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Zaynab Riet, Déléguée Générale de la Fédération Hospitalière de France et Muriel Salle, Maîtresse de conférence, expert en études de genre et humanités médicales, dressent un état des lieux sans détour des inégalités qui marquent encore aujourd’hui la santé des femmes.

Une prise de parole forte, captée lors de la session "Santé des Femmes & Femmes dans la Santé", organisée par le Think & Do Tank Marie Claire le 24 juin 2025 à la Maison de la Chimie.

🔗 Santé des femmes : état des lieux des inégalités persistantes : https://www.marieclaire.fr/sante-des-femmes-etat-des-lieux-des-inegalites-persistantes,1497286.asp

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Transcription
00:00Mes deux premières intervenantes m'ont déjà rejoint sur scène.
00:10Bonjour à toutes les deux.
00:11Zéda Mbriette, vous êtes déléguée générale de la Fédération hospitalière de France.
00:16Bonjour, Muriel Salle, c'est vous qui venez de l'autre bout de la France.
00:21Vous êtes historienne et maître de conférences à Sciences Po Lyon, spécialiste des questions de genre.
00:27Alors, Muriel, on va commencer par vous. La question, elle est vaste et j'imagine qu'il est difficile d'y répondre en quelques minutes.
00:33Mais vous êtes à un poste d'observation formidable. Quelle est la situation globale en matière de santé des femmes?
00:40On a le sentiment que ça bouge, que les mobilisations deviennent collectives.
00:43Est-ce que c'est parce que la situation, elle est grave ou critique, selon vous?
00:48Alors, d'abord, je viens de Lyon, qui n'est pas si loin que ça, mais je vous remercie de me rendre grâce.
00:55C'est vrai que le train de 6 heures est un petit peu, parfois un peu raide.
00:59Mais bon, pour répondre à votre question, je vais peut être comme j'ai l'honneur d'être la première à prendre la parole.
01:06Je voudrais effectivement dire qu'on est dans une situation globale qui est en demi teinte.
01:12Mais je voudrais commencer par dire ce qui est positif, parce que ce qui est positif, c'est qu'il y a une vraie prise de conscience.
01:17On l'a vu avec des publications de rapports au conseil à l'égalité, aux autorités de santé.
01:23Il y a des cycles de conférences organisées par la Fondation de l'Académie de médecine.
01:28Moi, ça fait plus de 10 ans que je travaille sur ces questions là.
01:30Il y a 10 ans, il n'y avait pas ce niveau de légitimité sur le sujet santé des femmes.
01:34Donc ça, c'est vraiment important de le souligner.
01:37Il y a des programmes de recherche qui s'élaborent.
01:39Il y a des femmes au travail, parce qu'il faut dire que c'est quand même un travail, un sujet qui est beaucoup adressé par des femmes chercheuses.
01:45Voilà. Et puis, pour rebondir sur ce que vous disiez à l'instant, il y a un vrai changement de regard au sens où aujourd'hui,
01:52les problématiques de santé qui concernent plus particulièrement les femmes, on les impute pas seulement à des facteurs qui seraient endogènes,
01:59c'est-à-dire propres aux femmes. On ne dit pas seulement elles sont différentes pour tel ou tel motif.
02:04Elles ont ces vulnérabilités plus spécifiques qui tiennent à leur corps.
02:07Aujourd'hui, on inscrit les femmes dans des contextes et on a une compréhension un peu globale de leurs problématiques de santé.
02:11Et on voit des problématiques exogènes. Vous évoquez la question du burn-out, par exemple.
02:16Ce n'est pas seulement une question de fragilité psychique, c'est aussi une question de contexte de vie.
02:22Mais, et je termine, il y a quand même un énorme sujet et c'est un peu l'éléphant dans la pièce.
02:27Quand j'ai commencé à travailler sur ces questions-là, on me disait qu'en santé, les femmes, il n'y a pas de sujet,
02:31puisqu'elles vivent plus longtemps que les hommes.
02:33Aujourd'hui, on sait que l'espérance de vie, c'est bien. L'espérance de vie en bonne santé, c'est mieux.
