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Sidonie Bonnec publie "La fille au pair", chez Albin Michel.
Regardez L'invité de 9h40 avec Stéphane Carpentier du 09 juillet 2025.

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Transcription
00:00L'invité du 9-10
00:01L'invité en direct à 9h44, elle avait fait de la radio, notamment RTL, elle fait beaucoup de télé.
00:07Beaucoup RTL !
00:08Beaucoup RTL, c'était très bien.
00:09Surtout RTL !
00:10Beaucoup de télé évidemment, et toujours sur France Télévisions.
00:13Et puis maintenant elle écrit.
00:15C'est Sidonie Bonnec qui nous accompagne, on est ravis de vous accueillir.
00:18Bonjour Stéphane, bonjour à tous.
00:19Votre livre est sorti fin février, moi je suis passé complètement à côté.
00:22Je ne sais pas pourquoi, je devais être dans une caverne.
00:24Vous avez vos faiblesses aussi ?
00:25Oui, moi aussi, comme nous tous.
00:27Il est sorti, il cartonne, 4 mois, 40 000 exemplaires.
00:32Traduction dans combien de pays ?
00:33Dans plus de 12 pays, il va sortir pour l'instant.
00:36Corée du Sud, Russie, Roumanie, Italie, Norvège, c'est chouette.
00:39Bon, ça s'appelle La fille au père, c'est chez Albain Michel.
00:42S'il fallait pitcher l'affaire ?
00:44S'il fallait pitcher l'affaire, c'est l'histoire d'Emilou, elle a 18 ans.
00:47Elle veut quitter sa Bretagne natale où elle étouffe.
00:50Elle a des parents qui travaillent énormément, qui n'ont pas le temps de s'occuper d'elle.
00:53Elle vient de perdre sa meilleure amie, il n'y a plus rien qui la rattache à son bout de Bretagne.
00:57Et l'amie d'une amie lui propose d'aller vivre une expérience incroyable en Angleterre.
01:02C'est l'étranger, c'est l'ailleurs, c'est le voyage.
01:04Et elle va se retrouver dans une famille à Londres.
01:07Elle va être fille au père.
01:08Et ça tombe bien parce qu'elle veut devenir journaliste.
01:10Et elle a besoin d'apprendre l'anglais, c'est sa seule solution.
01:13Donc elle part, elle est heureuse, elle se dit que c'est un nouveau monde,
01:15ces gens sont beaux, ces gens sont riches.
01:17Et quand on est beau et qu'on est riche et qu'on vient d'un milieu modeste,
01:20c'est forcément des gens bien.
01:22Et elle va tomber dans un piège.
01:23Et elle va découvrir tous les secrets de cette famille qui sont absolument horrifiants.
01:28Va-t-elle s'en sortir ?
01:29On ne dévoile pas tout évidemment.
01:31Non, je n'ai rien dit.
01:32Mais il y a un piège majeur, c'est un homme dans cette histoire.
01:36Alors, c'est un homme, mais figurez-vous,
01:38merci de respecter le suspense de mon roman,
01:40et bien il n'y a pas, ce n'est pas qu'un homme.
01:42C'est ça qui est passionnant.
01:43C'est que le piège est à plusieurs niveaux.
01:46Et cette histoire, en fait, elle est inspirée de mon histoire à moi.
01:51Je ne vous l'ai peut-être jamais racontée dans les coulisses d'RT quand on était collègue,
01:55mais j'étais fille au père quand j'avais 22 ans,
01:57donc un peu plus âgée qu'Emilou.
01:59Et moi aussi, je voulais devenir journaliste,
02:01et j'avais besoin d'apprendre l'anglais, c'était ma seule solution.
02:04Et pareil, de la même manière, sur les conseils de l'ami d'une amie,
02:06j'ai traversé la Manche,
02:08et je me suis retrouvée dans une famille totalement dysfonctionnelle,
02:11avec une mère de famille très riche, très désœuvrée,
02:14un père qui avait décidé de faire de moi sa maîtresse,
02:18et j'ai compris en un geste que pour moi ça s'arrêtait là,
02:22sauf qu'à l'époque il n'y a pas de téléphone portable,
02:25moi je n'ai pas d'amis, je parle à peine anglais,
02:27je ne peux parler avec aucune fille au père, elles sont toutes étrangères,
02:30et donc j'ai quelques jours pour trouver une solution, pour fuir ce que j'ai fait.
02:33Ça c'est votre histoire ?
02:34Ça c'est mon histoire.
02:35Vous en aviez parlé avant de l'écrire ?
02:37Vous savez, c'est une sidération,
02:40parce que moi j'avais confiance justement,
02:42je me disais c'est un milieu aisé, de gens intéressants,
02:44ça va me nourrir,
02:47et c'était dramatique,
02:48parce que je perdais mon année,
02:50je perdais une année d'études d'anglais,
02:52je n'avais pas d'autres solutions,
02:53puis j'étais déçue par l'être humain en fait,
02:55déçue par les adultes,
02:56à 22 ans on est encore une très jeune femme.
