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Éric Plat (Atol les Opticiens) : Patrons en questions (Émission du 24/06/2025)
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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00
Bonjour Eric Plas, heureuse de vous accueillir d'un patron en question, un patron en plus à multiples facettes
00:07
parce que vous avez fait énormément de choses et c'est un univers que je découvre qui est passionnant, les lunetiers.
00:13
Alors vous avez commencé d'abord, vous êtes diplômé d'optique évidemment, ça consiste en quoi être diplômé d'optique ?
00:18
Ça veut dire qu'on apprend à faire des lunettes, on apprend à conseiller un client, on apprend à fabriquer des verres,
00:23
on apprend à fabriquer des lunettes et d'ailleurs j'ai travaillé pendant plusieurs années au tout début de ma carrière
00:28
chez un fabricant de lunettes français.
00:30
Très bien, et puis donc vous avez développé ça et vous êtes à la tête, c'est un peu une drôle de boîte quand même,
00:37
il s'agit d'une association à l'origine ?
00:39
Alors à l'origine Atoll ça veut dire Association des Techniciens Opticiens Lunetiers, c'est devenu une coopérative.
00:45
Vous avez l'idée de ça, pourquoi ?
00:47
Tout simplement parce qu'il y a des professionnels indépendants qui sont dans les villes, dans les territoires
00:54
et ces professionnels à un moment donné ont eu envie de regrouper leurs moyens pour pouvoir proposer plus à leurs clients.
01:01
C'est quoi un lunetier ?
01:03
Un lunetier c'est quelqu'un qui accueille un client, qui le conseille.
01:07
Un marchand de lunettes ?
01:08
Alors un marchand de lunettes c'est plus large que ça, il y a une fonction marchand de lunettes,
01:12
il y a une fonction technicien avec la partie fabrication des lunettes en magasin
01:16
et puis il y a une partie santé où on est capable de faire des examens de vue,
01:21
on a une délégation de tâches qui est assez récente, qui a une quinzaine d'années
01:25
et qui occasionne ensuite le remboursement des lunettes.
01:28
Alors si j'ai bien compris, il y avait moins de lunetiers à un moment donné ?
01:32
Alors oui, le nombre de lunetiers a augmenté au cours de ces 20 dernières années
01:36
parce que le nombre de porteurs a fortement augmenté.
01:39
Moi je me souviens, quand j'avais 25 ans, il y avait à peu près 45% des Français qui portaient des lunettes.
01:46
Aujourd'hui c'est 75%.
01:48
Donc ça a plus que doublé.
01:49
À cause du vieillissement ?
01:50
Oui, à cause du vieillissement et puis des usages, l'utilisation des écrans, des smartphones.
01:55
Et donc tout ça, ça modifie la vue, ça révèle les défauts visuels.
01:58
Et d'ailleurs ça révèle des défauts visuels et j'ai appris, on reviendra là-dessus,
02:02
mais j'ai appris qu'il y a des trucs incroyables qui se font maintenant avec les lunettes.
02:05
On arrive à avoir des lunettes pour dyslexiques ?
02:10
Oui, on arrive à avoir des lunettes pour dyslexiques.
02:12
Il y a deux chercheurs rennais qui ont découvert l'un des ressorts de la dyslexie
02:15
et qui ont mis au point une lampe qui aide les dyslexiques à mieux lire.
02:19
Nous, on a eu l'idée de transformer cette lampe en lunettes.
02:22
On vient d'ailleurs de sortir une étude clinique à ce sujet qui révèle l'efficacité.
02:25
Alors dites-moi comment, parce que c'est inouï.
02:27
Qu'est-ce qu'elles ont vos lunettes, par exemple ?
02:29
Imaginons que vos lunettes soient contre la dyslexie.
02:32
Alors ce sont des lunettes à verre électronique.
02:35
Avec d'un côté une batterie, de l'autre des composants électroniques,
02:40
et puis deux écrans, comme deux écrans de télévision,
02:42
mais qui sont fixés sur les lunettes, miniaturisés,
02:45
et que l'on va régler, on va régler la fréquence de ces lunettes
02:48
pour recréer un œil dominant.
02:51
Mais on ne les met que pour lire ?
02:52
Ah oui, on ne les met que pour lire.
02:53
Ah oui, on ne se bat pas dans la rue avec ces lunettes.
02:55
Non, non, non, c'est des lunettes qui vont aider les enfants dyslexiques
02:58
en plus de ce qu'ils font chez le médecin.
03:02
J'ai vu qu'il y avait des lunettes pour prévenir de la chute des personnes âgées.
03:07
Alors également, on avait mis au point il y a quelques années des lunettes
03:10
qui détectent 85% des chutes, y compris les chutes molles,
03:15
c'est-à-dire quelqu'un qui tombe de sa chaise.
03:17
C'est relié à une centrale téléphonique, ça prévient des proches.
03:21
Oui, on est extrêmement innovants chez Atoll.
03:23
Ah oui, vraiment bravo parce que personne ne sait ça.
03:25
Et donc, c'est effectivement un avenir important.