02:38Et là, ce n'est pas du tout la même chose.
02:39Il y a 20 ans d'écart entre l'espérance de vie et l'espérance de vie en bonne santé pour les femmes.
02:44Et quand, en plus, cette espérance de vie en bonne santé, là, elle cesse autour de 66 ans
02:50et que, par ailleurs, les femmes vivent cette vieillesse en plus grande situation de pauvreté,
02:57parce que la retraite des femmes est 40% inférieure à celle des hommes, par exemple,
03:01ça génère des inégalités sociales de santé dont les inégalités femmes-hommes sont aujourd'hui en composante.
03:08Alors, Muriel, merci d'avoir compé le décor.
03:10Vous avez abordé énormément de sujets dans lesquels on va essayer de rentrer dans cette mini table ronde d'un quart d'heure
03:16et tout au long de cette matinée. Zénab, quelles inégalités est-ce que vous vous observez
03:21dans les métiers de la santé et à l'hôpital, puisque c'est votre précaré ?
03:24Bonjour à toutes et à tous. D'abord, à titre indicatif, dire qu'à l'hôpital public,
03:28c'est plus d'un million d'eux de fonctionnaires hospitaliers.
03:31Pourquoi je dis cela ? Parce que parmi ces fonctionnaires hospitaliers,
03:34c'est 77% de femmes qui ont donc une forte représentation.
03:42Et majoritairement, ce sont les femmes qui exercent des métiers, certes passionnants dans le champ de la santé,
03:49mais qui cumulent quand même un certain nombre de pénibilités et de contraintes,
03:53avec bien sûr des horaires qui sont décalés.
03:56À 75%, elles exercent des horaires décalés, puisque, en règle générale,
04:01les patients hospitalisés H24. Et par ailleurs aussi, avec une charge mentale importante
04:07et une charge physique importante. Par ailleurs, est-ce que c'est parce que c'est majoritairement des femmes
04:13dans ce secteur ? On constate des écarts de rémunération entre ce secteur et d'autres secteurs
04:20où exercent plutôt des hommes, le secteur de l'industrie, le secteur du bâtiment.
04:24Et le revenu mensuel net médian des femmes reste en dessous de 2 000 euros.
04:30par rapport à ces autres secteurs.
04:32Vous décrivez toutes les deux des inégalités qui existent dans d'autres secteurs d'activité.
04:37Les inégalités de salaire, ça existe partout.
04:40Est-ce que, Muriel, vous voyez une différence entre les métiers de la santé
04:43et les autres secteurs économiques ?
04:46Ça, c'est ma première question. J'ai l'habitude de poser plein de questions en une.
04:51Est-ce qu'il y a des inégalités plus criantes que d'autres ?
04:55Et peut-être plus récentes également.
04:56Donc, ça fait trois en une.
05:00Alors, pour ce qui est du secteur professionnel du soin,
05:04voilà, Madame Riette l'a dit à l'instant très bien.
05:07En fait, c'est un secteur ultra féminisé.
05:10Donc, dans tous les domaines professionnels qui sont très féminisés,
05:13il y a des problématiques spécifiques qui sont à l'œuvre.
05:15Vous évoquez la question de la rémunération, mais il y en aurait d'autres,
05:18notamment la sous-évaluation de la pénibilité de ces métiers-là.
05:21Parce que la pénibilité, on la pense au masculin en mode de métier du bâtiment
05:25et que la pénibilité, y compris la pénibilité psychique,
05:28ce que c'est qu'aujourd'hui, on parle de souffrance vicariante,
05:30d'accompagner les personnes en souffrance,
05:32ce qu'il en coûte psychiquement.
05:34Voilà, ça, c'est des choses qui sont effectivement des réalités,
05:39de mieux en mieux documentées, qui concernent les métiers du soin,
05:42mais pas seulement.
05:43Donc, ça, c'est une première chose.
05:44Après, des inégalités criantes, en fait, je ne sais pas si je vous fais un cadeau.
05:51Une fois qu'on a mis la paire de lunettes, on envoie à tous les coins de rue
05:53des inégalités en matière de santé.
