00:00Et on continue à parler d'Emmanuel Macron sur tous les fronts qui s'activent après un conseil de défense consacré à l'antrisme hier à propos des frères musulmans.
00:08Eh bien, le président de la République a annoncé un élargissement des possibilités de sanctions financières contre certaines associations,
00:15mais il veut aussi un nouveau texte de loi sur l'antrisme qui pourrait être prêt pour la fin de l'été.
00:20On va en parler dans quelques instants, le temps d'écouter Vincent Jeanbrun, député LR du Val-de-Marne,
00:24rapporteur de cette commission d'enquête sur les liens entre les mouvements politiques et les organisations islamistes.
00:30Il a réagi sur ce rapport, il était l'invité de Pierre Devineau hier dans Europe un soir.
00:34Ce qui est sûr, c'est que maintenant que ce rapport est public, grâce notamment au ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot,
00:39il appartient à la classe politique toute entière et à tous les citoyens.
00:42Et donc on va s'en saisir, et vous avez raison de le rappeler, c'est un des outils qui est à l'origine de notre commission d'enquête,
00:47que j'aurai l'honneur de rapporter, où on va effectivement regarder si des puissances étrangères,
00:54des idéologies étrangères comme le frérisme, ont une influence sur notre sol, et particulièrement dans la classe politique,
01:00et particulièrement dans certains groupes politiques, suivez mon regard.
01:03Et donc suite à ce conseil de défense, un texte de loi peut-être, dès la fin de l'année, Paul Melin, à l'initiative d'Emmanuel Macron.
01:10Oui, ça fait un peu la jonction avec ce qu'on disait tout à l'heure sur les deux années à venir pour Emmanuel Macron.
01:15Probablement que, sur le volet de son bilan, la question de la lutte contre l'islam politique,
01:21ou le régalien, reste des éléments sur lesquels il a le sentiment qu'il peut encore proposer des choses.
01:28Il est vrai que, et il faut quand même rendre justice au président de la République, sur le sujet de l'islam politique,
01:32il est quand même à l'origine, le gouvernement, c'était le précédent, précédent, avant Michel Barnier,
01:38de la loi contre le séparatisme.
01:40Ça n'avait pas été fait par ses prédécesseurs, donc il a commencé à mettre des jalons.
01:44Probablement qu'il faut aller plus loin aujourd'hui,
01:46notamment à la lumière de ce rapport assez alarmant sur le frérisme en Europe et singulièrement en France,
01:53avec une vraie menace, une menace double, c'est-à-dire, c'est ce que dit ce rapport,
01:56une volonté d'imposer la charia comme loi en lieu et place des lois de la République,
02:00et la volonté d'imposer un califat en lieu et place de notre État.
02:03Donc, il ne s'agit pas d'une petite menace, il s'agit vraiment d'un programme destructeur,
02:07et donc il convient de réfléchir à tout ce que l'on peut faire.
02:10Ce qui est difficile, c'est que c'est parfois des réseaux souterrains,
02:12c'est parfois des réseaux qui ne disent pas leur nom,
02:14il n'y a parfois pas de vraies affiliations entre les frères musulmans au niveau centralisé
02:18et les personnes qui s'en revendiquent ici.
02:20Donc, il faut pouvoir mettre en place des sanctions financières,
02:23pouvoir les taper au portefeuille,
02:24pouvoir dissoudre un certain nombre d'associations qui seraient proches,
02:27surveiller les établissements privés,
02:29regarder ce qui s'était passé avec le lycée Averroës,
02:31la préfecture avait été très réactive, c'était le préfet Leclerc,
02:34ça avait été très bien fait,
02:35et après c'est le tribunal, la justice, qui avait cassé la décision.
02:38Il faut aussi que la justice soit alignée,
02:40et ça, je ne doute pas que Gérald Darmanin essaiera de faire le maximum là-dessus.
02:43En tout cas, Emmanuel Macron veut ce texte de loi,
02:46et ça paraît assez surprenant, parce qu'on se souvient qu'il l'avait retoqué,
02:50souvenez-vous, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau,
02:52qui avait fait des premières recommandations à l'issue de ce rapport,
02:57et là, aujourd'hui, il reprend la main.
