#MeToo cinéma à Cannes ? / 4 mois de Gabriel Attal / Narcotrafic en France
Mettez vous d'accord avec Arnaud Benedetti, Jérôme Dubus, Brice Nkonda et Cedric Nouvelot
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00:00 (Générique)
00:02 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Christine Bouillaud.
00:06 Et on se met d'accord aujourd'hui, ce mardi 14 mai, avec nos quatre débatteurs, Arnaud Bénédetti.
00:13 Bonjour Arnaud. Bonjour à vous.
00:15 Professeur Alassore Bonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire, auteur de "Aux portes du pouvoir",
00:20 "R.N. l'inéluctable victoire", c'est chez Michel Lafon, dans les bouchons, mais il arrive.
00:25 Donc Jérôme Dubuc est membre du poli-dé d'Horizon, puisqu'on le disait, en ce moment, c'est un petit peu compliqué
00:31 pour circuler autour du studio de Sud Radio à Paris.
00:35 Cédric Novello, bonjour. Bonjour.
00:37 Conseil régional de Normandie, pas de problème pour arriver de Normandie à Paris ?
00:41 Non, très bien, de Normandie, très bien, la 13 n'est pas du tout en difficulté.
00:44 Non, tout est nickel.
00:46 Et Brice Nkonda, bonjour Brice. Enchanté.
00:49 Chef d'entreprise, coordinateur du collectif "Les voix des quartiers impopulaires".
00:53 Alors on va s'interroger sur les 4 mois à Matignon de Gabriel Attal.
00:58 Est-ce que vous trouvez qu'il a imprimé sa marque aujourd'hui ?
01:01 On en a beaucoup parlé quand il est arrivé au bout des 100 jours.
01:05 Quel bilan peut-on en tirer ?
01:07 Les JO et la sécurité parisienne, en tous les cas la sécurité tout court,
01:12 avec depuis hier soir la possibilité de générer son QR code.
01:17 Vous avez reçu vos alertes, vous ?
01:19 Oui, j'ai reçu hier soir, oui, au restaurant.
01:22 Au restaurant ?
01:23 Oui, tout à fait, oui. C'est surprenant.
01:25 Bon, on y reviendra avec vous.
01:26 Vaut-il généraliser aussi les amendes pour le port d'armes blanches, autrement dit pour les couteaux ?
01:31 On l'a vu ces dernières semaines, la recrudescence de ces attaques aux couteaux,
01:36 pour la question de la sécurité.
01:39 L'ouverture ce soir du festival de Cannes sous tension, nous dit-on,
01:42 à l'ombre du phénomène #MeToo.
01:44 Et puis ce rapport parlementaire qui confirme que la France est submergée,
01:49 tout simplement, par le narcotrafic, avec un modèle quasiment aujourd'hui
01:54 qui ressemble à celui de la mafia, avec même des policiers, des magistrats
01:59 qui pourraient être corrompus. C'est le résultat de cette vaste enquête.
02:02 On va commencer déjà avec vos coups de cœur et vos coups de gueule, vos coups de projecteur.
02:07 Arnaud, un coup de cœur ?
02:09 Oui, c'était un coup de cœur. Alors, il y a 70 ans, le 7 mai 1954,
02:15 c'est exactement le corps expéditionnaire français rendait les armes à Dien Bien Phu,
02:20 après plus de 57 jours de résistance héroïque, il faut le dire,
02:25 où les Français étaient véritablement débordés par le nombre des Vietnamiens,
02:31 puisque c'était, je crois, 15 000 Français contre 70 000 Vietmines,
02:35 dans cette cuvette de Dien Bien Phu.
02:37 Alors, on a beaucoup parlé des erreurs stratégiques de l'état-major, etc.
02:41 C'était un moment d'héroïsme évident de la part de l'armée française,
02:44 de très grande solidarité. Et il se trouve que pour le 70e anniversaire
02:49 de cette bataille historique, perdue par les Français,
02:54 les autorités vietnamiennes ont invité trois vétérans français,
03:00 qui ont entre 88 et 90 ans ou plus, pour venir, non pas célébrer,
03:07 mais commémorer en tout cas cette bataille.
03:12 Je trouve que d'abord c'était très émouvant de voir ces trois vétérans
03:16 retourner, je veux dire, rendre hommage à leurs camarades.
03:19 Je crois qu'il y a eu 4 000 Français qui ont été tués,
03:22 un nombre incalculable de blessés, de très nombreux prisonniers aussi,
03:26 venir rendre hommage à leurs camarades défunts et victimes de cette guerre.
03:34 Ce qui est très frappant aussi, c'est quand même la volonté
03:39 d'apaisement des autorités vietnamiennes. Je crois que c'est un point important.
03:43 C'est-à-dire que, bon, ancienne colonie française,
03:46 aujourd'hui, qui essaye quand même, malgré tout, de réconcilier les mémoires.
03:51 C'est très important. 70 ans après, dans un geste qui est un geste de fraternité
03:56 quand même, avec ceux qui pour eux étaient les ennemis d'hier,
04:00 et le retour sur le terrain de ces trois vétérans est très symbolique,
04:03 est très emblématique, et il contraste énormément, je trouve,
04:06 avec par exemple la relation difficile que nous avons avec l'Algérie
04:09 sur la question de la mémoire, en l'occurrence.
04:12 Et je trouve qu'en effet, c'est un coup de cœur qu'il faut bien évidemment avoir
04:16 pour ces gens qui ont quand même été jusqu'au bout du sacrifice
04:20 pour se défendre et pour défendre finalement la France
04:24 dans ce pays qui était l'Indochine à l'époque et qui est devenu le Vietnam ensuite.
04:29 Je trouve que ce moment est un moment de réconciliation
04:32 qui quelque part augure de la qualité des relations que la France peut nouer maintenant avec le Vietnam.
04:37 - Et ça fait du bien aussi, parce qu'il y a des commémorations qui sont plus douloureuses
04:42 avec des plaies beaucoup plus avifs, et on voit qu'on est capable d'y arriver.
04:47 Tout ça à base de dialogues, évidemment.
04:49 Nous saluons l'arrivée de Jérôme Nieu. - Excusez-moi.
04:52 - Non mais vous êtes tout excusé. - On l'a compris.
04:54 - Il a voulu me bloquer. - Non mais ça on était sûrs.
04:57 - Ça c'était un peu facile. - Qui vous a bloqué ? Je ne comprends pas.
05:01 - Personnellement c'était tentant. - Elle m'adore.
05:07 - Elle vous a repéré, comme on dit.
05:09 Voilà, ce que je vous propose, comme il reste 45 petites secondes
05:13 avant de faire le top horaire de 11h, les infos sur tous les courses
05:16 c'est qu'on s'arrête tout de suite avant de continuer ce tour de table
05:19 de vos coups de cœur et de vos coups de gueule, et on se retrouve juste après
05:22 sur Sud Radio en compagnie de vous quatre pour débattre de l'actualité.
05:26 Notamment, à tout de suite.
05:27 Et en compagnie de Brice Nkonda, chef d'entreprise, coordinateur du collectif
05:41 Les Voix des Quartiers Impopulaires, Cédric Nouveleau,
05:45 Pro-Conseil Régional de Normandie, Jérôme Dubuc, on salue à nouveau
05:49 membre du pôle Idées d'Horizon, et Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne,
05:53 rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire et auteur de
05:57 "Au port du pouvoir, RN, l'inéluctable victoire" avec un point d'interrogation
06:01 à la fin, faut préciser aux éditions.
06:04 Michel Laffont, on faisait le tour des coups de cœur et des coups de gueule,
06:08 c'est un nouveau coup de cœur, on enchaîne avec vous Cédric
06:12 sur ce qui s'est passé hier, les investissements en France.
