Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui
Lundi 30 juin 2025, retrouvez Eliza Mahdavy (Directrice de la Responsabilité Sociétale et Environnementale, Enedis), Alexandre Lemille (Directeur Général France, Anthesis), Thomas Breuzard (Directeur permaentreprise, norsys & Coprésident, B Lab France) et Fanny Picard (fondatrice, Alter Equity) dans SOMMET DE LA TRANSFORMATION DURABLE, une émission présentée par Fabrice Cousté.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00...
00:00Bienvenue au sommet de la transformation durable, édition 2025.
00:10On s'intéresse à ce sujet brûlant, qu'est-ce que l'entreprise régénérative ?
00:15Pour en parler, quatre experts autour de la table, on est ravis d'accueillir Thomas Brezard.
00:18Bonjour Thomas.
00:19Bonjour.
00:19Vous êtes directeur perma-entreprise de Norcis.
00:23Exactement.
00:23Voilà, vous allez tout nous dire sur cela, perma-entreprise.
00:25Dans un instant, à vos côtés, Elisa Madavi.
00:28Bonjour Elisa.
00:29Bonjour Fabrice.
00:29Vous êtes directrice RSE chez Enedis.
00:32Bienvenue à vous.
00:33Famille Picard, bonjour.
00:35Bonjour Fabrice Cosset.
00:36Vous êtes présidente d'Alter Equity, premier fonds à impact dans le private equity.
00:41Bienvenue à vous.
00:42Merci, oui.
00:43Et enfin, Alexandre Lemille.
00:44Bonjour Alexandre.
00:45Bonjour Fabrice.
00:46Vous, vous êtes directeur général France d'Antesis, conseil pour développement responsable.
00:51On démarre avec vous Thomas, puisque vous êtes désigné pour nous expliquer et à nos téléspectateurs
00:57ce que c'est qu'une entreprise régénérative.
00:58Alors Fabrice, je vais reprendre vos mots, sujet brûlant.
01:01Pourquoi sujet brûlant ? Parce qu'en fait, l'économie à visée régénérative part d'un
01:04constat que le monde économique d'ailleurs perçoit de mieux en mieux.
01:07C'est que le monde où les ressources semblaient infinies et peu chères est un petit peu derrière
01:12nous.
01:12Oui.
01:12De plus en plus, les filières se tendent, les chaînes de valeur et les prix augmentent.
01:16Et donc, il convient de revoir un petit peu la façon dont on utilise des ressources pour
01:19générer de l'activité économique, du chiffre d'affaires, de la rentabilité.
01:23L'économie régénérative, en fait, elle est inspirée du monde agricole au départ et
01:26des grands principes du vivant pour que de plus en plus, les ressources que l'on utilise
01:29puissent être renouvelées voire régénérées et que du coup, on retrouve une performance économique
01:34en réduisant considérablement les conséquences environnementales de ce que l'on fait.
01:37Dit autrement pour conclure, l'économie régénérative, c'est sortir d'une économie où on réduit
01:42les impacts négatifs de ce que l'on fait à une économie où l'on crée des impacts
01:46positifs.
01:46Et ça, à terme, c'est la garantie d'une économie qui sera pérenne.
01:49Très bien.
01:50Comment ça se traduit justement, Elisa, chez Enedis ? Est-ce qu'on vise à devenir une
01:55entreprise régénérative ?
01:56Enedis, tout d'abord, c'est le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité.
02:02On est une filiale à 100% du groupe EDF, mais une filiale indépendante.
02:09Et notre métier, c'est d'apporter au quotidien une électricité décarbonée à plus de 95%
02:15à 38 millions de clients.
02:17Donc, on a un rôle aujourd'hui majeur dans la transition énergétique, que ce soit sur
02:21le raccordement des énergies renouvelables, mais aussi sur l'électrification des usages.
02:26On est une entreprise à mission, la première entreprise à mission dans le secteur de l'énergie
02:31et avoir choisi cette qualité de l'entreprise à mission.
02:35Et justement, cette qualité aujourd'hui nous pousse, comme disait Thomas, d'aller au-delà
02:40de notre rôle dans la décarbonation et de rechercher l'impact positif et d'avoir
02:47une démarche circulaire de préservation de ressources.
