- 19/06/2025
Jeudi 19 juin 2025, retrouvez Louis Soris (avocat et fondateur, cabinet Soris Avocats), Marc Kaplan (dirigeant et fondateur, VeriQloud), Dorothée Decrop (déléguée générale, Hexatrust) et Alain Staron (Cofondateur, Artifeel) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.
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00:00Bonjour à tous, Smartech dans un nouveau studio, nouveau décor, mais on ne change pas les incontournables.
00:13On va passer 28 minutes ensemble pour débriefer les actus de la tech, les sujets et les débriefeurs.
00:19Je vous les présente juste après ça.
00:21Vous regardez Smartech et c'est le jour du débrief.
00:28On va commenter l'actualité aujourd'hui autour de la table.
00:31Dorothée Décrope, bonjour.
00:32Bonjour.
00:32Vous êtes la déléguée générale d'Exatrust, qui est le groupement des champions français dans le domaine de la cybersécurité et du cloud de confiance.
00:39En face de vous, le disrupteur Alain Staron.
00:42Bonjour Alain.
00:43Président d'Artifil, startup qui réinvente forcément la sécurité des infrastructures physiques.
00:48Et puis, avec nous également, Maître Louis Sorris.
00:51Bonjour.
00:51Bonjour.
00:52Avocat, fondateur du cabinet Sorris Avocat.
00:55On va parler ensemble de Meta.
00:57Meta et son équipe super intelligente, avec aussi cette stratégie d'intelligence artificielle d'Apple qui pose question.
01:04Et puis, l'IA qui était bien évidemment la superstar à Vivatec.
01:08On va s'intéresser aussi à l'actu cyber.
01:10Il y a eu cette panne SFR, mais on va regarder aussi sur tout ce qui se passe du côté du projet de loi Résilience et de l'Union européenne
01:16qui a adopté un cadre de gestion de crise.
01:18Mais on commence avec les annonces dans le quantique, parce qu'elles ont été nombreuses et importantes.
01:23On va s'arrêter sur l'une d'entre elles.
01:24Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, a clôturé l'événement France Quantum à Station F.
01:31Et il a annoncé à cette occasion la création d'un campus quantique défense.
01:35Alors, pour lancer la discussion, on est déjà connecté avec Marc Kaplan.
01:37Bonjour Marc.
01:39Bonjour.
01:39Vous êtes docteur en informatique avec des travaux de recherche majeurs en cryptographie quantique.
01:45Vous êtes le dirigeant fondateur de Vericlock qui développe une solution justement de cryptographie quantique
01:50pour sécuriser les données face à ces nouvelles menaces qui arrivent demain.
01:55Déjà, je voulais avoir peut-être en plateau déjà les débriefeurs avant de vous lancer, Marc, sur ce sujet que vous maîtrisez très bien.
02:00Mais vous, quand vous entendez création d'un nouveau campus, un campus quantique défense, vous dites quoi ?
02:06Super ou oh là là, un campus de plus ?
02:08Petit tour de table rapide.
02:10Alain ?
02:11Ça dépend de ce qu'on met derrière campus.
02:12En revanche, derrière quantique, oui.
02:14Il ne faut pas hésiter.
02:15Bon.
02:16Dorothée ?
02:16Les campus cyber, par exemple, et Paris Santé Campus sont déjà deux beaux exemples qui accompagnent l'écosystème.
02:23Donc, pourquoi pas ?
02:24Ok.
02:25Oui.
02:25Il faut effectivement que ça soit suivi des effets d'annonce puisque, effectivement, le quantique nécessite beaucoup, beaucoup, beaucoup d'investissement.
02:33Peut-être encore davantage de ce qui a été annoncé.
02:36Donc, effectivement, il y a beaucoup d'argent qui a déjà été mis sur la table, mais il va falloir redoubler d'efforts parce que nos amis, les Américains, les Chinois mettent beaucoup d'argent.
02:45Et je pense qu'on va devoir être à la hauteur au niveau français et par ailleurs au niveau européen puisque je pense que l'échelle européenne est aussi une échelle très intéressante sur ces sujets majeurs.
02:54Oui. Alors là, pour l'instant, donc, on est sur un campus français, on est sur un campus défense.
03:00Quelle est votre réaction, vous, Marc Kaplan, à cette annonce ?
03:04Alors, je pense que le ministère des Armées, ici, est dans son rôle qui vise essentiellement à accélérer le passage de la recherche académique à des applications.
03:15L'idée de structurer ça au sein d'un campus, c'est assez intéressant, c'est-à-dire que ça permet, je pense qu'il faut être honnête, on ne pourra jamais mettre autant d'argent que les Américains sur la table,
03:27sur un sujet qui en nécessite beaucoup, mais ça permet de trouver des alignements en rapprochant un peu tous les acteurs, en les mettant au même endroit, en les faisant interagir les uns avec les autres.
