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Dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire - Agir pour l’Égalité, Lucie Carbone, humoriste, livre un témoignage bouleversant sur le burn out. Un récit sincère et percutant, qui met en lumière les enjeux de santé mentale au travail, et l’urgence de libérer la parole sur ces sujets encore trop tabous.

🔗 Lucie Carbone : expérience vécue d’un « Burn out ». : https://www.marieclaire.fr/lucie-carbone-experience-vecue-d-un-burn-out,1497282.asp

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Transcription
00:00Alors Lucie, c'est lorsque vous arrivez chez Total, on peut citer cette entreprise.
00:12J'espère qu'on peut citer.
00:15Vous ne vous en cachez pas en tout cas, vous êtes très enthousiaste, heureuse de travailler dans cette tour,
00:20dans cette entreprise qui est un poids lourd du CAC 40.
00:23Et puis pourtant, très vite, en un an, vous déchanter, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:28Oui, alors effectivement, moi j'arrive chez Total, alors à l'époque en consulting, je suis très contente d'arriver chez Total.
00:35Pour remettre un petit peu en contexte, je sors d'un parcours de deux ans de prépa, j'ai fait Sciences Po,
00:40donc j'arrive dans cette boîte du CAC 40 avec tout le prestige qui peut être associé.
00:46C'est la gloire ?
00:46Oui, pour moi, ça y est, je suis arrivée, tout va bien, mes parents sont contents, donc on a coché la case.
00:52J'essaie de m'intégrer, j'essaie de faire de mon mieux, et très vite, en fait, je suis débordée.
00:58Je me sens en difficulté, c'est-à-dire que je suis chez Total, mais effectivement en consulting.
01:05Le consulting est quand même un système assez éreintant, c'est très, avec, comment dire, une surcharge, un volume horaire assez dense.
01:11Donc je travaille énormément, je fais du, je pense que je dois faire du 35 heures par semaine en deux jours, quoi.
01:18Donc très, comment dire, une charge conséquente, mais que je prends, voilà.
01:23J'encaisse, j'encaisse, je prends, je me dis non, mais ça va le faire.
01:25Je veux dire, j'ai toujours habitué à avoir de bonnes notes, à être plutôt bonne élève, on réussit.
01:32C'est un peu dur, mais allez, on prend sur soi.
01:34Donc je prends sur moi, je prends sur moi, et un jour, je me rends compte qu'en fait, je craque.
01:38C'est-à-dire que...
01:39Donc c'est arrivé quasiment du jour au lendemain, où vous avez senti que Crescendo, il y avait quelque chose qui montait.
01:43Qu'est-ce qui montait alors ?
01:44Je sentais que je prenais sur moi.
01:46C'est-à-dire que je sentais qu'un projet, tiens Lucie, tu le fais bien, tu veux le prendre.
01:50Mais oui, bien sûr, je le prends.
01:52Ah bah tiens, il faudrait rester un peu plus tard.
01:53Mais bien sûr, je reste plus tard, il n'y a aucun problème.
01:55De toute façon, je n'ai rien d'autre.
01:56Donc bien sûr que je reste un peu plus tard.
01:58Donc je prends, je me rends compte que je prends sur moi et que j'encaisse.
02:03C'est comme si, comment dire, au fur et à mesure du temps, j'ai l'impression d'avancer avec un sac à dos un peu plus lourd.
02:09Il y a un boulet derrière.
02:11Il y a un boulet.
02:12Il y a une encre.
02:12Alors pendant longtemps, j'avais plutôt la métaphore de l'encre.
02:15C'est-à-dire que je sentais qu'il y avait un truc qui sombrait, quoi.
02:18Une lourdeur, un poids sur moi qui devenait un peu plus costaud au fur et à mesure.
02:23Est-ce que vous avez le sentiment qu'il y a une fragilité chez vous, à ce moment-là de votre vie,
02:28une fragilité, une vulnérabilité ?
02:30On parle beaucoup de fragilité aujourd'hui, de la vulnérabilité, qui est le nouveau courage, etc.
02:34Est-ce que vous sentez que ça peut basculer ou pas du tout ?
02:39Franchement, non.
02:40Non, parce que moi, je suis presque, enfin avec quelques années de recul, je me rends compte que je dois encaisser.
02:46J'ai toujours fait des études, j'ai toujours réussi, j'ai toujours été dans les premières de la classe, j'ai toujours donné satisfaction.
