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L’Office Central de Lutte contre le Trafic des Biens Culturels (OCBC) fête ses 50 ans : un demi-siècle consacré à la traque des œuvres d’art volées, pillées ou contrefaites. À cette occasion, Art & Marché reçoit Luc Larriba, journaliste, auteur et réalisateur de documentaires, qui s’est immergé au cœur de l’Office pour en explorer les rouages de l’intérieur. De cette enquête inédite est né un projet singulier : un roman illustré, co-signé avec la dessinatrice Laure Fissore, et publié aux Éditions de La Martinière.

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Transcription
00:00Je suis ravie de recevoir Luc Larriba qui est journaliste, auteur et réalisateur de documentaires.
00:09Vous êtes entré en immersion au sein de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, l'OCBC,
00:16qui célèbre cette année ses 50 ans et à cette occasion vu publier un roman graphique qui s'appelle Trafic d'œuvres d'art,
00:22une enquête au cœur de l'OCBC en collaboration avec la dessinatrice Laure Fissor aux éditions de La Martinière.
00:28Merci beaucoup d'être avec nous.
00:30Merci à vous, bonjour.
00:32C'est une immersion, oui, c'est surtout une enquête pas à pas plus exactement.
00:38Alors justement vous allez nous raconter comment ça s'est passé, ça a commencé en 2023.
00:43Tout d'abord, petit point, explication, l'OCBC, c'est un grand titre.
00:48Est-ce que rapidement vous pouvez nous dire quelles sont les missions de cet office ?
00:53Et puis après vous allez nous raconter comment est venu ce début d'enquête, comment ça s'est passé.
00:57L'OCBC, l'Office Central de Lutte contre le Trafic des Biens Culturels,
01:02c'est l'équivalent de ceux qui luttent contre le trafic d'armes ou contre le trafic de drogue.
01:08Eux, ils s'attaquent essentiellement aux œuvres d'art volé, pillé, spolié aussi.
01:14Ils luttent et ils font surtout aussi beaucoup de prévention,
01:17c'est-à-dire qu'ils allient à la fois les enquêtes sur le terrain,
01:20mais aussi de la stratégie, ils font de l'opérationnel,
01:24des enquêtes de terrain, des enquêtes pour retrouver des œuvres d'art volées, pillées,
01:29et aussi de la stratégie, c'est-à-dire tisser des liens avec d'autres services de police
01:36en France, en Europe ou dans le monde,
01:39de manière à retrouver une œuvre d'art, mais aussi à démanteler des réseaux.
01:46Et en allant vers ce démantèlement de réseaux,
01:50c'est aussi de contrôler le marché de l'art.
01:55D'accord. Et c'était une passion pour vous ?
01:58C'est un sujet qui m'intéressait depuis très longtemps, depuis plus de 20 ans,
02:01parce qu'on en parle très peu, parce que c'est un sujet international,
02:08qu'il y a une seule police en France qui traite de ça, de ce sujet-là.
02:12Ils sont 30 enquêteurs, en Italie ils sont 300.
02:15Mais l'Italie c'est l'un des plus gros dans le monde ?
02:16C'est l'un des plus gros dans le monde,
02:18mais ils sont aussi rattachés au ministère de la Culture,
02:20alors qu'en France ils sont rattachés au ministère de l'Intérieur,
02:24mais ils travaillent aussi avec le ministère de la Culture,
02:26des Affaires étrangères, des Finances.
02:29Donc c'est quand même une entité très forte.
02:31Et en s'intéressant, en travaillant sur le marché de l'art,
02:37sur le trafic, sur les œuvres volées, pillées,
02:40ils sont amenés à être en lien avec plein de milieux différents.
02:45Ça peut être vraiment un galeriste très réputé,
02:48ça peut être un musée, ça peut être un gang de voleurs.
02:51Donc c'est vraiment une...
02:53Très transversal.
02:54C'est très transversal et c'est ça qui est passionnant,
02:56parce que ça peut être en France, en Italie, dans le monde,
02:59et puis ça peut être dans Paris 7e, comme dans une zone reculée.
03:04Donc c'est ça qui est très intéressant.
03:05Et l'objectif de votre enquête, c'est vraiment de voir comment ça se passait de l'intérieur.
03:10Pourquoi est-ce que vous avez voulu...
03:11Enfin, tout simplement, qu'est-ce que vous avez découvert de l'intérieur ?
03:14C'est vrai qu'on n'a pas forcément lu dans des articles ou vu dans des reportages.
03:20Il n'y avait aucun livre, m'intéressant au sujet depuis très longtemps,
03:23il n'y avait aucun livre qui traitait de ce sujet-là de l'intérieur.
