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00:00A vers 31h sur Europe 1, Culture Média, Thomas Hill.
00:04Et on commence donc cette émission, Julien Pichnet, en rendant hommage à Philippe Labroix.
00:09Et comme Nicole Croisi, il avait 88 ans, Philippe Labroix, tout fait, tout vu, tout connu,
00:13c'est une immense carrière à la fois dans les médias et dans le monde des arts.
00:16Il a été écrivain, réalisateur de cinéma, parolier, journaliste radio et télé,
00:21directeur de radio et de télé, il a été directeur notamment d'RTL.
00:25Pour lui, tout avait commencé à Europe 1 en 1957, autant dire au tout début d'Europe 1,
00:30parce qu'Europe 1 n'avait que deux ans quand il est arrivé.
00:33Il avait 20 ans quand il a intégré la rédaction de la rue François 1er,
00:36après avoir remporté la coupe des reporters.
00:39Il était reporter, oui.
00:39Exactement. Il nous avait confié, c'était en novembre dernier, à notre micro,
00:42qu'il avait beaucoup appris de ces quelques années passées à Europe 1 à la fin des années 50.
00:45Il se souvenait notamment, par exemple, avoir dû commenter le football
00:48alors qu'il n'était pas vraiment spécialiste du ballon rond.
00:51Non, non, c'est une école d'apprentissage.
00:53Et il y avait, je ne sais pas, il y avait une atmosphère, une ambiance inouïe dans cette salle de rédaction.
00:58Bon, bien sûr, il y a des rivalités, des jalousies, tout ce qu'on veut.
01:01Les conflits, ça existe partout.
01:03C'est dans les murs d'une entreprise, quelle qu'elle soit.
01:05Mais il y avait une très grande camaraderie et beaucoup de loyauté les uns envers les autres.
01:09Et après ses débuts à Europe 1,
01:10Philippe Labrault devient correspondant aux Etats-Unis pour le grand quotidien François.
01:15Il collabore également à l'émission phare de la RTF de l'époque, 5 colonnes à la une, une émission de reportage.
01:20Il était aux Etats-Unis le jour de l'assassinat de Kennedy en novembre 1963.
01:25C'est l'un des grands moments de sa carrière qu'il nous avait également raconté.
01:28Je suis sur le campus du Yel, envoyé par 5 colonnes à la une, qui est la grande émission télé de l'époque.
01:33Donc je suis sur le campus, il est midi, et je vois un gamin qui arrive en courant, en hurlant, qui disait
01:39« The president has been shot », on a tiré sur le président.
01:43Et là, j'étais en train d'interviewer quelqu'un avec les caméras et tout, j'arrête tout.
01:48Je vais vers le téléphone, j'appelle mon journal, France Soir.
01:51Ils me disent « Tu laisses tomber l'émission, c'est bien gentil la télé, j'ai une fois par mois, tu pars.
01:56Tu prends une voiture, tu t'en fous, tu pars. »
02:03Ils m'en ont voulu pendant des années, je les ai tous laissés en plan pour partir immédiatement à New York
02:08pour prendre un avion pour être le lendemain à Dallas.
02:10Et en ce mois de novembre 1963, Philippe Labreau est l'un des seuls journalistes français présents aux Etats-Unis.
02:15Il couvrira d'ailleurs l'événement, la mort de Kennedy, pour Europe 1.
02:19Il était l'un des grands spécialistes de la mort tragique de Kennedy.
02:22Il écrira d'ailleurs un livre à ce sujet, vous en avez parlé tout à l'heure Thomas avec Pascal Praud,
02:26ce livre qui s'intitule « On a tiré sur le président ».
02:29Il y a l'écriture aussi qui est l'autre passion de Philippe Labreau avec le journalisme, l'écriture, la chanson.
02:35Il a écrit plusieurs chansons, vous l'avez rappelé Thomas, pour Eddie Mitchell, pour Johnny Hallyday aussi.
02:40Vous connaissez évidemment ce tube « Oh ma jolie Sarah ».
02:42C'est ce qu'on appelle une carrière bien remplie, le journalisme, la chanson, le cinéma, il a réalisé sept films
03:02dans les années de la fin des années 60 au début des années 80, dont 100 mobiles apparents avec Jean-Louis Trintignant.
03:07On lui doit également ses deux films avec Belmondo en vedette, « L'héritier » et « L'alpagueur ».
03:11C'est lui qui aussi avait découvert Fabrice Lucchini à la fin des années 60,
03:15quand celui-ci travaillait encore dans un salon de coiffure, c'était dans une discothèque d'Angoulême,
03:19alors que Philippe Labreau faisait des reportages pour son premier long-métrage.
03:22Tout peut arriver, il a mis en quelque sorte le pied à l'étrier de Fabrice Lucchini,
03:26qui quelques mois plus tard tournera chez le grand Éric Romère.
03:29Ses activités cinématographiques ne l'éloignent pas du monde des médias, bien au contraire.
03:32En 1979, il intègre RTL, dont il deviendra le président.
03:36Il présente également le journal télévisé au même moment, à la mi-journée, sur Antenne 2 en 81 et 82.
03:42Il y a eu un duel avec le cinéaste Jean-Luc Godard, notamment en 1982,
03:45lors de la guerre des Malouines, qui sera régulièrement rediffusé dans les Bétisiers.
03:49Écoutez un extrait.
