- hier
Des patrouilles de nuit aux opérations de contrôle, les forces de l’ordre sont en première ligne face aux conséquences de la drogue et de l’alcool.
Ce documentaire suit plusieurs équipes de police lors d’interventions à haut risque, entre arrestations, assistance à des victimes et gestion de situations de crise.
Ce documentaire suit plusieurs équipes de police lors d’interventions à haut risque, entre arrestations, assistance à des victimes et gestion de situations de crise.
Catégorie
✨
PersonnesTranscription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30J'ai eu menti pratiquement sur tout en fait.
00:34Ça va hyper vite, Cléo.
00:36C'est un cercle vicieux en fait.
00:53Bonjour tout le monde.
00:54Salut, ça va ?
00:56On part avec le lance-grenade.
01:00On lance des grenades de 50 ou 100 mètres.
01:05Ensuite, ça c'est les munitions qu'il y a avec.
01:09Donc ça c'est les projectiles à main.
01:14En général on en met une sur nous.
01:17On va laisser au cas où.
01:18Et on part avec ces munitions-là.
01:21C'est tout.
01:22C'est déjà pas mal.
01:22Bon, c'est parti.
01:37Je m'appelle Tintin, j'ai 24 ans.
01:47Je suis policier depuis deux ans.
01:49J'ai de la famille aussi dans la police, donc ça m'a beaucoup motivé.
01:51J'ai une famille de militaires, de policiers, donc on a ça dans le sang.
01:54Là, on est sur un gros point de ville ici.
02:05Donc c'est la rue Henri-du-Nan.
02:07Et ça commence à bouger vers 14h, jusqu'au début de soirée, minuit, 2h du matin.
02:12En général, c'est à ce moment-là qu'il y a le pic d'activité, mais le matin c'est très léger.
02:15La rue qui est à gauche aussi, c'est un autre point de ville.
02:29Je sais que moi, sur ce secteur-là, par exemple, je suis pas super bien accueilli, non ?
02:32Mais ça va, en général, ça dépend.
02:39De là où je viens, il n'y a pas ce décor-là.
02:41Il n'y a pas ce décor-là, il y a beaucoup moins de HLM,
02:44de logements sociaux.
02:46Et là, en plus, avec le trafic qui est très présent ici,
02:50le décor, c'est grisonnant, ça donne pas envie.
02:54Je pense aux gens malhonnêtes qui vivent là-dedans, tant pis pour eux.
02:58Les gens honnêtes qui n'ont rien demandé, qui juste ont peu de moyens,
03:01je me mets à leur place, c'est pas facile.
03:06Et là, c'est le point de ville à 50 mètres de l'autre.
03:12Mais là, il n'y a personne.
03:13Ah si.
03:14Moi, je vais avoir...
03:15Encore les mêmes ?
03:16Ouais, c'est tout.
03:18Oh, c'est reparti.
03:19Bonjour, monsieur.
03:21Vous avez une pièce d'identité, monsieur ?
03:22Super, merci.
03:23Vous avez une consommation ou pas sur vous ?
03:38Non, il n'y a rien.
03:39Rien du tout ? Même pas une boulette, une crotte de nia, rien du tout ?
03:42Voilà.
03:43Pendant le contrôle, quand on leur parle, on regarde beaucoup leurs yeux,
03:46parce que souvent, quand quelqu'un ment, ses yeux le trahissent.
03:49C'est du comportement, au final.
03:51Donc, on essaie de voir un peu comment chacun se comporte.
03:53Et à force de contrôler parfois les mêmes personnes,
03:55on les connaît par cœur.
03:56Donc, on sait s'ils nous mentent ou pas.
03:57Là, sur les murs, ce qu'il y a écrit, c'est non, non, en général.
04:12Je m'appelle Benoît, j'ai 32 ans.
04:34Je suis policier depuis janvier 2013.
04:37Je suis à la BST, à la brigade spécialisée de terrain.
04:42Ça, ça a crié.
04:58Ça, ça a crié.
05:00Attends, attends, attends.
05:02C'est un ballon.
05:06Ça a arraché la clivre.
05:08Regarde.
05:08Ça a arraché.
05:10De BST, bravo.
05:11On se fait jeter du poivre par un véhicule Renault Clio gris.
05:18On est au niveau de Tuileries.
