- 04/07/2025
Jeudi 3 juillet 2025, retrouvez Joëlle Farchy (professeure, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Angélique Gérard (présidente fondatrice, STEM ACADEMY), Alain Staron (Cofondateur, Artifeel) et Vanessa Bouchara (Associée fondatrice, Bouchara Avocats) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.
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00:00Cette semaine dans Smartech, dans le grand débrief, nous avons autour de la table Vanessa Bouchara.
00:09Bonjour Vanessa, je devrais dire maître d'ailleurs, avocate spécialisée en droit d'auteur.
00:14Vous êtes au cabinet Bouchara, avocat, et à côté de vous, Angélique Gérard.
00:19Bonjour Angélique. Vous êtes présidente fondatrice de STEM Academy et Alain Staron.
00:24Bonjour Alain, président d'Artifil.
00:26Alors voilà pour les présentations. Maintenant sur nos sujets, on va s'intéresser à une levée complètement folle,
00:32historique même pour la Silicon Valley, de The Thinking Machine Lab,
00:37qui a été fondée quand même là en début d'année, il n'y a pas si longtemps, il y a quelques mois,
00:41par l'ancienne CTO d'OpenAI, Madame Murati.
00:45On va aussi parler du plan national OSEE-LIA, qui a été annoncé par la ministre de l'IA et de numérique, Clara Chapaz.
00:53Et puis, on va parler de Karmat, parce que pourquoi ? On n'aura peut-être pas beaucoup de temps,
00:56mais quand même, pour moi, c'est un crève-cœur ce qui se passe en ce moment autour du cœur artificiel.
01:01J'ai fait exprès de faire ce jeu de mots. Merci Alain de le signaler.
01:05On va commencer, cela dit, ce débrief par un autre sujet.
01:09La Gen AI pose de nouvelles questions en matière de rémunération des contenus utilisés.
01:14La ministre de la Culture, Rachida Dati, a confié le lancement de deux missions au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, le CSPLA.
01:23Un volet transparence, qui doit permettre d'exiger aux plateformes d'IA un résumé détaillé de leurs ressources.
01:29Et puis, il y a un volet rémunération, confié à la fois à Alexandra Bensamoun, donc pour la partie droit,
01:36et Joël Farchi pour la partie plutôt économie.
01:39Bonjour Joël Farchi, vous êtes connecté avec nous, vous êtes professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
01:44spécialiste de l'économie des industries culturelles,
01:47vous êtes la directrice de la chaire de recherche pluralisme culturel et éthique du numérique.
01:52Et donc, l'objectif de cette partie de la mission, c'est vraiment de penser quel serait le cadre juste de valorisation des œuvres utilisées par les IA génératives.
02:02Première question, Joël, c'est est-ce que cette IA, finalement, elle change fondamentalement la donne,
02:08par rapport à la première révolution numérique, qui est finalement l'apparition d'Internet,
02:13avec la possibilité de diffuser très très largement les contenus, de les partager entre les internautes,
02:19de créer aussi de nouvelles façons de produire de la culture.
02:24Est-ce que là, avec l'IA générative, c'est très différent, en fait, de cette première révolution numérique ?
02:29Oui, bien sûr, c'est très différent pour une raison très simple,
02:31c'est qu'effectivement, ce n'est pas la première fois qu'il y a des contenus protégés par la propriété intellectuelle
02:36qui sont appropriés par un certain nombre de gens, ce que les ayants droit appellent du pillage.
02:41Simplement, il y a 20 ans, quand il y avait des pillages, il n'y avait pas quelque chose qu'il y a avec l'IA.
02:44C'est que l'IA, non seulement, elle absorbe des données, disons des données œuvres,
02:49qui sont protégées par la propriété intellectuelle pour fonctionner,
02:52mais par ailleurs, elle produit en aval ce qu'on appelle dans le rapport des quasi-œuvres synthétiques,
02:58c'est-à-dire des quasi-œuvres, des choses qui ressemblent à des œuvres.
03:01Donc, il y a une double concurrence.
03:03Il y a à la fois le fait d'aller chercher des contenus qui sont protégés sans l'autorisation des ayants droit,
03:07et en plus, il y a cette idée que ça va faire la concurrence ensuite avec les œuvres humaines,
03:15et que progressivement, il y aura de moins en moins d'œuvres humaines qui seront créées,
03:19si effectivement, ça se généralise, ces contenus, ces quasi-œuvres synthétiques.
03:24Donc, oui, c'est quelque chose de tout à fait différent par rapport à des formes d'appropriation que le numérique a déjà connues.
03:32En fait, oui, c'est ça, c'est qu'on se retrouve dans une situation où on va avoir une concurrence finalement
03:36des créations, des œuvres réalisées, créées par des humains,
03:41et vous dites aussi un risque d'appauvrissement de saturation qui va invisibiliser,
03:45qui va avoir en fait une deuxième conséquence économique sur le secteur culturel.
03:50Oui, c'est-à-dire qu'en fait, il ne faut surtout pas opposer,
03:54il y a eu beaucoup de débats qui ont opposé l'innovation dans l'IA,
03:57et puis la rémunération des ayants droit.
03:59Je pense que cette opposition, elle est totalement stérile,
04:02et qu'en fait, c'est dans l'intérêt à la fois des ayants droit et de l'innovation dans l'IA
04:07de trouver des accords.