03:29
Alors, en revanche, il y a autre chose là, je pense un peu du coq à l'âne,
03:33
mais face à ces innovations technologiques incroyables,
03:37
vous avez en revanche un contrat avec l'État, entre guillemets,
03:42
puisque la lunette fait partie de l'univers de la santé.
03:44
Mais j'ai découvert que vous étiez contraint, chez un lunetier,
03:51
d'avoir combien de lunettes à 30 euros ?
03:56
Alors, on est contraint d'avoir 54 lunettes à 30 euros
03:58
pour assurer le service du 100% santé.
04:02
Et à 30 euros, c'est-à-dire 25 euros hors taxes.
04:04
Grosso modo, ce sont des lunettes qui viennent toutes de Chine,
04:07
mais de la Chine profonde, pas de celles qui fabriquent des produits de qualité.
04:10
Et donc, ces lunettes-là, si jamais on n'en a pas 54,
04:14
si, par exemple, on a 48, comme un de nos opticiens à Atoll,
04:17
eh bien, il a pris 500 euros d'amende et une menace de deux ans d'emprisonnement
04:21
et d'une amende beaucoup plus importante de plus de 1 000 euros.
04:26
Mais comment est-ce que, j'espère que vous avez vu le ministre,
04:29
je ne sais pas, écrit au ministre de l'Économie ?
04:30
Donc, ce que vous venez de me dire, c'est que le gouvernement vous impose
04:34
d'acheter des montures en Chine.
04:37
Alors, je pense qu'à l'origine, ce n'était pas l'objectif d'Emmanuel Macron
04:40
qui a lancé ça, et c'était dans son programme.
04:42
A l'origine, c'était pour permettre aux gens les plus modestes d'accéder à la lunette.
04:47
Derrière, vous avez une administration qui a déployé ça.
04:49
Et cette administration l'a déployée avec beaucoup de sévérité.
04:52
Et je trouve que l'administration française n'est pas en adéquation avec les entreprises.
04:56
On est tous d'accord, c'est dans tous les domaines.
04:58
D'ailleurs, récemment, un ancien ministre me révélait récemment
05:02
que l'administration qui est chargée de corriger les entreprises
05:05
était beaucoup plus importante que celle qui était chargée d'accompagner les entreprises.
05:09
Eh oui, eh oui. Mais non, mais ça, c'est un point précis au moment où on est en train de chercher
05:13
quand même ce qu'on peut faire pour améliorer le pays.
05:16
Je veux dire que, par exemple, une monture française,
05:19
quel est le premier prix pour avoir une monture française ?
05:21
Alors, comme celle que je porte, elle est 100% française, elle vaut 169 euros.
05:25
La monture ?
05:26
La monture uniquement.
05:27
Au lieu de 30 ?
05:28
Au lieu de 30 pour 100% santé, au lieu de 120 euros pour la moyenne du prix d'une monture en France.
05:34
Le prix moyen d'une monture, c'est 120 euros.
05:36
Donc, le gouvernement pourrait vous imposer d'avoir des montures à 120 euros,
05:40
enfin, les plus basses, le prix français.
05:42
Et je pense qu'en exigeant que ce soit français pour ce 100% santé,
05:48
il gagnerait de l'argent par rapport à l'importation en Chine.
05:51
Oui, je pense qu'il gagnerait sur la TVA.
05:53
Il gagnerait sur l'industrie qui existerait encore, parce qu'elle a complètement disparu.
05:56
Moi, quand je travaillais dans l'industrie l'une tiers en France,
05:59
il y avait plusieurs milliers de salariés qui travaillaient à la fabrication des montures.
06:02
Aujourd'hui, il n'y en a quasiment plus.
06:03
Et alors, comment vous avez fait pour développer cette marque Atoll comme ça ?
06:07
Eh bien, d'abord, on s'appuie sur un réseau de 800 opticiens.
06:11
Alors, ça, c'est vous qui êtes à l'origine du réseau ?
06:13
Oui, c'est pour moi, Éric Plat.
06:15
Ça fait 55 ans que cette coopérative existe.
06:18
Moi, ça fait 15 ans que je suis le PDG de cette coopérative.
06:21
Moi, je n'ai fait que l'accompagner dans son développement au cours de ces dernières années.
06:24
Et comme je le dis souvent, entre 2021 et aujourd'hui,
06:27
notre coopérative a fait plus de 120 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires.
06:32
Donc ça, c'est un beau résultat.
06:33
C'est grâce à une dynamique avec mon conseil d'administration
06:35
et mes cadres du COMEX que nous avons insufflés
06:38
qui nous a permis d'avoir cette belle croissance.
06:40
Écoutez, c'est formidable.
06:41
Le mot de la fin, qu'est-ce que vous souhaitez ?
06:43
En deux mots, comment voyez-vous Atoll dans deux ans ?
06:45
Moi, je vois Atoll dans deux ans comme un vrai partenaire santé visuelle
06:49
et santé auditive des Français.
06:51
Bravo.
06:53
Bravo.
06:53
C'est formidable ce que j'ai appris comme chose.
06:55
Merci.
06:55
Sous-titrage Société Radio-Canada
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