03:37Donc, dans cet esprit-là, oui, je pense que le campus, c'est d'une part une bonne idée.
03:43Et en plus, piloté par le ministère des Armées, ça fait partie de ces outils de gestion, justement, de l'innovation que le ministère des Armées met en place depuis quelques années,
03:53depuis la création de l'AID essentiellement, qui permet, on a pu voir effectivement des accélérations dans le passage, disons, du laboratoire au terrain.
04:04Alors, c'est vrai qu'à la différence du campus cyber, par exemple, qui ne dépend pas d'un ministère du tout, directement,
04:10ça donne une mission peut-être plus claire aussi au campus. C'est important d'avoir des grandes lignes, des grandes missions ?
04:18Oui, c'est très important d'avoir une stratégie, et la filière attend la stratégie nationale d'accélération cyber,
04:24qui devrait arriver au mois de juillet. Le campus cyber est un outil hybride où il y a effectivement le public et le privé.
04:33Certains ministères sont présents au campus tous les jours. Donc, effectivement, c'est, à l'image de ce nouveau campus qui pourrait se dessiner,
04:41c'est effectivement important de faire travailler les écosystèmes, qu'ils soient académiques, privés, publics,
04:46et de passer, effectivement, de la logique de la recherche jusqu'à l'application terrain.
04:51Alors, le ministre, quand il a fait sa présentation, il nous a dit, attention, ça va secouer le quantique en matière militaire.
04:58Vous êtes d'accord avec ça ? Ça va secouer ?
04:59J'imagine que ce qu'il veut dire par là, c'est en termes d'application, effectivement,
05:05comme ce qu'on a pu voir avec l'intelligence artificielle, le quantique devrait avoir des impacts aussi importants.
05:11Je suis d'accord avec ça, oui.
05:14Néanmoins, on parle quand même de choses qui se passent sur un temps long et qu'on peut anticiper,
05:20tant qu'on continue à faire, justement, travailler ensemble des acteurs du monde académique,
05:24qui, eux, ont cette vision à très long terme, des grands groupes et des startups.
05:28Tant que tout le monde travaille ensemble, on peut quand même anticiper des choses qui se passent sur un temps très long
05:33et pas se laisser surprendre. Évidemment, c'est ça qu'on veut éviter, c'est de se laisser surprendre,
05:36de voir des nouvelles annonces, un peu comme on a pu le voir avec l'intelligence artificielle générative il y a quelques années.
05:42Moi, ça m'a aussi interpellé sur le fait que, finalement, la stratégie quantique va être portée par le sujet de la défense,
05:50par le militaire. Quel signal ça donne ? Enfin, je ne sais pas, Marc Kaplan, quel est votre regard là-dessus ?
05:58C'est un bon accélérateur ? Ou toutes les forces, finalement, y compris peut-être de financement,
06:04vont être centrées sur ce sujet et ça peut être un peu dommage ?
06:10Oui, je vais vous donner une réponse qui n'est pas très satisfaisante. Ça peut être un peu dommage.
06:13Effectivement, le fait de structurer l'écosystème, c'est très important parce que ça peut, dans une certaine mesure,
06:19pallier à ce manque de financement qui peut exister en France. Néanmoins, on prend le risque, effectivement,
06:25que s'il y a une seule finalité désignée pour toutes ces entreprises, pour tous les gens du domaine,
06:33tout le monde se mettent à copier tout le monde. Là où on a besoin, en fait, au-delà de l'innovation,
06:38on a aussi besoin de créativité, de gens qui vont tester des nouvelles choses. Donc, c'est un peu le risque qu'on prend.
06:43Après, en France, on est habitué toujours à voir des choses un peu hybrides, c'est-à-dire qu'on favorise à la fois
06:50quelque chose de très élitiste et puis, en même temps, quelque chose de créatif. Voilà, on est dans une superposition
06:54quantique, effectivement. Ah ben, vous êtes à fond sur votre sujet, là, Marc. Complètement.
07:00Je vois Alain qui... De la tête. Oui, exactement. Qui n'est pas d'accord, quoi, en fait.
07:06En fait, moi, depuis longtemps, je constate que les programmes de la défense sont ceux qui portent beaucoup d'innovation.
07:13Et surtout les innovations dans le domaine fondamental. Donc, il s'agit là, du hardware, de la deep tech.
07:18Donc, il y a plusieurs intérêts à avoir la défense derrière. La première, c'est qu'effectivement, on est alignés sur un objectif,
07:24mais de tout temps, la guerre, les armes, c'est un objectif qui porte de l'innovation.