05:26Direction Roland-Vachette.
05:28Je n'aime pas, ça marche.
05:29Pour la ville de Cré, il faut savoir qu'au niveau du stupéfiant, c'est une plaque tournante.
05:37Ça va être plus de la résine de cannabis, de l'herbe de cannabis.
05:40Après, comme partout, on peut trouver un petit peu de craque, d'héroïne, de cocaïne.
05:44Mais ça reste plus limité ici.
05:46Je pense que c'est une Clio 4, c'est pas un collat.
05:49C'était là quand on avait contrôlé, tu sais, le mec dans une Clio.
05:52Mais je ne sais plus si c'était une Clio 3 ou une Clio 4.
05:54En fait, il avait des sachets de conditionnement, tu sais.
05:56Oui, oui.
05:57Je ne sais plus si c'est une 3 ou une 4.
06:00C'est une 4, la Sierre.
06:01Oui, c'est probablement que lui, parce qu'il n'y en a qu'une de Clio 4 sur le secteur.
06:10C'est vraiment quasiment du 100% quand on fait une descente.
06:13C'est pas comme dans les autres quartiers où ils innovent pour dissimuler.
06:17Ici, ils s'en fichent.
06:18Ils font ça en plein milieu de la cité.
06:21Toute impunité.
06:26De toute façon, ça ne sert à rien d'y aller, là.
06:27Non.
06:29Et ils ont fini.
06:31Ça a été délaissé pendant pas mal d'années.
06:36Ils se sont construit leur petite société là-dedans.
06:39En fait, c'est une micro-ville dans la ville.
06:44Avec une grosse entreprise illicite.
06:53Ça sent.
06:54En fait, dès que nous, on détruit un point de deal, il y en a un qui va se recréer quelques jours après, sur la rue d'en face, sur le quartier d'à côté.
07:10C'est un travail sans fin.
07:12C'est comme un cercle.
07:13De toute façon, il y aura toujours la police, le consommateur, le dealer.
07:15Ça tourne en rond.
07:16Et en fait, au moment de la palpe, il pense à distribuer des patates de fourrins aux collègues.
07:36Le collègue qui avait le taser, il veut le taser, il se prend la patate, il taser le collègue, il est en contact.
07:41Et en fait, il m'en met une, j'en mets aussi.
07:44Parce qu'entre-temps, en fait, comme...
07:46J'aime bien cette circonscription, car tout simplement, en fait, il y a énormément de délinquance.
07:53Les produits stupéfiants sont le fléau de la circonscription.
07:56Et il y en a partout.
07:58Du coup, en fait, c'est le jeu du cheval et la souris.
08:00Il faut trouver.
08:02Des fois, on gagne, des fois, on perd.
08:04Donc, on aime bien gagner.
08:07Du coup, on cherche tout le temps.
08:10Les deux véhicules qui vont aller sur le parking triangulaire,
08:14on va bloquer à l'entrée du parking triangulaire.
08:16Comme ça, en fait, tous les jeunes qui seront dans les voitures ne peuvent pas sortir du parking.
08:19On fige les voitures à ce niveau-là.
08:21Et dès qu'on peut contrôler avec la canine, on libérera le parking.
08:24C'est reçu ?
08:25L'objectif, c'est d'essayer de trouver pas mal de produits.
08:29Et pas de trouver quelques barrettes dans une sacoche.
08:32D'accord.
08:33On se place dans les véhicules.
08:34Mais gros, on est quel directif, nous ?
08:36Vous vous placez, je vais vous dire qui.
08:37Ok.
08:41J'ai décidé d'être entrée dans la police à l'âge de 23 ans.
08:45J'ai eu le concours de la première fois.
08:47Donc en un an, j'étais rentrée en école.
08:50Ça suit derrière ?
08:50J'ai grandi à la campagne.
08:54C'est une toute petite ville, ça s'appelle Albert.
08:56Père inconnu et ma mère était ouvrière.
08:59J'avais une fratrie de quatre.
09:01Ma mère nous a levées toutes seules, tous les quatre.
09:05Et les motivations, c'était l'ennui dans mon ancien travail.
09:08Qui me connaît pas, manque d'action.
09:09J'étais agent d'entrechain à l'hôpital.