02:52Ça a toujours marché.
02:53Et ça a toujours marché, puisque j'arrive là où Élise Lucet fait les introductions de cache-investigation, quand même.
02:59Donc, pour moi, c'est une forme de succès.
03:01Donc, je ne peux pas, c'est pas possible que ça ne marche pas.
03:04Donc, je ne sens pas cette vulnérabilité.
03:06Pour moi, ça va passer, quelque part, pour moi, ça fait partie de l'apprentissage.
03:10Et puis, c'est aussi ce que me renvoient mes proches.
03:12C'est-à-dire que quand je fais état de, c'est un peu dur quand même, là, j'ai l'impression que je prends sur moi,
03:16tout le monde me dit, mais Lucie, quand même, tu te rends compte, c'est prestigieux, c'est bien, tu as une bonne situation, c'est super, bon, bien sûr.
03:22Et puis, la vie, elle est faite de haut et de bas, quelque part, c'est normal, en caisse.
03:27Donc, je continue, je continue, je continue, je continue.
03:30Donc, je ne sens pas cette fragilité.
03:32Tu se cache que le burn-out se matérialise et donc comment est-ce qu'il s'est matérialisé, Lucie ?
03:35En fait, ça a été assez radical, c'est-à-dire qu'un jour, je dois animer une réunion devant une audience quasi similaire à celle-ci.
03:41Et alors là, je me lance et je fais un malaise.
03:44Je tombe.
03:46C'est un peu honteux, d'ailleurs.
03:47Mon corps lâche et là, je prends conscience.
03:50Vous continuez à dire que c'est honteux alors que c'est juste votre corps calme.
03:52À ce moment-là, c'est honteux devant les autres.
03:55Oui, je fais un malaise devant un public, quand même.
03:58En plus, je me demande s'il n'y avait pas mon manager.
04:00Donc, comment dire, dans une situation professionnelle avec un public, je m'effondre.
04:05Et c'est à ce moment-là où je me dis que j'ai franchi une ligne rouge dont je ne pensais pas pouvoir franchir.
04:16C'est très intéressant ce que vous dites.
04:18C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir peur pour votre santé, vous avez honte.
04:23J'ai à ce moment-là très honte parce que je viens de m'effondrer.
04:27Et puis, les gens me renvoient là où pendant des années, plutôt en l'occurrence pendant des mois,
04:32où on me disait « Lucie, c'est normal, écoute le consulting, tu fais tes preuves, etc. »
04:37Là, en fait, les gens me renvoient le « Ouh là là, en fait, tu n'es pas bien. »
04:41Et le fait d'avoir ce regard-là, c'est comme quelque part une légitimation,
04:46en tout cas une validation du ressenti que j'avais précédemment.
04:50Qu'est-ce qui se passe derrière ?
04:52Pour moi, ça a vraiment valeur de déclic.
04:57C'est-à-dire que je me rends compte que je suis allée trop loin, que je ne me suis pas écoutée, que ça devient physique.
05:02Et en fait, ce malaise-là, malheureusement, c'est que le début d'une succession de choses.
05:08C'est-à-dire que je me rends compte que je suis tellement allée loin, je commence à culpabiliser.
05:12Je me dis « mince, je ne me suis pas fait confiance, je ne me suis pas écoutée. »
05:15Et alors là, c'est comme si on avait mis une cocotte minute à bouillir.
05:19À bout, à bout, on ouvre le couvercle et alors ça déborde de partout.
05:22C'est-à-dire que je refais des malaises à répétition, je me fais des torticolis à répétition, je ne dors plus, je pleure sans raison apparente.
05:33Enfin, je me sens mal.
05:33Je me sens mal et je prends conscience que je suis allée trop loin et je ne sais plus comment « rectifier le petit tir ».
05:40Avec le recul, il y a des signaux faibles ?
05:42Je vous parlais de cocotte minute.
05:43Est-ce qu'il y a des signaux faibles qui remontent à la surface ?
05:46Vous vous dites « tiens, là ».
05:47Oui, il y a des choses où je me suis dit « mince, j'aurais aimé pouvoir dire non ».
05:51Je n'ai jamais dit, j'ai toujours pris toutes les missions qu'on m'a données, j'ai toujours fait, je pense, au-delà de ce qu'on m'a demandé.
05:59Et je pense que j'aurais aimé peut-être avoir un référentiel moins bon élève, avoir la capacité.