07:30Je veux dire, vous étiez tous panés, mais quand on a développé le laser disque, la diode bleue, ou quand on a tenu la diode bleue,
07:37parce qu'il y avait Reagan qui avait fait la guerre des étoiles, le bouclier des étoiles.
07:42Donc, il y a plein de retombées grand public à des programmes militaires ou associés.
07:47C'est-à-dire, le spatial, pour moi, c'est comme le militaire.
07:49Ça donne une coloration.
07:51L'Internet en vue des applications militaires.
07:53Exactement.
07:54Donc, un, c'est excellent que ce soit la défense.
07:56Excellent.
07:57Ça donne une coloration, quand même.
07:58Non.
07:59La seule coloration que ça donne, c'est qu'on sera le plus performant possible, on ira le plus loin possible.
08:04Il n'y a pas d'autre coloration.
08:06Puisque tout ce que vous regardez au quotidien, votre micro-ondes, vous savez d'où il vient ?
08:09Des radars de la Deuxième Guerre mondiale, des radars de la Deuxième Guerre mondiale.
08:13Voilà.
08:14Donc, tout ce qu'on fait, quelque part, la beauté de la défense, d'abord, c'est le temps long.
08:18Le programme d'un Mirage ou d'un Rafale, je ne sais pas combien de temps ça prend, mais sûrement très, très longtemps.
08:22Donc, ça s'inscrit bien en termes de temporalité.
08:24C'est un ministère qui sait travailler sur le temps long.
08:27C'est un ministère qui a des exigences de folie.
08:29Et donc, c'est un ministère qui va être capable de faire travailler des programmes pour aller le plus loin possible.
08:34La conséquence négative de ça, c'est que la France n'a clairement pas les moyens toute seule.
08:40Et donc, si le ministère de la Défense français adoupe ce programme-là, il va falloir qu'on s'entende avec le ministère de la Défense des autres pays d'Europe.
08:47Sinon, on n'y arrivera pas.
08:48Alors, moi, je voulais profiter d'avoir un expert du quantique pour comprendre des trucs.
08:51Alors, notamment, le ministre Sébastien Lecornu nous dit que c'est en ce moment qu'on est en train de travailler et de définir ce à quoi va ressembler le successeur du porte-avions Charles de Gaulle ou le Rafale.
09:02Donc, il ne faut pas prendre de retard et tout ça. Et notamment, il faut qu'on embarque de manière incrémentale ces capteurs décisifs.
09:09De quels capteurs quantiques parlent-ils ? De quoi s'agit-il ? Expliquez-nous.
09:13J'imagine que ce dont il parle, c'est des capteurs de type gravimètre.
09:20Bon, les capteurs quantiques en général, ce sont des capteurs qui, comme le nom l'indique, vont utiliser les propriétés de la physique quantique pour avoir une précision supérieure.
09:30Physiquement, ça utilise les mêmes principes que l'ordinateur quantique ou les réseaux de communication quantique.
09:36Donc, tout ça, la physique qui est derrière est la même. En revanche, d'un point de vue innovation strictement, on n'est pas du tout dans les mêmes niveaux de maturité.
09:45On sait que l'ordinateur quantique, ça reste encore du très long terme.
09:48Là où, par exemple, dans le domaine des capteurs, on avait une société, Mukwans, qui fabriquait justement des gravimètes quantiques,
09:54qui aujourd'hui a intégré le groupe Exane, le groupe français.
10:00Donc, on est sur des choses qui sont au contraire déjà matures et prêtes à être déployées parce que le niveau de contrôle qu'on a besoin sur les atomes,
10:09en l'occurrence, est beaucoup moins élevé, moins important.
10:13Donc, ça, c'est le niveau de maturité technologique.
10:16Après, à quoi ça sert ?
10:17Ça permet d'avoir des niveaux de précision dans la mesure qu'effectue le capteur qui est très largement,
10:23enfin, qui est plusieurs ordres de grandeur supérieurs à ce qu'on a avec des capteurs classiques.
10:27Merci beaucoup pour cette explication.
10:30Je précise que vous répondez aussi à une grande interview dans les grands dossiers de diplomatie,
10:34dans son numéro 86.
10:37Vous répondez à cette question de la France a-t-elle une carte à jouer dans la course au quantique ?
10:41Alors, vous dites d'ailleurs qu'on a l'excellence académique, mais ça, on l'entend tellement dans la tech.
10:46Mais pour tout ce qui est phase commerciale, financement, il y a encore du chemin à faire, bien évidemment.
10:51En tout cas, j'invite à lire votre interview dans les grands dossiers de diplomatie.
