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Lundi 7 juillet 2025, retrouvez Jérôme Bouteiller (Fondateur, ecranmobile.fr), Pierre-Yves Berger (directeur marketing stratégique EMEA, STMicroelectronics), Stéfane Fermigier (Coprésident, CNLL) et Yann Lechelle (entrepreneur de la tech et cofondateur, probabl.AI) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.

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00:00Bonjour à tous. Un rapport autour duquel s'est rassemblé un mouvement fait plus que des
00:13préconisations, ouvre davantage que des pistes, engage des actions très concrètes pour recouvrir
00:19une souveraineté numérique en Europe. Comment ? Et bien en créant une infrastructure numérique
00:24souveraine. Ça s'appelle Eurostack et ce sera notre sujet à la une de Smartech aujourd'hui.
00:29On va aussi faire un détour par l'économie du mobile pour s'intéresser à la publicité qui, ça y est,
00:35arrive dans ces super apps. Et puis on va s'intéresser aux services d'urgence. Je dirais même qu'on va
00:40s'y intéresser tout de suite. C'est l'interview dans Smartech avec une nouvelle génération de services
00:44d'urgence. Pour cette interview aujourd'hui, je suis en compagnie de Pierre-Yves Berger. Bonjour.
00:54Bonjour. Vous êtes directeur marketing stratégique pour la région Europe, Moyen-Orient, Afrique de
00:59ST Microélectronique. Je voulais d'abord que vous nous disiez un petit mot quand même sur le positionnement
01:02de ST aujourd'hui dans le marché des semi-conducteurs. Ok. Donc ST, effectivement, dans le marché des
01:08semi-conducteurs, on conçoit, on fabrique des composants électroniques qui servent aujourd'hui
01:13dans différentes applications du quotidien, que ce soit vos appareils électroniques, téléphone,
01:19votre électroménager à la maison, l'automobile également, où on a pas mal de composants. Et puis,
01:25des applications beaucoup plus industrielles qu'on va retrouver dans toutes nos entreprises
01:29en Europe, par exemple, et au-delà, dans le monde. Alors, notre sujet, c'est pas tellement ça,
01:34mais ça n'est pas si loin. Finalement, vous avez annoncé avec la Software Republic,
01:38Vision for Rescue, qui doit faire émerger une nouvelle génération de services d'urgence.
01:44Alors, parlez-nous de ce projet. En quoi ça consiste, précisément ? D'accord. Alors, je vais d'abord vous parler
01:49un tout petit peu de la Software Republic pour remettre ça dans son contexte. La Software Republic,
01:53c'est un écosystème d'innovation collaboratif avec sept partenaires, dont par exemple Dassault,
02:01qui fournit des outils de simulation, Thales, des outils de sécurité, ST, des composants électroniques,
02:07bien sûr. Renault aussi, oui. Et le but de cet écosystème, c'est vraiment d'essayer
02:13de collaborer pour innover sur des sujets de mobilité, quand l'innovation aujourd'hui,
02:20c'est difficile de la faire tout seul. Donc, on se met en groupe et on essaye d'adresser
02:25les points de douleur, comme on dit en anglais, sur des sujets de mobilité. Notamment,
02:31Vision for Rescue, c'est cet état d'esprit-là. On s'est associé avec des brigades de sapeurs-pompiers,
02:37notamment la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, pour comprendre leurs problématiques,
02:41comprendre leurs challenges. Et ils nous en ont donné deux, pardon. Un, le fait d'être
02:48le plus efficace et le plus rapide possible. Chaque seconde, voire chaque minute, compte
02:53dans les services d'urgence. Et deux, le fait d'essayer d'intégrer et de rassembler un certain
02:59nombre d'outils qu'ils utilisent aujourd'hui et qui sont très hétérogènes. Et en partant
03:03de ces deux problématiques-là, on a essayé de construire Vision for Rescue, qu'on a donc
03:09présenté. Parce que les services d'urgence, aujourd'hui, c'est un coup de fil et ça y est,
03:13ils arrivent. Donc, quelle était vraiment la difficulté ? Alors, c'est effectivement un coup de
03:18fil. Et puis, quand on regarde derrière la scène, c'est beaucoup plus de coups de fil,
03:23beaucoup plus d'interactions entre les différents services. Et c'est vraiment ce qu'on a essayé
03:27d'apporter avec Vision for Rescue, intégrer tous ces outillages-là dans une expérience beaucoup
03:33plus unifiée, beaucoup plus intégrée. Donc, c'est quoi ? C'est une plateforme logicielle qui
03:38connecte différents services d'urgence entre elles ? Alors, c'est une plateforme, oui, mais pas que.
