00:02Et bah tiens, tiens, après son renvoi en procès pour corruption et trafic d'influence, Rachida Dati s'en est pris au magistrat.
00:08Procès de Rachida Dati et de Carlos Ghosn pour des versements de 900 000 euros qu'elle a reçus à l'époque où elle était eurodéputée
00:15et juge la soupçonne d'avoir monnayé du lobbying pour Renault et Nissan au sein du Parlement dans lequel elle était élue.
00:21Un renvoi en procès correctionnel auquel la désormais ministre de la Culture a réagi hier soir chez nos confrères de LCI extrait.
00:28Toutes ces procédures ont été émaillées d'incidents. D'abord, je suis mise en examen sur un rapport incomplet.
00:34Des dizaines et des dizaines de pages sont manquants au rapport. Il y a un problème avec la justice.
00:39Je vais vous dire, je ne renoncerai sur rien. Moi, je n'accable pas les magistrats.
00:43Quel est le problème alors ?
00:44Je n'accable pas les magistrats. Je n'accable pas la magistrature.
00:47J'accable des magistrats qui refusent de faire leur travail conformément, évidemment, au code de procédure.
00:54Rachida Dati hier soir sur LCI.
00:56J'ai déjà entendu ça. Pour en parler, justement, nous sommes en ligne avec le président de l'Union syndicale des magistrats.
01:03Bonsoir, Ludovic Friat.
01:04Bonsoir.
01:04Bonsoir.
01:05Bonsoir. Bienvenue. Bienvenue parmi nous.
01:07Bienvenue.
01:07Merci. Bienvenue parmi nous.
01:09Dans les vraies voix sur Sud Radio.
01:10Alors, la ministre de la Culture, on le rappelle, qui est aussi une ancienne ministre de la Justice.
01:14Que vous inspirent ces propos ?
01:16Je me demande qui parle exactement.
01:19Est-ce que c'est Rachida Dati, la justiciable ? Et là-dessus, je n'ai rien à dire. Elle se défend comme elle le peut. Elle a le droit de maudire ses juges.
01:27Ou est-ce que c'est Rachida Dati, la ministre actuelle, l'ancien garde des Sceaux, qui, là, ça me pose difficulté.
01:33Ça me pose difficulté en ce sens qu'en tant que ministre, elle incarne une parole institutionnelle importante.
01:41Et la difficulté, c'est qu'on ne peut pas, institutionnellement, dire de façon aussi abrupte, jeter l'eau propre sur les juges et dire, ces juges-là, je ne les reconnais pas.
01:52Ce sont des juges politiques.
01:54Et je décide de critiquer frontalement leur travail et ce qu'ils font, alors que leur travail est encadré.
02:02Il y a eu de nombreux recours qui ont été faits dans la chambre de l'instruction.
02:08Cette chambre de l'instruction est composée de nombreux magistrats différents.
02:11Tout s'est joué, pour moi, en tout cas, dans le respect des principes de droit.
02:17On ne peut pas dire ensuite, le juge est un ennemi.
02:19Et à partir du moment où le juge, pour moi, est considéré de la même politique, je récuse sa légitimité.
02:27Parce qu'elle est à la fois les deux, finalement, par rapport à votre question.
02:29Elle est à la fois une justiciable qui exerce sa défense et une responsable politique.
02:34Dans ce contexte, comment on met le curseur entre...
02:36Bon, c'est vrai que quand quelqu'un se défend, il a tendance à mettre en cause celui qui le poursuit.
02:40Et le fait d'aller trop loin, peut-être, en tant que ministre, dans sa critique des magistrats, le curseur est ténu.
02:46C'est là toute la difficulté.
02:50Alors, je n'ai pas, moi, un ministre dans le débat politique à dire
02:53« Un ministre mis en examen ou un ministre rangé dans la tribunale doit rester aux affaires. »
02:58Ça ne me regarde pas.
03:00Ce que je constate, c'est que l'exercice est quand même difficile,
03:03qu'on ait à la fois un justiciable qui doit se défendre
03:06et qui, pour ça, peut dire tout ce qu'il semble utile à sa défense
03:10et qu'on ait également un ministre qui doit porter une parole publique.
03:14– Monsieur le président de l'Union syndicale des magistrats,
03:17je faisais un clin d'œil à la fin du récit de Félix Mathieu en disant
03:22« On a déjà entendu ça. »
03:24Est-ce qu'aujourd'hui, pour votre profession,
03:27travailler sur un dossier d'un politicien est plus dur qu'un autre justiciable, finalement ?
03:34Parce qu'il y a un envolement médiatique, une pression constante ?
03:38Je vous pose la question.
03:39On voit clairement qu'on est exposé et beaucoup plus exposé sur ces dossiers médiatiques
03:45ou sur ces dossiers, on va les appeler politico-judiciaires
03:48parce qu'effectivement, le débat se fait de plus en plus hors du prétoire,
03:53se fait dans l'arène médiatique.
