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  • 16/05/2025
En périphérie de Laval, Mickaël Lepage a pensé l'intégralité de son système laitier autour de l'herbe. Une manière de limiter l'impact environnemental de la production, tout en réduisant les charges sur sa ferme.

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Animaux
Transcription
00:00Je m'appelle Michael Lepage, j'ai 50 ans, je me suis installé ici sur la ferme familiale il y a 25 ans.
00:06Donc ferme familiale qui se transmet de génération en génération depuis à peu près 1830.
00:10Donc le troupeau laitier, 45 vaches laitières normandes, en vélage groupé de printemps,
00:16de février à mai, sans fermeture de salle de traite.
00:19Et l'idée c'est que les vaches disposent d'à peu près 75 ars accessibles de pâturage,
00:24à dominante prairie longue durée, avec une partie de permanente,
00:27et puis une petite partie de temporaire.
00:30En multi-espèces évidemment, multi-variétés depuis quelques années.
00:34Et l'idée c'est que de février à décembre, elles aient un temps accessible dehors au maximum,
00:39pour avoir un maximum de lait, ce que j'appelle du lait en pâturage plat unique, le PPU,
00:45pour qu'elles fassent entre 50 et 60% de lait uniquement par le pâturage.
00:50On est entre 4 500 et 5 000 litres de lait, les meilleurs sont à plus de 6 000 de lait par vache,
00:55et uniquement ici sur la ferme au pâturage, et la base complémentée avec du foin séché en grange de la ferme.
01:02L'idée c'est vraiment d'avoir une synchronisation entre le début de la courbe de lactation de la vache,
01:08qui va arriver avec l'effet de dévélage de février, mars, avril,
01:11avec la croissance de l'herbe naturelle, physiologiquement au printemps, comme en ce moment en avril,
01:16où la pousse de l'herbe augmente avec la température, l'eau et le soleil,
01:20et donc du coup cette phase de synchronisation, fourniture de la biomasse et besoins laitiers,
01:28soit la plus logique, cohérente et écologique possible.
01:32Et donc c'est comme ça que fonctionne le système ici,
01:34donc on a basé le système sur cette corrélation entre un besoin d'un troupeau, un instant T,
01:40et puis un instant T dans la même logique, une croissance de l'herbe.
01:45Donc ici on réalise 300 jours de pâturage par an, dont à peu près la moitié en pâturage pléunique,
01:53et puis après selon les années, les années sèches ou humides, on va complémenter avec le foin à l'auge.
02:00Ici on est sur une forme où effectivement, un des principaux coûts c'est le coût alimentaire,
02:05on est sur une moyenne sur 25 ans, on est autour de 25-30 euros les millilitres de lait,
02:09et donc le fait de faire pâturer, l'animal va elle-même chercher sa nourriture,
02:15va elle-même épandre les bouses et les pissas, et donc du coup il y a une restitution qui se fait là,
02:21donc sans engrais, sans pesticides, sans mécanisation, on s'affranchit d'énormément de charges,
02:29ce qui permet de produire effectivement un volume peut-être moins important unitairement par vache,
02:34mais qui laisse une marge unitaire beaucoup plus élevée.
02:37En fait, cette cohérence de l'herbe nous affranchit d'achats extérieurs,
02:44parce qu'on essaie de travailler en autonomie, en économie la plus complète,
02:48et donc on achète hormis du sel sur un petit bout de terrain à Guérande,
02:54on n'achète aucun intrant hormis du carburant et des kilowattheures pour faire tourner la ferme,
02:59mais sinon il n'y a pas d'intrant pour faire tourner la ferme.
03:01Donc voilà, pour la finalité, le débarrage c'était de dire, à mon installation c'est de réfléchir à la manière de produire,
03:09et la finalité c'est de dire à qui on vend, et l'idée c'était un peu aussi dans la génétique familiale,
03:14de dire on vend des produits en local, donc les gens qui habitent autour de chez nous,
03:20on a la particularité dans la première couronne de la ville de Laval,
03:23donc on a plein de foyers autour de chez nous,
03:29et donc on a focalisé, donc on a 4 circuits de vente,
03:33donc nous avons principalement la laiterie,
03:35et après on a 3 filières à la ferme,
03:40tous les vendredis on vend du lait en bouteille en verre à la ferme,
03:43du lait cru, non transformé, ensuite en crèmerie,
03:45petit magasin spécialisé type biocop,
03:47et puis après en restauration collective.
03:48Donc pour retrouver aussi un sens à notre production,
03:52qui est fait d'une certaine manière la plus écologique possible,
03:55on veut qu'elle soit aussi la plus courte,
03:57avec le moins d'impact possible au niveau social.
03:59Oui, l'idée c'était de réfléchir à une ferme,
04:02à un système qui soit le plus viable possible économiquement,
04:05et le plus vivable en termes de temps de travail.
04:07Donc on a réfléchi à ce travail là,
04:10et donc effectivement de partir sur un système pâturant,
04:13ça nous réduit aussi l'impact investissement,
04:16de point de départ, et puis de renouvellement,
04:17c'est-à-dire qu'on a une structure qui aujourd'hui a un taux d'honnêtement autour de 20%,
04:21et du coup avec un renouvellement de mécanisation qui est classique et normal,
04:28mais on est sur un impact de charge assez faible.
04:32Et c'est ce qui nous permet aussi,
04:33avec un volume peut-être réduit,
04:35voilà, 100 000 litres de lait par actif,
04:37aujourd'hui, qui nous permet de financer des études supérieures à nos enfants,
04:40d'avoir du temps libre,
04:41d'avoir l'équivalent de 1 500 à 2 000 euros par mois,
04:45par actif, enfin voilà, c'est ce qui nous permet aussi,
04:48par la compression des charges,
04:49une réflexion globale aussi d'avoir du temps libre,
04:52d'avoir du temps pour la lecture,
04:53du temps pour donner de l'engagement dans des associations extérieures,
04:57enfin voilà, c'est aussi cette prise en compte holistique,
04:59que l'on veut à la fois de l'économique,
05:00mais aussi du social et d'environnemental.
05:02Oui, effectivement, je pense que l'essence même du mot paysan,
05:05enfin voilà, c'est de revenir à des choses très concrètes,
05:09enfin voilà, et l'essence même, c'est de l'agronomie,
05:11et du sol, de la vie d'un sol,
05:14se déclenche la pousse de plein d'herbes différentes,
05:17de végétaux, qui vont nourrir un animal,
05:19qui vont ensuite nourrir des humains.
05:21Donc du coup, cette boucle-là,
05:22elle est, je trouve, merveilleuse,
05:23mais il faut pour moi réapprendre,
05:25c'est ce que j'ai quand j'ai des visites à la ferme,
05:27de nombreuses visites pour des petits comme des plus grands,
05:30ça veut dire qu'on est entouré, nous ici là,
05:33d'oiseaux, d'insectes, de cycles de l'eau,
05:35de cycles du carbone, du phosphore,
05:36et qu'il faut absolument réapprendre ces schémas-là,
05:40ne pas les impacter, ou à minima,
05:43pour pouvoir respecter en fait toute cette chaîne trophique,
05:47jusqu'au verre de lait, jusqu'à notre santé,
05:49et la priorité des priorités pour moi,
05:51la chose la plus précieuse, c'est quand même la santé,
05:53que ce soit pour nous,
05:54mais également pour tout ce qui nous environne.

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