- il y a 3 jours
Jeudi 3 juillet 2025, retrouvez Joëlle Farchy (professeure, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Angélique Gérard (présidente fondatrice, STEM ACADEMY), Alain Staron (Cofondateur, Artifeel) et Vanessa Bouchara (Associée fondatrice, Bouchara Avocats) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.
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00:00Bonjour à tous, on est ensemble pour 28 minutes.
00:11Nous allons débriefer l'actualité avec mes commentateurs, les sujets.
00:14Tout ça, je vous présente l'entièreté du programme juste après.
00:22Cette semaine dans Smartech, dans le grand débrief, nous avons autour de la table Vanessa Bouchara.
00:27Bonjour Vanessa, je devrais dire maître d'ailleurs, avocate spécialisée en droit d'auteur.
00:33Vous êtes au cabinet Bouchara Avocat et à côté de vous, Angélique Gérard.
00:37Bonjour Angélique, vous êtes présidente fondatrice de STEM Academy et Alain Staron.
00:42Bonjour Alain, président d'Artifil.
00:44Alors voilà pour les présentations.
00:46Maintenant sur nos sujets, on va s'intéresser à une levée complètement folle,
00:51historique même pour la Silicon Valley, de The Thinking Machine Lab
00:55qui a été fondée quand même là en début d'année, il n'y a pas si longtemps, il y a quelques mois,
01:00par l'ancienne CTO d'OpenAI, Madame Murati.
01:04On va aussi parler du plan national OSEE-LIA
01:07qui a été annoncé par la ministre de l'IA et de numérique, Clara Chapaz.
01:11Et puis on va parler de Karmat, parce que pourquoi ?
01:14On n'aura peut-être pas beaucoup de temps, mais quand même pour moi c'est un crève-coeur
01:17ce qui se passe en ce moment autour du cœur artificiel.
01:19J'ai fait exprès de faire ce jeu de mots.
01:21Merci Alain de le signaler.
01:24On va commencer, cela dit, ce débrief par un autre sujet.
01:27La Gen AI pose de nouvelles questions en matière de rémunération des contenus utilisés.
01:32La ministre de la Culture, Rachida Dati, a confié le lancement de deux missions
01:37au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, le CSPLA.
01:42Un volet transparence qui doit permettre d'exiger aux plateformes d'IA un résumé détaillé de leurs sources.
01:48Et puis il y a un volet rémunération, confié à la fois Alexandra Bensamoun pour la partie droit
01:54et Joël Farchi pour la partie plutôt économie.
01:58Bonjour Joël Farchi, vous êtes connecté avec nous.
02:00Vous êtes professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l'économie des industries culturelles.
02:05Vous êtes la directrice de la chaire de recherche pluralisme culturel et étude du numérique.
02:11Et donc l'objectif de cette partie de la mission, c'est vraiment de penser qu'elle serait le cadre juste
02:16de valorisation des œuvres utilisées par les IA génératives.
02:21Première question Joël, c'est est-ce que cette IA finalement, elle change fondamentalement la donne
02:26par rapport à la première révolution numérique qui est finalement l'apparition d'Internet
02:31avec la possibilité de diffuser très très largement les contenus,
02:35de les partager entre les internautes,
02:38de créer aussi de nouvelles façons de produire de la culture.
02:42Est-ce que là, avec l'IA générative, c'est très différent en fait de cette première révolution numérique ?
02:48Oui bien sûr, c'est très différent pour une raison très simple.
02:50C'est qu'effectivement, ce n'est pas la première fois qu'il y a des contenus protégés par la propriété intellectuelle
02:55qui sont appropriés par un certain nombre de gens, ce que les ayants droit appellent du pillage.
02:59Simplement, il y a 20 ans, quand il y avait des pillages, il n'y avait pas quelque chose qu'il y a avec l'IA.
03:03C'est que l'IA, non seulement, elle absorbe des données, disons des données œuvres
03:08qui sont protégées par la propriété intellectuelle pour fonctionner,
03:10mais par ailleurs, elle produit en aval ce qu'on appelle dans le rapport des quasi-œuvres synthétiques,
03:17c'est-à-dire des quasi-œuvres, des choses qui ressemblent à des œuvres.
03:20Donc, il y a une double concurrence.
03:21Il y a à la fois le fait d'aller chercher des contenus qui sont protégés sans l'autorisation des ayants droit,
03:26et en plus, il y a cette idée que ça va faire la concurrence ensuite avec les œuvres humaines
03:33et que progressivement, il y aura de moins en moins d'œuvres humaines qui seront créées
03:37si effectivement, ça se généralise, ces contenus, ces quasi-œuvres synthétiques.
03:43Donc oui, c'est quelque chose de tout à fait différent par rapport à des formes d'appropriation
03:48que le numérique a déjà connues.
03:50En fait, oui, c'est ça.
03:51C'est qu'on se retrouve dans une situation où on va avoir une concurrence finalement
03:54des créations, des œuvres réalisées, créées par des humains.
03:59Et vous dites aussi un risque d'appauvrissement, de saturation qui va invisibiliser
04:04et qui va avoir en fait une deuxième conséquence économique sur le secteur culturel.
04:10Oui, c'est-à-dire qu'en fait, il ne faut surtout pas opposer,
04:12il y a eu beaucoup de débats qui ont opposé l'innovation dans l'IA
04:15et puis la rémunération des ayants droit.
04:17Je pense que cette opposition, elle est totalement stérile
04:20et qu'en fait, c'est dans l'intérêt à la fois des ayants droit
04:23et de l'innovation dans l'IA, de trouver des accords.
