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Micros-entrepreneurs : abaissement du seuil de franchise de TVA avec Nathalie Habibou, associée, Arsene.

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00:00On poursuit ce Lex Insight, on va parler du seuil de franchise de TVA pour les micro-entrepreneurs
00:15avec mon invité Nathalie Abibou, avocate au sein du cabinet Arsène.
00:19Nathalie Abibou, bonjour.
00:21Bonjour Arnaud, merci pour l'invitation.
00:23Nous allons nous intéresser à la question du seuil de franchise en base de TVA pour les micro-entrepreneurs
00:29Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste précisément ce régime de franchise en base de TVA
00:35pour les micro-entrepreneurs en France et quel était son fonctionnement avant le 1er janvier 2025 ?
00:43Alors, très bon point effectivement de commencer par l'origine et le fondement.
00:47Donc ce régime de franchise en base est un régime qui existe au sein de l'Union Européenne
00:52et plus particulièrement en France, ce régime est destiné aux entreprises,
00:58à la fois des micro-entrepreneurs ou des auto-entrepreneurs
01:01qui permet en dessous d'un certain seuil de chiffre d'affaires,
01:05notamment 85 000 euros pour les biens, la restauration, l'hébergement ou 37 500 euros pour les services,
01:13de ne pas appliquer la TVA, c'est-à-dire de ne pas facturer la TVA aux consommateurs
01:19et de ne pas avoir à déposer des déclarations de TVA subséquentes.
01:24Bien évidemment, en contrepartie, il y a quand même un impact, naturellement,
01:28du fait qu'on ne facture pas de TVA, l'entrepreneur n'a pas la possibilité de récupérer la TVA sur ses dépenses.
01:35Après, le régime est très complexe aujourd'hui, dans l'état actuel, on va dire, de la loi,
01:41puisqu'il y a plusieurs seuils, plusieurs seuils qui varient selon les secteurs d'activité,
01:46notamment d'où la nécessité de simplification qui avait été portée dans le cadre de la loi de finances pour 2025.
01:53Alors, on a vu les différents seuils au niveau français.
01:57La loi de finances pour 2024 a transposé une directive européenne du 28 février 2000
02:02qui instaure un régime de franchise de base au niveau européen à compter du 1er janvier 2025.
02:09Dans ce cas, comment coexistent les deux systèmes nationaux et communautaires européens ?
02:16Alors, effectivement, sur cette réforme qui est ici d'une directive du 28 février 2020,
02:23qui a été transposée, comme vous l'avez indiqué, dans la loi de finances pour 2024,
02:27on a un régime qui va permettre à des entrepreneurs qui ne sont pas implantés dans le pays
02:34dans lequel ils vont réaliser des services ou des livraisons de biens, de bénéficier de la franchise.
02:38Ce qui est une révolution, puisque avant, un entrepreneur qui n'était pas établi dans le pays
02:43ne pouvait pas bénéficier du régime de franchise en base qui était réservé aux sociétés établies dans le pays
02:49où on réalise les activités.
02:51Donc, désormais, il y a un double plafond pour pouvoir bénéficier de la franchise en base
02:57dans un autre État membre de l'Union européenne, à la fois un plafond global de chiffre d'affaires
03:02de 100 000 euros au global dans les États membres de l'Union européenne,
03:06et la nécessité de respecter une deuxième condition, c'est-à-dire le respect des seuils en national,
03:12notamment de la franchise en base.
03:15Je vais prendre un exemple très concret.
03:17Par exemple, une entreprise française qui n'est pas établie en Belgique,
03:21mais qui souhaite réaliser des opérations en Belgique et de bénéficier de la franchise en base,
03:25ça sera possible, même sans être implanté physiquement en Belgique, et inversement.
03:31Donc, c'est quand même une révolution au niveau européen.
03:34Et c'est peut-être ça qui avait motivé aussi, à travers la loi de finances pour 2025,
03:39de réduire, abaisser le seuil de la franchise en base en national en France.
03:44Alors justement, on va revenir sur cette loi de finances 2025
03:47qui abaisse les seuils de franchise en base de TVA pour les micro-entrepreneurs.
03:53Qu'est-ce qui a motivé le gouvernement à abaisser ces seuils ?
03:56Alors, il y avait deux motivations, en tout cas, qu'on peut entendre.
04:01Il y avait le fait potentiellement que l'abaissement était nécessaire
04:05pour endiguer des distorsions de concurrence interne.
04:10Donc, vraiment, de se dire qu'il y avait une différence de traitement potentiel
04:13entre les bénéficiaires de la franchise en base de TVA et les non-bénéficiaires
04:18de la franchise en base de TVA.