10:55Je voulais vous faire réagir parce qu'Alain nous dit, c'est super, la défense est porteur d'innovation.
11:00Et finalement, tout ce qu'on utilise aujourd'hui, ça vient de là.
11:03Très bien.
11:04Il y a un autre point, c'est la question de la souveraineté.
11:08Parce que quand on parle de défense, on est vraiment sur des technologies critiques
11:13où il faut absolument qu'on garde la main sur ces technologies.
11:16Et là, je voulais vous faire réagir là-dessus, est-ce que c'est un modèle qu'on devrait avoir sur l'ensemble de nos technologies ?
11:23Par exemple, sur la cybersécurité, est-ce qu'il faudrait s'adosser à une stratégie de défense
11:28pour pouvoir vraiment mettre l'accent et accélérer sur la partie autonomie et indépendance technologique ?
11:34Oui, aujourd'hui, tout le démontre.
11:36Enfin, les débats qu'on a déjà depuis de nombreuses années, mais l'accélération, ce qu'on a vu,
11:40la perte de notre souveraineté au niveau industriel qu'on a pu observer au moment du Covid.
11:45Et aujourd'hui, la semaine dernière, lors du Conseil des ministres,
11:48il y a eu une communication sur la souveraineté numérique faite par les ministres
11:51qui, aujourd'hui, mettent sur la table la préférence européenne dans les achats à la fois public, dans les achats privés,
11:57également sur les citoyens. Néanmoins, une fois qu'on l'a dit, il va falloir le décliner dans des textes,
12:05il va falloir le faire de façon prescriptrice, il va falloir trouver des axes aussi
12:10pour que les acheteurs considèrent non seulement l'industrie française et européenne comme des champions,
12:18qu'ils sont pour certains d'entre eux, ce sont des leaders, et il ne faut pas les acheter juste parce qu'ils sont européens,
12:24que ça soutient nos finances publiques, ça soutient l'industrie, mais aussi parce qu'ils ont des très belles technos.
12:29Et il faut qu'on arrête ce French bashing de toujours se dire
12:32qu'il y a des grands hyperscalers américains et ils sont très doués et on ne peut pas leur enlever ça.
12:36Néanmoins, nous avons nous-mêmes des très belles pépites, des ETI,
12:40et il faut les accompagner pour aller passer à l'échelle.
12:43Et effectivement, il faut infuser de la souveraineté, mais que ce soit pour le numérique, que ce soit pour l'industrie alimentaire.
12:50Et effectivement, le fait que le ministère des Armées ait un rôle de logisticien,
12:57ce sont les plus grands logisticiens qu'on a à notre disposition.
13:00Donc, s'ils emmènent toutes des technos, des industries,
13:05ils aideront également le monde civil à passer à l'échelle, indéniablement.
13:10Juste pour rebondir à ce que vous disiez, les Américains, effectivement, ont de super boites,
13:15mais généralement, ils le font aussi avec nos talents français.
13:18Et donc, il y a un enjeu pour nous de retenir ces talents français.
13:21Il y a un enjeu pour nous aussi de créer le marché.
13:23Et je vois qu'effectivement, il y a un certain nombre d'acteurs privés qu'il faut encourager,
13:26qui se sont positionnés sur le quantique.
13:28Il y a CMA, CGM, Renault et tout un tas de grands groupes.
13:32Et je pense qu'effectivement, ils ont un rôle à jouer pour créer l'époque et ensuite créer le marché,
13:37puisqu'effectivement, les applications du quantique, c'est sur un temps plus ou moins long.
13:42Donc, c'est bien d'avoir l'armée pour la grande stratégie, la grande vision, leur stabilité.
13:47Et puis, c'est bien aussi que ça prenne suite avec les grands groupes français,
13:52qui vont soutenir les startups qui sont excellentes, qui ont d'excellents talents, qui sont français.
13:56Et donc, je pense qu'il faut y aller à fond.
13:58Et une dernière chose, je trouve déjà que le fait d'utiliser le terme souveraineté,
14:03qui était, il y a quelques années, parfois un gros mot, c'est déjà une bonne chose.
14:07Et beaucoup plus de personnes en parlent.
14:09Ça reste compliqué.
14:10Et c'est une bonne chose.
14:11Mais au moins, on arrive à en parler de manière positive.
14:13Ça reste compliqué.
14:14Je voulais juste qu'Olivère Marcaplan, qui a du travail.
14:18Parce que lui, justement, il a une boîte dans le quantique française
14:21et qu'on a envie de soutenir.
14:23Donc, merci beaucoup pour vos éclairages, Marcaplan.
14:25Je rappelle que vous êtes à la tête de Very Cloud.
14:28Alain.