04:27Pourquoi ? Parce qu'il y a un certain nombre de travaux qui ont montré…
04:30Alors, je ne reviens pas sur le fait qu'effectivement,
04:33pour qu'il y ait de la création humaine, il faut qu'il y ait des investissements
04:34et donc il faut qu'il y ait des transferts de valeur.
04:37Mais par ailleurs, si on se place simplement du point de vue non plus des ayants droit,
04:41mais du point de vue des gens de l'IA,
04:44que ce soit les développeurs ou les déployeurs,
04:47il y a quelque chose qui a été montré dans des travaux récents
04:50de façon extrêmement claire, qui est ce qu'on appelle la dégénérescence.
04:54La dégénérescence, ça veut dire que si vous créez…
04:56Parce qu'on pourrait se dire, finalement, on va créer un monde dystopique
04:59dans lequel il n'y aura plus que des contenus synthétiques générés par de l'IA.
05:04Pourquoi pas ?
05:06Sauf qu'indépendamment de tout autre problème philosophique,
05:09ce que montrent les travaux récents,
05:11c'est que si vous alimentez les IA uniquement avec des contenus synthétiques,
05:17au bout d'un certain temps, ça appauvrit les résultats que vous créez.
05:21Et donc, vous avez besoin d'une certaine dose de contenu humain un peu destructif
05:25pour alimenter les IA.
05:26Sinon, il y a de la dégénérescence et sinon, finalement,
05:29les modèles vont s'écrouler aussi.
05:31Donc, c'est le double intérêt à la fois des ayants droit
05:34et des gens de l'IA de développer des partenariats.
05:39C'est terrible de se dire, finalement, qu'on va servir à alimenter aussi ces IA génératives
05:43et que nous faisons partie de l'économie, du business model des géants de l'IA.
05:50Le rapport final, il est attendu courant 2025,
05:52mais vous avez fait une première présentation fin juin.
05:55Qu'est-ce du rapport ?
05:56Quelles sont les grandes mesures ?
05:57Vous pouvez nous citer très rapidement.
06:02Le rapport, il a déjà été rendu.
06:04Le rapport final a été rendu.
06:05On est dans une autre phase aujourd'hui,
06:06qui est la phase de concertation qui a été lancée par les deux ministres du numérique et de la culture.
06:11Donc, la phase de concertation qui a commencé il y a un mois
06:14est une phase dans laquelle on va utiliser le rapport
06:16pour voir quelles sont les pistes qui pourraient être utilisées.
06:20Dans le rapport, il y a beaucoup de choses sur comment on évalue,
06:24parce qu'il y a la question du combien.
06:26Il y a le cadre, mais évidemment, la question du combien ça vaut, tout ça.
06:28Donc, il y a beaucoup de pistes dans le rapport.
06:30Et puis, il y a des pistes sur le cadre pour dire qu'au-delà des accords négociés directement
06:35contre les partenaires, il y a des formes d'incitation à mettre en place,
06:38en particulier autour d'infrastructures techniques,
06:40ce qu'on appelle dans le rapport économique des places de marché,
06:42qui vont permettre de diminuer les coûts de transaction et de faciliter les négociations.
06:47Un commentaire, Vanessa Bouchara ?
06:49Oui, ce rapport est passionnant, parce qu'effectivement,
06:53on voit que Joël et Alexandra, Ben Samoulin, ont beaucoup travaillé
06:57sur à la fois les aspects juridiques et les aspects économiques
06:59pour arriver à poser le sujet.
07:02Parce que ce rapport, c'est vraiment ça, c'est qu'on pose le sujet,
07:05on voit comment on arrive à avoir des pistes pour le régler
07:08et pour finalement qu'il n'y ait pas cet appauvrissement.
07:11Alors moi, je pense aussi beaucoup qu'en matière d'utilisation d'intelligence artificielle,
07:15effectivement, l'intelligence artificielle autogénérative,
07:19elle va très vite avoir des limites et elle ne peut fonctionner
07:22que s'il y a un fonctionnement très imbriqué entre l'homme
07:27qui va créer, qui va donner des instructions précises et finalement la machine.
07:32Et donc, en réalité, ce rapport qui passe, comme le disait Joël,
07:36dans une seconde phase aujourd'hui,
07:39il est là pour arriver à faire une sorte de point médian
07:42entre l'innovation, la régulation,
07:45comment on arrive à trouver le juste équilibre
07:48entre la rémunération des auteurs qui est indispensable
07:50mais l'utilisation de l'intelligence artificielle
07:52qui aujourd'hui, dans le contexte qu'on connaît, l'est tout autant.
07:55Après, Joël, pour véritablement passer à la phase action
07:59et prendre les bonnes mesures,
08:01trouver où mettre le curseur précisément,
08:03il va falloir trouver un consensus européen ?
08:06Alors, attention, parce qu'il faut trouver un consensus européen
08:09si vous voulez faire de la réglementation hard,
08:11c'est-à-dire si vous voulez faire des lois, des réglementations.
08:14Si on arrive, et c'est le but de la concertation,
08:17je ne sais pas si ça marchera ou pas,
08:18mais le but de la concertation, ce n'est pas de changer la loi pour l'instant,
08:21c'est de faire en sorte que les gens se parlent,
08:23c'est des milieux qui ne se comprennent pas,
08:25qui n'ont pas le même vocabulaire,
08:27donc il y a parfois des incompréhensions simplement
08:29dans les mots qui sont utilisés,
08:31dans la façon dont on perçoit ce que l'autre fait.
08:34Donc déjà, la phase de concertation,
08:36ça va permettre de mettre face à face les acteurs
08:38et de dire qu'est-ce que vous voulez,
08:40qu'est-ce que vous pouvez accepter.