05:56Et je ne vais pas en prendre 36, je vais peut-être vous en partager une
06:00qui me touche un peu au cœur.
06:02C'est la façon dont...
06:03Ce ne sont pas forcément celles qui sont les plus visibles,
06:05et c'est ma question d'après.
06:06Est-ce que certaines criantes et ultra-visibles
06:10viennent invisibiliser d'autres pathologies ?
06:13Oui, mais je vais y venir.
06:16Je vous donne juste la donnée qui, moi, me frappe.
06:18Aujourd'hui, une femme à qui on annonce un cancer ou une maladie rare,
06:21elle a six fois plus de risques de se séparer de son conjoint
06:24dans l'année qui suit.
06:26Ça augmente votre risque d'être séparée à l'issue fois six.
06:30Bon, ça, typiquement, c'est un sujet qui n'est pas pensé,
06:33parce qu'une patiente à qui on fait un diagnostic de cancer, par exemple,
06:36ça veut dire qu'elle va avoir des traitements lourds,
06:37qu'elle va être fatiguée, qu'elle va avoir besoin d'aide.
06:40Si, en plus de la maladie, elle fait l'expérience de la séparation,
06:43peut-être en plus d'une forme de paupérisation.
06:46Comment est-ce qu'on pense cet accompagnement-là ?
06:48Donc ça, c'est juste un point.
06:51J'aurais pu en donner plein d'autres.
06:53Après, sur les sujets qui, aujourd'hui, sont bien adressés,
06:56et je trouve qu'il faut dire que c'est bien,
06:58il y a toutes les problématiques de santé gynécologique.
07:02On entend parler de l'endométriose.
07:03Moi, aujourd'hui, toutes mes étudiantes savent ce que c'est que l'endométriose.
07:06Il y a cinq ans, je crois que je n'avais jamais entendu prononcer ce mot-là.
07:09Donc ça bouge super vite.
07:11Sauf que, comme j'aime bien le dire de manière un poil taquine,
07:14les femmes ont aussi un cœur, un côlon.
07:19Et donc, effectivement, en dehors des problématiques de santé gynécologiques,
07:23et bien sûr qu'il ne faut pas l'endométriose,
07:25de règles douloureuses ou abondantes,
07:27de ménopause, enfin voilà,
07:28il faut aussi adresser des sujets de santé qui ne sont pas sexo-spécifiques
07:32parce que les femmes les ont en partage,
07:34mais comme elles sont des femmes,
07:36elles font l'expérience de la maladie d'une manière différente.
07:39Alors, quelles sont les pathologies qui sont criantes,
07:41mais dont on ne parle pas ?
07:43Alors, c'est révélateur, la cardiologie, par exemple.
07:47La cardiologie, un certain nombre d'études ont mis en évidence à l'étranger et en France
07:50qu'il y avait un retard de prise en charge
07:52et des délais plus longs de prise en charge.
07:54Et par ailleurs, en janvier 2024,
07:56l'Académie de médecine a remis un rapport
07:59sur le décalage en matière de prise en charge
08:01de l'infarctus du myocarde entre les hommes et les femmes.
08:04Et donc, il y a effectivement une surmortalité chez la femme
08:08en matière d'infarctus du myocarde.
08:11Mais si on prend ensuite même des pathologies qui concernent la femme,
08:15si on regarde le dépistage du cancer du sein,
08:18le dépistage du cancer du sein en France,
08:20nous plafonnons à 46,5%,
08:22soit 7 points en dessous des dépistages qui sont faits en Europe.
08:26Donc là aussi, il y a des enjeux extrêmement importants.
08:29Et puis, un des derniers points, puisque vous l'avez cité
08:31dans votre introduction qui concerne la santé des mentales,
08:35nous constatons aussi des chiffres effrayants
08:38entre les atteintes en matière de pathologie et santé mentale
08:42entre la femme et l'homme.
08:44Et par ailleurs, ce qui a été constaté,
08:47ce n'est pas la FHF, mais c'est l'adresse,
08:49chez les 10-19 ans, le taux d'hospitalisation
08:51pour gestes auto-infligés a doublé entre 2012 et 2020.
