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Comment concilier santé et parcours professionnel quand on est une femme ? Marie-France Olieric, présidente de l’association "Donner des ELLES à la santé", explore les leviers d’action à la fois publics et privés pour mieux accompagner les femmes dans leur carrière face aux enjeux de santé.

Une intervention engagée pour intégrer enfin ces réalités dans les politiques RH et sociales.

Une prise de parole filmée dans le cadre de la session "Santé des Femmes & Femmes dans la Santé" du Think & Do Tank Marie Claire le 24 juin 2025 à la Maison de la Chimie.

🔗 Santé des femmes et carrière : Quelles politiques et initiatives pour un meilleur accompagnement ? : https://www.marieclaire.fr/sante-des-femmes-et-carriere-quelles-politiques-et-initiatives-pour-un-meilleur-accompagnement,1497305.asp

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Transcription
00:00Je vais maintenant accueillir Marie-France Olieric, gynécologue, obstétricienne et présidente de Donner des ailes à la santé.
00:21Bonjour Marie-France.
00:24On va commencer même si elle est en train de prendre la petite photo avec cette introduction.
00:28La santé est aujourd'hui assurée majoritairement par les femmes.
00:3280% des métiers du care, donc le soin, 52% de ceux du cure, guérir, dans le monde hospitalier.
00:40Et puis ces chiffres, ils s'amenuisent, ils s'effondrent même à mesure qu'on monte dans la hiérarchie des établissements de santé.
00:48Seuls 20% des postes de professeurs des universités praticiens hospitaliers, les femmes UP, UPH, sont occupées par des femmes.
00:54C'est pour cette raison que vous avez créé votre association Donner des ailes à la santé.
00:59C'était en 2020, c'est ça ?
01:02Oui, bonjour à toutes et à tous.
01:04Merci de me donner l'opportunité de porter la voix des femmes qui soignent.
01:08Merci à vous d'être venue de l'autre bout de la France.
01:10Alors c'est mai, c'est peut-être un petit peu plus loin que Lyon, mais à peine.
01:14Comme vous l'avez dit, je suis gynécologue obstétricienne.
01:19J'ai été en poste à responsabilité, je suis chef de pôle actuellement, j'ai été chef de service et présidente de CME.
01:25Et à un moment, je n'ai pas fondé l'association, je l'ai rejoint en 2020 en me disant que quand on a des postes à responsabilité,
01:33à un moment, il faut être acteur et pas seulement spectateur et dire que pour faire bouger les lignes,
01:37comme beaucoup d'entre nous aujourd'hui, il faut vraiment se saisir du problème.
01:44Alors vous l'avez dit, on est une majorité de femmes à l'hôpital.
01:48L'association, c'est d'abord des médecins et des directeurs.
01:52Et puis récemment, les infirmières nous ont rejoints pour vous donner quelques chiffres.
01:57Il y a 52% de femmes qui sont directeurs d'hôpital.
02:00Il n'y en a que 26% qui sont chefs d'établissement, donc qui sont les numéros 1 des hôpitaux.
02:07Et quand on prend les chiffres des médecins hospitaliers, au-delà des PU, on a près de 60% de femmes qui sont médecins.
02:14Et on n'a qu'un quart de femmes qui sont chefs de pôle et un tiers de chefs de service.
02:18Donc le vivier, il existe.
02:20Et vous parliez finalement d'une certaine érosion au fil de la hiérarchie.
02:26C'est exactement ce qui se passe.
02:27Mais pour quelle raison ?
02:29Et est-ce que ce plafond de verre, il est plus important que dans les entreprises privées, selon vous ?
02:33Alors plus important, je ne sais plus laquelle des oratrices tout à l'heure qui parlaient de culture.
02:41Je pense qu'il y a une culture dans l'hôpital qui laisse le pouvoir aux hommes.
02:45Ou finalement, spontanément dans le monde de l'entreprise aussi.
02:48Oui, mais regardez juste, quand vous imaginez, en fermant les yeux, vous pensez à un médecin, vous imaginez toujours un monsieur d'un certain âge avec une blouse blanche.
02:56Vous ne m'imaginez pas moi en pyjama qui va arriver pour faire une césarienne en code rouge.
03:00Ce n'est pas comme ça qu'on a la vision du médecin.
03:05Et c'est pareil, quand je fais le tour le matin dans le service, il suffit juste qu'il y ait un étudiant avec moi, qui est souvent bien plus jeune.