08:41Donc si cette phase de concertation marche,
08:43on n'a pas forcément besoin de changer les lois.
08:45Donc changer les lois, et ce que vous dites sur l'Europe,
08:48c'est tout à fait vrai si on veut changer les règles.
08:51Si on arrive à ne pas trop changer les règles,
08:54et à faire ça intelligemment,
08:56on n'aura pas besoin de consensus européen.
08:58Un commentaire, Alain ?
09:00Oui, en fait, deux.
09:01Deux ?
09:02C'est une question aussi.
09:05Oui, le deuxième est une question.
09:08Le premier commentaire, c'est que
09:11je crains que la bataille soit un peu perdue pour les humains.
09:15En matière de création ?
09:16En matière de création.
09:17En matière de production.
09:18En même, c'est...
09:19Non, non, pardon, pardon, pardon.
09:21Ça, c'était ma deuxième.
09:21En matière de production.
09:23En matière de production,
09:24parce que tout le monde a bien compris
09:25que ça allait beaucoup plus vite
09:26et que c'était beaucoup moins cher.
09:27Après, ma question et mon deuxième commentaire,
09:29c'est qu'effectivement,
09:30aujourd'hui, tout le monde dit
09:31de l'IA qui travaille sur l'IA s'appauvrit.
09:33Vous vous souvenez comment DeepMind a fait le jeu de go ?
09:38Il a fait marcher deux IA ensemble
09:39qui ont inventé des solutions
09:40qu'aucun humain n'avait comprises.
09:42Et donc, l'adversial learning,
09:44le jour où ça vient ici,
09:45donc c'était ma question,
09:46est-ce que vous y avez réfléchi ?
09:47Joël Frachy.
09:49Oui, c'est marrant parce que moi,
09:51je ne crois pas du tout
09:51que l'humain va être tué par l'IA.
09:54Je pense qu'il va y avoir des formes de collaboration
09:55qu'on n'anticipe même pas,
09:57mais qui vont se mettre en place.
09:59Et de toute façon, je rappelle que
10:01c'est marrant parce qu'on dit l'IA,
10:02comment l'IA a fait, etc.,
10:04comme si c'était une entité qui venait toute seule,
10:06qui arrivait ad hoc,
10:08comme ça, qui nous tombait du ciel.
10:10Je rappelle quand même que les IA,
10:11de toute façon,
10:12c'est des choses qui sont faites par les humains.
10:14À un moment donné,
10:15il y a toujours des humains
10:15qui sont derrière l'IA.
10:17Donc après, il y a une certaine autonomie,
10:19tout ce que vous voulez,
10:20mais ça n'existe pas une IA
10:21qui fonctionne toute seule,
10:23sans jamais avoir d'humains
10:25qui interviennent à aucun stade.
10:28Je sais que le transhumanisme
10:30est quelque chose d'assez à la mode.
10:34Personnellement, je ne crois pas du tout,
10:35je suis assez optimiste
10:35et je ne crois pas du tout
10:36que les humains vont disparaître
10:38dans la création,
10:39mais je suis persuadée
10:40que la manière dont on va créer
10:42avec les humains dans 5 ou 10 ans
10:44sera totalement différente
10:45de ce qu'on connaît aujourd'hui.
10:46Ça, c'est sûr.
10:46D'accord.
10:47Oui, c'est une transformation.
10:48C'est un volume.
10:48Quand vous aurez des milliards
10:49de contenus générés,
10:51de manière automatique,
10:51quelle place reste-t-il à la générationnelle ?
10:53Ce qui est vrai,
10:54c'est qu'il y avait énormément
10:55de data disponibles
10:56pour l'apprentissage
10:58des grands modèles
10:59et que là,
10:59on est arrivé au bout du système.
11:02D'où le next step.
11:04C'est une sorte de régression.
11:06Alors moi,
11:06je suis résolument optimiste
11:08aussi sur le sujet
11:09et ce rapport tombe au bon moment
11:11parce qu'en fait,
11:12on est vraiment à la croisée
11:13de deux mondes,
11:13celui de la création
11:14et de la tech.
11:15Et à côté de ça,
11:16on voit bien que l'IA générative
11:17est en train de devenir
11:19un marché colossal.
11:21Donc on a quand même
11:21GPT, Mistral, Lama
11:23qui valent des milliards.
11:24Mais moi,
11:25je suis convaincue
11:26que sans contenu,
11:27notamment culturel,
11:30on n'aurait pas d'IA.
11:32Donc pas de création,
11:34pas de contenu,
11:35pas d'IA.
11:36Et je pense en fait
11:37que c'est normal
11:38de rémunérer les ayants droit.
11:40Ce n'est pas un frein
11:41à l'innovation,
11:42c'est même une condition
11:42de pérennité à mes yeux.
11:44Je trouve ça très important
11:46parce que c'est important
11:47de stimuler l'IA.
11:50L'IA,
11:50c'est quand même
11:51le reflet de notre société,
11:52c'est quand même
11:52notre miroir,
11:53on est les utilisateurs.
11:55Et donc,
11:56si elle commence effectivement
11:57à créer ses propres modèles
11:59avec des collaborations
12:00avec d'autres algorithmes,
12:03je ne suis pas sûre
12:03qu'on s'y retrouverait
12:04et on reviendrait chercher
12:06ce qui nous plaît
12:06aujourd'hui dans l'IA
12:07et qui est encore
12:08en train d'évoluer.
12:10Après,
12:11je pense qu'il ne faut pas
12:11monter une usine à gaz.
12:13Il ne faut pas mettre en place
12:14un système si complexe
12:16qu'il viendrait finalement
12:17à tuer
12:18l'innovation européenne
12:19dans l'œuf.