02:59Vous n'en verrez plus jamais vos filles en Angleterre,
03:01c'est ce qu'il y a sur le bandeau,
03:03ça fait peur quand même ça, non ?
03:05C'est un peu noir le roman, il est noir ?
03:07Il est très noir, c'est un thriller psychologique,
03:09et moi j'ai toujours écrit,
03:11et j'ai toujours écrit des nouvelles noires,
03:13je ne sais pas pourquoi,
03:13mais parce qu'en fait si, je sais pourquoi,
03:15je suis très sensible comme beaucoup de gens,
03:17et le mal, le dysfonctionnement,
03:20le quotidien qui vrille dans l'enfer,
03:22ça arrive dans beaucoup de nos quotidiens,
03:24et ça me fait tellement peur,
03:26que l'écrire ça me permet d'épingler,
03:28de l'observer, de le décrypter,
03:30et dire j'ai compris là,
03:31je vous ai vu,
03:32d'ailleurs je dédie mon roman aux pourris,
03:34ils savent pourquoi.
03:34Le plaisir d'écrire,
03:37de publier aussi,
03:38c'est quoi ?
03:39Vous pouvez le partager ça avec nous ?
03:40C'est magnifique,
03:42en fait, raconter cette histoire,
03:44ça m'a libéré,
03:44mais surtout ce qui m'a libéré,
03:46c'est de réaliser un rêve
03:47qui était d'écrire un roman,
03:49d'écrire des romans,
03:50mais pour écrire un roman,
03:52il faut du temps aussi,
03:52il faut avoir vécu des choses,
03:53il faut avoir les moyens aussi,
03:55de le faire,
03:56et donc c'est un plaisir,
03:57en fait c'est un plaisir solitaire,
03:59c'est un plaisir de toute puissance,
04:01il faut le dire aussi,
04:01parce qu'il n'y a aucun patron,
04:03patronne ou collègue qui vous dit
04:04« ah mais vous devriez »
04:05ou « tu devrais peut-être »
04:06ou « tu veux faire »
04:06« ah c'est à telle »,
04:07vous faites ce que vous voulez.
04:08Cette liberté,
04:09j'avoue,
04:09après des années de contraintes joyeuses
04:11en radio,
04:12en télé,
04:13en podcast et tout ça,
04:14je la savoure,
04:15et maintenant que j'ai mis la main
04:17dans le confiture,
04:18je vous avoue que je ne suis pas prêt
04:19de m'arrêter.
04:20C'est difficile d'écrire
04:21ou pas de se retrouver face au papier,
04:23face à l'ordinateur ?
04:24Alors, écrire pour moi non,
04:25c'est une facilité,
04:26mais j'ai toujours écrit
04:27avec notre métier de journaliste,
04:28mais ce qui est difficile en revanche,
04:30c'est de passer,
04:31par exemple,
04:31de quotidienne radio-télé
04:32à,
04:34alors pendant deux ans,
04:35toutes les après-midi,
04:37pendant deux ans,
04:37je ne vais travailler
04:38que sur un sujet.
04:40Et je vais aller très très loin
04:41dans ce sujet,
04:41et il faudra que ça soit porteur
04:43et que ça plaise,
04:43et se poser comme ça,
04:46et forcer son cerveau
04:47à une tâche,
04:48ça,
04:48ça a été difficile pour moi.
04:49Maintenant, ça y est,
04:50je suis rodée,
04:51mais j'avoue que ça,
04:52ça a été compliqué.
04:53Premier polar,
04:54premier roman,
04:54donc La fille au père
04:55chez Albain Michel,
04:56vous lisez quoi,
04:57vous ?
04:57Parce que ça,
04:58c'est noir.
04:58L'histoire,
04:59elle est noire,
04:59mais vous lisez quoi ?
05:01Je lis du noir aussi,
05:02mais pas seulement,
05:03je lis beaucoup de littérature générale.
05:07Je lis,
05:08je lis,
05:08qu'est-ce que j'ai lu dernièrement ?
05:10Oh là là,
05:11je lis tellement.
05:12Alors bon,
05:13c'est Stephen King,
05:14c'est noir,
05:15plus que noir,
05:15bon,
05:16c'est du noir,
05:16pardon,
05:17c'est vrai.
05:18Là,
05:19j'ai lu Alabama à 63,
05:21un récit qui se passe aux Etats-Unis,
05:24passionnant.
05:25j'adore Jean-Baptiste Andréa,
05:29j'adore Pierre Lemaitre,
05:31j'adore Donatard,
05:31c'est toujours assez puissant
05:33et assez fort,
05:34mais il n'y a pas que du noir.
05:36Quand on est journaliste,
05:37on vit des émotions.
