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LEX INSIDE - "Sambre, l'autre rive", un livre-hommage à la défense pénale
B SMART
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31/10/2024
Sambre, l'autre rive avec Margaux Mathieu, Asociée, DAEM.
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News
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00:00
On débute ce LexInside et on va parler
00:12
intelligence artificielle générative et son impact sur les avocats
00:17
avec mon invité Louis Degos, associé gérant du cabinet Kael Gates
00:21
et également candidat au BATONA de Paris.
00:24
Louis Degos, bonjour.
00:26
Bonjour Arnaud.
00:27
Alors quand on parle intelligence artificielle générative aux avocats,
00:31
il y a la crainte du grand remplacement.
00:33
Alors est-ce que l'intelligence artificielle va remplacer les avocats ?
00:39
Alors moi je n'y crois pas du tout au grand remplacement des avocats
00:42
mais je pense qu'effectivement il va y avoir une translation d'activités
00:48
et certaines activités vont bien sûr pouvoir être effectuées de plus en plus
00:52
par l'intelligence artificielle.
00:54
Je pense en tout premier lieu aux activités de recherche
00:57
puisque les outils dotés d'intelligence artificielle
01:01
vont pouvoir faire des recherches de plus en plus approfondies
01:04
et de plus en plus effectivement effectives pour dire le mot.
01:08
Donc pas de grand remplacement
01:11
mais il va falloir trouver d'autres activités pour les avocats.
01:15
Alors un autre sujet intéressant, c'est l'impact que peut avoir
01:19
l'intelligence artificielle sur les jeunes avocats,
01:22
notamment ceux qui veulent lancer leur cabinet ?
01:24
Oui, ceux qui veulent lancer leur cabinet
01:26
ou les jeunes avocats qui sont collaborateurs en cabinet.
01:29
Alors c'est deux choses différentes mais c'est la suite de ce qu'on vient de dire.
01:33
Souvent les jeunes avocats travaillent aux recherches,
01:39
voilà un petit peu le débrossaillage du dossier au départ
01:42
et là effectivement l'IA va pouvoir faire ce travail,
01:46
je parle là des collaborateurs en cabinet.
01:50
Donc effectivement ça va avoir un impact de ce point de vue-là,
01:53
ça va avoir un impact aussi sur la formation du coup des jeunes.
01:57
Mais il est vrai que d'un autre côté il va y avoir un travail de tri,
02:03
il va y avoir un travail de sélection,
02:04
il va y avoir un travail d'approfondissement à faire
02:07
parce que l'IA, il y a quelques années,
02:12
pour prendre un exemple simple, il y a quelques années dans un dossier
02:14
on avait trois arrêts de cours de cassation d'un côté
02:17
contre trois arrêts de cours de cassation de l'autre côté,
02:20
dans les bons dossiers déjà.
02:22
Aujourd'hui dans le même dossier,
02:23
vous allez avoir 63 décisions d'un côté, 57 de l'autre,
02:27
parce que ça va jusqu'au TJ de petite ville
02:34
et donc il ne va pas y avoir de tri, il ne va pas y avoir de sélection
02:38
et là effectivement les jeunes avocats vont devoir plus travailler certainement
02:44
dans cet aspect-là qui est un travail à plus forte plus-value
02:48
que le simple travail de recherche.
02:50
Pour les jeunes qui s'installent en revanche,
02:52
effectivement c'est aussi un intérêt flagrant
02:56
que de pouvoir bénéficier d'une aide comme l'IA documentaire,
03:01
mais ça coûte de l'argent aussi.
03:02
Bien sûr, c'est un investissement.
03:05
Alors un autre sujet important et vous l'avez un peu évoqué,
03:09
cette intelligence artificielle va impacter les cabinets
03:12
et notamment leur modèle économique.
03:15
Quid alors du modèle économique du cabinet d'avocats ?
03:18
Oui bien sûr, on vient d'en parler, ça coûte de l'argent,
03:21
donc ça va impacter le business model des cabinets
03:25
qui sont déjà, j'allais dire malheureusement,
03:29
mais par la force des choses, impactés par le prix de l'informatique,
03:34
le prix de la documentation juridique.
03:36
Donc ça ne va pas être non plus quelque chose de nouveau,
03:39
mais ça va s'ajouter encore et encore.
03:41
Donc là effectivement, il y aura un impact de coût,
03:48
mais d'un autre côté, il va y avoir un impact aussi,
03:51
comme je l'ai dit, d'activité.
03:54
Je ne pense pas, pour dire les choses simplement,
03:57
que l'IA, contrairement à ce qu'on commence à croire,
04:00
va réduire les factures d'avocats en réduisant les coûts sur les recherches.
04:05
Pourquoi ?
04:06
Pourquoi ? Parce qu'en augmentant le volume des recherches,
04:10
il va falloir avoir un coût de tri de ces recherches
04:14
et de hiérarchisation de ces recherches
04:16
et un réaménagement stratégique de ces recherches
04:21
pour ce qui concerne le dossier.
04:23
L'IA ne fait pas ce tri-là pour l'instant.
04:25
D'accord.
04:26
Avec l'IA, le détail est important
04:30
et donc effectivement, on n'a pas forcément
04:34
la bonne catégorisation, la bonne hiérarchisation, comme j'ai dit.
04:39
Cette hiérarchisation, si je comprends bien, va pouvoir être valorisée ?
04:43
Oui, parce qu'elle va coûter effectivement plus d'argent.
04:46
Avant, quand on faisait nos recherches,
04:48
y compris moi, quand j'étais étudiant dans les grandes tables qu'on tournait comme ça,
04:52
en fait, dans la recherche, on intégrait déjà
04:56
la hiérarchisation et la sélection des recherches.