06:16 - Oui, alors c'est pas tellement sur ce qui s'est passé hier, mais voilà, j'ai décidé d'être positif ce matin
06:20 et c'est pas tellement sur Macron en majesté à Versailles, on sait qu'il adore ce rôle-là,
06:24 on sait qu'il aime beaucoup quand il est dans ce rôle-là, mais il faut avouer qu'effectivement
06:28 en ce moment on a plutôt un retour des investissements en France, alors c'est l'action combinée
06:32 des entreprises, de l'Etat, des régions aussi, moi je veux bien en région Normandie,
06:36 on a une très forte croissance des investissements étrangers
06:40 qui arrivent dans notre... - Oui, parce que les auditeurs savent pas que les régions, enfin, peut-être oublies,
06:44 ont un vrai levier sur le plan économique. - Elles sont, effectivement, en charge du développement économique
06:48 sur leur territoire et elles ont une action très importante,
06:52 en tout cas on le vit dans toutes les régions de France, donc c'est vrai qu'il y a une vraie dynamique, 15 milliards d'investissement
06:56 promis, c'est pas mal, alors après moi je suis pas dupe des effets d'annonce, on est évidemment à un mois
07:00 des européennes, mais il faut quand même reconnaître qu'il y a une volonté au moins
07:04 de remettre l'entreprise au cœur du village France, ce qui est quand même pas mal, parce que pendant un moment
07:08 on avait un peu laissé ça de côté, on a quand même perdu 2 millions d'emplois industriels dans les dernières
07:12 20 ans, donc c'est quand même important de pouvoir réindustrialiser. Alors, je me méfie
07:16 toujours de la réindustrialisation parce qu'on est sur des emplois différents, maintenant on va être des emplois plus qualifiés,
07:20 automatisés, intelligence artificielle, on est sur des secteurs un petit peu différents,
07:24 mais ceci dit c'est bien de renouer quand même avec l'entreprise, l'entreprise se réintéresse à notre pays,
07:28 ça c'est plutôt une bonne chose, faut reconnaître là que Macron dans son rôle de banquier d'affaires
07:32 est plutôt efficace dans ce domaine là. Autant je suis critique sur pas mal de sujets,
07:36 mais là, sur celui-là, il est plutôt pas mal, on attire de nouveau, et puis encore une fois, je pense qu'on aura
07:40 besoin de ces investissements. Alors, il y a un problème par contre qui reste, je suis industriel, je travaille
07:44 dans le secteur de l'aéronautique, on a un vrai sujet, c'est qu'on ne trouve pas les compétences. Donc, c'est bien
07:48 les investissements, mais il va falloir former, il va falloir réorienter les jeunes et les moins jeunes
07:52 parce que maintenant on fait des parcours de carrière très différents, mais vers ces métiers
07:56 qui sont très beaux, où il y a des vraies possibilités de carrière, mais on manque
08:00 de personnel, et dans tous les métiers, de l'ingénieur jusqu'à l'ajusteur,
08:04 au chaudronnier, enfin on n'a pas du tout les compétences qui vont bien, c'est ce qui manque aujourd'hui aux entreprises,
08:08 donc là, il va falloir vraiment faire quelque chose de fort. Je regrette que l'État ait repris
08:12 la partie apprentissage que les régions avaient, et qu'elles géraient très bien, qui avait donné des excellents résultats,
08:16 mais là aussi, comme souvent, l'État avait souhaité reprendre une certaine compétence,
08:20 je pense que quand une collectivité, ou quand un niveau, une strat, en tout cas,
08:24 gère bien les choses, il vaut mieux lui laisser plutôt que de vouloir les récupérer,
08:28 je pense que l'État a quand même d'autres choses à faire. - D'autant plus que les régions sont au plus près des entreprises,
08:32 on peut les faire des entreprises, etc. - Avec les centres de formation
08:36 également, donc voilà, il y a une logique... - Alors, je vais circuler, parce que Brice,
08:40 vous voulez intervenir sur ça ? - Oui, je suis assez d'accord
08:44 avec le fait que ce soit un événement positif. Après, quand on regarde la structure des 15 milliards,
08:48 il y a quand même 4 milliards pour Microsoft, donc on voit aussi quand même qu'il y a le sujet
08:52 de champions américains qui s'installent en France, etc.
08:56 au moment où on fait les élections européennes, on peut quand même se dire qu'on ne fait pas forcément la promotion
09:00 de grandes entreprises européennes et françaises, donc là, c'est pas l'objet
09:04 de ce que c'est les entreprises, etc. - Que n'aurait-on dit si Microsoft s'installait en Allemagne ?
09:08 - Oui, c'est sûr, c'est pour ça que je dis que c'est plutôt positif, mais attention à notre souveraineté.
09:12 - Attention à notre souveraineté, et notamment notre souveraineté numérique.
09:16 - Alors, Jérôme... - Deux remarques sur ce qui vient d'être dit, d'abord. "Choose France",
09:20 parce que c'est ce qui est en cause, hein. - C'est ce qui permet,
09:24 il y a cet événement, et du coup, on en profite pour faire un focus. - Ça a toujours lieu vers le 15 mai,
09:28 donc ça n'a strictement rien à voir avec le calendrier des élections européennes, premier point.
09:32 - Oui, mais depuis 7 ans, ça a toujours lieu à ce moment-là. - Tout à fait. - Bon. Élections européennes,
09:36 élections présidentielles, peu importe, ça a toujours lieu à ce moment-là. Deuxième point sur
09:40 l'apprentissage, moi je suis désolé, c'est quand même le gouvernement,
09:44 ou le président, peu importe, qui a débloqué l'apprentissage en France.
09:48 Prenez les chiffres en 2017, vous verrez qu'on était largement en dessous de l'Allemagne,
09:52 on était à 350 000 apprentis. - Oui, on regardait le modèle allemand avec le temps,
09:56 - On est aujourd'hui à 650 000, à 700 000, alors on peut décortiquer
10:00 si vous voulez, la structure de l'apprentissage en France, en disant, c'est l'apprentissage
10:04 "haut de gamme", entre guillemets, parce qu'il n'y a pas de haut de gamme, ni de bas de gamme
10:08 dans l'apprentissage, mais enfin, c'est l'apprentissage du supérieur
10:12 universitaire qui a surtout bénéficié de cette
10:16 explosion de l'apprentissage, et ça a été fait, alors je regrette effectivement
10:20 que les régions ne soient plus dans le coup, mais il fallait, il le fallait.
10:24 - Ah mais c'est pas depuis que s'est passé à l'État que ça a dynamisé, hein. - Ah si ? - Non, non, non.
10:28 - Ah non, non, pas du tout. - C'est pas du tout, c'est pas du tout, je vais vous dire. - Non, non, c'est pas vrai.
10:32 - Mais non, on est encore à 350 000, on serait né à 300, 350 000
10:36 apprentis par jour, par an. - Non, non, non, ça c'était avant, tu remontes à il y a 10 ans. - Bon, l'Allemagne en fait un million,
10:40 si vous voulez, donc on a petit à petit, on va traper au-dessus. - Non, non, il ne faut pas minimiser. - Alors on vient de renier sur les aides
10:44 à l'apprentissage et l'alternance, hein, donc c'est de mal. - Oui, exactement. - Non, non, d'accord. - Parce qu'il faut regarder ce qui est utile
10:48 et ce qui n'est pas utile. C'est comme toujours, donc moi sur l'apprentissage, je suis désolé, moi on peut critiquer
10:54 comme sur la formation professionnelle, on peut critiquer ce gouvernement sur tout un tas de sujets,
10:58 mais sur celui-là, il a complètement débloqué le système. - Oui, alors puisqu'on parle d'apprentissage, de formation,
11:04 et sur le fait d'avoir renié le budget des universités, de l'enseignement supérieur, de quelques millions, de centaines de millions d'euros,
11:12 est-ce que là on fait une grosse erreur par rapport aux enjeux de demain ? - Non, mais ça ne touchera pas à l'apprentissage.
11:16 - Oui, mais ça ne touche pas à l'apprentissage. - Non, mais ça ne touche pas à l'apprentissage. - Ça touche à la France, ça touche à l'avenir.
11:20 - Exactement, ça touche à l'avenir. - En casse-casse, c'est clair. - Donnez-moi des économies à faire.
11:25 - Non, mais là, il ne faut pas opposer l'État aux régions, c'est-à-dire que chacun a contribué. - C'est pour ça que j'ai rappelé le rôle de la région.
11:29 - Oui, chacun a contribué à l'apprentissage. - Exactement. - Parce que je suis d'accord, ça avait décollé avant. En termes d'apprentissage, les régions avaient été parties prendre un...
11:36 - C'est pas vrai. - On va pas polémiquer. - C'est plutôt un succès, donc reconnaissons-le.
11:42 - Hier, juste une précision, certains autour de cette table disaient qu'il faut regarder aussi les aides publiques qui sont données éventuellement en contrepartie.
11:48 Est-ce que tout ça est bien bordé de ces entreprises qui viennent s'installer, donc à vérifier derrière ?
11:54 - Dans les subventions, c'est bordé. Moi, j'ai bien vu dans les entreprises, il y a quand même des contreparties, il y a des engagements, c'est pas si simple que ça.
12:00 Non, là où il faut peut-être tirer une sonnette d'alarme et faire attention, on veut faire venir les entreprises en France, mais avec le ZAN qui a été voté, avec le zéro artificialisation,
12:08 en 2050, vous n'aurez quasiment plus de territoire pour accueillir des entreprises. C'est bien de vouloir accueillir des entreprises. - Après, il y a des friches industrielles à réutiliser.
12:15 - Oui, enfin, ça suffira pas. Nous, en Vendée-Mondie, ça suffit pas. Vous pouvez effectivement essayer, d'abord, le travail qu'il faut faire, de reprendre ces friches.
12:21 Mais pour qu'une entreprise s'installe, il lui faut du foncier et il lui faut des compétences. Si vous manquez de compétences, parce qu'effectivement, la formation est un peu en panne,
12:28 et si vous n'avez pas de foncier pour accueillir une entreprise, vous pourrez faire tous les Versailles que vous voulez, ça suffira pas.
12:33 - Alors, quand vous interrogez ces... Non, on n'a pas le temps ? - Non, non, si, si, si, bien sûr, on est là pour débattre.
12:38 - Quand vous interrogez les chefs d'entreprise qui ont participé à ce salon, qui participent encore à ce salon, c'est très intéressant de voir pourquoi ils viennent.
12:45 Ils viennent pour les compétences, même s'il en manque, ils viennent pour le réseau de transport, qu'on critique beaucoup, mais en comparaison avec les autres, il est plutôt encore efficace.
12:56 Ils viennent pour un savoir-vivre français, mais ils veulent absolument passer au-dessus de nos grands, gros, gros, gros handicaps, qui restent.