08:56Mais ensuite, il a à nouveau doublé entre 2020 et 2022.
09:01Et puis enfin, puisqu'on est sur les champs
09:04où c'est un peu le plus criant,
09:07il faut aussi souligner qu'en matière de recherche,
09:09certes, il y a eu des progrès en matière de recherche,
09:11mais pour autant, les femmes n'étaient pas forcément incluses
09:15dans les recherches en matière,
09:18à la fois médicamenteuse, dispositifs,
09:20et on reste encore en deçà du taux d'inclusion des femmes.
09:23Il y a les inégalités entre hommes et femmes,
09:26mais vous me le disiez, Muriel, en préparant cette table ronde,
09:29il y a aussi les inégalités entre femmes.
09:31Et ça, vous devez le constater toutes les deux.
09:34Oui, alors c'est un point qu'on a un peu évoqué,
09:36et notamment en évoquant le revenu médian à la PHP, par exemple.
09:41La prise en charge aussi, dans la détection.
09:43Oui, et puis, pour tout vous dire,
09:47j'étais la semaine dernière ici à Paris
09:48pour travailler au déploiement d'un réseau d'ambassadrices santé
09:51dans les EHPAD de la ville de Paris,
09:53ambassadrices santé chez les personnels,
09:55donc des dames qui sont aide-soignantes.
09:58Quand on travaille avec ces dames-là,
10:00on mesure assez vite qu'il y a un certain nombre
10:02de messages de santé publique
10:03qui ne font pas écho chez elles,
10:07parce que leur suggérer de faire de l'exercice physique
10:10en complément d'une journée déjà fort pénible
10:13ou de veiller à leur alimentation.
10:17C'est des messages qui ne font pas mouche
10:19parce qu'elles ont tant d'autres préoccupations.
10:24Et donc, effectivement, aujourd'hui,
10:25il y a des inégalités entre femmes,
10:28entre les femmes des quartiers politiques de la ville,
10:31les femmes de centre-ville,
10:33entre les plus riches et les plus pauvres
10:35qui viennent rejouer les inégalités
10:38d'une manière vraiment très considérable
10:40et qu'il faut prendre davantage en considération aussi.
10:42La sédentarité, vous en parliez,
10:44c'est un vrai sujet, selon vous ?
10:46Pour faire écho, il y a des chiffres
10:48qui ont été donnés sur la santé mentale des jeunes femmes,
10:51qui est quand même alarmante.
10:53Moi, je trouve qu'il y a un chiffre qu'on donne très peu.
10:56Aujourd'hui, pour les jeunes filles de 6 à 17 ans,
10:58vous avez un tiers seulement de ces jeunes filles
10:59qui atteignent les recommandations quotidiennes
11:01d'activité physique.
11:03Les recommandations quotidiennes d'activité physique,
11:05c'est 30 minutes d'activité modérée.
11:06Il y a seulement un tiers des jeunes filles
11:08qui y sont, toutes les autres n'y sont pas.
11:10Donc, voilà, quelques cardiologues
11:12avec lesquels j'ai l'occasion parfois d'en discuter
11:15me disent qu'on se prépare une génération
11:16de cardiaques d'ici à 30 ans.
11:20Et ça, c'est des choses sur lesquelles,
11:22me semble-t-il, surtout, il y a moyen d'agir.
11:26Il y a de l'EPS
11:28quand on est dans les établissements scolaires.
11:30Les jeunes filles, elles ont là des espaces
11:32pour pratiquer.
11:32Bon, on documente le fait qu'elles se désengagent
11:35de la pratique sportive et pas seulement en club,
11:37même dans les établissements scolaires.
11:39Pourquoi il n'y a pas une vigilance particulière
11:41par rapport à ça, par rapport à une éducation,
11:43à l'hygiène dont les jeunes filles
11:47se dispensent ou sont dispensées ?
11:51Et je trouve que là, il y aurait des vraies réflexions
11:53à mener dans un contexte solaire
11:55avec des moyens qui existent déjà.
11:57Il ne s'agit pas de faire la révolution, forcément,
12:00mais d'oeuvrer de manière efficace
12:02et rapidement parce qu'il y a urgence.
