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L. Guines : « Le revenu est supérieur à ce que nous faisions en conventionnel »
Terre-net
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08/07/2024
[Interview] Lait bio
Catégorie
🗞
News
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00:00
Bonjour, bienvenue sur la SPACE TV par WebAgri. Je suis avec Loïc Guin, bonjour.
00:11
Bonjour.
00:12
Vous êtes éleveur laitier bio en Ile-et-Vilaine.
00:14
C'est ça.
00:15
Est-ce que vous pouvez nous présenter en quelques mots votre exploitation
00:17
et la réflexion qui vous a mené à désintensifier progressivement puis à vous convertir en bio ?
00:22
Ecoutez, moi je suis installé depuis 1989 et j'étais avec mes parents sur un système intensif,
00:29
c'est très clair, et nous avions à l'époque 80 hectares dont la moitié de terre très séchante.
00:35
Et une année, si je dirais sur trois, quand vous aviez un gros coup de soleil au mois de juin,
00:42
à la place de faire 80 quintaux en blé, vous en faisiez que 65.
00:46
Régulièrement on faisait moins de 10 tonnes de rendement en matière sèche, de maïs,
00:51
donc nous étions fragiles tant en quantité de fourrage et en rendement
00:57
et avec une incidence sur le revenu et la trésorerie.
01:01
Et en 1996, lors d'une porte ouverte de la ferme expérimentale des chambres d'agriculture de Trévarez,
01:08
où ils avaient depuis quelques années travaillé les coûts alimentaires en production laitière,
01:13
pour arriver à l'époque à moins de 30 centimes de francs de coûts alimentaires au litre de lait,
01:18
nous étions allés voir ça avec mon frère qui devait venir me rejoindre l'année suivante pour remplacer nos parents.
01:25
Et je dirais qu'on a été assez persuadés de ce que nous avions vu,
01:29
même si ce n'était pas les mêmes terres, le même climat,
01:32
malgré tout on s'est dit que notre système ne pouvait pas durer,
01:36
il fallait plus l'adapter à la qualité de nos terres.
01:40
Et donc c'est ce que nous avons entrepris, nous avons désintensifié,
01:43
la production laitière à l'époque était de 9500 kilos par vache,
01:48
nous sommes passés à 7500 parce qu'on a donné moins de concentrés,
01:51
progressivement on a diminué la production de maïs et plus d'herbes,
01:54
et on a appris à cultiver l'herbe,
01:57
on a aussi appris à cultiver de la luzerne, des trèfles violets,
02:00
et progressivement on est arrivé à une désintensification complète de notre système fourragé,
02:08
en totale l'adéquation avec la qualité de nos sols,
02:11
et progressivement on s'est rendu compte que nous étions au bord du cahier des charges de l'agriculture biologique,
02:18
mais nous n'en avions pas la rémunération,
02:20
donc depuis l'installation de mon frère,
02:26
on a toujours participé à des échanges à l'intérieur de groupes animés par la chambre d'agriculture,
02:31
ce qui vous renforce dans certaines analyses, dans certaines mises en place de pratiques,
02:37
et donc à un moment on s'est dit pourquoi pas sauter le pas
02:42
et aller s'engager dans une conversion en agriculture biologique.
02:47
En termes économiques, qu'est-ce que ça a changé pour vous cette conversion avec le recul que vous avez maintenant ?
02:54
Le recul n'est pas très vieux ou très lointain,
03:01
je dirais que c'est plutôt positif, le retour est plutôt positif,
03:07
le revenu pour les premières années semble supérieur à ce que nous faisions en conventionnel,
03:14
d'après nos comptables en conventionnel nous avions plutôt de bons résultats,
03:18
et ça sans plus d'aide, nous avions les mêmes aides en conventionnel qu'aujourd'hui en agriculture biologique,
03:25
et tout ça parce que vous investissez moins dans des cultures telles que le blé, tel que le maïs,
03:31
en agriculture biologique la protéine coûte très cher,
03:36
donc il faut travailler à en utiliser le moins possible, voire pas du tout,
03:41
et nous on arrive aujourd'hui à ne pas en utiliser du tout,
03:44
par contre au moins pour le moment vous vendez un litre de lait nettement plus cher qu'en agriculture conventionnelle,
03:52
ce qui fait que normalement la différence fait qu'il en reste plus.
03:57
Mais tout ça c'est une réalité, mais c'est aussi mathématique,
04:04
il faut faire très attention, si je prends cette année, le mois de mars, le mois d'avril étaient très secs,
04:11
très honnêtement nous étions inquiets, pas très sereins,
04:15
parce qu'en agriculture biologique, surtout quand vous êtes dans des terres fragiles,
04:20
peu productives, séchantes, vous travaillez sans beaucoup de stocks,
04:30
sans filet de sécurité quelque part,
04:33
et donc si ce printemps avait continué, on aurait dû sans doute se séparer de 30 vaches laitières,
04:38
donc en gros 150-160 000 litres de lait de moins vendus,
04:42
donc à pratiquement 500 euros la tonne, vous voyez la différence,
04:47
et donc le revenu en aurait souffert terriblement.
04:50
Donc ça il faut l'avoir à l'esprit, il ne faut pas se mentir,
04:53
sur des terres fragiles c'est de toute façon assez fragile.