13:05 Les charges, la fiscalité, ils le disent tous. Quand on vient en France, on fait un effort. On le fait parce qu'on considère qu'il y a des contreparties qui sont très importantes.
13:14 Mais le droit social et l'affaire des charges sociales, l'imposition sur les entreprises, restent des freins majeurs.
13:23 Même s'il y a eu des évolutions, ça reste des freins majeurs. On est à 150 milliards de plus que l'Allemagne en imposition sur les entreprises. 150 milliards, c'est pas rien.
13:32 - Bon, Brice, on va passer la main. - Un petit dernier souvenir, parce que ce matin, je lisais que le président n'était pas contre la vente de Société Générale.
13:41 Je dirais que d'un côté, effectivement, il y a le Choose France avec les 15 milliards, etc. Et de l'autre côté, un fleuron de bancaires, on est disposés à le vendre.
13:50 Donc il y a quand même un petit hiatus. Il faut faire attention. Et j'insiste sur le fait qu'on doit garder la souveraineté.
13:56 - Il y a d'autres industries stratégiques qui ont été vendues. - Oui, oui. Mais à un moment donné, il faut dire stop.
14:01 - La liste est longue. - La liste est trop longue.
14:03 - La liste est longue. Brice, vous aviez la parole, je vous la laisse. Avec un coup de griffe, un coup de... Non, un coup de gueule.
14:08 - Un coup de gueule, pas que de griffe. - De griffe.
14:11 - Alors, mon coup de gueule, en fait, il porte sur des parents d'élèves, notamment des mamans, qui ont carrément été embarquées au commissariat
14:18 après avoir occupé pacifiquement les directions d'école élémentaire à Gennevilliers.
14:23 - Qu'est-ce qu'elles ont fait de mal ? - Alors, ce qui se passe, c'est que depuis des mois, depuis la rentrée, et même l'année dernière,
14:30 énormément de profs absents, et donc des mobilisations qui n'ont cessé d'avoir lieu, et qu'au final, en fait, la revendication principale,
14:39 c'est que ces écoles, qui méritent d'être en réseau d'éducation prioritaire, comme d'autres écoles de la ville, ne le sont pas,
14:46 parce qu'il y a un réseau, donc rattaché au collège, qui, lui, ne l'est pas. Donc, des écoles qui sont fortement en difficulté élémentaire
14:53 ont été décrochées du réseau d'éducation prioritaire. Vous savez, c'est le problème quand on résonne à enveloppes constantes
14:59 par rapport au réseau d'éducation prioritaire. En fait, on déshabille Paul pour habiller Jacques, mais Paul, en fait, a toujours les mêmes difficultés.
15:06 Et réseau d'éducation prioritaire, c'est un point qui est très important, parce qu'il y a des professeurs qui sont mieux payés,
15:11 il y a des moyens qui sont alloués, il y a une limitation du nombre d'élèves par classe, donc on a un vrai sujet.
15:16 Donc, je trouve qu'embarquer des parents d'élèves qui luttent et qui militent pour la bonne cause, c'est vraiment exagéré.
15:24 Donc, le coup de gueule, il est à la fois sur le fait qu'il ne faut pas réagir comme ça, et également pour soutenir la revendication
15:30 de passer au réseau d'éducation prioritaire.
15:32 - Et c'est une demande à peu près légitime, quand on connaît effectivement les difficultés.
15:37 Il y a certains parents, on l'avait traité dans l'actualité, qui se retournent contre l'État pour perdre de chance pour leurs enfants,
15:43 quand il n'y a pas des remplacements, ou quand il y a effectivement des difficultés comme ça.
15:48 Du côté du ministère, pas de réaction de ce côté-là ?
15:51 - Madame Belloubet, elle a été interpellée, il n'y a pas eu de réponse à ma connaissance aujourd'hui,
15:57 mais les mobilisations ne vont pas s'arrêter.
15:59 - Allez, ce que je vous propose, c'est que comme on va arriver à la pause publicitaire,
16:03 enfin, on va faire une petite pause et on va vous entendre, Jérôme, sur votre coup de gueule.
16:08 On va foncer sur la croisette, justement, avec vous, dans un instant, sur Sud Radio.
16:12 Ne bougez pas, on se retrouve juste après ça.
16:14 Sud Radio, votre avis fait la différence.
16:19 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Christine Bouillaud.
16:23 - En compagnie d'Arnaud Bédéletti, Jérôme Dubu, Cédric Nouvello et Brice Nkonda,
16:27 on finissait notre tour de table des coups de cœur et des coups de gueule avec vous, Jérôme.
16:32 - Oui, c'est un coup de gueule contre Alain Sard.
16:37 - Alors, Cannes, Alain Sard, producteur grand, producteur de films.
16:41 - Alain Sard, c'est le plus grand producteur français, puisqu'il a fait plus de 200 films.
16:44 - Il a produit tous les grands metteurs en scène, Tavernier, Godard, tous les grands metteurs en scène français.
16:51 Même David Lynch, des metteurs en scène étrangers aussi.
16:54 Il était le patron du cinéma français quasiment pendant des années, puisqu'il a commencé dans les années 70, jusqu'à maintenant.
17:03 Il se trouve que... Alors, je vais peut-être m'attirer beaucoup de remarques négatives, ici, sur ce plateau,
17:12 peut-être de la part des auditeurs, mais je trouve que ce qui a été publié dans Elle, hier, avec l'interview de neuf...
17:20 Alors, des jeunes filles à l'époque, aujourd'hui elles sont moins jeunes, évidemment, puisque ça date des années 90,
17:26 qui accusent de violences, de viols, d'agressions sexuelles Alain Sard.
17:32 Bon, c'est pas la première fois que ça se produit dans le cinéma français.
17:35 On a eu l'affaire de Pardieu, on a eu l'affaire Judith Godrech, à Contrario, et puis là, on a cette affaire qui explose depuis hier.
17:47 Bon, alors Alain Sard, il a d'abord été accusé dans les années 90, il a eu un non-lieu, faute de preuve, bon.
17:56 Mais on sait très bien dans le milieu que tout ça, y'a pas de fumée sans feu.
17:59 Parce que neuf témoignages, c'est quand même beaucoup.
18:02 Alors moi, je suis pas du tout dans le féminisme exacerbé, dans la défense de Me Too, Mordicus, etc.
18:09 Mais je trouve que ce personnage, qui a régné sur le cinéma français pendant des années,
18:14 y'a un moment où il va falloir qu'il s'explique et qu'il soit...
18:18 Alors, évidemment, y'a prescription de tous ces actes, vraisemblablement, puisque ça date des années 90.
18:23 - Et alors on sait quoi ? - Ben, précisément.
18:25 Y'a une tribune qui est parue dans le monde, hier soir ou ce matin, avec une centaine d'actrices, quelques acteurs,
18:33 qui ont signé, qui demandent une loi contre les violences sexuelles.
18:37 Bon. Et y'a un point qui est intéressant, c'est ce qu'ils appellent, ou ce qu'elles appellent, dans cette tribune, la prescription glissante.
18:46 C'est-à-dire qu'au fond, des faits d'une gravité extrême, parce qu'il y avait des mineurs,
18:52 y'a des jeunes filles de 15 ans qui témoignent dans elle, à l'époque 15 ans,
18:57 donc des mineurs qui ont été agressés sexuellement, visiblement, qui auraient été...
19:03 Je mets tout ça au conditionnel, parce que la présomption d'innocence est là,
19:06 qui auraient été agressés par Alain Sard pour des recrutements, qui n'étaient pas des recrutements, en fait.
19:12 Il suffit de lire les témoignages, c'est épouvantable et abominable.
19:15 Bon. Si c'est vrai. Moi j'ai pas de raison de croire que c'est pas vrai, 9 témoignages ça fait quand même beaucoup.
19:20 Et donc la présomption glissante, ça permettrait de ne plus avoir de présomption sur des faits aussi graves.
19:25 - Mais vous faites comment pour les preuves ? - Ça veut dire que ça devient imprescriptible.
19:28 - Et comment vous faites pour les preuves ? - Ça devient imprescriptible, effectivement.
19:31 - Comment vous constituez un dossier ? - Oh bah ça, écoutez, les témoignages qui sont dans le journal Elle, hier, sont épouvantables.
19:41 Voilà, donc ça c'est des preuves, à mon avis, irréfragables, je pense.
19:46 Donc, si vous voulez, moi je suis assez partagé là-dessus, je veux pas non plus crier au loup en disant
19:54 "tous les hommes du cinéma sont épouvantables, tous les producteurs, tous les metteurs en scène sont épouvantables,
19:58 ils ont essayé de violer toutes leurs actrices, etc." Non !
20:01 Mais là, si vous voulez, il y a un moment où il faut que ce personnage et ses personnages rendent des comptes.
20:07 Et avec la prescription, on n'y arrive pas.
20:10 Vous avez vu l'affaire PPDA, l'affaire de Pardieu, je sais pas ce qu'il en a, il a été mis en garde à vue, etc.
20:16 Il est mis en examen, bon, est-ce qu'il y a prescription aussi ?
20:19 Mais, si vous voulez, il y a un moment où il faut rendre des comptes à la société. Voilà.
20:23 - Qui veut régir sur... - L'avantage de l'imprescriptibilité, ça éviterait que le débat se passe exclusivement sur la place publique,
20:31 comme il se passe aujourd'hui, puisqu'il n'y a pas d'autre moyen de s'expliquer que de s'expliquer médiatiquement.