12:04Zénab, quel est le vrai sujet ?
12:06Est-ce que c'est la sédentarité ?
12:07Est-ce que c'est la prise en charge ?
12:10Et comment est-ce que l'hôpital...
12:11Encore deux questions en une.
12:12Comment l'hôpital public peut-il devenir
12:14le fer de lance ?
12:17Est-ce qu'il peut devenir le fer de lance
12:18de l'égalité entre hommes et femmes ?
12:20Ah oui, et puis il le revendique d'ailleurs.
12:22Mais je crois que ce qu'il faut bien avoir à l'esprit,
12:24c'est que la santé des femmes,
12:25comme celle des hommes,
12:26et là nous sommes ici pour la santé des femmes,
12:28c'est un vrai enjeu de santé publique.
12:30Pour plusieurs raisons,
12:31et je reviendrai à la deuxième question.
12:33Tout d'abord, nous avons,
12:36en constatant que nous avions des difficultés
12:38d'accès aux soins pour des rendez-vous de gynécologie,
12:40des rendez-vous de pédiatrie,
12:42nous avons lancé un sondage,
12:43un baromètre, en mars.
12:46Et nous avons voulu que ce baromètre,
12:47mars 2025,
12:48il y ait un focus sur la santé des femmes
12:50et un focus sur la psychiatrie.
12:52Le focus sur la santé des femmes,
12:53nous avons tiré trois enseignements majeurs.
12:56Le premier, c'est que 51% des femmes interrogées
13:01disent que leur symptôme décrit à des professionnels de santé
13:07a été au moins une fois minimisé, voire ignoré.
13:11Le deuxième élément, c'est que 39% d'entre elles
13:15ne prennent pas leur état de santé au sérieux.
13:18Donc, c'est vrai qu'il y a des enjeux de sédentarité,
13:21mais je crois qu'il faut dire aussi que les femmes,
13:23leur santé leur appartient
13:24et qu'elles doivent être actrices de leur santé.
13:28Et que, par ailleurs aussi,
13:2949% d'entre elles sous-estiment la douleur.
13:33Et enfin, même au niveau de leur entourage,
13:3532% disent que même leur entourage
13:37ne les prennent pas au sérieux.
13:39Alors, qu'est-ce qu'on peut faire
13:40et pourquoi l'hôpital peut être faire de l'ence ?
13:43Je vous le disais, l'hôpital public,
13:44c'est un million deux de fonctionnaires hospitaliers.
13:47Mais c'est aussi, nous avons en France
13:49plus de 19 millions de passages aux urgences par an.
13:52Dans 80% des cas, il sait à l'hôpital que ça se passe.
13:55Donc, d'une part, déjà formé,
13:58ce n'est pas aux femmes de s'adapter aussi au système de soins.
14:01C'est aux professionnels de santé,
14:03un autre système de soins de s'adapter aux femmes.
14:05Donc, de former, de sensibiliser,
14:08de faire en sorte, parce qu'il est vrai que la médecine,
14:11c'est une médecine qui a été historiquement pensée
14:15par et pour des hommes.
14:16Donc, c'est vrai qu'il faut absolument sensibiliser
14:19les professionnels de santé, les former.
14:22Et puis, tout en les formant, eux,
14:24ils sensibilisent aussi l'ensemble des personnes
14:26qu'ils côtoient au quotidien,
14:28qu'il s'agisse des patients, des patientes
14:30et de leur entourage.
14:32Donc, effectivement, et à ce titre, d'ailleurs,
14:34nous avons, en 2025,
14:36année de cinquantenaire de la loi Veil,
14:41signé un manifeste
14:43avec un collectif dans le monde
14:45pour attirer le regard sur les retards de prise en charge,
14:50la problématique et les enjeux de santé publique pour les femmes
14:52et faire en sorte qu'on puisse continuer à mieux former.
14:57Et toutes les actions que nous pouvons conduire,
14:59s'agissant des femmes,
15:01nous les conduisons avec les associations.
15:03Je citerai, par exemple, notre partenariat
15:05avec l'association Donner des ailes à l'ense santé.