03:13On va dire qu'il y a le médecin et l'infirmière, alors que je suis gynécologue et que souvent, les gynécologues restent des femmes.
03:19Donc c'est quand même quelque chose dans la culture et dans le fantasme des gens.
03:25Et après, la lutte contre le plafond de verre, c'est aussi la lutte contre l'autocensure.
03:29Et quelque part, si on interroge les femmes et on le fait régulièrement à travers notre baromètre, on se rend compte qu'il y a peu d'attrait pour les postes à responsabilité.
03:37D'une part, parce qu'elles imaginent qu'elles n'y arriveront pas et d'autre part, parce que finalement, la vie de l'hôpital, elle est faite en sorte que c'est difficile.
03:45J'ai bien aimé Lucie Carbone qui parlait tout à l'heure des horaires à rallonge.
03:49À l'hôpital, c'est pareil. Les horaires de réunion sont souvent le soir.
03:53Si vous avez des gares de nuit et si vous cumulez le poste à responsabilité, ça fait parfois 8 à 10 jours par mois où vous ne rentrez pas avant minuit le soir.
04:02Ça, dans une vie de famille, c'est compliqué.
04:05Alors comment aider les femmes à briser le plafond de verre ?
04:08Est-ce que, alors que dans certaines entreprises, on l'a vu avec Sanofi ou MSD, elles sont aidées pour monter au sein même des labos ou des entreprises, est-ce qu'elles sont aidées au sein même de l'hôpital ou au contraire ?
04:20C'est le contraire qui se passe.
04:22Alors, elles ne sont pas aidées.
04:25Les choses bougent.
04:26La loi des quotas touche l'hôpital maintenant.
04:31La loi du 19 juillet 2023 qui était portée par les deux commissions de délégation des droits des femmes, aussi bien au Sénat, à l'Assemblée nationale et par le ministre de la fonction publique, alors en poste, qui était Stanislas Guérini.
04:42Les quotas touchent les postes à responsabilité des médecins.
04:44C'était une première.
04:46Ça ne l'était pas avant.
04:47Et nous, avec Donné des ailes, on met en place un système de mentorat.
04:51C'est quelque chose qui existe dans les entreprises privées, qui n'existe pas du tout à l'hôpital, qui existait avec le programme talentueux qui était porté par le ministère de la fonction publique pour les directrices.
05:03Mais un médecin n'a été jamais mentoré.
05:05C'est quelque chose qu'on a mis en place, qui marche bien, d'accompagner les femmes dans leurs évolutions de carrière.
05:10Ensuite, avec Donné des ailes pour faire bouger les lignes.
05:13Alors, on a plein de partenariats avec le ministère de la santé, le ministère de la fonction publique, la DGOS, la FHF.
05:18Mais on va aussi, auprès des établissements, signer des chartes d'égalité, de lutte contre violences sexistes et sexuelles.
05:25Parce que finalement, les meilleures personnes qui peuvent faire bouger les lignes, c'est les gens qui sont en fonction.
05:30On a beaucoup parlé de solitude.
05:32On a beaucoup parlé de santé mentale aussi ce matin.
05:35Qu'est ce qui est mis en place?
05:36Est ce que la situation à l'hôpital, elle vous inquiète sur ce point là?
05:41Alors, elle nous inquiète comme partout ailleurs.
05:43Je dirais qu'à la différence de partout ailleurs, c'est qu'on pense que l'hôpital est un lieu de bienveillance.
05:49Toutes celles et tous ceux qui consultent se disent qu'on fait le bien, qu'on soigne, qu'on sauve des vies.
05:53Et finalement, ce lieu n'est pas meilleur qu'un autre entre nous.
05:56C'est à dire que les discriminations de genre, les violences sexistes et sexuelles sont aussi répandues.
06:02Peut être même un petit peu plus parce qu'il y a une certaine omerta autour de ces violences à l'hôpital.
06:08Et quelque part, si on veut que les choses bougent, il faut les afficher.
06:13Il faut que des chiffres paraissent.
06:15Et c'est aussi le travail de notre association de montrer ces chiffres là pour qu'en fait, plus tard, ils soient moindres.
06:22Vous parlez de santé mentale.
06:24C'est un des items qu'on a ajouté dans notre baromètre de cette année.
06:27C'est à dire de dire si vous avez été victime de violences sexistes et sexuelles dans votre carrière, quel est l'impact sur votre santé mentale?
06:33Et finalement, près de 60% des femmes qui ont subi des violences sexistes et sexuelles ont un impact réel sur leur santé mentale.
06:42Un quart dorme mal.
06:43Un tiers ont des phénomènes de stress et d'anxiété.