02:52Et donc, c'est ce qu'on essaye d'appliquer dans nos process.
02:57Ce qu'on a mis récemment en place, c'est le réemploi des terres excavées dans nos
03:01chantiers de raccordement.
03:03Jusqu'ici, les terres étaient excavées, étaient considérées comme des déchets.
03:08Donc, on les jetait.
03:10Oui, aujourd'hui, on peut les jetter.
03:11Et maintenant, on les réemploie.
03:12On leur dit qu'il faut réemployer sur place.
03:14Et comme ça, on réconcilie à la fois une réduction d'impact de carbone, mais aussi
03:20on réduit considérablement l'utilisation des ressources comme du sable et du remblé.
03:26En fait, c'est faisable.
03:29Ce n'est pas toujours facile à faire, mais il faut là où il y a une volonté et un
03:33chemin.
03:34Et donc, on essaie d'appliquer ce type de pratiques vertueuses.
03:37Alors, une entreprise qui contribue à régénérer les écosystèmes.
03:40On vient de voir un exemple.
03:42Fanny Piccard, chez Alter Ecoutif, vous intéressez à ce, je ne sais pas si on peut qualifier
03:46ça de mouvement.
03:48Comment vous l'appréhendez ?
03:50Alors, nous, nous avions appelé ça à l'époque entreprise à impact, mais c'est
03:53parce que nous ne connaissions pas ce terme d'entreprise régénérative.
03:56En fait, quand je parlais d'entreprise à impact, je parlais d'entreprise à impact
03:59positif.
04:00Et c'était fondamentalement l'idée que Thomas vient très brièvement de nous expliquer.
04:07Par exemple, nous avons investi au capital d'une entreprise qui s'appelle Murphy, qui
04:11vient chez vous réparer un électroménager tombé en panne et qui n'est plus sous garantie,
04:14un four, un frigidaire, une machine à laver, pour éviter que vous n'en rachetiez
04:19un oeuf.
04:20Qu'on le jette et qu'on rachète.
04:21Et ce que nous demandons aussi à ces entreprises au capital desquelles nous investissons, je
04:26vais vous donner beaucoup d'autres exemples et je serai ravie de le faire, c'est de progresser
04:30dans leur pratique de gestion pour, comme l'évoquait Thomas, être le plus responsable
04:36possible vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes dans la durée.
04:40Donc, par exemple, Murphy, c'est une entreprise dont les réparateurs sont des salariés.
04:45Ce ne sont pas des gens qui sont ubérisés.
04:46Il lui revient à elle d'amortir le coût de ses salariés, etc.
04:51Et dans toutes les dimensions possibles de responsabilité, nous accompagnons nos participations.
04:57Par exemple, nous avons été les premières à leur demander de façon obligatoire, en
05:02fait, de procéder à un bilan carbone, de définir une stratégie de décarbonation, d'avoir
05:07au moins 30% de femmes dans leur comex, de conditionner la partie variable de la rémunération
05:13des dirigeants à des résultats RSE, etc.
05:16Donc ça, c'est des covenants, comme on dit dans votre jargon, ou c'est une obligation ?
05:19Non, c'est une obligation.
05:20Ou c'est une proposition ?
05:20Ce n'est pas un covenant.
05:22Donc, un covenant, c'est ce qui va, si on ne le respecte pas, c'est une règle qui,
05:27si elle n'est pas respectée, va rendre obligatoire de rembourser un emprunt.
05:32Là, il n'y a pas d'investissement et il y a une sanction importante sur la rémunération
05:40des dirigeants.
05:44Et les principes globalement que nous recherchons dans cette démarche de responsabilité, c'est
05:48l'idée de promouvoir la diversité et l'égalité des chances, la qualité des conditions de travail,
05:54le développement professionnel des salariés, le partage de la création de valeurs.
05:58Et puis, d'un point de vue environnemental, consommer moins, consommer mieux, polluer moins.
06:03Et d'un point de vue sociétal, engager l'entreprise dans une démarche globale de responsabilité
06:07et de citoyenneté et préserver son intérêt à long terme, en même temps que celui de
06:12ses parties prenantes.
06:14Alexandre Lemille, on termine le tour de table avec vous, directeur général de France pour
06:17Antésis.
