quand même, à un moment donné.
16:43Est-ce qu'il va pas devoir être contraint d'éclaircir tout ça ?
16:45Alors, le positionnement, c'est vrai, est un peu filandreux,
16:47mais tant qu'il aura intérêt à rester au ministère de l'Intérieur
16:50pour avoir des résultats à poser devant les yeux des Français, il va rester.
16:55Bruno Retailleau n'a pas intérêt à partir la semaine prochaine de la place Beauvau,
16:58parce qu'en fait, il le sait très bien, s'il gagne triomphalement dimanche dernier,
17:02c'est parce qu'il est ministre aujourd'hui, donc merci Emmanuel Macron pour la dissolution,
17:07merci d'avoir tenté de faire cette coalition un peu de briquet de broc avec l'ILR,
17:13donc il a tout intérêt à rester, c'est ça qu'il a fait émerger.
17:16Après, effectivement, on va se poser pour lui la question de rester jusqu'où,
17:21parce qu'au bout d'un moment, il risque d'être comptable d'un bilan,
17:23donc il faut qu'il reste suffisamment longtemps pour montrer que la droite est de retour,
17:28que la droite peut gérer, que la droite peut avoir des résultats,
17:31mais sans rester jusqu'au bout sur le bateau.
17:34Ça implique que vous estimez qu'il aura forcément un bilan difficile à défendre ?
17:37Mais si à la fois, le ministère de l'Intérieur, c'est le meilleur placement, positionnement,
17:44pour s'exprimer très régulièrement auprès des Français,
17:47de venir acquérir une notoriété en un temps record,
17:49c'est ce qui est arrivé à Bruno Retailleau,
17:51marteler des messages forts, etc.
17:53Mais au bout d'un moment, il faudra des résultats tangibles.
17:57Bruno Retailleau veut faire baisser l'immigration,
17:58à un moment, il faudra qu'il y ait des signes que l'immigration diminue,
18:02sinon ça va entacher son crédit politique.
18:06Il veut rétablir la sécurité, vous vous souvenez,
18:08quand il arrive à Beauvau, il a trois mots d'ordre,
18:10c'est rétablir l'ordre, rétablir l'ordre, rétablir l'ordre.
18:12Donc à un moment, il faut qu'il ait des résultats tangibles
18:16pour les faire valoir devant l'opinion.
18:17Et c'est vrai que le Rassemblement National l'attend au tournant là-dessus,
18:20pour l'instant, ils disent que c'est le ministre de la Parole,
18:22même si ce qui est très intéressant de noter,
18:24c'est qu'au tout début, le Rassemblement National
18:27ne savait pas trop comment se positionner par rapport à Bruno Retailleau.
18:30Il y en avait qui tapaient, mais d'autres pas trop.
18:32Il y en avait même qui proposaient à Bruno Retailleau
18:33de prendre sa carte au Rassemblement National.
18:36C'est dire qu'ils étaient plutôt en face.
18:38On l'entend encore un petit peu, même si là, depuis dimanche,
18:40quand on écoute Jordan Bardella et Marine Le Pen,
18:42on a l'impression qu'ils ont acté la stratégie maintenant.
18:45C'est taper comme des sourds sur Bruno Retailleau,
18:47montrer qu'il n'a pas de résultat.
18:49Et en gros, Bruno Retailleau,
18:50de par sa nouvelle force de patron des LR
18:53élu triomphalement, ça devient un peu l'homme à abattre.
18:55Parce qu'il ne faudrait pas que pour le Rassemblement National,
18:57il émerge trop.
18:58Souvenez-vous, 2007, Nicolas Sarkozy,
19:01il arrive à siphonner les voix du Rassemblement National.
19:03Renaud Delis.
19:03Toute la difficulté pour Bruno Retailleau,
19:05il a intérêt à rester, ça c'est clair, au gouvernement.
19:07Et ça a été d'ailleurs validé par les adhérents de LR dimanche dernier.
19:11C'est pour ça qu'ils l'ont plébiscité.
19:13Rester un certain temps.
19:14Donc c'est-à-dire rester pour avoir des résultats.
19:16Je rejoins ce que vient de dire Aurélie Herbemont.
19:18Il lui faudra des résultats, un mot ou un autre.