03:43C'est aussi des équipements intégrés. On a, par exemple, la R4 qui a été modifiée pour la
03:50transformer en centre de commande mobile, qui intègre les outillages, qui intègre les
03:55différentes plateformes qui sont toutes connectées pour que le pompier, par exemple, sur une situation
03:59d'urgence, est toute à portée de main. Alors, je ne sais pas si on a une image, d'ailleurs,
04:04de la démonstration à VivaTech, qui a été faite sur VivaTech 2025. Quand vous dites tout
04:10l'outillage, alors expliquez-nous plus précisément qu'on se fasse vraiment une idée de l'innovation.
04:15Eh bien, encore une fois, l'innovation et la grande valeur ajoutée qu'on a apportée,
04:21c'est vraiment d'intégrer tous les outils. Les plateformes intégrées, les plateformes
04:26d'appels et l'ensemble des solutions qui sont à disposition des pompiers dans une
04:32plateformes homogène et que les acteurs de l'urgence peuvent l'utiliser de manière
04:38très, très, très fluide et très, très simple. Et c'est vraiment ça.
04:42Mais qu'est-ce que ça a engagé comme transformation ? Est-ce qu'il a fallu résoudre comme problème ?
04:48Vous disiez, les pain points, on a essayé de travailler là-dessus.
04:50Oui, le gros pain point, ça a été vraiment l'intégration...
04:53C'est quoi ? L'interopérabilité ?
04:54L'interopérabilité, l'intégration des différents services entre eux.
04:57Donc, il n'a pas fallu... Vous n'avez pas changé chaque service, vous avez créé une
05:01plateforme qui permet... On a créé une plateforme qui permet de beaucoup mieux
05:04intégrer les différents services et de les rendre disponibles dans des équipements
05:09sur le terrain. Donc, c'est 100% du logiciel, non ?
05:12Non, non, non.
05:12Si il y a ces micro-électroniques, c'est ce que vous avez fait, alors ?
05:15Bien sûr que non.
05:16La brique que vous avez apportée ?
05:18Si vous prenez, par exemple, la voiture, la voiture sert de centre de commande mobile
05:24et de plateforme de décollage de drones.
05:26Oui.
05:26Les drones sont aujourd'hui équipés de composants qui leur permettent d'être beaucoup plus
05:31intelligents, beaucoup plus à même d'analyser le territoire et l'environnement qu'ils
05:36survolent. Par exemple, dans le véhicule, on a des solutions d'intelligence artificielle
05:43qui permettent de mieux analyser toutes les données qui sont récultées par le drone,
05:48par l'immobilier urbain, etc. Et puis de prendre des décisions beaucoup plus locales
05:52et beaucoup plus autonomes et d'éviter d'avoir à renvoyer toutes ces données dans un cloud
05:59quelque part ou sur une plateforme d'analyse à distance. Donc, tout est fait localement
06:04et ça permet, je parlais tout à l'heure d'optimiser et de gagner du temps, ça permet
06:08justement de gagner ce temps-là parce que tout est fait localement sur les équipements
06:14qui sont intégrés dans les véhicules et dans les équipements connectés.
06:19Donc, localement, en situation mobile, ça veut dire que les services d'urgence de
06:23nouvelle génération sont des postes de commande mobile qui pourront prendre des décisions
06:28directement sur le terrain et donc agir beaucoup plus vite et collecter de la donnée autour
06:32d'eux.
06:32Tout à fait.
06:33Super, merci beaucoup Pierre-Yves Berger, directeur marketing stratégie chez ST Microelectronics.
06:39Merci pour vos attirer.
06:39Merci à vous.
06:45Comment reprendre le contrôle sur cette industrie du numérique en Europe ?
06:50Un rapport fait plus que tirer quelques pistes, proposer quelques recommandations.
06:56En fait, il va beaucoup plus loin. Il est vraiment pourvoyeur d'idées d'actions très
07:00concrètes. Il s'appelle Eurostack. On en parle tout de suite avec Stéphane Fermigier
07:04qui est avec moi en plateau. Bonjour Stéphane.
07:06Bonjour.
07:06Vous êtes fondateur PDG d'Abilian qui est une société qui développe des solutions
07:10de gestion de l'information d'entreprises qui sont basées sur des logiciels open source.
07:15J'allais dire cela va sans dire parce que vous êtes aussi le co-président du Conseil
07:18national du logiciel libre.
07:20Oui.
07:21Et nous avons aussi pour cette discussion Yann Lechelle qui est connecté à distance avec nous.
07:26Bonjour Yann.
07:28Bonjour.