20:39 - Arnaud, est-ce que c'est aux médias de faire le procès de quelque chose ?
20:44 - De toute façon, ça se fait. - Ça se fait ?
20:46 - C'est la réalité. La réalité, c'est qu'aujourd'hui, on est en train de parler de M. Sard, je veux dire clairement,
20:52 que les médias réagissent, que les personnages publics réagissent, et que finalement, le procès se fait médiatiquement,
21:00 parce qu'il ne peut pas se faire manifestement sur le plan judiciaire.
21:04 Au moins, l'imprescriptibilité permettrait que tous ces débats se fassent, j'allais dire, avec une procédure judiciaire
21:12 et dans le cabinet d'un juge d'instruction, voire ensuite dans un prétoire.
21:16 Donc ça serait beaucoup plus sain, en l'occurrence.
21:19 Là, le fait que ces délits soient prescrits, du fait de ce qu'il se sont passé il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans,
21:27 ça réapparaît médiatiquement, et que les victimes potentielles ou présumées de M. Sard, si tant est que ça soit prouvé,
21:35 là encore, il faut être extrêmement prudent, n'ont d'autre choix que d'avoir recours à une expression médiatique.
21:43 Ce qui quand même pose problème, en effet.
21:45 - En tous les cas, il y avait cette fameuse rumeur d'une espèce de révélation de je ne sais combien...
21:51 - Oui, ça a été démentie. - Non, tout ça n'existe pas.
21:54 - Quand vous additionnez le nombre de personnages qui sont mis en cause dans l'audiovisuel, dans la publicité, dans le cinéma...
22:05 - Dans tous les domaines, d'ailleurs. - C'est absolument hallucinant !
22:08 - C'est absolument hallucinant !
22:10 - Je pense qu'il n'y a pas un domaine qui échappe.
22:12 C'est plus une évolution souhaitable de la société, enfin, des prises de conscience,
22:16 qui ont peut-être tardé, mais qui maintenant arrivent.
22:18 Mais c'est vrai qu'il vaudrait mieux que la justice puisse s'en occuper avec une évolution,
22:22 parce que ça apaiserait au moins la société.
22:24 Parce que sinon, on est sans le débat, mais sans réponse, sans conclusion, sans décision.
22:28 Chacun fait son opinion, mais il n'y a pas de décision de justice.
22:30 - C'est mal ça. - C'est mal ça.
22:32 Je pense que pour la société, ce n'est pas bon.
22:34 La prescription, c'est une vraie question, tu as raison.
22:36 - En tous les cas, ce sera un Cannes très observé, un festival très féminin aussi.
22:40 C'est quand même rare, mais je crois que c'est la 11e présidente du jury seulement
22:44 qui va, avec les autres membres du jury, décerner la palme d'or.
22:49 Donc on voit effectivement qu'il y a aussi de ce côté-là une prise en compte
22:52 et on espère quand même du beau cinéma et des beaux films.
22:55 Apparemment le film d'ouverture aussi a quelque chose d'impressionnant.
23:00 Allez, on va passer à nos sujets, parce que l'heure, ça défile.
23:04 Je voulais votre regard à tous les quatre.
23:07 Ça va faire quatre mois, quasiment jour pour jour, que Gabriel Attal est arrivé à Matignon,
23:13 nommé dans la foulée du départ d'Elisabeth Borne par Emmanuel Macron,
23:17 le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
23:20 On a vu effectivement tout de suite une espèce d'emballement médiatique
23:25 pour la nouveauté, la jeunesse, son style.
23:27 Quatre mois plus tard, quel est votre regard ?
23:29 Certains disent que le style Attal n'est pas là, il n'imprime pas.
23:33 Alors, mon regard se tourne vers vous Arnaud.
23:37 - Non, non, non, parce que moi j'ai toujours été surpris,
23:41 non pas de la nomination de M. Attal, mais du timing de cette nomination.
23:45 Je n'ai toujours pas compris pourquoi le Président de la République
23:48 avait nommé en janvier, à six mois d'une élection, qui est l'élection européenne,
23:53 un nouveau Premier ministre, alors qu'il aurait pu très bien faire
23:56 ce qu'ont fait nombre de ses prédécesseurs,
23:59 user jusqu'à l'accord de Mme Borne, c'est-à-dire attendre le résultat des élections européennes,
24:05 et ensuite, en effet, changer de Premier ministre.
24:07 Je trouve que l'agenda eût été plus pertinent, en l'occurrence.
24:11 - Plus classique.
24:12 - Plus classique, plus pertinent. Alors on voit bien ce qu'il y avait derrière,
24:15 l'intention quand même d'Emmanuel Macron, c'était de nommer un jeune Premier ministre
24:20 pour aussi faire pièce à Jordane Bardella.
24:23 Manifestement, en tout cas, au regard des intentions de vote, ça ne marche pas.
24:27 Ensuite, moi, écoutez, on dit qu'il n'imprime pas.
24:30 Franchement, je trouve qu'aujourd'hui, Attal fait ce qu'il peut,
24:34 dans le système de contraintes qui est le sien,
24:38 c'est-à-dire un système avec une opinion publique qui est quand même,
24:41 c'est le moins qu'on puisse dire, en défiance,
24:43 avec l'absence de majorité à l'Assemblée nationale,
24:46 parce que ça, je pense que c'est un problème structurel,
24:48 que l'on ne va pas purger comme ça.
24:50 Je me demande comment on va pouvoir rester trois ans comme ça.
24:54 Donc, c'est extrêmement difficile.
24:57 Il est en effet, j'allais dire, plus prisonnier du Président de la République,
25:03 d'une certaine manière, des choix du Président de la République.
25:06 Et de ce point de vue-là, je trouve qu'il fait le job.
25:09 - Il se démultiplie quand même beaucoup.
25:11 - Il se démultiplie beaucoup, mais avec, encore une fois,
25:14 le système de contraintes qui est le sien.
25:16 Après, est-ce qu'il imprime ou il n'imprime pas ?
25:19 C'est très difficile de le dire.
25:21 Bon, il y a quand même un style Attal, malgré tout,
25:23 par rapport à Emmanuel Macron.
25:25 Il me semble être plus dans la proximité.
25:28 - C'est un expert. Cédric est après vous, Brice.
25:31 - Il faut le reconnaître, c'est un excellent communicant.
25:34 Il est dans les médias, il est très bon, il sait faire là-dessus.
25:37 Après, il faut regarder le boulot qui est fait derrière.
25:40 Quand il avait été nommé, on m'avait interrogé sur ce que j'en pensais.
25:43 Je lui ai dit qu'il fallait laisser le crédit,
25:45 voir ce qu'il va pouvoir mettre en oeuvre, comment il va pouvoir agir.
25:48 Moi, j'avais quand même été fortement déçu à l'Éducation nationale,
25:51 parce qu'objectivement, il y a eu beaucoup d'effets d'annonce
25:54 qui ont été très peu suivis des faits.
25:56 Quand on regarde la situation de l'école actuellement,
25:58 on ne peut pas dire qu'il y a eu une impulsion.
26:00 Il est resté très peu de mois.
26:01 Mais encore une fois, c'était le choix du Président de la République
26:03 et il était un excellent ministre de l'Éducation nationale.
26:05 Il aurait peut-être fallu le laisser à sa place
26:07 pour qu'il puisse vraiment travailler sur ce domaine-là.
26:09 Dans le domaine, moi, je suis en charge de l'autonomie,
26:12 tout ce qui est personnes âgées handicap,
26:14 on est dans une situation qui est désastreuse en France.
26:16 On ne peut pas dire que la loi "Bien vieillir"
26:18 va répondre à la vraie problématique du vieillissement de la population
26:21 et de cette prise en compte des personnes en perte d'autonomie.
26:23 Là, il est aux manettes, là, il est aux enjeux.
26:25 Il aurait pu tout à fait prendre en compte
26:27 et dire "je vais mettre une loi grand âge"
26:29 qui impulse et qui donne vraiment de l'avenir à ces populations
26:31 les plus démunies. On n'a pas vu ça.
26:33 Il est quand même passé, on l'a oublié,
26:35 mais il est passé au compte public, quand même.
26:37 Il était ministre délégué au compte public.
26:39 Quand on connaît la situation des comptes publics français,
26:41 on ne peut pas non plus expliquer qu'il y ait eu une impulsion phénoménale.
26:43 Alors, bien sûr, il y a Bruno Le Maire,
26:45 il n'était pas libre d'agir, etc.
26:47 Mais, moi, je ne trouve pas, pour l'instant, qu'à part les effets d'annonce,
26:49 qu'il y ait forcément des choses politiques très fortes.
26:51 On va voir ce qui va se passer au niveau des agriculteurs.
26:53 C'est débattu aujourd'hui.
26:55 Il y a la loi sur la souveraineté agricole.
26:57 Il y a beaucoup de promesses.
26:59 Ça peut être une façon de montrer qu'il peut agir
27:01 et qu'il peut impulser quelque chose de concret.
27:03 - On va vous entendre encore.
27:05 On n'a pas entendu ni Jérôme, ni Cédric sur ce sujet-là.
27:07 On se retrouve juste après la pause.
27:09 À tout de suite.
27:11 - On continue de débattre autour de ces 4 mois
27:23 de Gabriel Attal.