19:20Mais il lui faut aussi déjà en quelque sorte préparer sa sortie.
19:22C'est-à-dire préparer la rupture avec Emmanuel Macron
19:25de façon à ce que ce sparadrap
19:27qu'essaye de lui coller notamment Marine Le Pen
19:29de ministre d'Emmanuel Macron, il s'en débarque.
19:31Il faudra acter, vous voulez dire, une rupture avec Emmanuel Macron.
19:34Bien sûr, je pense qu'il ne pourra pas être candidat
19:36s'il est candidat à la présidentielle de 2027
19:37tout en étant toujours au gouvernement.
19:39C'est le côté, je n'ai pas lu les moyens d'écrire la politique.
19:41Il pourrait apparaître comme étant de fait
19:42un des nombreux héritiers, un des potentiels successeurs du macronisme.
19:45Et c'est absolument pas ni son intention,
19:47ni son projet d'ailleurs, ni son intérêt juste stratégique.
19:50Donc il doit d'ores et déjà préparer sa sortie.
19:52Sa présence aujourd'hui au gouvernement,
19:54elle le sert et elle le sert encore
19:56parce qu'il revendique la posture d'une droite
19:59qui met les mains dans le cambouis,
20:00qui ose prendre des risques et qui ose
20:02justement essayer de gérer les affaires
20:04même dans une situation politique extrêmement compliquée.
20:06Et donc ça, ça renvoie de fait le RN
20:08à son statut éternel de parti de la parole
20:11puisque lui n'a jamais géré
20:13en gros le parti du Yaka Faucon.
20:15Il suffirait d'eux.
20:16Hier, Marine Le Pen dit
20:17il suffirait d'interdire les frères musulmans
20:19par exemple pour combattre l'islamisme.
20:21C'est un peu plus compliqué que ça.
20:22Et un tout dernier point, ce qui est très intéressant,
20:23c'est pour ça que la période est risquée pour le RN.
20:26Il n'a pas de candidat à le RN pendant un an.
20:28De fait, en attendant le procès en appel de Marine Le Pen
20:30et là où la situation est très complexe,
20:32c'est pour Jordan Bardella
20:33puisque dès qu'il avance, si j'ose dire,
20:35dès qu'il avance une oreille,
20:36évidemment, il est suspecté en interne au sein du RN
20:38d'être prêt déjà à se lancer
20:41et donc de trahir sa supérieure.
20:43Et en même temps, si vous l'écoutez bien,
20:44Jordan Bardella, il ne cesse de répéter,
20:46il le répète aux électeurs, aux sympathisants RN,
20:48de toute façon, quel que soit le cas de figure,
20:50il y aura un candidat RN, il y aura un candidat RN.
20:52Sous-entendu, ne vous précipitez pas
20:54dans les bras de Bruno Rotaillot.
20:55Un dernier mot, Jean-Gérôme Garthalus.
20:56Oui, Bruno Rotaillot s'est fait quand même élire
20:57à la tête de la présidence des Républicains
20:59avec une certaine stabilité, stabilité gouvernementale,
21:03contrairement à Laurent Bouquet
21:03qui préconisait la rupture.
21:05Mais, conformément, effectivement,
21:07à ce que dit Renaud Delis,
21:08il prépare la sortie.
21:09Il l'a dit d'ailleurs, Bruno Rotaillot,
21:11la participation de LR au gouvernement
21:14n'est pas tranchée à perpétuité.
21:16Et vous savez, les difficultés du gouvernement,
21:19elles sont devant le gouvernement.
21:21Les Himalayas, ça va être maintenant,
21:22là, c'était que des petites collines.
21:24Et donc, notamment, le budget, etc.
21:27Bon, je veux dire, effectivement,
21:28il peut préparer sa sortie.
21:30Les Vosges ou le Vercors, peut-être.
21:31On aime beaucoup le Vercors.
21:32Merci à vous, Jean-Gérôme Bertolus,
21:34éditorialiste politique France Info TV,
21:36Aurélie Arbebon, chef adjoint du service politique
21:38de France Info.
21:39Et merci, bien sûr, Renaud Delis.
21:41Voilà pour les informés
21:42qui reviennent ce soir, bien sûr, à 20h.

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