07:28Entrepreneur de la tech, co-fondateur de Probable AI qui est une spin-off d'Inria dédiée
07:36au développement et au soutien de SeekitLearn qui est l'une des principales bibliothèques
07:39open source de machine learning au monde et vous défendez donc activement l'idée
07:44d'une IA européenne ouverte, éthique et qui vient se poser en opposition à la domination
07:49des GAFA dans ce domaine. Alors Stéphane et Yann, vous êtes des membres actifs du collectif
07:55Eurostack qui est donc notre sujet. Vous allez pouvoir tout nous expliquer si je vous pose la question déjà de
08:01qu'est-ce que c'est cet Eurostack ? J'ai parlé d'un rapport, derrière il y a un mouvement qui s'est constitué.
08:06Est-ce qu'on peut résumer en quelques mots Eurostack, sa naissance ?
08:10Alors Eurostack d'abord c'est un constat, c'est le constat des dépendances européennes en matière de numérique.
08:15Donc il y a un chiffre très frappant, deux ou trois chiffres, par exemple 70, plus de 70% des entreprises
08:21et des administrations européennes utilisent des clouds américains, les fameux trois géants du cloud américain.
08:28Et on parle par exemple de 260 milliards d'euros qui chaque année, uniquement pour les services cloud
08:35et les logiciels d'entreprise, vont de l'Europe vers les Etats-Unis.
08:39Donc il y a clairement une dépendance économique.
08:40Juste pour être sûr de bien comprendre, sur ce chiffre, c'est uniquement sur la partie administration ?
08:46Sur la partie administration et entreprise, B2B.
08:48Et entreprise.
08:49Mais ça ne tient pas compte de tous les services grand public, en quel cas la domination serait encore bien supérieure.
08:55Alors il y a eu un constat en septembre dernier au Parlement européen, avec un certain nombre d'acteurs de ce domaine,
09:02qui se sont réunis et qui ont vraiment dressé à la fois le constat et posé quelques jalons
09:10sur comment essayer de regagner de l'autonomie stratégique en Europe sur ces sujets.
09:16Et puis il y a un collectif qui s'est formé à partir de janvier-février en Europe, à l'initiative de Christina Caffara,
09:25avec à la fois d'abord une vision, un pitch, et dans un deuxième temps, un certain nombre de réunions,
09:32et puis l'élaboration collective du rapport que vous évoquez, qui donc donne un certain nombre de pistes
09:38que j'imagine on va développer dans quelques minutes.
09:41Absolument. Alors Eurostax, c'est une référence à l'euro aussi en tant que monnaie,
09:46la manière dont on a bâti l'Europe autour de la monnaie.
09:51Yann Lechet, parce que là on ne parle pas de solutions en fait pour créer des géants du numérique,
09:55des plateformes de services numériques, on parle vraiment de créer une infrastructure numérique souveraine européenne, Yann.
10:03Oui, tout à fait. Alors le terme est intéressant parce qu'il capture l'essence même de ce qui nous manque.
10:10Et à la fois il décrit cette notion de stack, donc le terme stack signifie un petit peu la pile qui s'empile,
10:15et c'est un mini feuille de technologie.
10:17Donc je vois le sous-titre qui est affiché là, créer une infrastructure souveraine.
10:20En réalité, cette infrastructure, elle est plurielle, elle existe déjà avec des acteurs qui sont positionnés
10:27à tous les niveaux de la stack, donc à tous les niveaux de la pile.
10:30La question principale concerne le fléchage des achats qui sont largement orientés vers ces prestataires américains
10:41qui sont excellents par ailleurs, ce n'est pas le sujet.
10:43Le sujet c'est plutôt de dire comment pouvons-nous connecter l'offre locale avec la demande locale
10:50pour rediriger une grande partie de ces flux, en partant aussi du constat que la méthode européenne
10:56a souvent utilisé les subventions, et cette technique de financement de l'offre n'est pas très efficace.
11:06Alors qu'aux Etats-Unis, on sait très bien que ce sont les contrats,
11:08notamment les contrats issus de l'administration publique,
11:12donc l'achat public qui forge ces géants parce qu'ils bénéficient de contrats fédéraux
11:19ou au niveau de chaque État, des dizaines de milliards parfois,
11:25qui leur permet d'avoir une commande ou une précommande même qui va financer le produit.
11:31Voilà, donc c'est cette équation intéressante qu'il s'agit de résoudre ici.
11:36Donc le constat est clair, nous avons une partie de la pile déjà identifiée,
11:43et on peut penser infrastructure, donc on pense le bas de la pile,
11:47il y a le haut de la pile, il y a les couches intermédiaires,
11:49donc nous avons des acteurs cloud, en France on connaît bien OVH,
11:54Scaleway, Outscale, il y en a d'autres sur les couches un peu plus hautes, PASS.