04:09Pourquoi ? Parce qu'il y a un certain nombre de travaux qui ont montré,
04:11alors je ne reviens pas sur le fait qu'effectivement, pour qu'il y ait de la création humaine,
04:15il faut qu'il y ait des investissements, et donc il faut qu'il y ait des transferts de valeur,
04:19mais par ailleurs, si on se place simplement du point de vue non plus des ayants droit,
04:23mais du point de vue des gens de l'IA, que ce soit les développeurs ou les déployeurs,
04:29il y a quelque chose qui a été montré dans des travaux récents de façon extrêmement claire,
04:34qui est ce qu'on appelle la dégénérescence.
04:35La dégénérescence, ça veut dire que si vous créez,
04:37parce qu'on pourrait se dire, finalement, on va créer un monde dystopique
04:40dans lequel il n'y aura plus que des contenus synthétiques générés par de l'IA.
04:45Pourquoi pas ?
04:47Sauf qu'indépendamment de tout autre problème philosophique,
04:51ce que montrent les travaux récents, c'est que si vous alimentez les IA uniquement
04:57avec des contenus synthétiques, au bout d'un certain temps,
05:00ça appauvrit les résultats que vous créez.
05:02Et donc, vous avez besoin d'une certaine dose de contenu humain,
05:05un peu destructif, pour alimenter les IA.
05:08Sinon, il y a la dégénérescence, et sinon, finalement,
05:11les modèles vont s'écrouler aussi.
05:13Donc, c'est le double intérêt, à la fois des ayants de droit
05:15et des gens de l'IA, de développer des partenariats.
05:21C'est terrible de se dire, finalement,
05:22qu'on va servir à alimenter aussi ces IA génératives
05:25et que nous faisons partie de l'économie,
05:28du business model des géants de l'IA.
05:31Le rapport final, il est attendu courant 2025,
05:34mais vous avez fait une première présentation fin juin.
05:37Du rapport, quelles sont les grandes mesures ?
05:39Vous pouvez nous citer très rapidement.
05:41Le rapport, pardon, il a déjà été rendu.
05:45Le rapport final a été rendu.
05:47On est dans une autre phase aujourd'hui,
05:48qui est la phase de concertation qui a été lancée
05:50par les deux ministres du numérique et de la culture.
05:53Donc, la phase de concertation qui a commencé il y a un mois
05:55est une phase dans laquelle on va utiliser le rapport
05:58pour voir quelles sont les pistes qui pourraient être utilisées.
06:02Dans le rapport, il y a beaucoup de choses sur comment on évalue,
06:06parce qu'il y a la question du combien.
06:07Il y a le cadre, mais il y a évidemment la question du combien ça vaut,
06:09tout ça, donc il y a beaucoup de pistes dans le rapport.
06:12Et puis, il y a des pistes sur le cadre pour dire,
06:14au-delà des accords négociés directement entre les partenaires,
06:17il y a des formes d'incitation à mettre en place,
06:20en particulier autour d'infrastructures techniques,
06:21ce qu'on appelle dans le rapport économique,
06:23des places de marché qui vont permettre
06:25de diminuer les coûts de transaction
06:26et de faciliter les négo.
06:28Un commentaire, Vanessa Bouchara ?
06:31Oui, ce rapport est passionnant,
06:34parce qu'effectivement, on voit que Joël et Alexandra Ben Samoun
06:37ont beaucoup travaillé sur à la fois les aspects juridiques
06:40et les aspects économiques pour arriver à poser le sujet.
06:44Parce que ce rapport, c'est vraiment ça,
06:45c'est qu'on pose le sujet,
06:46on voit comment on arrive à avoir des pistes pour le régler
06:49et pour finalement qu'il n'y ait pas cet appauvrissement.
06:53Alors moi, je pense aussi beaucoup
06:54qu'en matière d'utilisation d'intelligence artificielle,
06:56effectivement, l'intelligence artificielle autogénérative,
07:00elle va très vite avoir des limites
07:02et elle ne peut fonctionner que s'il y a un rapport,
07:05enfin, s'il y a un fonctionnement très imbriqué
07:07entre l'homme qui va créer,
07:10qui va donner des instructions précises
07:11et finalement la machine.
07:13Et donc, en réalité, ce rapport
07:15qui passe, comme le disait Joël,
07:18dans une seconde phase aujourd'hui,
07:20il est là pour arriver à faire une sorte de point médian
07:24entre l'innovation, la régulation,
07:26comment on arrive en fait
07:27à trouver le juste équilibre
07:29entre la rémunération des auteurs
07:31qui est indispensable
07:31mais l'utilisation de l'intelligence artificielle
07:34qui aujourd'hui, dans le contexte qu'on connaît,
07:36l'est tout autant.
07:37Après, Joël,
07:38pour véritablement passer à la phase action
07:41et prendre les bonnes mesures,
07:42trouver où mettre le curseur précisément,
07:44il va falloir trouver un consensus européen.
07:48Alors, attention,
07:49parce qu'il faut trouver un consensus européen
07:51si vous voulez faire de la réglementation ARD,
07:53c'est-à-dire si vous voulez faire des lois,
07:54des réglementations.
07:56Si on arrive,
07:57et c'est le but de la concertation,
07:58je ne sais pas si ça marchera ou pas,
08:00mais le but de la concertation,
08:01ce n'est pas de changer la loi pour l'instant,
08:02c'est de faire en sorte que les gens se parlent,
08:05c'est des milieux qui ne se comprennent pas,
08:06qui n'ont pas le même vocabulaire,
08:08donc il y a parfois des incompréhensions
08:10simplement dans les mots qui sont utilisés,
08:12dans la façon dont on perçoit ce que l'autre fait.
08:16Donc, déjà, la phase de concertation,
08:17ça va permettre de mettre face à face les acteurs
08:20et de dire qu'est-ce que vous voulez,
08:21qu'est-ce que vous pouvez accepter.
08:23Donc, si cette phase de concertation marche,
08:25on n'a pas forcément besoin de changer les lois.