03:27C'est-à-dire que vous allez trouver des livres d'historiens, de journalistes
03:30qui vont raconter un fait ou qui vont expliquer ce que c'est un peu que le trafic d'œuvres d'art.
03:35Dans ces ouvrages-là, il y aura un ou deux témoignages,
03:38mais il n'y a jamais eu de livre fait par des anciens de l'OCBC,
03:43comme parfois on peut trouver des anciens commissaires de la brigade criminelle
03:47qui racontent leurs faits. Là, il n'y avait rien sur l'OCBC vu de l'intérieur.
03:50Et c'est ça qui m'intéressait, c'est d'être au contact avec eux,
03:53de voir comment ils travaillent, comment ils enquêtent, jusqu'où ils vont,
03:57quelles sont leurs méthodes, mais aussi quels sont leurs freins,
04:00quels sont leurs champs d'action.
04:02Et donc, quand j'ai réfléchi à travailler ce sujet,
04:07j'ai pris contact avec eux très rapidement.
04:09Et il s'est trouvé que j'avais noté que c'est allé être le 50e anniversaire de cet office.
04:15et ils m'ont dit oui, ça a été une mise en marche, pas compliquée,
04:19mais assez longue à faire, parce que des autorisations,
04:24jusqu'où on peut aller, qu'est-ce qu'on peut dire, qu'est-ce qu'on ne peut pas dire,
04:26quelles affaires traiter, comment les traiter, comment raconter.
04:28Donc, ça a été très contrôlé.
04:31Mais après, ils se sont, j'allais dire, pliés au jeu,
04:34dans ce sens, en m'accordant une certaine confiance
04:38pour pouvoir raconter ce qu'ils faisaient,
04:40et surtout ne pas trahir, c'est d'ailleurs ne pas raconter n'importe quoi.
04:44Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous a surpris ?
04:48Vous avez dit, tiens, ça, parce que c'est vrai qu'on peut s'imaginer plein de choses
04:51au sort de l'enquête d'œuvres d'art,
04:53je me souviens qu'il y a tout un imaginaire apposé à ça.
04:56Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous a surpris dans leur manière de travailler ?
04:59Quand on parle du trafic d'œuvres d'art,
05:02des biens culturels volés, pillés,
05:03tout de suite, on a l'image soit d'Arsène Lupin, soit d'Indiana Jones.
05:06Mais en fait, quand je suis arrivé, je me suis rendu compte
05:09que c'était beaucoup d'enquêtes de bureaux,
05:13c'est-à-dire qu'ils passent énormément de temps dans leur bureau,
05:16à retracer un vol, un pillage ou une affaire,
05:24de manière à vraiment faire une procédure très carrée,
05:29pour ne pas qu'il y ait une seule faille.
05:31Donc c'est vrai qu'il y a des auditions,
05:33il y a beaucoup d'auditions, il y a beaucoup de perquisitions,
05:37il y a ce qu'on appelle du terrain,
05:39mais il y a quand même aussi beaucoup de travail en bureau.
05:41Un facteur important à l'OCBC, c'est le temps.
05:44C'est-à-dire que quand je suis arrivé,
05:46je me suis rendu compte que certaines enquêtes
05:48pouvaient se faire sur quelques semaines,
05:51quelques jours, quelques semaines,
05:52et d'autres sur la durée.
05:55Et celles qui vont se faire sur plusieurs mois,
05:57voire plusieurs années, en fait, elles vont être interrompues,
05:59ils vont en commencer d'autres,
06:00et puis la reprendre plus tard.
06:02Et puis il y en a d'autres,
06:03elles vont être faites en très très peu de temps,
06:05parce qu'ils vont avoir un indice,
06:08une écoute de bande,
06:10une perquisition, l'audition de quelqu'un
06:12qui va permettre un regroupement,
06:13et en quelques jours, ça pourrait être plié.
06:16Mais ce qui est très important chez eux,
06:18quand on arrive, moi, c'est ce qui m'a frappé,
06:20c'est vraiment l'importance de la procédure.
06:23Et vous, vous êtes resté combien de temps dans le lourd ?
06:25Un an et demi à faire la petite souris ?
06:28À peu près, oui, un an et demi.
06:30À les déranger, mais ils ont accepté que je les dérange,
06:33à poser des questions, vraiment,
06:35à discuter d'affaires importantes,
06:38de manière à raconter des affaires importantes
06:41pour pouvoir montrer les différents champs d'action.
06:46C'est-à-dire que dans le livre,
06:47on va parler du pillage qui a lieu dans des pays comme l'Égypte,
06:51on va parler du détectorisme,
06:53qui est un fléau très important aujourd'hui,
06:55ceux qui se servent d'un détecteur de métaux
06:57pour aller faire de la recherche.