14:30Merci à tous.
14:31La guerre, finalement, n'est plus qu'une guerre de champ de bataille.
14:34Oui.
14:35Elle est beaucoup plus large que ça.
14:36Et il faut enfin qu'on appelle guerre économie.
14:38Il ne faut pas sous-estimer le mot guerre dans guerre économique.
14:40On a tous dit qu'effectivement, on était en train de se faire vassaliser.
14:43Il n'y a pas d'autre mot.
14:44Et c'est l'Europe et pas la France qui s'en sortira.
14:47Mais c'est une guerre.
14:48C'est une guerre.
14:49Il y va de la liberté, parce que si on n'a pas de moyens,
14:53on est plus libre à la fin des fins de nos populations européennes.
14:57Alors, on va passer à un sujet peut-être plus léger.
14:59Je ne sais pas encore que l'intelligence artificielle super star de Vivatech.
15:03Ce n'est pas la guerre, là.
15:04Il y avait à boire et à manger.
15:06Alors, ça s'est passé comment ce Vivatech ?
15:08Moi, j'ai trouvé ça extraordinaire.
15:09Je trouve qu'il y a eu un saut quantitatif et qualitatif par problème.
15:12Un saut quantique.
15:13Je ne voyais pas jusque là.
15:15Je n'ai pas encore vu.
15:16Mais d'une part, en nombre de visiteurs étrangers,
15:22et en niveau des interlocuteurs,
15:25je n'ai jamais fait un aussi bon Vivatech que la vie.
15:26C'est vrai que c'était une super édition.
15:28Alors, je voulais quand même surtout vous faire réagir à l'annonce de Meta,
15:32qui ne s'est pas passée à Vivatech, mais qui concerne quand même l'IA,
15:34puisque visiblement, ils sont prêts à monter une équipe super intelligente, entre guillemets.
15:39En tout cas, c'est un article du New York Times qui nous a éclairé sur la création d'un laboratoire de recherche
15:44qui serait créé à cette IA super intelligente.
15:47Est-ce que ça passe par la prise de participation quand même importante dans Scale AI ?
15:53Sans doute.
15:5414,3 milliards de dollars sont mis sur la table par Meta,
15:57ce qui lui permet d'acquérir 49% du capital
16:01et surtout s'adjoindre les services d'Alexander Wang,
16:05qui pourraient être à la tête de cette IA intelligente.
16:08C'était intéressant parce que je refais le lien avec Vivatech,
16:11parce qu'à Vivatech, on a posé la question à Yann Lequin,
16:14qui est le patron de FER, le laboratoire d'IA chez Meta,
16:18sur l'IA super intelligente.
16:21Lui, il préfère parler de spécialisation des IA.
16:24Voilà, pour lui, c'est pour ça qu'on a fait l'informatique,
16:27c'est pour ça qu'on crée les IA,
16:28c'est pour qu'elles soient super bonnes à des tâches qu'on n'a surtout plus envie de faire en fait.
16:32Comment est-ce que vous percevez à la fois ce discours de bon technologique
16:37et en même temps d'intention peut-être marketing,
16:40de nous faire croire que demain, il y aura des IA super intelligents ?
16:43Ça vous fait peur ? Ça ne vous inquiète pas plus que ça ?
16:46Oui, Cerise ?
16:47Non, moi, ça ne m'inquiète pas plus que ça.
16:49Déjà, en tant qu'avocat au quotidien, on le voit,
16:51qu'il y a beaucoup de tâches qu'on fait et qu'on ne fera plus demain
16:57et qu'on fait déjà de moins en moins.
16:59Et que vous ne regrettez pas ?
17:00Non, on ne regrette pas.
17:01Il y a juste...
17:02Mais ça, c'est plus pour ma profession et c'est peut-être en dehors du sujet,
17:04mais on se rend compte que la valeur ajoutée de l'avocat conseil et stratège,
17:09c'est ça qui devient la clé.
17:11On n'a plus le monopole du savoir, on n'a plus le monopole de l'acte.
17:15Maintenant, on a le monopole, je ne sais pas si c'est un monopole,
17:18mais en tout cas, on sera la personne qui sera la bonne personne
17:21pour accompagner les personnes dans le process, leur enlever de la charge mentale
17:25et être les bons stratèges.
17:26Et donc, c'est ça l'avocat de demain et moi, je n'ai pas peur de ça.
17:29Au contraire, c'est la partie qui m'intéresse le plus et donc je l'accueille avec joie.
17:33Alors, je voulais quand même aussi interroger l'avocat sur la possibilité
17:37parce qu'on se dit, tiens, il est en train finalement d'adopter une démarche
17:40qui ressemble à celle qu'a utilisée Microsoft avec OpenAI.
