Jeudi 15 mai 2025, retrouvez Sylvie Nourricier (Fondatrice et gérante, Les Petites Graines), Pierre Germain (Associé et cofondateur, ECUBE Strategy Consultants), Antoine Huard (Cofondateur et directeur général, Verso Energy) et Aaron Teboul (Directeur et cofondateur, CLIC&MOI;) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:14Et voici le sommaire. L'invité de notre émission, c'est Sylvie Nourissier, la fondatrice du réseau de crèches éco-responsables.
00:20Les petites graines, elle nous dira si le décret du gouvernement qui renforce l'encadrement des micro-crèches l'inquiète.
00:26Dans notre débat, on verra quelle stratégie la filière des énergies renouvelables met en place alors que les aides publiques françaises et européennes sont revues à la baisse.
00:34Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai Clique et moi, solution d'accompagnement des clients éloignés du numérique.
00:44Trois thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:52Générique
00:53L'invité de Smart Impact, c'est Sylvie Nourissier. Bonjour.
00:56Bonjour Thomas.
00:57Bienvenue. Vous êtes la fondatrice du réseau de micro-crèches, les petites graines.
01:01Tiens déjà, c'est quoi une micro-crèche ? Qu'est-ce qui définit une micro-crèche ?
01:05Alors, une micro-crèche, c'est un établissement d'accueil de jeunes enfants.
01:09Sa particularité, c'est le nombre d'enfants accueillis entre 10 et 12 enfants par crèche.
01:14Pas plus ?
01:15Non.
01:15D'accord. 10 et 12 enfants.
01:18Et les petites graines, c'est quoi ? C'est un réseau ? C'est des franchisés ? C'est quoi le principe ?
01:23C'est beaucoup de choses, en fait. Les petites graines, c'est un réseau de micro-crèches avec six crèches en propre.
01:31Et puis, on a ouvert ça à d'autres porteurs de projets, d'autres personnes qui ont envie, elles aussi, de créer une micro-crèche.
01:39Et on les invite à le faire sous la marque et sous l'enseigne Les Petites Graines.
01:45Donc, on les accompagne pendant tout le parcours de création et de gestion.
01:49Donc, c'est une franchise qui grandit, on peut dire ça comme ça ?
01:52Alors, c'est quasiment une franchise. C'est une licence de marque.
01:55Bon, pas loin.
01:55Mais voilà, c'est ça.
01:57Ça ressemble à une franchise.
01:58Et forcément, qui dit micro-crèches dit question d'actualité sur ce décret qui met fin en partie au régime dérogatoire des micro-crèches.
02:09Il a été signé le mois dernier et il rentrera en vigueur en septembre 2026.
02:14Comment vous avez réagi ? Qu'est-ce que ça change pour vous ?
02:16Alors, ce décret, il était à la fois attendu et craint.
02:22On dérogeait depuis la phase d'expérimentation des micro-crèches de 2007.
02:29Parce que la création des micro-crèches remonte à 2007.
02:34Et donc, on dérogeait un certain nombre d'obligations, notamment en termes d'encadrement.
02:40Donc là, nous sommes maintenant logés à la même enseigne que les autres structures d'accueil aux jeunes enfants,
02:47à savoir deux personnes systématiquement pour accueillir les enfants.
02:51C'est ce que vous ne faisiez pas ?
02:53Si on prend votre cas particulier, les petites graines,
02:56quel taux d'encadrement vous garantissiez ou garantissiez aux parents qui viennent chez vous avec leur bébé ?
03:02Alors, déjà, notre obligation légalement, c'est un adulte pour trois enfants.
03:08Et dès que le quatrième arrive, il faut obligatoirement une deuxième personne dans l'équipe.
03:14Donc moi, mes horaires d'ouverture, c'est 7h30, 19h30.
03:18C'est une grosse amplitude horaire.
03:20Donc de 7h30 à 8h, j'avais une professionnelle seule parce que j'avais un, voire deux enfants.
03:27Et puis ensuite, le soir, de 19h à 19h30, il n'y en avait plus qu'une.
03:32Parce qu'exceptionnellement, il y avait un enfant qui était là jusque 19h30.
03:35D'accord. Donc vous adaptez aussi en fonction des horaires et du nombre de bébés dans la journée qui vont être présents dans la crèche.
03:45Là, vous avez 18 mois pour vous adapter. Donc ça veut dire que ça ne va pas être si compliqué que ça ?
03:49Alors, pour moi, ce n'est pas très compliqué parce que j'avais déjà un gros taux d'encadrement.