06:59Parce qu'il y en a beaucoup qui font ça.
07:00Il y en a beaucoup qui font ça,
07:01mais c'est très réglementé, c'est très encadré.
07:03On ne peut pas faire de la recherche dans un champ n'importe comment.
07:05de traiter aussi d'une affaire de contrefaçon,
07:10de traiter d'une affaire classique de vol chez des particuliers
07:14et qui va jusqu'à du recel de biens culturels.
07:18Donc, c'était vraiment de montrer, dès le début,
07:21les différentes facettes de ce métier-là.
07:26Et vous avez pu voir quels outils,
07:27justement, dans leur bureau, quels outils ils utilisent.
07:29Est-ce qu'il y a des outils qui sont particulièrement pointus
07:31en termes de technologie ?
07:33Comment ça se passe ?
07:34C'est vraiment du manuel,
07:36d'essayer de comparer des photos, etc.
07:39Il y a un outil très important chez eux,
07:41c'est la base de Tréma,
07:43qui est une base où ils enregistrent.
07:46Quand il y a une plainte qui est déposée pour une œuvre volée,
07:48elle est enregistrée sur cette base-là.
07:51Donc, ils la consultent.
07:53Et en ce moment, ils sont en train de passer
07:55pour pouvoir rechercher des œuvres volées,
07:57à tout ce qui est l'intelligence artificielle,
07:59de manière à retrouver plus vite des œuvres volées,
08:01en fonction des plaintes ou des éléments qu'ils pourraient avoir.
08:04Et ça, c'est vraiment un logiciel informatique
08:08très important pour eux.
08:09Parce que sur une enquête,
08:11ils arrivent chez quelqu'un,
08:13ils font une perquisition en règle,
08:16et donc, pour de la drogue, par exemple,
08:19on va lâcher les chiens,
08:20ils vont renifler,
08:21ils vont trouver de la drogue.
08:22Pour les billets, de la contrefaçon, pareil.
08:25Mais une œuvre d'art,
08:27il n'y a pas d'odeur.
08:27Donc, une œuvre d'art, il faut la prendre,
08:29la photographier,
08:30voir si elle était volée,
08:32ou quoi, ou pas,
08:33comment, qu'est-ce,
08:33est-ce qu'elle est dans la base de données.
08:35Donc, c'est vrai que sur ça,
08:37prendre la photo,
08:38l'envoyer à quelqu'un qui est resté au bureau,
08:40vérifier qu'elle est bien dans la base,
08:41ou qu'elle fait partie des listes volées.
08:42Donc, ce logiciel-là est très important, oui.
08:46Est-ce que vous avez fait quand même un petit peu de terrain,
08:48ou est-ce qu'il y a une enquête
08:50que vous avez vue de bout en bout
08:52que vous pouvez donner en exemple assez marquant ?
08:54Je n'ai pas fait d'enquête de bout en bout
08:57parce que ce n'était pas possible.
09:00Et les quelques fois où j'ai pu aller sur le terrain,
09:02c'était vraiment sous couvert
09:03de l'autorisation de la magistrature,
09:05parce que c'est très encadré quand même.
09:08Et encore, je n'étais pas vraiment sur le terrain
09:10avec les policiers,
09:11j'étais vraiment en retrait.
09:14Moi, il y a des enquêtes, oui,
09:15qui sont très fortes, très intéressantes.
09:18Celle sur le détectorisme est vraiment intéressante
09:21parce qu'une fois de plus,
09:22c'est un fléau qu'on ne soupçonne pas aujourd'hui.
09:24Et ça peut commencer juste par une petite pièce
09:27récupérée dans un champ par quelqu'un
09:30qui va passer chez un numismat parisien,
09:32qui va aller dans un salon à l'étranger, etc.
09:35Et cette petite pièce qui pourrait valoir,
09:40qui explique aussi une civilisation,
09:41pourquoi elle était là,
09:42pourquoi elle est tombée comme ça,
09:43peut se vendre à des millions d'euros.
09:45Merci beaucoup, Luc Lariva.
09:46Je rappelle que vous êtes journaliste,
09:47auteur et réalisateur de documentaires.
09:49Et donc, vous avez réalisé avec Laure Fissor,
09:53la dessinatrice,
09:54Trafic d'œuvres d'art aux éditions de La Martinière.
09:57Et donc, je vous invite à consulter
09:59les histoires de l'OCBC
10:00que Luc Lariva a suivi.
10:02Et merci à vous toutes et tous
10:04de nous avoir suivis
10:05durant Arrêt Marché
10:06pendant toute cette année.
10:07C'était la dernière de cette saison.
10:09Et je vous retrouve l'année prochaine,
10:10en septembre 2025.
10:11Merci.

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