11:58Voilà, donc la question c'est comment est-ce qu'on regroupe ces énergies,
12:02ces acteurs de la place qui sont pertinents, mais qui sont très fragmentés,
12:07et comment est-ce qu'on se présente collectivement en face de la demande,
12:12que sont les grands acheteurs, l'acheteur public et l'acheteur privé.
12:15Donc ça veut dire que vous partez du principe que cette bataille sur les infrastructures,
12:19elle n'est pas perdue, ça engage quand même un changement politique, culturel,
12:25presque en Europe, très important ça ?
12:27Alors on ne peut pas effectivement abandonner cette bataille,
12:31on dit régulièrement qu'à chaque fois qu'il y a une nouvelle technologie émergente,
12:35certains acteurs politiques disent, c'est pas grave, on a perdu la bataille X ou Y,
12:39mais ne vous inquiétez pas, il y a une nouvelle bataille et on est super fort,
12:42par exemple sur l'IA en ce moment, non, là on parle de la stack,
12:46c'est peut-être là qu'il y a une originalité de l'approche Eurostack et de la vision Eurostack,
12:50c'est qu'on envisage absolument tous les niveaux, depuis le hardware, les CPU, l'infrastructure, le réseau,
12:59les systèmes d'exploitation, les outils de développement, les outils du cloud,
13:06et puis les applications, les applications d'entreprise plutôt,
13:10puisque c'est essentiellement à ça qu'on s'adresse, surtout quand on parle aux administrations.
13:15Donc la bataille n'est pas perdue parce qu'encore une fois, on a un plan et on pense qu'avec ce plan,
13:21c'est tout à fait possible de faire bouger les choses assez rapidement.
13:25Il y a des initiatives...
13:27Alors dans ce plan, parce que quand on entend Yann, dans ce plan on entend le Buy European Act.
13:32Voilà, tout le monde appelle de ses voeux, là aussi quand même depuis pas mal de temps.
13:35Tout à fait, alors il y a trois piliers, Buy European, Sell European, Found European,
13:40et puis il y a un quatrième qui est la notion d'open source, openness en général.
13:45Alors pour le Buy European, il y a des précédents.
13:48Alors effectivement, il y a toute une bataille qui remonte à peut-être plusieurs décennies,
13:53je n'ai pas de tout l'historique en tête, mais il y a aussi ces Buy European Tech.
13:57Donc on n'est pas sur une démarche protectionniste, absolument pas.
14:01On est sur une démarche où on a des dépendances, des dépendances technologiques,
14:06et dont on se rend compte, un certain nombre de personnes s'en rendent compte déjà,
14:09il y a 30 ans ou 40 ans, les pionniers du logiciel libre s'en sont rendent compte il y a très longtemps.
14:14Un certain nombre de décideurs politiques s'en rendent compte aujourd'hui.
14:18Il y a un rapport du Parlement européen qui va bientôt, très probablement, être adopté en plénière,
14:23et qui donne un certain nombre à la fois de constats et puis quelques pistes.
14:28Et donc, nous pensons qu'en activant à la fois ce Buy European, mais aussi Buy Open Source,
14:34Buy la notion d'interopérabilité, qui a été un élément essentiel de la politique européenne du numérique dans les années 2000,
14:43et puis qui finalement est un peu tombée en désuétude à cause d'un lobbying adverse des acteurs américains,
14:49que tout ça, ça peut être remis, réaligné, compte tenu du contexte géopolitique actuel,
14:54qui est une motivation, c'est clair.
14:56Donc, si les acteurs politiques, au niveau européen, au niveau des États membres,
15:02d'un côté, et puis de l'autre côté, l'industrie se met aussi en ordre de bataille,
15:07on pense que c'est une bataille qui est tout à fait gagnable, bien sûr.
15:11Alors, il y a d'un côté, effectivement, le contexte qui favorise cette prise de décision.
15:16D'un autre côté, il reste quand même toujours ces sujets d'investissement,
15:19parce que, alors, acheter européen, d'abord, ok, mais jusqu'à quelle hauteur ?
15:26Et quel est le niveau des investissements nécessaires pour vraiment réussir à construire,
15:30à bâtir cette infrastructure numérique, Yann ?
15:35Ça, c'est deux sujets qui risquent de toujours poser de grandes difficultés à l'Europe.
15:41Tout à fait, mais il faut penser en flux plutôt qu'en stock,
15:45et la réponse n'est pas binaire.
15:47On est plutôt dans une approche qui consiste à partir de l'existant,
15:54et cet existant n'est pas nul.