03:55J'avais beaucoup de personnel. Donc à une demi-heure près, le matin et le soir, ça ne va pas changer.
04:01Mais il y a aussi une question de niveau de qualification du personnel qui rentre aussi dans ce décret qui a été signé en avril dernier.
04:09Oui. C'est là où ça a fait grincer les dents.
04:13Pourquoi ?
04:13Parce qu'en fait, il y a un sentiment d'injustice pour les professionnels de la petite enfance qui ont un CAP petite enfance.
04:21Et en fait, ces titulaires du CAP ne pourront pas rester seuls avec des enfants.
04:29Alors qu'une auxiliaire de puriculture ou une éducatrice de jeunes enfants, elle peut le faire.
04:34Et donc, c'est vécu comme une injustice par celles et ceux qui ont ce CAP.
04:37C'est vécu comme une injustice. Et puis, elles ont l'impression qu'on a dégradé leur diplôme.
04:42Alors, je vous ai invité parce que vous mettez en place un certain nombre d'actions pour limiter l'impact de vos crèches.
04:49Par exemple, on va démarrer par ce qui est évidemment central dans une crèche, les couches culottes.
04:53Vous avez choisi des couches lavables. Pourquoi ?
04:56Alors, il faut considérer qu'un enfant va émettre environ une tonne de déchets jusqu'à...
05:07Avant d'être propre. 5 000 couches jetables avant d'être propres, ça représente une tonne de déchets.
05:12Alors, si vous multipliez ça par 10 ou 12 enfants par crèche fois 6 crèches, ça commence à avoir un sérieux impact.
05:21tout en sachant que ces couches jetables qu'on met dans la poubelle, elles sont soit incinérées, soit enfouies.
05:28Il n'y a pas d'autre solution de traitement de ces déchets-là.
05:30Alors, il y a quelques entreprises qui commencent à essayer d'en faire du compost, etc.
05:35Bon, bref, ce n'est pas si simple.
05:37C'est très compliqué.
05:38Et en plus, il faut énormément d'eau pour fabriquer les couches.
05:42Donc, nous, on a pris la décision de passer aux couches lavables, mais en étant très attentives à ce que ça ne représente pas une charge de travail
05:53ni une charge mentale supplémentaire pour les professionnels de nos crèches.
05:57Donc, ça suppose une logistique dédiée à ça, j'imagine.
06:00C'est ça. J'ai une personne qui, tous les jours, fait sa tournée pour récupérer les couches sales et ramener les couches propres de la journée dans chaque structure.
06:09D'accord. Et donc, c'est une couche... Pardon, je pose des questions vraiment de Béossia, mais une couche lavable, c'est réutilisable combien de fois ?
06:18Comment vous... Parce qu'il y a un modèle économique aussi. Comment vous rentabilisez tout ça, quoi ?
06:21On considère qu'elle peut avoir une durée de vie d'à peu près 3 ans.
06:25D'accord. Oui, donc c'est plutôt pas mal.
06:27Mais elles sont examinées...
06:28J'imagine. Est-ce qu'elles sont meilleures pour la santé des bébés aussi ?
06:32Alors, il y a clairement des études qui avaient été faites sur la composition des couches jetables, qui étaient quand même pas clean.
06:41Là, en fait, il n'y a rien dedans. Ce n'est que du tissu. Il n'y a aucun produit chimique. Il n'y a pas de perturbateurs endocriniens.
06:51Pardon, il n'y a rien de tout ça. Donc, en termes de santé, aucun souci, aucun risque.
06:57Alors, autre action, autre levier pour améliorer l'impact de vos crèches sur les repas des bébés.
07:04Quelle nourriture vous leur proposez ? Quel choix vous avez fait ?
07:08Alors, quand on est aux couches lavables, vous imaginez bien que la nourriture, ça ne peut être que du 100% bio.
07:14Ça a du sens. On a un fournisseur, donc dans les Hauts-de-France, qui ne travaille quasiment qu'avec des producteurs locaux
07:23et qui ne fabrique que des repas pour les enfants en crèche et qui est 100% bio.
07:30Ça veut dire que vous avez banni les petits pots de l'industrie agroalimentaire ?
07:34Complètement.
07:35Dès le début ?
07:35Alors, on a ce qu'on appelle un stock tampon. C'est-à-dire qu'on ne sait jamais si le livreur a un problème, une panne de camion sur la route qu'il ne peut pas livrer.
07:46Il faut quand même nourrir les bébés.