27:25 Attenions le style Gabriel Attal.
27:27 Est-ce que vous trouvez qu'il imprime ?
27:29 On voit effectivement les difficultés.
27:31 On ne vous a pas entendu.
27:33 Brice, le style Attal ?
27:35 Certains disent oui,
27:37 d'autres non.
27:39 - C'est un peu le style Macron.
27:41 Je pense qu'il a beau être aussi bon communiquant
27:43 qu'il veut, et ça s'est avéré.
27:45 On a vu qu'il savait très bien communiquer,
27:47 notamment lors de son discours de politique générale.
27:49 Mais il est prisonnier
27:51 de la courbe déclinante
27:53 d'Emmanuel Macron.
27:55 Sa seule solution pour exister en tant que Gabriel Attal,
27:57 ça va être de trahir son patron.
27:59 Autrement, il va être prisonnier
28:01 de cette dynamique.
28:03 À mon avis, ça va être...
28:05 - Ça met Jérôme en...
28:07 - Macron bis !
28:09 - Je ne vois pas comment...
28:11 - Sarkozy, Chirac, bis.
28:13 - Ou Chirac, Giscard.
28:15 - On parlait d'un système de contraintes.
28:17 Arnaud parlait d'un système de contraintes.
28:19 Je ne vois pas comment il peut s'en émanciper.
28:21 - Le deuxième point, c'est que
28:23 on a un ministre jeune qui, mine de rien,
28:25 manque d'expérience. Il est très bon en communication,
28:27 donc il suscite beaucoup d'attentes.
28:29 Mais quand on parle de désmicardiser la France,
28:31 des gros sujets comme ça,
28:33 qui entraînent tout un tas de problématiques
28:35 comme le logement, comme l'école, etc.
28:37 Ce n'est pas quelque chose qu'on transforme en un claquement de doigts.
28:39 Donc en fait, il y a quand même un décalage
28:41 entre le temps court de la communication
28:43 et le temps moyennement long,
28:45 voire long, de la politique. Donc là, on est sur
28:47 des agendas qui font que finalement,
28:49 il y a beaucoup d'annonces, ça gigote beaucoup,
28:51 ça fait beaucoup
28:53 d'expérimentations, effectivement.
28:55 Mais en réalité, on ne les voit pas aboutir.
28:57 Et de toute manière, ils n'ont plus vraiment le crédit politique
28:59 pour le faire. Parce que quand on a un discours
29:01 aussi fort que Gabriel Attal au mois de janvier
29:03 et qu'on veut vraiment aboutir, on y va
29:05 au 49-3 et on fait des choses
29:07 très très rapidement. Sauf que même
29:09 le 49-3, ils l'ont surutilisé,
29:11 cet outil. Donc en fait, ils sont
29:13 quelque part dans le... - Ils n'avaient surtout pas le choix.
29:15 - Ils n'avaient pas le choix.
29:17 - Il y a un sujet qui arrive sur la table,
29:19 c'est l'assurance chômage qui va arriver très vite. Je crois que c'est vendredi
29:21 que les choses vont s'accélérer
29:23 avec une mise en application au 1er juillet.
29:25 Donc, Jérôme...
29:27 - Sur l'affaire, enfin sur le positionnement
29:29 de Gabriel Attal,
29:31 moi je considère que lorsque vous
29:33 changez de Premier ministre, c'est pour
29:35 changer d'objectif,
29:37 ce qui n'a pas été le cas, puisque c'est toujours la même politique
29:39 qui est menée.
29:41 - La feuille de route.
29:43 - La feuille de route présidentielle qui a été acceptée
29:45 par les Français en 2022,
29:47 ou alors vous changez
29:49 la composition de la majorité
29:51 quand vous changez de Premier ministre.
29:53 Là, il ne s'est rien passé.
29:55 C'est-à-dire que ça aurait eu un intérêt
29:57 de changer de Premier ministre si on avait
29:59 eu une association, ce que je réclame moi depuis
30:01 2022 avec Ehler.
30:03 Alors, un contrat de gouvernement avec Ehler
30:05 en bonne et due forme, négocié, etc.
30:07 Alors, on me dit, Ehler n'en veut pas.
30:09 Les apparatchiks de Ehler
30:11 sont recroquevillés sur...
30:13 - Les députés de Emmanuel Macron n'ont pas voté pour un traduit.
30:15 - Sur leur petit magot de voix, ils ne veulent pas en bouger.
30:17 Et puis de l'autre côté, Macron n'en veut pas non plus.
30:19 Peut-être qu'il préfère les débauchages
30:21 individuels, peut-être. Mais en tout cas,
30:23 si on n'arrive pas, dans les trois ans qui viennent,
30:25 à avoir une majorité stable,
30:27 l'Assemblée nationale est la majorité stable.
30:29 Elle passe par un contrat de gouvernance
30:31 avec les députés Ehler, c'est assez clair.
30:33 Eh bien, écoutez, il ne se passera pas grand-chose.
30:35 - Mais quel est l'intérêt pour Ehler ?
30:37 - Il ne se passera pas grand-chose.
30:39 - Je suis d'accord avec
30:41 vous. Il y a l'impossibilité aujourd'hui
30:43 d'avancer pour Emmanuel Macron s'il n'arrive pas
30:45 à élargir sa majorité, compte tenu
30:47 de ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
30:49 D'ailleurs, moi je pense qu'une motion de censure va finir
30:51 par être adoptée, notamment sur
30:53 la loi de finances, en principe à l'OTAN.
30:55 De toute façon, les Ehler sont prêts, manifestement,
30:57 pour un certain nombre d'entre eux à la voter.
30:59 Et même le président du Sénat, Larcher,
31:01 y est plutôt favorable.
31:03 Mais enfin, aujourd'hui, moi ce que j'entends, c'est que
31:05 finalement, une recomposition n'est pas impossible.
31:07 Elle n'est pas impossible.
31:09 En l'occurrence, du côté
31:11 du Sénat,
31:13 on laisse entendre Medzhovodschek,
31:15 on a des discussions
31:17 avec la majorité.
31:19 Mais je ne suis pas sûr que ce soit gagné
31:21 à un terme, à la fois pour la majorité
31:23 et pour les Ehler. Parce que quand même, il faut rappeler
31:25 que les députés Ehler, ils n'ont pas
31:27 été élus par des électeurs
31:29 qui souhaitaient une alliance avec
31:31 Emmanuel Macron. C'est vraiment le noyau dur
31:33 des Ehler qui sont véritablement dans l'opposition
31:35 à Emmanuel Macron.
31:37 Alors qu'il y a un certain nombre de parlementaires Ehler
31:39 qui aient cette tentation, c'est possible.
31:41 Mais je pense qu'ils risquent de le payer cash
31:43 lors des prochaines élections législatives.
31:45 - Moi, je suis secrétaire départemental des Ehler,
31:47 dans Cava 12, les militants ne souhaitent pas d'alliance avec Emmanuel Macron.
31:49 - Les électeurs Ehler ne veulent pas d'alliance.
31:51 - C'est ça.
31:53 - Mais attendez, il y a combien
31:55 de militants ?
31:57 - Il y en a, il y en a. - Soyez sérieux,
31:59 c'est pas les militants qui font d'artistes idées quand même ?
32:01 Moi, j'ai été militant,
32:03 il y a toujours une petite
32:05 minorité qui, effectivement...
32:07 - On parle des électeurs. - Ah oui, mais les électeurs, c'est autre chose.
32:09 - Juste pour compléter, parce que c'est vrai que
32:11 ça fait un petit moment que Jérôme vous proposez
32:13 cette idée d'un vrai contrat
32:15 de gouvernance entre Ehler et la majorité.
32:17 Mais quel est l'intérêt pour
32:19 Ehler en fin de mandat,
32:21 alors que tout décline, de faire un contrat de majorité ?
32:23 - Non mais si vous voulez, il y a des intérêts
32:25 boutiquiers, ce que j'appelle des intérêts boutiquiers,
32:27 qui consistent à maintenir une formation politique.
32:29 - C'est pas que... Il y a du fonds aussi. - Mais il y a aussi des intérêts,
32:31 l'intérêt de la France. Et l'intérêt de la France,
32:33 c'est d'avoir un gouvernement stable, qui avance.
32:35 Regardez, il n'a pas l'immodi
32:37 de l'affaire de la loi sur l'immigration.
32:39 - Oui mais Jérôme, on parle de tout ça, mais le 9 juin,
32:41 il y aura un résultat qui sera forcément
32:43 décortiqué, même si ça a l'échec européen.
32:45 - Oui, mais attendez, avec 50% de participation au mieux...
32:47 - Oui, mais il sera le résultat forcément
32:49 décortiqué, étudié.
32:51 - Ça va pas révolutionner la vie politique en France.
32:53 - Mais il y aura forcément des conséquences.
32:55 - Sur 50% du corps électoral,
32:57 oui, d'accord.
32:59 - Les élections aussi,
33:01 les élections législatives,
33:03 les députés ont été élus en 2017,
33:05 il faut le rappeler, avec la plus faible participation,
33:07 ça ne produit pas un problème
33:09 de légitimité en l'occurrence.
33:11 - Le lendemain du 9, c'est-à-dire le 10 juin,
33:13 tout le monde aura oublié qui a été élu.
33:15 - Je ne suis pas sûr.