15:08La présidente Marie-François Leric est ici présente,
15:11mais également avec l'association Mandorpa
15:13pour faire en sorte d'améliorer
15:17le dispositif médico-légal
15:19en matière de soumission chimique, par exemple.
15:21Merci beaucoup.
15:22Une dernière question pour toutes les deux.
15:26On va prendre un peu de hauteur.
15:27La situation géopolitique mondiale,
15:30les prises d'opposition de Donald Trump.
15:32Je ne vais pas vous demander une réaction sur l'Iran,
15:34mais surtout sur les fonds qui disparaissent.
15:37Est-ce que c'est pour vous un réel sujet d'inquiétude
15:40ou un simple vernis ?
15:42Muriel Salle.
15:43C'est un vrai sujet d'inquiétude
15:44parce qu'on en mesure de manière extrêmement concrète
15:48les implications.
15:49Je me souviens, il y a quelques semaines,
15:52quelques mois, je ne sais plus,
15:53parce qu'il y a une telle succession d'événements
15:55qu'on finit par en perdre le fil.
15:58Quand on a vu paraître la liste de mots
16:01dont l'usage était interdit dans les réponses
16:04à un certain nombre d'appels à projets
16:07pour briguer des fonds fédéraux,
16:09honnêtement, j'ai cru que c'était une blague.
16:11Notamment parce que le mot femme est sur la liste,
16:14ce qui est un poil embêtant
16:15pour travailler sur la santé des femmes.
16:18Ce n'est pas une blague.
16:20Aujourd'hui, par la magie des réseaux sociaux,
16:24on a des contacts réguliers avec des chercheuses américaines
16:27qui ont perdu leur fonds,
16:28qui ne travaillent plus,
16:30et en plus qui ont perdu leur fonds
16:32pour travailler aujourd'hui,
16:33mais qui ont aussi perdu leurs données
16:35collectées antérieurement.
16:37Donc, ce n'est même pas qu'on arrête d'avancer,
16:39c'est que là, on recule à une vitesse grand V.
16:41Les Etats-Unis étaient un pays en pointe,
16:44à la pointe, depuis le début des années 90.
16:46Vous avez évoqué tout à l'heure
16:47l'inclusion des femmes dans les essais cliniques.
16:48Ils ont été les premiers à y aller.
16:50Il y avait des vastes programmes
16:52sur la santé des femmes.
16:54Aujourd'hui, les programmes de recherche
16:56sur la santé des femmes sont explicitement menacés.
17:00Donc, ça, ça doit...
17:01On ne va pas changer la situation aux Etats-Unis,
17:03mais peut-être que ça doit nous donner
17:05une vraie forme de vigilance
17:06sur cette nécessité
17:09qui est que cesser d'avancer,
17:13c'est reculer.
17:14Donc, il faut vraiment maintenir le cap.
17:16Zénav ?
17:17Oui, tout à fait.
17:18C'est extrêmement inquiétant
17:19parce que oeuvrer pour la santé,
17:22c'est oeuvrer pour l'égalité des droits
17:24et c'est oeuvrer pour les droits de la femme.
17:27On a bien vu qu'au-delà
17:28de ce que vous venez d'évoquer,
17:29qu'il s'agisse des essais cliniques,
17:31qu'il s'agisse du sexisme
17:32qui est conduit dans sa politique,
17:37c'est également les reculs,
17:38le recul des acquis
17:40et les reculs sociétals.
17:42Et on voit bien que les mesures
17:44qui sont conduites
17:45vont amener à rendre encore plus fragiles
17:49les populations vulnérables
17:51partout dans le monde
17:51et puis particulièrement les femmes.
17:54Donc, c'est vrai que peut-être
17:57le seul moyen, bien sûr,
17:59de lutter contre cela,
18:00c'est qu'il faut toujours éclairer,
18:02informer, sensibiliser,
18:04lutter à tous les niveaux
18:05et surtout pas céder à toute forme
18:08d'obscurantisme
18:09qui pénalise, bien sûr,
18:12les femmes et les plus vulnérables.
18:14Merci infiniment à toutes les deux.
18:16On peut vous applaudir chaleureusement.
18:18Merci.

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