04:20Mais on a pu le voir à travers le rapport de la Commission des finances,
04:23notamment, qui avait été, on va dire, dirigé par le député Paul Midy,
04:28qu'en réalité, ce n'est pas un débat sur la TVA,
04:30puisqu'en TVA, il y a une certaine neutralité,
04:33puisque l'opérateur, et ça, c'est un point qui n'est pas souvent souligné
04:36dans le cadre des publications, c'est, aujourd'hui,
04:41le régime de franchise en base est de droit pour les personnes
04:44qui sont en dessous des seuils, mais les opérateurs ont la possibilité
04:47d'opter pour la TVA.
04:49Et ça, c'est important de le rappeler, qu'il y a une possibilité
04:52d'opter pour la TVA et de rentrer dans le régime de droit commun.
04:55Donc, ce sujet de distorsion de concurrence interne, voilà,
04:59il faut le nuancer, à mon avis.
05:01On a plus probablement des sujets économiques entre les bénéficiaires
05:04des auto-entrepreneurs et leurs droits et les entrepreneurs classiques,
05:08mais ça, c'est un pas.
05:10Et un autre volet, c'était la distorsion de concurrence
05:13sur le plan européen, de se dire qu'en abaissant les seuils,
05:18ça permettait d'être dans un contexte un peu plus favorable
05:22au niveau économique et de pouvoir, en fait, faciliter les transactions
05:28au sein de l'Union européenne.
05:30Là encore, je pense que ça vaut pour des secteurs comme le bâtiment,
05:34peut-être, parce qu'il y a beaucoup de moyens qui sont sollicités
05:38et peut-être un déplacement au titre de la libre prestation de services.
05:43C'est un peu moins vrai pour des services à la personne.
05:46Donc, on voit que cet abaissement des seuils a suscité un certain nombre
05:49de critiques.
05:51Les conséquences économiques et sociales, quelles sont-elles ?
05:54Alors, je ne suis pas spécialiste, on va dire, économique ou sociale,
05:58mais on voit à travers la TVA les conséquences assez immédiates.
06:02D'un point de vue économique, l'opérateur n'aura pas d'autre choix
06:05que sur ces deux volets.
06:08C'est soit d'augmenter les prix, mais on est en train de dire
06:12que sur une base de TVA au taux normal de 20%,
06:15ça fait augmenter les prix de 20%.
06:17Donc, on aura des opérateurs qui vont probablement,
06:21en optant pour ce choix, d'avoir des difficultés d'augmenter les prix
06:27dans un contexte un peu inflationniste, donc un impact chez les clients
06:32et de pertes potentielles de clients.
06:34Et on a, par ailleurs, aussi, le risque de se dire
06:39je ne vais pas impacter les clients et le prix que je pratique,
06:43mais plutôt je vais rogner, en fait, sur ma marge.
06:46Mais là aussi, ça peut rompre les équilibres d'un business plan.
06:50Et d'un point de vue social, on tire mécaniquement, en fait,
06:53de cet effet, on n'a plus l'équilibre, on va dire, d'un business plan
06:57et donc des risques de fin d'activité, notamment.
07:03Alors, face à ces critiques, le gouvernement a décidé
07:06de suspendre la réforme et il a annoncé une réforme
07:10plus équilibrée dans le cadre du projet de loi de finances 2026.
07:14Concrètement, quels seront les seuils effectivement applicables
07:17au 1er janvier 2026 ?
07:19Alors, je n'ai pas de boule de cristal, parce que tout est en cours
07:21de discussion. On a, effectivement, jusqu'au 31 décembre 2025,
07:26on a la possibilité d'appliquer les anciens seuils
07:28avant l'adoption de la loi de finances qui devait s'appliquer
07:31au 1er mars 2025.
07:33Il est probable, dans le cadre des discussions,
07:36et notamment en attendant la concertation,
07:38qu'on ait des seuils, on va dire, un abaissement probable
07:42sur des secteurs pour lesquels il y a, effectivement,
07:45une forte concurrence, en tout cas pour éviter
07:47des distorsions de concurrence d'avoir un abaissement.
07:50On évoquait le bâtiment, par exemple,
07:53et de maintenir, on va dire, les seuils actuels
07:55pour d'autres secteurs d'activité,
07:58comme le médical, on l'avait évoqué,
08:00ou le service à la personne, notamment,
08:02qui permettrait.
08:03Et peut-être une remarque un peu conclusive,
08:07Exactement, conclusive, c'est qu'aujourd'hui, il faut garder en mémoire
08:10que chaque État membre est libre du seuil qu'il applique.
08:14Aujourd'hui, on a une vague de seuils,
08:18notamment quand on prend l'Allemagne ou la Belgique,
08:20où on est entre 20 000 et 25 000 euros,
08:22alors que les pays du Sud, l'Espagne et l'Italie,
08:24sont proches du système ancien français.
08:27Ce sera le mot de conclusion.
08:28Merci, Nathalie Habibou.
08:29Je rappelle que vous êtes associée au sein du cabinet Arsène.
08:32Merci beaucoup, Arnaud.
08:33Tout de suite, l'émission continue.
08:35On va parler du développement des soft skills
08:37chez les professionnels du droit.

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