33:17 Moi je pense que c'est des élections européennes plus importantes
33:19 que les élections européennes.
33:21 - Non, parce qu'on veut leur donner beaucoup d'importance.
33:23 - Non, parce qu'il y a une réalité, encore une fois, c'est qu'on a un gouvernement
33:25 qui est empêché à l'Assemblée nationale et qui n'a pas de majorité.
33:27 Et que ça aura un impact sur le comportement des groupes politiques.
33:29 Donc c'est ça qui va rendre difficile
33:31 l'action du gouvernement et l'action d'Emmanuel Macron.
33:33 Il lui reste 3 ans, c'est énorme.
33:35 C'est-à-dire qu'on n'est même pas à la moitié du mandat.
33:37 - Très franchement, quand je parle avec les électeurs,
33:39 - Non mais les électeurs vont se repasser les yeux nus sur l'Europe.
33:41 - Dans le 17ème arrondissement
33:43 ou dans tout l'Ouest parisien,
33:45 que je connais un peu mieux que l'Est,
33:47 l'Ouest parisien a toujours été plutôt LR,
33:49 UMP, RUF, etc.
33:51 Bon, plutôt à droite.
33:53 Ils ont voté massivement
33:55 aux dernières élections présidentielles et aux dernières législatives
33:57 pour Emmanuel Macron
33:59 et pour les candidats.
34:01 - Mais n'oublie, il y a la réforme des retraites.
34:03 - Zéro. - Oui, mais c'est ce que je te dis.
34:05 Ils sont tous passés chez Macron.
34:07 - Mais la plupart des députés... - Bon, alors les électeurs,
34:09 aujourd'hui, ce qu'ils veulent, c'est qu'on avance et qu'on ait des réseaux sociaux.
34:11 - Mais c'est peut-être un choix par défaut.
34:13 - Attendez pas tout ça en même temps.
34:15 - Les députés LR qui ont été élus, je pense,
34:17 dans un certain nombre de zones,
34:19 notamment de zones périphériques, je peux te dire que ceux-là,
34:21 leur électorat, ils ne souhaitent pas
34:23 une alliance avec Emmanuel Macron.
34:25 Il va dans les Ardèles, il va dans le sud-ouest,
34:27 il va dans le Lort, il va demander aux électeurs
34:29 s'ils souhaitent une alliance
34:31 avec Emmanuel Macron.
34:33 - Moi, j'irais même plus loin.
34:35 - C'est un contrat de gouvernement.
34:37 - C'est un contrat de gouvernement, on ne joue pas sur les mots.
34:39 - C'est un alliance. - C'est un alliance de gouvernement.
34:41 - J'irais même plus loin, je pense qu'il y a beaucoup d'électeurs LR
34:43 qui penchent plutôt côté RN, qui sont plutôt...
34:45 qui vont à l'inverse.
34:47 - Pas ceux qui sont restés LR, ils sont...
34:49 - Ils sont...
34:51 - Et j'ajoute que
34:53 les élections européennes qui viennent, je suis plutôt d'accord,
34:55 sont d'une nature un peu différente, l'importance
34:57 est vraiment présente, et qu'il faudra
34:59 surveiller le résultat de Raphaël Glucksmann
35:01 qui peut aussi symboliser
35:03 la reconstitution du paysage politique
35:05 qu'on avait avant. - Jérôme,
35:07 n'oubliez pas que les électeurs... - Vous savez jamais.
35:09 - La réforme des retraites votée par le 49-3,
35:11 il y en a beaucoup, beaucoup, qui attendent
35:13 de pouvoir exprimer quelque chose
35:15 contre ça. Enfin, je veux dire, ça a été très mal vécu,
35:17 c'est les sondages qui le disent. - Les gens qui sont dans l'opposition,
35:19 qui sont dans l'opposition de gauche
35:21 ou dans l'opposition de droite, ceux qui sont dans l'opposition
35:23 de droite, ils vont voter massivement
35:25 pour le RN. Regardez les résultats,
35:27 32%, 30, 32%. - Donc, ça veut dire que ces résultats
35:29 du 9 juin auront une incidence sur le...
35:31 - Aucune liste électorale, aucune liste aux européennes
35:33 n'a dépassé 30% depuis la liste de Simone Veil.
35:35 - Depuis 79.
35:37 - Voilà. - Mais la lecture
35:39 qu'on va faire de ces résultats aura...
35:41 - L'interprétation... - Elle n'est pas la seule chez elle,
35:43 elle est plus chez elle. - Mais tu vois que l'interprétation que tu en fais
35:45 est une interprétation qui montre que cette élection
35:47 a quelque chose de tout à fait, je veux dire, unique
35:49 par rapport à... - Oui, mais ça ne veut pas bouger la vie politique française.
35:51 - On ne vous a pas entendu, Cédric. - Oui, non mais,
35:53 Jérôme le disait tout à l'heure, de toute façon, il ne faut pas y mettre
35:55 plus d'importance, on est quand même sur une élection éminemment
35:57 importante qu'élection européenne. C'est une élection
35:59 sur laquelle, en plus, Emmanuel Macron avait mis
36:01 un marqueur fort, puisqu'il fait de l'Europe
36:03 un enjeu qu'il a toujours défendu. - C'est vrai. - Donc, c'est vrai
36:05 qu'avoir un vote contre lui
36:07 sur un sujet qu'il porte et qu'il veut
36:09 incarner depuis le début, c'est
36:11 quand même un marqueur assez fort, moi je pense,
36:13 du manque de confiance ou au moins
36:15 de la rupture avec les électeurs français,
36:17 en tout cas, concernant Emmanuel Macron.
36:19 Ensuite, concernant les LR,
36:21 moi je trouve quand même qu'au début de son mandat,
36:23 Emmanuel Macron n'a pas spécialement tendu la main
36:25 aux LR, il avait
36:27 une majorité écrasante, il faisait un petit peu ce qu'il
36:29 voulait, il a plutôt essayé
36:31 entre guillemets de tuer le parti LR
36:33 que de leur proposer un contrat.
36:35 Donc, venir en fin de mandat, quand on a
36:37 un désaveu de la population,
36:39 quand on voit qu'il y a une rupture avec ses électeurs,
36:41 dire "ben maintenant, ce serait peut-être bien, au nom
36:43 de la France, qu'on fasse un contrat",
36:45 je trouve que c'est du cynisme profond quand même.
36:47 - C'est ce que je te dis, il aurait dû le faire en
36:49 2022. - Ah ben bien sûr, c'est trop tard.
36:51 - Il n'y avait pas de volonté, ni d'une ligne,
36:53 ni d'un côté, ni de l'autre. - Il faut quand même se dire que ça fait
36:55 7 ans qu'il est aux manettes, 7 ans
36:57 au pouvoir, on ne peut pas systématiquement
36:59 dire "je vais révolutionner le pays,
37:01 vous allez voir, je vais transformer le pays",
37:03 etc. Quand ça fait 7 ans qu'on a
37:05 les manettes et qu'on est au pouvoir, quand on est
37:07 dans une mairie, quand on est
37:09 dans un département, je vous assurez
37:11 avec le lecteur,
37:13 quand vous lui avez promis, quand vous vous êtes engagé
37:15 sur un changement, il vous attend,
37:17 il vous attend au virage, mais pas 7 ans après,
37:19 il vous attend dans les 2-3 années qui suivent.
37:21 - Et encore. - Et oui, et encore.
37:23 Donc je pense que là, maintenant, enfin moi,
37:25 on revient un petit peu sur le débat sur Artal,
37:27 quand effectivement il a promis de tout
37:29 révolutionner au mois de janvier, etc.,
37:31 je suis désolé, ça fait 7 ans qu'ils sont aux manettes maintenant.
37:33 7 ans qu'ils ont montré ce qu'ils savaient faire
37:35 ou ce qu'ils ne savaient pas faire. - Le malheur, c'est que pendant 7 ans...
37:37 - Et la montée du RN est quand même
37:39 profondément liée aussi
37:41 à la non-efficacité de la politique d'Emmanuel Macron.
37:43 - Jérôme Dubé. - Le malheur,
37:45 ça fait pendant 7 ans,
37:47 puisque Emmanuel Macron a été élu
37:49 en 2017, il a été réélu en 2022,
37:51 pendant 7 ans, les 2 forces
37:53 principales de gouvernement
37:55 de la 5ème République, qui ont
37:57 été laminées en 2017
37:59 et relaminées en 2022,
38:01 n'ont strictement rien fait.
38:03 Je parle de LR et du Parti Socialiste,
38:05 qui étaient... - Ça, les électeurs ont la mémoire courte,
38:07 vous le savez très bien, Jérôme.
38:09 - Alors là, on dit, la société démocratique
38:11 va renaître, etc., avec 12-13%
38:13 de luxe-mains, ok, moi je veux bien, mais enfin,
38:15 on verra le lendemain, ça ne change pas strictement rien.
38:17 - Si ils sont devant
38:19 la liste d'Emmanuel Macron...
38:21 - Je n'y ai pas encore.
38:23 - D'accord, d'accord.
38:25 - On est loin de là.
38:27 Moi, je veux bien assumer
38:29 toutes les responsabilités sur la montée du RN
38:31 de la part de la majorité présidentielle,
38:33 mais le fait qu'il n'y ait pas d'alternative
38:35 aujourd'hui à la majorité présidentielle
38:37 autre que l'extrême-gauche,
38:39 ou alors
38:41 le RN et Marine Le Pen,
38:43 je suis désolé, tous les partis de gouvernement
38:45 ont une responsabilité, y compris LR,
38:47 y compris le Parti Socialiste.