08:27Donc, changer les lois,
08:28et ce que vous dites sur l'Europe,
08:30c'est tout à fait vrai si on veut changer les règles.
08:32Si on arrive à ne pas trop changer les règles
08:35et à faire ça intelligemment,
08:37on n'aura pas besoin de consensus européen.
08:40Un commentaire, Alain ?
08:41Oui, en fait, deux.
08:43Deux ?
08:43C'est une question aussi.
08:46Oui, le deuxième est une question.
08:49Le premier commentaire,
08:52c'est que je crains que la bataille
08:54soit un peu perdue pour les humains.
08:57En matière de création ?
08:58En matière de création.
08:59En matière de production.
09:00Non, non, pardon, pardon, pardon.
09:02Ça, c'était ma deuxième.
09:03En matière de production.
09:04En matière de production,
09:05parce que tout le monde a bien compris
09:06que ça allait beaucoup plus vite
09:07et que c'était beaucoup moins cher.
09:09Après, ma question et mon deuxième commentaire,
09:10c'est qu'effectivement,
09:11aujourd'hui, tout le monde dit
09:12de l'IA qui travaille sur l'IA s'appauvrit.
09:16Vous vous souvenez comment DeepMind
09:18a fait le jeu de Go ?
09:19Il a fait marcher deux IA ensemble
09:20qui ont inventé des solutions
09:22qu'aucun humain n'avait comprises.
09:24Et donc, l'adversial learning,
09:25le jour où ça vient ici,
09:27c'était ma question,
09:27est-ce que vous y avez réfléchi ?
09:29Joël Frachy.
09:31Oui, c'est marrant
09:32parce que moi, je ne crois pas du tout
09:33que l'humain va être tué par l'IA.
09:35Je pense qu'il y a d'ailleurs
09:36des formes de collaboration
09:37qu'on n'anticipe même pas,
09:39mais qui vont se mettre en place.
09:41Et de toute façon, je rappelle
09:42que c'est marrant parce qu'on dit
09:43l'IA, comment l'IA a fait, etc.,
09:45comme si c'était une entité
09:46qui venait toute seule,
09:47qui arrivait ad hoc,
09:50comme ça, qui nous tombait du ciel.
09:52Je rappelle quand même
09:52que les IA, de toute façon,
09:53c'est des choses qui sont faites
09:55par les humains.
09:56À un moment donné,
09:56il y a toujours des humains
09:57qui sont derrière l'IA.
09:59Donc après, il y a une certaine
10:00autonomie, tout ce que vous voulez,
10:01mais ça n'existe pas,
10:02une IA qui fonctionne toute seule,
10:05sans jamais avoir d'humains
10:06qui interviennent à aucun stade.
10:09Je sais que le transhumanisme
10:11est quelque chose
10:12d'assez à la mode.
10:15Personnellement, je ne crois pas du tout,
10:16je suis assez optimiste
10:17et je ne crois pas du tout
10:18que les humains vont disparaître
10:20dans la création,
10:21mais je suis persuadée
10:22que la manière dont on va créer
10:24avec les humains
10:24dans cinq ou dix ans
10:25sera totalement différente
10:26de ce qu'on connaît aujourd'hui.
10:27Ça, c'est sûr.
10:28Les réseaux d'envolume,
10:30quand vous aurez des milliards
10:31de contenus générés,
10:32de manière automatique,
10:33quelle place reste-t-il
10:34à la génération ?
10:35Ce qui est vrai,
10:35c'est qu'il y avait
10:36énormément de data disponible
10:38pour l'apprentissage
10:39des grands modèles
10:40et que là,
10:41on est arrivé
10:41au bout du système.
10:43D'où le next step.
10:46C'est une sorte de régression.
10:47Alors moi,
10:47je suis résolument optimiste
10:49aussi sur le sujet
10:51et ce rapport tombe
10:52au bon moment
10:53parce qu'en fait,
10:53on est vraiment
10:54à la croisée de deux mondes,
10:55celui de la création
10:55et de la tech.
10:56Et à côté de ça,
10:57on voit bien
10:57que l'IA générative
10:58est en train de devenir
11:00un marché colossal.
11:02Donc on a quand même
11:03GPT, Mistral, Lama
11:04qui valent des milliards.
11:05Mais moi,
11:06je suis convaincue
11:07que sans contenu,
11:09notamment culturel,
11:11on n'aurait pas d'IA.
11:13Donc pas de création,
11:15pas de contenu,
11:16pas d'IA.
11:17Et je pense en fait
11:18que c'est normal
11:19de rémunérer
11:20les ayants droit.
11:22Ce n'est pas un frein
11:22à l'innovation,
11:23c'est même une condition
11:24de pérennité à mes yeux.
11:26Je trouve ça très important
11:27parce que c'est important
11:29de stimuler l'IA.
11:31L'IA,
11:32c'est quand même
11:32le reflet de notre société,
11:33c'est quand même
11:34notre miroir,
11:35on est les utilisateurs.
11:37Et donc si elle commence
11:38effectivement
11:38à créer ses propres modèles
11:40avec des collaborations,
11:42avec d'autres algorithmes,
11:44je ne suis pas sûre
11:45qu'on s'y retrouverait
11:45et on reviendrait chercher
11:47ce qui nous plaît
11:48aujourd'hui dans l'IA
11:49et qui est encore
11:50en train d'évoluer.
11:52Après, je pense
11:52qu'il ne faut pas
11:53monter une usine à gaz.
11:55Il ne faut pas mettre
11:55en place un système
11:56si complexe
11:57qu'il viendrait finalement
11:58à tuer
11:59l'innovation européenne
12:01dans l'œuf.