12:20Il faut être extrêmement vigilant
12:21parce qu'il y a les petites
12:22start-up françaises et européennes
12:24et on a besoin
12:24d'accélérer en innovation.
12:26Donc,
12:26il faut que ce soit simple,
12:28lisible,
12:28il ne faut pas qu'il y ait
12:29des coûts disproportionnés
12:30non plus.
12:31Donc,
12:31il faut qu'on accompagne
12:32ce mouvement.
12:33Et puis,
12:34il y a un sujet aussi
12:34pour moi
12:35de débat de souveraineté
12:36sur notre diversité culturelle
12:39et je pense que c'est important
12:40de la protéger.
12:41Absolument.
12:43Joël Farcher,
12:43j'avais une dernière question
12:44pour vous
12:45parce qu'on a mis en place
12:47le système de redevance
12:49pour la copie privée.
12:51Est-ce qu'on pourrait imaginer
12:52un mécanisme identique
12:53qui s'imposerait
12:54justement
12:55à tous ceux
12:56qui créent des grands modèles
12:57à partir des contenus disponibles ?
12:59On peut toujours tout imaginer.
13:00L'imagination n'a pas de limite.
13:03Simplement,
13:03pour l'instant,
13:04je suis totalement hostile à ça
13:05parce que c'est un modèle
13:06extrêmement contraignant.
13:08Et dans un monde
13:09qui bouge aussi vite,
13:11mettre en place
13:12des systèmes comme ça
13:13qui nécessitent parfois
13:14deux ans, trois ans
13:15de négociations
13:16avant de pouvoir être changés,
13:18avant que les montants évoluent,
13:19etc.
13:20Ce n'est pas maintenant.
13:22Peut-être que dans cinq ans,
13:22si on ne trouve pas
13:23d'autres solutions,
13:24si les gens ne négocient pas,
13:26il faudra en venir à ça.
13:27Mais je crois que pour l'instant,
13:29ça serait prématuré
13:30et totalement antiproductif.
13:32Merci beaucoup,
13:33Joël Farcher.
13:33Je rappelle que vous êtes
13:34professeur à Paris 1,
13:35Panthéon Sorbonne,
13:36directrice de la chaire
13:37de recherche
13:37Pluralisme culturel
13:39et éthique du numérique.
13:40Merci pour vos éclairages.
13:41Bravo pour vos travaux.
13:43Nous, on continue
13:44autour de la table
13:45sur nos autres sujets.
13:47Je voulais vous faire réagir
13:48à cette levée,
13:49je dis une levée folle,
13:50mais enfin bon,
13:51quand même,
13:512 milliards de dollars
13:52levés en amorçage.
13:54On n'a encore jamais vu ça
13:56pour Thinking Machines Labs.
13:58Donc nouvelle entreprise,
13:59toute jeune entreprise
14:00de l'IA
14:01qui affole les compteurs,
14:02fondée il y a
14:03moins de six mois
14:04par l'ancienne CTO
14:04d'OpenAI,
14:05Mira Murati.
14:07qu'est-ce que ça vous inspire ?
14:08Vous vous dites,
14:09là, vraiment,
14:10ils sont en train
14:10de péter les plombs,
14:13ils font n'importe quoi,
14:14ou au contraire,
14:14vous vous dites,
14:15il y a une vraie stratégie,
14:16là, les Américains
14:17sont en train,
14:17finalement,
14:17de dire,
14:18vous n'allez pas pouvoir
14:19nous suivre.
14:19Ah bah ils crantent.
14:20On tue le marché.
14:21Ah, ils sont en train
14:21de cranter.
14:22Non mais c'est juste incroyable
14:23parce que c'est quand même
14:25un seed,
14:25donc moi je trouve ça bluffant,
14:27c'est un seed de 2 milliards.
14:28En fait,
14:28on a déjà un séquoia
14:29qui s'est érigé
14:30et on se dit que la phase A,
14:32ça va être une forêt
14:33de séquoia.
14:34C'est à la fois fascinant
14:36cette levée
14:37et puis c'est aussi inquiétant.
14:40C'est fascinant
14:40parce qu'elle prouve
14:41que l'industrie mondiale
14:43de l'IA
14:44ne se satisfait déjà plus
14:46des modèles existants.
14:47Et en fait,
14:48ça sent un peu
14:48ce parfum
14:50de révolution technologique
14:51comme on avait pu le voir
14:52en fait,
14:54Google et Yahoo.
14:55Donc moi,
14:56ça me rappelle ça.
14:57Et puis c'est inquiétant
14:58parce qu'en fait,
14:59on assiste à une concentration
15:00assez vertigineuse
15:01des capitaux
15:02et des talents
15:03autour de quelques stars
15:05de la tech.
15:06Et donc ça,
15:07c'est très questionnant.
15:09Et puis,
15:09on ne peut pas non plus
15:10écarter le risque de bulles
15:12parce que 2 milliards
15:13en phase de seed,
15:15ça prend aussi de cours
15:18le marché
15:19et on a quand même,
15:20il n'y a pas de produit
15:21en face,
15:22il y a un produit
15:22non fini aujourd'hui.
15:23Donc c'est purement
15:25spéculatif.
15:27Moi,
15:27je trouve ça
15:27vraiment bluffant.
15:29Et puis,
15:302 milliards,
15:30ça ne paye pas juste
15:32des serveurs,
15:33ça paye du talent
15:34et ça paye du pouvoir.
15:36C'est-à-dire qu'on voit
15:37bien effectivement
15:38que les Américains
15:39sont en train de cranter.
15:40il y a un vrai débat
15:42de souveraineté technologique,
15:44économique et scientifique
15:46sur le sujet
15:47et c'est pour ça
15:48que c'est inquiétant.