15:56Il y a de très bons acteurs qui ont de très bonnes compétences techniques.
16:02Le sujet, c'est comment passer d'une PME à une entreprise de taille intermédiaire,
16:07puis éventuellement, à terme, une entreprise qui atteint le niveau du CAC 40
16:12et qui devient une big tech en Europe.
16:13Ça peut prendre 30 ans au rythme actuel, si on considère les capitaux risques,
16:19qui d'ailleurs ne s'intéressent qu'à l'IA en ce moment, ou en tout cas à l'innovation de rupture,
16:23et pourtant la stack.
16:25Donc, il faut effectivement continuer d'investir dans ces éléments qui sont plus infrastructurels
16:31et plus classiques, d'une part.
16:32Mais d'autre part, il faut trouver des tactiques, et donc Stéphane évoquait cette notion d'openness,
16:38c'est un petit peu l'arme du challenger.
16:40Et si on réaligne et on profite de cette opportunité extraordinaire que nous offre M. Donald Trump,
16:48en nous rendant de force plus autonome, nous n'avons plus le choix.
16:54L'Europe doit devenir autonome sur un certain nombre de sujets, dont le sujet militaire,
16:58mais aussi le sujet stratégique de la technologie sur laquelle la société est appuyée.
17:03Donc, aujourd'hui, nous devons saisir cette opportunité, utiliser l'openness pour créer de l'interopérabilité
17:09et d'inonder, en quelque sorte, le tissu entrepreneurial de technologies qui vont converger
17:16et qui vont être accessibles au plus grand nombre, y compris les acheteurs,
17:20et ensuite arrêter de croire que ce n'est que en stimulant l'offre par les capitaux
17:24qu'on va créer des champions, il faut que la demande s'implique.
17:28Donc, il y a un certain nombre de vecteurs à mettre en œuvre, très pragmatiques, très logiques,
17:34sans recréer un énième machin à Bruxelles, parce que ça n'a jamais marché.
17:40Effectivement. Mais si on rentre plus dans le détail, Stéphane, sur...
17:43Je posais la question, jusqu'à quelle hauteur on achète européen, par exemple ?
17:47Quels objectifs vous vous fixez ? Enfin, se fixe l'Eurostac ?
17:50Alors, nous, on se fixe des objectifs de 100%, on va être très clair.
17:56On est dans un contexte où on a une justification légale,
18:00des problèmes juridiques qui sont les lois extraterritoriales américaines,
18:04qui font que, en fait, le gouvernement américain peut contrôler non seulement les données,
18:09mais également les technologies, finalement, que les Européens utilisent.
18:14On l'a vu avec l'exemple récent de la Cour pénale internationale,
18:17le fait que, parce que c'était un organisme qui ne plaisait pas à l'administration Trump,
18:22il a eu ses accès à sa messagerie et peut-être à d'autres services de Microsoft coupés assez brutalement.
18:28Donc là, l'objectif, je dis, est-ce que c'est, comment dire, un objectif de 100% ?
18:35Après...
18:37Mais ce serait une obligation ?
18:39Il va pareil, l'objectif et l'obligation.
18:41Déjà, respecter l'ensemble des réglementations européennes,
18:45qui, notamment le RGPD,
18:47qui, clairement, exclut un certain nombre de traitements de données
18:51en dehors d'Europe et, en particulier, dans des pays qui n'offrent pas les garanties,
18:55des vraies garanties de confidentialité.
18:58Donc ça, c'est déjà un premier point.
19:00Le deuxième point, c'est, effectivement, une préférence pour les solutions européennes.
19:05On ne peut pas, et encore une fois,
19:07on parle d'autonomie stratégique,
19:09on ne parle pas d'autarcie.
19:11Donc, il s'agit, bien sûr, de prendre en compte
19:13qu'on est dans un monde globalisé, connecté,
19:17qu'il y a des technologies qui arrivent de tous les côtés.
19:19L'open source est un avantage énorme
19:22parce que c'est une technologie qui est, effectivement,
19:25enfin, c'est un type de technologie qui est mondial,
19:28avec des contributeurs dans tous les pays.
19:30Et donc, il n'y a pas forcément,
19:32ou il y a moins, on va dire, ou très peu de contrôles effectifs
19:35d'un pays sur telle ou telle technologie open source.
19:38Même si une partie de l'open source
19:40peut être financée par des entreprises,
19:42notamment des géants américains ?
19:44Oui, alors, bien sûr.
19:44Il faut être capable de jouer.
19:47Alors, moi, j'ai ce que j'appelle les critères low-tech,
19:51les cinq critères qui permettent de définir
19:54si une solution ou une offre technologique est souveraine ou pas.