06:07Pour moi, ça a été un apprentissage d'adulte que de dire non.
06:10De dire non, là, je pense que si j'accepte ça, je me mets en risque physiquement et mentalement.
06:18Et il a fallu aussi, tout à l'heure on parlait un peu de conseils, forcément de thérapie, de médecins.
06:24Moi, je dois énormément à la médecine du travail parce que mon premier soutien et la première compréhension que j'ai eue, c'est un médecin du travail.
06:33Chez Total, exactement, qui m'a dit « mais écoutez, en fait, là, vous prenez votre travail comme un marathon, mais depuis deux ans.
06:40Vous considérez, tout à l'heure, il va y avoir des sportifs, je pense, de dire, en fait, moi, je n'arrêtais pas de bosser.
06:48Vraiment, le week-end, je n'arrêtais pas.
06:50La nuit, je me réveillais, je me dis « j'ai raté la mise en prod ».
06:53Donc toute ma vie, c'était le travail, le travail, le travail.
06:56Et à un moment, un médecin m'a dit « mais en fait, vous craquez parce que forcément, même, regardez les sportifs de haut niveau,
07:01la détente et le repos fait partie aussi de la performance ».
07:06Et c'est vrai que quand il m'a dit ça, je me suis dit « ah mais oui, en fait, ok, j'ai le droit de prendre le temps pour moi ».
07:13Donc ça a été un premier déclencheur et, comment dire, un soutien un peu…
07:20C'est comme si une barrière s'était levée.
07:22C'est-à-dire, c'est vrai que j'avais des managers, un entourage peut-être professionnel qui m'encourageaient à encaisser, à faire plus, faire plus.
07:29Et là, ce médecin-là me disait « parfois, tu peux aussi respirer et prendre du temps pour toi ».
07:34Alors, je le disais en introduction, Lucie, vous êtes aujourd'hui humoriste, vous avez un grand sourire aux lèvres.
07:40Vous avez un spectacle que j'ai vu d'ailleurs, qui est formidable et que je vous conseille d'aller voir.
07:44Vous avez réussi finalement à traduire ce burn-out par une prise de conscience et une bascule vers autre chose.
07:49C'est ça qui est formidable et c'est un formidable espoir.
07:52Comment avez-vous fait ?
07:53Ça a mis des années, je ne vais pas vous cacher.
07:55Parce que vous écriviez déjà un petit peu chez Total.
07:57C'est vrai, exactement.
07:58Alors, il y a eu cet épisode de burn-out et puis après, comme je n'ai pas…
08:01Comment dire ? Je pense qu'avec le recul, ce burn-out, je pense que c'était un peu un signal.
08:05C'était quelque chose qui ne sonnait pas bien.
08:07Alors moi, j'étais dans un schéma peut-être de performance, de bon élève.
08:10Mais quelque part, c'était… Je pense que le mal-être, il est un peu plus profond.
08:15C'est-à-dire que j'ai fait un second épisode de dépression au travail où là, je me suis rendu compte que je n'aimais pas, en fait, là où j'étais.
08:20Et depuis des années, moi, ce que j'aimais, c'était écrire et jouer.
08:23C'était le théâtre.
08:25Et c'est toujours quelque chose que j'avais un peu mis de côté parce qu'il faut faire des études, parce que c'est bien de réussir, parce que c'est bien d'avoir un CDI, etc.
08:32J'étais vraiment dans ce schéma-là.
08:33Et donc, ça m'a pris des années de déconstruire ça.
08:36J'ai dû passer, malheureusement, par cette dépression pour me faire prendre conscience qu'en fait, je m'acharnais, en fait, dans ce milieu-là.
08:44C'était comme si, pendant des années, j'essayais de faire rentrer un rond dans un carré.
08:48Et ça ne marche pas.
08:50Donc, c'est vrai que j'ai entamé, finalement, le fond du problème.
08:53C'était que je pense que quelque chose m'animait depuis des années, mais je le couvais, je le mettais de côté.
08:58Et donc, il a fallu progressivement déconstruire ça.
09:00Et une fois que j'ai compris, comment dire, que ça a été cette prise de conscience-là de me dire, en fait, peut-être un environnement-là, je suis peut-être efficace dans ce que je fais.
09:09J'ai peut-être une évolution, bien sûr.
09:11C'est peut-être sécurisant.
09:12C'est peut-être confortable.
09:13Mais en fait, moi, j'ai envie d'aller voir ailleurs.