07:47Voilà. De pots, d'assiettes, etc. Mais qui sont, elles aussi, 100% bio.
07:52D'accord.
07:52Donc, voilà. Mais sinon, c'est en liaison froide. Donc, ce sont des repas frais livrés tous les jours.
07:58Est-ce que, vous disiez, le réseau grandit avec une licence de marque, etc. Est-ce que vous tenez aussi cet objectif ailleurs que dans les Hauts-de-France, votre berceau d'origine ?
08:10Alors, pour moi, c'est indispensable de garder tout ce concept lié à une consommation vertueuse. En tout cas, vertueuse, mais qu'on réfléchit.
08:24On ne peut pas toujours tout faire très bien, mais on fait du mieux qu'on peut. C'est l'idée du colibri qui fait sa part. Donc, nous faisons notre part.
08:34Et c'est pour ça, en fait, qu'on reste dans les Hauts-de-France. On ne va pas aller s'étendre au niveau national parce que les Hauts-de-France, c'est une région que je connais bien.
08:43Je connais les politiques locales. Je connais aussi les habitudes des parents, des familles. Et c'est ma zone de confort, oui, clairement. On ne va pas se le cacher.
08:54On continue. Donc, on a parlé des couches. On a parlé des repas. Sur les produits d'hygiène, les produits d'entretien, là aussi, il y a un levier évident.
09:01Alors, moi, je vais penser, on a parlé des déchets. Par exemple, les déchets plastiques. Comment vous réduisez la part de déchets plastiques dans vos crèches ?
09:09Alors, toutes les crèches sont soumises. Il y a des règles d'hygiène, vous imaginez bien, assez drastiques.
09:16Et on a, pendant des années, utilisé tous les produits chimiques possibles, imaginables, pour désinfecter.
09:24Il faut que les sols soient désinfectés. Sauf que moi, c'est des produits, par exemple, qui ne me réussissent pas. Il y a certains produits, je sais très bien qu'ils ont été utilisés.
09:32Et je ne suis pas sûr qu'ils me fassent du bien. Donc, pour des bébés...
09:34On est bien d'accord. Et les bébés sont encore plus sensibles que nous.
09:38Parce qu'ils sont au sol.
09:40Ils sont au sol, c'est vrai.
09:41Exactement. Et alors, moi, il y a quelques années de ça, j'avais déjà des produits qui étaient éco-certes, bio, écolo, enfin bref, avec un tas de labels, et qui étaient concentrés.
09:51Et donc, on les remplissait dans un contenant. Et en remplissant le contenant, j'ai une salariée qui a été brûlée.
10:00Le produit a traversé le t-shirt et lui a brûlé la peau. Et ce produit était labellisé contact alimentaire. Et on lavait les sols avec ça.
10:12Et je me suis dit, même si on le dilue beaucoup, etc., comment ce produit qui arrive à brûler à travers un vêtement la peau de ma salariée peut réellement ne présenter aucun danger ?
10:26Donc, vous l'avez remplacé par quoi ?
10:27Donc, on a tout arrêté. Du jour au lendemain, je suis allée chercher des solutions simples, comme le vinaigre. Le vinaigre qui a été reconnu comme un biocide, qui est un fongicide, du savon noir.
10:40Enfin bref, les choses de grand-mère, finalement, qui marchent très bien. Et puis, on ne va pas s'arrêter là. On a des produits de bonne qualité, naturels.
10:50Et il y a toujours la question du plastique, avec tous ces bidons, ces contenants qu'on utilise et qui prennent énormément de place aussi dans nos armoires.
10:59Donc, en fait, j'ai aménagé une centrale d'achat dans un des garages qu'on avait d'une des crèches. Et là, en fait, on travaille avec un fournisseur français de produits naturels aussi pour l'entretien de la crèche,
11:18mais aussi pour les cosmétiques qu'on utilise pour les enfants. Et en fait, on est livré en flux de 20 kilos.
11:24Et vous re-remplissez.
11:25Et on remplit.
11:26D'accord. C'est du vrac, c'est simplement.
11:28Eh bien, c'est exactement ça. C'est la centrale d'achat en vrac.
11:31Merci beaucoup, Sylvie Nourissier. Bon vent à vos petites graines. On passe à notre débat, à la croissance des énergies renouvelables en question.
11:38On parle des énergies renouvelables dans le débat de ce Smart Impact avec Antoine Huard. Bonjour. Bienvenue.
11:51Vous êtes le cofondateur, directeur général de VersoEnergie. Et Pierre Germain, bonjour.