19:58Donc, c'est les critères légaux, organisationnels,
20:01technologiques, économiques et culturels.
20:04Et en cumulant ces cinq critères, aujourd'hui,
20:06on a l'offre, comme disait Yann,
20:08on a l'offre européenne qui existe.
20:11L'offre existe.
20:12Elle n'est pas suffisamment valorisée.
20:13D'une part, ça, c'est le premier point.
20:15Il y a des solutions, et Jean-Paul Smets,
20:17que vous connaissez bien, évidemment,
20:19agit beaucoup pour valoriser un certain nombre
20:21de ces offres.
20:24Et il y a un deuxième point qui est
20:25la capacité à travailler ensemble,
20:28la capacité à intégrer des solutions.
20:31Et c'est pour ça que la vision Eurostack,
20:33c'est de fédérer, de valoriser
20:35et de perfectionner les solutions européennes.
20:38Et donc, ça, c'est le côté offre.
20:39Donc, on a le côté demande qui est plutôt
20:41achat public et aussi à stimuler l'achat privé
20:44autour des solutions européennes.
20:45Avec quand même ce que, pour la question
20:46des objectifs chiffrés,
20:48j'ai vu 25% en 2027
20:50de quotas de marché public
20:53pour les fournisseurs européens,
20:5450% en 2030.
20:56Donc, il y a quand même une grille
20:57qui est déjà fixée.
20:58Non, ça, c'est des propositions
20:59qui ne sont pas définitives.
21:01Ah bon, d'accord.
21:02Pour l'instant, on essaye de discuter
21:04effectivement avec la Commission.
21:07Il y a des discussions assez haut niveau
21:09par rapport dans le cadre de réglementations
21:12qui sont en préparation.
21:15Après, on va voir de quel côté
21:16la pièce va tomber.
21:17Mais en tout cas, nous, on pense
21:19qu'on a des arguments pour résoudre
21:22un certain nombre de problèmes
21:23et qui sont des problèmes de la Commission
21:25aujourd'hui, compte tenu, encore une fois,
21:27du contexte géopolitique.
21:28Oui, donc ça se passe au niveau européen,
21:31très clairement.
21:32Mais dans l'Europe, il y a la France.
21:35Comment se positionne la France
21:36sur ce sujet, Yann ?
21:38Est-ce que vous avez le sentiment
21:39que justement, la France porte véritablement,
21:42parce qu'on entend qu'Emmanuel Macron
21:44a vraiment pris la mesure
21:47et peut-être même les devants
21:49de la souveraineté nécessaire
21:51en Europe vis-à-vis de l'allié américain.
21:55Est-ce que vous le constatez dans la tech ?
21:58Alors, c'est une question complexe
22:00et chaque pays se la pose.
22:02Est-ce que finalement, l'intérêt premier,
22:04c'est la nation
22:04et en second lieu, l'Europe,
22:07qui est un projet
22:07qui est toujours un projet, en réalité ?
22:11Ou est-ce que finalement,
22:12on efface un petit peu la nation,
22:14on la met sur le second plan,
22:15sur ces sujets
22:15où le bon niveau du curseur,
22:18c'est évidemment l'Europe
22:19pour être compétitif
22:20vis-à-vis des États-Unis
22:22et de la Chine ?
22:24Donc la structure, pour moi,
22:25c'est l'Europe.
22:27Évidemment, le sujet Eurostack
22:28parle au niveau européen.
22:32Donc nous nous inscrivons pleinement
22:34dans cette démarche.
22:34Je pense que le président de la République
22:36a le bon discours,
22:38c'est-à-dire que très souvent,
22:39il parle de l'Europe,
22:41parfois même en premier.
22:42C'est l'opportunité même,
22:43peut-être pour la France,
22:45d'être leader
22:47et d'emmener d'autres pays européens
22:48dans cette démarche
22:49qui est collective,
22:51plutôt qu'individualiste,
22:52au niveau de chaque pays.
22:53Mais pour revenir sur le sujet
22:57des objectifs,
22:59et c'est plutôt ça
23:00qu'il faut régler,
23:02Stéphane a raison,
23:03les textes de loi sont là,
23:04on ne les applique pas assez,
23:05donc parfois,
23:06il faut faire
23:07ce qui a été écrit, décidé.
23:10100% n'existe pas nulle part,
23:13les Américains n'ont pas
23:14une autonomie stratégique à 100%,
23:16ça n'existe pas,
23:17et tu le disais Stéphane,
23:19à juste raison.
23:19La grande question,
23:21c'est comment inverser la tendance,
23:23puisque chaque année,
23:25nous nous enfonçons,
23:27alors même que la technologie
23:29et le marché de la technologie,
23:31du numérique,
23:32ne cessent d'augmenter.