09:16C'est sécurisant.
09:17C'est très important.
09:18Alors, vous avez déconstruit cette sécurité et vous avez basculé vers autre chose.
09:22Est-ce que vous avez été aidée ?
09:24En pas tant.
09:26Encore par la médecine du travail.
09:28Alors, médecine du travail, je ne sais pas s'il y en a dans la salle, mais vraiment, merci.
09:32C'est vrai que le premier m'a autorisé quelque part à prendre du temps pour moi, à faire ce que j'aime.
09:37C'est donc de là que j'ai démarré l'écriture et la scène, en parallèle de mon métier chez Total.
09:43Et la seconde dépression, là, c'était vraiment, j'avais un spectacle, j'avais une écriture.
09:47Je me régalais déjà sur les scènes, mais je continue à travailler la journée.
09:51Et un médecin du travail m'a dit, mais vous savez, Lucie, si vous aimez la scène, vous avez le droit d'essayer d'en vivre.
09:57Et alors là, qu'un médecin me dise ça, je me suis dit, mais quelque part, en fait, je peux.
10:01Donc, vraiment, cette phrase-là, qu'aucun manager m'a dit, qu'aucun proche ne m'a dit, cette phrase-là, dans ce que, quelque part, un médecin, pour moi, c'est presque une institution.
10:13On a quand même les blouses blanches.
10:14Je me dis, s'il y a quelqu'un qui a fait des études, qui porte une bouche, qui me dit, Lucie, raisonnablement, tu peux, peut-être je peux.
10:21Donc, c'est à partir de ça, effectivement, où j'ai concrétisé le projet de la reconversion.
10:27Et puis, ça s'est fait petit à petit.
10:29J'ai lancé un spectacle, j'en ai réécrit en second, j'ai fait des vidéos.
10:32Maintenant, je suis un peu sur France Inter.
10:34Mais c'est vrai qu'il a fallu du temps et je pense qu'il a fallu, ça a été compliqué pour moi de déconstruire, un peu de changer de rail.
10:42C'est-à-dire que j'avais l'impression que j'étais sur les rails de, on fait des études, on fait un bac plus 5, on rentre dans une boîte du 4,40, on a le CDI, on évolue, manager, et puis après, c'est la retraite.
10:52Et moi, je me dis, mais la retraite, déjà, c'est un peu loin.
10:55Et ensuite, c'est vrai, ce qui m'anime profondément, ce qui, à un moment de, comment dire, de ma carrière du 4,40, m'a fait me lever.
11:05À une époque, moi, quand j'étais la dernière phase de dépression, c'était très compliqué.
11:09Une fois, j'avais une collègue qui m'a dit, mais Lucie, pourquoi tu te lèves le matin ?
11:12Ben, je ne sais pas. Je ne savais plus pourquoi je me levais.
11:15Et c'était une, j'avais une lourdeur permanente sur moi.
11:18Et c'est un moment de vulnérabilité assez immense.
11:22C'est-à-dire que c'est même culpabilisant parce qu'à ce moment-là, je me dis, mais mince, j'ai quand même un CDI, j'ai les tickets CSE.
11:29Mais au moment, ça va.
11:30Tout le monde me dit que ça va.
11:33Mais moi, je suis, comment dire, c'est à ce moment-là de réussite, enfin, comment dire, la réussite qu'on me...
11:39Qu'on vous envoie.
11:40Oui, qu'on m'envoie.
11:41Qu'on vous oblige à accepter.
11:42Exactement.
11:43Pour moi, c'est le moment...
11:44Tu ne dois qu'être heureuse.
11:45Exactement.
11:45Tu ne peux pas être...
11:47On ne comprend pas.
11:48Mais moi-même, je ne comprenais pas parce que tout le monde me renvoie.
11:51Ça ne peut qu'aller bien.
11:52Regarde le monde.
11:53Regarde, on parlait, on parle beaucoup de souffrance physique au travail.
11:57Mais c'est vrai qu'à ce moment-là, c'est culpabilisant parce qu'on se dit, mince, je suis censée être arrivée là où tout le monde peut-être rêve d'être.
12:05Et moi, je me sens profondément malheureuse.
12:07Et c'est hyper...
12:10C'est difficile d'en parler.
12:12Je suis un peu émue parce que c'est forcément se remettre dans des moments compliqués.
12:15Merci à vous du temps que vous prenez.
12:18Non, mais c'est avec plaisir.