03:56Et d'autre part, à un moment de fond, on le voit bien,
03:59déjà depuis plusieurs mois, à plusieurs années,
04:02le juge doit être critiqué sous un angle politique,
04:06qu'on désigne comme une politique, ce qui permet, quelque part, par avance,
04:09de discréditer soit l'instruction qu'il a menée, le travail qu'il a menée,
04:14soit la décision qui va être amenée à prendre en prononçant ou pas une culpabilité
04:19et en individualisant la peine à la gravité des faits.
04:23Alors, Joseph Touvenel, est-ce que Rachida Dati,
04:27elle ne ferait pas un peu la défense par l'attaque ?
04:29Est-ce que ce n'est pas sa manière de fonctionner en général, en fait ?
04:32C'est sa manière de fonctionner. Après tout, c'est son droit.
04:34Encore faut-il que l'attaque reste dans certaines bornes.
04:38Mais là, elle les dépasse, selon vous ?
04:40J'en sais rien, parce que je ne connais pas le dossier.
04:41En tout cas, Rachida Dati, si on me l'a décrit comme une blanche colombe,
04:44je n'y croirais pas.
04:45Le problème de la magistrature,
04:47c'est quand on a laissé passer des choses qui s'appellent le mur des cons.
04:50Je rappellerai que c'est un syndical, syndical d'un magistrateur,
04:53qui a émis des photos de personnes qu'il n'aimait pas,
04:57notamment...
04:58Et de victimes.
04:58Ce n'est pas le même syndicat, là.
05:00Oui, je sais bien que ce n'est pas le même syndical de la magistrature.
05:03En fait, ce que vous dites, Joseph,
05:04c'est que c'est un boulet que la justice traîne aujourd'hui.
05:06Ça n'est pas dans la problématique.
05:07Quand on a des juges politisés,
05:08quand ils osent mettre la photo d'un père de famille
05:10qui a perdu sa fille, assassiné dans le RER,
05:14et ils l'affichent sur un mur des cons
05:15parce que ce père est militaire,
05:17sans avoir un instant sur la souffrance de cette famille,
05:20le moindre regard,
05:22parce que ce sont des juges d'extrême-gauche,
05:24ça décribilise toute la justice.
05:25Ce problème n'a pas été réglé
05:27parce que ces gens continuent à juger.
05:29Alors Rachida Detti,
05:31elle embringue là-dedans
05:32et elle accuse les juges.
05:33Il faudrait peut-être faire le ménage
05:34chez les juges politisés.
05:36Ils ont le droit de penser ce qu'ils veulent,
05:38mais on ne juge pas de façon politique.
05:39On fait le ménage chez les juges,
05:40mais peut-être chez les politiques un peu aussi, non, Emmanuel ?
05:42Alors, je voudrais rester un instant,
05:43puisque l'interlocuteur représente la justice.
05:47Il est vrai que nous,
05:48en tant que Bureau national de vigilance
05:49contre l'antisémitisme,
05:50quand nous poursuivons des gens
05:53qui occupent l'espace public
05:54pour répandre des mensonges
05:56comme génocide
05:58et faire l'amalgame
06:00avec la personne de confession juive que je suis,
06:03j'attaque, je poursuis,
06:05et nous sommes classés sans suite,
06:06ou alors on nous répond que
06:08c'est la liberté d'expression.
06:10Et donc, au nom de la liberté d'expression,
06:12on a le droit de m'accuser,
06:14de me stigmatiser,
06:16et de me fragiliser dans la rue.
06:18« Non, monsieur, je ne suis pas d'accord
06:20avec cette façon d'exercer la justice. »
06:22Là, on parle de Rachid Haddad.
06:23Non, mais pardon, je reviens.
06:25C'est vrai que je suis parti un petit peu loin.
06:28C'est un cas dont vous faites État
06:30et qui est très important,
06:32et qui évidemment nous touche énormément,
06:33qui est l'antisémitisme.
06:33Je relâche l'élastique.
06:34Mais au-delà de ça,
06:35on ne peut pas du tout généraliser
06:37sur la question de la magistrature.
06:39Pardonnez-moi, je suis allé un tout petit peu loin,
06:40c'était simplement pour dire
06:41qu'effectivement,
06:42en termes de crédibilité,
06:44la justice est malade.
06:45On l'entend.
06:45Ludovic Friat,
06:46vous êtes donc, je rappelle,
06:48président de l'Union syndicale des magistrats.
06:50Qu'est-ce que vous avez à répondre
06:50à nos deux vraies voix ?
06:53Alors, à nos deux vraies voix ?
06:54D'une part, sur le mur des cons,
06:56je rappelle que des membres de mon syndicat
06:59avaient l'honneur d'être sur ce mur des cons.