00:00On va commencer quand même par des petites questions un peu plus politiques parce que, je le disais dans mon sommaire, on a cette situation de blocage politique et qui conduit sans doute à un phénomène d'impopularité record.
00:10Jamais un couple exécutif, alors d'abord vous allez me dire s'il faut encore dire couple exécutif en ce qui concerne Emmanuel Macron et François Bayrou, mais jamais un couple exécutif n'avait été aussi impopulaire.
00:20Même François Hollande et Emmanuel Valls étaient plus populaires.
00:23Donc voilà, on atteint des records, notamment pour le Premier ministre qui, je crois, est à 13% d'opinion favorable dans le baromètre du JDD publié hier.
00:32De quoi est-ce le nom, Henri Guéno, cette impopularité ?
00:35D'abord, c'est le nom de l'irresponsabilité et de l'inconséquence qui ont présidé à la dissolution.
00:41La dissolution de l'Assemblée, ce n'est pas fait pour régler les problèmes d'égo ou les caprices, pour répondre aux caprices du Président.
00:51Évidemment, c'est un outil de dissuasion pour l'exécutif, le Président en particulier.
00:58Ça n'a pas été du tout utilisé de cette façon, ou alors pour résoudre une crise, une vraie crise.
01:02Si le Parlement, si l'Assemblée nationale vote à la censure, le Président peut soit changer de gouvernement, soit dissoudre le Parlement.
01:13Non, ça n'était pas le cas. À l'époque, quand on disait, mais c'est irresponsable et inconséquent, on disait, mais non, c'est la démocratie, on a donné la parole au peuple.
01:22Mais voilà, quand on triche avec l'esprit des institutions, on se retrouve dans une situation comme celle d'aujourd'hui.
01:28Et non, il n'y a pas de solution pour en sortir avant les séances présidentielles.
01:32Les gens qui pensent, on peut faire une nouvelle dissolution, ça en donnera certainement les mêmes résultats.
01:38Le Président peut partir, il ne partira que sous la pression, et ça affaiblira la fonction présidentielle, et ça affaiblira un peu plus les institutions.
01:45On fera une élection en un mois, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas de débat, il n'y aura pas de vrai débat démocratique.
01:51Ce sera un nouveau rendez-vous démocratique raté, ça fait beaucoup.
01:54Il y a celui de 2017, celui de 2022, une élection présidentielle où il n'y a pas eu de vraie campagne, en tout cas de la part du Président sortant.
02:08Il y a eu ensuite des élections législatives qui n'ont pas donné de majorité au Président, puis il y a eu la dissolution.
02:15Donc voilà, ce serait un rendez-vous démocratique raté de plus, donc ça ne résout pas le problème.
02:19Hélas, il va falloir, à mon sens, attendre les échéances normales.
02:24Simplement, il faudrait en profiter peut-être pour se préparer au grand débat des présidentielles,
02:29car tous les sujets que vous avez énoncés sont des sujets qui ne se traitent pas avec une loi de circonstance.
02:34Ce sont des sujets qui ne peuvent se traiter que dans une vision globale de la société que nous voulons,
02:41que les Français veulent, après en avoir, discuter.
02:44C'est d'ailleurs pareil pour les questions économiques, qu'elles soient économiques, sociales ou politiques.
02:49Donc, il faut s'y faire et s'y préparer en ayant réfléchi vraiment en profondeur à la situation de notre pays.
02:58On a l'impression qu'on est devant mille urgences et qu'on dit on va attendre deux ans,
03:02parce qu'on n'a pas le choix et vous avez raison, on n'a pas le choix.
03:04La démission du président n'arrivera probablement pas, donc on va devoir perdre deux ans encore.
03:09Et pendant deux ans, le pays va s'abîmer de plus en plus, ça va être exponentiel.
03:13Regardez ce qui s'est passé avec la présentation du budget faite par François Bayrou.
03:17En réalité, il sait très bien que dans ce qu'il propose, quoi qu'on pense des propositions, il ne se passera quasiment rien.
03:22Et donc, ça contraint, ça met les politiques dans une situation où tout le monde ment.
03:26Moi, c'est ça qui me frappe, c'est que tout le monde raconte n'importe quoi.