12:20Mais c'est vrai que j'en parle en spectacle.
12:22Et plus on en parle, il y avait le documentaire aussi que moi j'ai suivi.
12:24Et quand j'en parle en spectacle, j'ai souvent des retours.
12:27Merci fortement d'en parler parce que je pense que c'est quand même des parcours et des moments de vie.
12:30Oui, parce que vous en parlez avec beaucoup d'aisance dans votre spectacle.
12:34Pourquoi ? C'est une façon aussi, comme Juliette le disait, de libérer la parole.
12:37Oui, parce que je pense que...
12:40Moi, ça a été un moment, je vous assure, c'est comme si, comme je disais tout à l'heure,
12:43je démarrais un peu cette métaphore-là, de rail, de les études, le CDI, la carrière.
12:48Et à un moment, hop, il faut changer de virage.
12:51Mais c'est dur d'amorcer ce changement de trajectoire,
12:55ce mouvement d'amorcer une autre énergie vers autre chose.
12:59Moi, j'ai eu peu de soutien de mes proches.
13:02Et c'est vrai que la médecine du travail, quelque part, a été les seules à ce moment-là à me dire que je pouvais.
13:06Donc, c'est un moment pour moi qui a été très compliqué parce qu'il a remis en question un peu un parcours.
13:12Mes parents, par exemple, quand je leur ai dit, bon, je change, je les appelle.
13:16Bon, maman, je vais changer, je vais faire troubadour.
13:18Sa première réaction, ça a été de dire, mais Lucie, avec tous les tickets, c'est ce que t'as.
13:24Donc, c'est vrai que c'est compliqué d'amorcer un changement parce qu'on se sent seul, en fait.
13:30C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de choses qui remontent.
13:34C'est mince, j'ai fait des études, c'est vrai.
13:35Est-ce que j'aurais dû faire ça depuis le début ? Est-ce que ça va marcher ?
13:41Lucie, est-ce que ça veut dire que ce schéma de reconversion que vous décrivez, il est accessible à tous ou pas ?
13:45Est-ce qu'il faut une énorme confiance en soi pour aller au-delà des tickets, du CE et du regard des parents ?
13:52Je ne sais pas s'il faut avoir de la confiance en soi.
13:55Je pense qu'il faut, moi, ça m'a rappelé, j'ai un côté un peu existentiel d'ailleurs depuis cette reconversion,
14:01ça m'a rappelé vraiment le sens que je veux donner à ma vie.
14:05C'est-à-dire que pendant longtemps, je pensais que, pas je la subissais, mais quelque part, voilà, c'était le plan, la feuille de route, c'est ça.
14:12Et je me suis dit, mince, dans la vie, je découvre qu'il y a des choses qui m'animent, qu'il y a des choses qui me font respirer,
14:18que quand je suis au plus bas, il y a des choses qui me font remonter, qui m'animent.
14:22Je me dis, là, ça me fait vibrer et que ça, on a le droit de les vivre et de se donner de la chance de les vivre.
14:30C'est d'ailleurs ce qu'on apprenait dans le documentaire de Juliette, c'est qu'au fin fond de la dépression profonde, on apprend beaucoup sur soi.
14:37Et c'est ce que disaient Camille Lacour et Florent Manodou.
14:39Est-ce que vous, vous avez appris sur vous, est-ce que vous vous connaissez mieux en raison de ce burn-out ?
14:44Ce sera ma dernière question.
14:45Oui, franchement, oui, oui. Je me rends compte que déjà, ça a été compliqué pour moi d'apprendre à dire non, de mettre mes limites.
14:51Ça, ça a été un premier apprentissage de m'affirmer. Je pense simplement de m'affirmer, de dire ça, ça me plaît de le faire et pas de le subir.
15:01Cette charge-là, ce projet-là, il m'intéresse moyen. Donc je vais me permettre de dire non, vraiment de m'affirmer.
15:07Ça a été vraiment, je ne sais pas si c'est un peu maladroit de dire ça, mais ça a été vraiment l'occasion de mieux me connaître, mais surtout de m'affirmer.
15:18De me dire, j'ai le droit de vivre des choses qui me plaisent. Voilà.
15:24Merci beaucoup. Je crois qu'on peut vous applaudir vraiment. Bravo. Merci beaucoup.
15:28Merci.
15:29Merci.
15:30Merci.
15:31Merci.
15:32Merci.
15:33Merci.

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