15:49Et ça envoie ce signal
15:51très fort en fait
15:52que la bataille de l'IA
15:53se joue pas seulement
15:55sur la performance
15:55des algorithmes
15:56mais aussi
15:57sur cette souveraineté
15:58des États.
16:00Et donc,
16:01voilà,
16:01je ne peux que regretter
16:03malheureusement
16:03que nous soyons
16:05en attente
16:05d'un mouvement
16:07aussi fort en Europe.
16:08Vanessa ?
16:09Ça peut venir
16:10et effectivement,
16:12je pense que ça se joue
16:12beaucoup sur le potentiel
16:13de Mira Murati
16:14qui a fait ses preuves
16:15chez OpenAI
16:17et qui a beaucoup
16:20de potentiel,
16:20qui a des projets
16:21très prometteurs
16:21et qui...
16:23Mais c'est vrai
16:23que les montants
16:24sont complètement
16:26incroyables.
16:27Délirants, hors sol.
16:28Hors sol, clairement.
16:29Alors ?
16:304 mois,
16:31février 2025,
16:33juin 2025,
16:334 mois,
16:34valeau 10 milliards.
16:35C'est la valeur qu'on estime
16:36quand il lève 2 milliards.
16:37Ça fait rêver
16:38pour un start-up.
16:38Moi, je dis chapeau.
16:40Je ne sais pas
16:40comment je pourrais faire.
16:41De toute façon,
16:41c'est trop tard.
16:43Donc oui,
16:44c'est tellement gros
16:45que de toute façon,
16:46c'est hors de mon champ
16:47de compréhension.
16:48Après,
16:50ce n'est pas le projet.
16:51C'est les humains,
16:51c'est les hommes et les femmes,
16:52c'est l'équipe.
16:53C'est les talents.
16:5421 des 29 premiers salariés
16:56viennent de OpenAI.
16:57Donc,
16:57elle m'en dit,
16:57elle a pris son équipe
16:58de OpenAI
16:59dont on sait ce qu'elle sait faire.
17:00Elle dit,
17:01je les prends ailleurs
17:01pour faire quoi ?
17:02Pour faire ce qui manque.
17:03quand on dit,
17:04effectivement,
17:04on est à la prochaine révolution,
17:05ce qui manque,
17:06c'est quoi ?
17:06C'est la recherche causale.
17:08C'est être capable
17:08de faire non pas
17:09de la statistique
17:10de je fais des choses
17:10qui ressemblent
17:11et de comprendre
17:11les relations de cause à effet.
17:13Et ça,
17:13c'est un super beau programme.
17:14Je me suis demandé
17:15pourquoi autant de gens
17:17d'OpenAI
17:17rejoignent Machine Thinking Lab ?
17:21Oui.
17:21Eh bien,
17:21c'est simplement parce que
17:22il y a une vraie mission.
17:24Il y a une vraie mission.
17:25Je veux faire un cerveau,
17:27enfin une IA
17:27qui comprenne
17:28les relations de cause à effet
17:29qui aujourd'hui
17:29n'existent jamais nulle part.
17:31Donc,
17:31je pense que c'est...
17:32Et là,
17:32ça vaut probablement
17:3310 milliards.
17:33Après,
17:34la conséquence,
17:35et c'est qu'une conséquence
17:36que les États-Unis
17:37font encore la course en tête,
17:39c'est malheureux,
17:39mais ce n'est pas juste maintenant.
17:41Ils ont fait OpenAI avant,
17:43Microsoft a visité
17:44d'OpenAI à ce moment-là,
17:45pam, pam, pam,
17:45même Elon Musk
17:46qui était au début.
17:47Enfin,
17:47c'est une histoire qui est longue.
17:48C'est une suite logique.
17:49Et simplement,
17:49elle s'accélère.
17:51Et comme toujours
17:51dans les exponentielles,
17:52si on ne prend pas
17:53les premières marches
17:53avec le bon niveau,
17:55on ne rattrape jamais.
17:56Jamais.
17:56Je me souviens
17:58des écrans
17:58cristaux liquides.
18:00Il n'y a plus que
18:01de fabricants au monde.
18:02Non,
18:03mais voilà.
18:04Parce que chaque étape,
18:05c'était à l'époque,
18:05c'était un milliard
18:06à chaque génération.
18:07Mais quand vous êtes
18:08à la quatrième génération,
18:09c'est fini.
18:10Plus personne ne peut suivre.
18:11Je suis convaincue
18:11que quand même
18:12du côté des Américains,
18:13l'idée,
18:14c'est vraiment de se dire
18:15que de toute façon,
18:16il ne va y avoir
18:17qu'une poignée de colosses
18:19qui vont remporter
18:19cette bagarre,
18:20cette bataille de l'IA.
18:21Il n'y aura pas de place
18:22pour énormément d'acteurs.
18:24Donc là,
18:25oui,
18:25quand Angélique
18:27dit qu'il crante,
18:28oui,
18:28en fait,
18:29clairement,
18:29ils disent au monde entier
18:30vous ne pouvez plus suivre.
18:32Voilà.
18:33Donc nous,
18:33on sera peut-être
18:34dans le meilleur des cas
18:35des sous-traitants,
18:36des partenaires technologiques.
18:38Mais aujourd'hui,
18:39effectivement,
18:40c'est un rythme
18:41qu'on ne peut pas suivre.
18:42On passe à notre autre sujet,
18:43c'est ce plan national
18:45lancé en France,
18:47osé,
18:47l'IA avec l'objectif
18:48de faire adopter
18:49cette technologie
18:50aux entreprises.