17:43Est-ce que ça peut leur éviter des procès pour situation monopolistique ?
17:49Est-ce qu'ils peuvent éviter de se retrouver face aux autorités de concurrence
17:52en prenant des participations à 49% ?
17:55C'est clairement une stratégie juridique
17:58puisque s'ils avaient fait une offre d'achat de l'intégralité de la société,
18:03ils auraient eu l'obligation de passer devant l'antitrust
18:06et il y aurait eu de grandes chances, comme sur de nombreux dossiers récemment,
18:09qui soient retoqués pour une position monopolistique.
18:13Donc, c'est pour ça qu'ils l'ont fait comme ça.
18:15Maintenant, est-ce que la jurisprudence va venir considérer
18:18qu'effectivement, on considère que c'est une acquisition claire et nette ?
18:24Parce que derrière, quand on le sait, dans la documentation juridique,
18:28il y a effectivement l'achat de 49% des parts,
18:31mais il y a un super pacte d'actionnaires qui va leur expliquer la façon dont ça va marcher après,
18:35l'exclusivité, les personnes avec qui vont pouvoir bosser,
18:38avec qui vont pas pouvoir bosser, ce qu'ils vont devoir faire avec les droits de veto, etc.
18:41Donc, il faut bien se rendre compte que tout cela sera examiné au peigne fin
18:45et qu'on aura une jurisprudence qui va nous dire prochainement si cette stratégie juridique fonctionne.
18:50À prochainement, peut-être un petit peu optimiste, parce que parfois, c'est un temps long, celui de la justice.
18:55Oui, mais ils peuvent se mobiliser assez vite, mais en tout cas, on aura quelques informations prochaines.
18:59Ce qui va aller plus vite, c'est les autres clients de ScaliEye.
19:01Eux, ils vont pas attendre.
19:03C'est-à-dire ?
19:04Google, Microsoft et tous les autres qui utilisent les services de ScaliEye
19:06avec un Meta à 49% du capital, ils ont bien compris qu'ils ouvraient leur cahier à Meta,
19:12dont ils sont quand même un peu confiants.
19:14Donc, je pense que ce qui va se passer, c'est…
19:16Parce que que fait ScaliEye ? On ne l'a peut-être pas précisé,
19:19mais en fait, ils affinent et qualifient toutes les données qui sont essentielles
19:24pour faire tourner les modèles de langage.
19:26Ils permettent de nourrir des modèles.
19:27Ils permettent de nourrir des modèles et apparemment, c'est parmi les plus forts.
19:31Mais du coup, tout le monde leur donne tous les modèles et des nouvelles qualifiées.
19:36Donc, ScaliEye a accès à l'ensemble des informations.
19:39Donc, c'est extrêmement grave.
19:40Je pense qu'ils le savaient parce qu'à mon avis, ils n'achètent pas les contrats
19:43quand ils achètent les 49% à 14 milliards.
19:46Ils achètent surtout l'équipe et d'ailleurs, c'est pour ça qu'ils disaient que…
19:48Sauf que l'effet collatéral, c'est que des contrats, ils sont là et avec pas des petits.
19:55Google a dit qu'il sort progressivement.
19:59Microsoft, je crois qu'il sortait d'un coup.
20:01Du coup, ils vont avoir besoin, tous ces gens-là, d'avoir une alternative à ScaliEye.
20:06À mon avis, ce qui va se passer, c'est que dans un premier temps,
20:08il y a des groupes qui vont se trouver à la rue qui ont néanmoins besoin d'équivalent,
20:10donc ils vont recréer un ScaliEye bis.
20:12Et effectivement, ce qui a gagné Beta, c'est acheter une super équipe.
20:16C'est acheter une super équipe.
20:17La poutre n'a donc pas fini de bouger dans l'univers de l'intelligence artificielle mondiale.
20:21Oui, alors ça se passerait toujours à Outre-Atlantique pour l'instant.
20:25Malheureusement.
20:26Un petit peu quand même chez nous, heureusement, mais pas au même niveau.
20:29Je voulais qu'on fasse un point cyber aussi.
20:31On a vu la panne SFR qui a été quand même spectaculairement longue.
20:36Pour être abonné chez eux, j'ai vraiment pas compris que ce soit aussi long de remettre le service en état de marche.
20:45Donc je me suis dit, on a quand même encore un problème, un sujet sur la résilience.
20:49Et ça tombe bien, on a un projet de loi sur la résilience.
20:52Dorothée, on en est où ce projet de loi ?
20:54On attend la fin juin ?
20:56Plutôt l'automne, il va peut-être revenir à l'Assemblée nationale.
20:59Il fait trop chaud cet été pour...