09:11Donc du coup, hormis de me battre avec un balai,
09:15c'est tout ce que je pouvais avoir comme action.
09:18Ouais, de toute façon, nous, on suit l'Alpha, on est avec eux.
09:21Et les attentats ont joué aussi beaucoup.
09:24Du coup, je me suis engagée.
09:28Ça se barre là-bas.
09:30Ça se barre là-bas.
09:38On va vous faire des palpations de sécurité, messieurs ?
09:40On va vous descendre un parrain ?
09:41Un parrain.
09:42On se barre à bord.
09:43Ça, un parrain.
09:43Suivant.
10:02Ti 120 de Beste Alpha et Beste Bravo.
10:16Concernant notre secteur, RAS,
10:19on reste sur notre position au commerce ou on vous rejoint ?
10:22Vous restez en position, le chien Subaru est là.
10:25C'est reçu.
10:26Les choses que j'ai apprises depuis peu,
10:32c'est très difficile de les attraper
10:34parce qu'il y a des guetteurs.
10:36Il y a chacun à son rôle, comme chez nous.
10:38Et en général, le sup, il est toujours caché.
10:42Donc, en fait, c'est pour les coincer.
10:43Là où ça devient compliqué.
10:45Et c'est là où il est le nerf de la guerre.
10:46C'est comment faire pour avoir des preuves.
10:53C'est bête, mais il y en a un qui va passer
10:55l'angle d'un bâtiment.
10:57Il va retourner sa veste, qui sera d'une autre couleur.
10:59Il va repasser devant vous.
11:00Et avec l'adrénaline, la fatigue et tout,
11:02vous n'allez peut-être pas forcément le reconnaître.
11:04Donc, ça, c'est...
11:05Au début, c'est fort et ça surprend.
11:07Ensuite, il y en a qui sont très habiles.
11:09Ils peuvent cacher du stupéfiant partout.
11:12Vraiment partout.
11:13Mais on dirait des magiciens avec leurs mains.
11:16Ça passe d'un côté, ça passe dans la manche,
11:18ça va dans le pantalon.
11:19C'est un peu partout.
11:21Et au début, justement, quand on est jeune policier
11:23et qu'on n'a pas l'œil, on ne le voit pas.
11:25Les mires tactiques que moi j'ai eues,
11:31la boîte aux lettres,
11:35le drive, c'était pas mal.
11:41Là, c'est moqué.
11:44Ça sent, un chat-là ?
11:45Ça sent.
11:46Ah oui !
11:47C'est de l'herbe de cannabis.
11:55Résine de cannabis.
11:57Là, on est vraiment sur du trafic.
11:59Donc, ça, c'est vraiment une voiture
12:00qui sert pour le trafic du stupéfiant.
12:02Ils sont créatifs.
12:06En fait, généralement, en France,
12:07ils prennent les idées des Etats-Unis ou autres.
12:10Après, ils s'échangent leur supercherie
12:11sur les réseaux sociaux comme Snapchat et WhatsApp.
12:15Ils s'échangent.
12:15Ils se donnent des vidéos,
12:16ils se donnent des défis.
12:17Ils disent, voilà, moi, je cache à tel endroit,
12:19je vends ça comme produit.
12:20En fait, ils font des offres commerciales,
12:22comme vous avez chez Auchan ou autre.
12:24Deux produits à acheter, le troisième offert.
12:25Je ne pensais pas que c'est autant organisé.
12:50En fait, ils sont aussi bien organisés
12:52pour la plupart que nous.
12:54Tout est normé, tout est cadré.
12:55Les petits sont commandés par les grands du quartier.
12:59Comme nous, les petits,
13:00on est commandés par les grands de notre hiérarchie.
13:01En fait, ça, c'est pareil.
13:02C'est la même organisation.
13:03On est en parallèle.
13:06Mais sauf que eux, c'est illégal et nous pas.
13:25Ici, en fait, on recherche le haut du spectre de la criminalité.
13:30C'est-à-dire que, en fait, le stupéfiant,
13:31c'est des petits ruisseaux qui coulent,
13:33qui aboutissent sur une rivière,
13:34qui aboutissent sur un fleuve.
13:36C'est-à-dire qu'effectivement,
13:37on va travailler sur le dealer d'en bas d'une cité.