12:02Il faut être extrêmement vigilant
12:03parce qu'il y a
12:03les petites start-up
12:04françaises et européennes
12:05et on a besoin
12:06d'accélérer en innovation.
12:08Donc il faut que ce soit
12:09simple, lisible,
12:10il ne faut pas qu'il y ait
12:10des coûts disproportionnés
12:11non plus.
12:12Donc il faut qu'on accompagne
12:14ce mouvement.
12:15Et puis il y a un sujet aussi
12:16pour moi
12:16de débat de souveraineté
12:18sur notre diversité culturelle
12:21et je pense que c'est important
12:22de la protéger.
12:24Absolument.
12:24Joël Farcher,
12:25j'avais une dernière question
12:26pour vous
12:27parce qu'on a mis en place
12:29le système de redevance
12:31pour la copie privée.
12:32Est-ce qu'on pourrait imaginer
12:33un mécanisme identique
12:35qui s'imposerait
12:36justement à tous ceux
12:37qui créent des grands modèles
12:38à partir des contenus disponibles ?
12:41On peut toujours tout imaginer.
12:42L'imagination n'a pas de limite.
12:44Simplement,
12:45pour l'instant,
12:46je suis totalement hostile à ça
12:47parce que c'est un modèle
12:47extrêmement contraignant.
12:50Et dans un monde
12:50qui bouge aussi vite,
12:53mettre en place des systèmes
12:54comme ça
12:54qui nécessitent parfois
12:56deux ans, trois ans
12:57de négociations
12:58avant de pouvoir être changés,
12:59avant que les montants évoluent,
13:01etc.
13:01Ce n'est pas maintenant.
13:03Peut-être que dans cinq ans,
13:04si on ne trouve pas
13:04d'autres solutions,
13:05si les gens ne négocient pas,
13:08il faudra en venir à ça.
13:09Mais je crois que pour l'instant,
13:10ça serait prématuré
13:11et totalement antiproductif.
13:13Merci beaucoup,
13:14Joël Farcher.
13:15Je vous rappelle,
13:15vous êtes professeur
13:16à Paris 1,
13:17Panthéon Sorbonne,
13:17directrice de la chaire
13:18de recherche pluralisme culturel
13:20et éthique du numérique.
13:21Merci pour vos éclairages.
13:23Bravo pour vos travaux.
13:24Nous, on continue autour de la table
13:27sur nos autres sujets.
13:28Je voulais vous faire réagir
13:29à cette levée,
13:30je dis une levée folle,
13:31mais enfin bon,
13:32quand même,
13:332 milliards de dollars
13:34levés en amorçage,
13:35on n'a encore jamais vu ça
13:37pour Thinking Machines Labs,
13:40nouvelle entreprise,
13:41toute jeune entreprise de l'IA
13:42qui affole les compteurs,
13:44fondée il y a moins de 6 mois
13:45par l'ancienne CTO
13:46d'OpenAI,
13:47Mira Murati.
13:49Qu'est-ce que ça vous inspire ?
13:50Vous vous dites,
13:50là, vraiment,
13:51ils sont en train
13:51de péter les plombs ?
13:54Ils font n'importe quoi ?
13:55Ou au contraire,
13:56vous vous dites,
13:57il y a une vraie stratégie ?
13:58Là, les Américains
13:58sont en train,
13:59finalement,
13:59de dire,
14:00vous n'allez pas pouvoir
14:00nous suivre.
14:01Ils crantent.
14:02On tue le marché.
14:03Ils sont en train
14:03de cranter.
14:04Non, mais c'est juste incroyable
14:05parce que c'est quand même
14:06un seed.
14:07Donc, moi,
14:07je trouve ça bluffant.
14:08C'est un seed de 2 milliards.
14:10En fait,
14:10on a déjà un séquoia
14:11qui s'est érigé
14:12et on se dit
14:12que la phase A,
14:13ça va être une forêt
14:14de séquoia.
14:16C'est à la fois fascinant,
14:18cette levée,
14:19et puis,
14:20c'est aussi inquiétant.
14:21C'est fascinant
14:22parce qu'elle prouve
14:22que l'industrie mondiale
14:25de l'IA
14:26ne se satisfait déjà plus
14:27des modèles existants.
14:29Et en fait,
14:29ça sent un peu
14:30ce parfum
14:31de révolution technologique
14:32comme on avait pu le voir,
14:34en fait,
14:35Google et Yahoo.
14:37Donc, moi,
14:37ça me rappelle ça.
14:39Et puis,
14:39c'est inquiétant
14:40parce qu'en fait,
14:40on assiste
14:41à une concentration
14:42assez vertigineuse
14:43des capitaux
14:43et des talents
14:45autour de quelques stars
14:47de la tech.
14:48Et donc,
14:48ça,
14:49c'est très questionnant.
14:50Et puis,
14:51on ne peut pas non plus
14:51écarter le risque de bulles
14:54parce que 2 milliards
14:55en phase de seed,
14:58ça prend aussi de court
14:59le marché.
15:01Et on a quand même,
15:02il n'y a pas de produit en face.
15:03Il y a un produit non fini
15:04aujourd'hui.
15:05Donc,
15:05c'est purement spéculatif.
15:08Je trouve ça vraiment
15:09bluffant.
15:11Et puis,
15:112 milliards,
15:12ça ne paye pas juste
15:13des serveurs.
15:14Ça paye du talent
15:16et ça paye du pouvoir.
15:18C'est-à-dire qu'on voit bien
15:19effectivement
15:19que les Américains
15:20sont en train de cranter.
15:22Il y a un vrai débat
15:23de souveraineté technologique,
15:26économique et scientifique
15:27sur le sujet.