03:49Mais là, pour l'instant, ce que je peux dire, je ne peux rien vous dire sur les Malouines,
03:53parce que je ne sais pas ce qui se passe.
03:53Mais nous ne savons pas non plus ce qui se passe, mais c'est peut-être déjà une information.
03:59Alors pourquoi vous ne le dites pas, Philippe ?
04:00Vous ne commencez pas votre journal en disant « je ne sais pas ce qui se passe ».
04:03J'ai commencé mon journal, Jean-Luc, en disant « informations contradictoires et confuses ».
04:08L'Argentine dit une chose, Londres autre chose.
04:10Informations contradictoires, vous avez l'air de savoir que c'est informations contradictoires.
04:15Dites, moi, chef d'Antenne 2, je ne sais pas ce qui se passe.
04:19Philippe Labreau qui avait tenu tête, ce qui n'était pas évident.
04:22Quand arrivent les années 2000, Philippe Labreau a déjà plus ou moins tout fait.
04:25Sauf encore une chose, il lui reste peut-être encore une expérience à tenter.
04:28Lancer une chaîne.
04:29Une nouvelle chaîne.
04:29Exactement, ce qu'il fait en 2005, en lançant Direct 8, nouvelle chaîne de la TNT qui deviendra C8
04:35et dont il fut vice-président à l'antenne en 2005.
04:38C'est lui-même qui lance la chaîne, d'ailleurs, aux côtés de Vincent Bolloré, son propriétaire.
04:42Bonsoir, bienvenue sur Direct 8.
04:44Bonsoir, bienvenue sur Direct 8.
04:46Vincent Bolloré.
04:47Philippe Labreau.
04:48D'ailleurs, en février dernier, donc il y a encore trois mois,
04:51Philippe Labreau, il était toujours à l'antenne de C8 au moment de la fermeture de la chaîne
04:55et on se souvient de ses adieux à la télévision.
04:58Oui, on en avait parlé dans le journal des médias, c'était le 25 février,
05:01deux jours avant que C8 ne soit retiré de la TNT.
05:04Il était toujours à l'antenne, Philippe Labreau, à l'âge de 88 ans
05:07et il avait conclu son émission, L'Essentiel chez Labreau, en chanson.
05:10Moi, je voudrais clore définitivement le chapitre par une petite chanson.
05:14L'Essentiel, ça s'appelle.
05:15L'Essentiel d'abord.
05:16De la télé, j'en ai fait beaucoup, mais la seule qui ait tenu le coup,
05:22qui n'est jamais virée de bord, virée de bord,
05:26naviguée dans l'Essentiel, sous la grande barre, l'audiovisuel,
05:31et ça plaît, les talents d'abord, les talents d'abord.
05:35Vos talents à vous tous !
05:37Vos talents à vous tous !
05:40Merci à toutes celles et ceux qui ont travaillé avec nous depuis toutes ces années.
05:47Très bonne fin de soirée sur C8.
05:49C'est assez émouvant de réentendre ça, parce que c'était il y a à peine 3 mois,
05:52les adieux de Philippe Labreau pour la dernière de L'Essentiel chez Labreau
05:56qu'il aura présenté pendant 4 ans.
05:58Il était le doyen des animateurs, ayant sa propre émission sur une chaîne de télé.
06:02On le disait, donc Philippe Labreau nous a quittés dans la nuit à l'âge de 88 ans.
06:05Il a été journaliste, patron de chaîne TV et radio, écrivain, parolier, réalisateur.
06:09J'en ai peut-être oublié. Le 17 octobre 2024, il était encore à ce micro,
06:12ici dans le studio Coluche d'Europe 1 pour répondre à vos questions, Thomas.
06:15Et vous lui aviez demandé, Thomas, laquelle de ces très nombreuses casquettes comptait le plus pour lui ?
06:20Toutes comptent.
06:20Toutes ?
06:21Oui, elles sont toutes liées par la même chose qui est l'amour du mot,
06:24l'amour de la communication, l'envie d'être connu, de se faire reconnaître,
06:29de s'exprimer, de raconter une époque,
06:32d'assouvir mon désir perdu de reconnaissance,
06:35et surtout d'aimer et de comprendre les autres et de les décrire.
06:41Philippe Labreau, au micro de Culture Média, c'était en octobre dernier.
06:43Philippe Labreau qui avait commencé sa carrière donc au tout début de l'année 1957 sur Europe 1.
06:48Il n'aura jamais cessé de travailler.
06:50Ensuite, on tenait à saluer ce matin cette carrière si inspirante et longue,
06:54si j'ai bien compté, de 68 ans.
06:56Il avait dit ici, je m'en souviens, je ne sais plus si c'était en direct ou pendant une pub,
07:01mais il avait dit que la discipline, c'est d'écrire tous les jours.
07:04C'était sa discipline à lui, il voulait continuer d'écrire tous les jours,
07:08il l'a fait pendant 68 ans.
07:09Et vous avez vu comme il avait le mot juste, Philippe Labreau,
07:12il nous avait vraiment impressionné quand il était venu à ce micro,
07:15parce que vraiment, il a une intelligence d'esprit,
07:19et on est tous ici très tristes de cette nouvelle.
07:21On a une pensée bien sûr pour ses proches et pour tous ceux qui ici,
07:25dans cette maison ou ailleurs, ont eu la chance de croiser cet homme si charmant et si intelligent.
07:31Merci Philippe Labreau.
07:33Restez avec nous sur Europe 1.