13:40Mais nous, ce qui nous intéresse,
13:42c'est de gratter, de monter au-dessus
13:44pour aller chercher les gens
13:45qui, eux, profitent vraiment de ce trafic,
13:48qui, eux, génèrent de l'argent
13:50et qui, eux, vivent de ce trafic.
13:51Vous pouvez avoir, j'ai envie de dire, n'importe qui en haut,
14:06quelqu'un qui a fait des études supérieures,
14:08quelqu'un qui n'a pas fait d'études,
14:09qui a fait l'école de la rue, on va dire.
14:11On peut être à la tête d'un réseau de stupéfiants,
14:13en profiter, mais habiter en plein Paris 16e
14:15et à revendre de la cocaïne à tous ses amis
14:18qui sortent de grandes écoles.
14:20Pour moi, il n'y a aucun profil type.
14:32Comment on fait pour les comprendre au quotidien ?
14:34L'observation.
14:36C'est vraiment ça, la base du métier,
14:38comprendre, observer.
14:50Les règles du jeu, j'ai envie de dire qu'eux, ils n'en ont pas.
14:54C'est ce qui nous pose le plus de difficultés.
14:56Et vous, vos règles du jeu, ça reste le code pénal
14:59et le code de procédure pénal.
15:00Donc vous jouez avec les armes que vous avez.
15:02Quand vous observez un trafic, vous vivez avec les gens,
15:13vous savez ce qu'ils font, vous savez les difficultés
15:15auxquelles ils font face.
15:16Et on se rend compte qu'en fait,
15:19sur une organisation criminelle,
15:20on va dire que, mis à part ceux qui sont vraiment tout en haut,
15:24tout le reste, ils n'en profitent pas vraiment.
15:26Ils galèrent.
15:28Ils galèrent, ils prennent des risques pour les autres.
15:30C'est eux qui tomberont, c'est eux qui iront en prison.
15:32Mais pour finalement, pas grand-chose.
15:41Ici, en fait, il y a beaucoup d'appartements
15:42qui sont désaffectés.
15:44Et les jeunes, ils squattent le hall.
15:47En général, il fait assez noir le soir.
15:51Il n'y a personne aujourd'hui.
15:53Ils ont accès au toit aussi, par des trappes.
15:57Et ici, par exemple, c'est un point de vie,
15:58mais la population, elle est beaucoup plus jeune.
16:00C'est plus des gamins de 14, 15 ans.
16:10Hop !
16:11Voilà, un point de vente.
16:14En général, ils se posent ici, ils squattent,
16:16ils fument, ils taguent.
16:19Et voilà, en gros, ils squattent ici.
16:21Ils sont tout le temps dehors.
16:21Tout le temps dans le hall,
16:22tout le temps dans les halls, les parties communes.
16:25Il y a un peu de tout.
16:28Voilà.
16:28Même si c'est du commerce, finalement,
16:36il y a beaucoup de gens qui en pâtissent.
16:38Il y a des gens qui payent, je ne sais pas combien de charges par mois
16:41dans leurs immeubles et qui veulent juste vivre tranquilles.
16:43Et au final, quand ils rentrent chez eux,
16:45ils ont un sentiment d'insécurité.
16:47Il y a 10, 15 personnes qui squattent littéralement dans leur hall,
16:49qui dégradent, qui fument, qui...
16:52Voilà, donc, oui, la misère, ici,
16:54c'est quand je suis arrivé ici que je me suis rendu compte
16:56de la détresse de certaines personnes.
16:58Voilà.
16:59On va essayer, hein ?
16:59On va essayer, oui.
17:01T'as pas ta pince ?
17:02Bonjour.
17:03Bonjour.
17:04Bonjour.
17:05Bonjour.
17:06Ils sont rentrés à tous les héroïdes, ici.
17:09La dernière fois, moi, je parlais avec eux,
17:11ils sont en train de prendre les fusées, ici.
17:13D'accord.
17:14Même les années, le matin, quand je sors à 4h30,
17:17parce que je suis en assise à 5h,
17:18ils sont ici, dans le skate.
17:21Ils sont ici pendant le skate.
17:22D'accord.
17:23Si vous nous appelez, madame,
17:31ils ne sauront jamais que c'est vous.
17:32Vous vous mettez chez vous, dans votre cuisine,
17:33vous nous appelez, vous nous dites,
17:34il y a ça, il y a ça, et on va venir.
