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Transformer des sédiments marins en carreaux pour les murs et les sols, sans cuisson : c’est le concept de GWILEN qui s’inspire de la formation naturelle des roches pour réinventer les matériaux de construction.

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Transcription
00:00Smart Ideas avec Yann Santer, bonjour.
00:08Bonjour.
00:08Bienvenue, vous êtes le cofondateur de Gwilen, créé en 2020 avec Mathieu Cabane.
00:13Et avec quelle idée ? Racontez-moi.
00:15Alors l'idée c'est de transformer les sédiments marins pour en faire des matériaux de construction.
00:19Gwilen c'est le nom en breton de la Vilaine.
00:21La Vilaine c'est le plus long fleuve breton qui prend sa source en bordure du département de la Mayenne,
00:25qui s'écoule à Rennes, Redon et se jette dans le Morbrase.
00:27Le Morbrase en breton c'est la grande mer, on connaît le Morbihan, la petite mer avec son golfe.
00:32Moi j'ai grandi sur les rives de l'histoire de la Vilaine qui s'envasent depuis les années 70
00:35parce qu'on y a construit un barrage.
00:37Donc j'ai grandi avec cette idée qu'il y avait cette problématique en tout cas d'envasement importante
00:41qui est importante aussi pour les gestionnaires de ces infrastructures.
00:45L'envasement ça existe auprès des barrages mais aussi dans les ports.
00:48Donc je me suis dit il y a là l'occasion de...
00:50Donc il y a une matière première en quelque sorte quoi, des sédiments marins c'est ça ?
00:53Exactement oui.
00:53Alors qu'est-ce que vous en faites ?
00:55Moi de formation je suis architecte ingénieur, il y a aussi une vraie problématique du secteur de la construction
00:59de trouver des nouveaux matériaux plus vertueux à la fois sur les ressources et sur l'énergie.
01:03Et donc j'ai travaillé à développer un procédé qui permette de solidifier ces sédiments de dragage
01:07pour en faire des matériaux de construction.
01:10Et il a fallu innover, breveter, c'est quoi les étapes avant d'arriver à la phase actuelle ?
01:16Oui ça a été assez long, j'ai commencé les premiers essais fin 2017, on a créé la
01:20société tout début 2020 avec Mathieu.
01:22Mathieu Cabban qui est mon associé d'origine, qui est aussi architecte ingénieur et donc
01:27tous ces développements en fait nous ont permis d'avoir assez confiance dans le procédé.
01:32Donc on a lancé la société avec un argument qui nous a convaincu, c'est le volume de sédiments disponibles.
01:37En France il y a 40 millions de mètres cubes de sédiments qui sont dragués chaque année.
01:41Pour donner un ordre de grandeur un peu plus tangible, c'est le volume de la Tour Montparnasse,
01:44ça parle aux Bretons et aux Parisiens. Si on prend son enveloppe qui est extrait tous les
01:48trois jours, donc c'est un volume considérable et ça représente...
01:50Attendez, attendez, la Tour Montparnasse tous les trois jours ?
01:52Oui, qui est extrait en France. Et ça représente à peu près ce qu'on consomme en béton prêt à l'emploi.
01:57Donc on s'est dit il y a là une ressource potentielle qui est à l'échelle du problème qu'on adresse.
02:01Mais le matériau que vous créez, c'est des carreaux qui vont être utilisés dans le bâtiment.
02:07Il a les mêmes caractéristiques, il peut être utilisé de la même façon par le secteur du bâtiment ?
02:13Oui, notre objectif c'est vraiment de développer des produits substituables.
02:16Aujourd'hui effectivement nos premières applications c'est des produits de revêtement, du mur et du sol.
02:21On a un peu réinventé la tomate traditionnelle. La tomate du futur ne sera plus du sud ou d'Espagne,
02:27mais elle sera bretonne et elle sera marine. Donc on a mis au point ce procédé.
02:31On a un matériau qui est vraiment similaire à une terre cuite. Donc on a les mêmes propriétés mécaniques,
02:34les mêmes qualités de résistance thermique. On a aussi des qualités de résistance et d'inertie hygrométrique.
02:41Les terres crues par exemple ont une vraie qualité. Les bâtiments anciens régulent l'humidité dans les bâtiments.
02:46C'est une qualité aussi de notre matériau.
02:48Et pour produire ces tomates, est-ce que vous consommez beaucoup d'énergie ou pas ?
02:55J'ai un peu la réponse mais je veux bien que vous l'expliquiez.
02:57Oui, beaucoup moins que les matériaux ou les procédés traditionnels. Donc les procédés traditionnels, c'est la terre cuite ou le ciment,
03:04qui nécessitent des cuissons à très haute température.
03:06La terre cuite, c'est 1150 degrés. Le ciment, pour produire le clincaire, c'est 1450 degrés.
03:11Donc ça consomme beaucoup d'énergie.
03:13Et vous ?
03:14Notre procédé ne nécessite pas de cuisson de température.
03:16Donc on économise beaucoup d'énergie dans la phase de fabrication du matériau.
03:20Quand vous faites ?
03:21Bon, il y a un petit côté magie druidique.
03:23On est breton.
03:24Donc on a mis au point ce procédé en s'inspirant de la nature.
03:27En fait, le procédé naturel de formation des roches sédimentaires, qui s'appelle la diagénèse,
03:31transforme ces sédiments en roches sédimentaires.
03:33Nous, on s'est inspiré de ce procédé pour mettre au point notre procédé,
03:36qui du coup n'a pas de cuisson de température et émet 4 fois moins de CO2 qu'une terre cuite,
03:40et à peu près 12 fois moins qu'un béton.
03:42Bon, ça fait plein de qualités, économes en énergie, des sédiments disponibles.
03:47En plus, les grands ports, ils sont souvent à côté des grandes villes qui ont besoin de ces matières premières.
03:52Vous êtes encore un peu au stade artisanal.
03:55Comment vous allez passer à l'échelle ?
03:56Oui, on a fait ce choix de commencer par une première activité.
04:00On commercialise déjà nos produits de revêtement, mur et sol, qui sont fabriqués à Brest.
04:04Donc on transforme vraiment le sédiment brut jusqu'aux produits chimiques à envoyer chez nos clients.
04:09Ce premier atelier, ça nous permet d'éprouver notre matériau, de le tester, de le commercialiser,
04:14d'avoir des retours des clients.
04:16Et on est actuellement dans un passage vers une phase plus industrielle.
04:19L'objectif, je le disais tout à l'heure, c'est d'avoir un impact à l'échelle du secteur,
04:22de ne pas avoir un impact que symbolique.
04:24Et donc aujourd'hui, on est en train de développer des premiers partenariats avec des industriels
04:28qui souhaiteraient utiliser cette pâte sédimentaire en substitution du béton dans leurs procédés.
04:33Donc ça, c'est la prochaine étape pour Guylaine.
04:36Merci beaucoup, Yann Sonterre.
04:38Bon vent à Guylaine.
04:39Bon retour à Brest.
04:41Et je vous dis à bientôt sur Bsmart for Change.
04:44Je voudrais remercier Marie Billard, Alexis Mathieu, Juliette Muglierina,
04:48qui s'occupent de la programmation et de la production de cette émission,
04:51Pierre Loubergoni et le réalisateur Alban Jacquin, l'ingénieur du son.
04:54Je vous dis à demain pour un nouveau Smart Impact.
04:57Salut !

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