18:51Parce qu'on a découvert
18:52quelques chiffres
18:53grâce à BPI France,
18:558% seulement des TPE,
18:5713% des PME
18:58utilisent l'IA
18:59et à peine 30%
19:01des dirigeants
19:02de TPE
19:03considèrent l'IA
19:03comme stratégique.
19:05Bon,
19:05alors,
19:05on peut se dire,
19:06mais c'est une catastrophe,
19:07effectivement,
19:07il faut lancer
19:08un plan national
19:08où on peut se dire,
19:10finalement,
19:11ils sont peut-être raisonnables
19:12ces entrepreneurs,
19:13est-ce qu'il ne faut pas y aller
19:14un petit peu plus doucement ?
19:15Quel est votre sentiment ?
19:16Je pense qu'effectivement,
19:16on parlait tout à l'heure
19:17de souveraineté,
19:18de comment on se positionne,
19:19nous,
19:19par rapport à l'IA.
19:20Effectivement,
19:20on ne veut pas rater la course,
19:21je pense,
19:25mais là,
19:26on parle d'appropriation,
19:27pas de fabrication.
19:28C'est le problème,
19:28c'est le problème,
19:29c'est qu'on s'assure
19:29des technos américains.
19:31Est-ce que finalement,
19:31l'appropriation,
19:32la fabrication,
19:33c'est rentrer dans ce fonctionnement
19:35et arriver à bien le comprendre
19:37pour après,
19:37finalement,
19:38l'intégrer
19:38et créer quelque chose
19:40à partir de là ?
19:41Effectivement,
19:41aujourd'hui,
19:41on a beaucoup d'hostiles,
19:43beaucoup de gens
19:43qui regardent
19:44chez le GPT,
19:45Claude,
19:45tout ça,
19:46mais pour un peu s'amuser
19:46et finalement,
19:47peu qui s'en servent
19:49au quotidien
19:50pour fonctionner
19:51et pour produire
19:52comme vous disiez tout à l'heure.
19:53Donc,
19:54je pense que c'est bien
19:55d'avoir lancé ce projet
19:57et que ça va nécessairement
19:59donner quelque chose.
20:00On passe par de la sensibilisation,
20:02on passe par de la formation,
20:03on passe par...
20:04Et donc,
20:04tout ça,
20:04plus on sensibilise,
20:06plus finalement,
20:06on est capable après
20:07de se dire
20:08que c'est un sujet central,
20:10primordial
20:10et qu'il faut mettre
20:11les outils
20:12et les ressources
20:13pour pouvoir créer
20:14et s'approprier.
20:16Il manque un truc là-dedans.
20:17C'est obligé à utiliser
20:18des technos françaises
20:19ou au moins européennes.
20:20Ça, c'est compliqué.
20:22Ça m'est égal.
20:23Les Américains le font très bien,
20:24les Chinois le font très bien.
20:25Je ne veux pas entendre...
20:26C'est encore un autre sujet.
20:26C'est un autre sujet.
20:27C'est-à-dire qu'en fait,
20:28rentrer dans...
20:29On oblige des outils.
20:30Mais oui,
20:31les Chinois le font,
20:32les Américains le font.
20:33Nous, on ne le fait pas.
20:34Ça pourrait être un prérequis.
20:35Exact.
20:35Parce qu'on en a besoin.
20:37C'est un sujet important.
20:38Moi, je trouve effectivement
20:39que c'est un super plan
20:41et donc,
20:41il faut l'applaudir,
20:44l'encourager.
20:45On a effectivement
20:46un vrai retard
20:46dans l'adoption
20:47de l'intelligence artificielle
20:48en France,
20:49notamment dans les PME.
20:51Et donc,
20:51il y a encore trop d'entreprises
20:52qui voient ça comme un coût,
20:53une menace,
20:54un concept,
20:55un gadget.
20:56Et donc,
20:57former massivement,
20:57c'est vraiment la clé.
21:00Démystifier,
21:01accompagner...
21:02Si ça permet de comprendre
21:02comment ça fonctionne,
21:04quel bénéfice je peux en tirer
21:06ou pas,
21:07et de ne pas juste consommer
21:09bêtement une technologie.
21:11On leur apprend
21:11comment marcher
21:12C'est la condition.
21:13Ce n'est pas juste
21:14adopter pour adopter.
21:15Absolument.
21:15Et après,
21:16l'adoption,
21:17en fait,
21:17ce n'est pas qu'un enjeu
21:18de compétitivité.
21:19Et là,
21:19je te rejoins totalement.
21:21C'est un enjeu économique,
21:23culturel et linguistique.
21:25Pourquoi linguistique ?
21:26Parce qu'aujourd'hui,
21:27les IA sont entraînés
21:28sur des modèles anglo-saxons
21:30qui n'ont pas nos références
21:33historiques,
21:34culturelles,
21:35qui n'ont pas notre humour.
21:36Et donc,
21:37je trouve que la souveraineté numérique,
21:39c'est aussi pouvoir s'exprimer
21:40et réfléchir dans notre langue.
21:43Et donc,
21:43je suis d'accord,
21:44ça pourrait être un prérequis.
21:45Et après,
21:46un point qui me tient très à cœur,
21:48c'est oser l'IA,
21:49oui,
21:50mais oser la mixité,
21:51oser la diversité.
21:53Nous,
21:53chez Women in STEM Europe,
21:54on a pris l'engagement
21:55de former 1000 femmes
21:56avant la fin de l'année,
21:58gratuitement,
21:59à des modules
22:00d'intelligence artificielle.