11:55Bonjour.
11:55Associé, cofondateur de eCube, stratégie consultante. Quelques mots de présentation pour commencer. VersoEnergie.
12:01VersoEnergie, déjà, merci pour votre invitation. VersoEnergie, c'est un énergéticien dont l'ambition est de décarboner les secteurs qu'on juge impossibles à décarboner,
12:13notamment l'industrie, le transport aérien ou maritime, et de faire ça en connectant la production d'électricité renouvelable, qui est abondante, compétitive,
12:22et la production de molécules de synthèse, c'est-à-dire des molécules comme l'hydrogène ou les carburants synthétiques qui peuvent demain remplacer les carburants fossiles
12:30ou les produits fossiles qui servent dans l'industrie et dans le transport aérien et maritime.
12:34Même question pour eCube. C'est quoi ? C'est un cabinet de conseil, c'est ça, dédié à un certain nombre d'enjeux, notamment l'énergie ?
12:40On est un conseiller en stratégie. On est une cinquantaine de consultants. On est à Paris, Lausanne, Bruxelles, Londres.
12:47On existe depuis une quinzaine d'années et on accompagne effectivement les entreprises du secteur de l'énergie, des différentes filières,
12:52dans l'ajustement de leur stratégie, à la nouvelle réglementation, aux nouvelles perspectives de développement de leurs activités.
13:01On accompagne également des entreprises dont le métier n'est pas de produire ou d'acheminer de l'énergie, mais de la consommer,
13:06et on les aide à mieux consommer l'énergie, à se décarboner.
13:08Avec, on va commencer par là, un constat d'inflexion, on va dire ça comme ça, Antoine Huard, dans les politiques publiques.
13:15Si je commence par le niveau européen, est-ce que vous diriez, alors évidemment, on en parle beaucoup de la globalité du Green Deal, du Parc Teuvert,
13:24on a beaucoup parlé de ça en matière d'agriculture, mais est-ce que vous dites qu'il y a moins d'ambition européenne aujourd'hui ?
13:30Je ne dirais pas ça, mais je dirais qu'effectivement, la politique énergétique, elle est toujours une sorte de balancier entre trois objectifs
13:37qui peuvent paraître contradictoires, mais qu'il faut parvenir à concilier.
13:40C'est la résilience, l'autonomie énergétique, l'indépendance énergétique, le coût, il faut que ce soit compétitif,
13:47et puis bien sûr, la décarbonation, il faut que ce soit conforme avec la trajectoire de décarbonation
13:52pour tenir les objectifs climatiques face aux dérèglements qu'on connaît bien.
13:56Et donc, il y a parfois des moments où on met plus l'accent sur un des objectifs,
14:00ça a été le cas dans la période post-Covid, il y a eu un gros accent qui a été mis sur la décarbonation,
14:06et puis maintenant, avec la situation géopolitique qu'on connaît et la prise de conscience de l'impact sur notre industrie,
14:14de la crise énergétique qu'on a traversée, il y a un retour un peu de balancier vers effectivement la priorité économique.
14:23Donc la compétitivité ?
14:24La compétitivité, la réindustrialisation, donc c'est le Clean Industrial Act,
14:28mais pour moi, ce n'est pas forcément incompatible avec la trajectoire de transition,
14:33je ne vois pas ça ni comme un retour en arrière, ni comme un renoncement,
14:37mais plutôt comme un rééquilibrage, et moi je suis personnellement...
14:42Mais si on prend l'exemple de la directive européenne CSRD, par exemple, on appuie sur le frein,
14:49Ah oui, très clairement. Alors c'était peut-être trop compliqué, on a reçu beaucoup d'entreprises qui vous disaient 800 pages, on s'y perd.
14:54Bien sûr, il y a eu des excès de complexité, mais si on regarde directive par directive,
14:58il peut y avoir des reculs par endroit, des avancées de l'autre,
15:02et ce qu'il faut regarder, c'est la situation globale,
15:04et où je ne crois pas qu'il y a un renoncement d'ensemble.
15:07Et d'ailleurs, moi je suis même convaincu que si on veut la compétitivité,
15:11c'est bien les renouvelables, et ces nouveaux développements énergétiques qui peuvent nous y conduire.
15:16Donc il faut justement essayer de réconcilier ce qu'il y a souvent, malheureusement,
15:21parfois on a une tendance à opposer, le développement des renouvelables et la compétitivité,
15:26en disant les renouvelables coûtent cher, le fossile ne coûte pas cher,
15:28en fait c'est plus compliqué que ça.