06:18Donc, vous, vous accompagnez les entreprises qui sont dans cette démarche.
06:23Elles sont répétantes, justement, à faire cette transformation, à l'opérer, peut-être
06:26à l'accélérer ?
06:28C'est le début.
06:30C'est le début de la démarche.
06:31Antésis, c'est donc un groupement d'experts ingénieurs environnementaux et des juristes
06:37en droit humain.
06:39Et donc, on accompagne par toute une série de services les entreprises vers une économie
06:45beaucoup plus soutenable sous les limites planétaires.
06:48Et l'un des modèles sur lesquels on travaille, c'est bien sûr l'économie circulaire.
06:52L'autre, l'économie régénérative.
06:54C'est un petit peu la deuxième partie de l'économie circulaire qui a été un peu
06:58oubliée, la sphère biologique.
07:01Là où il y a le vivant et là où il va falloir cette sphère biologique qu'on entend parler
07:06qui s'effondre.
07:0770% de la biosphère s'est effondrée et comment l'entreprise va arrêter de détruire cette sphère
07:15et aller la régénérer de manière proactive.
07:19On a eu l'exemple d'Enedis sur la régénération des sols.
07:23Donc comment l'agriculture, comment les innovations de demain vont venir de nos écosystèmes tout en les régénérant.
07:30Il y a des exemples, je parlais tout à l'heure des covatives qui faisaient des objets à base de cultures de mycélium,
07:37des boîtes pour protéger des bouteilles de vin, voire des lampadaires ou autres meubles.
07:42Vous avez l'exemple de, par exemple en Angleterre, il y a une usine qui fait des betteraves
07:52et qui récupère toute la terre et toutes les pierres autour de, quand ils récupèrent les betteraves.
08:01Et en fait la terre devient du terreau, les pierres deviennent des pierres ornementales
08:06et la chaleur est récupérée dans cette usine qui font des cultures de tomates sous serre.
08:14Ils sont devenus, alors l'entreprise Bétraviaire est devenue le premier producteur de tomates en Angleterre.
08:20D'accord.
08:21Donc juste pour vous montrer qu'il y a des solutions quand vous regardez non plus votre entreprise de manière volumique,
08:27à savoir plus on fait des produits, plus on veut vendre des produits,
08:31mais plutôt de manière latérale, à savoir qu'est-ce que je peux mettre en place à chaque étape de mon entreprise
08:37pour créer des innovations régénératives.
08:40Alors justement, Thomas Brossard, votre titre a attiré notre attention.
08:43Un directeur permaculture, ça fait parler à permaculture.
08:47Qu'est-ce que c'est exactement ?
08:48Exactement, je vous propose une immersion dans la pratique de l'économie régénérative en parlant de ce modèle.
08:53Donc en fait, Norsis qui a inventé ce modèle, d'où on parle déjà,
08:56donc une entreprise familiale de 700 salariés, de services informatiques,
09:00qui est donc par définition très éloignée du monde agricole et du monde du vivant,
09:04mais qui ressentait le besoin de se réinventer pour réussir cette alliance difficile
09:08que visent tant d'acteurs économiques aujourd'hui,
09:10c'est de répondre à des enjeux sociétaux tout en étant pérenne
09:12et à continuer à être performant économiquement.
09:15Ce que nous essayons de faire et ce que nous réussissons plutôt bien à faire depuis quelques années
09:18que nous avons inventé ce modèle qui est inspiré de la permaculture
09:21et donc des principes du vivant, c'est avoir une vraie performance.
09:24Alors je vais parler en chiffres concrets.
09:26Turnover qui est près de trois fois inférieur au marché,
09:28c'est-à-dire que sur le volet humain, on arrive bien en s'inspirant de ces principes du vivant
09:32à faire en sorte que nos ressources humaines se portent mieux,
09:35soient plus efficaces, soient moins absentes, etc.
09:38Sur le volet environnemental, les rares concurrents dont j'ai trouvé des bilans carbone
09:41émettent trois fois plus de CO2 que nous, donc on est efficace aussi là-dessus.
09:44Et puis au niveau économique, en ces années difficiles,
09:47sur les cinq dernières années par exemple, Norsis est une entreprise qui a été stable.
09:50Comment on y est arrivé ?