22:01Et j'utilise le plateau
22:02du Grand Débrief aujourd'hui,
22:03par fond d'Alphine,
22:05pour lancer une bouteille à la mer
22:06à Clara Chapaz,
22:07pour lui dire,
22:07mais on veut vous rencontrer
22:08parce qu'on est capable
22:10de doubler,
22:10tripler,
22:11quadrupler
22:11ce nombre de femmes
22:12que l'on peut former
22:13à l'IA gratuitement
22:14puisque les femmes
22:15sont sous-représentées
22:16dans les métiers de l'IA,
22:17mais ce sont celles aussi
22:17qui l'utilisent le moins
22:19et qui sont moins à même
22:20à se former.
22:21C'est un énorme sujet
22:22et je pense que
22:23la souveraineté numérique
22:25passera aussi
22:26avec l'adoption des femmes.
22:28On est ravis
22:29de passer ce message aussi.
22:31On l'a ta grave.
22:32Il y a quand même
22:33une bonne initiative.
22:34Merci.
22:36Je dis qu'il y a quand même
22:36une bonne initiative.
22:37Je suis dure avec ce plan aux EIA.
22:39Mais c'est vrai que moi,
22:39ça me pose question
22:40quand on est juste dans
22:41il faut absolument utiliser
22:43ce qu'on a
22:43et aujourd'hui,
22:44ce qu'on a,
22:44c'est quand même
22:44des techs américaines.
22:45Moi, il y a un truc
22:46qui m'a intéressée
22:47dans ce plan aux EIA,
22:48c'est l'idée de faire
22:49une journée, en fait,
22:51comme l'AI Business Day
22:52au moment du sommet
22:54pour l'action sur l'IA,
22:55une journée qui va rassembler
22:56l'écosystème
22:57parce qu'en fait,
22:57aujourd'hui,
22:58l'écosystème européen,
23:00on ne le connaît pas
23:01en matière d'IA.
23:01On parle tout le temps
23:02de Mistral.
23:03Il n'y a pas que Mistral.
23:04Donc, il faut aussi
23:05que les entrepreneurs,
23:06les entreprises
23:07à qui on dit
23:08qu'il faut absolument
23:09adopter l'IA,
23:09OK, mais il faut aussi
23:10qu'ils aient conscience
23:11qu'il y a tout un écosystème
23:12d'IA qui est en train
23:13de se construire chez nous.
23:14C'est important, ça.
23:15Il faut réunir nos forces.
23:17Ça, ça me semble
23:18plus important
23:18que d'imposer, finalement.
23:19Voilà.
23:20Je suis d'accord.
23:21On peut plus sensibiliser,
23:22informer, qu'on sache.
23:23Fédérer.
23:23Voilà, fédérer
23:24plutôt que d'imposer.
23:26Je trouve que le côté
23:26imposé, c'est un peu trop...
23:28Mais c'est ça
23:28qui tue l'Europe.
23:29De ?
23:30De ne pas imposer.
23:31De ne pas imposer.
23:32Non, mais on le voit.
23:32De ne pas imposer.
23:33Dès qu'on impose
23:33quelque chose, ça fonctionne.
23:33De ne pas imposer
23:34des choix technologiques.
23:35Bien sûr.
23:36Enfin, européens, continentaux.
23:38Ah oui, on est d'accord.
23:39En fait, on est peut-être
23:39trop en retard
23:40pour ne pas imposer.
23:41C'est ça, le sujet.
23:42C'est-à-dire que si on avait
23:43un...
23:43Attends, tends,
23:43double négation.
23:44Là, je réfléchis.
23:45On est trop en retard
23:46pour ne pas imposer.
23:49On peut parler
23:50effectivement des Américains.
23:52On peut aussi parler
23:53de la Chine.
23:53On a deux géants
23:54technologiques mondiaux.
23:56On n'est pas encore
23:57en phase d'accélération.
23:58Effectivement, regrouper,
24:00fédérer, tout le monde,
24:01ce serait précieux.
24:03Mais si effectivement,
24:05on avait des prérequis
24:06pour utiliser
24:07nos propres modèles,
24:08donc là, on est sur un sujet
24:09de souveraineté intellectuelle,
24:11de formation sur nos modèles,
24:13l'adoption se ferait aussi
24:14peut-être beaucoup plus vite.
24:15Et puis, il y a des enjeux
24:16géopolitiques derrière.
24:19500 millions d'Européens,
24:20je pense qu'on saurait faire le poids.
24:21Il faut juste s'y mettre.
24:23Si on sort quand même
24:24juste du prisme,
24:26500 millions de consommateurs
24:28de technologies américaines.
24:30C'est ça.
24:30C'est ça.
24:31Mais alors, je voudrais quand même
24:32qu'on garde un petit peu de temps
24:34pour mon crève-cœur.
24:36C'est ce qui se passe
24:37autour de Carbat,
24:37parce que là, justement,
24:38on parle d'une tech française
24:41quand même assez extraordinaire,
24:43une aventure du professeur Carpentier
24:45que moi, j'ai suivi
24:46pratiquement depuis le début
24:48à l'époque de Science et Vie Micro
24:49pour ceux qui m'ont suivi.
24:53Et là, moi,
24:54quand j'entends en fait
24:55Stéphane Piat,
24:56le directeur général de Carmat,
24:57qui nous dit
24:57qu'on est une des nombreuses victimes
24:59d'un marché français
25:00des capitaux
25:00qui ne fonctionne pas,
25:03je me dis
25:04OK, c'est grave en fait.
25:05Ils n'arrivent pas
25:06à trouver 100 000 euros.
25:07C'est-à-dire qu'on en est là.
25:09Ils n'ont pas réussi.
25:11Ils ont fait un appel aux dons.
25:12Ils n'ont pas réussi non plus
25:13à lever 3,5 millions
25:14sur un projet
25:16qui est énorme.