02:58Oui, parce qu'en fait, vous vous souvenez de la chronologie,
03:01en fait, donc ce rapport, il dormait dans un tiroir,
03:05c'est Retailleau qui le sort,
03:06c'est Retailleau qui dit, il faut le publier, il faut le rendre public,
03:11pour forcer un peu la main de l'Elysée qui résistait un peu,
03:14les équipes de Retailleau ont donné le rapport au Figaro qui l'a publié en entier,
03:18et finalement, Emmanuel Macron, de rage,
03:23convoque donc un conseil de défense le 11 mai,
03:25et dit à tout le monde, écoutez, ce que vous avez préparé
03:27n'est pas du tout à la hauteur de la situation,
03:29il faut vous revoyer votre copie, et on se revoit un peu plus tard.
03:33Et donc, c'est cette réunion qui a eu lieu ces derniers jours,
03:36mais je ne vois pas très bien, si vous voulez,
03:37quel texte on pourrait voir émerger à l'Assemblée nationale,
03:42parce que finalement, je trouve que l'un des éléments les plus notables
03:47de ces derniers jours, de ces dernières semaines,
03:49c'est d'une certaine façon l'explosion du socle commun.
03:52C'est-à-dire qu'on voit de plus en plus des fissures
03:55entre d'un côté Bruno Retailleau, qui est sur ces questions-là,
03:59qui campe sur des positions extrêmement dures,
04:02et on l'a vu sur l'Algérie, et on le voit sur plein d'autres sujets,
04:05et puis il y a également Horizon qui suit et qui est assez offensif,
04:11et puis d'un autre côté, vous avez le modem qui est toujours assez mou,
04:14par définition, et puis vous avez Gabriel Attal,
04:16qui lui, essaye de marquer un peu son territoire,
04:20et qui essaye d'avoir une vision un petit peu différente,
04:23et peut-être plus macronienne, et donc moins dure.
04:26Et donc, je ne vois pas très bien comment un texte pourrait émerger
04:30du socle commun, tant les divergences sur ces questions-là
04:34sont vraiment très importantes, et sont presque dans la posture.
04:36Donc pour vous, c'est quoi ? C'est une annonce ? C'est de la com ?
04:38C'est une façon de dire que je gère le dossier ?
04:40Je prends la mesure de la gravité de la situation ?
04:44Mais je ne vois pas Retailleau, parce que ce serait Retailleau
04:46qui défendrait ce projet de loi,
04:48je ne vois pas très bien Retailleau défendre un projet de loi
04:51sur les options d'Emmanuel Macron.
04:54Il ne faut pas oublier que lorsque la loi immigration
04:56avait été votée il y a quelques mois,
04:58le président de la République avait espéré
05:00que le Conseil constitutionnel annulerait
05:02une grande partie des dispositions
05:04qui avaient été votées par le Parlement.
05:05Et c'est pour ça qu'il parle aussi des sanctions financières,
05:07parce que ça c'est peut-être plus simple à réaliser,
05:09en disant qu'il compte sur une inscription au fichier national
05:11des subventions publiques de l'octroi de ces subventions
05:13pour ces associations accusées d'entrisme.
05:16Moi je pense que ça peut être une piste parmi d'autres,
05:18parce que c'est tellement complexe comme sujet.
05:20C'est indissociable aussi de la question des flux migratoires,
05:22de la question du combat culturel,
05:23mais mettons ça de côté.
05:25Si on part sur cette histoire des subventions,
05:26ça peut être une bonne idée.
05:27Un projet de loi, pourquoi pas ?
05:29Là où je serais peut-être un peu moins pessimiste que vous
05:31sur les chances d'un tel projet de loi d'aboutir,
05:34c'est que si Bruno Retailleau porte un projet de loi
05:36pour limiter l'emprise du frérisme en France
05:39ou pour lutter contre à l'Assemblée nationale,
05:41il peut avoir une majorité un peu composite
05:43et en dehors du socle commun,
05:45peut-être en ayant le vote du Rassemblement national,
05:47éventuellement.
05:48Il n'aura pas le vote de la gauche, ça c'est sûr.
05:50Maintenant, sur un sujet aussi consensuel
05:52dans la société française et dans le paysage politique
05:54que la lutte contre l'islam politique,
05:56j'ose espérer qu'on saurait trouver une majorité.