05:37Quand vous retrouvez un micro de radio,
05:39comme vous l'avez vu,
05:40il y a des émotions,
05:41de l'intensité.
05:42Quand vous êtes à la télé
05:42pour faire ce que vous faites aujourd'hui
05:44sur France 2,
05:45il y a de l'émotion.
05:46Quand on voit son livre,
05:47son roman,
05:48en librairie,
05:49ça fait quoi ?
05:50C'est fou.
05:50Alors,
05:51on fait des choses complètement dingues
05:52comme faire toutes les librairies,
05:54regarder,
05:54toucher son livre.
05:57Oui,
05:57c'est vrai qu'il y a quand même
05:59quelque chose autour de la littérature.
06:02C'est laisser une trace,
06:03en fait.
06:04On laisse tous une trace
06:05de notre vie,
06:06quelle que soit...
06:06Mais un livre,
06:09c'est créer quelque chose
06:11qui va rester
06:12et ça fait vraiment plaisir.
06:1440 000 exemplaires
06:15vendus en 4 mois,
06:16donc c'est un vrai carton.
06:17Ça marche très très fort.
06:18Il y a des retours des lecteurs ?
06:19Oui.
06:20Alors,
06:20j'ai compris à quoi servait Instagram
06:22depuis que j'écris.
06:23C'est-à-dire que c'est génial.
06:24Deux heures par jour,
06:25je dialogue avec les lecteurs
06:26et les lectrices
06:27qui sont surtout des lectrices.
06:28Beaucoup de lectrices.
06:28Il y a beaucoup d'hommes aussi,
06:29mais beaucoup de femmes.
06:31Et c'est génial
06:32parce qu'on a un contact direct.
06:33Donc,
06:33on parle de l'histoire,
06:35elles me disent qu'elles ont aimé
06:35où elles me disent
06:36ce qu'elles leur ont fait peur,
06:38on partage,
06:38ils sont inquiets pour moi,
06:40à quand le prochain.
06:41Et ça crée une communauté
06:42de lecteurs.
06:44C'est extraordinaire
06:44de pouvoir dialoguer comme ça.
06:45Et je vous avoue
06:46que moi-même,
06:46j'écris par exemple
06:48Le Mal Joli d'Emma Baker.
06:50J'ai adoré ce roman
06:51vraiment très puissant
06:52sur l'amour,
06:54on va dire,
06:55et le sexe.
06:56Et j'ai écrit à Emma Baker,
06:57vous voyez.
06:58Je trouve ça génial
06:58qu'on puisse écrire comme ça
06:59directement et échanger.
07:00Parce que c'est tellement intime
07:02l'écriture et la lecture
07:03que de pouvoir dire à quelqu'un
07:04vous m'avez fait vibrer,
07:05vous m'avez transformé,
07:06vous m'avez...
07:07Et les lecteurs sont heureux
07:09et moi ça m'émeut.
07:10Chaque message,
07:11je réponds à chaque message.
07:12Chaque message
07:13est un bouleversement.
07:14Écrire c'est intime,
07:15vous nous dites.
07:16Oui.
07:16Ça a été douloureux
07:17ou une libération de le faire ça ?
07:19Une vraie libération.
07:20Et alors étonnamment,
07:21c'est peut-être parce que
07:22je ne sais pas,
07:23je suis habituée
07:23à être dans les médias,
07:24mais il y a des gens
07:25qui m'ont dit
07:25mais tu n'avais pas peur
07:26de raconter cette histoire
07:27et ce qu'on pense de toi ?
07:28En fait,
07:29je dois vous avouer quelque chose,
07:30je n'ai rien à faire
07:35c'est-à-dire que si
07:35je trouve que je suis
07:37une personne correcte
07:38et bienveillante,
07:39ça me suffit,
07:40je peux dire.
07:42Mais c'est une fierté
07:42en fait aussi
07:43d'être une femme
07:43et de pouvoir avoir
07:44la liberté de parler
07:45et c'est un vrai pouvoir
07:46de pouvoir parler
07:47avec les mots.
07:48Et vous voyez,
07:48le récit,
07:49il est aussi assez cru,
07:50il est bouleversant
07:51et je suis heureuse
07:53d'avoir cette liberté
07:54et d'être appuyée aussi
07:55par un éditeur
07:55qui laisse une voix forte
07:57de femme
07:58se faire entendre.
07:59Il y aura une suite,
08:00il y aura un autre roman,
08:01une autre histoire,
08:02un autre livre.
08:02Je suis en train d'écrire.
08:03Oui, ça y est,
08:05je suis dans les premiers chapitres.
08:06Et alors ?
08:07Et alors,
08:07vous allez mal dormir encore,
08:09Stéphane.
08:09C'est vrai ?
08:10C'est encore noir ?
08:11Oui, oui.
08:12Merci.
08:13Ça fait du bien
08:13mais c'est libérateur.
08:15C'est libérateur.
08:16Merci d'être...

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