17:38C'est des gens qui gagnent deux fois plus que moi,
17:41mais qui restent en bas de leur bâtiment.
17:42Donc, forcément, que c'est alléchant.
17:44Mais on en reparlera dans 10 ou 15 ans.
17:47C'est tout ce que je me dis.
17:48Maintenant, non.
17:49Ils ont fait ce choix-là.
17:50Je suis policier, je ne suis pas assistante sociale
17:53ni quoi que ce soit.
17:55Moi, mon rôle, c'est de faire en sorte
17:56qu'il n'y ait plus de trafic.
17:58Donc, peu importe qu'il fasse ça
17:59pour donner des sous à sa mère
18:00ou parce qu'il adore faire ça,
18:02je n'ai pas à faire le tri.
18:03Ce n'est pas mon travail.
18:13En fait, toutes les caves des bâtiments
18:15à la commanderie sont dans le même état
18:17que celui-ci.
18:20Ce qu'on nous demande, nous, la BST,
18:27c'est de reconquérir les territoires
18:29qu'on a petit à petit perdus.
18:38Pointe-ville à droite.
18:39Bonjour, messieurs.
18:44Trois de police, vous mettez contre le mur, s'il vous plaît.
18:47Vous avez une pièce d'identité ?
18:48Oui.
18:49Je peux l'avoir, s'il vous plaît ?
18:50Je suis sorti pour prendre un petit déjeuner.
18:52Oui, mais moi, je ne l'ai pas.
18:55Je ne l'ai pas, je ne l'ai pas.
18:55Je vais vous faire une palpation, monsieur.
18:57Vous pouvez vous tourner ?
18:57Ce qui gère le territoire,
18:59malheureusement, ce n'est pas les jeunes
19:00juste qui squattent.
19:01Ça, il suffit de les bouger,
19:03il n'y a pas de souci.
19:04Mais c'est le stupéfiant qui a pris place.
19:05Donc, forcément, s'il n'y a plus de stup à cet endroit-là,
19:08il n'y a plus de jeunes pour attendre à cet endroit-là.
19:11Donc, le territoire est repris.
19:15Du coup, on a une politique de harcèlement,
19:18entre guillemets, dans le sens où on va contrôler,
19:20contrôler, recontrôler, repasser,
19:22parfois même sans contrôler.
19:23Parfois, ils essaient de nous chasser.
19:25Ils nous disaient, vous nous chassez ?
19:26Eh bien, on restait une heure et demie
19:27en contrôle routier,
19:28en plein milieu de leur trafic de stupéfiants.
19:31Un individu qui court en direction au gauche.
19:34Au vertu.
19:35Attends, bouge-toi, lâche-nous à pied.
19:37Lâche-nous à pied, lâche-nous à pied.
19:45Ouais.
19:46Au vertu, en direction la mairie.
19:52Bonjour, monsieur.
19:53Pourquoi vous êtes essoufflés ?
19:53On va faire un petit contrôle, là.
19:54J'ai couru.
19:55Pourquoi vous avez couru ?
19:56Vous êtes venus à trois sur moi.
19:58Individu interpellé.
19:59Individu interpellé.
20:00Vous n'êtes pas...
20:01C'est moi !
20:02On est arrivés, ils étaient là-bas.
20:04Attends, arrête, vous me braquez, vous vrais juif.
20:06Hé !
20:06Mais, mets-toi là, arrête de bouger.
20:09Arrête de bouger.
20:10Fais le contrôle, ça se passe bien.
20:11Mais pourquoi tu...
20:15Regarde-moi.
20:15Si tu cours.
20:16Mais c'est normal, vous êtes regardé, vous êtes combien ?
20:18Mais si tu n'as rien, pourquoi tu cours ?
20:19C'est parce que j'ai pas des papiers d'identité.
20:21Regardez, vous êtes combien, ouais ?
20:22Mais justement, pour des papiers, cours pas.
20:23Reste calme.
20:24Nous, on pense que c'est pire.
20:25Non, y'a rien.
20:26Justement, tu nous laisses vérifier.
20:28Forcément, on arrive à 14.
20:31Donc, ils se mettent à courir, même s'ils n'ont rien à se reprocher.