38:49 - C'est une responsabilité qui a 40 ans d'histoire,
38:51 qui a 4 décennies. - Et c'est ce que je te dis.
38:53 - Bien sûr, je suis d'accord. - Allez, ce que je vous propose,
38:55 messieurs Arnaud Benedetti, Jérôme Dubu, Cédric Nouvello
38:57 et Brice Nkonda, on s'arrête un court instant
38:59 et puis on ouvre
39:01 l'un des sujets qui fait l'actualité
39:03 aujourd'hui, on dira peut-être un mot de la Nouvelle-Calédonie
39:05 rapidement, de ce qui est en train de se passer,
39:07 et puis on regardera s'il faut
39:09 généraliser les amendes pour
39:11 port d'armes blanches, comme ça a été
39:13 expérimenté, comme d'autres villes du
39:15 côté de Nice. A tout de suite.
39:17 - Sud Radio, le 10h
39:19 midi, mettez-vous d'accord,
39:21 Christine Bouillot.
39:23 Sud Radio,
39:25 le 10h midi, mettez-vous
39:27 d'accord, Christine Bouillot. - Allez-y, la
39:29 dernière ligne droite avec vous 4, Arnaud
39:31 Benedetti, Jérôme Dubu, Cédric Nouvello
39:33 et Brice Nkonda. Alors on va dire un mot
39:35 rapidement de cette décision de la ville de
39:37 Nice de rejoindre les
39:39 communes, les grandes villes, après
39:41 Montpellier, Marseille,
39:43 Paris et Lyon, donc décident
39:45 de mettre une amende
39:47 de 500 euros pour le port d'armes
39:49 de catégorie D, ça comprend évidemment
39:51 les couteaux, les matraques, les ponts américains
39:53 et les bombes lacrymogènes, une
39:55 amende supplémentaire, l'arme sera détruite
39:57 et la personne se verra
39:59 interdit de fréquenter pendant 6 mois le secteur
40:01 où il aura été appréhendé avec l'arme
40:03 blanche. Alors ça j'attends de voir comment ça va se
40:05 produire, mais voilà, il faut
40:07 l'expérimenter rapidement parce qu'on a d'autres sujets
40:09 à traiter. - Oui, oui, il faut expérimenter
40:11 et puis il faut surtout appliquer les peines,
40:13 c'est toujours le même sujet, je veux dire, le papier refuse
40:15 pas l'encre, mais après
40:17 il faut effectivement l'appliquer.
40:19 Après, moi ça me choque pas qu'on verbalise
40:21 quelqu'un qui se balade avec un pont américain,
40:23 un couteau, une matraque
40:25 dans sa poche, on se demande bien au quotidien
40:27 à quoi ça sert. Donc je pense que oui, c'est bien
40:29 de pouvoir verbaliser quand c'est comme ça, mais encore une fois, il faut
40:31 que ce soit appliqué. C'est bien le sujet qu'on a actuellement
40:33 avec notre justice, c'est l'application des peines
40:35 et c'est effectivement être sûr que
40:37 les gens qui se sont
40:39 récupérés puissent être effectivement
40:41 condamnés, c'est le problème.
40:43 - Jérôme ? - Moi je trouve ça...
40:45 J'ai l'impression que c'est pas appliqué,
40:47 vous dites que c'est appliqué à Paris ? - Non, c'est
40:49 une expérimentation avec les villes...
40:51 - Et Paris en fait partie ? - Et Paris en fait partie.
40:53 Cette nouvelle norme mise en place par le Parcémis
40:55 a déjà été lancée
40:57 dans tous autres communes. - De l'extrême droite
40:59 défiler... - Avec des matraques ? - Rassemblement
41:01 avec des matraques parce que c'était un peu la tradition
41:03 de cette partie de l'éthiqueté politique
41:05 d'avoir des matraques ou des points américains
41:07 dans les poches. Je n'ai vu aucune interpellation.
41:09 - Il faut dépolisser le Ministépo pour ça.
41:11 - C'était il y a 10 jours... - Ils sont là pour mettre des armes.
41:13 - En plein Paris, dans le 5ème arrondissement.
41:15 - Il y a une semaine. - OK, excusez-moi, je suis un petit peu
41:17 sceptique sur ce sujet. - Sur déjà la mise
41:19 en application de tout ça.
41:21 Autre sujet
41:23 également qui rejoint la question de la sécurité.
41:25 Ce rapport sénatorial
41:27 qui a été publié
41:29 sur la question du narcotrafic en France
41:31 qui dit que la France
41:33 est submergée par le narcotrafic
41:35 avec 6 mois d'investigation
41:37 et plus de 158 auditions.
41:39 Ça va d'avocats
41:41 à journalistes, bailleurs sociaux
41:43 des villes passées au crible.
41:45 C'est un constat alarmant et notamment
41:47 on découvre aussi dans ce rapport
41:49 sénatorial qu'il y a une forme...
41:51 Brice, vous l'avez regardé,
41:53 une forme de...
41:55 à l'italienne.
41:57 Il y a des élus
41:59 qui sont aujourd'hui
42:01 corrompus, des policiers...
42:03 - Une espèce d'emprise mafieuse.
42:05 - On peut
42:07 parler effectivement de narcotrafic.
42:09 - Alors le rapport est sorti il n'y a pas très longtemps.
42:11 Je ne l'ai pas lu dans le détail, mais ce qui est sûr
42:13 c'est qu'on n'a pas pris encore la mesure des émeutes
42:15 de juin-juillet
42:17 2023. Les mesures
42:19 qui en sont ressorties,
42:21 Forces d'Action Républicaine en expérimentation,
42:23 les DALLO
42:25 qui sont supprimés dans certains quartiers, etc.
42:27 Donc en fait, on a fait quelques mesures
42:29 qui sont plutôt des mesurettes des expérimentations,
42:31 mais on n'a pas encore
42:33 pris l'ampleur de la
42:35 situation dans nos quartiers. Je me souviens
42:37 en 2005 avec Zied et Bouna, il y avait eu
42:39 des émeutes dans les quartiers, mais c'était les quartiers
42:41 des grandes villes. On a vu en 2023
42:43 qu'on est aussi sur les
42:45 quartiers des villes moyennes.
42:47 On est également dans des villages, donc il y a eu une
42:49 expansion de la zone
42:51 de trafic, et
42:53 en fait, on a besoin de se doter
42:55 d'outils beaucoup plus importants pour
42:57 réinsérer les gens. Et donc le
42:59 problème est devenu très très complexe,
43:01 et je ne pense même pas que les mesures
43:03 qui sont préconisées dans le rapport
43:05 sénatorial vont suffire, parce qu'il faut vraiment
43:07 faire des choses assez
43:09 structurantes, dans tous les domaines.
43:11 - Voilà, ce que disent exactement
43:13 les rapporteurs de ce
43:15 rapport, enfin dans tous les cas, la Constitution
43:17 aujourd'hui, on assiste, nous la France,
43:19 à la constitution d'un modèle
43:21 social parallèle avec ses hiérarchies
43:23 propres, sa police chargée d'assurer
43:25 la sécurité des réseaux, bref, c'est
43:27 un monde parallèle qui s'est mis en place.
43:29 - Je crois qu'il faut saluer quand même le travail que fait le Sénat
43:31 en l'occurrence, parce que c'est vrai que les rapports sénatoriaux
43:33 sont de très grande qualité, très pointus,
43:35 c'est des enquêtes qui sont menées, je veux dire,
43:37 sur plusieurs mois, et qui en général apportent
43:39 un état des lieux
43:41 qui est toujours très sérieux et implacable.
43:43 Ça c'est une chose.
43:45 - C'est transpartisan.
43:47 - C'est transpartisan, en plus, ça fait
43:49 un travail de convergence,
43:51 au moins de tous les sénateurs, quelle que soit
43:53 leur appartenance parlementaire et partisane.
43:55 Non, c'est clair,
43:57 on a une contre-société
43:59 qui se met en place dans un certain nombre
44:01 de territoires,
44:03 clairement, on le voit,
44:05 qui assure sa propre sécurité,
44:07 qui défie la sécurité, il y a une économie
44:09 parallèle, il y a une hiérarchie,
44:11 c'est ça qui est très intéressant.
44:13 Il y a une hiérarchie pyramidale,
44:15 c'est typique des systèmes mafieux.
44:17 Quand vous lisez
44:19 des travaux qui ont été menés, notamment
44:21 sur la mafia, par exemple en Sicile,
44:23 ou dans le sud de l'Italie, vous voyez bien que c'est pyramidal.
44:25 Et là aussi c'est pyramidal, parce que vous avez
44:27 une organisation du travail, une division du travail,
44:29 qui est extrêmement, j'allais dire,
44:31 poussée, en l'occurrence... - Par le terrorisme.
44:33 - Tout est inquiétant.
44:35 Tout est inquiétant
44:37 dans ce rapport. Ce qui est plus inquiétant,
44:39 c'est en effet, il semble dire
44:41 qu'ils ont des connexions
44:43 dans un certain nombre de
44:45 milieux, parfois judiciaires,
44:47 voire politiques.
