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00:00Europe 1 matin, 6h, 9h, Alexandre Lemaire, l'Europe 1 il est 7h50, l'édito politique de Karl Neus, bonjour Karl, bonjour Alexandre, ce matin vous nous parlez des déchirures à gauche après les propos le week-end dernier de Mathilde Panot, l'insoumise a prévenu que LFI désarmerait les polices municipales et supprimerait la vidéosurveillance dans toutes les villes qui seront remportées en mars prochain par des candidats insoumis.
00:26Oui, Mathilde Panot a lancé un sacré pavé dans la mare de la gauche et le moins que l'on puisse dire c'est que ça fait des remous. D'abord parce que Mathilde Panot n'est pas une députée lambda, c'est la présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée Nationale, donc une proche de Jean-Luc Mélenchon dont on peut considérer que lorsqu'elle dit quelque chose, cela a été validé en amont par le grand magnitou de LFI.
00:44Ensuite parce qu'on est à moins d'un an des élections municipales et que la période des négociations entre partis est ouverte, on ne peut pas dire qu'en ciblant les polices municipales et la vidéosurveillance, Mathilde Panot est mis du liant.
00:55Enfin parce qu'en parlant de ce thème, la députée du Val-de-Marne sait qu'elle met du sel sur les plaies de la gauche.
01:00Que voulez-vous dire ?
01:01La police et plus généralement la sécurité a toujours été un facteur de division à gauche. Une grande partie de celle-ci pense que ses électeurs, notamment les jeunes, n'aiment pas la police.
01:10Elles cherchent à les flatter en reprenant leur slogan.
01:13Souvenez-vous en 2020, Jean-Luc Mélenchon, dans une manifestation contre les violences policières, appelait à une police aussi désarmée que possible.
01:21Cette gauche angélique se trompe évidemment puisque les sondages montrent bien qu'une immense majorité de Français soutient la police, majorité qui se retrouve aussi chez les sympathisants de gauche.
01:30D'ailleurs au PS, de Pierre Jox à Jean-Pierre Chevènement et même Lionel Jospin en 1997, certains avaient compris que l'insécurité touchait en premier lieu les classes populaires,
01:39celles qui habitent dans les quartiers les plus touchées par la délinquance, les phénomènes de bandes et de drogue.
01:44Ils savaient, eux, que la police municipale comme la vidéosurveillance, si elle n'empêche pas tous les crimes et les délits, ont un effet dissuasif et peuvent aussi aider à résoudre les enquêtes.
01:54Mais alors pourquoi Mathilde Panot fait-elle ça ? Elle prend quand même le risque d'empêcher l'union de la gauche au prochain municipal ?
01:59Mais vous avez entièrement raison Alexandre, et c'est peut-être malgré tout l'explication principale de cette saillie contre les polices municipales et la vidéosurveillance.
02:07C'est la première fois que LFI accorde autant d'importance au scrutin municipal.
02:11Jusqu'ici, seule comptait la présidentielle et les législatives.
02:14En 2020, LFI s'était fondue au milieu des listes d'initiatives citoyennes,
02:19clamant partout qu'il n'y avait pas de liste estampillée LFI.
02:22Mais la prochaine échéance arrive en mars prochain, un an avant la présidentielle.
02:26Il faut donc tout faire pour affirmer son autonomie, sa différence et sa prééminence.
02:31L'autonomie, ce sont des listes identifiées, LFI, concurrentes de celles du PS.
02:35La différence, c'est ce que vient de démontrer Mathilde Panot.
02:38Pour LFI, la lutte contre la police et donc la police municipale est un marqueur de gauche.
02:42Tous ceux qui n'entrent pas dans son raisonnement ne sont donc pas des gens de gauche.
02:46Vieille stratégie trotskiste qui a fait ses preuves en renvoyant les concurrents de gauche dans le camp des adversaires.
02:51Enfin, la prééminence, essentielle à un an de la présidentielle.
02:55A défaut de l'emporter, LFI peut faire perdre des municipalités au PS
02:58et l'empêcher de se revendiquer première force à gauche.
03:02La stratégie fonctionne puisqu'Olivier Faure, le patron du PS, a immédiatement répondu
03:06que son parti ne s'allierait jamais avec LFI si elle proposait le désarmement des polices municipales.
03:11Mais même au PS, ce n'est pas si simple.
03:14Tout le monde n'est pas sur cette ligne.
03:15On se souvient qu'Anne Hidalgo a longtemps refusé d'armer sa police municipale.
03:19Et à Nantes, l'autre exemple, Johanna Roland, la maire socialiste, refuse aussi d'armer sa police municipale
03:25malgré le climat d'insécurité qui règne dans sa ville.
03:27Ce qui veut dire, Carl, qu'on s'oriente vers les municipales où la gauche partira en ordre dispersé.
03:32Oui, et ça peut changer la donne politique si on a deux gauches irréconciliables à cette élection.
03:37Si le changement de mode de scrutin pour Paris, Lyon et Marseille est voté au Parlement cette semaine,
03:42puis validé par le Conseil constitutionnel,
03:44les divisions de la gauche peuvent lui faire perdre ses villes au profit de la droite et du centre.
03:49Ce n'est pas si simple non plus.
03:51Il faut aussi une condition à ce basculement,
03:53que les partis de la droite et du centre comprennent l'enjeu historique et fassent taire leur querelle.
03:57Ce n'est pas gagné.
03:58Ce n'est pas gagné.
03:58Merci Carl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
04:01C'était votre édito politique sur Europe 1.
04:04A la une du Figaro ce matin, Emmanuel Macron s'active pour rester au centre du jeu.

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