23:33Donc on est sur une croissance
23:34qui devrait permettre
23:35à tout le monde
23:36de profiter de la manne,
23:38or, chaque année,
23:40très seulement la France et l'Europe,
23:42s'enfoncent dans ses dépendances.
23:44Et ce qui est intéressant
23:44dans le terme Eurostack,
23:45c'est que ça fait référence
23:48à l'infrastructure.
23:48Donc le cloud,
23:49toujours le cloud.
23:50Et ces technologies
23:52ont tendance à se sédimenter
23:53vers le bas de la stack.
23:54Et l'IA,
23:55aujourd'hui,
23:56qui est sur le haut de la stack,
23:58aura tendance à favoriser
23:59les acteurs qui sont en bas de la stack.
24:01Donc il faut faire très attention,
24:02parce qu'il faut une vue
24:03globale de la technologie.
24:06Il ne faut surtout pas se dire,
24:07et tu le disais très bien Stéphane,
24:09oh, on a raté la vague précédente,
24:11la guerre n'est pas perdue,
24:12on va miser sur le futur.
24:14Non.
24:14En fait,
24:14il faut une approche holistique,
24:16intégrée,
24:17et un travail collectif
24:19pour inverser la tendance.
24:20C'est le premier objectif.
24:22Ce n'est pas une question
24:23de quotas, etc.
24:24Le quotas est un instrument
24:25qui permet d'atteindre un objectif,
24:26mais l'objectif,
24:27c'est d'inverser la tendance.
24:28Urgellement.
24:29Et là,
24:29vous avez véritablement
24:30un plan d'action.
24:31Merci beaucoup,
24:32Yann Lechelle,
24:33cofondateur de Probable AI,
24:36et Stéphane Fermigier,
24:38co-président du Conseil national
24:39du logiciel libre
24:40pour vos éclairages
24:41sur ce sujet.
24:42Merci.
24:42Merci Delphine.
24:49On termine cette édition
24:50avec notre rendez-vous
24:52mobile business
24:53qui est incarné
24:53par Jérôme Bouteillet,
24:55le fondateur d'Ecran Mobile.
24:56Bonjour Jérôme.
24:56Bonjour.
24:57Aujourd'hui,
24:58vous vous intéressez
24:59à publicité
24:59qui débarque
25:00dans les super apps
25:01comme Telegram,
25:02WhatsApp ou ChatGPT.
25:04Bonjour Delphine.
25:04Effectivement,
25:05coup de tonnerre
25:05de l'univers du messaging
25:07et des super apps
25:08car plus de dix ans
25:09après le rachat
25:10de WhatsApp par Meta,
25:11la maison mère de Facebook
25:12a décidé d'ouvrir
25:13cette application
25:14à la publicité.
25:15Cette option
25:16qui a été rejetée
25:17par Yann Koum,
25:18le fondateur de WhatsApp,
25:20devrait toutefois
25:20être cantonnée
25:21à l'onglet Actu,
25:22déjà consultée
25:23par 1,5 milliard
25:25de personnes chaque jour.
25:26Et concrètement,
25:27ces annonces
25:27prendront la forme
25:28de publicité sous statut
25:29pour déclencher
25:30une conversation
25:31avec une marque
25:31ou de chaînes sponsorisées
25:33pour découvrir
25:34de nouveaux contenus
25:34issus de l'annuaire
25:36de WhatsApp.
25:36Mais il n'y aura
25:37pas de publicité
25:38dans les groupes
25:39de discussion,
25:39dans les conversations
25:40interpersonnelles.
25:41OK.
25:42C'est une nouveauté
25:43pour WhatsApp
25:43et pour la messagerie ?
25:45Alors, WhatsApp
25:46était un peu
25:46une exception
25:47dans un univers
25:48de la messagerie
25:49qui effectivement
25:49se tourne progressivement
25:50vers la publicité.
25:51On peut par exemple
25:52citer le marché du SMS.
25:54Selon la F2M,
25:55il y a plus de 14 milliards
25:56de SMS sponsorisés
25:57qui sont envoyés
25:58chaque année
25:59rien qu'en France.
26:00On a également
26:01la messagerie Telegram
26:02qui s'est récemment
26:03également ouvert
26:04à la publicité
26:04avec le lancement
26:05de sa propre plateforme
26:06Telegram Ads
26:07qui permet d'avoir
26:08des liens
26:08avec de l'affiliation.
26:10Et puis,
26:10il y a également
26:11tout ce qui se passe
26:11dans l'univers du RCS
26:13qui est le successeur
26:14du SMS soutenu
26:15par Apple,
26:16par Google
26:16et par tous les opérateurs.