20:33Une fois qu'on les attrape, on dit, pourquoi tu cours ?
20:35Et là, ils n'ont pas de raison.
20:36Ils nous disent, on a peur.
20:37Pourquoi faire ?
20:38Pour rentrer chez toi, là.
20:39Tu rentres chez toi.
20:40Oui.
20:41D'accord.
20:41Tous les jours, on voit les mêmes têtes, en fait, tout simplement.
20:46Des fois, on échange cordialement avec eux.
20:48Vous allez bien, on répond aussi.
20:49Y'a aussi de l'échange.
20:51Quand même, y'a pas que la violence.
20:52Ils savent parler à un moment donné.
20:54Donne-moi ton carnet de correspondance.
20:55Carnet de correspondance.
20:55Non, monsieur, c'est quoi ?
20:56Parce qu'il y a marqué police, et je te demande ton carnet de correspondance.
20:59Arrêtez, monsieur.
20:59Carnet de correspondance.
21:00Carnet de correspondance.
21:04On traverse des montagnes, ici.
21:11Bonjour.
21:25Bonjour.
21:26Vous faites quoi, là ?
21:27Je suis avec lui.
21:28Ouais, bah, rien d'en.
21:30Et lui, il est avec lui, c'est ça ?
21:31Oui.
21:32Voilà.
21:33Le masque ?
21:34Oui, elle est là, dans l'embarqueur.
21:35D'accord.
21:36Accessoirement, c'est le confinement, aussi.
21:37D'accord, merci.
21:38Voilà.
21:39Bonne journée.
21:39Merci.
21:40Bonne heure, bon travail.
21:41Ça, il comprend rien.
21:45Oui.
21:57C'est verbalisé, là, comme tous les jours.
22:01Ils sont tous les steaks.
22:03C'est pas grave, moi, on en a aussi.
22:07Verbalisé.
22:08Voilà.
22:10Donc, c'est l'avantage qu'on les connaît, à force.
22:13C'est que, bah, la besoin de se mettre en danger, à des seins de contrôlés, c'est
22:15qu'on connaît leur identité.
22:18Bon, là, il fait le caïd, mais bon, en fait, quand on le verbalise, après, il vient
22:20nous voir avec ses verbalisations, puis il pleurniche.
22:24Ouais.
22:24Parce que ça reste des grands enfants.
22:26Il y a un lien qui se crée, on les croise tous les jours, voilà.
22:30Je vois plus ces gens-là que ma famille, donc à un moment, forcément, je les connais.
22:34C'est là, bonjour.
22:36Bonjour.
22:38On fait un petit contrôle de police.
22:39Genre, dans toute la place, là, vous êtes venus pour moi, là, vous n'avez rien à faire.
22:43On dit tenez.
22:45Tu veux ou tu veux pas ?
22:46Vous avez décidé d'être chien, en fait, aujourd'hui.
22:48Ouais ?
22:49Oui ?
22:49Est-ce que vous décidez d'être chien ?
22:50Non, on est pas frères, on fait notre travail, déjà.
22:53Pourquoi vous venez voir moi, dans tout ça ?
22:54Vous n'avez rien à faire.
22:55Parce que vous êtes tout le temps dehors, sur l'attestation.
22:57Bah, ce qu'on apprend quand on les côtoie tous les jours, bah, pas grand-chose.
23:01Non, on se pose pas de questions.
23:09On constate.
23:10On est des agents de constatation, on constate.
23:15Regarde les mains à plat.
23:15Pas de soucis.
23:23Arrête de bouger, ça va me saouler.
23:28Pas de soucis, moi, j'habite là.
23:29On essaie de faire la morale, quand même.
23:39Voilà, parce que ça reste des jeunes, mais bon.
23:41Après, moi, je rentre chez moi, j'ai ma vie chez moi, tout va bien.
23:45C'est lui qui est dans son quartier, c'est lui qui traîne dans son hall.
23:49Le hall tout dégoûtant qui sent l'urine, c'est pas moi.
23:52Moi, je suis confortablement chez moi, dans mon canapé le soir.
23:54Lui, il est dans son hall plein de pisse.
23:58Ça vous touche, parfois ?
24:00Absolument pas.
24:01Ils vendent des poisons.
24:03Faut pas se dire, ah oui, mais le pauvre petit, non.