15:29Et c'est pour ça
15:29que c'est inquiétant.
15:31Et ça envoie ce signal
15:32très fort,
15:33en fait,
15:33que la bataille de l'IA
15:35se joue pas seulement
15:36sur la performance
15:37des algorithmes,
15:38mais aussi sur cette
15:39souveraineté des États.
15:41Et donc,
15:42voilà,
15:43je ne peux que regretter,
15:44malheureusement,
15:45que nous soyons en attente
15:47d'un mouvement
15:48aussi fort en Europe.
15:50Vanessa ?
15:51Moi, ça peut venir
15:52et effectivement,
15:53je pense que ça se joue
15:54beaucoup sur le potentiel
15:55de Mira Murati
15:56qui a fait ses preuves
15:57chez OpenAI
15:58et qui a beaucoup
16:01de potentiel,
16:02qui a des projets
16:02très prometteurs
16:03et qui...
16:04Mais c'est vrai
16:05que les montants
16:05sont complètement
16:07incroyables.
16:08Délirants.
16:09Hors sol.
16:09Hors sol, clairement.
16:11Alors ?
16:11Quatre mois,
16:13février 2025,
16:14juin 2025,
16:15quatre mois,
16:15valot 10 milliards.
16:16C'est le valot qu'on estime
16:17quand il lève 10 milliards.
16:19Ça fait rêver
16:19pour un start-up.
16:20Moi, je dis chapeau.
16:21Je ne sais pas
16:22comment je pourrais faire.
16:23De toute façon,
16:23c'est trop tard.
16:24Donc oui,
16:25c'est tellement gros
16:27que de toute façon,
16:27c'est hors de mon champ
16:29de compréhension.
16:30Après,
16:31ce n'est pas le projet.
16:32C'est les humains.
16:33C'est les hommes et les femmes.
16:34C'est l'équipe.
16:34C'est les talents.
16:3521 des 29 premiers salariés
16:37viennent de OpenAI.
16:38Donc, on m'en dit,
16:39elle a pris son équipe
16:40de OpenAI
16:40dont on sait ce qu'elle sait faire.
16:42Elle dit,
16:42je les prends ailleurs
16:43pour faire quoi ?
16:43Pour faire ce qui manque.
16:45Quand on dit,
16:45effectivement,
16:45on est à la prochaine révolution,
16:47ce qui manque,
16:47c'est quoi ?
16:48C'est la recherche causale.
16:49C'est être capable
16:50de faire non pas
16:50de la statistique
16:51de je fais des choses
16:52qui ressemblent
16:52mais de comprendre
16:53les relations de cause à effet.
16:54Et ça,
16:55c'est un super beau programme.
16:56Je me suis demandé
16:57pourquoi autant de gens
16:58d'OpenAI
16:59rejoignent
17:00Machine Thinking Lab.
17:03Je sais simplement
17:04parce qu'il y a une vraie mission.
17:05Il y a une vraie mission.
17:07Je veux faire un cerveau,
17:08enfin une IA
17:08qui comprenne
17:09les relations de cause à effet
17:10qui aujourd'hui
17:11n'existent jamais nulle part.
17:12Donc, je pense que c'est...
17:13Et là,
17:13ça vaut probablement 10 milliards.
17:15Après,
17:15la conséquence,
17:16et c'est qu'une conséquence
17:17que les États-Unis
17:18font encore la course en tête,
17:20c'est malheureux
17:21mais ce n'est pas juste maintenant.
17:23Ils ont fait OpenAI avant,
17:24Microsoft avait essayé
17:25d'OpenAI à ce moment-là,
17:26même Elon Musk
17:28qui était au début.
17:28Enfin,
17:29c'est une histoire qui est longue.
17:30C'est une suite logique.
17:30Et simplement,
17:31elle s'accélère.
17:32Et comme toujours
17:33dans les exponentiels,
17:34si on ne prend pas
17:34les premières marches
17:35avec le bon niveau,
17:36on ne rattrape jamais.
17:37Jamais.
17:38Malheureusement.
17:39Je me souviens
17:39des écrans
17:40cristaux liquides.
17:41Il n'y a plus que de fabricants au monde.
17:44Non mais voilà.
17:45Parce que chaque étape,
17:46c'était à l'époque,
17:47c'était un milliard
17:48à chaque génération.
17:49Mais quand vous êtes
17:50à quatrième génération,
17:51c'est fini.
17:51Plus personne ne peut suivre.
17:52Je suis convaincue
17:53que quand même
17:54du côté des Américains,
17:55l'idée,
17:56c'est vraiment de se dire
17:57que de toute façon,
17:58il ne va y avoir
17:58qu'une poignée de colosses
18:00qui vont remporter
18:01cette bagarre,
18:02cette bataille de l'IA.
18:03Il n'y aura pas de place
18:04pour énormément d'acteurs.
18:06Donc là,
18:06oui,
18:07quand Angelique
18:08ou dit
18:08il crante,
18:09oui,
18:10en fait,
18:10clairement,
18:11ils disent au monde entier
18:12vous ne pouvez plus suivre.
18:14Voilà.
18:14Donc nous,
18:15on sera peut-être
18:15dans le meilleur des cas
18:16des sous-traitants,
18:18des partenaires technologiques.
18:20Mais aujourd'hui,
18:21effectivement,
18:21c'est un rythme
18:22qu'on ne peut pas suivre.
18:23On passe à notre autre sujet,
18:25c'est ce plan national
18:27lancé en France,
18:28Osé,
18:29lié avec l'objectif
18:30de faire adopter
18:31cette technologie
18:32aux entreprises.