15:29Les renouvelables aujourd'hui sont dans beaucoup de cas d'usage plus compétitifs que les énergies fossiles.
15:33Alors il y a des explications, il y a des causes, Pierre Germain,
15:36notamment des raisons politiques, on peut parler évidemment des résultats des élections américaines,
15:43mais aussi des européennes au mois de juin dernier.
15:45Oui, absolument.
15:48C'est ce que les électeurs ont demandé d'une certaine façon.
15:51Voilà, donc les politiques s'infléchissent sous l'effet de leurs états des élections,
15:54et effectivement les partis d'extrême droite portent des vues plus mesurées
15:59par rapport à ces politiques de mitigation environnementale,
16:04et donc ça se traduit par l'évolution de cette nouvelle commission européenne,
16:08sont de l'inflexion vers plus de compétitivité plutôt qu'une focalisation sur la décarbonation en tant que telle.
16:17Donc c'est la politique à la maille européenne, à la maille française,
16:21c'est évidemment un déclencheur majeur qui est l'élection de Trump aux Etats-Unis,
16:25qui a donné un signal, alors c'est pas la cause primaire, mais c'est un accélérateur.
16:29– Il a fait toute sa campagne sur le thème « Drill, baby drill »,
16:32donc relancer les forages, donc vivre les énergies fossiles.
16:35– Absolument.
16:35– Ça doit quand même inquiéter le secteur des énergies renouvelables quand vous les conseillez, non ?
16:41– Alors absolument, parce qu'il fait de cette politique énergétique un vecteur de compétitivité des Etats-Unis,
16:46au détriment de l'Europe, d'où la réaction européenne,
16:48est donc une arme dans la compétitivité internationale,
16:55mais aussi vis-à-vis de l'espace européen.
16:58On peut se dire également que c'est un levier pour lui,
17:00puisque l'espace européen cherche à se sevrer de consommation de gaz vis-à-vis de la Russie,
17:05mais que les Américains sont exportateurs de gaz.
17:08Donc basculer d'un approvisionnement russe vers un approvisionnement américain
17:11lui donne un levier supplémentaire.
17:13– Oui, effectivement. Dans les négociations sur les droits de douane,
17:16ça fait partie de ce que Donald Trump...
17:19Mais dans la balance, on a parlé de la réglementation ou de l'inflexion au niveau européen.
17:23Qu'est-ce que vous pouvez en dire, Antoine Huard, au niveau français ?
17:27Par exemple, je me souviens d'avoir travaillé avec des entreprises de l'énergie
17:33qui attendent désespérément la loi de programmation pluriannuelle,
17:36qui n'est toujours pas là, c'est ça ?
17:39– Oui, elle n'est pas là pour des raisons qui, à mon avis,
17:41tiennent plus à la situation politique actuelle d'instabilité, d'absence de majorité,
17:45qu'à une réelle volonté de renoncement sur cette question.
17:49C'est également, je pense, attribuable à un phénomène assez franco-français
17:53qui est cet antagonisme entre nucléaire et renouvelable.
17:56On voit que cette PPE, on a aussi du mal à l'accoucher
17:58à cause de cette opposition qui renaît régulièrement de ses cendres.
18:02– Il avait disparu, cette enquête ?
18:04– Il avait disparu parce qu'on a traversé une crise énergétique
18:06où tout le monde a compris à ce moment-là,
18:08en tout cas on pouvait espérer que tout le monde comprenne définitivement
18:10qu'on a besoin des deux, qu'on a besoin de nucléaire, qu'on a besoin de renouvelable.
18:12Maintenant que cette crise énergétique est quand même derrière nous
18:15au sens où on n'est plus en situation de pénurie électrique
18:18mais au contraire en situation de surcapacité électrique,
18:20certains peuvent avoir tendance à dire
18:22« ben voilà, maintenant on n'a plus besoin d'un tel ou on n'a plus besoin d'un tel ».
18:25Alors qu'en réalité, on n'est qu'au début de cette transition énergétique
18:28qui va passer par l'électrification.
18:29Et donc ce surplus électrique, c'est une richesse
18:31qu'on doit non pas considérer comme un surplus à couper
18:35mais au contraire comme un pilier pour nous permettre demain
18:38d'électrifier davantage, de réindustrialiser le pays
18:40et de produire des, si on reprend l'exemple des molécules de synthèse,
18:44de produire des carburants qui vont remplacer les importations fossiles.
