Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 - Emmanuel Ducrot du journal l'Opinion. Demain mardi, Emmanuel, deuxième journée nationale de grève et de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:07 Que ne l'a-t-on dit ? Des maires vont répondre à l'appel lancé par le communiste Fabien Roussel.
00:12 Il le rappelait hier encore dans le Grand Rendez-vous sur Europe 1.
00:15 Ces maires vont fermer les services municipaux pour que leurs agents puissent aller manifester.
00:21 - Et Fabien Roussel affirme que des centaines de maires vont suivre le mot d'ordre.
00:25 A Montreuil, à Saint-Pierre-d'Horiac, dans le Cantal, à l'Union près de Toulouse, à Grabel dans les Roses, ce sera le cas, ce ne sont que des exemples.
00:31 Et aussi à Paris, Anne Hidalgo avait pris les devants et annoncé que l'hôtel de ville de Paris resterait fermé ce jour-là par solidarité avec le mouvement.
00:38 Et pour permettre aux agents municipaux de participer au défilé.
00:41 - Alors la question qui tournait beaucoup ces derniers jours c'est est-ce que c'est légal ?
00:44 - Alors le droit de grève est constitutionnel, ça personne ne le remet en cause.
00:48 En revanche, la loi et une longue jurisprudence interdisent à un employeur qu'il soit public ou privé de fermer les locaux de l'entreprise en cas de grève.
00:56 - Public ou privé ? - Oui, ça s'appelle un lock-out.
00:58 Cette pratique est illicite, elle fait obstacle au droit des salariés non grévistes de travailler.
01:02 Sauf à ce qu'il y ait des craintes pour la sécurité, c'est interdit et on voit bien qu'on n'en est pas là.
01:06 - Alors l'idée c'est bien d'encourager les personnels à aller grossir les rangs de la contestation.
01:11 - Alors on voit bien la somme de questions que cela pose.
01:13 D'abord, c'est une privatisation des services publics à des fins politiques, lesquelles les services publics ont un devoir, rappelons-le, de neutralité.
01:21 Un élu ne peut pas préempter ce droit pour servir ses propres convictions contre les intérêts de ses administrés, c'est-à-dire avoir accès aux services publics.
01:28 Je voudrais qu'on s'attarde sur les propos du maire Eléfie de Grabel et Raud, qui dit qu'il est parfaitement en droit de payer les grévistes.
01:35 Alors on voit là, comme ça il interdit pas aux gens d'aller travailler et de toucher leur salaire.
01:39 Mais on ne sait pas si les employés seraient grévistes ou pas, certains sont peut-être même favorables à la réforme, c'est parfaitement leur droit aussi.
01:46 L'argent public issu de toutes les bourses n'a pas vocation à financer une grève lancée par une partie seulement du spectre politique.
01:52 - Oui, mais si tout le monde est payé gréviste ou pas, moi je vais à la pêche dans ce cas-là.
01:55 - La grève au frais du contribuable, c'est une privatisation de moyens publics pour servir des convictions particulières et c'est révoltant.
02:02 C'est un comportement féodal, comme si la ville était gérée sur les deniers du maire.
02:06 La grève, la protestation sociale, c'est une affaire de convictions personnelles, c'est parfaitement respectable, mais là on dépasse complètement ce cadre.
02:13 - Oui, d'autant que ceux qui défendent ce moyen d'action le trouveraient tout à fait indéfendable dans d'autres circonstances.
02:18 - Bah oui, imaginons qu'un maire hostile au mariage pour tous ait fermé les services de sa mairie pour permettre aux agents de se rendre à la manif pour tous.
02:24 Parce que ses convictions personnelles ou celles de son parti l'auraient porté.
02:28 Ça ferait hurler ceux qui se félicitent aujourd'hui de la fermeture des mairies.
02:32 C'est tout aussi choquant dans les deux cas.
02:34 Bon indice, quand une situation génère des commentaires comme "ah mais non, dans ce cas-là c'est pas bien, on est dans la géométrie variable,
02:40 on ne peut pas vivre en société avec des règles à géométrie variable, ça s'appelle l'arbitraire."
02:44 - Merci beaucoup Emmanuel Ducrot du journal L'Opinion. Merci à vous, je vous dis à demain.