09:51On y est arrivé parce qu'en fait on a inventé un modèle inspiré de la permaculture,
09:54qu'on a donc appelé perma-entreprise, qui reprend les principes du vivant,
09:58qui cherche en gros à concilier trois dimensions de façon indissociable,
10:01prendre soin de l'humain, préserver la planète et créer de la richesse en fixant des limites.
10:05En fixant des limites, en ne surexploitant pas les ressources, en n'épuisant pas les ressources.
10:09Et ce qu'on dit trop peu aujourd'hui, c'est que les modèles habituels, classiques, conventionnels,
10:13les modèles en fait linéaires sont très inefficaces en termes d'utilisation de ressources.
10:17Il y a plein de pertes en ligne, qui sont souvent d'ailleurs des coûts cachés,
10:19d'absentéisme, de déchets qu'on pourrait peut-être transformer, tu as donné un exemple.
10:23Et donc ce que l'on propose en fait aujourd'hui avec ce modèle,
10:26et j'en profite pour dire d'ailleurs la bonne nouvelle,
10:27c'est qu'en fait on a écrit un bouquin avec une méthode O pour que n'importe qui d'autre puisse s'en saisir,
10:32c'est que ce modèle il nous a aidé à trouver de l'efficacité et de la performance en des années
10:36où franchement la plupart des entreprises que je côtoie s'essoufflent.
10:40Oui et ça va donner des idées notamment à ceux qui ont du mal à retenir leur talent
10:44et peut-être à les recruter puisque là la vision est plutôt claire.
10:47Une question on se pose Elisa, c'est peut-être par rapport à ces initiatives,
10:52une tentative de certains de greenwashing qui est toujours dans les têtes,
10:56de se dire tiens on va se servir de cette permaculture ou de cette permentreprise
11:00pour faire passer d'autres choses, comment on évite cet écueil ?
11:05L'essentiel c'est d'être transparent, faire ce qu'on dit, dire ce qu'on fait
11:09et puis avoir aussi des salariés engagés qui deviennent aussi des ambassadeurs
11:14en fait de nos engagements, de nos initiatives.
11:19C'est très important en fait d'embarquer quand on est dans une entreprise de 40 000 salariés.
11:25On peut en faire 40 000 ambassadeurs mais il y a des conditions en fait.
11:30Déjà il faut arriver à les embarquer avec un langage limpide, clair, concret.
11:40On revient sur la préservation des ressources et économie circulaire.
11:45Je pense que là-dessus on peut avoir deux niveaux de réflexion.
11:48Ce qu'on a en ce moment à Enedis, c'est une réflexion alors très stratégique
11:53sur comment créer un circuit fermé de recyclage de cuivre en France.
11:58Mais avec ça, on embarque un maximum, une dizaine de cadres.
12:05Et l'idée, je vous ai parlé de 40 000, plus de 80% sont des agents d'exécution et de maîtrise.
12:10Donc il faut du tangible.
12:13Donc ce qu'on a mis en place, c'est depuis trois ans, et ça marche très très bien,
12:16c'est une plateforme interne de réemploi, de réemploi de matière,
12:21donc de matériel ou d'objet.
12:24Donc ça marche très très bien parce qu'aujourd'hui, ça fait partie de la fierté de nos salariés
12:29d'utiliser ça, de dire qu'on ne consomme pas, on ne commande pas du matériel neuf
12:34et on va voir si ça existe dans le réemploi.
12:37Ça peut être un transformateur, un énorme transformateur électrique,
12:40ça peut être le matériel ID, ça peut être aussi du mobilier par rapport à ça.
12:46Et rendre aussi concret leur contribution, donc ce même réemploi,
12:51avec cette plateforme, on revalorise aussi la contribution des salariés.
12:58Ça veut dire qu'on dit que c'est quoi le gain de CO2
13:01et que c'est comment le tonne de déchets évités avec leur action.
13:05Donc forcément, ça ne crée pas de greenwashing
13:09et ça crée de la fierté, de la motivation pour continuer.
13:11Voilà, on en sait un petit peu plus sur cette entreprise régénérative.
13:15Merci à nos quatre experts, Thomas Brezard, Elisa Madavi, Fanny Piccard et Alexandre Lemille.
13:19On vous donne rendez-vous très prochainement sur Bismarck.

Recommandations