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  • 24/04/2025
Pendant un demi-siècle, les économistes ont rêvé d’un monde où les agents économiques étaient rationnels, informés, cohérents. Robert Lucas parlait d’anticipations lucides. Thomas Sargent modélisait la prévisibilité. Eugene Fama imposait l’efficience des marchés financiers. Dans ce monde presque parfait, l’information était complète, les politiques intégrées, les erreurs corrigées par avance. L’État devait se faire discret : les marchés savaient, les individus calculaient. [...]

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Transcription
00:00Générique
00:00Pendant un demi-siècle, les économistes ont rêvé d'un monde
00:12où les agents économiques étaient rationnels, informés, cohérents.
00:17Robert Lucas parlait d'anticipation lucide.
00:20Thomas Sertjohn modélisait la prévisibilité.
00:23Eugène Fama imposait l'efficience des marchés financiers.
00:26Dans ce monde presque parfait, l'information était complète.
00:30Les politiques intégraient, les erreurs corrigées par avance.
00:34L'État devait se faire discret, les marchés savaient, les individus calculaient.
00:40Ce paradigme a structuré la macroéconomie des années 80 à 2020.
00:44Mais il n'a pas résisté à trois réalités brutales.
00:46La complexité du monde, la montée de l'intelligence artificielle
00:50et le retour en force du politique, version spectaculaire.
00:53Aujourd'hui, les marchés ne sont plus pensés, ils sont codés.
00:5980% des ordres sont passés par des algorithmes.
01:01Ce ne sont plus des analystes qui y réagissent,
01:04mais des machines qui déclenchent des ordres à partir de signaux faibles.
01:07Mots, courbes, tweets.
01:09L'intelligence humaine est reléguée en arrière-plan, incapable de suivre leur rythme.
01:14L'IA ne fait pas d'anticipation au sens crénésien.
01:17Elle ne comprend pas, elle optimise.
01:19Elle ne voit ni les contradictions, ni les tensions systémiques.
01:24Elle lit baisse d'impôts, elle achète.
01:26Elle lit conflits commerciaux, elle vend.
01:28Elle fait tout cela en millisecondes.
01:31Depuis janvier, Donald Trump est de nouveau président.
01:34Il gouverne par tweets, par coûts, par défis,
01:37sans que les économistes et investisseurs y trouvent une cohérence.
01:40Hausse de droits de douane, attaque publique contre la Fed,
01:43menace à peine voilée contre les alliés historiques,
01:46déclaration confuse sur le dollar.
01:48La stratégie brouillonne, mais les effets sont massifs.
01:51Les algorithmes boursiers, calibrés pour réagir à des mots-clés, sont désorientés.
01:56Les marchés hésitent, se contredisent, s'affolent.
01:59Le logiciel rationnel est obsolète
02:01et les machines sont prises dans des boucles de signaux incohérents.
02:05Les chiffres ne mentent pas, ils vacillent.
02:08Voici les données boursières au 22 avril 2025.
02:10Le S&P 500, basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines,
02:16moins 12,3% depuis le début de l'année.
02:19Le Nasdaq, pour les valeurs technologiques, moins 18,2%.
02:22Le Dow Jones, moins 10,3%.
02:25Le CAC 40, 7277 points, quasiment stable.
02:29Le DAX allemand, moins 4,5% depuis le 1er janvier.
02:33Le Nikkei japonais, moins 3,9% sur le seul mois d'avril.
02:37Le VIX, l'indice de volatilité du S&P 500,
02:40souvent qualifié de baromètre de la peur de Wall Street,
02:43au-dessus de 33.
02:44Signe de panique latente.
02:45Or, un record à 3 500 dollars.
02:49Le Bitcoin, à 89 500 dollars, avec une volatilité extrême.
02:54Le FMI a abaissé son estimation de croissance mondiale à 2,8% pour cette année,
02:59à 1,8% pour les Etats-Unis,
03:01et revu à la hausse, celle de l'inflation à 3%.
03:04Les marchés ne savent plus où regarder.
03:07Les investisseurs lisent les graphiques, comme les oracles.
03:10L'économie réelle perd en lisibilité.
03:12La finance perd en logique.
03:14L'instabilité devient le nouveau régime.
03:17L'économie mondiale est entrée dans l'ère des gesticulations irrationnelles.
03:22Gesticulation politique, où l'improvisation tient lieu de stratégie.
03:26Gesticulation financière, où les machines négocient sur des émotions.
03:30Gesticulation collective, où les théories s'évaporent et les opinions remplacent les faits.
03:35Et l'on peut se poser la question, y a-t-il encore un pilote dans l'avion ?

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