21:01C'est sûr que c'est que le calendrier est chargé.
21:05Donc pour l'instant, je crois qu'il n'est pas encore annoncé à la session extraordinaire de septembre.
21:10Donc non, on penche plutôt vers fin septembre, voire début...
21:15C'est un projet de loi qui doit transposer trois directives sur lesquelles, a priori, il n'y a pas de débat ?
21:20Non, il n'y a pas de débat, mais il y a un agenda déjà politique chargé en France depuis un petit peu plus d'un an.
21:27On avait déjà travaillé avec l'Assemblée nationale il y a un peu plus d'un an.
21:31Il n'y a certes pas de débat, puisque ce sont plutôt des directives techniques, mais il y a des mesures de transposition qui, quand même, ne sont pas simples à envisager sur le terrain.
21:42On a quand même beaucoup d'acteurs aujourd'hui qui ne sont pas encore dedans, qui vont devoir l'appliquer, qui ne sont pas complètement en fait.
21:49Vous pensez à Nice 2, par exemple ?
21:50On pense à Nice 2, principalement Nice 2, c'est-à-dire que là, on va ouvrir le spectre, on imagine, à 15 000 entités, dont certaines n'ont jamais été dans le scope d'une quelconque réglementation cyber détaillée.
22:02Et donc, ces gens-là, ces entités-là, ne sont pour certaines pas encore au fait qu'elles vont rentrer dans ces nouvelles obligations.
22:09Aujourd'hui, s'identifier en tant que telles, certes, on a annoncé 18 filières, mais nommément, les CONNAF, les CONNAS associées à ces entreprises ne sont pas connues.
22:20Les collectivités territoriales ont aussi beaucoup d'inquiétudes. Elles rentrent, certes, à partir de 30 000 habitants de collectivités, les collectivités de communes, les communes, les syndicats liés à l'eau, l'énergie et toutes les autres filières qui sont concernées.
22:36Donc, il y a quand même beaucoup d'interrogations pour elles, et surtout, comment elles vont financer ?
22:41Je pense que tout le monde a envie d'aller vers de la cyber-résilience. Ce n'est pas le sujet. Aujourd'hui, on voit bien que c'est le risque numéro un.
22:46Pour toutes les entreprises, pour toutes les entités, on l'a bien vu, SFR est tombé, il y a des marques de luxe.
22:53Google est tombé, d'ailleurs, juste avant.
22:55C'est ça.
22:56Ça arrive à tout le monde.
22:57Alors, SFR a vérifié en matière de cyberattaque ou pas, mais néanmoins, on voit bien que sur les aspects d'investissement,
23:05les gens ont très envie d'y aller, mais ils ont envie d'y aller accompagnés, ils ont envie d'être accompagnés humainement.
23:12Il manque de ressources humaines, il manque de financement, il manque de visibilité.
23:17On parle de trois ans pour pouvoir se mettre en conformité, mais en fait, on ne s'y met pas trois ans moins un jour.
23:24Il faut démarrer sur les choses qui peuvent être faites d'ores et déjà, s'identifier, faire de la sensibilisation près de ses équipes, les COMEX,
23:31puisque c'est prévu par la future directive et puis mettre les premières actions qui sont faciles à mettre.
23:36Et puis après, il faudra s'attaquer à des chantiers un tout petit peu plus longs.
23:40Donc effectivement, ça va prendre du temps.
23:42Et quand on voit arriver des réglementations nouvelles comme ça, j'imagine la réaction, c'est de se dire plus tard ça arrive, mieux c'est ?
23:49En fait, c'est le seul cas où je ne suis pas d'accord avec ça, justement.
23:52La réglementation, je trouve qu'il faut laisser la place aux gens pour jouer.
23:55La guerre, parce qu'on parle toujours de la même chose, c'est quand même un sujet majeur, il faut se plier.
24:00C'est bien de faire le fou, de s'amuser dans son coin, mais si on crée une brèche qui permet de faire je ne sais quoi, c'est dommage.
24:07Nous, on est une petite start-up, donc on a envie de faire joujou, mais dès que nos clients sont des boîtes du CAC 40,
24:12ils nous demandent de respecter un paquet, parce qu'ils sont en avance sur évidemment le texte de loi,
24:17mais ils nous demandent de respecter plein de choses en cyber-résidence.
24:20Et puis, plus on prend les devants, plus on est prêt à répondre justement à ces clients et la conformité, c'est quelque chose qu'il faut travailler le plus tôt possible.
24:28Ça devient même un avantage concurrentiel aujourd'hui. Il y a deux aspects.
