00:00L'accord de 1968 qui a été revu à quelques reprises depuis la dernière fois en 2001, il a un stade particulier qu'il régit de manière exclusive les règles de séjour des immigrés algériens en France.
00:12C'est-à-dire qu'une grande part de nos lois sur l'immigration ne s'applique pas aux Algériens qui sont pourtant la première nationalité bénéficiaire des titres de séjour en cours de validité.
00:20C'est un régime dérogatoire.
00:21C'est un régime dérogatoire qui couvre l'essentiel du champ de l'immigration, mais qui a notamment pour particularité de prévoir des dispositions spécialement favorables pour ce qui relève de l'immigration familiale.
00:32On pourrait multiplier les exemples, les Algériens ont accès plus vite que les autres étrangers extra-européens au regroupement familial.
00:38Pour avoir un titre conjoint de français, ils n'ont pas à prouver qu'ils ont effectivement une vie commune avec leurs conjoints.
00:44Les parents algériens d'enfants français n'ont pas à démontrer qu'ils contribuent effectivement à l'entretien et à l'éducation de cet enfant.
00:50Et ça conduit à ce que l'immigration algérienne en France soit beaucoup plus familiale que le reste de l'immigration.
00:56Et facilité, c'était l'esprit à l'origine de ces accords.
00:59C'est ça, c'est-à-dire que ces accords ont été conçus en 68.
01:02Ils prenaient à l'époque la suite des accords déviants de 62, qui marquaient l'indépendance.
01:07Les accords déviants qui posaient un principe de libre circulation.
01:10Les accords de 68 étaient déjà plutôt à l'époque une optique de plus forte régulation que dans la situation antérieure.
01:16Mais c'est vrai qu'on restait dans un contexte qui était celui des Trennes Glorieuses,
01:19avec à la fois un besoin d'émigration du côté algérien, parce que les difficultés faisant suite à l'indépendance,
01:25et aussi de vrais besoins en main-d'œuvre du côté de l'économie française.
01:29Une main-d'œuvre qu'on voulait à l'époque francophone et pas forcément très qualifiée.
01:32J'en viens donc à cette note sur l'immigration des Algériens que vous venez de publier
01:35avec votre observatoire de l'immigration et de la démographie, Nicolas Pouvomonti.
01:39Et vous relevez que ces accords de 68, de fait, ont permis une immigration particulièrement forte.
01:45Pour reprendre les termes de votre note.
01:48Absolument, c'est-à-dire que les Algériens aujourd'hui sont la première population immigrée en France.
01:53On compte environ 900 000 immigrés algériens au sens strict,
01:56c'est-à-dire des personnes qui sont nées algériennes en Algérie et qui vivent en France.
01:59Donc de la première génération.
02:00C'est ça, de la première génération, dont la moitié sont arrivées après l'an 2000.
02:04Donc c'est à la fois une immigration qui a commencé dans les années 50-60,
02:07mais qui est encore forte au cours des deux dernières décennies.
02:11Sur trois générations, donc en comptant la deuxième et la troisième génération des descendants,
02:16on peut estimer que la diaspora algérienne en France compte au moins 2,7 millions de personnes.
02:20Les Algériens, on l'a dit, sont la première nationalité bénéficiaire des titres de séjour actuellement valides.
02:25Donc quand vous dites diaspora, c'est y compris les naturalisés ?
02:27C'est ça, c'est-à-dire que la diaspora, c'est sur plusieurs générations,
02:30et il est évident qu'une large part des deuxième et troisième génération,
02:33une part très majoritaire, sont français.
02:35Une part importante d'entre eux peut avoir conservé par ailleurs une double nationalité algérienne,
02:39mais une part importante est française.
02:41Et peut-être pour finir sur cet état des lieux global,
02:44tout porte aussi à considérer que les Algériens sont la première nationalité
02:47représentée dans l'immigration clandestine en France.
02:51On le voit d'abord parce qu'ils ont été l'an dernier à nouveau les étrangers les plus nombreux
02:54interpellés en situation irrégulière,
02:56et parce qu'ils ont été aussi la principale nationalité
02:59dans les centres de rétention administrative,
03:01donc ces centres où l'on enferme les étrangers irréguliers