18:33Parce qu'on a découvert
18:34quelques chiffres
18:34grâce à BPI France.
18:378% seulement
18:38des TPE,
18:3913% des PME,
18:40utilisent l'IA
18:41et à peine 30%
18:43des dirigeants
18:43de TPE
18:44considèrent l'IA
18:45comme stratégique.
18:46Bon,
18:47alors,
18:47on peut se dire
18:47mais c'est une catastrophe,
18:48effectivement,
18:49il faut lancer
18:49un plan national
18:50où on peut se dire
18:51finalement,
18:52ils sont peut-être
18:53raisonnables
18:53ces entrepreneurs.
18:54Est-ce qu'il ne faut pas
18:55y aller un petit peu
18:55plus doucement ?
18:56Quel est votre sentiment ?
18:57Je pense qu'effectivement,
18:58on parlait tout à l'heure
18:59de souveraineté,
19:00de comment on se positionne
19:01nous par rapport à l'IA.
19:02Effectivement,
19:02on ne veut pas rater la course,
19:03je pense,
19:03en France
19:03et on veut essayer
19:04de faire en sorte
19:05que ça soit adopté,
19:06que ça fasse partie.
19:07Mais là,
19:07on parle d'appropriation,
19:08pas de fabrication.
19:09C'est le problème,
19:10c'est le problème,
19:10c'est qu'on s'assurer
19:11des technos américains.
19:12Est-ce que finalement,
19:13l'appropriation,
19:14la fabrication,
19:14c'est rentrer
19:15dans ce fonctionnement
19:17et arriver à bien
19:18le comprendre
19:18pour après,
19:19finalement,
19:20l'intégrer
19:20et créer quelque chose
19:21à partir de là ?
19:22Effectivement,
19:23aujourd'hui,
19:23on a beaucoup d'hostiles,
19:25beaucoup de gens
19:25qui regardent
19:25chez le GPT,
19:26Claude,
19:26tout ça,
19:27mais pour un peu s'amuser
19:28et finalement,
19:29peu qui s'en servent
19:31au quotidien
19:35je pense que c'est bien
19:37d'avoir lancé ce projet
19:38et que ça va nécessairement
19:41donner quelque chose.
19:41On passe par de la sensibilisation,
19:43on passe par de la formation,
19:45on passe par...
19:45Et donc tout ça,
19:46plus on se sensibilise,
19:47plus finalement,
19:48on est capable après
19:49de se dire
19:49que c'est un sujet central,
19:51primordial
19:52et qu'il faut mettre
19:53les outils
19:53et les ressources
19:54pour pouvoir créer
19:55et s'approprier.
19:58Il manque un truc là-dedans,
19:59c'est obligé à utiliser
20:00des technos françaises
20:01ou au moins européennes.
20:02Ça, c'est compliqué.
20:03Ah, mais je...
20:03Non, non, mais...
20:04T'es calme.
20:04Les Américains le font très bien,
20:05les Chinois le font très bien.
20:06Je ne veux pas entendre...
20:07C'est encore un autre sujet.
20:08C'est un autre sujet.
20:09C'est-à-dire qu'en fait,
20:09rentrer dans...
20:10On oblige des outils.
20:12Mais oui,
20:13les Chinois le font,
20:13les Américains le font.
20:14Mais tu as raison.
20:15Nous, on ne le fait pas.
20:15Ça pourrait être un prérequis.
20:17Exact.
20:17Parce qu'on en a besoin.
20:19C'est un sujet important.
20:20Moi, je trouve effectivement
20:21que c'est un super plan
20:22et donc il faut l'applaudir,
20:25l'encourager.
20:27On a effectivement
20:27un vrai retard
20:28dans l'adoption
20:29d'intelligence artificielle
20:30en France,
20:30notamment dans les PME
20:31et donc il y a encore
20:33trop d'entreprises
20:33qui voient ça
20:34comme un coût,
20:35une menace,
20:36un concept,
20:36un gadget
20:37et donc former massivement,
20:39c'est vraiment la clé.
20:42Démystifier, accompagner...
20:42Si ça permet de comprendre
20:44comment ça fonctionne,
20:46quel bénéfice je peux en tirer
20:48ou pas
20:48et de ne pas juste consommer
20:50bêtement une technologie.
20:52On leur apprend
20:53comment marcher
20:53les émettés à quoi ça sert.
20:54C'est la condition.
20:55Ce n'est pas juste
20:55adopter pour adopter.
20:56Absolument.
20:57Et après,
20:57l'adoption,
20:58en fait,
20:59ce n'est pas qu'un enjeu
20:59de compétitivité
21:00et là,
21:01je te rejoins totalement.
21:02C'est un enjeu économique,
21:05culturel
21:05et linguistique.
21:07Pourquoi linguistique ?
21:08Parce qu'aujourd'hui,
21:09les IA sont entraînés
21:10sur des modèles
21:11anglo-saxons
21:11qui n'ont pas
21:14nos références historiques,
21:16culturelles,
21:16qui n'ont pas notre humour
21:17et donc je trouve
21:18que la souveraineté numérique,
21:20c'est aussi
21:21pouvoir s'exprimer
21:22et réfléchir
21:23dans notre langue
21:24et donc je suis d'accord,
21:25ça pourrait être
21:26un prérequis.
21:26Et après,
21:27un point qui me tient
21:28très à cœur,
21:29c'est oser l'IA,
21:31oui,
21:31mais oser la mixité,
21:33oser la diversité.