24:31Il y a l'aspect cyber-résilience pour nos territoires, c'est-à-dire plus les entités seront conformes à un certain niveau d'exigence en cyber-résilience,
24:37plus nous tous collectivement, en tant que nation, pays, citoyenneté, on sera résilients, on pourra tous redémarrer.
24:44Et puis, à la fois, il y a aujourd'hui prendre sa gestion de risque classique et à la fois y rajouter ce risque numérique et un nouveau risque adapté à la modernisation de notre société.
24:55Et en fait, il faut quelque part le banaliser, c'est-à-dire il faut qu'il soit géré comme tous les autres risques que vous avez dans les entreprises.
25:04Et donc, ça suppose juste de le cartographier comme tous les autres et de le visualiser de façon annuelle et d'avoir des plans d'accompagnement de ce risque auprès de ses salariés.
25:17Et en fait, ça devient de la bonne gouvernance d'entreprise. Donc, ça devient à un moment donné un avantage compétitif, ça devient aussi un signe que l'entreprise est bien gérée.
25:26Ça veut dire aussi qu'il faut mettre des budgets sur la cyber, mais ça veut dire qu'il faut aussi mettre des budgets sur des conseils juridiques.
25:33Oui, en fait, ce que j'allais dire, c'est qu'il faut se mobiliser. On parle de guerre, on parle de résilience.
25:39Effectivement, il faut une mobilisation nationale pour faire en sorte qu'on puisse faire en sorte qu'on soit équipé le jour où il y a un problème.
25:46Mais je le dis en termes... Moi, je suis avocat, on est lié à une confidentialité très importante et qui est essentielle.
25:53Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on existe aussi. C'est notre privilège aussi, la confidentialité d'avocat.
25:58Quand je vois un certain nombre de cabinets, comment ils se comportent avec leurs adresses mail, etc.,
26:03je ne suis pas persuadé typiquement que des personnes qui devraient être les bons élèves en matière de cybersécurité, de confidentialité, etc.,
26:09je ne pense pas qu'on soit les mieux équipés. Donc, je pense qu'on devrait se mobiliser chacun dans nos professions.
26:16Et peut-être, je ne sais pas, le barreau de Paris, le Conseil national, des barreaux pourraient mettre à disposition un certain nombre d'avocats
26:23pour donner des consultations gratuites, faire des formations gratuites.
26:28Absolument.
26:29On peut tous se mobiliser là-dessus. Et on parlait effectivement de mobilisation nationale.
26:34Eh bien, ça peut être quelque chose qu'on peut proposer et pourquoi pas avoir cette initiative.
26:38Voilà, c'était l'initiative du jour.
26:39Super !
26:40Je n'ai aucune responsabilité, donc je ne sais pas où est-ce que ça ira, mais on pourra porter le sujet.
26:45Dorothée ?
26:45Oui, dans le même esprit, aujourd'hui, ce qu'il manque aujourd'hui à ce texte, c'est une dimension de politique industrielle,
26:52c'est-à-dire que, et de protection des données, c'est-à-dire qu'on s'attache à la sécurisation des systèmes d'information.
26:57On a assez peu, voire pas du tout, de notions autour de l'extraterritorialité et autour de la protection des données et de la façon dont on va les gérer demain.
27:06Donc ça, ça manque aujourd'hui dans ce texte. C'est effectivement pas l'objet de la directive NIS2.
27:09Néanmoins, le contexte a changé et il faut pouvoir aller trouver des solutions jusqu'au bout.
27:16Et c'est peut-être pas trop tard ?
27:17On espère, on travaille dessus, en tout cas tous collectivement, et il va falloir accompagner effectivement des PME.
27:23Et dans les plans, effectivement, pareil, l'écosystème se mobilise.
27:28Nous, par exemple, on a mis en place un autodiag gratuit, accessible sur notre plateforme qui s'appelle Exadiag,
27:32pour justement que les gens mettent un pied dans la cyber et commencent déjà à se poser un certain nombre de questions autour de leur sécurité numérique
27:41et puissent commencer à mettre des petits jalons, parce qu'on travaille encore une fois sur du temps long,
27:47mais là où je vous rejoins, on ne doit pas jouer avec la sécurité.
27:51On est réellement dans une guerre économique et sous couvert que ça se fait finalement sans champ de bataille réel.
27:59On pense qu'elle n'existe pas et en fait, c'est probablement l'un des terrains les plus actifs aujourd'hui.
28:04Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
28:06Merci Dorothée Descroppes, déléguée générale d'Exatrust, Alain Staron, président d'Artifil et Louis Sorris de Sorris Avocat.
28:13Merci à tous de nous suivre.
28:15C'était Smartech, votre grand débrief de la tech.
28:17On se retrouve très vite.
28:18Excellente journée.
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