26:18Il y a pratiquement
26:18300 annonceurs
26:19qui testent le RCS
26:20et ça devrait également
26:20être très important
26:22dans l'univers publicitaire
26:22dans les prochains mois.
26:24Est-ce que vous voyez
26:24d'autres super apps
26:25qui se lancent dans la pub ?
26:26Alors oui,
26:27effectivement,
26:27ces derniers mois,
26:28beaucoup d'applications
26:28qui avaient des modèles
26:29qui reposaient plutôt
26:30sur les abonnements
26:31sont en train de se tourner
26:32vers la publicité.
26:36ou Disney+,
26:37qui ont annoncé
26:38le lancement de leur régie
26:39et qui ont de grandes ambitions
26:40sur ce marché.
26:41Mais la publicité
26:42devrait également faire son arrivée
26:43au sein de ChatGPT.
26:44Il y a quelques jours,
26:45Sam Altman,
26:46le patron d'OpenAI,
26:47a admis qu'il étudiait
26:49de très près
26:49des formats tels que
26:50les liens sponsorisés.
26:51Donc,
26:51ça ressemblerait beaucoup
26:52aux search ads
26:54qui ont fait la fortune
26:55de Google
26:55et qui les rapportent
26:56désormais chaque année
26:57plusieurs dizaines
26:57de milliards de dollars.
26:59Il faut trouver
26:59un business model
27:00à un moment.
27:01Justement,
27:01ça représente quoi
27:02ce marché de la pub
27:04dans les messageries ?
27:05On en avait déjà parlé
27:07il y a quelques mois
27:08selon l'observatoire
27:09de l'e-publicité du SRI.
27:11La pub mobile,
27:12en France,
27:12c'est déjà 7,7 milliards d'euros.
27:14C'est à peu près 70%
27:15du marché de la pub digitale.
27:17Mais pour qu'on se rende compte,
27:18c'est le double
27:19de l'intégralité
27:19des investissements
27:20qui sont faits
27:21par les annonceurs
27:21en télévision,
27:22un média qui était pourtant
27:23incontournable
27:24pendant un demi-siècle.
27:25Dans le monde,
27:26Statista estime
27:27que la publicité mobile
27:28représente
27:28513 milliards de dollars,
27:31173 milliards pour le web
27:33et déjà plus de 340 milliards
27:35pour les applications.
27:37Pour les utilisateurs d'application,
27:38la pub mobile
27:39représente désormais
27:40deux fois plus
27:40que la vente de contenu
27:42évaluée à 172 milliards.
27:43C'est un énorme marché.
27:45Est-ce que cette publicité
27:45est bien acceptée
27:47par les utilisateurs ?
27:48Pas vraiment.
27:49Selon un sondage très récent
27:50publié par l'Institut CSA,
27:5284% des Français
27:53se disent agacés
27:54par la publicité
27:55sur leur smartphone.
27:56C'est plus qu'en télévision,
27:5777%
27:57ou qu'en radio,
27:5866%.
27:59Sur smartphone,
28:00trop de pub tue la pub.
28:01L'encombrement publicitaire
28:02nuit à l'usage du mobil-note
28:04et à l'efficacité
28:04de la publicité.
28:06D'un point de vue média,
28:06il faut privilégier
28:07la qualité du contact
28:08plutôt que la quantité.
28:10M'a expliqué Yves Delfrat,
28:11le directeur de l'Institut CSA,
28:13un appel à la modération
28:14qui relève du bon sens
28:15mais qui ne sera peut-être
28:16pas entendu
28:17par les éditeurs d'application
28:18à la recherche
28:19de nouvelles sources
28:19de monétisation.
28:20Ah oui,
28:20mais s'ils veulent que ça marche,
28:22il faut que ce soit accepté
28:22sinon ça ne marchera pas.
28:24Donc écoutez.
28:25Merci beaucoup,
28:26Jérôme Bouteillet.
28:27Je rappelle que vous êtes
28:28le fondateur d'écran mobile
28:29que vous suivez ce secteur
28:31du mobile
28:31dans sa partie business,
28:33économie de près.
28:34Merci de le faire pour nous
28:35dans Smartech.
28:36Merci à tous
28:36de nous avoir suivis.
28:38C'était donc Smartech
28:38votre émission
28:39sur l'innovation
28:40et le monde du numérique.
28:42On se retrouve très bientôt.
28:43Excellente journée à tous.
28:44Sous-titrage Société Radio-Canada
28:57Sous-titrage Société Radio-Canada
28:58Merci à tous.

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