18:47Et Pierre évoquait le gaz tout à l'heure
18:48mais il y a tout ce qu'on importe de manière fossile,
18:50notre électricité peut nous permettre demain de nous en affranchir.
18:53Il y a une autre, alors on a parlé des raisons politiques
18:55mais il y a les raisons économiques aussi, Pierre Germain,
18:57parce qu'on est, alors là je reste focus sur la France,
19:00mais on est quand même dans un contexte budgétaire
19:03particulièrement tendu pour ne pas dire une équation impossible.
19:08Est-ce que ça impacte aussi les politiques de financement
19:12de la transition énergétique et notamment des énergies renouvelables ?
19:16Alors c'est le sentiment que donnent les derniers arbitrages,
19:18effectivement, cette équation entre financer les retraites,
19:22l'effort de guerre, le modèle social français
19:24et la transition énergie-climat.
19:28De toute évidence, on n'a pas les moyens, il faut faire des choix
19:30et ces choix se font aujourd'hui malheureusement
19:33au détriment du futur.
19:35Concrètement, qu'est-ce que ça change ?
19:36Qu'est-ce qui est en train de ne pas se passer ?
19:38Si je peux poser la question de cette façon-là.
19:40On a évoqué effectivement les retards pris par l'adoption de la PPE,
19:43on parle de deux ans de retard, cette PPE elle devait être en vigueur
19:46début 2024, donc voter en 2023, on est deux ans plus tard,
19:49c'est une obligation législative, c'est une loi qui s'impose la France.
19:53Donc d'autres choses plus concrètes,
19:55c'est les déclarations sur les objectifs
19:58de déploiement de renouvelables électriques en France
20:02par le gouvernement, plus récemment par la commission
20:04de régulation de l'énergie, qui n'est pas une instance politique,
20:08mais qui traduit le fait qu'effectivement,
20:10il n'y a pas un décollage suffisant de l'électrification,
20:14la consommation électrique est à peine revenue,
20:17encore en retrait par rapport à la période pré-Covid,
20:20donc là où on envisageait pour décarboner un basculement
20:23sur l'électricité, la consommation d'électricité,
20:25la consommation ne suit pas, et donc les perspectives
20:28de production de nouvelles capacités électriques renouvelables
20:32ne se justifient plus, et donc la creux en tire les conséquences
20:35et suggère une réduction des objectifs.
20:38Donc ça, c'est un impact direct sur les entreprises qu'on accompagne.
20:41– Est-ce que, je vous entendais au début de l'interview
20:43être relativement optimiste sur le côté européen,
20:45est-ce que vous dites que c'est un repli conjoncturel ?
20:47– Oui, parce que quand on regarde la situation mondiale,
20:51les renouvelables ont clairement une dynamique
20:54qui va être impossible à arrêter.
20:56Ça s'impose pour des raisons de compétitivité.
20:58Le surcoût qu'on constate, il est lié à une imperfection
21:04de notre système.
21:05On fait porter au budget de l'État le coût des renouvelables,
21:08alors que ça n'a plus vraiment de sens.
21:09Il y a une demande des industriels pour acheter
21:11de l'électricité renouvelable, et on leur dit non,
21:13les parcs renouvelables doivent passer par des appels d'offres
21:15de l'État qui vont être portés par des lignes budgétaires
21:18et la facture avec une contribution sur la facture.
21:23Donc vous avez d'un côté les prix qui baissent
21:24parce qu'il y a trop de renouvelables,
21:25et de l'autre les factures des gens qui augmentent.
21:27Tout ça ne peut plus durer.
21:27En revanche, dans le monde, les renouvelables avancent.
21:30Il y a 600 gigawatts qui ont été raccordés l'an dernier.
21:32C'est plus 33% par rapport à l'année précédente.
21:34Il y aura 700 gigawatts cette année d'après les estimations.
21:37Il n'y avait même pas un gigawatt en 2006-2007.
21:39Donc vous voyez qu'on est dans une progression exponentielle.
21:42La France ne va pas faire exception à cette règle.
21:43Donc la question c'est est-ce qu'on y va
21:44avec un mécanisme de marché et de financement
21:48de ces renouvelables qui est adéquat
21:50ou est-ce qu'on reste, je dirais,
21:53enfermé dans nos luttes franco-françaises
21:56nucléaires versus renouvelables
21:57qui nous font perdre beaucoup de temps ?
21:59C'est quoi la réponse de la filière face à ce repli
22:02qui est sans doute, je suis assez d'accord avec vous, conjoncturel ?