04:59
Alors qu'aujourd'hui, l'IA va donner tout pour être sûr de ne rien oublier.
05:04
C'est ça, l'effectivité de l'IA.
05:06
Ne rien oublier, tout trouver qui corresponde.
05:10
Mais alors après, justement, il va falloir effectivement trier et sélectionner
05:14
ce qui est vraiment important avec possiblement en plus,
05:19
ce qu'il faut ajouter, c'est une surveillance de l'IA.
05:23
Bien sûr.
05:23
L'IA peut, alors ça dépend des programmes, ça dépend de comment on se sert,
05:28
mais peut aussi, afin d'être plus effective,
05:31
elle voudra toujours trouver ce qu'on cherche.
05:34
Ce qu'on lui demande, elle va s'évertuer à le trouver, quitte à l'inventer.
05:38
Et on l'a vu dans certains cas et ça se voit.
05:41
Elle invente des jurisprudences.
05:42
Elle peut inventer des jurisprudences pour plaire à son utilisateur
05:48
qui lui demande, trouve-moi une jurisprudence.
05:50
Ah bah oui, elle va trouver, oui, c'est sûr.
05:51
Mais ça ne sera peut-être pas une vraie jurisprudence.
05:53
Attention aussi aux résultats produits.
05:55
Il peut y avoir des hallucinations, comme on dit,
05:57
et donc ces hallucinations doivent être débusquées.
06:00
Et pour les débusquer, il va falloir revenir vers un professionnel du droit
06:04
qui va dire non, mais ça, ça me paraît bizarre.
06:07
Le numéro de rôle n'a pas l'air d'être tout à fait réel.
06:10
Et on va débusquer effectivement l'hallucination.
06:13
Ça veut dire aussi que l'avocat doit être formé à ses outils.
06:17
Ça veut dire aussi que l'avocat doit être formé à ses outils
06:19
parce que pour réduire l'hallucination, il y a deux moyens.
06:23
Soit on fait travailler le moteur IA dans des bases de données dites fermées,
06:29
ce que font de plus en plus les éditeurs juridiques
06:32
pour dire du coup, elle ne va pas inventer quelque chose.
06:34
Elles vont lui donner un domaine fermé.
06:36
Soit il faut former l'utilisateur à faire des promptes,
06:40
c'est-à-dire une requête qui soit suffisamment précise,
06:44
suffisamment effective pour que la réponse de l'IA soit tout aussi effective et réelle.
06:50
Voilà.
06:51
Et donc, là aussi, il y a une formation à utiliser l'IA.
06:56
De même qu'il y a une formation à utiliser l'IA
07:00
parce qu'il y a des problématiques de sécurité juridique ou informatique.
07:05
Quand on parle de sécurité juridique avec les hallucinations ou des jurisprudences créées, très bien.
07:10
Mais il y a d'autres problématiques de sécurité, j'allais dire déontologiques
07:14
sur le respect du secret professionnel.
07:18
Lorsqu'on pose une requête, un prompt à l'IA,
07:23
cela part se disséminer dans des serveurs, notamment aux États-Unis.
07:28
On ne sait pas trop où ça va.
07:30
Et ça revient avec de l'IA génératif qui vont vous expliquer telle ou telle chose,
07:35
vous exposer telle ou telle chose.
07:37
Très bien, mais l'information, elle est partie ailleurs.
07:40
Donc, attention à ce qu'on met dans les promptes.
07:43
On ne va pas mettre les noms des clients, par exemple.
07:46
Vigilant sur les données qui sont injectées comme ça dans les IA.
07:50
Parce que les données qui sont injectées dans un éditeur juridique,
07:54
on va dire, qui garantit qu'effectivement, c'est enfermé, c'est enfermé.
07:59
Très bien, mais à un moment, si on veut de l'IA génératif,
08:03
il faut partir vers d'autres fournisseurs de cette IA génératif
08:07
qui sont ailleurs, qui sont aux États-Unis.
08:08
Et ça, ce n'est pas garanti la sécurité.
08:10
Pour finir, on a évoqué beaucoup d'impacts qui concernent les avocats directement.
08:15
Qu'est-ce que ça va changer selon vous, l'intelligence artificielle générative
08:18
dans la relation des avocats avec leurs clients ?
08:23
Ce que ça va changer, c'est que les clients vont aussi être dotés d'IA.
08:28
Alors, peut-être pas les mêmes programmes,
08:30
peut-être pas sur des documentations juridiques.
08:33
D'ailleurs, je pense que là où il y aura le plus d'évolution avec l'IA,
08:39
ce sera dans les logiciels ERP,
08:42
acronyme pour dire Entreprise Ressource Planning.
08:45
Des logiciels plutôt de productivité que de documentation juridique.
08:49
Ces logiciels-là, les clients les auront, nous les aurons,
08:52
et ils auront aussi des logiciels de documentation juridique.
08:56
En réalité, assez paradoxalement,
08:59
chacun va comparer avec le client,
09:02
il va y avoir une nouvelle discussion de comparer quels sont les résultats
09:06
que donne mon IA, moi au cabinet d'avocat,
09:10
moi à la direction juridique chez le client.
09:13
Et finalement, l'IA pourra peut-être nous amener à réintroduire de l'humain
09:18
dans les discussions stratégiques, pour le coup,
09:21
qui vont s'instaurer entre le client et l'avocat.
09:25
Ce sera le mot de conclusion.
09:27
On voit que les impacts sont nombreux de l'intelligence artificielle sur les avocats.
09:32
Merci, Louis Degos.
09:33
Merci beaucoup, Arnaud.
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