25:17Enfin, on parle
25:17de deep tech.
25:20Aujourd'hui,
25:20ils trouvent porte close.
25:22Comment c'est possible, ça ?
25:23Donc, il y a deux appels, là,
25:24finalement, dans cette émission,
25:25aujourd'hui.
25:25Oui, exactement.
25:28Parce qu'il est possible
25:29que tout ce qui se passe,
25:30ça sensibilise finalement mieux
25:32tout le monde
25:33à ce sujet
25:34qui est quand même
25:35un sujet de société
25:36et pour le coût de souveraineté.
25:38Je peux être cash ?
25:39Oui.
25:40Tu l'es généralement, non ?
25:41Vas-y, vas-y, vas-y.
25:42C'est que je ne sais pas
25:43ce qui va arriver.
25:45Il se trouve que j'ai travaillé
25:46un peu pour Karma
25:46et je faisais de l'IA prédictive.
25:48C'est-à-dire s'assurer à l'avance
25:50que le cœur pouvait avoir un problème.
25:52Et c'est un projet extraordinaire.
25:55Il est allé trop lentement.
25:56Et il est allé trop lentement.
25:57Donc, Stéphane a tout à fait raison.
25:59C'est un problème
25:59de marché des capitaux en Europe
26:01et en France.
26:02On n'a pas financé assez
26:03ce développement.
26:04Donc, Karma, vous voyez bien ce que c'est.
26:06C'est une pompe mécanique
26:07qui vient greffer
26:08sur des oreillettes.
26:10Bien.
26:10En fait, c'est un cœur
26:11entièrement artificiel
26:13implanté dans le corps
26:15qui remplace l'ensemble
26:16de la machine
26:17et ça, c'est unique au monde.
26:18C'est unique au monde.
26:19Voilà.
26:19Et c'est unique au monde.
26:21Alors, à quoi ça sert aussi ?
26:24On permet de ralentir
26:26le moment où on a besoin d'une greffe.
26:27Ça, c'était le plan initial.
26:29Et de toute façon,
26:29il y a tellement besoin de cœur
26:31qu'il faudrait en faire beaucoup plus.
26:32Le fait que la LTEK
26:33est extrêmement lente
26:34est aussi un problème.
26:35Ils ont un temps fou
26:36pour faire valider
26:36leur système
26:38de leurs différents marchés.
26:39Et c'est national.
26:40Malheureusement,
26:40ce n'est pas européen.
26:41Donc, ils ont commencé
26:41par le Hollande ou le Danemark
26:42avant d'arriver en France.
26:43Enfin, c'est un peu
26:45ubuesque.
26:47Mais le vrai sujet,
26:48c'est que plus t'en passes,
26:49plus les technos bougent.
26:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
26:53s'il faut regarder
26:54ce qui se passe
26:54du côté du Japon,
26:57on peut se poser la question
26:57sur la pertinence
26:59de la solution
26:59qui a marqué en 2025.
27:01Avec la remise en question
27:02de tout ce que vous voulez.
27:03Il y en a certains
27:03qui critiquent,
27:04certains choix stratégiques
27:05faits par leur...
27:06Il fallait plus vite.
27:08Pour ça,
27:08il leur fallait des moyens
27:09supplémentaires
27:10qu'on ne leur a pas donnés.
27:11C'est souvent une question
27:12d'argent.
27:13C'est négocent.
27:13La pauvre équipe,
27:15c'est les mêmes
27:15depuis 20 ans
27:16qui sont là-bas
27:17à côté de la Vélisie.
27:18Là, ils bossent
27:19comme des tarés.
27:19C'est un problème
27:20ultra compliqué
27:21et on ne leur a pas donné
27:22assez de moyens.
27:23Ce qui fait que maintenant,
27:24malheureusement,
27:24on ne se déplace.
27:26Finalement.
27:27Alors là,
27:27ils sont en redressement judiciaire.
27:29En redressement judiciaire,
27:30ils peuvent encore s'en sortir.
27:31Mon problème,
27:32c'est que je regarde
27:32un peu l'évolution des technos
27:33et ce qui tue,
27:34ce n'est pas forcément
27:35les moyens
27:35qui vont arriver.
27:36Tout ça,
27:36c'est un moment
27:36capable de sauter
27:37sur la bonne technologie.
27:39Alors, visiblement,
27:39ils chiffrent leur besoin
27:40de financement
27:41à 35 millions d'euros
27:42pour les 12 prochains mois,
27:4320 millions avant fin décembre.
27:45J'ai l'impression
27:45que c'est très difficile
27:46à trouver.
27:47Après, il peut y avoir
27:47une réaction peut-être
27:49au niveau de l'État.
27:50Ce serait souhaitable.
27:51Voilà.
27:52J'ai vu le ministre
27:53de la Santé réagir
27:54en disant
27:55pour l'instant,
27:55il ne les avait pas encore
27:56rencontrés
27:56mais qu'il allait le faire.
27:57Peut-être que tout ça
27:57est en train de se discuter
27:58au moment où nous vous parlons.
28:01On ne le saura que prochainement.
28:03Merci beaucoup
28:04à tous les trois
28:05pour vos réactions
28:06sur cette actualité
28:07qu'on a commenté ensemble.
28:08Vanessa Bouchara
28:09de Bouchara Avocat,
28:10Angélique Gérard
28:11de la STEM Academy
28:12et Alain Staron
28:13d'Artifil.
28:14Merci encore.
28:15Merci à vous de nous suivre.
28:16C'était Smartech
28:17que vous regardez
28:17sur la chaîne
28:18Bismarck for Change.
28:19À très bientôt.
28:24Sous-titrage Société Radio-Canada
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