21:34Nous,
21:35chez Women in STEM Europe,
21:36on a pris l'engagement
21:37de former
21:371000 femmes
21:38avant la fin de l'année
21:39gratuitement
21:40à des modules
21:41d'intelligence artificielle
21:42et j'utilise
21:43le plateau
21:44du Grand Débrief
21:44aujourd'hui
21:45par le Delfi
21:46pour lancer
21:47une bouteille à la mer
21:47à Clara Chappas
21:48pour lui dire
21:49mais on veut
21:49vous rencontrer
21:50parce qu'on est capable
21:51de doubler,
21:52tripler,
21:52quadrupler
21:53ce nombre de femmes
21:54que l'on peut former
21:55à l'IA gratuitement
21:56puisque les femmes
21:56sont sous-représentées
21:57dans les métiers de l'IA
21:58mais ce sont celles aussi
21:59qui l'utilisent le moins
22:01et qui sont moins à même
22:02à se former.
22:03C'est un énorme sujet
22:04et je pense que
22:05la souveraineté numérique
22:06passera aussi
22:07avec l'adoption des femmes.
22:10On est ravis
22:11de passer ce message aussi.
22:13On l'attaque grave.
22:14Il y a quand même
22:15une bonne initiative.
22:16Merci.
22:17Je dis
22:18qu'il y a quand même
22:18une bonne initiative.
22:19Je suis dure avec ce plan aux élire
22:20mais c'est vrai
22:21que moi ça me pose question
22:21quand on est juste dans
22:22il faut absolument
22:24utiliser ce qu'on a
22:25et aujourd'hui
22:25ce qu'on a c'est quand même
22:26des techs américaines.
22:27Moi il y a un truc
22:27qui m'a intéressée
22:28dans ce plan aux EIA
22:29c'est l'idée de faire
22:31une journée en fait
22:32comme l'IA Business Day
22:34au moment du sommet
22:35pour l'action sur l'IA
22:37une journée qui va rassembler
22:38l'écosystème
22:38parce qu'en fait
22:39aujourd'hui
22:39l'écosystème européen
22:41on ne le connaît pas
22:42en matière d'IA.
22:43On parle tout le temps
22:43de Mistral.
22:44Il n'y a pas que Mistral.
22:45Donc il faut aussi
22:47que les entrepreneurs
22:48et les entreprises
22:48à qui on dit
22:50il faut absolument adopter l'IA
22:51ok
22:51mais il faut aussi
22:52qu'ils aient conscience
22:52qu'il y a tout un écosystème
22:54d'IA qui est en train
22:54de se construire chez nous.
22:56C'est important ça.
22:57Il faut réunir nos forces.
22:58En plus voilà
22:58ça ça me semble
22:59plus important
23:00que d'imposer finalement.
23:01Voilà.
23:01Je suis d'accord.
23:02Plus sensibiliser,
23:03informer,
23:04qu'on sache.
23:04Fédérer.
23:05Voilà.
23:05Fédérer
23:06plutôt que d'imposer.
23:07Je trouve que le côté imposé
23:08c'est un peu trop...
23:09Mais c'est ça qui tue l'Europe.
23:11De ?
23:11De ne pas imposer.
23:12De ne pas imposer.
23:13Non mais on le voit.
23:14Dès que l'on impose quelque chose
23:15ça fonctionne.
23:16De ne pas imposer des choix
23:16technologiques
23:17bien sûr.
23:18Enfin européens, continentaux.
23:20Ah oui on est d'accord.
23:20En fait on est peut-être
23:21trop en retard
23:22pour ne pas imposer.
23:23C'est ça le sujet.
23:24C'est-à-dire que si on avait
23:24un peu...
23:25Attends, double négation.
23:26Là on est trop en retard
23:28pour ne pas imposer.
23:31On parlait effectivement
23:32des Américains.
23:34On peut aussi parler de la Chine.
23:35On a deux géants
23:36technologiques mondiaux.
23:37On n'est pas encore
23:38en phase d'accélération.
23:40Effectivement regrouper,
23:41fédérer tout le monde
23:42ce serait précieux.
23:45Mais si effectivement
23:46on avait des prérequis
23:48pour utiliser nos propres modèles.
23:50Donc là on est sur un sujet
23:51de souveraineté intellectuelle.
23:53Deux formations sur nos modèles.
23:55L'adoption se ferait aussi
23:56peut-être beaucoup plus vite.
23:57Et puis il y a des enjeux
23:58géopolitiques derrière.
24:00500 millions d'Européens
24:01je pense qu'on saurait faire le poids.
24:03Il faut juste s'y mettre.
24:04Si on sort quand même
24:06juste du prisme
24:08500 millions de consommateurs
24:10de technologies américaines.
24:12C'est ça.
24:12Et c'est...
24:13Eh bien alors
24:13je voudrais quand même
24:14qu'on garde un petit peu de temps
24:15pour mon crève-cœur.
24:17C'est ce qui se passe
24:18autour de Carbat.
24:19Parce que là justement
24:20on parle d'une tech
24:21française
24:23quand même assez extraordinaire.
24:24Une aventure du professeur
24:26Carpentier
24:26que moi j'ai suivi
24:27pratiquement depuis
24:28le début
24:29à l'époque de Science et Vie Micro
24:31pour ceux qui m'ont suivi.
24:32Et là moi quand j'entends
24:36en fait Stéphane Pia
24:37donc le directeur général
24:38de Carmat qui nous dit
24:39on est une des nombreuses victimes
24:41d'un marché français
24:41des capitaux
24:42qui ne fonctionne pas.
24:44Je me dis
24:45ok c'est grave en fait.
24:47Ils n'arrivent pas à trouver
24:47100 000 euros.
24:49C'est-à-dire qu'on en est là.
24:51Ils n'ont pas réussi.
24:52Ils ont fait un appel au don.