04:58
En termes de travail, qu'est-ce qui a changé ?
05:02
Alors si vous voulez, ça ne devrait pas être propre au bio,
05:06
mais effectivement l'agriculture biologique, et notamment en élevage laitier,
05:09
puisque je vous disais, vous avez des intrants qui vous coûtent très cher,
05:13
donc il faut arriver à s'organiser pour que vous n'ayez pas besoin d'en acheter,
05:18
et notamment la protéine, donc chez nous,
05:23
parce que nous aussi on l'a vu ailleurs, et que d'autres l'avaient expérimenté avant nous,
05:28
et moi j'ai des collègues dans les chambres d'agriculture qui sont en bio depuis 20 ans,
05:32
et je dirais qu'il faut leur rendre hommage et les féliciter,
05:35
parce qu'ils ont travaillé aussi pour nous, ils ont expérimenté,
05:38
mais pour reprendre notre cas, on a choisi depuis de nombreuses années déjà,
05:43
mais même avant d'être en bio, de plutôt grouper des vélages en début de printemps,
05:48
fin d'hiver, début de printemps, les vélages commencent en février chez nous,
05:51
et ils s'arrêtaient jusqu'ici en fin avril,
05:54
et je pense que là on va arriver, la prochaine saison, à faire en février et mars,
05:59
donc les conditionner à la pousse de l'herbe,
06:04
les paramétrer à la pousse de l'herbe,
06:07
comme ça on n'a pas besoin d'acheter de protéines,
06:10
et donc là, quand vous vendez un lait sans achat extérieur,
06:17
c'est pas du net, il faut être très clair,
06:19
parce qu'il y a l'entreprise, il y a des emprunts à rembourser,
06:22
il y a diverses charges, mais malgré tout, le coût alimentaire est très faible.
06:27
On arrive à un coût alimentaire aujourd'hui,
06:30
autour de 30-35 euros de la tonne,
06:37
quand je vous disais que c'était plutôt 30 euros de francs à l'époque,
06:41
donc on a réussi à faire ça.
06:44
Et donc en termes de travail, ça c'est l'aspect économique,
06:47
et en termes de travail, bien entendu, quand vous avez groupé les vélages,
06:51
c'est peut-être un peu plus intense pendant 2-3 mois sur les vélages,
06:55
mais après vous avez une période où vous n'avez que les animaux à surveiller
06:58
pour l'insémination, pour la reproduction,
07:01
et quand ça, fin juin, c'est terminé,
07:03
je dirais que vous avez un travail d'astreinte normal,
07:07
sans travail supplémentaire, jusqu'au 15 décembre,
07:14
où vous commencez les périodes de tarissement
07:17
pour la prochaine période de vélage.
07:19
Je dirais que ça, c'est...
07:21
Alors, nous on n'a qu'une période de vélage,
07:23
pour un étalement de la production laitière,
07:25
j'ai des collègues qui l'ont fait sur 2 périodes,
07:27
donc février-mars et plutôt septembre-octobre,
07:29
ça c'est faisable.
07:31
Je dirais que ça, ce n'est pas réservé à l'agriculture biologique,
07:34
je pense qu'on devrait, très honnêtement,
07:36
pour attirer davantage de jeunes,
07:38
le vulgariser dans l'agriculture conventionnelle.
07:42
Et puis on a un autre sujet sur le travail,
07:45
c'est qu'aujourd'hui, en agriculture biologique,
07:48
le cahier des charges nous demande
07:50
d'alimenter nos femelles de renouvellement avec du lait entier,
07:54
donc le lait de nos vaches que l'on peut donner,
07:56
pendant 4 mois.
07:58
C'est une contrainte, quelque part,
08:00
et donc nous on a choisi,
08:02
mais d'autres l'avaient expérimenté avant nous,
08:04
ça j'y tiens, parce que c'est aussi grâce aux échanges,
08:06
aux groupes d'échanges, qu'on a pu avancer aussi vite,
08:09
et donc on sort des vaches du troupeau,
08:13
des vaches laitières avec l'entraie,
08:15
on les sort du troupeau,
08:17
et on les fait adopter 3 femelles,
08:19
2 à 3 femelles, mais plutôt essayer de 3 femelles,
08:22
et c'est ces femelles-là qui vont aller boire le lait
08:25
directement au pied de la vache,
08:27
on va les emmener dans des prairies,
08:29
et donc elles vont boire du lait,
08:31
et se mettre à pâturer l'herbe,
08:33
et donc je veux dire, nos génisses aujourd'hui
08:35
vèlent entre 24 et 25 mois,
08:38
donc c'est un coût, c'est un coût moindre forcément,
08:41
parce que c'est que du fourrage grossier,
08:43
et en termes de travail, je dirais,
08:45
très honnêtement, depuis 3 ans que nous le faisons,
08:47
ce n'est que du bonheur,
08:49
je ne dis pas qu'on ne pourra pas avoir
08:51
des problèmes sanitaires ou des accidents quelconques,
08:54
mais pour le moment on n'en a pas eu,
08:56
et donc j'encourage les gens à y réfléchir.
08:58
Très bien, merci beaucoup pour ce témoignage,
09:00
le Higuine.
09:01
Merci.
09:02
Quant à nous, on peut se retrouver sur
09:04
notre site web agri pour plus d'infos agricoles.
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