44:49 Ça, c'est en effet, là aussi,
44:51 j'allais dire, symptomatique de ce qu'est une emprise
44:53 mafieuse, telle qu'on a pu la connaître
44:55 dans d'autres pays, notamment, encore une fois,
44:57 dans le sud de l'Italie. Mais bon,
44:59 il faut être quand même très prudent aussi. - Il y a trois choses
45:01 inquiétantes que signale le rapport.
45:03 C'est effectivement la montée de la puissance financière,
45:05 c'est effectivement la ramification dans différents
45:07 milieux. Et le troisième facteur,
45:09 c'est qu'on passe d'un problème
45:11 qui était plutôt réservé aux grandes agglomérations,
45:13 aux zones rurales,
45:15 aux portes frances. Donc, c'est vraiment...
45:17 On va vers tout le "pays", entre guillemets.
45:19 Moi, je le vois sur les petites communes
45:21 en Normandie,
45:23 on a de plus en plus des gendarmes qui
45:25 arrivent à arrêter toute une bande
45:27 organisée, même dans des petites communes.
45:29 Enfin, c'est surprenant. Ce qu'on ne vivait pas avant.
45:31 Donc, on voit bien que ce système,
45:33 non seulement, il se développe, mais en plus, il s'étend.
45:35 Il s'étend sur nos zones
45:37 rurales et nos petites communes.
45:39 Avant, on disait que c'était un peu réservé aux quartiers, mais ça ne l'est plus.
45:41 En fait, ça ne l'est plus réservé aux grandes nations.
45:43 - Jérôme et Brice ?
45:45 - Non, moi, j'ai regardé
45:47 effectivement les conclusions du rapport.
45:49 Bon, le rapport est de très grande qualité,
45:51 Arnaud a raison de le dire, mais
45:53 si vous voulez, on a l'impression qu'on découvre
45:55 un peu l'œuvre de Christophe Collomb.
45:57 Mais ça fait des années qu'il y a
45:59 ce choix qui a été organisé par
46:01 les narcotrafiquants, de faire de l'Europe
46:03 une destination
46:05 de la drogue majeure,
46:07 avec des entrées qui sont très bien définies,
46:09 et un produit aujourd'hui qui est la cocaïne,
46:11 dont on a baissé le prix
46:13 de manière volontaire,
46:15 pour le diffuser massivement.
46:17 Bon, ça on le sait depuis
46:19 une dizaine d'années. Et malheureusement,
46:21 pour eux, malheureusement
46:23 pour nous, et heureusement pour eux,
46:25 ça a l'air de fonctionner.
46:27 Car en fait, l'Europe est devenue
46:29 effectivement, via les Antilles pour nous,
46:31 la France, parce que la plaque tournante,
46:33 ce sont les Antilles, avec la Guadeloupe,
46:35 la Martinique, un peu Saint-Domingue,
46:37 et Haïti, vraisemblablement.
46:39 Et on pense
46:41 qu'aujourd'hui, 90%
46:43 de ce qui est envoyé
46:45 à partir des zones de production
46:47 passent. 90%.
46:49 Ça veut dire qu'on en arrête 10%. Vous vous rendez compte ?
46:51 Quasiment rien.
46:53 Et on sait qu'il y a un certain nombre de ports
46:55 qui ont été ciblés par les narcotrafiquants,
46:57 ports européens. Alors,
46:59 Amsterdam, en vert,
47:01 l'influence des
47:03 narcotrafiquants sur la vie politique
47:05 de ces pays est en train de s'étendre.
47:07 On n'a pas l'air de
47:09 s'en préoccuper, mais c'est hallucinant.
47:11 On tue des gens, on tue des hommes politiques,
47:13 on les, effectivement, comme tu disais,
47:15 on les sous-doit.
47:17 Et nous, il y a deux
47:19 ports qui sont ciblés, c'est Marseille,
47:21 d'où les règlements de comptes...
47:23 - C'est pas nouveau, ça. - A répétition, c'est pas nouveau, mais
47:25 French Connection, à côté, c'était rien.
47:27 - On en avait à 50 millions depuis le début de l'année.
47:29 - Et le Havre.
47:31 Donc, je sais pas si on va
47:33 permettre de porter un peu plus
47:35 de coups sur ces réseaux,
47:37 mais c'est quand même hallucinant.
47:39 - Si je peux me permettre, il n'y a pas que ça.
47:41 Il y a effectivement l'organisation
47:43 logistique internationale qui progresse,
47:45 on peut la décrire, vous l'avez décrite.
47:47 Mais il y a aussi le fait qu'on a un terreau en France
47:49 qui est prêt pour ça.
47:51 Et en fait, on n'a pas suffisamment agi
47:53 politiquement pour que le terreau
47:55 n'aille pas dans cette direction.
47:57 Et en fait, on a certains quartiers où les jeunes se font prendre trop tôt,
47:59 ils ont commencé à prendre de l'argent beaucoup trop tôt,
48:01 c'est difficile après de leur dire "fais des études,
48:03 fais des efforts et trouve un travail".
48:05 Donc il faut être très très vigilant, nous aussi,
48:07 au niveau politique, pour essayer
48:09 de démanteler point par point.
48:11 Et à chaque fois qu'on a eu des alertes en France,
48:13 on n'a jamais pris la mesure du problème.
48:15 Et aujourd'hui, finalement, ce qui s'est passé
48:17 dans les quartiers se diffuse dans toute la France.
48:19 On pensait que ce qui avait lieu dans les quartiers,
48:21 c'était la banlieue, c'était quelque chose qui était
48:23 à côté, mais en fait, c'est en train d'immerger
48:25 notre mode de fonctionnement général.
48:27 Et là, on a un souci,
48:29 parce que politiquement, on n'a pas pris la mesure du problème.
48:31 - Alors, il y a donc un constat d'échec
48:33 cuisant de tout ce qu'on a pu mener
48:35 depuis 40 ans, on parlait...
48:37 - Il y a même des politiques actuelles, le rapport
48:39 signale sur les opérations
48:41 Place Net, etc. - Tout ça, ça ne marche pas.
48:43 - Ça ne marche pas, il dit que c'est décevant,
48:45 que les bilans sont très mitigés, donc même
48:47 les solutions les plus récentes
48:49 ne produisent pas les effets attendus, en tout cas.
48:51 - Je ne sais pas si derrière ce marché, il y a des consommateurs,
48:53 parce que s'il y a autant d'argent qui circule, c'est qu'il y a
48:55 autant de gens qui sont au bout de la chaîne
48:57 à consommer.
48:59 Pardonnez-moi, mais ça fait des décennies
49:01 qu'on n'a pas vu des campagnes de prévention sur
49:03 les dangers. - Oui, mais attendez...
49:05 - Attendez, moi je... - Oui, oui, d'accord,
49:07 mais regardez ce qui se passe dans le RIF.
49:09 Le RIF, ça fait
49:11 je crois 30 à 40 ans
49:13 qu'on parle du RIF au Maroc.
49:15 On sait que c'est la zone de production, pas de la cocaïne,
49:17 mais du cannabis
49:19 du cannabis majeur
49:21 et on ne fait strictement rien.
49:23 On ne fait strictement rien.
49:25 Moi je suis allé me balader au Maroc
49:27 assez récemment. Dans le RIF, on vous demande de pas y aller,
49:29 mais quand vous y allez, vous y allez
49:31 protégé. Voilà.
49:33 Il y a des champs de cannabis partout.
49:35 Partout ! Pendant des années,
49:37 on nous a dit "Ah oui, mais on va essayer que les agriculteurs
49:39 se reconvertissent avec des aides..."
49:41 - Donc la légalisation, parce qu'on parle de ça partout.
49:43 - Mais tout passe, tout passe.
49:45 - C'est un sujet, la légalisation. - Au-dessus de tout le monde.
49:47 - Je veux dire, ça fait des années qu'on parle
49:49 de la forcerie maintenant avec la cocaïne
49:51 qui est transformée
49:53 en Amérique du Sud. - Moi je ne crois pas à la légalisation.
49:55 Si on part sur
49:57 cette logique-là... - On pourrait l'expérimenter au moins
49:59 dans certaines zones, comme le propose le maire de Bègue.
50:01 - Si on part sur cette logique-là, ça veut dire
50:03 qu'à ce moment-là, il faut aussi légaliser
50:05 la cocaïne, puisque de la même façon, on maîtriserait
50:07 le marché, on contrôlerait la qualité...
50:09 - Il y a des expériences qui se font dans le monde.
50:11 - J'entends, j'entends.
50:13 Mais ça ne réduit pas la consommation.
50:15 - Au moins, ça réduit le trafic.
50:17 - On peut la voir,
50:19 on la rend visible, on peut la traiter
50:21 au niveau sanitaire.
50:23 - En tout cas, c'est extrêmement inquiétant. - C'est inquiétant.
50:25 En tous les cas, c'est un rapport qui est très bien fait.
50:27 On n'a pas eu le temps de parler de la Nouvelle-Calédonie.
50:29 On en parlera évidemment demain
50:31 et dans les infos et les autres émissions.
50:33 Merci à tous les quatre pour ce moment.
50:35 Et dans un instant sur Sud Radio.
50:37 Bien sûr, vous avez rendez-vous avec André Bercoff.
50:39 A demain.
50:41 Sud Radio, parlons vrai.