24:06Une personne qui veut s'en sortir aujourd'hui, elle peut s'en sortir.
24:08T'as mis tout, ici ?
24:10Ah, vas-y.
24:14Le système français, il permet à tout le monde, dans l'égalité, de pouvoir faire n'importe quelle école.
24:20C'est un des pays au monde où est-ce que tout est possible.
24:24Un jeune de quartier, il peut aller faire sans ce pot, comme une personne d'un milieu aisé peut être plombier.
24:29On est tous au même niveau, ici.
24:32Après, celui qui le comprend pas, tant pis pour lui.
24:36Dès le départ, j'ai appris à mettre des barrières.
24:40Ça se fait tout seul.
24:42Ah, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là.
24:47On ne sait pas qui croit, en fait, à force, parce qu'ils ont tous le même discours.
24:51Bah, j'ai ma maman qui est malade, j'ai ma soeur qui est enceinte, et puis papa est au chômage.
24:55Mais, du coup, si vraiment, ils sont tous comme ça, c'est quand même tendu, hein.
25:00Il y en a qui disent, oui, mais moi, j'ai pas mon père, j'ai été pas là pour me guider.
25:03Moi, j'ai pas le bien non plus, ma mère était toute seule, puis on était quatre.
25:06Donc, je pense qu'en fait, si on veut vraiment se sortir d'une impasse, en fait, on peut toujours demander de se sortir.
25:11Faut juste donner du sien, puis faire des sacrifices.
25:14Bon, pour moi, il y a aucune excuse, non.
25:16Moi, je pense que...
25:18Ils ont peur aussi du changement, certainement.
25:20Je leur dis, je dis, mais va chercher un travail.
25:26Ils disent, du travail, il y en a pas.
25:28Eh bien, c'est comme ça.
25:29Les gens, comment ils font, mais...
25:31Tu me déposes un CV, mais c'est moche à dire, mais il y a pas de sous-métier.
25:34On dépose un CV chez McDo.
25:36On leur dit, on fait, mais tu sais que plus tard, l'argent du deal,
25:39tu pourras rien faire, tu pourras pas acheter ta maison,
25:41tu pourras pas acheter une voiture à ton nom, pas faire de crédit, rien.
25:44Et ils le savent, ils en ont conscience.
25:45Ils disent, mais pour l'instant, j'ai choisi de faire ça.
25:48Libre.
25:49Pourquoi ils en arrivent là ?
25:57C'est des questions...
25:58C'est des questions de société.
26:01Moi, je pense que c'est la misère qui, au départ,
26:03peut amener les gens à basculer là-dedans.
26:10Ça va presque faire 20 ans que je suis en gendarmerie.
26:13Quand vous êtes jeune brigadier
26:15et que déjà, vous arrivez à faire un kilo de résine de cannabis
26:17à votre niveau, c'est déjà quelque chose de très bien.
26:22Quand vous arrivez en section de recherche,
26:24quand vous faites une tonne de cannabis aussi, pareil,
26:26c'est quelque chose de très bien.
26:28Et pour moi, ce qui est plus pertinent,
26:29c'est pas forcément de taper le produit,
26:32mais c'est plutôt d'arriver à intercepter l'argent
26:34qui va acheter ce produit.
26:35C'est plus gratifiant.
26:38Vous avez des résultats, certes,
26:40qui peuvent paraître dérisoires
26:41par rapport aux stupéfiants qui rentrent en France,
26:43mais qu'est-ce qui se passerait si on faisait rien ?
26:46Est-ce que ça serait pas pire ?
26:47Est-ce que ça serait pas l'anarchie ?
26:48Est-ce que tout le monde ne voudrait pas le faire ?
26:50Est-ce que vous auriez pas plus, justement,
26:52de règlements de comptes ?
26:54Est-ce que vous n'auriez pas plus de problèmes de santé ?
26:56Comme il n'y aura aucune enquête,
26:57un gamin, peut-être de 8 ans,
26:58il va se retrouver avec une dose de crack
26:59ou une dose de cocaïne.
27:02Peut-être que ça se démocratisait tellement
27:03dans un collège, dans une école primaire,
27:07vous retrouvez avec des stupéfiants.
27:09On ne peut pas ne rien faire.
27:11On ne peut pas ne rien faire.