06:45Et vous dites que c'est ces mêmes personnes qui, au delà d'aller bien, doivent soigner les autres.
06:49Donc, c'est un vrai problème.
06:51C'est pour ça que vous avez créé que donner des ailes à la santé a été créé.
06:55Il y a vraiment un sujet, je dirais sociétal derrière.
06:59Oui, je dirais qu'il n'y a pas de bon endroit, en fait, et pas de mauvais endroit.
07:06L'hôpital, c'est bien sûr un lieu où on soigne, mais c'est aussi une mini société avec tous les caractères, tous les jeux de pouvoir que vous avez tous dans vos entreprises.
07:14Et que quelque part, donner des ailes, c'est là, pas pour ça, c'est pas une chasse aux sorcières.
07:21C'est pour dire que pour que l'hôpital reste attractif et devienne un petit peu plus attractif, il faut qu'on ait une certaine sécurité, une certaine égalité et une certaine lutte contre les violences.
07:30Pour se dire qu'en fait, on peut on est content d'y travailler parce que c'est quand même on a quand même la chance au delà d'avoir un lieu de travail, d'avoir un lieu de vie.
07:39On y passe beaucoup de week-end, beaucoup de nuit.
07:40On vit des drames comme on vit des moments extraordinaires et quelque part, on fait un métier qui est extra.
07:47Je pensais aux témoignages de ce matin.
07:49Moi, je sais tous les matins pourquoi je me lève et je suis très contente d'aller dans mon service et voir mes patientes.
07:54Donc, je pense qu'il faut pouvoir diffuser cette envie aux jeunes générations pour qu'ils aient toujours envie de venir.
08:00Vous avez un très beau sourire depuis le début de l'interview.
08:02Vous êtes optimiste ?
08:04Oui, parce que je pense que l'hôpital a toute sa place dans la société.
08:09Les femmes ont toute leur place dans l'hôpital et dans les postes à responsabilité.
08:13L'idée, c'est de se dire qu'on doit pouvoir promouvoir des valeurs de sécurité, les valeurs qui nous ont animés pour notre choix de carrière.
08:21Et en fait, c'est tout l'intérêt de rendre l'hôpital toujours attractif.
08:25Merci beaucoup.
08:26On vous applaudit.
08:28Merci infiniment d'être venus depuis messe.
08:34On en vient à notre conclusion et Chupa et Gwenaëlle vont me rejoindre.
08:38Ah non, non, Ida, d'abord, il y a la photo.
08:40Il y a la photo.
08:41Et après, vous pouvez me rejoindre.
08:43Une matinée dense, exigeante, ambitieuse.
09:05On retiendra l'immense espoir de la libération de la parole.
09:09On retiendra les mots d'Isaora, un champion.
09:11C'est quelqu'un qui se relève.
09:13Et puis, le sourire de Marie-France pour cette dernière séquence.
09:17Tous ces mots, ces sourires, ces prises de position, ces postures nous engagent.
09:21J'engage Marie-Claire qui poursuivra sur ce sujet dans les prochains mois en tenant compte des propositions qui vont être remises à Catherine Vautrin.
09:31Et donc, je vais laisser Gwenaëlle Thébaud et Chupa Régnier conclure cette très, très, très, très belle matinée.
09:36Merci à tous.
09:38Juste un petit mot rapide pour vous remercier d'avoir suivi cette matinée.
09:41Merci à tous ceux qui sont restés jusqu'au bout.
09:44Merci à nos intervenants et partenaires pour ces débats riches, passionnants, authentiques,
09:50pour ces témoignages qui nous ont touchés, qui nous mettent en marche aussi.
09:53Je vous donne à tous rendez-vous sur notre site internet pour suite la rediffusion de cette matinée,
10:00dans notre magazine pour ensuite le compte rendu.
10:03Et puis aussi à l'antenne de notre partenaire BFM pour poursuivre les échanges.
10:10Et puis, nous allons avoir le plaisir de vous retrouver à la rentrée autour de trois nouveaux temps forts
10:15dédiés à d'autres sujets brûlants, celui des femmes et de l'argent,
10:20celui des femmes et de l'intelligence artificielle et ensuite le sujet des violences faites aux femmes.
10:26Donc, n'hésitez pas à nous retrouver pour nous soutenir et nous accompagner sur ces autres sujets
10:31particulièrement aussi préoccupants et importants.
10:36Et je voudrais donc que l'on conclue cette matinée en appelant sur scène à nos côtés
10:40tous nos experts, intervenants, partenaires qui sont encore là avec nous pour faire une dernière photo.
10:47Voilà. Et à très bientôt.

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