03:30Vous avez du coup des ministres qui se sentent autorisés à dire, mais on va faire ça, mais on va faire ça.
03:34Parfois, il y a même des ministres qui vous proposent des mesures qui ne sont pas constitutionnelles.
03:37Ils vous disent, ça, ça passera de telle ou telle manière.
03:39En réalité, c'est terrible, mais il ne se passe rien.
03:43Et dans le mensonge ambiant, les parlementaires ne jouent plus le jeu de la démocratie.
03:47Et tout le système s'est déréglé et va s'amplifier.
03:51Quand vous voyez, je prends l'exemple des dernières heures, l'histoire de la loi Duplomb avec la pétition.
03:55Alors, je sais que ça ne va peut-être pas plaire ce que je veux dire, mais à l'origine, pourquoi est-ce qu'on avait créé la possibilité pour des Français de faire une pétition pour imposer un débat à l'Assemblée nationale ?
04:06Les gens qui avaient fait ça, s'étaient dit, on va le faire, mais en faisant en sorte que ça ne fonctionne jamais et que ça ne serve jamais.
04:12Et donc, en fait, vous créez une immense frustration chez plein de gens.
04:15Vous leur donnez une pseudo, une fausse possibilité, entre guillemets, de contrecarrer le pouvoir des parlementaires.
04:22Et donc, tout le monde est perdant.
04:24Et par ailleurs, on a abîmé.
04:25C'est-à-dire, moi, je suis totalement contre le fait de pouvoir faire ce genre de pétition.
04:29Le système en France fonctionne avec.
04:31Alors, il ne fonctionne plus, mais c'est comme ça qu'il devrait fonctionner.
04:34Vous élisez des parlementaires, c'est à eux de faire la loi.
04:37Et ne faisons pas croire aux gens, à l'exception du référendum.
04:41Parce que je vois Henri Guénaud.
04:43C'est bon, le référendum, je ne l'ai pas terminé.
04:46Premier Henri Guénaud, je ne l'ai pas terminé.
04:49Et là où je vous rejoins entièrement, Henri, c'est que seule l'élection présidentielle peut permettre de donner une vraie respiration.
04:59Mais on va avoir une présidentielle qui ne sera pas du tout comme les autres.
05:02C'est une présidentielle dans laquelle les partis qui s'apprêtent à gouverner,
05:07il ne faut non pas qu'ils préparent leurs 100 jours,
05:10mais les 100 mesures qu'il faut mettre en œuvre dans la première heure.
05:13Parce qu'en réalité, vous savez très bien qu'avec une classe politique qui est complètement atomisée,
05:18un pays qui est très divisé,
05:19il va falloir en fait très très rapidement prendre toutes les mesures d'un coup.
05:22Parce que vous aurez fait quasiment, je pense, en 10 jours, vous serez à la moitié du quinquennat.
05:27Parce que vous avez énormément de contraintes qu'il va falloir desserrer.
05:31Alors à Bruxelles, via des référendums,
05:32et là-dessus, je pense qu'on est entièrement d'accord.
05:35On est quasiment d'accord sur tout, Henri, je vous rassure.
05:36Et ensuite, il va falloir revoir, revenir en fait à l'esprit initial de la Ve République,
05:43remettre le Conseil constitutionnel à la place qu'il devrait avoir,
05:46retrouver un équilibre institutionnel.
05:49Et ça, ça suppose d'avoir un prochain président, une prochaine présidente de la République
05:52qui s'inscrit dans une logique dans laquelle, je pense, il s'engage à faire un seul mandat,
05:57et dans une logique un peu sacrificielle.
05:59Parce que si vous avez un président, une présidente qui se dit je vais faire deux mandats,
06:03en réalité c'est là.
06:03Et pourtant, je vais vous dire une chose, moi je suis complètement contre la limitation dans le temps
06:08des mandats présidentiels, mais on est à un tel moment
06:11que la carrière personnelle ne peut plus du tout...
06:14Enfin, il faut qu'il y ait un désintérêt qui est...
06:17C'est Philippe Devillé qui prend la préparation en disant qu'il faut un capitaine de haute mer
06:20qui est prêt à aller s'adimer en haute mer et qui ne veut pas...
06:23La traversée, de toute façon, ce sera tellement épuisant de faire cette traversée...