22:04Donc effectivement, on peut peut-être être positif à long terme,
22:07mais à court terme, il y a des ajustements nécessaires
22:08pour les entreprises parce qu'il y a concrètement
22:10une baisse de l'engagement de l'État
22:12auxquelles il faut pallier.
22:14Donc si on prend l'exemple de la production
22:16d'électricité renouvelable,
22:18les mécanismes de soutien qui allaient directement
22:21à l'achat par la puissance publique de l'électricité
22:24doivent être suscités par une vente
22:25auprès de consommateurs finaux.
22:26Donc on s'engage dans le marché
22:29à trouver des clients directement.
22:31Les efforts doivent porter sur l'efficacité opérationnelle
22:33de l'exploitation de ces parcs.
22:35Ça a longtemps été négligé.
22:36La plupart des développeurs de champs solaires, d'éoliennes,
22:40l'enjeu opérationnel d'efficacité était dans le développement
22:42le plus rapide possible de capacités sécurisées du foncier.
22:46Aujourd'hui, il faut exploiter efficacement, réduire les coûts.
22:49Sur la recharge de véhicules électriques,
22:53c'est aujourd'hui peut-être un éloignement de l'horizon
22:56auquel la vente de véhicules à moteur thermique sera interdite.
23:00Et donc le plan de déploiement des bornes doit être ajusté en tant que tel.
23:04Donc il faut réviser les plans de déploiement.
23:07C'est aussi des opportunités d'ailleurs pour les entreprises.
23:09Si je reste sur le champ des...
23:11Dernier mot très rapide.
23:13Des opportunités de consolidation.
23:14Il y a des acquisitions à faire
23:15pour gagner aussi en efficacité
23:17grâce à une taille plus importante des effets d'échelle.
23:19Merci beaucoup à tous les deux.
23:21C'était passionnant.
23:22Et je vous dis à bientôt sur Bsmart4Chain.
23:24On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
23:30Smart Ideas avec Aaron Teboul.
23:34Bonjour.
23:35Bonjour.
23:35Bienvenue.
23:35Vous êtes le directeur de Cliquez-moi.
23:37Vous l'avez créé en 2021.
23:40Avec quelle idée ?
23:41C'était quoi le déclic ?
23:42Alors le déclic, c'était d'accompagner les Françaises et les Français
23:45sur les fondamentaux du numérique.
23:47Et avant de rentrer un peu plus dans le cœur du réacteur,
23:49permettez-moi d'introduire le contexte et nos deux grandes missions.
23:52Aujourd'hui, ce qu'on voit, c'est que la fracture numérique grandit de jour en jour.
23:55On a 16 millions de personnes en situation de fracture numérique,
23:59donc complètement exclues,
23:59qui ne savent pas aller sur Internet.
24:018 millions de seniors.
24:02Mais face à ça, on a aussi une accélération brusque de la digitalisation
24:07de tous les services essentiels.
24:08On parle de la santé connectée,
24:10la carte vitale qui s'est dématérialisée.
24:12Et en fait, ce qu'on voit aussi,
24:13c'est que le numérique s'est invité un peu brusquement dans la famille
24:16avec le cyberharcèlement,
24:18l'usage abusif des réseaux sociaux.
24:20Et je ne parle même pas des fraudes
24:21où aujourd'hui, c'est un Français sur deux qui se fait encore piéger.
24:24Mais ce qu'on voit, c'est que le numérique a aussi un impact fort
24:27sur les entreprises et les administrations.
24:28En fait, tout simplement,
24:30aujourd'hui, il y a de nombreux clients
24:32qui ne savent pas utiliser leur espace client
24:34et leur application en ligne.
24:35Et ça, ça représente un coût de gestion opérationnelle énorme.
24:39Et donc, vous proposez des services aux entreprises
24:42pour les aider à réintégrer
24:45celles et ceux qui souffrent de cette fracture numérique ?
24:47Exactement.
24:47Alors, chez Click & Moi,
24:48notre modèle, c'est du B2B2C.
24:51En réalité, on vend nos services en ligne ou en présentiel
24:55à des banques, des assurances, des mutuelles,
24:57des opérateurs, des collectivités, des départements
24:59pour proposer à leurs administrés, assurés, clients, adhérents,
25:04des solutions.