24:53Ils n'ont pas réussi
24:54non plus à lever
24:553 millions et demi
24:56sur un projet
24:57qui est énorme.
24:58Enfin on parle
24:59de deep tech
25:00aujourd'hui
25:02ils trouvent porte-close.
25:03Comment c'est possible ça ?
25:04Donc il y a deux appels
25:05là finalement
25:06dans cette émission aujourd'hui.
25:07Oui exactement.
25:09Parce qu'il est possible
25:10que tout ce qui se passe
25:12ça sensibilise finalement mieux
25:13j'allais dire tout le monde
25:15à ce sujet
25:15qui est quand même
25:16un sujet de société
25:18et pour le coup de souveraineté.
25:19Je peux être cash ?
25:20Oui.
25:22Tu l'es généralement non ?
25:23Vas-y vas-y vas-y
25:24parce que j'ai beaucoup de temps.
25:25Tu sais pas ce qui va arriver.
25:26Il se trouve que j'ai travaillé
25:27un peu pour Carmat
25:28et je faisais de l'IA prédictive
25:30c'est-à-dire
25:30s'assurer à l'avance
25:32que le cœur pouvait avoir un problème.
25:34Et c'est un projet extraordinaire
25:36l'étaler trop lentement.
25:38Et l'étaler trop lentement
25:39donc Stéphane a tout à fait raison
25:40c'est un problème
25:41de marché des capitaux
25:42en Europe et en France
25:43on n'a pas financé
25:44assez ce développement
25:46donc Carmat
25:46vous voyez bien ce que c'est
25:47c'est une coupe mécanique
25:49qui vient greffer
25:49sur des oreillettes.
25:51Bien.
25:51En fait c'est un cœur
25:52entièrement artificiel
25:54absolument
25:55implanté dans le corps
25:57qui remplace l'ensemble
25:58de la machine
25:58et ça c'est unique au monde.
26:00C'est unique au monde.
26:01Voilà.
26:01Et c'est unique au monde
26:02et alors
26:03à quoi ça sert aussi ?
26:05On permet de ralentir
26:07le moment où on a besoin
26:08d'une greffe
26:09ça c'était le plan initial
26:10et de toute façon
26:11il y a tellement besoin de cœur
26:12qu'il faudra en faire
26:13beaucoup plus.
26:14Le fait que la LTEQ
26:15est extrêmement lente
26:15est aussi un problème
26:16ils ont un temps fou
26:17pour faire valider
26:18leur système
26:19dans différents marchés
26:20et c'est national
26:21malheureusement
26:21c'est pas européen
26:22donc ils ont commencé
26:23par le Hollande
26:23ou le Danemark
26:24avant d'arriver en France
26:25enfin c'est un peu
26:26ubuesque
26:28mais le vrai sujet
26:29c'est que
26:30plus le temps passe
26:30plus les technos bougent
26:32c'est-à-dire qu'aujourd'hui
26:35s'il faut regarder
26:35ce qui se passe
26:36du côté du Japon
26:37on peut se poser la question
26:39sur la pertinence
26:40de la solution
26:41qu'il y a en 2025
26:42avec la remise en question
26:43de tout ce que vous voulez
26:44il y en a certains
26:45qui critiquent
26:45certains choix stratégiques
26:47faits par l'entreprise
26:48il fallait plus vite
26:50pour ça
26:50il leur fallait des moyens
26:51supplémentaires
26:51qu'on ne leur a pas donnés
26:52c'est souvent une question d'argent
26:54c'est consternant
26:55c'est la pauvre équipe
26:56c'est les mêmes
26:57depuis 20 ans
26:58qui sont là-bas
26:58à côté de la Vélisie
26:59là
27:00ils bossent comme des tarés
27:01c'est un problème
27:01ultra compliqué
27:02et on ne leur a pas donné
27:03assez de moyens
27:04ce qui fait que maintenant
27:06malheureusement
27:06ils ne se déplacent
27:06finalement
27:08alors là ils sont
27:09en redressement judiciaire
27:10ils peuvent encore
27:11s'en sortir
27:12mon problème
27:13c'est
27:13je regarde un peu
27:14l'évolution des technos
27:15et ce qui tue
27:16ce n'est pas forcément
27:16les moyens
27:17qui vont arriver
27:17tout ça
27:18c'est un moment
27:18de être capable
27:18de sauter
27:19sur la bonne technologie
27:20alors visiblement
27:21ils chiffrent
27:21leur besoin de financement
27:22à 35 millions d'euros
27:23pour les 12 prochains mois
27:2520 millions avant fin décembre
27:26j'ai l'impression que
27:27voilà
27:27c'est très difficile à trouver
27:28après il peut y avoir
27:29une réaction peut-être
27:30au niveau de l'État
27:31ce serait souhaitable
27:33voilà
27:33j'ai vu le ministre
27:34de la Santé réagir
27:36en disant
27:36pour l'instant
27:37ils ne les avaient pas encore
27:37rencontrés
27:38mais qu'il allait le faire
27:38peut-être que tout ça
27:39est en train de se discuter
27:40au moment
27:41où nous vous parlons
27:42on ne le saura
27:43que prochainement
27:44merci beaucoup
27:45à tous les trois
27:47pour vos réactions
27:48sur cette actualité
27:49qu'on a commenté ensemble
27:50Vanessa Bouchara
27:50de Bouchara Avocat
27:52Angélique Gérard
27:52de la STEM Academy
27:54et Alain Staron
27:55d'Artifil
27:55merci encore
27:56merci à vous
27:57de nous suivre
27:58c'était Smartech
27:58que vous regardez
27:59sur la chaîne
28:00Bismarck for Change
28:01à très bientôt
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