06:25C'est un vrai débat aussi, parce qu'on a manqué de débat...
06:27On est frustrés aussi parce qu'on n'a pas eu de débat, juste j'arrêtez à ça.
06:31C'est vrai, bien sûr.
06:32Et alors, moi la question qui se pose aussi, vous parliez du budget, l'acceptabilité,
06:36quand on voit le niveau de popularité du président et du Premier ministre,
06:39ça devient compliqué de faire accepter un budget.
06:40Il y a un instant sur les parlementaires.
06:43Si on ne trichait pas sans arrêt non plus avec le parlementarisme,
06:47on n'en serait pas là non plus.
06:48Là, encore une fois, même sur la bas du plomb,
06:50on a trouvé le moyen d'essayer de contourner les procédures.
06:55D'abord, il y a une façon de s'en sortir qui est indépendante de la pétition.
07:00La pétition, on ne peut pas interdire aux gens de pétitionner.
07:03Non, mais leur faire croire que ça va annuler la loi, ça c'est un mensonge.
07:06Non, non, mais ça ne va pas annuler la loi.
07:08Mais rien n'empêche le président de la République,
07:11une fois que le Conseil constitutionnel s'est prononcé,
07:13de demander une nouvelle délibération.
07:16Ça, c'est dans la Constitution, article 10 de la Constitution.
07:18Voilà.
07:18S'ils jugent qu'il y a un problème dans l'opinion
07:21et que le débat n'a pas été suffisant,
07:23ils demandent une nouvelle délibération.
07:25Cette nouvelle délibération, elle ne peut pas être refusée
07:27et elle peut très bien déboucher sur autre chose.
07:29Mais la Constitution, elle a prévu tout ça.
07:33Il n'y a pas de problème.
07:36Le gouvernement pouvait demander aussi une seconde délibération.
07:38Il ne l'a pas fait.
07:39Mais là, c'est la procédure dite de la nouvelle délibération.
07:42Elle est entre les mains du président de la République
07:44et après tout, c'est son rôle.
07:46C'est éminemment le rôle d'un président de la République
07:48sous la Ve République.
07:49Garantir l'unité du pays
07:52et essayer de faire en sorte que les lois aient une légitimité.
07:56Donc, ça, c'est la première chose.
07:57Après, on peut discuter du fond ou de certaines parties
07:59de la loi du plan.
08:00C'est une autre affaire.
08:01Mais on a fait pareil pour les retraites.
08:03C'est-à-dire qu'on a triché avec...
08:05On a utilisé des artifices de procédure.
08:08Je ne vais pas revenir sur les articles
08:09qui n'avaient rien à vouloir.
08:11Prendre le 47.1, des lois de financement
08:12pour mettre la retraite dedans
08:14de façon à ce qu'il n'y ait pas le temps
08:15de discuter à l'Assemblée nationale
08:17et faire une réforme
08:17qui n'a jamais été discutée à l'Assemblée.
08:19Ce que vous décrivez, en fait,
08:21c'est l'impuissance totale.
08:23Les seuls textes qui passent,
08:25les ministres espèrent une motion de rejet.
08:27Donc, tout est complètement déréglé.
08:28Vous avez deux textes.
08:29Vous avez la loi du plomb
08:30et vous avez le projet de loi
08:31de réforme de l'audiovisuel
08:33qui avait été porté par Rachida Dati.
08:34Première réaction,
08:35Rachida Dati voit son texte qui est rejeté.
08:37Elle est ravie
08:37parce que ça va terminer en commission mixte paritaire
08:39et on ne peut pas lui en vouloir.
08:40C'est le système...
08:41C'est à l'inverse de ce que c'est.
08:43Et quand les textes passent au forceps,
08:44et promis, j'ai terminé après,
08:45je prends deux textes,
08:47narcotrafic ou justice des mineurs,
08:50eh bien, les dispositions les plus fortes
08:52sont censurées par le conseil constitutionnel.
08:53Donc, on est complètement cadenassé.
08:56On a un corset.
08:57On ne peut plus agir.
08:58On marque une pause
08:59et puis on revient sur l'antenne de CNews
09:00et sur Europe 1.
09:01On reprendra nos débats autour de la politique.