25:05Et donc, on a trois types de solutions clés
25:07avec la cerise sur le gâteau, c'est de l'intergénérationnel,
25:11des ateliers numériques dans 300 villes en France
25:14animés par des jeunes et des étudiants de 18 à 30 ans
25:17que nous sélectionnons, formons et nous rémunérons,
25:20l'académie Click & Moi qui couvre ici
25:21les sujets de santé connectée
25:23avec de l'intelligence artificielle et du support instantané.
25:27Et puis, notre dernière solution
25:28qui connaît la plus forte traction
25:30qu'on n'a jamais vue chez Click & Moi depuis 10 ans,
25:33c'est Click & Moi Prévention
25:34autour de ce sujet de cybersécurité
25:36avec Ernest, le premier compagnon IA
25:39de prévention cyber.
25:40Ernest, il marche comment ?
25:41Alors, Ernest, en fait, ce qui est génial,
25:43c'est qu'il est, c'est un compagnon
25:46qui accompagne sur tous les types de fraudes
25:47et donc concrètement, je peux lui transférer
25:50un mail ou un SMS, il me répond immédiatement
25:53est-ce que c'est une arnaque ou pas ?
25:54Pourquoi ? Et surtout, que faire ?
25:56Aujourd'hui, il y a un énorme trou dans la raquette
25:57en termes de prévention cyber.
25:59Mais Ernest, il va aussi bien plus loin que ça.
26:01Il est capable d'accompagner sur des mises en situation,
26:05de faire des audits personnalisés,
26:06des check-ups de sécurité.
26:08Il a un mode de protéger ma famille,
26:09justement, avec ses sujets de cyberharcèlement,
26:12de comment accompagner ses proches
26:14sur la cybersécurité.
26:16Et autour d'Ernest, on a la cyberacadémie
26:18avec des modules de formation,
26:20des webinaires en direct animés par des experts,
26:23des quiz, voilà.
26:24Vous avez dit, ça fait depuis 10 ans,
26:26parce que c'était une association
26:28avant d'être en entreprise, c'est ça ?
26:29Cliquez-moi ?
26:30Exactement.
26:31En fait, Cliquez-moi, c'est un projet de vie.
26:34Mais vous aviez quel âge ?
26:35J'avais 15 ans.
26:36Ok.
26:37C'est né de l'association Senior PC à Nice.
26:39Ça a commencé, j'allais dire tout simplement,
26:42mais pas tant que ça, finalement,
26:44en aidant ma grand-mère sur une tablette.
26:47Puis, ses sœurs, ses amis ont voulu s'y mettre.
26:50Et là, j'ai compris qu'il y avait une vraie fracture numérique
26:53qui commençait.
26:54La pandémie n'a fait qu'accélérer.
26:56Et donc, depuis 2015, finalement,
26:59je baigne dans ce monde d'inclusion numérique et sociale.
27:01Vous avez été sélectionné par le magazine Challenge
27:04parmi les 100 start-up où investir en 2025.
27:08Déjà, bravo.
27:09Merci.
27:09Vous en voyez déjà les effets ?
27:12Je ne sais pas, déjà l'intérêt médiatique,
27:14vous êtes ici, mais peut-être des investisseurs ?
27:17Bien sûr.
27:17Alors, aujourd'hui, on a été contacté
27:18par plusieurs business angels,
27:20des réseaux de business angels,
27:22des fonds d'investissement aussi,
27:24quelques-uns de l'étranger.
27:27Et aujourd'hui, c'est un sujet qui intéresse énormément
27:30puisque c'est un sujet qui est porteur.
27:32La fracture numérique, elle ne fait que grandir.
27:33On a gagné 2 millions de personnes,
27:35ne serait-ce qu'en 2 ans.
27:36Et ce sujet de prévention cyber,
27:38comme je vous l'ai dit,
27:39ça connaît une traction forte.
27:41Et on sent que ça a titillé aussi l'oreille
27:43de beaucoup de partenaires financiers.
27:46Merci beaucoup, Aaron Théboulé.
27:48Bon vent à Cliquez-moi.
27:50Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:53Je voudrais remercier Marie-Billa,
27:56Alexis Mathieu et Juliette Miliérina
27:58qui sont en charge de la programmation
28:00et de la production de nos émissions quotidiennes.
28:04Le réalisateur du jour, Théo Bosca,
28:06et l'ingénieur du son, Thibaut Goury-Lafont.
28:09Merci à toutes et à tous de votre fidélité
28:13à la chaîne des audacieuses et les audacieux.
28:16Salut !
28:16J'ai dit Théo Bosca, c'était Théo Bosca.
28:18Sous-titrage Société Radio-Canada
28:23Sous-titrage Société Radio-Canada